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international - Page 1245

  • L’accord de libre échange entre l’UE et l’Amérique du Nord

    Le 23 mai 2013, les députés européens ont adopté une résolution demandant à ce que le Parlement européen soit pleinement associé aux négociations à venir sur l’accord de libre-échange avec les États-Unis. Hervé Juvin nous en développe les tenants et les aboutissants.


    Traité de libre échange entre l'UE et l... par realpolitiktv

  • Citigroup ou le lobbying ordinaire des banques à Washington

    La loi est censée empêcher une redite du krach financier de 2008, et pourtant, ce sont les premières victimes de la crise, les banques, qui sont à la manœuvre à Washington pour vider au maximum le Dodd-Frank Act de sa substance.

    Selon des informations dévoilées jeudi [23 mai 2013] par le New York Times, des recommandations émanant de Citigroup figurent, mot pour mot, dans un projet de loi visant à modérer certaines dispositions de la loi sur la régulation bancaire.  Sur 85 lignes de texte, plus de 70 sont directement inspirées des recommandations de Citigroup, dénonce le quotidien américain, “deux paragraphes ont même été copiés mot pour mot”.

    La manœuvre est grossière, mais elle témoigne d’un climat de confiance qui semble être de retour pour de bon à Wall Street. Pratiqué à visage découvert dans les couloirs du Congrès, le lobbying du secteur bancaire se traduit également en espèces sonnantes et trébuchantes. Si un parlementaire appuie un texte pro-banques, il pourra compter sur un soutien financier généreux lors des prochaines élections, ou sur de larges contributions lors de ses opérations habituelles de fund raising.

    Le nombre de lobbyistes mobilisés sur le sujet est impressionnant, mais extrêmement déséquilibré : The Nation, hebdomadaire progressiste, a publié en avril un schéma qui met en évidence que, sur 20 lobbyistes envoyés à Washington en 2012 pour défendre le Dodd-Frank Act, plus de 400 ont été dépêchés par les grandes banques pour faire contrepoids. Inutile de préciser qui a le plus de chances de l’emporter. Et ce n’est que la partie immergée de l’iceberg, explique le magazine : il faut compter aussi avec les avocats, les chercheurs, les relations presse, et tous les think tanks prêts à appuyer les demandes d’une partie ou de l’autre.

    Les desiderata de Citigroup portent principalement sur le trading des produits dérivés : il s’agit pour la banque de faire annuler une disposition de la loi qui interdit l’échange de certains de ces produits entre les grandes banques, ce afin de ne pas les fragiliser et risquer de nouvelles faillites. A écouter les géants bancaires, leur travail est d’utilité publique, une porte-parole va même jusqu’à souligner, dans le NYT, que “(notre) opinion est partagée non seulement par le secteur, mais par des leaders tel le président de la Réserve fédérale, Ben Bernanke”.

    Peut-être, admet le NYT. Sauf que Citigroup fait partie des plus gros distributeurs aux Etats-Unis de credit default swaps, produits structurés hautement spéculatifs qui ont joué un rôle important dans l’effondrement des marchés en 2008 : son exposition est de 3.000 milliards de dollars, logés dans une entité spéciale, Citibank N.A., qui bénéficie d’une assurance fédérale. “Sur ces 3.000 milliards, près de 2.000 sont adossés à des sociétés ou d’autres entités notées en catégorie ‘spéculatif’”, dénonce le journal. Ce sont autant de produits qui, selon le Dodd-Frank Act, doivent sortir de la structure garantie par l’Etat. Les pertes à assumer en cas de nouvelles perturbations sur ce marché seraient, pour Citigroup, considérables.

    L’histoire pourrait aussi avoir des répercussions à l’international, alors que les Etats-Unis se sont lancés dans des négociations serrées sur ses relations commerciales avec l’Union européenne. Or Citigroup, ainsi que d’autres banques (JPMorgan, AIG notamment), fait partie de la Coalition of Service Industries, qui milite activement pour que ces négociations débouchent sur des règles qui, à tout le moins, ne les pénalisent pas. Surtout, ils se battent pour écarter la moindre disposition qui pourrait avoir une application extra-territoriale, comme cela serait le cas concernant le trading de produits dérivés.

    Les positions européenne et américaine, extrêmement éloignées l’une de l’autre sur le sujet, devraient être la principale pierre d’achoppement de ces négociations, que les deux parties espèrent boucler en 2015.

    Economie américaine (blog Le Monde) http://fortune.fdesouche.com/

  • Les européens de l’Est entrent en croisade contre les extrémistes en Syrie

    Les européens de l’Est entrent en croisade contre les extrémistes en Syrie
    Plusieurs milliers de réservistes se sont inscrits dans le corps des volontaires russo-ukrainiennes qui se rendront en Syrie pour combattre les extrémistes islamiques, nous informe la revue Novii Region.

    L’initiateur de la création de ce corps de volontaires est un vétéran du service du renseignement ukrainien, le lieutenant-colonel Sergei Razoumovski. Son appel pour rejoindre le détachement militaire et qui a été publié dans les médias, a eu un certain écho et a attiré beaucoup de bénévoles de la Fédération de Russie, de Biélorussie, de Moldavie et de l’Ukraine.

    Cette initiative du Colonel Razoumovski est née avec le bombardement de l’armée syrienne par l’aviation israélienne et a été enflammé par la levée de l’embargo de l’UE sur les livraisons d’armes à l’opposition syrienne, et le franchissement de la frontière entre la Turquie et la Syrie par le sénateur républicain John McCain pour rencontrer les terroristes d’Al-Qaïda qui sont sous le commandement de Salim Idris, le chef de l’armée de libération de la Syrie.

    Selon Sergueï Razoumovski, les volontaires s’inscrivent pour se rendre en Syrie, comme en 1876-1877, où des volontaires et des personnes de la population orthodoxe faiblement armées se mirent aux côtés de l’armée russe pour se battre pour l’indépendance de la Roumanie, la libération de la Bulgarie, la Serbie et la Grèce du joug ottoman. "Quand la Bulgarie avait été noyée dans le sang par les Turcs, les volontaires étaient arrivés de toute la Russie. Ces gens ne viennent pas pour des rations, des médailles ou des récompenses, mais pour défendre la foi orthodoxe ", a déclaré Razoumovski.

    Le corps des volontaires de la paix dirigés par le lieutenant-colonel Sergei Razoumovski pourraient jouer un rôle important dans les événements qui se déroulent au Moyen-Orient parce qu’il est déjà structuré en catégories comme une force armée, où prédominent des experts dans l’exploitation et la maintenance technique des systèmes d’armes les plus modernes. Parmi eux, il y a, en plus, les redoutés parachutistes et d’anciens combattants des forces spéciales OMON, (vétérans des combats de rue et de la lutte anti-insurrection en Tchétchénie et en Afghanistan), parmi lesquels on trouve des équipes d’élites qui ont opéré dans le passé au sein des systèmes de défense antiaérienne, russes S-200 et S-300, les systèmes de missiles de croisière supersonique 3M-54 Klub, P-700 Granit, P-800 Oniks, et subsonique Kh-555/Kh-101 (portée 3000 km), des batteries d’artillerie de haute précision avec des projectiles à guidage laser "Krasnopol" et "Kitolov-2M" et des missiles sol-sol OTR-23 Oka (portée 500 km). Une fois en Syrie, ils n’auront besoin d’aucun temps d’adaptation et seront d’emblée opérationnels sur les systèmes S-300 et autres armes modernes complexes, devenant dans le même temps des instructeurs pour les militaires syriens.

    Selon l’initiateur de l’action, les autorités syriennes auraient offert aux volontaires la citoyenneté du pays, eux et leurs familles et leur auraient proposé de contribuer financièrement à l’achat de leur maison (après la guerre). L’auteur de l’appel affirme qu’il a l’intention d’adresser un message au responsable du gouvernement syrien et au commandant de la Flotte russe de la mer Noire pour aider aux déplacements des volontaires.

    Il est possible que l’initiative de paix des volontaires s’étende et gagne des adeptes dans les anciens états communistes, qui sont maintenant membres de l’OTAN, en raison du cynisme exprimé par les Etats-Unis vis-à-vis des soldats de ces pays pendant la phase de pré-adhésion. Par exemple, les États-Unis ont imposé à la Roumanie, comme condition d’intégration à l’OTAN, de réduire sa structure défensive à 25% de ce qu’elle était en 1996. De 1997 jusqu’en 2004, lorsque la Roumanie a rejoint l’OTAN, 86 unités militaires ont été fermés, en particulier ceux équipés de la technologie la plus moderne à ce moment-là.

    A la suite de cela, en 1998, les batteries S-125 (Neva / Petchora) 2A (portée 35 km, altitude maximale 18 km), entrées en dotation de l’armée roumaine en 1986, ont été «données» à Israël. Notez que le 27 Mars 1999, un vieux missile S-125 a abattu un avion «furtif» américain F-117 dans la localité yougoslave Budjanovci et la version Pechora-2M a été extrêmement efficace dans la lutte contre les missiles de croisière. L’objectif des Etats-Unis était de disposer des armes produits à l’Est pour alimenter les guerres civiles sur le continent africain, en particulier en Angola

    Les intermédiaires de telles transactions illégales d’armes qui violaient l’embargo sur les armes imposé par l’ONU, étaient des officiers de l’armée israélienne, originaires de Roumanie. L’un d’eux était le lieutenant-colonel Shimon Naor auquel les autorités roumaines ont émis, en plus, un passeport roumain au nom de Simon Herscovici. Né le 19 Octobre 1949 à Galati, il a fait une brillante carrière militaire dans l’armée israélienne, en participant aux guerres israélo-arabes et formait un tandem avec le col. Oliver North (conseiller militaire du président Ronald Reagan) impliqué dans l’opération Iran Contra (Irangate) en 1986.

    Cette aventure profitable uniquement pour les Etats-Unis et Israël au détriment de la Roumanie, a fait que, de 38.000 officiers roumains actifs il n’en restait plus que 19 000 et de 37.000 sous-officiers on est passé à 23.000. Plus de 30.000 officiers et sous-officiers roumains qui étaient en fait de véritables professionnels, furent limogés laissant l’armée sans opérateurs pour les systèmes des armes modernes. Des situations similaires se trouvent en Bulgarie, Hongrie, République tchèque, Slovaquie, Pologne, les ex-républiques yougoslaves de Slovénie et de Croatie, tous membres de l’OTAN mais aussi en Moldavie, Ukraine, Monténégro, Biélorussie, Géorgie et l’Azerbaïdjan, qui ne sont pas membres de l’OTAN. Notez que dans la plupart de ces pays les réservistes ont constitué leurs propres structures syndicales, reliées entre elles, ce qui leur donne une autonomie maximale de décision.
    Valentin Vasilescu http://www.voxnr.com
    Note:
    Valentin Vasilescu est pilote d’aviation, ancien commandant adjoint des forces militaires à l’Aéroport Otopeni, diplômé en sciences militaires à l’Académie des études militaires à Bucarest 1992.

  • Stare Kiejkuty : le « Guantanamo polonais »

    [article de Laurent Glauzy en exclusivité pour Contre-info]

    La promesse du président américain Barack Obama de fermer d’ici un an la prison de Guantanamo et de mettre fin à l’usage de la torture dans les interrogatoires anti-terroristes, pourrait éclabousser la Pologne. Der Spiegel du 27/4/09 apporte de nouvelles révélations sur une prison secrète tenue par la CIA dans cet ancien pays satellite de l’union soviétique.

    L’incarcération du « cerveau d’Al-Qaïda »

    Le 7 mars 2003, 16 heures, le Gulfstream V N379P surnommé « taxi torture » se pose sur le tarmac de l’aéroport de Szymany, dans le nord-est de la Pologne, en Mazurie, la région des quatre mille lacs. L’avion transporte le plus important des prisonniers, Khalid Cheikh Mohammed, le « cerveau d’Al-Qaïda », l’architecte des attentats du 11 septembre 2001. Arrêté par une unité spéciale américaine le 1er mars 2003 à Rawalpindi dans le Penjab pakistanais, il sera transféré deux jours plus tard en Afghanistan, avant selon toute vraisemblance d’être emprisonné en Pologne. Dans des déclarations faites fin 2006 à Guantanamo à une équipe du comité international de la Croix Rouge, il rapporte : « Mes yeux étaient bandés. Ils posèrent ensuite une cagoule sur ma tête. (…) Je m’endormis. (…) C’est pourquoi, je ne sais pas combien de temps ce voyage a duré ». Jerry M., le pilote de l’avion alors âgé de 56 ans, travaillait pour Aero Contractors, une entreprise américaine assurant le transport des prisonniers dans le monde entier pour le compte de la CIA. D’après les plans de vols détenus par Eurocontrol, organisation européenne pour la sécurité de la navigation aérienne, Jerry M. a décollé à 8h51 de Kaboul. Quelques heures seulement après l’atterrissage en Pologne, l’avion repartira à 19h16 pour Washington.

    Des agents secrets polonais ont prétendu que la CIA possédait bien une prison en Mazurie. Des fonctionnaires, des ministères de la défense et de la justice ont reconnu l’existence de la base secrète américaine de Stare Kiejkuty, à une heure de route au nord de l’aéroport de Szymany.
    Cette base militaire isolée au milieu d’une épaisse forêt de pinède, bordée d’un lac et accessible par une route défoncée, était surtout connue pour être un des centres de formation des agents des services de renseignement militaire polonais, le WSI. La CIA y aurait interrogé des « High Value Detainees » (des « détenus de grande importance »). De février à juillet 2003, le Gulfstream V N379P aurait atterri au moins cinq fois à Szymany et les journaux de vols auraient été falsifiés avec l’autorisation d’Eurocontrol et du gouvernement polonais. A Varsovie, le procureur de la république a entendu un témoin attestant qu’à Szymany des personnes menottées, les yeux bandés, sortaient du même avion civil, assez loin de la tour de contrôle. Si on en croit le récit de Khalid Cheikh Mohammed, les personnes présentes à l’atterrissage étaient masquées : « Le transfert de l’aéroport au lieu d’internement dura environ une heure. On m’a assis sur le sol d’un véhicule qui m’a amené quelque part. A un certain moment, j’ai seulement pu voir de la neige par terre. Tout le monde autour de moi était vêtu en noir, portait des masques et des chaussures militaires. On aurait dit des habitants de la planètes X ».

    Khalid Cheikh Mohammed dit qu’on lui a arraché ses vêtements, qu’on l’a photographié nu et enfermé dans une cellule de 3 x 4 m dont les murs étaient en bois. Une des personnes chargées des interrogatoires lui aurait confié qu’ils avaient reçu le « feu vert » de Washington pour lui préparer un « très mauvais moment » : « Ils n’ont jamais employé le mot de torture. Ils parlaient uniquement d’un dur moment (« a hard time »). On disait qu’on voulait m’emmener au seuil de la mort et que l’on me récupèrerait à temps ». Le « cerveau d’Al-Qaïda » sera interrogé huit heures par jour. Le premier mois, il était attaché jour et nuit, nu, debout, les mains enchaînées au plafond de sa cellule. Khalid Cheikh Mohammed pensait bien être en Pologne : « Je crois que c’était la Pologne. Sur une bouteille d’eau qu’on apporta, sur l’étiquette à moitié déchirée on pouvait lire une partie de l’adresse mail terminée par « pl ». Le système de chauffage était démodé, comme on en voit seulement dans l’ancien système communiste ».

    Les services secrets polonais et la CIA

    Robert Majewski, le procureur de Varsovie enquête depuis plus d’une année sur les abus administratifs et la corruption du gouvernement de Leszek Miller qui dirigea le pays de 2001 à 2004. Il était considéré comme l’artisan de l’adhésion à l’Union européenne. Le procureur voulait savoir si le président Aleksander Kwaśniewski et son premier-ministre social-démocrate avaient mis à la disposition de la CIA une partie du camp militaire de Stare Kiejkuty. R. Majewski a interrogé des témoins ayant collaboré à l’ancien gouvernement. Wolfgang Kaleck du Centre européen pour le droit constitutionnel et les droits de l’homme à Berlin soutient ces investigations : « Aucun pays européens ne s’est investi avec autant de sérieux contre d’anciens membres du gouvernement comme c’est le cas en Pologne ». Le ministère public examine si les services secrets polonais ont mis vingt de leurs agents à la disposition de la CIA, comme l’expose le journal conservateur Rzeczpospolita. Selon un ancien membre de la CIA, il existerait un document émanant des services de renseignements prouvant bien que vingt agents du WSI ont travaillé pour les Américains sur la base militaire de Stare Kiejkuty. Fin 2005, deux responsables de la commission d’enquête parlementaire à Varsovie auraient pris connaissance de ce dossier.

    Mariusz Kowalewski, journaliste de Rzeczpospolita et deux de ses collègues cherchent à prouver l’existence d’une base secrète utilisée par la CIA en Pologne. Dans des registres de vols déclarés disparus, ils ont relevé plusieurs décollages à partir de Szymany, des récépissés sur les pleins en kérosène, la trajectoire des vols avec les changements de cap. Kowalewski possède une documentation particulièrement dense étayant la présence d’une base prêtée à la CIA dans la région de Mazurie et dans laquelle des prisonniers d’Al-Qaïda auraient été interrogés. Un des dossiers serait constitué par des déclarations concernant l’Américain Deuce Martinez, un officier chargé des interrogatoires « sans torture ». Un rapport sur les « déportations » de prisonniers d’Al-Qaïda en Europe a été présenté il y a deux ans au chargé d’enquête du conseil européen Dick Marty, d’origine suisse, qui aboutit aux mêmes conclusions : des agents du WSI auraient été employés dans la police des frontières et dans l’administration de l’aéroport pour assurer les missions de la CIA. « Les dernières découvertes faites en Pologne confirment complètement mes conclusions qui s’appuient sur des déclarations et des documents », avance D. Marty. Reste à savoir qui en Pologne a autorisé une telle coopération. « Les ordres venaient des plus hautes sphères de l’Etat, du président », affirme en 2007 un membre des services secrets militaires de l’équipe de D. Marty. Le président A. Kwaśniewski dément : « Il y a eu effectivement une coopération étroite entre les services secrets polonais et les Etats-Unis, mais il n’y eut aucune prison sur le sol polonais ». Quant à l’ancien premier-ministre, il déclare n’avoir « rien à dire ».

    Cette gêne pourrait contaminer d’autres pays européens. Selon un rapport de D. Marty publié en juin 2006, quatorze nations auraient caché un système de « sous-traitance » de la torture au profit de la CIA. L’Allemagne par exemple a donné aux Etats-Unis l’autorisation de survol du territoire. Dans l’affaire de Khalid el-Masri, notre voisin d’outre-Rhin refusa d’extrader treize agents de la CIA.

    De nationalité allemande et de parents libanais, en décembre 2003, Khalid el-Masri passe ses vacances avec sa famille en Macédoine, quand la CIA l’arrête par erreur : son nom est presque identique à celui de Khalid al-Masri, membre d’Al-Qaïda. Déclarant avoir subi des sévices sexuels, avoir été drogué, interrogé, séquestré en Irak et en Afghanistan, il sera libéré en pleine nuit en mai 2004 sur une route en Albanie. Egalement en 2003, les services secrets italiens ont assisté la CIA dans l’enlèvement de l’Imam Abou Omar à Milan. Accusé de terrorisme et d’activisme au sein du mouvement islamiste armé Jamaa Islamiya (groupe islamiste), il aurait été torturé en Egypte. Le M16, les services secrets britanniques ont livré au Maroc pour la CIA du matériel servant aux interrogatoires.

    Des prisons spéciales auraient aussi existé en Roumanie.

    Cette actualité fort troublante appuyant l’omniprésence des Etats-Unis dans un jeu diplomatique occulte et tortionnaire, met en exergue les desseins visionnaires de l’écrivain roumain Virgil Gheorghiu. Dans De la 25e heure à l’heure éternelle (1965), il dépeint une époque où des forces armées internationales composées de soldats parlant anglais terrasseront et déporteront les populations.

    Laurent Glauzy http://www.contre-info.com

    Extrait de l’Atlas de Géopolitique révisée (Tome I)

  • Drones : l’histoire d’un incroyable fiasco français

    Guerre entre industriels, indécision de la France et de l’Allemagne, multiplication d’accords non respectés… Trois raisons qui ont cloué au sol tous les projets de drones de reconnaissance et de surveillance (MALE) en France. Industriels et responsables politiques se partagent les responsabilités de cet incroyable fiasco. Au final, Paris va acheter des drones américains Predator Reaper. Récit.

    Difficile de mieux résumer un fiasco politique, industriel et militaire d’une telle envergure : “La France a raté le rendez-vous des drones (…) ce qui est invraisemblable pour une nation qui a un savoir faire technologique, aéronautique, électronique considérable avec des entreprises majeures qui étaient en situation de pouvoir le faire“, a ainsi reconnu il y a une dizaine de jours le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian.

    On croirait presque à un coup monté, tant les gouvernements successifs (de droite comme de gauche) ont savamment sabordé depuis le début des années 2000 tous les projets de programmes de développement d’une arme qui, au fil des conflits, est pourtant devenue indispensable aux armées modernes dans le ciel de tous les théâtres d’opérations.

    Comment la France a-t-elle pu manquer à ce point le virage des drones alors que bien rares sont les pays qui disposent d’autant de compétences grâce aux Dassault Aviation, EADS, Safran et autres Thales pour créer une filière industrielle solide? Au final,  la France, pourtant si fière de son autonomie stratégique en matière militaire, est contrainte aujourd’hui de quémander aux États-Unis des drones MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance), les fameux Reaper (faucheuse en français).

    Un programme mal né dès 2004

    Tout commence véritablement en 2004. Par un exploit. Mais un exploit qui fragilisera dès le départ le projet de drone EuroMale (ancêtre du Talarion) mal né, qui ira de déboires en déboires. Lors du salon de l’armement terrrestre Eurosatory en juin 2004, la ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, force Dassault Aviation, qui s’était pourtant allié avec Sagem (depuis Safran), et EADS à former un partenariat contre-nature dans les drones.

    Le groupe européen monte à bord du démonstrateur de drone de combat Ucav (avion sans pilote), le Neuron lancé un an avant et piloté par Dassault Aviation. En contrepartie, EADS doit accepter l’arrivée de Dassault Aviation, qui traîne des pieds, dans le programme EuroMale.

    Les deux électroniciens, Thales et Sagem sont également conviés pour se partager un budget de 300 millions d’euros. Un drone MALE qui doit voler en 2008. C’est un peu le “Yalta” des drones, qui se fait aux dépens de Thales, qui avait pourtant un accord de co-maîtrise d’oeuvre avec EADS. En outre, l’électronicien devra repousser à l’automne une opération de rachat inamicale par le groupe franco-allemand… allié à Dassault Aviation.

    Bref, le programme EuroMale regroupe des entreprises, qui ne s’aiment pas et ne s’accordent aucune confiance. Mais pour Michèle Alliot-Marie, alors très optimiste, EADS et Dassault ont “signé un accord fondateur sur les drones, Male et Ucav, qui préfigure l’avenir de l’industrie européenne des avions militaires, de combat et de reconnaissance”. A voir…

    Après l’enthousiasme des signatures, EADS rencontre très vite des difficultés à fédérer autour de lui un projet européen de drone d’observation. Les pays européens, notamment l’Allemagne, sont déjà en panne de budget et rechignent à passer à la caisse. Pourtant, le ticket de lancement est estimé à 340 millions d’euros, une goutte d’eau pour un projet en partenariat.

    Problème financier, mais pas seulement. Berlin renacle car le projet, tel qu’il est configuré par les Français, ne correspond pas à ses besoins opérationnels identifiés. La Bundeswehr, son armée, veut un drone de reconnaissance quand la France n’en a pas besoin grâce son système RECO-NG, qui équipe ses avions. Fin 2005, le constat est clair : premier échec pour EADS.

    Seule l’Espagne souhaite monter à bord de l’EuroMale en y apportant 40 millions d’euros. La France est quant à elle prête à financer à hauteur de 75 millions d’euros, EADS apportant enfin 100 millions en autofinancement. Pas assez pour lancer le programme.

    La guerre des drones aura bien lieu

    Si le programme EuroMale a du plomb dans l’aile, EADS ne joue pas non plus réellement franc-jeu avec Dassault Aviation sur le Neuron. A la grande surprise de l’avionneur tricolore à l’été 2005, le groupe européen travaille sur un projet de démonstrateur d’Ucav concurrent du Neuron, le Barracuda.

    Un peu plus d’un an après la signature, le “Yalta” des drones vole en éclat. D’autant que la guerre va s’intensifier début 2006, en coulisse entre les trois grands du secteur de la défense en France, EADS, Thales et Dassault Aviation.

    Après avoir été sélectionné par le MoD (ministère de la Défense) britannique pour fournir un drone tactique Watchkeeper, Thales se sent pousser des ailes en France et veut sa revanche sur EADS. Sentant son rival dans une impasse, l’électronicien n’hésite pas à chasser sur le pré carré du groupe européen en faisant une offre non sollicitée à la DGA. Il propose une version francisée du programme britannique Watchkeeper. Ce programme présente “une alternative fonctionnelle beaucoup plus intéressante aux projets de drones de reconnaissance à l’étude en France”, estime alors le PDG de Thales, Denis Ranque. Sans succès en dépit du prix attractif du programme.

    EADS est dans l’impasse et l’avoue même publiquement en juin 2006 lors du salon d’Eurosatory. “Nous sommes dans une impasse alors que nous avons un projet et déjà réalisé des investissements”, regrette alors le patron de la division défense d’EADS, Stefan Zoller. Ce constat pousse le groupe européen à changer son projet EuroMale en proposant une plate-forme européenne (via son projet développé sur fonds propres Barracuda) pour satisfaire les exigences de la DGA, qui souhaite avoir une maîtrise européenne totale sur cette technologie.

    Du coup, EADS est contraint de mettre sur la touche son partenaire israélien IAI, qui devait lui fournir la plate-forme Eagle 2 pour EuroMale. La DGA, qui a toujours soutenu un programme en coopération, maintient la confiance à EADS en dépit des proposition de Thales. En juin, un accord semble se dessiner “à condition d’un coût acceptable”. EADS, qui a déjà perdu plus de 120 millions d’euros sur ce projet, persévère. Un drone MALE est désormais attendu en 2013-2014.

    Dassault Aviation quitte le projet

    Il faudra attendre un an de plus pour que le projet aboutisse dans la douleur. A l’automne 2006, EADS remet tant bien que mal un projet de drone européen de surveillance, et non plus d’observation. Un compromis entre les besoins opérationnels français (observation) et allemand (reconnaissance) pour faire monter Berlin dans le programme.

    Soutenu par Michèle Alliot-Marie, EADS négocie alors avec trois pays européens – Allemagne, France et Espagne – le lancement d’un programme nouvellement baptisé Advanced UAV. Exit EuroMale.

    Ce nouveau projet réduit à la portion congrue la charge de Dassault Aviation. Furieux, le patron de l’avionneur, Charles Edelstenne, refuse de poursuivre avec EADS. L’alliance, qui préfigurait “l’avenir de l’industrie européenne des avions militaires, de combat et de reconnaissance” est bel et bien cassée.

    Au début de l’année 2007, la guerre des drones s’intensifie. Thales et Dassault Aviation, qui a dû mal à digérer ses démêlés avec EADS, proposent à la DGA au printemps deux projets de drone, l’un à court terme pour satisfaire les besoins opérationnels de l’armée française, et l’autre à long terme, qui serait le concurrent de l’Advanced UAV. En vain.

    La DGA maintient sa confiance à EADS. Et tord le bras à Thales pour qu’il reste dans l’Advanced UAV et surtout qu’il ne fasse pas capoter le programme. La ministre de la défense aurait eu recours à la pression sur d’autres programmes en cours de discussions entre la DGA et Thales, explique-t-on alors dans les milieux de la défense. Ce qui ravit EADS, où on explique que Thales a été “remis à son rang d’équipementier, son rôle normal dans les systèmes”.

    Dassault Aviation lance un projet de drone MALE concurrent

    A la veille du salon aéronautique du Bourget, en juin 2007, Charles Edelstenne ne décolère pas sur le dossier drone Male. “Le budget français, déjà contraint, va servir à dupliquer hors de France des compétences qui existent déjà en France, explique-t-il alors lors d’une conférence de presse. Je le déplore et les leçons des programmes en coopération ne sont pas apprises“. Et le PDG de Dassault Aviation annonce avoir conclu une coopération sur un drone MALE avec Thales qui, lui, reste plutôt discret sur ce projet.

    Et pour cause… On apprendra plus tard que Dassault Aviation et Thales ont remis en novembre une proposition non sollicitée engageante pour fournir à la France un système de drones de surveillance, élaboré à partir d’une plate-forme israélienne (Heron TP fabriqué par IAI), qui pourrait être livré dès 2012, voire 2013. L’espagnol Indra rejoindra le programme, qui sera dévoilé avec beaucoup de jubilation à la presse par Charles Edelstenne en juin 2008.

    EADS, qui a le soutien de la DGA depuis quatre ans, a quant à lui enfin son projet et ses contributeurs, Allemagne, Espagne et France. Le groupe européen propose de reprendre dans son projet de drone MALE les technologies développées par le biais du démonstrateur allemand Barracuda.

    Le projet d’EADS prévoit de lancer dans un premier temps un drone de surveillance, puis de reconnaissance pour le besoin de l’armée allemande. La signature était attendue au début du salon du Bourget. Mais c’était sans compter sur les lenteurs administratives du ministère de la Défense allemand.

    Le 22 juin 2007, la DGA publie un communiqué sur une coopération entre la France, l’Allemagne et l’Espagne. Les trois pays “s’accordent sur un arrangement technique pour une phase de réduction de risques d’un Advanced-UAV“. Ce qui sera confirmé quelques mois plus trad en décembre avec la notification à EADS par la France, l’Allemagne et l’Espagne d’un contrat d’études de réduction de risques pour l’Advanced UAV, un programme qui pèse 2,8 milliards d’euros, dont environ 1,3 milliard pour le développement partagé à parts égales.

    Les trois pays ont exprimé un besoin de quinze systèmes (six respectivement pour la France et l’Allemagne, trois pour l’Espagne). Ce drone est désormais attendu à l’horizon 2015 pour équiper les trois armées.

    Nouveau président de la République, nouvelle donne

    Avec l’arrivée de Nicolas Sarkozy à l’Elysée en 2007, le projet drone MALE va entrer dans une période de calme plat… qui annoncera de nouvelles de turbulences. Le lancement d’un grand programme de drone européen est désormais suspendu en France aux conclusions du Livre blanc sur la défense, qui ne sera finalement dévoilé qu’en juin 2008.

    En clair, le besoin opérationnel de ce système devra être démontré par le Livre blanc, puis entériné par le ministère de la Défense. Et ce même si les trois pays partenaires du programme Advanced UAV (Allemagne, Espagne et France) viennent de notifier fin 2007 à EADS en tant que maître d’œuvre un contrat de réduction de risques d’une durée de quinze mois d’un montant de 60 millions d’euros (20 millions par pays).

    Pour autant, le programme drone tombe un peu dans l’oubli des décideurs politiques. Plus personne ne semble pressé.

    EADS se rappelle toutefois au bon souvenir du ministère de la Défense lors du salon du Bourget 2009. Le président exécutif du groupe européen, Louis Gallois, un rien requinqué après avoir enfin livré en juin 2008 le drone Male SIDM (intérimaire), rappelle à la France qu’elle “a besoin d’un drone”. “Même s’il y a le SIDM (Harfang) qui fonctionne déjà en Afghanistan, il faut d’ores et déjà préparer la génération suivante. Le programme Advanced UAV répond aux besoins européens. Nous souhaitons une décision aussi vite que possible. C’est une coopération européenne qui peut, au-delà de l’Espagne, la France et l’Allemagne, inclure la Turquie“. Et d’estimer que l’Advanced UAV devrait être disponible en 2015-2016.

    Drone de malheur pour EADS

    Fin 2009, les premières rumeurs sur un lâchage d’EADS commencent à circuler. Le groupe européen est au bord de perdre un contrat estimé à 2,9 milliards d’euros portant sur le développement d’un programme de drone de théâtre Male, rebaptisé Talarion (ex-Advanced UAV) et l’achat des systèmes. « Plus personne n’a envie de le faire », affirme-t-on alors à La Tribune. Pourquoi ? Hors de prix, trop risqué, assurent des sources concordantes. D’autant que la loi de programmation militaire (LPM) n’a prévu sur 2009-2014 que 139 millions d’euros pour le segment Male. Peu, trop peu pour lancer ce programme.

    Plus tard, le Délégué général pour l’armement, Laurent Collet-Billon, expliquera que “l’opération a été arrêtée parce qu’elle conduisait à un objet trop volumineux qui ne correspondait pas aux besoins de l’armée française. La première partie du travail sur Talarion portait sur la création d’un porteur.

    Or cette opération, qui aurait été intégralement réalisée en Allemagne, nous aurait conduits jusqu’en 2017. Se posait aussi la question de la participation de notre industrie à la réalisation des capteurs. Nous n’avons donc pas poursuivi cette opération. Cela n’a d’ailleurs laissé aucune séquelle dans les relations entre l’Allemagne et la France”.

    EADS est encore dans le flou début 2010 même si le groupe pressent certaines menaces. Si l’Allemagne, la France et l’Espagne ne passent pas de commandes fermes pour cet avion sans pilote d’ici à l’été, “nous devrons geler ce programme”, déclare en janvier 2010 au Financial Times Deutschland, le responsable de la branche défense d’EADS, Stefan Zoller, qui entretient de très mauvais rapport avec la France, notamment la DGA, ainsi qu’avec Dassault Aviation.

    Le patron d’EADS Défense a sa part de responsabilité dans le fiasco du Talarion. “Il n’a jamais voulu écouter le client français”, explique-t-on à “La Tribune”. C’est d’ailleurs, à cette époque qu’une option américaine (Predator Reaper) est pour la première fois envisagée par Paris.

    En juin 2010, le ministre de la Défense, Hervé Morin, confirme à “La Tribune” que la France regarde bien le programme Predator.  “J’ai appelé Robert Gates pour lui demander d’accueillir Laurent Collet-Billon chez General Atomics afin que ce groupe puisse répondre aux questions que nous nous posons.

    Nous avons déjà acheté aux Américains des matériels stratégiques comme les avions Awacs ou les Hawkeye. Il faut arriver à concilier les besoins opérationnels, les moyens budgétaires fixés par la LPM et la volonté de soutenir l’industrie française. Encore une fois, il s’agit d’explorer toutes les options possibles et d’en écarter aucune”.

    Nicolas Sarkozy siffle la fin de la partie

    Le changement de cap de Paris est dicté par la crise financière qui fait des ravages et  impacte  les budgets, dont celui de la défense. Surtout, cette décision brise les derniers espoirs d’EADS de lancer le Talarion. La DGA, furieuse de sa coopération avec EADS, en rajoute au coeur de l’été une louche sur les déboires du programme Talarion : “la problématique du drone MALE est simple, la première proposition française est à 1,5 milliard d’euros alors que le drone Predator américain coûterait autour de 700 millions d’euros. Il me semble qu’il y a une contradiction pour un industriel (EADS, Ndlr) à demander à l’État de l’aider à exporter ses matériels et, dans le même temps, de lui proposer d’acheter un produit qui coûte 800 millions d’euros de plus qu’un produit étranger concurrent“.

    Quatre solutions alternatives sont alors envisagées : l’achat de drones américains Predator, une offre commune de Dassault Aviation et Thales, ou de Dassault avec IAI sur la base des Harfang, ainsi qu’une éventuelle coopération entre Dassault Aviation et les Britanniques avec le Telemos.

    En novembre 2010, la France et le Royaume-Uni annoncent un appel d’offre de drones en 2011 pour une livraison entre 2015 et 2020, suivi d’un projet de recherche commun à partir de 2012 pour créer un drone nouvelle génération après 2030.

    Au début de l’année 2011, la messe est dite pour EADS, qui continuera pourtant à se battre pour imposer sa solution. A raison car entre Londres et Paris, les relations sont tout aussi compliqués qu’entre Berlin et Paris sur les drones. Au Bourget 2011, les Britanniques ont d’ailleurs salement cassé l’ambiance en demandant pratiquement la veille de l’inauguration du salon à Nicolas Sarkozy de ne pas mentionner la concrétisation de leur alliance.

    Ce qui a enlevé à ce dernier le plaisir d’annoncer une avancée notoire de l’axe franco-britannique dans un domaine de la défense, le point fort de son discours. Pourtant, une dizaine de jours avant le Bourget, le ministre de la Défense britannique, Liam Fox, avait donné son accord à son homologue français Gérard Longuet. Mais Liam Fox n’avait pas le feu vert du Chancelier de l’Échiquier, qui ne dispose pas des budgets pour lancer le programme de drone Telemos (surveillance et reconnaissance) . Londres ne voulait pas d’une crise ministérielle ouverte.

    Ce n’est en juillet 2011 que la France choisit officiellement l’industriel qui fabriquera le drone MALE intérimaire. Le ministre de la Défense, Gérard Longuet, décide lors du Comité ministériel d’investissement (CMI) l’entrée en négociations avec Dassault Aviation. L’avionneur devra fournir aux armées françaises en 2014 un système de drones, baptisé Voltigeur, selon le communiqué du ministère de la Défense.

    Un choix qui devrait permettre à l’avionneur “de commencer à structurer une filière industrielle en préparation du futur système de drone Male franco-britannique“. Dans la foulée, Israël Aerospace Industries (IAI) vend à la France la plate-forme Héron TP, qui sera francisée par Dassault Aviation, pour environ 500 millions de dollars, selon des responsables d’IAI. Une décision beaucoup trop tardive : le programme ne sera pas sécurisé au moment de la prochaine élection présidentielle.

    Le nouveau ministre Jean-Yves Le Drian rebat à nouveau les cartes

    En février 2012, Cassidian est tout prêt de jeter l’éponge et annonce son intention de mettre fin au programme Talarion, après avoir échoué dans l’obtention d’un soutien financier des acheteurs potentiels. Mais nouveau coup de théâtre. Le nouveau ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, décide lors de sa première conférence de presse une “remise à plat” du dossier sur les drones. Il doit “avant le 14 juillet” confirmer ou changer d’orientation la politique en la matière. Un énième stop and go.

    Mais en juillet, point de décision. De nouvelles rumeurs remettent en piste l’idée de l’achat du drone américain Predator Reaper. Jean-Yves Le Drian, semble effectivement s’acheminer vers un achat américain, ce qui serait dans son esprit une solution intérimaire.

    Il n’y a pas actuellement d’offre nationale ou européenne disponible sur le marché en matière de drones. Il faut faire des choix et préparer des alternatives, avec des perspectives européennes“, a-t-il expliqué lors de l’été 2012 aux députés de la commission de la défense. Jean-Yves Le Drian prépare déjà les esprits à un achat sur étagère de drones américains.

    Paris et Berlin se rapprochent

    Pour EADS, cela marque la fin de l’histoire du Talarion. Fin juillet, le groupe européen annonce que le programme, n’ayant trouvé aucun acheteur ferme, est abandonné. Il est même présenté comme European UAS sur le site de la société et lors de salons. EADS, qui a perdu beaucoup d’argent sur ce projet, peut encore espérer faire fructifier les compétences acquises lors du développement du Talarion. Notamment dans le cadre de la coopération franco-allemande initiée en septembre 2012 par Paris et Berlin.

    Les deux capitales se sont mises d’accord sur un “ensemble commun de besoins opérationnels clés” dans le domaine du drone Male. Les deux nations évalueront la possibilité d’une coopération opérationnelle comme étape intermédiaire. La France et l’Allemagne s’efforceront d’harmoniser les structures et les processus nécessaires afin de permettre aux deux pays de lancer la réalisation de ce projet.

    De son côté, Paris veillera à ce que ce travail soit pleinement cohérent avec les engagements pris entre la France et le Royaume-Uni sur ce sujet dans le cadre du traité de Lancaster House. Ils ont également pour objectif “d’approfondir les possibilités d’une coopération européenne”, selon le communiqué du ministère de la Défense.

    Dans une interview accordée en septembre à La Tribune, le secrétaire d’État à la Défense allemand, Stéphane Beemelmans, explique la portée de cet accord : “nous allons étudier les possibilités de réalisation d’un drone commun sur la base de spécifications militaires communes. L’idée est d’avoir un drone disponible à l’horizon 2020-2023.

    Deuxième nouveau volet, nous voulons étudier la création d’une unité franco-allemande de drones qui couvrirait la période intermédiaire jusqu’en 2022/2023, et qui mettrait en commun les travaux effectués sur les drones jusqu’ici, et se poursuivrait probablement après l’entrée en service d’un nouveau drone commun“.

    Discussions entre les États-Unis et la France

    Dans le même temps, la France se rapproche des États-Unis pour une éventuelle acquisition de Reaper. “Le ministère de la Défense a entamé à cette fin des discussions informelles avec l’industriel américain General Atomics, fabricant du fameux drone, a expliqué en octobre Laurent Collet-Billon aux députés de la commission de la défense de l’Assemblée nationale. Si nous voulons doter nos forces très rapidement de moyens opérationnels, la seule source, ce sont les États-Unis, avec tous les inconvénients connus, notamment en matière de maîtrise des logiciels et de certains capteurs“.

    Le Royaume-Uni et l’Italie possèdent déjà des drones de General Atomics. L’Allemagne a déposé en janvier 2012 une demande de FMS – Foreign Military Sale – pour l’acquisition de Reaper. “L’Allemagne et la France ont du reste engagé une réflexion, en cohérence avec nos travaux avec le Royaume-Uni, sur la possibilité d’entreprendre en commun une démarche d’européanisation des équipements et, progressivement, du drone“, rappelle à l’automne 2012 Laurent Collet-Billon.

    Des Reaper dans l’armée de l’air française

    Quel drone MALE équipera l’armée de l’air française et surtout quand pourra-t-elle les avoir ? Car le temps presse. Un contrat semble proche. L’armée de l’air en a besoin très rapidement pour le Mali en complément des deux vieux-jeunes drones Harfang d’EADS (drones francisés à partir d’une plate-forme israélienne Heron développée par IAI au début des années 90) mise en service seulement en juin 2008.

    Une plate-forme déjà dépassée en raison des atermoiements du ministère de la Défense, puis du retard du programme qui devait être livré initialement en 2003. “Les drones de surveillance, Harfang et SDTI, sont aujourd’hui frappés d’obsolescence“, a reconnu publiquement la semaine dernière le ministère de la Défense.

    La France est donc aujourd’hui pris au piège de son indécision. Car l’armée de l’air veut disposer avant la fin de l’année de ce type de matériels que les industriels français n’ont évidemment pas aujourd’hui en catalogue. Et pour avoir des Reaper opérationnels avant la fin de l’année, Paris ne pourra compter que sur des matériels… non francisés.

    Donc sous le contrôle de Washington, qui autorisera ou non certaines missions. “La nécessité d’une acquisition à brève échéance et d’une utilisation opérationnelle immédiates sont confirmées pour la surveillance et l’observation de la bande sahélienne et ne permettent pas le développement d’un nouveau programme“, a expliqué le ministère de la Défense.

    Selon nos informations, la France devrait recevoir avant la fin de l’année deux drones Reaper et une station de contrôle au sol pour les employer au Mali. Le contrat pourrait être signé de façon imminente. Pour le ministère de la défense, cela ne fait aucun doute. Et peu importe si les Etats-Unis auront un oeil sur ce que font les Français. “C’est déjà le cas avec les Awacs (les avions radars français, ndlr), non ?”, rappelle une source proche du dossier.

    En outre, “dans les réflexions, il est apparu nécessaire de franciser la charge utile (les liaisons de données et les capteurs spécifiques)“, a précisé l’hôtel de Brienne. Mais ce ne sera que dans un deuxième temps avec l’achat d’un second lot : au total, la France pourrait acheter quatre Predator Reaper. Car il faut en moyenne entre deux et quatre ans pour franciser les Reaper (capteurs, et liaisons satellitaires notamment), selon le degré de francisation.

    Soit au mieux en 2015 si Paris obtient le feu vert du Congrès américain cette année, voire début 2014. Sans compter que la France veut à terme armer ses drones. Paris devrait appeler Rome. Depuis deux ans, l’Italie, qui a demandé l’autorisation aux Etats-Unis d’armer ses Reaper, attend toujours avec agacement une réponse de Washington. Du coup, les Italiens menacent de travailler avec des partenaires sur un projet de drone alternatif qui pourrait entrer en service en 2017-2018.

    Dassault et EADS prêts à coopérer

    Aujourd’hui, Dassault Aviation et EADS sont prêts à coopérer, explique-t-on à La Tribune. Le départ de Stefan Zoller du groupe européen a semble-t-il pacifié quelque peu leurs relations houleuses. “Si une demande existait, il n’y aurait pas de problème pour faire un drone entre les industriels. Bae Systems, EADS et Dassault pourraient trouver un terrain d’entente dès lors que les pays auraient émis un besoin commun“, a récemment assuré le PDG de Dassault Aviation, Eric Trappier, soulignant que les industriels discutaient déjà entre eux.

    Il a souligné que, sur ce point, aucun besoin n’a pour l’heure été défini. “Je n’ai pas vu de besoins communs exprimés vers nous (industriels) qui couvrent les besoins allemands, français et britanniques. Cette demande n’existe pas”, a-t-il commenté. Le patron de Cassidian, Bernhard Gerwert, a assuré mi-mai de son côté que “nous avons besoin d’un programme de drones armés, pour que l’Europe s’affranchisse des Américains et des Israéliens. Si nous ne le lançons pas, c’est mort pour nous”.

    Pour l’heure, les deux industriels, Dassault Aviation et EADS, lorgnent la francisation des drones que va acheter la France. Le patron d’EADS, Tom Enders, a confirmé en mars dernier son intérêt pour les opérations de francisation du drone américain Reaper si la France validait cette option. Nous avons fait savoir au gouvernement français que nous étions intéressés par la francisation de ce drone, a-t-il expliqué aux sénateurs. Le groupe européen a déjà francisé les drones Harfang (plate-forme israélienne Eagle One).

    C’est le cas également d’Eric Trappier a indiqué supposer “une certaine francisation” des drones qui seront achetés, “c’est-à-dire avec une capacité d’être opérés de France et en France pour les problèmes de fréquences” aériennes. Il a rappelé que Dassault Aviation avait déjà travaillé avec les Israéliens sur le drone Heron TP et était capable de le franciser. “Cette offre avait été discutée à une certaine époque et est toujours valide”, a-t-il fait valoir.

    Jean-Yves Le Drian à la manoeuvre

    Jean-Yves Le Drian est prêt à emprunter cette voie… mais dans un second temps. Il y a une dizaine de jours au “Grand rendez-vous Europe1-Itélé-Le Parisien, il a justifié l’achat par la France de deux drones aux États-Unis en expliquant que la France avait “raté le rendez-vous des drones” et confirmé des discussions également avec Israël pour l’achat d’autres appareils.

    La France doit notamment acheter deux drones de surveillance Reaper aux USA pour une livraison avant la fin 2013 afin de soutenir ses opérations au Mali. “La France a regardé chez les deux pays proposant des solutions MALE sur le marché, les Etats-Unis, avec le drone Reaper, et Israël avec le Heron-TP. La discussion est plus avancée du côté américain, dans la mesure où le drone Reaper semble répondre plus immédiatement aux principaux besoins français“, a confirmé le ministère de la Défense.

    Interrogé sur le nombre de drones que la France comptait acquérir, le ministre n’a pas souhaité répondre. “Il nous en faut quelques uns mais je ne vais pas livrer ici les discussions que nous avons avec les uns et les autres. Dans le livre blanc de la Défense, on en annonce douze”, a-t-il rappelé en précisant qu’il s’agissait de drones d’observation mais pas armés. Le Livre blanc fixe une cible à 30 drones tactiques et 12 drones MALE.

    “Seulement, il n’y en a pas” de disponible tout de suite, a-t-il regretté. Alors qu’est-ce-qu’on fait ? On attend que peut-être un jour certains industriels décideront d’agir d’ensemble pour le produire ? Mais ça sera quand ? Dans dix ans. Mais il y a une urgence et j’assume cette responsabilité“, a lancé le ministre de la Défense tout en précisant qu’il s’agit pour la France d’une solution provisoire.

    C’est vrai mais comme tous les autres responsables politiques, il a une part de responsabilité. Il a fait perdre du temps avec une nouvelle remise à plat du programme de drone confié à Dassault Aviation au début de l’été 2012. Depuis, une année a été perdue… Et visiblement, les industriels attendent toujours une fiche programme, à défaut un appel d’offre.

    La Tribune  http://fortune.fdesouche.com/

  • Chômage : 40.000 nouveaux inscrits à Pôle emploi en avril

    Addendum du 31/05/2013 – Zone euro : Nouveau record du taux de chômage, à 12,2% en avril

    Quelque 19,37 millions de personnes étaient au chômage en avril dans les 17 pays de la zone euro, précise Eurostat dans un communiqué. En un mois, 95.000 personnes sont venues grossir les rangs des chômeurs au sein de l’Union monétaire et environ 1,64 million en un an.

    Dans l’ensemble de l’Union européenne, le taux de chômage était à 11% en avril, comme le mois précédent. Au total, 26,58 millions de personnes étaient au chômage dans l’UE en avril. En comparaison, le taux de chômage était de 7,5% en avril aux États-Unis.

    Un retournement de situation n’est pas en vue“, estime Martin Van Vliet, analyste pour la banque ING. “Même si la zone euro sort de récession plus tard cette année, le marché du travail risque lui de rester en dépression jusqu’à l’année prochaine“.

    Boursorama

    Alors que les chiffres du chômage pour avril seront publiés ce jeudi soir à 18 heures, il faut s’attendre à « plus de 40.000 » nouveaux inscrits à Pôle emploi le mois dernier, indique une source gouvernementale.

    Les chiffres « ne seront pas bons », a déclaré ce jeudi matin Jean-Marc Ayrault. Dans une interview au groupe de presse Ebra (Le Dauphiné Libéré, Le Progrès, Dernières nouvelles d’Alsace, etc), le Premier ministre explique  :

    « Nous sortons d’une période de deux trimestres d’une récession qui touche la France et toute la zone euro. Dans ces conditions, le marché de l’emploi ne peut repartir ».

    Jean-Marc Ayrault appelle « les entreprises, les salariés, les collectivités, les missions locales, les services de formation » à se « saisir des  mesures d’accompagnement que l’État met à leur disposition » (emplois d’avenir , contrat de génération…).

    Si tous les acteurs se mobilisent, « il n’y a pas de fatalité à voir le chômage augmenter perpétuellement », assure-t-il. Tout en reconnaissant qu’il faudra du temps « avant que ces réformes de structure produisent leurs effets ».

    En mars, le chômage avait atteint de nouveaux records. Le nombre d’inscrits à Pôle emploi a progressé de 36.900 en mars, à 3,224 millions. Si l’on y intègre aussi les demandeurs d’emploi ayant travaillé dans le mois, le nombre de chômeurs dépasse alors les 5 millions.

    Les Échos  http://fortune.fdesouche.com

  • « La modernité à l’épreuve de l’image » de Jure Georges Vujic

    L’obsession visuelle de l’Occident.
    Nouveau livre de Jure Georges Vujic, « La Modernité à l’épreuve de l’image / L’obsession visuelle de l’Occident », aux Editions l’Harmattan.
    A travers la métaphore du « Narcisse » du Caravage, l’auteur nous retrace les dérives de la culture visuelle et numérique contemporaine, en nous livrant les principales matrices philosophiques, sociales et métapolitiques de l’« occidentalo-scopie », à savoir le mental scopique de l’Occident hypermoderne, dans lequel s’est opérée depuis la Renaissance jusqu’à nos jours une vaste mutation du « regardant » collectif et individuel. (l’Harmattan)
    À la suite de son livre Un ailleurs européen-Hestia sur les rivages de Brooklyn ( éditions Avatar) Jure Ggeorges Vujic, écrivain franco-croate non conformiste signe aux Editions l’Harmattan son dernier et nouveau livre  La modernité à l’épreuve de l’image  : A travers la métaphore du « Narcisse » du Caravage, l’auteur nous retrace les dérives de la culture visuelle et numérique contemporaine, en nous livrant les principales matrices philosophiques, sociales et métapolitiques de l’ « occidentalo-scopie », à savoir le mental scopique de l’Occident hypermoderne, dans lequel s’est opéré depuis la Renaissance jusqu’à nos jours une vaste mutation du « regardant » collectif et individuel. Selon l’auteur, il s’agit bien ici de la grimace du regard « occidental » contemporain, à savoir l’image spéculaire et déformante qui a de la sorte aliéné et soumis l’ensemble de l’épistémè de la modernité occidentale à une pulsion scopique généralisée.
    L’auteur nous dévoile à travers de nombreuses références philosophiques, artistiques et sociologiques comment la modernité dans le sillage des Lumières a bouleversé la question de la visibilité. L’hypermodernité contemporaine correspond à une conquête obessionnelle de la sphère symbolique par l’image, ce qui a indéniablement bouleversé les lois de la perception. L’emprise de l’image dans notre culture hypermoderne est révélatrice d’un tournant non seulement iconique dans les nouvelles formes de perception et de représentation, mais aussi d’un tournant épistémologique qui remet en cause les fondements de  la sociologie de l’art comme élément structurant de la réalité sociale et culturelle. L’hypermodernité n’est peut être que le symptôme d’une profonde coagulation socio-culturelle d’un nouveau paradigme post-épistémologico-culturel, lequel sera inévitablement précédé par un vaste processus de décomposition des fondements modernistes de l’art.L’auteur considère que l’Occident constitue  avant tout une dimension mentale, un vécu à la fois collectif et subjectif avant d’être une catégorie politique ou géopolitique. Selon lui, l’Occident représente un gigantesque « Vidéo Corridor » qui relie des écrans de TV superposés á l’expérience interactive de spectateurs qui sont en quelque sorte plongés et imprégnés en temps réeel dans la virtualité télévisuelle, l’illusion de l’interactivité étant elle même générée par l’interpassivité consumériste. Le « simulacre » force « le malin génie de l’image » à accaparer l’espace privé et public. L’événement retransmis en temps réel est en quelque sorte cannibalisé par les stratégies de l’excès. La stratégie de l’excès conduit par conséquent à un univers hyper-visuel absurde, privé de valeur et surtout de hiérarchie, puisque tout est aplati au même niveau, du fait le plus insignifiant au meurtre le plus sanglant.
    Dans la seconde partie de l’ouvrage, l’auteur se livre au jeu des miroirs déformants et tente de démystifier l’opposition entre la modernité et l’antimodernité. En effet, pour l’auteur « L’antimodernisme, tel qu’il nous est légué par la tradition philosophique et intellectuelle représentée par J.Evola, L.Klages, T.S. Eliot, D.H. Lawrence, F.Nietzsche, M.Heidegger, R.Wagner, E.Junger, E.Pound, R.M. Rilke, Ortega et Gasset, bien qu’ancré dans une critique épistémologique du projet révolutionnaire progressiste et illuministe des Lumières, n’en demeure pas moins contaminé de l’intérieur par un systéme de pensée et de valeurs qui appartient éminemment á la modernité. Ainsi, même si l’antimodernisme se réclame de l’héritage intellectuel et spirituel romantique et d’un certain pessimisme tragique á l’égard d’une modernité mobilisatrice, ce courant d’idée, in fine, ne partage pas les affinités passéistes et pré-modernes du courant contre-révolutionnaire ». Vujic, dans une optique néoheideggerrienne, estime que les postures anti-modernes et modernes-progressistes sont illusoires. L’être, tout comme les peuples ont toujours été versés dans le monde du devenir. Dans cette perspective, l’auteur opte pour une supramodernité synthétisante qui conjugue une approche terceriste, historiciste et différentielle du monde.  L’auteur se livre à une critique acerbe et documentée de la «légo-démocratie» et du mythe atlantiste et constuctiviste de la «nation building»         en tant que nouveaux despotismes éclairés. L’auteur déconstruit  tour à tour les mécanismes du nouveau despostisme financialiste néoliberal et plonge les lecteurs dans le méandres de ce qu’il nomme le nouvel «eugénisme libéral» comme figure de proue du «racisme global»: l’auteur d’autre part tente avec courage de réactualiser la posture évolienne du «Chevaucher le tigre» en la soumettant à l’epreuve de l’époque et des  faits contemporains. L’auteur  prend part à une innovation conceptuelle dans le domaine de la réflexion métapolitique et propose un recours à ce qu’il nomme  une nouvelle politique archi-texturale en tant qu’« approche qui  permettrait d’identifier et de rassembler de façon moléculaire dans le monde global uniformisé, la multitude des « devenirs », « des fritures de résistance » dispersées, déterritorialisées, latentes ou manifestes, qui s’opposent à la stratégie globale inflationniste et molaire de la forme capitale et néolibérale, vecteur de marchandisation totale. Cette même stratégie « oblique » constituerait une sorte de « main droite » supramoderne, implosive et postfuturiste néo-évolienne. Un auteur à suivre et un ouvrage de référence pour mieux décrypter notre époque.
    A.L. Mai 2013 http://www.polemia.com/

  • Notre avant-guerre ?

    ISLAMISTES-EN-SYRIE-BIS.jpgUn climat d’avant guerre. Pour faire oublier une crise multiforme qui cogne sec et redonner le moral aux Français (?), le ministre du droit des femmes  (sic), Najat Vallaud-Belkacem,  était présente hier à Montpellier pour assister au premier mariage entre deux hommes en France depuis  que la loi Taubira a été votée. Pendant que certains dansent au bord du précipice, la très tolérante (affaissée) sociale-démocratie suédoise découvre à Stockholm les limites de l’angélisme multiculturaliste avec les violentes émeutes immigrées de ces derniers jours. « La faute au chômage »  affirment « nos » médias… Un soldat Français, après un homologue britannique  à Londres , a été victime en début de semaine, heureusement, lui,  sans y laisser la vie, d’un jeune musulman arrêté hier qui a voulu lui trancher la gorge et qui se serait également, le mot est à la mode, « auto-radicalisé »… Pas de quoi surprendre outre mesure nos compatriotes qui subissent quotidiennement agressions et insultes anti-françaises de la part des bandes de jeunes. C’est donc de « la faute de personne », et certainement pas le résultat de quarante années de politique laxiste et d’alternance « gauche droite » à la tête de l’Etat. Pour parfaire le tableau, et de cela Bruno Gollnisch se félicite puisqu’il fut le premier à attirer l’attention sur le rôle de ce personnage, le juge Pierre Estoup a été mis en examen hier pour « escroquerie en bande organisée » dans le cadre l’affaire Lagarde-Tapie. Il souhaite que les investigations de la justice soient poussées à bout.  Mais les contribuables Français reverront-ils la couleur de leur argent ?

    Si trois excitées du groupuscule extrémiste Femen- deux Françaises et une Allemande- se sont dépoitraillées pour la première fois hier au Maghreb à Tunis (Tunisie) pour réclamer la libération d’une militante tunisienne et dénoncer la condition de la femme musulmane – provocation particulièrement imbécile et contre-productive en terre d’islam – les regards sur  le monde arabe sont surtout tournés vers  la Syrie.

    Pour renforcer sur le terrain les opposants au régime de Bachar el-Assad, et avant l’éventuelle tenue le 1er août de la conférence dite Genève 2, -à laquelle la Russie souhaite notamment  associer l’Iran-  visant à  aboutir à un règlement de ce conflit, l’Union européenne, avec le feu vert  de Washington,  a voté la  levée  de l’embargo sur les livraisons d’armes aux rebelles. Celles-ci pourraient être effectives  d’ici deux mois

    Avec quels risques ?  Contrairement notamment aux mensonges assénés par un spécialiste du genre comme Laurent FabiusFabrice Balanche, directeur de recherche et d’études à la Maison de l’Orient,   affirme sur le site JOL  que les voeux de l’UE de livrer des armes  traçables « et exclusivement à destination des groupes respectueux des valeurs de démocratie et de laïcité » étaient  dérisoires.

    « Dans la pratique, ces conditions sont impossibles à respecter. D’une part les groupes  modérés  au sens européen du terme n’existent pratiquement pas et les armes vont forcément arriver entre les mains des groupes les plus puissants, c’est-à-dire les djihadistes. Un exemple récent, les armes livrées par les américains fin 2012, en provenance de la Croatie et à des groupes modérés  ont été retrouvées entre les mains du Front Al Nosra. »

    Pour quelle efficacité? Sur le site de TF1, Didier Billon directeur adjoint de l’Iris,  note que « depuis plusieurs semaines, l’armée de Bachar el-Assad est à l’offensive et reprend du terrain. Les insurgés sont quant à eux sur la défensive, en partie car ils manquent effectivement d’armes -il ne faut néanmoins pas omettre de signaler qu’ils en reçoivent grâce au Qatar et à la Turquie. Mais ils sont surtout totalement divisés, aussi bien sur le plan politique que militaire avec une Armée syrienne libre (ASL) qui n’a d’armée que le nom et dont les homme se livrent aussi à des exactions. Résultat : dans la situation actuelle, livrer des armes ne changerait pas grand-chose. »

     Cette décision de levée d’embargo  a-t-elle été prise naïvement  au nom des « droits de l’homme »? Cela semble bien  improbable  également pour  Paulo Pinheiro,  le président de la Commission d’enquête de l’Onu sur la Syrie (formée également de Karen AbuZayd,  Carla del Ponte et  Vitit Muntarbhorn),  mandatée par le Conseil des droits de l’homme de l’Onu.

    Une dépêche de l’agence Ria Novosti publiée aujourd’hui rapporte que  lors d’une conférence de presse à Paris (non couverte « curieusement  » par les médias français?),   M. Pinheiro  a affirmé qu’en Syrie  »Les combattants démocratiques historiques, qui véritablement croyaient dans la mosaïque syrienne, l’Etat laïc, l’Etat pour tous, sont aujourd’hui minoritaires (…). La majorité des rebelles est très loin de penser à la démocratie. Ils ont d’autres inspirations ».

    « Selon M.Pinheiro, la commission qu’il préside dispose de preuves de crimes affreux commis en Syrie par les deux parties en conflit. Il a également dénoncé la combinaison de sectarisme, de radicalisation et d’escalade des violations des droits de l’homme » en Syrie. »

    La volonté de l’UE de livrer des armes aux milices anti Assad, a été  dénoncée avec force par le Front National via un communiqué de Marine Le Pen,  mais aussi mercredi par  le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.   La levée de l’embargo  - illégitime par principe , le droit international n’autorisant pas de livraisons d’armes autres qu’à un État – rend la situation encore plus difficile, et met de sérieux obstacles à la tenue d’une conférence internationale sur la Syrie« , a déclaré le chef de la diplomatie de Vladimir Poutine.

     Le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, a  annoncé clairement hier que Moscou  ne permettra pas  un déséquilibre dans le rapport des forces entre son allié et  les rebelles soutenus par les pays de l’Otan,  le Qatar et  l’Arabie Saoudite.  Lors  d’une visite en Finlande, M. Choïgou a affirmé que « toute décision est à double tranchant. Si une des parties lève les restrictions, alors l’autre partie peut considérer qu’elle n’est plus tenue d’observer les obligations prises auparavant »… 

    Acteur central, majeur dans la région, Israël, par la voix de son Premier ministre Benyamin Netanyahu, a averti que Tsahal frapperait  de nouveau la Syrie si les fournitures d’armes au Hezbollah  se poursuivaient…tout en assurant que l’objectif poursuivi n’était pas le renversement du régime laïc en place à Damas.

    Le magazine Times  a  cité un  diplomate israélien qui  a souligné le risque pour l’Etat hébreu de  l’installation d’un régime islamiste à sa porte.  Mais selon  des  fuites  publiées (orchestrées?)  par le New York Times , Tel-Aviv  aurait averti   qu’il renverserait le régime à Damas si jamais « il osait répondre aux raids israéliens contre des caches ou des convois d’armes sur son territoire ». 

     Alors, quelle sortie  de crise en Syrie ? Le risque d’une internationalisation  accrue du conflit est il toujours majeur ? « Toute guerre civile introduit l’étranger dans les affaires d’un pays ». « Quand une guerre civile a en outre un principe religieux, elle prend un caractère international ». Cette remarque de Jacques Bainville dans sa remarquable Histoire de France,  est transposable à la situation actuelle dans ce pays.

    Pour Fabrice Balanche, cité plus haut, « La conférence de Genève 2 ne donnera aucun résultat concret. Le régime de Bachar el-Assad commence à reprendre du terrain tandis que les oppositions civiles et militaires sont de plus en plus divisées malgré les milliards de dollars d’aides en provenance des pays du Golfe et le soutien diplomatique occidental. »

    « Dans ces conditions le régime et ses alliés – la Russie et l’Iran – n’accepteront pas un compromis en leur défaveur. Les Occidentaux ne veulent pas s’engager directement dans le conflit, mais ils refusent de s’incliner trop facilement devant Moscou. Par conséquent, ils devraient continuer à soutenir l’option militaire encore quelque temps, d’autant que Qatar et Arabie Saoudite font de la chute du régime syrien un point d’honneur. »

     « Nous sommes en Syrie dans une lutte à mort. Le régime de Bachar el-Assad se bat pour sa survie et il n’acceptera pas d’abandonner le pouvoir indique-t-il encore. Il a la capacité de gagner et peut compter sur le soutien ferme de la Russie et de l’Iran. Dans ces conditions il existe peu de place pour la négociation. L’erreur des Occidentaux est d’avoir cru que le régime tomberait facilement comme celui de Ben Ali et de Moubarak. »

    « Pour les pays du Golfe, la majorité sunnite devait forcément l’emporter sur la minorité alaouite au pouvoir. C’était sans compter sur le nationalisme syrien qui transcende les communautés et la solidité d’un système de pouvoir qui, s’il est dominé par les alaouites, n’intègre pas moins beaucoup de sunnites. A partir de cette erreur d’appréciation, les anti-Bachar se sont enfermés dans un raisonnement manichéen : il doit partir parce qu’il est méchant. »

    Bref, constate Bruno Gollnisch, cette guerre en Syrie rend une  nouvelle fois visible le jeu tortueux de Washington, de Bruxelles ,  de l’Otan, bras armé du nouvel ordre mondial. Les dizaines de milliers de morts civils du conflit syrien sont aussi, comme les centaines de  milliers de morts irakiens depuis 2003, les millions depuis 1990,   de la responsabilité directe des chancelleries sous domination Etats-uniennes.

    Nos grandes consciences n’hésitent pas à maquiller leurs projets les plus infâmes sous couvert des  grands et immortels  principes. En s’appuyant en Syrie pour l’occasion  sur des régimes bailleurs de fonds du terrorisme wahhabite et du prosélytisme islamiste le plus obscurantiste, que l’on voit désormais à l’oeuvre également sur notre sol français et européen. Via l’immigration de peuplement soutenue par les mêmes…

    http://www.gollnisch.com

  • France : « Il faut baisser le SMIC de 300 euros ! »

    La semaine dernière, The Economist a consacré un papier au salaire minimum, se demandant s’il en fallait un et si oui, à quel niveau il fallait le mettre. Une plongée glaçante dans la pensée néolibérale.

    Les penseurs néolibéraux ont au moins un mérite. Ils osent tout. L’économie n’est qu’une science abstraite faite de chiffres, totalement désincarnée et déshumanisée. C’est bien ce qui ressort de ce papier de la bible des élites mondialisées sur le salaire minimal. The Economist cite Milton Friedman, pour qui il est « une forme de discrimination contre les travailleurs sans qualification ». Qualifier de « discrimination » le fait d’empêcher de payer un salaire de misère en dit déjà long…

    Mais l’hebdomadaire souligne que d’autres économistes affirment que quand les employeurs ont un fort pouvoir, ils peuvent fixer les salaires à un niveau trop faible, ce qui a poussé les gouvernements à instaurer un salaire minimal dans un nombre grandissant de pays.

    La Nouvelle-Zélande a été la première en 1894, suivie par les États-Unis de Roosevelt en 1938, la Grande-Bretagne patientant jusqu’en 1999. Le SMIC étasunien, très bas, a été relevé de 40% depuis 2007.

    Les économistes ont mené des études divergentes sur le niveau du salaire minimum aux États-Unis, du fait des différences entre États. Deux économistes ont démontré que les différences de niveau du salaire minimum n’ont pas d’impact sur le niveau de l’emploi dans la restauration entre 1990 et 2006 mais deux autres ont démontré l’inverse. En Grande-Bretagne, les études sont plutôt positives et soulignent un effet d’entraînement pour les salaires supérieurs au SMIC.

    L’oubli de l’homme

    Ce qu’il y a de terrifiant dans ce papier, c’est son aspect clinique, froid et finalement inhumain. Aucune question n’est posée sur le niveau du seuil de pauvreté, ou même de l’évolution du salaire médian (qui baisse), base contre laquelle il faudrait fixer le SMIC. Réfléchir à l’impact que tout cela a sur les travailleurs pauvres ne semble pas effleurer une seconde l’auteur du papier. La conclusion est glaçante : « Quels que soient leurs défauts, les salaires minimums vont persister ».

    Il est difficile de ne pas y voir un regret de la part de The Economist, comme s’il indiquait qu’il n’était malheureusement pas possible politiquement de les supprimer… Mais le pire est à venir au sujet du niveau souhaitable du SMIC. L’hebdomadaire néolibéral indique que pour l’OCDE et le FMI, « un salaire minimum modéré fait probablement plus de bien que de mal », avant de préciser que la définition d’un salaire minimum modéré signifie entre 30 et 40% du salaire médian.

    The Economist reconnaît que le cas britannique (à 46% du salaire médian) démontre que l’on peut aller un peu plus haut. Les États-Unis et le Japon restent sous le cap des 40% alors que la France se distingue avec le niveau le plus élevé de la sélection avec un SMIC à 60% du salaire médian.

    Bizarrement, pas d’information sur les pays scandinaves. En clair, pour The Economist, en France notre SMIC est trop élevé de 25 à 30% ! Cela veut dire qu’avec un SMIC à 1118 euros nets par mois, ils recommandent une baisse d’environ 300 euros. Voilà le fond de la pensée néolibérale…

    Voilà sans doute pourquoi Pierre Moscovici valorise la miniscule hausse du SMIC de juin, pourtant trois fois moins importante que celle de Jacques Chirac en 1995. On aimerait que les donneurs de leçon néolibéraux essaient de vivre ne serait-ce que quelques semaines avec le SMIC qu’ils recommandent…

    Marianne  http://fortune.fdesouche.com

  • Syrie : l’UE autorise la livraison d’armes aux rebelles

     

    Syrie : l’UE autorise la livraison d’armes aux rebelles

    PARIS (NOVOpress via Bulletin de réinformation) - Au terme d’une journée de négociations marathon, les vingt-sept pays de l’Union européenne ont réussi in extremis à trouver un compromis quant au renouvellement des sanctions imposées à la Syrie.

     

     

    Qu’a‑t‑il été décidé ?

     

    Le Royaume‑Uni et la France militaient pour une levée de l’embargo sur les armes afin de pouvoir armer la rébellion, pourtant de plus en plus composée de djihadistes internationaux. En face, l’Allemagne, les Pays‑Bas, l’Autriche, la Tchéquie ou encore la Roumanie souhaitaient un renouvellement des sanctions pour tout le monde. Finalement, l’accord maintient toutes les sanctions économiques et financières, mais soustrait de cette réglementation européenne la possibilité de livrer des armes à la rébellion islamiste.

     

    Mais que se passe‑t‑il sur le terrain ?

     

    L’armée arabe syrienne, l’armée gouvernementale, a enregistré des succès notables ces dernières semaines en reprenant des bases militaires occupées par les rebelles, ou des postes‑frontières. Peut‑être le retour sur le devant de la scène des fameuses armes chimiques n’est‑il pas anodin. Deux journalistes du Monde ont ainsi ramassé des échantillons qu’ils auraient trouvés par terre. Ces échantillons vont être étudiés par la police afin de tenter de prouver la présence d’armes de destruction massive en Syrie.

     

    Cela peut‑il apaiser la situation ?

     

    Certes non, car en représailles la Russie a livré des missiles sol‑air S300 au gouvernement syrien afin de lui permettre de répondre aux attaques étrangères, comme par exemple celle faite par Israël contre un dépôt d’armes sans aucune somation. Moscou et les puissances occidentales proposent désormais l’organisation d’une conférence Genève 2 pour réunir autour de la table les différents protagonistes.

     

    Crédit image : DR.http://fr.novopress.info