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international - Page 1193

  • Quelle hypocrisie ! par Alain de CHARENTE

    La communauté internationale s'est émue d'apprendre que dans le conflit qui oppose pro et anti Assad, des armes chimiques ont été utilisées contre une population innocente et désarmée puisque bien entendu il a été décidé d'office que le responsable de ce massacre était forcément le dirigeant Syrien.
    Avec pour « preuve » des images largement diffusées et présentées comme étant irréfutables pour accuser le pouvoir en place, mais qui ne convaincront cependant que les plus naïfs, car insuffisantes pour attribuer sans risque d'erreur une quelconque responsabilité, certains ayant bien compris que la guerre par l'image, même fabriquée de toute pièce, peut être autrement plus efficace que des échanges de tir pour convaincre les plus crédules, ceux qui ne demandent qu'à se laisser berner par la propagande.....
    La France par la voix de son chef des armées, notre « Rambo » national a donc décidé de « punir » le responsable de cette attaque chimique en engageant notre pays dans une guerre de représailles pour sanctionner cet acte « inqualifiable » que la France et les États-Unis ont défini comme étant une « ligne rouge » qui aura été franchie par le président Syrien, acte répréhensible qui ne peut rester sans réponse.....
    Devant cette attitude va-t-en-guerre précipitée, basée sur des éléments dont il est possible de mettre en doute l'objectivité, deux questions se posent qui d'ailleurs n'ont pas été abordées par les médias complices qui ont déjà désigné et condamné l'agresseur :
    1)  Dans le groupe « d'experts » dépêchés par l'ONU pour établir la responsabilité de l'utilisation d'armes chimiques, y avait-il des Chinois, des Russes, des Iraniens..., bref, les alliés de la Syrie de Bachar !...
    2)  Si il devait être formellement prouvé que c'est finalement l'opposition au régime qui a utilisé ces armes, le président Français aurait-il eu la même réaction émotionnelle et larmoyante et aurait-il décidé de bombarder les positions tenues par les rebelles afin de les « punir »......., la réponse est bien entendu NON puisque à l'évidence, il faut que le coupable soit obligatoirement Bachar-El-Assad qui est le méchant loup, les opposants au régime étant de paisibles agneaux en route vers l'abattoir…..
    Mais, pour en revenir à l'utilisation de ces armes dites « chimiques », il faut en déduire que pour supprimer son adversaire en respectant une bienséance de bon aloi, admise et autorisée, il est possible de le cribler de balles de kalachnikov, de le déchiqueter à l'aide de roquettes, de le carboniser au lance-flammes, de l'égorger à l'arme blanche, de le démembrer, de l'éviscérer, de le pendre, de l'écarteler, de le découper en rondelles..., mais surtout pas de l'éliminer via un gaz neurotoxique car ça, c'est formellement prohibé et la preuve d'un manque d'élégance caractérisé car non reconnu dans l'art de la guerre telle qu'elle est conçue dans les salons feutrés des cabinets ministériels... Il y a donc là une incontestable hypocrisie qui ne semble pas chagriner outre mesure ceux qui s'en  rendent complices…..
    C'est vraiment prendre les gens du pays France pour des imbéciles que de laisser croire que l'utilisation d'armes chimiques serait le seul motif de notre implication dans cette guerre, alors que ce conflit ne nous concerne en rien, qu'il s'agit d'un pays souverain, indépendant, qu'il doit être assez grand pour régler seul ses problèmes de cohabitation, et que, au pire, si engagement d'une force armée il devait y avoir, ce devrait être exclusivement dans le cadre d'une résolution du conseil de sécurité de l'ONU, chaque État membre étant dûment mandaté sur la base d'un consensus ultra majoritaire, ce qui est loin d'être le cas…..
    Que les États-Unis souhaitent s'accoquiner avec les opposants au pouvoir en place est bien sûr compréhensible car un engagement militaire en Syrie servira d'écran de fumée et d'alibi pour dissimuler le véritable objectif des Américains qui est de bombarder l'Iran, ce qui deviendra possible et légitimé lorsque Téhéran en réponse aux frappes occidentales sur Damas prendra parti et soutiendra militairement Bachar El Assad, mais par contre, la position de la France reste incompréhensible et irraisonnée car nous le savons, notre pays a choisi une fois de plus de se ranger du côté de la rébellion au système en place, malgré que l'on sache pertinemment que si le président Syrien doit être éliminé, ce sont les religieux musulmans fondamentalistes, intégristes, radicaux, hostiles à l'Occident qui prendront la direction du pays pour le ramener vers le moyen-âge et créer toutes les conditions pour qu'une guerre civile, ethnique et religieuse s'installe durablement dans toute cette région et s'étende comme une tache d'huile aux pays voisins avec le risque quasi-certain d'un embrasement généralisé même au-delà du proche et moyen orient…..
    Il est ahurissant de constater que malgré des précédents pourtant récents qui auraient dû amener à une plus grande réflexion et surtout beaucoup moins de précipitation, avec le résultat calamiteux et même catastrophique du bilan des « Printemps Arabes » qui ont fait long feu, nos dirigeants, qu'il s'agisse de l'actuel ou de celui qui l'a précédé, persistent et signent pour éradiquer toute présence laïque et moderne dans cette région au profit de régimes intégristes, obscurantistes, pires encore que ceux qu'ils ont évincés.....
    http://www.francepresseinfos.com/2013/09/quelle-hypocrisie-par-alain-de-charente.html#more

  • Les points faibles d'une intervention en Syrie

    Du sénateur Bruno Retailleau :

    "« Terribles sont les points faibles de la force » écrivait le poète polonais Stanislaw Jerzy Lec. Des mots qui sonnent comme un avertissement alors que la France, presque deux ans après la fin de l’opération militaire en Lybie, est de nouveau confrontée à la question du  recours à la force dans cet « Orient compliqué » que nous aimons autant qu’il nous inquiète.

    Des points faibles, l’usage de la force en Syrie n’en manque pas.

    Le premier, et non des moindres, c’est le droit. Parce que la preuve est la condition préalable à toute sanction, rien ne doit être décidé avant les conclusions des inspecteurs de l’ONU. Après la désastreuse aventure irakienne, ce principe de présomption est un principe de précaution : on ne déclenche pas une opération sans certitude absolue. S’il est avéré que le gouvernement syrien a délibérément utilisé l’arme chimique contre son peuple – ce qui n’a rien d’impossible au regard de la nature et des agissements du régime sanguinaire de Damas – la communauté internationale doit naturellement réagir, mais dans le cadre de l’ONU. Car c’est ce cadre que nous avons choisi pour assurer ou restaurer, y compris par la force, la sécurité des peuples et la paix du monde. C’est également dans ce cadre que les solutions politiques doivent être trouvées, dans un dialogue constant avec les puissances aux intérêts parfois différents des nôtres. Avons-nous épuisé toutes les voies de la diplomatie avec la Russie ? La question est d’autant plus légitime que la réunion du G20 à Saint Pétersbourg, est une véritable opportunité pour enrayer la crise syrienne avec le concourt du Kremlin. Parce que la Russie est un acteur incontournable sur le dossier syrien, le Gouvernement Français doit donner toutes ses chances à la négociation plutôt qu’à l’intervention.

    Le second point faible d’un usage de la force en Syrie, c’est l’efficacité. En 1998, Bill Clinton avait fait tirer des missiles de croisière sur des cibles en Afghanistan et au Soudan pour affaiblir les groupes terroristes islamistes, puis en Irak suite au refus de Saddam Hussein de se conformer  aux résolutions de l’ONU sur le programme d’armement irakien. Ces opérations n’ont rien empêché : ni le développement d’Al Qaeda en Afghanistan et au Soudan, ni le déclenchement de la troisième guerre du Golfe quelques années plus tard, avec les résultats que nous connaissons. La vérité, c’est qu’ajouter des armes aux armes ne constitue pas, en soi, une solution efficace et pérenne. Pire, le recours à la force armée peut être contre-productif, en radicalisant les opinions et en alimentant le discours de tous ceux qui espèrent un « choc de civilisations ».[lire la suite]"

    http://www.lesalonbeige.blogs.com/

  • La finance dérégulée nous condamne aux krachs

    Pour l’économiste André Orléan, dans un univers boursier par essence spéculatif, la transparence ne sert à rien. Le seul moyen d’éviter les crises à répétition engendrées par les bulles est de définanciariser l’économie.

    Un bureau grand comme un mouchoir de poche, grignoté par des piles de dossiers et des rayonnages de livres. Et un pupitre pour tout meuble, surplombé d’une affiche au titre ironique : Manifeste des “sagesses boursières”… jamais respectées.

    Justement, les folies financières et les bulles de marché, André Orléan, professeur à l’Ecole d’économie de Paris, les scrute et les dissèque depuis longtemps à la façon d’un biologiste. Apparemment, pour l’auteur de L’Empire de la valeur (Seuil) et de De l’euphorie à la panique (Editions Rue d’Ulm), la série des krachs entamée depuis une douzaine d’années risque de se poursuivre.

    Mouvements erratiques des actions, chute de l’or, recul des marchés émergents, bulle sur quelques obligations d’Etat… Cette situation d’extrême nervosité sur tous les marchés – et non pas quelques-uns – est-elle inédite dans l’histoire?

    Non. Dans les situations de forte incertitude, les investisseurs se replient fréquemment sur les actifs réputés sans risque, quitte à les faire mécaniquement monter au-delà du raisonnable. Aujourd’hui, majoritairement, ce sont quelques emprunts d’Etat, en l’occurrence ceux émis par l’Allemagne, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et dans une certaine mesure la France, qui profitent de ce flight to quality alimenté par le déluge de liquidités que les banquiers centraux déversent sur les marchés financiers.

    Cette situation est fort risquée. Plus la période est troublée, plus les marchés réagissent de façon binaire, rejetant tous les titres à l’exception des plus sûrs.

     

    Cette absence de discrimination dans les risques n’est en rien une nouveauté. Déjà, en 1931, la faillite de la banque autrichienne Kreditanstalt provoqua une ruée… sur les banques allemandes. La question fut alors soulevée de savoir si les créanciers américains faisaient bien la différence entre l’Autriche et l’Allemagne. De même, en 1994, le krach des emprunts mexicains se propage à l’Argentine, dont l’économie est pourtant dans une situation très différente.

    Ces phénomènes de contagion psychologique donnent aux actifs un “faux prix”, trop élevé pour les produits les plus sûrs, trop bas pour les autres. Franchement, l’emprunt italien est-il vraiment huit ou dix fois plus risqué que l’emprunt allemand, quand il y a cinq ans il fallait croire que ces deux pays se valaient sur les marchés ? “Le marché boursier est un vote et non une juste évaluation”, disait l’économiste Benjamin Graham.

    Les marchés boursiers nous condamneraient alors à passer d’une bulle spéculative à l’autre, sans répit…

    Les successions de bulles et de krachs depuis trente ans, mais plus particulièrement depuis 2000, sont la conséquence directe de la financiarisation et de la dérégulation. L’ère du capitalisme fordien (1945-1970), quant à lui, ne connaît ni crise bancaire ni crise financière : les marchés étaient moins puissants, plus régulés, et les banques finançaient directement l’économie.

    La financiarisation de l’économie, qui commence au début des années 80, repose sur l’idée qu’en matière financière il faut laisser faire la concurrence. Or ce précepte fonctionne à peu près bien partout, sauf… en Bourse.

    Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce paradoxe?

    Sur les marchés ordinaires – ceux des automobiles, des chaises de bureau, des ordinateurs -, quand le prix augmente, la demande décroît. Par ce simple mécanisme, la libre-concurrence fait son oeuvre et réalise à peu près l’équilibre entre l’offre et la demande. Elle empêche que les prix montent à des niveaux absurdes. Or, sur les marchés financiers, la hausse des prix ne provoque pas nécessairement la fuite des capitaux.

    Tout au contraire, un titre dont le prix augmente peut parfaitement attirer de nouveaux investisseurs, qui y voient le signe de hausses futures. C’est de cette manière que les bulles se forment. Sur les marchés des biens ordinaires, la logique est tout autre : la hausse des prix produit immédiatement des forces de rappel, parce que les consommateurs refuseront ces marchandises devenues trop chères.

    L’univers très mimétique des marchés financiers produirait donc par nature des bulles et des krachs?

    Absolument. C’est inhérent à la finance dérégulée. Elle nous condamne à l’instabilité. D’ailleurs, quand les Néerlandais inventent les grands marchés, au XVIIe siècle, les bulles font immédiatement leur apparition, comme celle sur les bulbes de tulipe, en 1636 et 1637.

    Mais pourtant, depuis la faillite de Lehman Brothers, de sommets du G20 en normes de Bâle, de déclarations du FMI en directives européennes, le pouvoir politique multiplie les tentatives pour réguler ce système incontrôlable

    Le problème, avec le diagnostic du G20, c’est qu’il entretient l’idée fausse selon laquelle les marchés financiers seraient la bonne solution pour allouer le capital à l’échelle planétaire. Pour le G20, la crise ne résulte pas des mécanismes financiers eux-mêmes, mais de l’opacité des produits. Il suffirait de rétablir la transparence et tout irait mieux. Erreur. La transparence ne va pas empêcher les bulles d’apparaître. Il n’est que de penser à la bulle Internet, qui a pu se développer dans la plus parfaite transparence des produits et des mécanismes. Celle-ci peut même, en rassurant les marchés, favoriser la spéculation.

    Mais alors, que proposez-vous?

    De définanciariser l’économie. Si on se place dans le court terme, nous aurions dû couper nettement les banques en deux, avec, d’un côté, les établissements de crédit qui distribuent des prêts et des produits d’épargne, et, de l’autre, les activités financières. Cela aurait été un premier pas. Nos sociétés n’ont pas encore pris toute la mesure des risques que la spéculation nous fait courir.

    L’Expansion

  • OTAN + égorgeurs musulmans : même combat ! par Pieter KERSTENS

    Dans la cacophonie européenne ambiante, la religion « droit de l’hommiste » se taille un franc succès lorsqu’il s’agit de s’apitoyer sur des images de tueries sanglantes en provenance de pays des mille et une nuit.
    Concernant le Proche-Orient, l’ONU avertit : « Toute action devra recevoir l’aval du Conseil de Sécurité » et son secrétaire général, Ban Ki Moon demande du temps « afin que les inspecteurs puissent terminer leur travail  à Damas » pour établir les faits.
    De son côté, la Maison Blanche répète qu’elle ne cherche pas à destituer Bachar al Assad par une offensive militaire en Syrie et qu’elle « agira avec les alliés »…par des frappes « ciblées » ?
    L’Histoire nous a enseigné que les anglo-américains sont passés orfèvres en matière de bombardements.
    * 12-15 février 1945 à Dresde plus de 8.000 bombes explosives et 600.000 bombes incendiaires ont conduit 135.000 civils au royaume des cieux.
    * 9-10 mars 1945 à Tokyo l’opération « Typhon de feu » fit 200.000 morts grâce au largage de 700.000 bombes M.29 (napalm).
    * Le 6 août 1945, Hiroshima fut rayée de la carte et l’on dénombra 180.000 victimes.
    * Le 9 août suivant 90.000 habitants de Nagasaki subirent le même sort.
    * Durant la guerre du Viêt-Nam entre 1964 et 1975, des centaines de milliers de victimes furent anéanties par le fer, par le feu et par les produits chimiques, dont il reste encore des séquelles aujourd’hui.
    * 23 mars 1999, c’est au tour de Belgrade de connaître les bombardements des avions de l’OTAN, dans l’opération « Force alliée », avec des milliers de victimes innocentes, tout au long des 25.000 sorties aériennes. La destruction de l’Ambassade de Chine conduira l’OTAN à s’excuser… de cette bavure.
    * N’oublions pas les bombardements en Afghanistan depuis 2002, ni les deux guerres en Irak (1992 et 2003) déclarées sous de fallacieux prétextes avec une mise en scène pitoyable (armes de destruction massive, 4ème armée du monde, etc., etc.,).
    * En mars 2011, par une vague résolution de l’ONU, destinée à protéger la population civile de Benghazi, les forces de l’OTAN -encore elles- aiguillonnées par les déclarations incendiaires de Nicolas Sarkozy, bombardent la Libye, étendent la guerre à tout le pays et obtiennent in fine le lynchage de Mouammar Kadhafi le 20 octobre 2011.
    On assiste depuis des mois à une désinformation généralisée concernant les conflits et les manipulations des médias à propos des « révolutions de Jasmin », le « Printemps arabe » ou le bourbier du Proche Orient, afin de faire gober à Margot l’inverse de la réalité.
    Et il est étrange que les yankees (et aussi leurs alliés du Golfe) s’obstinent à vouloir détruire les régimes qui existaient, quand on constate les résultats a posteriori en Tunisie, en Libye, en Égypte, et très certainement en Irak et en Afghanistan, sans parler du Kosovo…
    Les marchands de canons et les gnomes de Wall Street ont encore de beaux jours devant eux, grâce au chaos organisé par le Nouvel Ordre Mondial !
    http://www.francepresseinfos.com/2013/09/otan-egorgeurs-musulmans-meme-combat.html#more

  • Les Syriens vivent sous la terreur des « rebelles » ! Manuel Ochsenreiter, reporter

    Manuel Ochsenreiter est reporter et rédacteur en chef du mensuel « Zuerst ! » (« D’abord ! ») qui se définit comme « le magazine des intérêts allemands ». On pourrait classer ce journal quelque part entre « Minute », « Valeurs actuelles » et « Éléments ». Il a effectué cette année plusieurs reportages en Syrie (à gauche sur la photo en Une). Revenant de Damas quelques jours avant les accusations d’attaque chimique par le régime de Bachar El-Assad, il nous livre un témoignage particulièrement intéressant. Et Manuel Ochsenreiter n’a manifestement pas vu les mêmes choses que nos nombreux confrères qui savent tout… sans y avoir mis un pied.

    Minute : Vous étiez encore il y a quelques semaines à Damas. Que pouvez-vous nous dire de l’ambiance générale ? Comment la population vit-elle le conflit ?

    Manuel Ochsenreiter : La situation générale paraît assez stable, en tout cas bien plus stable que ce que la plupart de nos médias rapportent. Les habitants de Damas vivent leurs vies et continuent d’aller travailler par exemple. Mais ils font tout cela sous la menace permanente des violences, des crimes et de la guerre.

    A Damas, vous pouvez en tendre les bruits de la guerre au loin. Il y a des affrontements dans plusieurs banlieues de la capitale syrienne. Parfois un obus de mortier tombe quelque part dans la ville, en général dans un quartier chrétien ou un secteur où vivent des Alaouites. Les « rebelles » s’efforcent de maintenir ces zones sous le feu des bombes. Dans la nuit, on peut parfois entendre des accrochages ou des tirs de mitrailleuse. Ce la arrive surtout lorsqu’ils tentent d’entrer dans la ville et attaquent des check-points de l’armée syrienne.

    Mais à Damas ce qui semble encore plus dramatique que la guerre elle-même, ce sont ses effets collatéraux, avec le développement de la criminalité et en particulier des enlèvements. Les bandes locales de criminels profitent de la guerre dans le pays pour kidnapper des gens. Ils « revendent » ensuite leurs victimes aux groupes rebelles qui essaient d’en tirer profit auprès des proches. Parfois les personnes kidnappées sont relâchées… et parfois elles disparaissent.

    Les habitants de Damas sont terrorisés par cette situation. Quasiment tous mes amis ou collègues syriens ont au moins une histoire d’enlèvement dans leur famille ou leur entourage. J’ai eu l’occasion de parler avec un homme qui avait été enlevé par des terroristes et son histoire était déchirante. Il a passé plus de trois semaines entre les mains d’un groupe criminel islamiste se con sidérant comme « l’opposition armée » au pouvoir. Les fameux amis de l’Occident l’avaient kidnappé uniquement pour obtenir une rançon, sans aucun autre motif politique. Il y a des régions de Syrie où cette situation est encore pire, mais là-dessus vous n’entendrez pas de protestations chez les politiciens occidentaux.

    « L’Armée syrienne libre n’existe pas ! » : Que voulez-vous dire ?

    Les habitants d’Alep souffrent du siège imposé par la prétendue « opposition ». Les terroristes ont établi un « blocus de la faim » autour de la ville et ce sont deux millions de civils qui souffrent sous leur joug. Les habitants qui essaient de fuir se font tirer dessus, des bus sont attaqués et – là aussi – des gens sont enlevés. La route pour sortir d’Alep est devenue une véritable route pour l’enfer. Dans la ville d’Al-Raqqa, les « rebelles » ont établi une sorte de petit Etat islamiste et font vivre les habitants dans la terreur.

    A Damas, on nomme Al-Raqqa « little Kandahar » (en référence à la capitale spirituelle des talibans d’Afghanistan). Il y a quelques semaines, un massacre de Kurdes y a été perpétré : près de 450 personnes, parmi lesquelles des femmes et des enfants, ont été massacrées par des combattants islamistes. Dans le secteur autour de Latakia, les islamistes ont attaqué plusieurs villages et tué des centaines de civils. Le camp occidental continue de se taire. Manifestement, ni Washington, ni Paris, ni Londres ne voient de raisons de freiner leurs amis armés qui – eux – mènent la guerre au peuple syrien.

    Avez-vous rencontré des hommes de l’Armée syrienne libre ? Comment est-elle organisée ?

    Non, je n’ai pas rencontré de combattants de l’ASL. Mais votre question illustre parfaitement la façon dont l’opinion occidentale perçoit la situation sur le terrain syrien. Nos politiciens et médias traditionnels nous donnent l’impression qu’il y aurait les rebelles « gentils et modérés », avec l’Armée syrienne libre, et les rebelles « méchants et extrémistes », les groupes de combattants islamistes liés à Al-Qaida. La logique occidentale devient donc : « Nous devons armer l’ASL pour qu’elle domine le champ de bataille. » Mais cette idée ne peut pas fonctionner.

    « Je n’ai pas vu l’ombre d’un graffiti réclamant la démocratie » : Pourquoi ?

    Parce que l’Armée syrienne libre n’existe pas ! Nous sommes simplement face à des milices utilisant ce label « ASL », mais le terme d’armée est faux : il n’y a aucune structure ni hiérarchie. Même les communiqués de presse de la fameuse ASL se contredisent. J’ai parlé à de nombreux témoins de la guerre, à des réfugiés et à des soldats de l’armée syrienne régulière. Tous rapportent la même chose : sur le terrain les unités de l’ASL et les « extrémistes » coopèrent étroitement. Des groupes de l’ASL recevant des armes des Etats étrangers n’hésitent pas à les revendre à des extrémistes comme le Front Al-Nosra. Dans des zones contrôlées par l’ASL, ces groupes « modérés » installent des tribunaux coraniques, jugent selon la charia et n’hésitent pas à persécuter les chrétiens, les alaouites, les chiites et même les sunnites jugés désobéissants. Les unités de l’Armée syrienne libre se comportent avec la même agressivité et le même sectarisme que les « extrémistes ».

    A Damas, j’ai rencontré des réfugiés qui étaient pourtant des sunnites conservateurs. Ils avaient fui des zones contrôlées par les rebelles. La population fuit ces zones que l’on nous présente pourtant ici comme « libérées » pour rejoindre des secteurs sous contrôle gouvernemental, c’est-à-dire « dictatorial » selon le vocabulaire employé en Occident.

    Le commandant rebelle que l’on a vu dévorer les organes d’un soldat syrien était un « modéré », pas un « extrémiste »… Après avoir coupé le foie et le cœur sur le cadavre, il a été filmé en tenant les organes dans sa main et s’est adressé à la caméra : « Je jure devant Allah que nous allons manger vos cœurs et vos foies, vous les soldats de Bachar le chien. »

    Une brigade s’appelle « Brigade Oussama Ben Laden », elle appartient au bataillon « Souqour Dimashq » (« les faucons de Damas ») de l’Armée syrienne libre.

    La vérité est simple, peut-être trop simple pour que nos médias traditionnels la relaient : vous ne pouvez pas livrer des armes en Syrie et prétendre que ces armes ne seront utilisées que « pour la bonne cause ». Si vous prétendez cela, alors vous êtes soit un crétin, soit un menteur, soit les deux à la fois.

    Quand j’ai visité des secteurs contrôlés par l’ASL, je n’ai pas vu l’ombre d’un graffiti réclamant la démocratie, la liberté, ou les droits de l’homme. Au lieu de ça, tous les graffitis de l’ASL « informaient » la population sur l’identité des « chiens » : les chrétiens, les alaouites, le président Al-Assad et son épouse Asma et, en fait, tous ceux qui n’embrassaient pas la « révolution ». A côté de ces slogans était peinturluré le drapeau rebelle noir-blanc-vert et ses trois étoiles rouges. Ce sont ces zones que les habitants fuient pour rejoindre celles qui sont sous contrôle de l’armée syrienne. Là encore, les médias occidentaux ont omis d’en parler.

     Des terroristes venant de plus de 25 pays !
    Dans plusieurs entretiens et articles, vous avez parlé de « guerre par procuration » en Syrie. Il ne s’agit donc pas pour vous d’une révolution ou a minima d’une guerre civile ?

    C’est l’un des points cruciaux. Jusqu’ici, les médias occidentaux évoquent une « guerre civile » faisant rage en Syrie. Les politiciens de leur côté parlent de l’armée syrienne – « les forces d’Assad » comme ils l’appellent – faisant la guerre « contre la population ». Mais la réalité est très différente.

    Des milliers de mercenaires et de djihadistes venant du monde entier combattent l’armée syrienne régulière. Des terroristes venant de plus de 25 nations sont actifs en Syrie ! Les autorités de l’Union européenne estiment que plus de 1 000 combattants viennent de pays de l’Union et plus de 100 terroristes arrivés d’Allemagne se battent actuellement en Syrie [Ndlr : les chiffres sont sensiblement les mêmes pour la France comme l’a confirmé Manuel Valls sur Europe 1 dimanche]. A Alep, ce sont des djihadistes tchétchènes qui sont à l’œuvre.

    En juillet, les talibans afghans ont annoncé que leurs soldats venaient d’arriver en Syrie. Lorsque j’ai visité des soldats blessés à l’hôpital militaire de Damas l’an dernier, ils me disaient : « Le monde entier nous combat ! » Et ces mêmes soldats m’ont évoqué des insurgés ne parlant même pas arabe.

    Nous ne devons pas oublier ce point important : les insurgés ne respectent généralement aucune loi dans la guerre. Par définition, ce sont des criminels. Ils tuent, torturent et terrorisent les populations. Même la pire des armées régulières possède des ressorts et des mécanis mes pour freiner les criminels de guerre dans ses propres rangs. Des standards sont fixés quant au sort des prisonniers ou à la préservation des civils et de leurs biens. Mais aucun mécanisme de cette sorte n’existe dans des groupes comme ces milices liées à Al-Qaïda. Ce sont les « bulldozers » de la guerre, et les pays qui les soutiennent peuvent ainsi se présenter comme « innocents ».

    Venons-en au sujet brûlant : Pensez-vous que le régime de Bachar El-Assad soit à l’origine des attaques chimiques qu’on lui reproche ?

    Les Syriens vivent sous la terreur des « rebelles » ! Manuel Ochsenreiter, reporter

    Diversion

    Ces allégations sont profondément discutables. L’utilisation d’armes chimiques ne présenterait aucun bénéfice militaire ou politique pour l’armée syrienne. C’est en revanche dans l’intérêt des forces « rebelles » et de tous ceux qui espèrent une intervention pouvant faire avancer leur combat contre le pouvoir.

    J’ai suivi la conférence de presse de John Kerry au cours de laquelle il a annoncé détenir la « preuve » que le gouvernement syrien avait perpétré cette attaque chimique. J’ai lu en détails le document « Rapport du gouvernement des Etats-Unis sur l’utilisation par le gouvernement syrien d’armes chimiques le 21 août 2013 ». Vous pouvez le lire en cinq minutes, le document fait quatre pages. Je suis rédacteur en chef d’un magazine : si un auteur osait entrer dans mon bureau avec un article de ce genre, je serais forcé de lui demander s’il ne s’est pas trompé de métier ! Ce rapport est ridicule.

    Celui qui prétend trouver dans celui-ci la preuve d’une attaque chimique par le gouvernement syrien la trouverait alors tout autant dans le manuel d’une machine à laver.

    Propos recueillis par Lionel Humbert http://fr.novopress.info

    Article de l’hebdomadaire “Minute” du 4 septembre 2013 reproduit avec son aimable autorisation. Minute disponible en kiosque ou sur Internet.

    Les Syriens vivent sous la terreur des « rebelles » ! Manuel Ochsenreiter, reporter

  • « Il ne faut jamais exclure l’hypothèse de la bêtise »

    C’était un appel au secours, un cri d’incompréhension, un parmi les milliers d’autres qui nous sont parvenus, émanant de Syriens de toutes confessions et minorités. «Je voudrais que tout le monde sache qu’en soutenant les révolutionnaires, l’Occident soutient les extrémistes religieux et aide à tuer les chrétiens». « Avec cette attitude, il ne restera pas un seul chrétien dans ces zones ». Telle était la réaction début juillet du responsable régional des franciscains de Syrie, Halim Noujaim, après l’assassinat par des miliciens islamistes du père François Mourad, dans le couvent de Ghassanieh, près de Homs, qui a été entièrement pillé et en partie détruit. De simple dégâts collatéraux pour Washington qui il est vrai, n’avait pas hésité à tuer des centaines de milliers d‘enfants irakiens dans les années 90 pour punir par un embargo inhumain un  pays alors dirigé par Saddam Hussein.

    Fort du soutien de la plupart des dirigeants républicains et démocrates,  Barack Obama (prix Nobel de la paix!) a obtenu mercredi, le feu vert de la commission des affaires étrangères du Sénat qui a voté le projet de résolution autorisant  une agression militaire en Syrie.

    Devant la Chambre des représentants, le secrétaire d’Etat John Kerry a précisé que les principaux soutiens aux  extrémistes salafistes que sont l’Arabie saoudite, le Qatar, les Emirats arabes unis, mais aussi la Turquie et plus largement des pays de la Ligue arabe, pourraient constituer l’ossature d’une  coalition internationale pour briser le régime laïc syrien et épauler Paris et Washington.

    M. Kerry a montré à cette occasion toute l’étendue de sa mauvaise foi et le fait qu’il ne reculera comme ses prédécesseurs devant aucune énormité. Il n’a pas craint d’affirmer qu’il n’y avait  aucun d’éléments d’al-Qaida dans les rangs de l’opposition syrienne…pointés pourtant notamment par les rapports des services de renseignements américains ! John Kerry est un « menteur » a constaté Vladimir Poutine. Difficile de lui donner tort.

    Si MM. Hollande et Fabius semblent bien disposés à jouer les supplétifs de Washington, les atlantistes de l’UMP ont du mal à être audibles…et crédibles, loin de l’unité et de la cohérence du FN dans son  analyse de la crise syrienne.

    Le Monde le rapportait, « l’UMP ne sait plus où elle habite sur le dossier syrien. Guidée par des considérations tactiques –qui pourraient la pousser à voter NON à une intervention de la France en cas de vote à l’Assemblée, NDLR-, elle apparaît comme déboussolée. Son incapacité à parler d’une seule voix illustre l’absence de leadership à la tête d’un parti de culture pourtant bonapartiste, habitué à s’aligner sur la position de son chef. »

     « Sa difficulté à adopter une position claire met également au jour un manque de repères en matière de politique étrangère. Depuis le 27 août, date à laquelle François Hollande a exprimé sa volonté de punir le régime de Bachar el-Assad, l’UMP a ainsi affiché ses divisions sur l’opportunité d’une intervention militaire et sur la nécessité d’un vote préalable au Parlement. »

    Alors que débute aujourd’hui dans sa ville natale de Saint-Pétersbourg le sommet du G20, Vladimir Poutine incarne plus que jamais aux yeux de millions d’Européens la voix de la sagesse et de la mesure.

    Il expose les conséquences potentiellement « catastrophiques » d’une attaque  sur la Syrie et défend  une résolution politique et non militaire de ce conflit, les principes du droit international, notamment celui de non-ingérence. Depuis mars 2011, la Russie, en tant  membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, a fait usage à trois reprises de son droit de veto  pour bloquer des projets de résolution qui auraient condamné le régime de Bachar el-Assad.

    Hier, le chef de l’Etat russe a immédiatement réagi aux manœuvres bellicistes en cours dans les allées du pouvoir à Washington en estimant que le blanc-seing donné par Congrès américain à une  attaque contre la Syrie équivaudrait « à une agression.  Car tout ce qui se fait en dehors du Conseil de sécurité de l’ONU est une agression, à l’exception de l’autodéfense. Mais la Syrie, comme on sait, n’attaque pas les Etats-Unis, il ne peut donc être question de défense ».

    En signe d’apaisement  et de bonne volonté, la Russie a pourtant suspendu ses livraisons d’un matériel sophistiqué à Damas, des batteries sol-air S300. Le président  russe a par ailleur  subordonné son accord à une intervention militaire à la preuve de l’implication du régime syrien dans l’horrible massacre au gaz toxique du 21 août dernier.

    « Pour nous convaincre, a-t-il déclaré, il faut nous présenter une étude approfondie du problème et l’existence de preuves évidentes permettant d’identifier ceux qui ont utilisé des armes chimiques ainsi que la nature des armes employées. Après cela, nous serons prêts à agir de la façon la plus résolue et la plus sérieuse possible. »

    M. Poutine, fort des informations recueillies par  les services de renseignements russes, serait-il a priori certain que lesdites preuves évidentes n’existent pas…ou qu’elles accusent les milices djihadistes ?

     Dans un entretien accordé hier à l’Afp, le vice-ministre des affaires étrangères syrien, Fayçal Moqdad, s’est félicité de « la position russe », «une position responsable (d’un pays) ami qui est en faveur de la paix ».

    « La Syrie, en vertu de la charte de l’ONU, aura le droit de riposter (à l’ agression militaire en préparation, NDLR) qui n’a aucune justification dans le droit international » a-t-il indiqué. Il  a déploré que Paris soit « inféodé » à Washington. «Il est honteux que le président français (dise) si le Congrès (des Etats-Unis) approuve, je vais en guerre, sinon je n’irai pas, comme si le gouvernement français n’avait pas son mot à dire »

    « Si la France veut soutenir al-Qaida et les Frères musulmans comme elle les a soutenus en Égypte et dans d’autres régions du monde, elle va vers un échec en Syrie », a répété le diplomate syrien.

    Zemanta Related Posts ThumbnailPour celles et ceux qui n’en ont pas encore pris connaissance, nous publions ici à la suite de cette  article l’entretien de Bruno Gollnisch sur la Syrie mis en ligne le 3 septembre  sur le site d’Egalité & Réconciliation.

    Alimuddin Usmani : Bruno Gollnisch, les événements à propos de la Syrie s’accélèrent. Le président François Hollande a annoncé qu’une action militaire en Syrie serait prise « dans les prochains jours ». Il a également reçu jeudi dernier, en grande pompe, l’opposition au gouvernement syrien à l’Élysée. Quelle est votre réaction face à cette prise de position ?

    Bruno Gollnisch : Je pense qu’il s’agit d’une ingérence inacceptable dans les affaires intérieures d’un État souverain, dont naguère encore nous recevions le chef d’État, Bachar el-Assad, à la tribune officielle du 14 juillet.

     Il y a dans ce pays une guerre civile, alimentée pour une bonne part depuis l’étranger. Le principe de non-ingérence, principe traditionnel du droit international, peut paraître insatisfaisant. Il a pour but cependant d’éviter les contagions et les extensions de ce genre de conflits.

    Un peu comme le commandant d’un navire qui ferme les portes étanches d’un compartiment gagné par l’incendie ou par une voie d’eau, afin d’éviter que le sinistre n’entraîne tout le navire à sa perte. Les atteintes portées à ce principe ces dernières années, toujours sous des prétextes « humanitaires », ont révélé des conséquences désastreuses la plupart du temps. Il faut en revenir au droit international classique, et rompre résolument avec cet interventionnisme brouillon dont les peuples ne mesurent, ni les causes réelles, ni les conséquences possibles.

    Alimuddin Usmani: L’inquiétude d’une intervention militaire américaine gagne une grande partie de la population syrienne. La population chrétienne craint notamment qu’un changement de régime n’amène à une catastrophe d’une ampleur sans précédent. Quel message souhaitez-vous adresser aux chrétiens de Syrie ?

    Bruno Gollnisch : Le régime syrien respectait indiscutablement leur liberté. Peut-être cependant leur faut-il éviter de paraître liés à un camp dans cet affrontement. Je crois qu’il leur faut être prudents. Je salue leur courage et leur volonté de garder leur foi et leur identité. La disparition des chrétiens du Proche-Orient (Syrie, Irak, Liban, Jordanie, Égypte, etc.) serait un recul en arrière de trois mille kilomètres pour notre civilisation.

    Alimuddin Usmani : Les critiques de la politique extérieure américaine pensent que les États-Unis mènent des guerres d’agressions sous prétexte de venir en aide à la population civile. Un document datant de 1983 démontre que Washington a assisté Saddam Hussein dans le gazage des troupes iraniennes. Où vous situez-vous par rapport à ces critiques ?

    Bruno Gollnisch : Il est certain que les Occidentaux ont puissamment aidé l’Irak dans sa guerre contre l’Iran. Dans le cas présent, en Syrie, il semble bien qu’il ait été fait usage de gaz Sarin, mais par qui ? On peut penser ce qu’on veut de Bachar el-Assad, mais c’est un homme rationnel.

     Il était en train de gagner sur le terrain. Et c’est ce moment qu’il aurait choisi pour utiliser le gaz, alors que toutes les déclarations occidentales, et américaines en particulier, avaient annoncé à l’avance que c’était la « ligne rouge », autrement dit, un casus belli ? Cela me paraît incohérent.

    Un adage latin nous dit : « Is fecit cui prodest. » En français on dit également : « Cherche à qui le crime profite. » Ce qui est certain, c’est qu’il ne profite pas à Bachar. Certes, il détient des gaz de combat. Mais on sait que leur emploi est très facile.

    Au Japon, une petite secte, Aum Shinrikyô, en a fabriqué pour son compte et utilisé en 1995 dans le métro de Tôkyô, faisant douze morts et cinq mille cinq cents blessés. La police japonaise en a alors retrouvé cinquante tonnes, de quoi tuer six millions de personnes.

    Je ne dis pas pour autant que l’usage vient de la rébellion ; je dis qu’à l’heure actuelle nous n’avons pas de certitudes. En tous cas, je pense que le gouvernement de Washington, qui a fait périr de faim des centaines de milliers d’enfants irakiens par l’effet d’un blocus impitoyable durant des années, n’est pas qualifié pour donner des leçons de morale sur ces sujets.

    Alimuddin Usmani : Jean-Marie Le Pen a participé en tant qu’officier à la guerre de 1956 en Égypte et à la guerre d’Algérie (1954-62). Il s’est farouchement opposé à la guerre contre l’Irak, la Serbie ou la Libye. BHL ou Kouchner, qui n’ont jamais pris les armes, ont toujours poussé la France à intervenir militairement partout dans le monde (notamment au Kosovo, en Irak, en Afghanistan, au Darfour, en Libye et en Syrie). Que vous inspirent de tels personnages ?

    Bruno Gollnisch : C’est une constante de ces personnages. Ils ne sont jamais avares du sang des autres. Et ceci, toujours au nom des grands sentiments. Quitte, le reste du temps, à restreindre les crédits de la défense, à critiquer les valeurs militaires, etc.

    Ce qui me choque aussi, c’est la prétention à « punir » Assad, par des « frappes limitées ». On présuppose donc que la Syrie n’aura d’autre choix que de subir ? Il n’y aura pas de riposte possible ? Et quand Bachar répond que cela portera atteinte aux intérêts français, ils s’indignent de ses « menaces ».

    De qui se moque-t-on ? Ces histoires de « guerre limitée » me font penser à juillet 1914. L’empire austro-hongrois a voulu « punir » la Serbie, dont le gouvernement était selon lui coupable de complicité dans l’assassinat de son archiduc héritier, à Sarajevo. Ce devait être une guerre « limitée ». En août, l’Europe entière s’embrasait, et c’était le début de la guerre mondiale !

    Alimuddin Usmani : Alain Soral pense que l’oligarchie bancaire mondialiste joue à un jeu pervers, qui consiste à désigner les groupes salafistes comme ennemis tout en assurant leur financement, notamment via le Qatar ou l’Arabie Saoudite. Cette stratégie aurait déjà été utilisée avec Hitler lors de la Deuxième Guerre mondiale. Quel est votre regard en tant qu’historien sur cette analyse ?

    Bruno Gollnisch : Je me garderai bien de prendre position sur ces sujets, car je ne dispose pas d’informations en qualité et nombre suffisants. C’est une hypothèse intéressante.

    Ce qui est certain, c’est que les politiques occidentales sont parfaitement incohérentes. On a détruit le régime baasiste en Irak, et d’une façon plus générale le nationalisme arabe, qui était un rempart contre l’islamisme radical, au nom de la lutte contre ce même islamisme, dont les bases se trouvaient plus à New York, à Londres et à Hambourg qu’à Bagdad!

    On invite Kadhafi à Paris, puis on participe en direct à l’organisation de son assassinat. On prétend combattre le salafisme, et l’on reste au mieux avec l’Arabie Saoudite et le Qatar, qui en sont les principaux bailleurs de fonds. Est-ce qu’il s’agit d’erreurs grossières, ou de machiavélisme ?

    Avons-nous affaire à des éléphants piétinant avec lourdeur ce magasin de porcelaine délicat qu’est l’Orient ? Ou à des comploteurs subtils qui y jouent un coup de billard à trois bandes ? J’hésite encore. La fréquentation des milieux politiques depuis un quart de siècle m’a appris qu’il ne faut jamais exclure l’hypothèse de la bêtise. Dans la deuxième hypothèse, celle des calculs cyniques, il faut reconnaître que ces combinaisons savantes et ces stratégies tortueuses ont généralement manqué leur but. Mais à quel prix pour les peuples !

    (Fin de l’entretien).

  • Vladimir Poutine s'exprime sur les menaces d'intervention militaire en Syrie

  • Syrie : Feu à volonté !

    Pierre Lours, libre propos.
    François Hollande, qui croyait dur comme fer qu’il allait pouvoir envoyer ses Rafales bombarder la Syrie, se retrouve seul après avoir été lâché par Cameron désavoué par les députés britanniques, et par Obama qui se retranche derrière un vote du Congrès ne pouvant pas intervenir avant le 9 septembre. Comme le dit si bien la presse française ce matin, avec une forte majorité de l’opinion française contre lui il se trouve « piégé » (Voir la dépêche AFP de ce matin*). Quelle déconvenue ! Malgré tout, il s’obstine et tente une dernière cartouche en chargeant son premier ministre de convaincre nos parlementaires en leur apportant ses « preuves » de la culpabilité exclusive de Bachar el-Assad dans le « massacre » du 21 août. Outre la nécessité de redorer son blason dans les sondages, François Hollande, qui n’a aucun compte à rendre à l’Assemblée, aurait de bonnes raisons pour lancer ses missiles sur Damas. C’est ce que Pierre Lours avance dans son libre propos que nos lecteurs trouveront ci-après.
    Polémia
    Depuis que le monde est immonde, un Chef ça doit montrer qu’il a un gros bâton pour cogner sur les récalcitrants et les discutailleurs, quitte à faire croire que c’est pour le bonheur de tous, idéologie hypocrite des droits de l’Homme oblige. En l’occurrence, quand on est habillé, à tort ou à raison, d’un costume de capitaine de pédalo façon petit baigneur joufflu, il devient urgent de bombarder les esprits avec des arguments frappants !
    Et puis une bonne diversion digne de Tartarin de Tarascon ne peut que détourner les esprits chagrinés par la réforme des retraites et autres dures réalités automnales.
    De toutes manières, l’occasion Syrienne est trop bonne !
    D’abord les dirigeants de ce pays ont une mauvaise réputation depuis des décennies, c’est un fait acquis, ce sont des affreux, des horribles, des bachibouzouks  comme il n’en existe pas ailleurs, à tel point qu’il serait irresponsable de ne pas profiter d’un si bon ennemi !
    Bombarder la Syrie et détruire un pays comme on a su si bien le faire en Lybie ne peut que contenter l’incontournable Israël  qui verra ainsi disparaître un Etat hostile à ses visées au profit de groupes islamistes qu’il  pourra manipuler, utiliser ou combattre, en fonction de ses intérêts bien compris, ce qui est une règle immuable dans les relations internationales où il n’y a ni amis, ni ennemis, mais seulement des intérêts.
    Apparaître en plus comme le serviable bras armé de l’oncle Sam, plutôt de l’Oncle Bens, suffit à vous donner une carrure internationale appréciée par tous les chefs d’Etat en quête de respectabilité dans un monde où il ne leur reste plus beaucoup de terrains d’action, coincés qu’ils sont entre la mondialisation capitaliste et celles des instances internationales, ces « machins » tant vilipendés par De Gaulle.
    J’oubliais le contentement de nos chères, très chères Banlieues, qui ne peuvent voir que d’un bon œil les opportunités qui  seront offertes aux Islamistes par l’effondrement de l’État Syrien : les municipales arrivent, mobiliser le vote arabe en faveur des socialistes est de bonne guerre…
    Enfin, comment ne pas offrir à nos Journaux télévisés de si belles images de bombardements, comment ne pas donner du grain à moudre à nos gentils journalistes-organisateurs qui animent si bien le vaste club med que nous sommes devenus, où l’exhibition et le spectacle ont chassé la réalité et la recherche du beau, du juste, du vrai.
    Alors, feu à volonté !
    Pierre Lours, 31/08/2013
    * Syrie : Hollande « piégé » par Obama, selon la presse française
    http://actu.voila.fr/actualites/politique/2013/09/02/syrie-hollande-piege-par-obama-selon-la-presse-francaise_14724892.html
    http://www.polemia.com/syrie-feu-a-volonte/