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  • Olivier Delamarche : « Arrêtons de parler de reprise du marché immobilier »

    Olivier Delamarche, du groupe Platinium Gestion, le 12 mars 2013 sur BFM Radio, met les points sur les i, dans l’émission “Intégrale Placements“, face à Guillaume Sommerer.

    « L’Etat américain finance le tout petit peu de croissance. En Chine, on annonce +21% d’exportations sauf que les importations diminuent partout, où sont passés les bateaux ? Le mieux du marché immobilier est un gag. »

    http://fortune.fdesouche.com/

  • LES REVANCHES I – LA CHINE

     Ils étaient 43 chefs d’Etat ou de gouvernement à se rendre à Pékin les 24 et 25 octobre derniers. Au sommet, les conférents de la rencontre Asie-Europe souhaitaient, par la palabre, porter remède à la tourmente financière si bien que, cette année, la Chine entre en majesté dans l’équation économique mondiale. Et à juste titre ne serait-ce qu’en raison du gigantesque potentiel de production qu’elle détient.

    7ème Sommet Asie - Europe (ASEM) : vue générale. (Pékin)

    C’est sans doute goguenards que les dirigeants chinois ont accueilli au moins quatre visiteurs : les représentants respectifs de l’Allemagne, de la France, de la Grande-Bretagne et de l’Union européenne. Les trois nations européennes, jadis, s’ouvrirent à coups de canon le marché chinois imposant à Pékin la signature d’humiliants traités. Un siècle et demi plus tard, voici que les représentants des mêmes puissances viennent solliciter la Chine afin qu’elle se porte au secours des économies occidentales en perdition, et que José Manuel Barroso, président de la Commission européenne,  … « espère que la Chine pourra apporter une importante contribution à la solution de la crise financière », tandis que les visiteurs européens font assaut d’amabilité envers leurs hôtes.

    Le Président Hu Jintao  et José Manuel Barroso – Beijing- 23 octobre 2008.

    Il nous sied d’avoir la mémoire courte en Europe. Ce n’est pas le cas sur les rives du Pacifique où Londres, Paris, Berlin usèrent sans vergogne et avec une extrême brutalité de leur supériorité militaire. Qu’on en juge :          

    Au début du XIXème siècle son peuple ayant pris goût à l’opium, l’empereur de Chine interdit l’importation de ce qu’il appelait une « saleté étrangère ». La santé générale du pays était en jeu. Or, le pavot était cultivé en Inde et son commerce faisait l’affaire des Britanniques déjà désireux – à l’aube de l’industrialisation européenne – de s’ouvrir le marché chinois.

    La flotte de Sa Majesté bombarda Canton et ses troupes s’installèrent sur l’îlot de Hong-Kong, puis débarquèrent sur le continent, assiégeant Amoy et Changhaï et contraignant Pékin à signer le traité de Nankin (1842), la Chine versant à l’Angleterre une « indemnité de 230 millions de francs-or, traité lui accordant le droit de commercer librement avec 5 ports sur le littoral chinois et cédant au vainqueur l’île de Hong-Kong.

    Traité de Nankin

    Le 29 août 1842, les gouvernements chinois et britannique signent le traité de paix de Nankin, qui met fin à la première guerre de l'Opium. Les clauses du traité — complété en octobre 1843 par un second accord — sont particulièrement défavorables à la Chine : le traité de Nankin définit notamment le paiement de lourdes indemnités, l'ouverture de cinq ports et la cession de Hong Kong au Royaume-Uni.
    Traité de Nankin cosigné par les autorités britanniques et chinoises, 29 août 1842. Musée d'histoire de Hong Kong.

    Paris et Washington exploitant la faiblesse militaire de la Chine, réclamèrent aussitôt les mêmes avantages et Pékin s’inclina.

    S’ajoutant au malaise social dû à la misère de la population et à l’arbitraire du gouvernement, ces défaites militaires et ces humiliations répétées suscitèrent la révolte dite de Tai-ping.  Un agitateur rebelle se proclama « roi céleste » mettant en état d’insurrection plusieurs provinces. Les puissances occidentales exploitèrent cette guerre civile. Elles aidèrent Pékin à l’emporter sur les Tai-ping mais l’assassinat d’un missionnaire catholique fournit à Londres et à Paris l’occasion de bombarder Canton et de forcer Pékin à signer un autre humiliant traité (accords de Tien-tsin de 1858) donnant aux Occidentaux des avantages commerciaux supplémentaires.

    Mais, face aux canons des Occidentaux, la Chine en était encore à la lance, l’arc et la flèche si bien que Britanniques et Français estimèrent qu’ils pouvaient tirer parti de leur écrasante supériorité, organisant une nouvelle expédition qui, par la « victoire » de Palikiao, s’ouvrit la route de Pékin.

    «Le pont de Pa-Li-Kiao, le soir de la bataille», dessin d'É. Bayard, d'après une esquisse de M. E. Vaumort, gravure de Brugnot. La bataille de Palikiao (Baliqiao, Hebei) a eut lieu le 21 septembre 1860, durant la Seconde Guerre de l'Opium (1856-1860); la victoire des troupes franco-anglaises, au cours de laquelle s'illustra le général Cousin-Montauban, ouvrit la route de Pékin aux armées occidentales.

    Les vainqueurs saccagèrent le Palais d’été détruisant des milliers de trésors artistiques accumulés au cours des siècles.

    L’armée impériale chinoise…lors  de la révolte des « Boxers » à la fin du XIXe siècle.

    A nouveau le gouvernement chinois fut contraint d’accorder l’ouverture aux vainqueurs d’une dizaine de ports et d’y installer des « concessions » bénéficiant de l’exterritorialité, la Chine étant menacée dans sa souveraineté…

    Cette manière de s’ouvrir le marché de la Chine y est-elle oubliée ? Douteux.

    On imagine aisément les sentiments des maîtres de cet immense pays, maintenant à la tête de « l’usine du monde » et de près de 2.000 milliards de réserves de change convoités par les « anciennement industrialisés », prédateurs en leur temps et aujourd’hui quémandeurs.
    Bon prince, le vice-gouverneur de la banque centrale de Chine, M. Yi Gang peut s’offrir la satisfaction de déclarer à l’agence Reuters : « Nous participerons activement au sauvetage  – des victimes – de la crise financière internationale ».

    Ce n’est plus au canon que « l’occident » s’ouvre le marché chinois. Les imposantes réserves en milliards de dollars sont à la fois respectées et convoitées. Avec sa force de travail Pékin leur doit d’entrer en maître dans l’économie mondiale.

    Pierre M. Gallois

    De défaite en défaite et d’humiliation en humiliation…

    Seconde guerre de l'opium

    La seconde guerre de l'opium dura de 1856 à 1860 et opposa la France et le Royaume-Uni à la Chine. Cette guerre peut être vue comme le prolongement de la première guerre de l'opium, d'où le nom que l'on lui a attribué.

    Le traité de Nankin, faisant suite à la première guerre de l'opium, laissait uniquement cinq ports à disposition des Occidentaux pour le commerce.

    Malgré cet accord, les puissances européennes, dont la balance commerciale était largement déficitaire, désiraient étendre leur commerce vers le Nord et vers l’intérieur de la Chine.

    De plus, le commerce de l'opium est toujours illégal en Chine. Cependant, le vice-roi de la ville de Canton le pratique tout en faisant condamner à mort les étrangers accusés de ce commerce. C'est ainsi que la France et les États-Unis d'Amérique demandent, en 1854, des révisions dans le traité de Hangpu et le traité Wangxia. Le Royaume-Uni fait la même demande citant les articles sur le « traitement égalitaire » dans les statuts des nations les plus favorisées.

    En 1854, les ministres occidentaux et américains recontactent les autorités chinoises et demandent que les traités soient révisés :
    - Pouvoir pénétrer sans hostilité dans Canton
    - Pouvoir étendre le commerce à la Chine du Nord et le long du Yangzi Jiang
    - Le commerce de l’opium est toujours illicite, ils veulent le légaliser.
    - Les occidentaux veulent traiter avec la cour directement à Beijing

    La cour impériale de la dynastie Qing rejette alors les demandes de révision du Royaume-Uni, de la France, et des États-Unis d'Amérique. Dès lors, les puissances occidentales cherchent d'autres moyens pour arriver à rééquilibrer une balance commerciale catastrophiquement déficitaire.

    Les puissances occidentales estiment que seule la guerre peut amener à un changement de position de l'Empire chinois. Dès lors, les puissances occidentales attendent l'événement qui peut amener le conflit. Cet événement aura lieu le 8 octobre 1856, lorsque des officiers chinois abordent l’Arrow, un navire chinois enregistré à Hong Kong sous pavillon britannique, suspecté de piraterie et de trafic d'opium. Ils capturent les douze hommes d’équipage et les emprisonnent. Cet épisode est souvent appelé « l'incident de l'Arrow ».

    Les Britanniques demandent officiellement la relaxe de ces marins en faisant valoir la promesse par l'empereur de la protection des navires britanniques. Ces arguments sont ignorés par les autorités chinoises. Les Britanniques évoquent ensuite l’insulte faite au drapeau britannique par les soldats de l'empire Qing.

    Les Britanniques, bien qu'affaiblis par une mutinerie difficile à réprimer aux Indes, la révolte des Cipayes, répondent à l’incident de l’Arrow en 1857 en attaquant Canton depuis la rivière des Perles. Ye Mingchen, alors gouverneur des provinces du Guangdong et du Guangxi, ordonne aux soldats chinois en poste dans les forts de ne pas résister. Après avoir pris le fort à côté de Canton sans efforts, l’armée britannique attaque la ville elle-même. Les navires de guerre américains, y compris l'USS Levant, bombardent Canton. Les habitants de Canton ainsi que les soldats résistent à l'attaque et forcent les assaillants à battre en retraite vers Humen.

    Le parlement britannique, décidé à obtenir coût que coût réparation de la part de la Chine pour l’incident de l'Arrow, demande à la France, aux États-Unis et à la Russie de s’allier à elle. La France rejoint les Britanniques contre la Chine après l’exécution du missionnaire Auguste Chapdelaine (incident dit du père Chapdelaine), par les autorités locales chinoises dans la province du Guangxi. Les Américains et les Russes envoient des offres d’aide aux Britanniques et aux Français, mais, finalement, ne les aident pas militairement.

    Les Britanniques et les Français joignent leur force sous le commandement de l’amiral Sir Michael Seymour. L’armée britannique dirigée par Lord Elgin et l’armée française dirigée par le général Gros, attaquent et occupent Canton à la fin de l’année 1857. Ye Mingchen est capturé, et Baigui, le gouverneur de Guangdong, se rend. Un comité mixte de l’Alliance est formé. Baigui est maintenu à son poste original pour maintenir l’ordre au nom de l’Alliance. L’Alliance maintient Canton sous son contrôle pendant près de quatre ans. Ye Mingchen est exilé à Calcutta en Inde où il se laisse mourir de faim.

    La coalition se dirige ensuite vers le nord pour capturer les forts de Dagu à côté de Tianjin en mai 1858.

    En juin 1858, le traité de Tianjin conclut la première partie de la guerre à laquelle la France, la Russie, et les États-Unis sont parties prenantes. Ce traité ouvre onze ports supplémentaires au commerce occidental. Mais, dans un premier temps, les Chinois refusent de le ratifier.

    Les points principaux du traité sont :
    - Le Royaume-Uni, la France, la Russie et les États-Unis auront le droit d’établir des missions diplomatiques à Pékin, jusque là, cité interdite
    - Dix ports chinois supplémentaires seront ouverts au commerce étranger, incluant Niuzhuang, Danshui, Hankou et Nankin
    - Le droit pour tous les navires étrangers, y compris les navires commerciaux, de naviguer librement sur le Yangzi Jiang
    - Le droit pour les étrangers de voyager dans les régions intérieures de la Chine dont ils étaient jusqu’à présent bannis.
    - La Chine doit payer une indemnité au Royaume-Uni et à la France de deux millions de taels d’argent chacune.
    - La Chine doit payer une indemnité aux marchands britanniques de deux millions de taels d’argent pour destruction de leurs propriétés.

    Les négociations vont se poursuivre et, en novembre 1858, le gouvernement central accepte de légaliser le commerce de l’opium : en 1886 le commerce de l’opium portera sur 180 000 caisses (env. 10 000 tonnes). Dès 1878 : 100 millions d’opiomanes chinois. Problème jusqu’en 1906.

    Les Chinois acceptent que le tarif des droits de douane soit extrêmement faible et que les droits maritimes passent sous contrôle étranger.

    La ratification se passe plus d'un an plus tard. Le gouvernement chinois laisse traîner les choses et les Britanniques et Français ont recours à la force pour aller plus vite : 18 000 Britanniques et 7 000 Français s’embarquent sur les eaux chinoises.

    En 1859, après le refus de la Chine d’autoriser l’établissement d’ambassades à Pékin comme stipulé dans le traité de Tianjin, une force navale sous le commandement de l’amiral Sir James Hope encercle les forts gardant l’embouchure de la rivière Hai He mais subit des dommages et fait retraite sous la couverture d’un escadron naval commandé par Josiah Tattnall.

    En 1860, une force franco-britannique partie de Hong Kong accoste à Pei Tang le 3 août, et attaque avec succès les forts de Dagu le 21 août. Le 26 septembre, la force arrive à Pékin et occupe la ville le 6 octobre. Nommant son frère, le prince Gong comme négociateur, l’empereur chinois Xianfeng se réfugie dans son palais d’été de Chengde. Les troupes franco-britanniques incendient les deux palais d’été, le nouveau et l’ancien, à Pékin, après plusieurs jours de pillage. Le vieux palais d'été est totalement détruit. Cependant, Pékin elle-même n'est pas conquise, les troupes restent cantonnées en dehors de la ville.

    De nouveaux traités, traité de Beijing, sont conclus au terme desquels des privilèges supplémentaires sont accordés aux Français et aux Britanniques :
    - Ouverture de Tianjin au commerce (port de Beijing)
    - Droit d’emporter des travailleurs Chinois à l’étranger (début des Coolies; des promesses de richesses; etc.) pour les mines ou les plantations de Malaisie, d’Australie, d’Amérique Latine, des États-Unis.
    - Droit pour les missionnaires catholiques français d’acheter des terres et de construire des églises
    - Cession au Royaume-Uni de Kowloon
    - Augmentation de l'indemnité de guerre

    Le 28 mai 1858, le traité d'Aigun est signé avec la Russie pour réviser les frontières entre la Chine et la Russie telles qu’elles avaient été définies par le traité de Nerchinsk en 1689.

    Les Russes s’étendent vers la Chine car ils ne peuvent s’étendre vers le Proche Orient (guerre de Crimée perdue, 1856). Il y a très longtemps que Russes et Chinois s’étaient entendus sur des frontières communes. Par la suite, les Russes avaient essayé de repousser les frontières (au-delà du fleuve Hei Long) et avaient installé deux forts. Les Russes profitent de la 2ème guerre de l’Opium pour consolider leur avancée. Ils collaborent en sous main avec Français et Britanniques et se posent en médiateur. La Russie gagne la rive gauche de la rivière Amour ainsi que le contrôle d’un territoire hors gel le long de la côte Pacifique, où elle fonde la ville de Vladivostok (le souverain de l’est) (anciennement Haishenwei) en 1860.

    Les Russes ont les mêmes privilèges que les autres pays et la Chine reconnaît formellement leurs annexions territoriales de plus d’1 million de km2˜.

    Après la fuite de Pékin de l’empereur Xianfeng et de sa suite, en juin 1858, le traité de Tianjin est finalement ratifié par le frère de l’empereur, le prince Gong, lors de la Convention de Pékin le 18 octobre 1860, mettant un terme à la seconde guerre de l’opium.

    Le commerce de l’opium est légalisé et les chrétiens voient leurs droits civils pleinement reconnus, incluant le droit de propriété privée et celui d’évangéliser.

    La convention de Pékin inclut :
    - La reconnaissance par la Chine de la validité du traité de Tianjin
    - L’ouverture de Tianjin en tant que port commercial
    - La cession du district de Kowloon au Royaume-Uni
    - La liberté de culte en Chine
    - L’autorisation pour les navires britanniques d’amener de la main-d’œuvre chinoise aux Amériques pour remplacer les esclaves récemment affranchis
    - Le paiement aux Britanniques et aux Français d’une indemnité augmentée à huit millions de taels d’argent chacun.

     

    Guerres de l' opium, deux guerres (1839-1842, 1856-1860) entre les Européens et la Chine, dans lesquelles les puissances occidentales obtinrent des avantages commerciaux et territoriaux significatifs.

    Les guerres de l'Opium débutèrent lorsque le gouvernement chinois essaya de stopper les importations illégales d'opium faites par les négociants britanniques.
    La première guerre de l'Opium débuta en 1839 lorsque le gouvernement chinois confisqua les entrepôts d'opium situés à Guangzhou (Canton). Le Royaume-Uni répondit en envoyant des navires de guerre en février 1840. Les Britanniques remportèrent une rapide victoire et le premier des « traités inégaux », le traité de Nankin, mit fin au conflit le 29 août 1842. Selon ce traité et un autre signé le 8 octobre 1843, la Chine dut payer une indemnité importante, ouvrir cinq ports au commerce et à l'occupation britannique, et céder Hong Kong au Royaume-Uni. Le traité donna également le droit aux citoyens britanniques résidant en Chine d'être jugés par des tribunaux britanniques. D'autres puissances occidentales exigèrent des avantages semblables, qui leur furent accordés.
    En octobre 1856, la police de Guangzhou arraisonna le navire chinois sous licence britannique Arrow et accusa son équipage de contrebande. Impatients d'obtenir davantage de droits commerciaux, les Britanniques utilisèrent cet incident pour provoquer la seconde guerre de l'Opium. Les forces britanniques et françaises remportèrent une autre rapide victoire en 1857. Les hostilités reprirent lorsque le gouvernement chinois refusa de ratifier le traité de Tianjin (T'ien-tsin), signé en 1858. En 1860, après que les forces françaises et britanniques eurent occupé Pékin et brûlé le palais d'Été, les Chinois acceptèrent de ratifier le traité. Celui-ci ouvrit d'autres ports de commerce, permit aux émissaires étrangers de résider à Pékin, autorisa les missionnaires chrétiens à entrer en Chine et développa la libre circulation dans le pays. Plus tard, la vente de l'opium fut légalisée.

    http://www.lesmanantsduroi.com  4 janvier 2009

  • « Le Royaume Uni se sépare, l'Europe est isolée »

    C'est avec un raccourci de la même veine que le Daily Mirror avait titré en 1930 l'arrêt des ferries anglais vers Calais pour cause de brouillard impénétrable : "Fog in Channel, Continent Cut Off". Le Premier Cameron a ouvert la boîte de pandore en promettant un référendum de sécession à ses électeurs s'ils lui renouvelaient leur confiance. Dorénavant, les eurosceptiques britanniques (anglais la plupart), majoritaires en voix, sont à bout touchant de leur rêve : couper l'amarre et voguer.
    Rule Britannia, Britannia rules the waves !.
    Ils sont convaincus de n'en retirer aucun inconvénient puisqu'ils resteront dans le marché commun, sinon associés tels la Suisse ou la Norvège. L'Union européenne ne pourra pas se couper d'un marché de 63 millions de consommateurs à sa porte et dans le même temps agréger les moldaves, poldèves et autres ukrainiens insolvables, les agents économiques ne la suivraient pas. Donc, ça y est, on joue à y croire : à partir de ce matin ils sont "libres" !
    Alors quoi ? Rien !

    La monnaie ? Ils ont la leur !
    L'armée ? Ils ont la leur !
    La sécurité énergétique ? Ils s'en assurent par un mix pétrole-gaz-charbon-nucléaire.
    La sécurité atlantique ? En plein dedans !
    L'argent ? Ils détiennent la City de Londres, capitale de la galaxie Nylonkong.
    L'influence diplomatique ? Le Commonwealth c'est fait pour quoi ?
    Le prestige ? La Couronne britannique leur rapporte beaucoup de touristes.
    Les loisirs ? Leurs traditions les occupent à plein temps !
    Le foot ? La Formule Un ? le cricket ? le rugby ?... no problem !
    S'ils n'avaient pas les fondamentalistes musulmans, ce serait le Paradis des brumes enchantées.
    les falaises d'Albion
    Partis, ils se rendront vite compte qu'ils n'ont rien perdu, et que le pire qui puisse leur arriver serait d'être élus chef de file des sécessionnistes, car d'autres pays suivront après une période d'observation. Chef de file, c'est perdre du temps à s'occuper d'autrui, ce que les Anglais détestent faire quand ça ne rapporte rien. Arrêtons-nous cinq minutes et voyons autre chose.
    Dans l'Oracle pour 2013 donné au Global Brief de Toronto par Hubert Védrine, on peut lire cette conclusion du Sphinx : Dans ce contexte général [ndlr: comprendre : l'état du monde sur l'échelle de Jacob qu'HV vit en songe], l’idéal pour les occidentaux, pour défendre légitimement dans la durée leurs intérêts tout en accueillant avec réalisme la redistribution des forces en cours, et en surveillant la montée des tensions en Asie – ce n’est pas incompatible- serait de coordonner leurs politiques autour de quelques grands objectifs et de se mettre systématiquement d’accord sur chacun des sujets «globaux» (réforme des institutions multilatérales, régulation financière, croissance, écologisation) avec deux ou trois émergents. S’ils y parviennent leur influence ne déclinera pas.
    Or, le Royaume Uni Libre, chef de file, naturel cette fois, de tous les pays du Commonwealth, redevient un acteur global par son expertise et ses "dossiers". Il ne s'agit plus de forcer l'escadre dans le détroit, d'ouvrir le commerce au canon mais de s'asseoir autour du tapis vert avec ses atouts historiques, la finance internationale et la bancassurance, plus une organisation internationale dont personne ne peut se passer comme l'OMI (Organisation maritime internationale), et quelques think-tanks parmi les meilleurs du monde. Le nouveau Royaume uni concourra à l'accord OCDE-Emergents du fait même de son indépendance retrouvée l'autorisant aux bons offices, tradition séculaire du Foreign Office. N'oublions pas que ce service stipendié arriva à faire plier la Chine obtuse dans les conditions de restitution de sa colonie de Hong Kong. Les Honkongais ont mis du temps à intégrer mentalement cet effort parfaitement gratuit de la Couronne anglaise à leur égard, et déploient l'Union Jack aujourd'hui en défilant pour marquer leur désapprobation du pouvoir colonial en place. Personne d'autre ne fit plier la Chine communiste, ni avant, ni après.
    Cela doit-il nous donner des idées ?
    On ne peut comparer hélas les situations. Il ne nous reste d'autonome qu'une armée, à condition que nos alliés nous transportent. Au delà de la pertinence d'une sécession et de la colossale difficulté de dénouer les milliers de fils de la nasse, c'est l'esprit d'indépendance qui manque au peuple français. Si l'Anglais se bat pour conserver ses traditions, le Français se bat pour conserver ses inconvénients ; parce qu'il y est habitué. Les gens n'ont aucune culture économique puisque le régime d'assistanat est la règle. Entendre un gréviste de Good Year se féliciter sincèrement d'avoir refusé naguère de tourner en quatre-huit comme Dunlop, au motif qu'il a au moins préservé pendant cinq ans une meilleure vie familiale, signale que sa prise en charge maintenant par la collectivité est acquise dans sa tête. Et c'est partout comme ça. Le régime en faillite débonde de la solidarité au tonneau, s'appuyant sur un pays qui lui ne l'est pas (en faillite) grâce au matelas d'épargne des ménages. C'est la prochaine cible d'un pouvoir glouton qui n'imagine pas se mettre à la diète une seule seconde (après les allocations familiales on parle de taxer maintenant le Livret A). Finalement, il n'est pas sûr que la majorité des gens votent pour une séparation de l'Europe, les résultats trompeurs du référendum anti-Chirac de 2005 ne sont pas probants. Mais, me direz-vous, rien n'interdirait d'essayer ?
    Essayons donc ! http://royalartillerie.blogspot.fr

  • Méridien Zéro - Le 11 Septembre n'a pas eu lieu ...

  • Egypte : la crédulité des musulmans expose la population chrétienne à une rare violence !

    Le soir du jeudi 28 février dernier, en Égypte, une centaine de musulmans ont manifesté et tenté de s’introduire violemment dans une église copte à Kom Ombo. Le motif ? Une rumeur selon laquelle une femme musulmane, convertie au christianisme, se cachait à l’intérieur. Selon la rumeur, elle aurait été enlevée par les chrétiens, convertie de force et séquestrée dans l’église Mar Girgis (Saint-Georges), la plus grande de Kom Ombo. Ainsi, durant trois jours, l’église fut attaquée à coups de pierre et de cocktails Molotov, faisant près de deux douzaines de blessés parmi les chrétiens et les forces de police.

    Il a fallu que la police égyptienne fasse usage de gaz lacrymogène, le vendredi suivant 1er mars, afin de disperser les musulmans. pour disperser des musulmans qui manifestaient devant une église, après des. Mais ce qui mit fin définitivement à l’émeute fut la réapparition de la musulmane au sein de sa famille le samedi 2 mars : elle n’avait été ni enlevée, ni séquestrée et, et ne s’était pas davantage convertie au christianisme ! Elle s’était tout simplement absentée pour « des raisons familiales et sociales » selon la police.

    Comme quoi, tout est prétexte, pour les musulmans, à déverser leur haine sur le christianisme. Plutôt que de se réfugier dans la prière pour la conversion des âmes qu’ils croient perdues, ils font preuve d’une réaction violente et irrationnelle, quasi pavlovienne, et complètement dépourvue d’amour et de charité. Cela en dit long sur la nature de la religion qu’ils prétendent incarner et propager…

    http://www.contre-info.com/

  • Mali : retour au point de départ ethnique

    Editorial de Bernard Lugan

    Militairement, les islamistes sont cernés dans un dernier réduit du massif des Iforas avec, au Nord et à l’Est, les Algériens, au Sud les Tchadiens en bouclage, à l’intérieur, les forces spéciales françaises et des Touareg. L’intensité des combats montre a posteriori à quel point la politique française qui mettait en avant l’idée de non intervention, mais de formation des contingents africains, n’était rien d’autre qu’une vue de l’esprit. En effet, s’il n’y avait pas eu l’opération Serval, les Iforas seraient toujours une base jihadiste…

    Maintenant que le nuage islamiste est dissipé, et en dépit d’attentats résiduels et d’actions terroristes à venir, le réel réapparaît avec force. Quel est-il ?

    1) Nous ne sommes pas face à une guerre de religion.
    2) Nous sommes en présence d’un classique conflit ethnique et même racial, un conflit ancré dans la nuit des temps entre « nordistes » et « sudistes ».
    3) Nous en revenons donc au début de la crise, c’est-à-dire à la revendication touareg. Tout le reste est secondaire, à commencer par la question islamiste qui est simplement venue se greffer sur la revendication touareg.

    Depuis le déclenchement de l’opération Serval, François Hollande a eu l’intelligence de laisser faire les militaires. Maintenant que le nettoyage des Iforas est entré dans sa phase finale, le relais politique ne va pas tarder à être pris par le Quai d’Orsay et la cellule africaine du parti socialiste. L’ idéologie va donc de nouveau prendre le pas sur le réel sahélien.

    Le président Hollande ayant une nouvelle fois déclaré que le but de l’intervention française est la restauration de l’intégrité du Mali, deux grandes questions vont se poser :

    1) Que va dire Paris à Bamako quand le Mali va vouloir exercer sa souveraineté sur la totalité du territoire reconquis par les Français et les Tchadiens ? De quel droit la France peut-elle continuer à interdire à l’armée malienne d’aller faire la « mouche du coche » à Kidal et dans les Iforas ?
    2) Que va dire Paris aux Touareg qui se sont battus à nos côtés, qui ont largement permis l’opération des Iforas et qui ne veulent pas d’armée malienne chez eux ?

    Comme il va bien falloir passer au règlement politique de la question malienne, la seule approche réaliste doit tenir compte des trois points suivants :

    1) Le soulèvement du mois de janvier 2012 qui est à l’origine de l’actuelle guerre du Mali s’est fait au nom de l’identité touareg et autour de la revendication de l’Azawad.
    2) Or, comme je n’ai cessé de le dire depuis le début du conflit, et comme l’ont découvert ceux qui lisent mes communiqués et qui ont amplement repris l’idée sans citer leurs sources, l’Azawad n’est qu’en partie touareg. Il existe en effet trois Azawad, l’Azawad Touareg à l’est, avec pour centre le massif des Iforas ; l’Azawad arabe vers l’ouest et vers le nord et enfin l’Azawad du fleuve avec des populations mélangées (Songhaï, Peul, Touareg etc.).
    3) La fiction d’un Etat malien « unitaire » est morte. Le régime de Bamako doit donc admettre qu’il est incapable de tenir deux des trois Azawad et qu’il doit donc penser à une profonde évolution fédérale ou même confédérale.

    L’Afrique Réelle N°39 (Mars 2013)

    http://fortune.fdesouche.com

  • Un nouvel Appel de la Forêt : l'American Third Position Party

    Dans le tohu-bohu des diverses mouvances de droite en Amérique, il est passionnant d'observer la récente naissance de l'American Third Position Party (A3P), un nouveau parti politique dédié à la préservation du patrimoine culturel et ethnique européen. L'A3P a récemment lancé un programme politique et culturel qui risque de faire pas mal de vagues lors des prochaines élections présidentielles en Amérique. La majorité silencieuse des citoyens américains en a assez ; elle est fatiguée du système à deux partis, des "banksters" qui ont ruiné le pays, ainsi que de l'idéologie multiculturaliste ambiante. Tout le monde veut quelque chose de neuf.
    L'A3P offre une alternative patriotique aux deux partis qui ont bel et bien, à l'instar des subprimes bancaires, hypothéqué l'avenir de l'Amérique. Au cours des derniers quarante ans, la politique américaine a été façonnée par le système ploutocratique et par des appareils politiques presque identiques, parti républicain d'une part et parti démocrate de l'autre. Toujours le Même et son Double mal mimé - s'il est permis d'emprunter quelques termes à Jean Baudrillard. Tous deux sont unis dans leur impitoyable dogme du rejet du tiers exclu et dans la diffamation de ceux qui rejettent la marée médiatique du « politiquement correct ».
    L'A3P a choisi pour candidat présidentiel, Merlin Miller, diplômé de West Point, vétéran de l'armée américaine et cinéaste accompli. Sa vice-présidente est Virginia Abernethy, une anthropologue de renom, professeur émérite à l'Université Vanderbilt. L'A3P est le seul parti politique qui représente les Américains de souche européenne et qui s'oppose fermement à la notion de l'Amérique-Empire. Au sein du conseil d'administration de l'A3P on trouve également quelques poids lourds tels que Don Wassal, rédacteur en chef du Nationalist Times, William Johnson, avocat connu de Los Angeles, le professeur Kevin McDonald, grand sociobiologue américain, James Kelso, un activiste connu dans les milieux nationalistes, et le Dr. Adrian Krieg, écrivain et savant. Aucun autre parti, dans le paysage politique américain, ne peut se targuer d'un tel nombre de savants de premier ordre.
    L'A3P dénonce le discours actuel de la classe politique américaine dont la langue de bois renvoie souvent à des vocables d'inspiration soviétique, comme « formation à la conscience ethnique », « politiquement correct », « discours de la haine », « discrimination positive », « diversité », etc. On s'en aperçoit quotidiennement sur toutes les longueurs d'onde lorsque l'on écoute ce genre de "novlangue" qui, au cours de ce demi-siècle, a transformé la politique et les média en hauts commissariats du politiquement correct, et dont l'objectif est de criminaliser l'héritage de l'homme blanc. Les Américains sont aujourd'hui dupés et trompés par le pouvoir et par les médias, de la même manière que les anciennes masses soviétisées et communisées de l'Europe de l'Est d'antan. Au moins l'ancienne nomenklatura communiste savait qu'elle vivait un mensonge historique. En revanche, les élites américaines actuelles pensent tout à fait sérieusement qu'elles vivent la vérité historique et que celle-ci doit être exportée de force aux quatre coins du monde.
    L'Amérique actuelle ressemble de plus en plus aux pays du Tiers Monde puisque 30 % de ses citoyens sont d'origine non-européenne. Les Américains blancs sont en train de devenir une minorité ombrageuse, ridiculisée et de plus en plus discriminée par l'appareil politico-médiatique. Sans une action politique, telle qu'elle est conçue par l'A3P, les Blancs américains risquent de devenir bientôt une population minoritaire, isolée dans de minuscules camps des saints destinés à leur tour à périr dans un processus d'auto-flagellation et de haine de soi. L'A3P se positionne contre la politique américaine actuelle qui exclut les Blancs américains de la middle class. En tant que nouveau parti politique, l'A3P est bien conscient qu'il représente l'Amérique profonde.
    Grâce à la manipulation de masse et au décervèlement médiatique, les "Republocrats" sont parvenus à se maintenir de façon permanente au pouvoir. Ils ont réussi à « diviser et conquérir » les rangs de la droite traditionaliste tout en répandant dans les média une image rocambolesque des divers groupuscules nationalistes, voire en projetant une fausse image caricaturale de toute la droite. Au cours des derniers cinquante ans, cette tactique de diffamation des partis patriotiques a énormément nui au réveil des sentiments nationaux. De sorte que la seule droite qui jouisse du droit de figurer dans le beau monde américain est celle qu'incarnent les néoconservateurs dont les mythes fondateurs tournent autour du Sacré nommé Israël. Le régime présidentiel actuel, par comparaison aux régimes précédents, a ruiné les idéaux et les institutions des pères fondateurs de l'Amérique. Si les politiques actuelles continuent à progresser, les Américains de souche européenne sont censés devenir une minorité dans leur propre pays d'ici à quelques décennies.
    L'esprit du peuple dépend de ceux qui le composent. De même, un État n'est que le produit de son peuple. Si l'on remplace la population européenne en Amérique par une autre population non-européenne, le caractère du pays va fatalement changer. L'A3P est persuadé que les temps sont venus pour un parti politique capable de défendre énergiquement les intérêts des Blancs américains. Toute nation a droit de maintenir et de sauvegarder l'identité sur laquelle elle est fondée. Voilà précisément le grand avantage de l'A3P, celui d'avoir su faire le choix de candidats qui sont moralement, éthiquement et intellectuellement au-dessus de ceux que soutiennent les Démocrates ou les Républicains. L'A3P propose un moratoire sur l'immigration et l'expulsion immédiate des immigrés clandestins. Certes, des plans similaires ont été promulgués par le président Roosevelt pendant la Grande Dépression (1930) et par le président Eisenhower dans les années 1950 - mais ils furent de courte durée. Ils devaient échouer suite aux pressions d'intérêts particuliers, à savoir le capital financier et la poussée des idéologies égalitaires. De plus, l'A3P insiste sur le « fair trade » et dit non au « free trade » ; oui à l'entreprise privée mais toujours au service du bien commun. Il se veut également garant de bonnes politiques environnementales ainsi que dans le domaine de l'énergie, tout en promouvant le « America First » en politique étrangère, ce qui implique, bien entendu, la cessation de toute intervention militaire et de toute aide économique à l'étranger.
    L'Amérique actuelle est devenue un système hautement balkanisé qui fonctionne de plus en plus comme l'ancien système soviétique et où les formes élémentaires de "survivalisme" de chaque groupe ethnique risquent de déclencher des guerres inter-raciales larvées. L'A3P est fort conscient que des temps orageux pointent à l'horizon et qu'il lui incombe donc de bien distinguer entre le vrai ennemi et le véritable ami. Là où il y a une volonté, il y a toujours un chemin !
    Tomislav SUNIC. RIVAROL 2 MARS 2012
    Tomislav Sunic est écrivain, ancien diplomate croate, et ancien professeur américain en science politique. Il est actuellement conseiller culturel de l'American Third Position Party. (http://american3rdposition.com/leadership/) Ses derniers livres publiés sont La Croatie, un pays par défaut ? (Avatar, 2010) et Homo americanus ; rejeton de l'ère postmoderne, préfacé par Kevin MacDonald, (Akribea, 2011).

  • L’expérience politique africaine de Barack Obama

    À l’occasion de l’élection du président Kenyatta, nous publions la version française d’un article de Thierry Meyssan, paru il y a cinq ans dans des revues de sciences politiques en Russie et en Italie, sur le rôle du sénateur Obama en Afrique. Cette étude est particulièrement importante pour comprendre le trucage par les États-Unis de l’élection kenyane de 2006, et la signification pour Washington de la défaite d’Odinga.

    En août 2006, la presse états-unienne accordait un traitement de faveur à la tournée africaine d’un sénateur des États-Unis. L’événement aurait pu passer inaperçu, mais il contenait tous les ingrédients d’une « good story », telle que les affectionne la presse anglo-saxonne. Le jeune sénateur, étoile montante du Parti démocrate depuis qu’il a prononcé un discours à la Convention de 2004, est un brillant avocat diplômé d’Harvard. Il est noir —pas afro-américain, c’est-à-dire descendant d’esclaves—, mais immigrant kenyan de la seconde génération. Il a entrepris ce voyage à la fois pour visiter des œuvres sociales (lutte contre le sida et micro-crédit) et pour marcher sur la trace de ses ancêtres.

    C’était, pensez-vous, un événement sans grande importance, juste une occasion de célébrer les relations américano-africaines sans paraître condescendant. Nous avons pourtant deux bonnes raisons d’y revenir : d’abord, ce jeune sénateur a été élu deux ans plus tard président des États-Unis, mais surtout, il s’avère que son voyage parlementaire était une couverture pour conduire une opération de déstabilisation du Kenya. Dès lors, nous avons beaucoup à apprendre sur la politique africaine du président Barack Obama en nous remémorant cet épisode.

    Couverture

    Officiellement, le sénateur Obama est envoyé en mission par la Commission des Affaires étrangères dont il est membre. À ce titre, tous ses frais et ceux de son équipe sont pris en charge par le Congrès des États-Unis. Le politicien est accompagné de son épouse, de ses deux filles, de son attaché de presse Robert Gibbs et d’un conseiller politique Mark Lippert. Un avion spécial est mis à leur disposition pour se rendre dans le continent noir et pour le traverser.

    Selon le règlement du Congrès, des missions peuvent être décidées par le bureau de chaque Commission. Dans ce cas, elles sont composées à parité de démocrates et de républicains. Ils voyagent généralement ensemble, parfois séparément au risque d’étaler à l’étranger des divisions nationales. Or, ici, pas de républicain. La mission ne concerne que le démocrate Obama, qui n’en a pas rendu compte à ses pairs.

    Cependant, il arrive parfois que les services de renseignement requièrent l’aide d’un sénateur pour une mission à l’étranger. Le Congrès accepte souvent de leur fournir une couverture et organise alors un voyage parlementaire. Parfois, les élus du peuple n’apprécient pas le rôle qu’on leur demande de jouer, notamment lorsqu’ils subodorent des liens trop étroits entre un de leurs pairs et la CIA. Dans ce cas, un compromis bancal fait envoyer un sénateur sans son homologue du parti rival. Ce fut le cas du déplacement africain du sénateur Obama.

    Cette couverture étant assurée, les services de renseignement déployèrent une seconde équipe pour les besoins de l’opération. Avec la discrétion de l’éléphant dans le magasin de porcelaine, l’avion sénatorial fut suivi d’un autre avion spécial, cette fois affrété par l’US Army. À son bord, toute une équipe spécialisée dans les « révolutions colorées », sous la direction du général à la retraite J. Scott Gration. L’homme est un bon connaisseur de l’Afrique. Ses parents, missionnaires protestants, l’ont élevé au Congo où il a appris le swahili (langue nationale au Kenya, en Tanzanie et au Congo). Surtout, il a été directeur de la planification à l’US European Command en 2004-05, c’est-à-dire pendant la phase de gestation de l’Africa Command.

    Le convoi aérien doit arriver par l’Afrique du Sud, passer en RDC, au Kenya et au Tchad. Mais le programme sera allégé pour cause de troubles au Congo. Dommage, car avant de partir, le sénateur Obama a eu le temps de présenter un amendement budgétaire accordant une subvention de 52 millions de dollars à la RDC.

    Le sida en Afrique du Sud

    Le sénateur Obama arrive avec son escorte officielle et son escorte officieuse en Afrique du Sud, le 21 août 2006. Il visite le Treatment Action Campaign, une association de lutte contre le sida subventionnée par le CDC (l’agence fédérale US de Santé publique), connue pour entretenir une polémique avec le gouvernement. Là, il reprend à son compte les déclarations incendiaires tenues quelques jours plus tôt à Ottawa par l’ambassadeur Sephen Lewis, envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU pour la lutte contre le sida en Afrique (et par ailleurs beau-père de la journaliste Naomi Klein). Il dénonce les théories « conspirationnistes » du président Thabo Mbeki, selon lequel le sida aurait été créé dans les laboratoires US de guerre biologique. Il déplore les traitements traditionnels préconisés par le ministre de la Santé, Manto Tshabalala-Msimang. Pédagogue, il explique qu’il ne choisit pas les remèdes des blancs contre ceux des noirs, mais que la science nous apprend l’utilité des traitements anti-rétroviraux.

    En bon communiquant, le sénateur Obama apparaît comme un homme moderne et rationnel face à un ministre de la santé obscurantiste qui prétend soigner le sida avec de la betterave, de l’ail et du citron. Les choses sont un peu plus compliquées. Madame Tshabalala-Msimang est elle-même médecin, obstétricienne et gynécologue. Elle n’a jamais prétendu que la médecine traditionnelle pouvait guérir le sida, mais elle a expliqué que les laboratoires occidentaux pratiquant des prix prohibitifs, les Sud-Africains devaient apprendre à se soigner autrement qu’en attendant de coûteux anti-viraux. Après avoir échoué à l’Organisation mondiale du Commerce à modifier les règles de la propriété intellectuelle sur les médicaments, l’Afrique du Sud a tenté de développer la médecine traditionnelle. Dans ce cadre, la ministre a proposé des traitements nutritionnels pour renforcer le système immunitaire. C’est évidemment moins efficace, mais c’est à la portée de tous. Elle s’appuie sur un groupe de conseillers scientifiques incluant le professeur Luc Montagnier, lauréat du Prix Nobel de Médecine pour ses travaux sur le sida.

    Quoi qu’il en soit, le débat sud-africain portait sur l’accès des pays pauvres à la pharmacie. Barack Obama n’y a pas répondu et l’a transformé en une lutte de la science contre la sorcellerie. Ce glissement n’améliorera pas la santé des Africains, mais celle des multinationales de la pharmacie.

    Alors que la presse sud-africaine commente avec colère ces déclarations, le sénateur Obama rencontre les États-uniens expatriés lors d’un cocktail à l’ambassade US. Puis, il apaise la tension en visitant de musée de Soweto et en embrassant le prix Nobel de la paix Desmond Tutu.

    La révolution colorée au Kenya

    Les avions spéciaux conduisent le sénateur et ses accompagnateurs au Kenya, pays d’origine des Obama. Le pays est gouverné depuis 2003 par le président Mwai Kibaki. L’homme est brillant, un tantinet dilettante, souvent autocrate. Il est issu de la minorité Kikuyu, le plus important groupe ethnique du pays (22 % de la population). Il a été élu pour lutter contre la corruption, mais n’a pas entrepris grand chose dans ce domaine. Il a par contre obtenu des résultats économiques remarquables : la croissance annuelle est passée de 3,9 % à 7,1 % du PIB. La pauvreté a reculé de 56 à 46 %. C’est que Kibaki a trouvé un nouveau partenaire pour le développement : la Chine. Il a effectué, en 2005, une visite d’État à Pékin et Shanghai et a reçu, en avril 2006, le président Hu Jintao à Nairobi. Le Kenya achète des biens de consommations (notamment de l’électroménager) et des équipements publics (principalement des routes) en échange de matières premières (au premier rang desquelles des métaux récupérés).

    Londres et Washington, qui ne supportent pas cette intrusion chinoise en zone d’influence anglo-saxonne, se sont découvert une affection grandissante pour l’opposition kenyane.

    Celle-ci est conduite par Raila Odinga. Cet opportuniste a changé plusieurs fois de parti au gré de ses intérêts personnels. Il dispose d’un atout important : il est le fils de Jaramogi Oginga Odinga, le leader historique de la gauche (dont Barack Obama Père était conseiller), et en l’absence de successeur au leader pro-US Tom Mboya, il est le chef naturel des Luos (13 % de la population, mais formant une élite). Lors de la campagne présidentielle de 2002, il a soutenu Mwai Kibaki et l’a même remplacé dans des meetings lorsque celui-ci, accidenté, fut hospitalisé à Londres. Mais il est passé dans l’opposition lorsque Kibaki élu a refusé de le nommer Premier ministre. Avec le soutien financier de la National Endowment for Democracy (NED), il a formé une nouvelle coalition, le « Mouvement orange ». Excusez la dénomination qui marque un manque bureaucratique d’imagination.

    Lorsque Barack Obama Fils arrive à Nairobi, la campagne électorale pour les élections législatives et présidentielle de décembre a commencé. Contrairement à tous les usages diplomatiques, le sénateur ne se contente pas d’apporter par sa présence son soutien au candidat Odinga, il l’accompagne dans sa tournée électorale et prononce des discours à ses côtés. Le pays assure-t-il a besoin d’une révolution démocratique. La presse nationale assure, sans en apporter la preuve, que le général Gration qui l’accompagne a remis au passage une mallette contenant 1 million de dollars à Raila Odinga.

    Si les Kenyans voient l’ingérence politique, la presse états-unienne ne retient que les « grands moments d’émotion » du voyage. Le sénateur Obama est accueilli triomphalement dans le village de sa famille. Il embrasse sa grand-mère (la vieille dame qui révélera sans penser à mal qu’Obama est né au Kenya et non à Hawaï). Le sénateur et Madame se rendent dans un centre de prévention du sida pour subir un test de dépistage afin de montrer qu’il n’est pas stigmatisant.

    Le sénateur ne manque jamais un prix Nobel. Au Kenya, il y a l’environnementaliste Wangari Maathai. Le sénateur évite de lui parler de ses thèses « conspirationnistes » sur le sida (elle aussi, comme la plupart des leaders africains !) et lui propose de planter un arbre à Uhuru Park en mémoire des victimes de l’attentat de 1998. À cette occasion, il prononce un beau discours sur la liberté de la presse qui doit être entretenue tous les jours comme on cultive un jardin.

    L’attentat du 7 août 1998 a été perpétré en même temps qu’un autre à Dar es Salaam, Tanzanie. Dans les deux cas, une voiture piégée avait été lancée contre l’ambassade des États-Unis. Ces opérations avaient été revendiquées par une mystérieuse Armée islamique de libération des lieux saints, qui semblait ignorer où se trouvent La Mecque et Jérusalem, et ne savait pas viser. L’attentat de Nairobi coûta la vie à 12 États-uniens. Par erreur, il tua aussi 201 Kenyans et en blessa plus de 5 000. Il fut attribué par les autorités US à un de leurs agents qui se serait retourné contre eux, Oussama Ben Laden. Pour venger ses morts, le président Bill Clinton lança l’opération « Portée infinie » (Infinite Reach). Sur les conseils de son expert anti-terroriste Richard Clarke (celui du 11-Septembre), il fit tirer 75 missiles de croisière sur le territoire afghan, détruisant un camp d’entrainement des indépendantistes kashmiris et tuant leurs instructeurs pakistanais. Il fit également bombarder une usine à Al-Shifa (Soudan) en déclarant qu’elle servait au terroriste islamiste Ben Laden à fabriquer du gaz inervant pour le compte du dictateur laïque Saddam Hussein. L’usine appartenait au financier Salah Idriss, lequel n’est pas spécialement un terroriste : ses sociétés de vidéo-surveillance assurent la sécurité de nombreux bâtiments officiels britanniques, y compris le Parlement. Pour son malheur, Oussama Ben Laden venait d’acheter quelques actions dans son laboratoire. Une enquête ultérieure des Nations Unies montra qu’il s’agissait en fait d’une usine fabriquant de l’aspirine et des médicaments génériques contre la malaria. Elle produisait aussi des anti-rétroviraux pour lutter contre le sida, sans payer de royalties au laboratoire Gilead Science dirigé par l’ancien (et futur) secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld.

    Durant cette étape, le sénateur Obama multiplie les déclarations pour appeler les Africains à prendre leur destin en main. La pauvreté, leur a t-il dit, n’est pas une fatalité et les États-Unis seront à vos côtés pour accompagner vos efforts.

    La lutte contre le « génocide » au Soudan

    Sur ce, le convoi aérien du sénateur Obama le conduisit vers des camps de réfugiés du Darfour. Le but de la visite n’était pas de se rendre au Soudan et d’y rencontrer les protagonistes du conflit, mais de mesurer la détresse des réfugiés dans les pays riverains, au Tchad et en Éthiopie.

    Depuis 2003, un conflit déchire le Darfour. Selon Washington, il s’agirait d’une guerre d’extermination entreprise par le gouvernement arabe musulman de Khartoum contre les populations noires animistes du Darfour. Elle aurait déjà fait plus de 300 000 morts. En réalité, la plupart des Soudanais sont à la fois noirs (de peau) et arabes (de langue), le gouvernement de Khartoum est pluri-confessionnel et soutenu par l’Église catholique. Le conflit prolonge une guerre civile de 20 ans. Il n’oppose pas deux populations, mais porte sur l’exploitation du pétrole et son transit. Il a coûté la vie à 10 000 à 30 000 personnes et provoqué le déplacement de 250 000 autres. Loin de favoriser une solution pacifique, la multinationale Chevron-Texaco et le gouvernement US font tout ce qui est en leur pouvoir pour faire tomber le gouvernement de Khartoum et expulser la compagnie chinoise CNPC. Celle-ci a expatrié 20 000 Chinois (souvent des prisonniers de droit commun exemptés de peine) pour exploiter le pétrole au moyen de techniques rudimentaires et avec l’aide de la compagnie indienne ONGC Videsh. Alors que la communauté internationale feint d’ignorer toute ingérence étrangère et accuse le gouvernement d’Omar el-Béchir des pires exactions, l’armée états-unienne privée Dyncorp se vante auprès de ses actionnaires d’avoir réalisé de juteux contrats dans cette région en se déguisant en miliciens Jinjawid.

    Prolongeant l’action du secrétaire d’État afro-américain Colin Powell, le sénateur d’origine kenyanne Obama s’est épanché devant les caméras de télévision sur le « génocide » des populations noires et la nécessité d’intervenir pour les protéger afin que ne se reproduise la même tragédie qu’au Rwanda. Il avait été un fervent partisan du Darfur Accountability Act et du Darfur Genocide Accountability Act. Ces textes donnent carte blanche au président des États-Unis pour financer une force de maintien de la paix sous l’égide de l’Union africaine et pour traduire en justice les responsables du « génocide ».

    Le Obama Tour ainsi achevé, le sénateur et ses accompagnateurs firent un crochet à Camp Lemonier, la base états-unienne (et israélienne) de Djibouti, avant de rejoindre la méga-base militaire de Stuttgart (Allemagne) pour un débriefing avec le général James L. Jones (patron de l’European Command et commandeur de l’OTAN) et les officiers responsables de la création de l’Africa Command.

    Service après-vente

    Le sénateur Obama ne saurait être rendu responsable des événements qui ont surgi dans le sillage de sa caravane. Ceux-ci n’en sont pas moins le fruit issu de la semence qu’il a planté.

    Trois mois plus tard, en novembre 2006, l’ancienne secrétaire d’État Madeleine Albright se rend au Kenya en qualité de présidente du National Democratic Institute (le pseudopode de la National Endowment for Democracy chargé de la corruption des partis de gauche). Elle vient apporter une aide technique au parti frère, le Mouvement orange de Raila Odinga. Au passage, le chef de l’opposition donne un entretien à la BBC où il révèle qu’il est cousin du sénateur Obama, un secret bien caché jusque-là, ou plutôt une invention bien récente.

    Juste avant le vote du 27 décembre, un sondage aimablement financé par l’USAID donne Odinga vainqueur contre Kubaki. Un ami personnel du sénateur Obama, le sénateur John McCain, se rend à son tour à Nairobi, en qualité de président de l’International Republican Institute (le pseudopode de la National Endowment for Democracy chargé de la corruption des partis de droite). Il constate sans difficulté de nombreuses irrégularités électorales. Alors que d’autres observateurs estiment difficile d’en mesurer l’impact car elles ont été commises selon les régions par des partis différents, McCain déclare que les partisans du président Kibaki ont faussé les résultats pour le maintenir au pouvoir, mais que les électeurs ont choisi Odinga.

    Le 1er janvier, les Kenyans reçoivent anonymement des SMS sur leurs téléphones portables. Dans les districts où habitent des Luos, les messages indiquent « Chers Kenyans, les Kikuyus ont volé l’avenir de nos enfants… Nous devons les traiter de la seule manière qu’ils comprennent… la violence  ». Dans les districts à majorité Kikuyu, les messages indiquent « Le sang d’aucun Kikuyu innocent ne sera versé. Nous les massacrerons jusqu’au cœur de la capitale. Pour la Justice, établissez une liste de Luos que vous connaissez. Nous vous enverrons les numéros de téléphone où transmettre ces informations ».
    À ce jour, on ignore qui a envoyé ces SMS, bien que peu d’opérateurs aient les moyens d’une telle campagne.
    Le résultat ne se fait pas attendre. De vieux conflits ressurgissent. Le Kenya qui était cité comme exemple de stabilité en Afrique sombre soudainement dans la violence. En un mois, les émeutes inter-ethniques font plus de 1 000 morts et 300 000 déplacés. 500 000 emplois sont détruits.

    Madame Albright est de retour. Elle propose une médiation par un organisme indépendant, l’Oslo Center for Peace and Human Rights. Celui-ci délègue deux de ses administrateurs : l’ancien Premier ministre norvégien Kjell Magne Bondevik et l’ancien secrétaire général de l’ONU Kofi Annan (le Ghanéen est très présent dans les États scandinaves depuis qu’il a épousé la petite nièce de Raoul Wallenberg). En fait l’Oslo Center est une organisation jumelle du Carter Center et les frais des médiateurs sont tous pris en charge par l’Institut de Madeleine Albright.
    Pris en tenaille, le président Kibaki accepte de créer un poste de Premier ministre et de le confier à son rival Raila Odinga. Oduru Odinga, frère du précédent, est nommé ministre des Finances du gouvernement de coalition.

    Épilogue

    Le sénateur Obama a été élu président des États-Unis. Pour fêter sa victoire, son « cousin », le Premier ministre Odinga a proclamé trois jours de fête nationale au Kenya. En juillet 2009, le président Obama a tendu la main aux Africains à l’occasion d’un discours solennel prononcé devant le Parlement du Ghana. Il a développé le discours qu’il avait testé au Kenya : les Africains doivent cesser de se lamenter sur les malheurs du passé ; ils doivent se prendre en charge eux-mêmes et Washington les y aidera. Quelques esprits chagrins lui ont répondu que s’ils devaient tourner la page de l’esclavage et de la décolonisation, il appartenait aux Occidentaux de tourner celle de la dette qui est une conséquence des crimes passés. Mais le président ne les a pas entendu, son avion s’était déjà envolé.

    Robert Gibbs a suivi Barack Obama à la Maison-Blanche où il continue à être son attaché de presse.

    Après avoir siégé au conseil d’administration de Chevron, le général James L. Jones est devenu conseiller de sécurité nationale.

    Le conseiller stratégique Mark Lippert a d’abord rejoint les Navy Seals en Irak comme officier de renseignement. Il est aujourd’hui chef de cabinet du général James L. Jones, et suit particulièrement les dossiers afghan et irakien.

    Le général Scott Gration n’est plus à la retraite. Il a été nommé adjoint du général James L. Jones et envoyé spécial pour le Darfour. Il préconise de cesser de déstabiliser le Soudan pour obtenir la confiance des Africains et déployer l’Africa Command sur le continent. En distribuant des mallettes de dollars, il négocie l’unification des mouvements rebelles du Soudan, d’Éthiopie et d’Érythrée, de manière à les contrôler.

  • Victorin Lurel : l’honneur d’un ministre de la République

    Victorin Lurel : l’honneur d’un ministre de la République
    Il faut en avoir, du courage, pour aller à l’encontre des médias, de la plupart des maîtres de l’heure, de la pensée dominante, ou plutôt de la non pensée dominée, des menteurs, des coquins du système. Représentant de la République française aux obsèques d'Hugo Chàvez, Victorin Lurel l’a fait, et c’est en soi une sorte de petit miracle d’honnêteté, d’intégrité, d’honneur. La bouffée d’oxygène, dans ces vapeurs délétères de mystification organisée et cynique.

    Toutefois, honneur et courage sont, dans la France d’aujourd’hui, une faute inexpiable. La haine des petits trafiquants de trahisons, de dealers minables de plats de lentilles, qui sont assis dans les fauteuils du Parlement et des ministères, si elle ne fait pas plaisir à voir, est à coup sûr un indice infaillible, une espère de brevet de rectitude. Pour susciter autant de rage méprisante, d’insultes et de crachats, il faut que monsieur le ministre de la République, Victorin Lurel, soit un type bien.

    Jugez de l’horreur de sa situation, lui, un homme si discret, qui n’a fait que dire ce que tout employé, ouvrier, paysan, ménagère aurait dit sans penser à mal : "Toute chose égale par ailleurs, Chávez, c'est de Gaulle plus Léon Blum. De Gaulle parce qu'il a changé fondamentalement les institutions et puis Léon Blum, c'est-à-dire le Front populaire, parce qu'il lutte contre les injustices." Et tous de se scandaliser de ces propos frappés du coin du bon sens.

    Nous ne rappellerons pas les réformes sociales du Comandante, qui a pour une part extraordinairement importante, durant ses dix ans de mandat, éradiqué la misère de son pays, et élevé le niveau de scolarisation des jeunes Vénézuéliens. Son programme social est un modèle du genre, outre l’extension de la démocratie à la base du peuple, dans les communes, les associations et les comités de quartiers. Au lieu d’imiter les prétromonarchies du Golfe, qui utilisent la manne des hydrocarbures pour armer des terroristes, investir dans le luxe, les clubs sportifs, les chevaux de course ou les putes, Chavez a préféré l’utiliser pour le bien d’un peuple qui était l’un des plus déshérités du continent latino-américain, avant son arrivée au pouvoir. C’est probablement là un péché pour les néolibéraux, les adulateurs du fric-roi, et les amis du Qatar.

    Président bolivarien, Hugo Chavez fait irrésistiblement penser, pour un Français, au général De Gaulle, n’en déplaise à ceux qui, justement, trahissent le héros de la France libre et indépendante tous les jours que Dieu leur fait la grâce de leur octroyer. Oui, Chàvez a redonné à sa nation, et aux Latino-Américains, si humiliés, bafoués par le colonialisme espagnol ou portugais, puis par le néocolonialisme yankee, le sens de la dignité, de l’honneur, et surtout de la grandeur. Voilà une valeur que ces gens ne semblent pas connaître, en effet, eux qui ruinent leur peuple en poursuivant une politique mondialiste bête et suicidaire, qui capitulent devant les marchés comme les troupes françaises s’étaient laissé enfoncer en 40, qui livrent le pays, ses institutions, ses organes d’information, son Ecole, à la puissance immorale de l’argent et aux ennemis de la France et de l’Europe.

    Chavez a fondé toute son existence à défendre le Venezuela : il a risqué sa vie, a manqué d’être fusillé lors du putsch de 2002 organisé par les amis de l’Amérique aidés par la CIA, il s’est présenté loyalement aux suffrages de ses concitoyens, qui l’ont plébiscité, il a respecté la liberté d’expression, tandis que les admirateurs des gringos possédaient une puissance propagandiste inégalée, monopolisant télés et radios. Chavez, c’est de Gaulle, et le général était très populaire dans cette partie du monde. Au moment où les responsables européens, de droite comme de gauche, rivalisent d’émulation pour se présenter comme les caniches les plus dociles de l’Oncle Sam, les citoyens de l’Amérique latine reprennent un flambeau qui a été abandonné ici : celui de la liberté. Honte à nous, qui supportons ces inepties, ces outrages à la décence !

    La hargne qui poursuit Hugo Chavez, comme dorénavant Victorin Lurel, qui serait un homme mort s’il n’avait le soutien des Français de sa petite patrie guadeloupéenne, laquelle se souvient de l’humanité, de la tendresse du Comandante dans des circonstances tragiques, lors du crash de l’avion de la West Carribbean Airways, dans la zone montagneuse de la Sierra de Perija, et qui fit 153 morts, fait penser à celle que les nains politiciens déversaient sur un de Gaulle qui avait le tort de proclamer la grandeur éternelle de la France. C’est le même ton, le même mépris des atlantistes bilieux, qui supportaient difficilement la popularité du Général, et n’ont cessé depuis sa mort de le dénigrer. Le parallèle n’est pas sans concerner également la position des deux grands hommes vis-à-vis de la politique conquérante d’Israël, ce qui, probablement, explique de la part de gens complètement inféodés au sionisme, la détestation dont ils font l’objet.

    Cet incident aura eu le mérite de jeter une clarté cruelle sur la misère morale et politique de notre « élite », de cette oligarchie dont la nature évoque, pour tout vrai résistant, celle des collaborateurs. Au font, les reproches faits à Chavez sont exactement semblables que ceux faits par les pétainistes … et les anglo-saxons !
    Claude Bourrinet http://www.voxnr.com