Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

international - Page 824

  • COP 21

    J'ai déjà eu l'occasion de dire ici tout le bien que je pense des positions défendues par Fabrice Nicolino (voir billet du 22 février, à propos de son livre Un Empoisonnement universel). La tribune qu'il publie dans Le Monde daté du 4 décembre (aujourd'hui même) confirme qu'on peut lui faire confiance pour ce qui est de faire tomber les masques d'hypocrisie de tous les faux curés qui officient lors de la grand'messe qui se donne depuis une petite semaine au Bourget.

    Que dit-il, Fabrice Nicolino, dans sa tribune ? Pour résumer, il dit : "Pour avoir une idée de la sincérité des négociateurs du climat, regardez qui a été placé aux manettes". Or, dit-il, c'est là qu'on pressent la catastrophe. En effet, qui trouve-t-on au sommet du premier Sommet de la Terre à Stockholm en 1972 ? Il s'appelle Maurice Strong.

    Sa carte de visite ? Né en 1929, mort en novembre 2015. Mais aussi et surtout : « Côté pile, il a été le vice-président, le président ou le PDG de firmes transnationales nord-américaines : Dome Petroleum, Caltex (groupe Chevron), Norcen Resources, Petro-Canada, Power Corporation. Au cœur l'énergie. Au cœur le pétrole ». Vous ne trouvez pas bizarre, vous, qu'un haut responsable de l'industrie la plus polluante devienne le grand manitou de la lutte pour la défense de l'environnement ? Disons-le : ça ne sent pas très bon.

    Pour le Sommet de la Terre à Rio en 1992, Maurice Strong choisit comme bras droit Stephan Schmidheiny, une très belle carte de visite lui aussi : il est héritier d'une grande dynastie industrielle, qui a fait fortune avec l'amiante, à la tête de l'entreprise Eternit. Un très beau défenseur de la nature et de la santé humaine (3000 ouvriers italiens morts de l'amiante). 

    Après Rio, Schmidheiny fonde le « Conseil mondial des affaires pour le développement durable ». Autant dire que c'est l'incendiaire qui se déguise en pompier. Y participent des entreprises aussi soucieuses d'environnement et de santé humaine que Syngenta (OGM), BASF, DuPont, Total, Dow Chemical : n'en jetez plus. Dans un livre, il va jusqu'à faire l'éloge de l'action de Shell dans le delta du Niger, pourtant « martyr écologique ».

    Nicolino cite aussi le cas de Brice Lalonde, ce grand défenseur de la nature favorable au gaz de schiste : « Le gaz de schiste, il est bon aux Etats-Unis, pourquoi est-ce qu'il serait mauvais en France ? ».

    Le cas de Laurence Tubiana est un peu différent. Elle ne loupe aucune conférence climatique. Elle a dirigé un think tank (IDDRI) qui a célébré le roi brésilien du soja transgénique. Les membres fondateurs ? EDF, GDF Suez, Lafarge, Saint-Gobain, Veolia Environnement. Quant à EPE (Entreprises pour l'environnement), c'est une association composée de Bayer, BASF, Vinci, Total, Solvay, Thales : que du beau monde, que d'éminents écologistes.

    Paul Jorion a sans doute raison : si sauver l'humanité peut rapporter, l'humanité garde une chance.

    Cliquez ci-dessus pour "Le temps qu'il fait le 4 décembre 2015".

    Je cite pour finir la conclusion de Fabrice Nicolino : « L'heure est arrivée de mettre concrètement en cause la voiture individuelle, les écrans plats, les iPhone, le plastique, l'élevage industriel, le numérique et ses déchets électroniques, les innombrables colifichets - jouets, chaussures, cotonnades et vêtements, cafetières, meubles - venus de Chine ou d'ailleurs, les turbines, centrales, avions, TGV, vins, parfums partant dans l'autre sens.

    N'est-il pas pleinement absurde de croire qu'on peut avancer en confiant la direction à ceux-là mêmes qui nous ont conduits au gouffre ? ».

    Il faudrait placer la toute dernière phrase en lettres capitales au fronton de la grand'messe planétaire désormais connue sous le nom de COP 21. 

    http://lantidote.hautetfort.com/archive/2015/12/04/i-m-a-poor-lonesome-cowboy-5713935.html

  • Yémen: la coalition saoudo-US derrière le retour d’Al-Qaïda et Daesh au sud

    Le porte-parole du mouvement yéménite Ansarullah (Houthis), Mohammad Abdel-Salam, a affirmé que la coalition saoudo-US est derrière le retour des miliciens takfiristes d’Al-Qaïda et de Daesh au sud du Yémen.
    Abdel Salam a fait cette déclaration à l’issue des discussions entre les délégations d’Ansarullah et de la Conférence Populaire (proche de l’ancien président Ali Abdallah Saleh) avec l’émissaire onusien Ismail Ould Cheikh Ahmad dans la capitale omanaise, Mascate.
    M.Abdel Salam a révélé avoir discuté avec l’émissaire onusien des moyens de mettre en place un cessez-le-feu au Yémen et des préparatifs du dialogue inter-yéménite prévu mi-décembre en Suisse.
    S’agissant du terrorisme takfiriste, M.Abdel Salam a indiqué avoir informé les Nations Unis que la poursuite des assassinats (dans les régions contrôlées par les forces proches de la coalition) révèle la situation douloureuse dont sont désormais victimes les habitants des provinces méridionales.
    Et de poursuivre: « Tel était le cas à Sanaa et dans les autres régions yéménites avant la révolution du 21 septembre ». Les combattants l’armée et d’Ansarullah ont éradiqué toute présence takfiriste à Sanaa et dans les provinces du nord.
    « Seuls les raids de la coalition saoudo-US perturbent la paix et la stabilité dont jouissent Sanaa et les provinces nord », a lancé le porte-parole d’Ansarullah, rapporte le correspondant d'AlManar.
    Dimanche, le gouverneur de la province méridionale d'Aden a été dans une attaque-suicide revendiquée par Daesh.
    Au moins six membres de son convoi ont également été tués et plusieurs autres blessés dans cette attaque-suicide, qui s'est produite dans le quartier de Tawahi.
    Ce quartier d’Aden est devenu un fief des takfiristes d'Al-Qaïda après son contrôle par les forces de la coalition et leurs alliés.

    Al manar :: lien

    http://www.voxnr.com/cc/etranger/EuuAulAZlZyeSczDwh.shtml

  • Le monde se tourne vers Poutine, les USA ayant abandonné l’Europe

    Alors que les Etats-Unis œuvrent toujours dans leurs intérêts, oubliant leur rôle de défenseur de l'Europe, le monde commence à se fier, petit à petit, aux démarches de la Russie sur l'échiquier mondial, en Syrie et ailleurs, estime l'ancien officier américain et analyste antiterroriste Scott Bennett, dans un entretien exclusif accordé à Sputnik.
    La position des Etats-Unis ne changera pas, la Maison Blanche veut renverser le président Bachar el-Assad et transformer la Syrie en une autre Libye, met en garde M. Bennet. Entre-temps, la Russie, après l'incident du bombardier Su-24, a tout droit d'accentuer son rôle, avec ses technologies innovantes, sa main d'œuvre, ses missiles et navires, et prendre le contrôle de la situation sur le sol syrien, poursuit-il.
    Si l'Europe commence à comprendre et à soutenir la Russie dans sa campagne militaire en Syrie, les Etats-Unis ne resteront pas indifférents à ce sujet. Ils tentent de montrer leurs muscles face à la popularité croissante du président russe, de s'afficher eux aussi comme des acteurs importants dans ce jeu politique, explique l'analyste.
    Ce que la communauté internationale peut vivre ensuite, vu les derniers événements, c'est un coup d'Etat contre le président turc, explique-t-il.
    "Je crois que les forces militaires se rebelleront, le renverseront, ainsi que son fils, et après le régime turc redeviendra stable, ce qui permettra à la Russie de renouer des relations avec la Turquie", précise l'interlocuteur de Sputnik. En cela, "l'Europe sera très reconnaissante parce que Erdogan facilitait l'afflux massif des réfugiés".
    Commentant la présence militaire russe en Syrie, M. Bennet a estimé que les troupes russes sont là pour combattre Daech car autrement les terroristes vont pénétrer le territoire russe.
    "Le président russe est déterminé à l'éviter et il s'allie, sagement, à l'Iran et à la Chine. La majorité des puissances mondiales sont aux côtés de Poutine puisque les Etats-Unis ont abandonné leur poste de défenseur de l'Europe", résume-t-il.

    Al manar :: lien

    http://www.voxnr.com/cc/etranger/EuuAuAkAEVIMWYqMYf.shtml

  • "Les radicalisés d’aujourd’hui sont les enfants de l’antiracisme d’hier"

    Voici des extraits du deuxième volet du grand entretiend'Aleteia avec Alexandre del Valle (premier volet ici) :

    "Aleteia : Valeurs Actuelles a récemment révélé que Manuel Valls aurait refusé, avant les attentats de Paris, une liste de djihadistes français proposée par Bachar el-Assad pour des raisons idéologiques. Que pensez-vous de cette information ? 
    Alexandre Del Valle : Je ne suis évidemment pas étonné. Tous les stratèges le savaient et, encore une fois, le gouvernement a préféré garder son image de moralisateur pour plaire à des électeurs ou, pire encore, aux faiseurs d’opinion publique que sont les ligues de vertus et les médias politiquement corrects.[...]

    Tous les militaires de la Défense le savent, mais ils sont soumis au secret et à la discipline. En ne communiquant plus avec ces derniers régimes anti-islamistes, auquel on peut ajouter l’Irak laïque de Saddam que nous avons combattu durant 15 ans puis transformé en trou noir géopolitique et foyer d’Al-Qaïda et incubateur de Daesh, on s’est tiré une énorme balle dans le pied.

    Alors comment qualifiez-vous la responsabilité des dirigeants dans les attentats de Paris ? 
    La responsabilité de notre gouvernement et de ceux qui lui ont précédé est absolument flagrante, indéniable, énorme. Elle n’est pas une simple erreur mais une faute. [...] Le mal n’a pas été combattu idéologiquement à la source ; maintenant, le salafisme est « de chez nous » et pas seulement « chez nous ».

    Aujourd’hui, il est déjà très tard. Les attentats de Paris sont la preuve de l’inconsistance de nos hommes politiques et de la « nationalisation » de la menace qui vient à la fois de l’extérieur et des cinquièmes colonnes intérieures. Un exemple : on n’a jamais interdit les livres du très officiel prédicateur égypto-qatari Youssef al-Qaradawi (vedette d’Al-Jazira) qui explique dans son best-seller en vente libre sur Amazon et dans toutes les librairies de France (Le Hallal et le Haram), comment battre sa femme et tuer les apostats et les blasphémateurs. Ce n’est pas un terroriste de Daesh, car il représente l’organisation des Frères musulmans en Europe et il co-préside l’Institut de formation d’imams européens basée en France à Saint-Léger-du-Fougeret (Nièvre, ndlr) depuis que Mitterrand fit autoriser cet institut… Imaginez le nombre d’obscurantistes que l’on y a formés depuis 30 ans…

    Nos gouvernants ont laissé fanatiser légalement, parfois avec des subventions publiques accordées aux associations loi 1901, des générations entières de jeunes dans les banlieues et ailleurs… Ces jeunes radicalisés aujourd’hui sont les enfants-ennemis de ceux qui faisaient les marches d’SOS racisme dont ils dénoncent à présent la laïcité et qu’ils obligent à s’islamiser.Nos jeunes des banlieues à la dérive et aux mains des caïds que la police n’ose plus arrêter ont été jetés dans les bras des islamistes qu’on a aidé à proliférer chez nous au nom d’une suicidaire et coupable « pax islamica ». Pendant ce temps-là, l’Occident se  trompait d’ennemis (« méchants Russes, méchants Saddam et Bachar, etc.) et d’amis (Qatar, Koweit, Arabie saoudite, Turquie, etc.).

    Alors que les Saoud wahhabites, le Koweit et le Qatar financent les djihadistes que nous combattons au Mali ou en Syrie, un de nos alliés membre de l’Otan, la Turquie, achète du pétrole à l’EI, forme et appuie les djihadistes et laisse passer qui veut de la Syrie à l’Europe… Si Hollande a eu un éclair de lucidité sur la coopération nécessaire avec la Russie, il n’est pas prêt pour l’instant à se séparer de l’Arabie saoudite ou du Qatar duquel il est prisonnier pour des questions économiques. Sur ce point, le lien avec la transition énergétique et la COP21 qui se tient actuellement à Paris est clair : nous gagnerons la bataille contre le totalitarisme islamiste lorsque nous serons moins ou plus dépendants des hydrocarbures de ces pays.

    Pensez-vous que la découverte sur les lieux de l’attentat du Stade de France du passeport d’un migrant syrien ayant transité par la Grèce infléchira sur la politique migratoire du gouvernement ? 
    Le seul mot migrant est une désinformation. Ceux qui viennent chez nous sont soit des migrants légaux, alors la chose est légale, soit des migrants illégaux, clandestins, qui violent la loi car ils franchissent les frontières sans notre accord, en nous obligeant de facto à les accueillir au nom de notre générosité humanitaire.

    En outre, concernant les demandeurs du statut de réfugié, nombre d’entre eux l’ont déjà obtenu en Turquie et viennent tout de même chez nous alors que la loi prévoit qu’une fois qu’un demandeur a été reçu dans un premier pays d’accueil jugé respectueux du droit international, ce qui est le cas de la Turquie, il n’a pas le droit de demander un second statut de réfugié dans un pays tiers.

    J’ajoute en outre que parmi tant de braves migrants présentés tous comme des victimes, des médecins et ingénieurs, des diplômés, donc des « chances pour la France », nombreux sont en réalité les faux réfugiés, les illettrés, les délinquants aguerris liés à des réseaux de trafics et même les sympathisants terroristes. En effet, sur 100 000 migrants, on peut compter, au minimum, une centaine d’islamistes radicaux susceptibles d’être liés à des groupes djihadistes et parmi eux une « élite » directement pilotée par Daesh ou Al-Qaïda et qui ont peut-être déjà été formés pour venir commettre des attentats chez nous…"

    Marie Bethanie

  • La stratégie de Daesh, susciter "un syndrome de Stockholm généralisé en Occident"

    Aleteia propose à ses lecteurs une série de 3 entretiens avec Alexandre del Valle (auteur et géopolitologue, il enseigne les relations internationales à l’université de Metz et est chercheur associé à l’Institut Choiseul). Dans ce premier volet, Alexandre del Valle décrypte les objectifs recherchés par Daesh avec des attentats du type de ceux de Paris :

    "Aleteia : Quelle est, selon vous, la stratégie de Daesh révélée par les attentats de Paris ? 
    Alexandre Del Valle : La grande idée stratégique de Daesh, fondée sur la guerre psychologique, c’est de susciter un syndrome de Stockolm généralisé en Occident au terme d’une stratégie de la terreur mentale ou sidération. Cette stratégie de la sidération utilise le terreau favorable du politiquement correct et de la repentance puis de la culpabilisation post-coloniale. L’illustration récurrente de ce phénomène réside dans le fait qu’à chaque attentat (11 septembre, Merah, Charlie Hebdo, Bataclan, etc.), toute la classe politique, intellectuelle et médiatique (exceptés quelques récalcitrants diabolisés comme « islamophobes »), se lève d’un seul corps pour dénoncer « l’amalgame » entre djihadistes et musulmans en France, et refuse de désigner l’ennemi et la menace pour ce qu’ils sont, c’est-à-dire de nature islamiste.

    De la même manière, le fait de dénoncer la « misère des banlieues », le « racisme », l’islamophobie, et même, selon Valls, « l’apartheid » – que la République aurait créés en « humiliant » et « parquant » les fils d’immigrés afro-musulmans – revient de facto à donner des excuses et des circonstances atténuantes aux barbares obscurantistes salafistes. Au final, une formidable (et tragique) occasion d’encourager une réforme de l’islam et une autocritique (car l’islamisme radical s’appuie sur un corpus orthodoxe de l’islam officiel, jamais réformé et valorisant la guerre et l’intolérance) est transformée habilement – par les islamistes et les musulmans orthodoxes hostiles à toute réforme de leur orthodoxie religieuse fondée sur la charia – en une extraordinaire opportunité pour plaindre les musulmans.

    Ensuite, on observe depuis le Bataclan une incroyable montée en puissance de la stratégie de la terreur et une extension du domaine du djihad, puisque ce ne sont plus des journalistes « blasphémateurs » ou des juifs-sionistes qui sont visés, mais potentiellement tout Français, tout mécréant, croyant ou pas, chrétien, juif ou « mauvais » musulman. L’idée est que plus personne n’est désormais à l’abri et que la France est touchée dans son ensemble, pour ce qu’elle fait et pour ce qu’elle représente, dans toutes ses composantes, dans l’ensemble de son histoire par un impérialisme djihadiste-salafiste à prétention planétaire.[...]

    Quelles sont les réactions que Daesh chercherait à provoquer en France ? 
    La première réside dans la soumission volontaire et anticipatrice.[...]

    Cette soumission s’observe depuis toujours face aux minorités terroristes et totalitaires qui savent qu’une majorité molle et ayant peur de la mort et de la violence peut être sidérée  par une minorité dure, prête à tout et préférant la mort à la vie.[...]

    La seconde stratégie de Daesh est de terrifier les Français par le principe de sidération. Par cette « hypercommunication » favorisée par le culte médiatique du sensationnel et du live, Daesh utilise nos faiblesses médiacratiques pour faire du marketing planétaire gratuit destiné à recruter de nouvelles personnes grâce au pouvoir de fascination de leurs images et slogans terrifiants amplifiés et relayés par nos médias.

    Et dans ce cas, on peut dire que nos médias comme nos politiques tombent la tête la première dans le piège de cette manipulation. En effet, tout est fait pour glorifier indirectement les « martyrs » de l’État islamiques dont les photos sont en une de tous les magazines et télévisions. Aujourd’hui, nous sommes donc passés au « djihad global 3.0 » et ce sont paradoxalement nos moyens de communication qui sont les meilleurs haut-parleurs de la stratégie de la conquête de l’univers des salafistes. Le but pour Daesh, en Occident, est en fait avant tout de sidérer les masses, de fasciner les naïfs et les psychopathes en sommeil tout en terrifiant et donc en soumettant psychologiquement et inconsciemment les autres…Les ingrédients du syndrome de Stockholm sont tous là.[lire l'intégralité sur Aleteia]

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2015/12/la-strat%C3%A9gie-de-daesh-susciter-un-syndrome-de-stockholm-g%C3%A9n%C3%A9ralis%C3%A9-en-occident.html

  • La coalition impossible Ou comment la destruction du SU-24 russe fait tomber le masque de l’OTAN…

    C’est l’incident aérien le plus grave jamais survenu entre un membre de l’OTAN et la Russie depuis 1950. Mardi 24 novembre, un Soukhoï 24 (SU-24) de l’armée de l’air russe a été abattu par deux F-16 turcs  dans la région du Hatay, au nord-ouest de la Syrie. Selon les informations de prochetmoyen-orient.ch, fondées sur plusieurs sources militaires russes et celles de deux services européens de renseignement, l’avion russe évoluait dans l’espace aérien syrien, à une quinzaine de kilomètres de la frontière turque et ce sont bien les deux F-16 turcs qui ont pénétré dans le ciel syrien en suivant une « procédure d’interception directe », lancée contre l’appareil russe.

    Cette opération aurait été directement initiée et gérée par l’état-major central des forces armées turques basé dans la banlieue d’Ankara. Elle aurait été programmée au lendemain des frappes effectuées quelques jours auparavant par Moscou contre des camps de jihadistes turkmènes, dans le nord-ouest de la Syrie. Et cette mission de représailles était d’autant plus importante pour le commandement d’Ankara,  qu’une dizaine de membres des forces spéciales turques, engagées aux côtés des jihadistes sur territoire syrien, font partie des victimes des raids de la chasse russe.

    Plusieurs informations supplémentaires  renforcent cette lecture d’une opération programmée dont le Pentagone était parfaitement tenu informé, presque heure par heure… Selon les sources de prochetmoyen-orient.ch, 27 chars déployés dans des provinces occidentales de la Turquie avaient été acheminés sur des plateformes ferroviaires à Gaziantep, dans le sud du pays, d'où ils avaient gagné la frontière syrienne sous escorte de la police et de la gendarmerie. Dans ce contexte, l’état-major turc menait l’une des manœuvres inter-armées les plus importantes des dix dernières années le long de sa frontière syrienne. Selon un communiqué de l'état-major général, cette opération a réuni 18 chasseurs F-16. Enfin, nos sources confirment qu’Ankara a bien consulté Washington avant d’abattre le SU-24 !
    Sans surprise, le président Barack Obama a aussitôt exprimé son soutien à la Turquie, deuxième armée de l’OTAN, en avançant son « droit à défendre l’intégrité de son territoire national », juste avant Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Alliance, qui a affirmé sans ciller que l’avion russe avait bel et bien violé l’espace aérien turc ! Plus discrète mais sans ambiguïté, Angela Merkel y allait elle-aussi de son soutien obligé à Ankara.  En effet, il s’agit de ne pas indisposer Recep Erdogan qui continue d’exercer son chantage aux migrants sur une Union européenne (UE) tétanisée qui s’apprête à lui verser trois milliards d’euros. Ce pauvre Jean-Claude Junker, qui préside la Commission comme un club de foot de deuxième division, n’a pas compris que ce « loyer » n’était que la caution d’un bail très éphémère. Erdogan fera boire à l’UE le calice jusqu’à la lie en exfiltrant, au coup par coup et selon son agenda et ses impératifs, les réfugiés des guerres proches et moyen-orientales qui campent à ses frontières.

    Ce chantage aux migrants n’est qu’une carte supplémentaire dans le jeu d’Erdogan qui prétend poursuivre ses procédures d’adhésion à l’UE au moment même où il bombarde prioritairement des combattants kurdes pourtant engagés au sol et en première ligne contre les terroristes de Dae’ch  et alors qu’il  accentue sa dérive fascisante en menaçant toujours plus les libertés civiles et politiques. Ce n’est pas la question du jour, pourrait-on dire, mais elle constitue un handicap originel, sinon original : comment l’UE peut-elle sérieusement continuer à envisager l’adhésion d’un pays qui occupe l’un de ses Etats membres depuis 1974 ? Comment s’accorder sur des « valeurs européennes communes », alors qu’Ankara n’a toujours pas reconnu le génocide arménien ? Etc..

    Ces détails de l’histoire n’encombraient certainement pas les consciences de Margaret Thatcher et de Ronald Reagan, estimant - à l’unisson en leur temps - que pour tuer l’Europe politique, il fallait l’élargir à l’infini pour la transformer en un grand marché, une espèce de grande Suisse néolibérale en y intégrant prioritairement les anciens membres du Pacte de Varsovie et la Turquie, porte-avions de l’OTAN, veillant à l’articulation stratégique de l’Europe et de l’Asie. Nous y sommes : Thatcher et Bush ont gagné ! Leurs héritiers - Bush/Obama, Blair/Cameron, Sarkozy/Hollande - suivent la même ligne et en rajoutent. Détruisant tout ce qui subsistait de l’héritage gaullien, Paris a rejoint le commandement intégré de l’OTAN. L’UE se charge désormais d’interdire les fromages à pâte molle pendant que l’Alliance Atlantique s’occupe des choses sérieuses… Et c’est principalement cette évidence géostratégique, sur la table et aux yeux de tous, qui empêche la formation d’une seule et unique coalition contreDae’ch et le terrorisme salafo-jihadiste.

    Dans les limites de cette imparable équation et après le crash de l’avion russe dans le Sinaï, les attentats de Beyrouth, Bagdad, Paris et Tunis, il était  sans doute pertinent de rencontrer personnellement cinq chefs d’Etat ou de gouvernement , dont trois membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies. Mais le bilan de ce marathon diplomatique est plutôt maigre, estime un diplomate français qui a suivi la tournée de très près : « toujours plus démocratiques que Sa majesté, nos ‘amis’ britanniques ont promis d’ « intervenir » à nos côtés après un débat aux Communes ; les Allemands ont promis quelques boîtes de choucroute aux coopérants militaires présents en Irak ; le Pentagone nous transmettra du renseignement transgénique tandis que les Chinois relisent Confucius… Restait Vladimir Poutine, qui avait proposé exactement ce que souhaite aujourd’hui François Hollande, fin septembre à la tribune de l’Assemblée de l’ONU… avant de se faire éconduire poliment - à cause de l’Ukraine notamment. Il a eu la délicatesse de ne pas revenir sur le fiasco des porte-hélicoptères Mistral… »  

    Mais là, c’est François Hollande qui est gêné aux entournures. « Notre travailleur de la mer reste accroché au bigorneau du « ni-ni » (ni Dae’ch-ni Bachar), sans repérer la pieuvre et ses multiples tentacules qui menacent la profondeur des ondes planétaires », poursuit notre diplomate qui conclut : « mais surtout, comme membre à part entière d’une OTAN dont la France vient de réintégrer le Commandement intégré, le président de la République peut difficilement faire cavalier seul avec le camarade Poutine ! Sur ce plan, Barack Obama reste le patron incontesté et donne le « la ». Ce que nos lumières du Quai d’Orsay ont le plus grand mal à comprendre : c’est précisément que le président américain ne mène pas sa ‘guerre contre la terreur’ avec le même logiciel que celui de Laurent Fabius ». Et François Hollande ne peut plus, désormais parler de « coalition » avec Moscou mais doit s’en tenir à une simple « coordination »concernant  les frappes !

    Un téléphone rouge relie déjà les états-majors américain, russe et syrien afin d’éviter que tous leurs avions n’entrent en collision ou ne se tirent dessus. Ankara n’a pas décroché le même combiné… Cet oubli n’est pas un dysfonctionnement et correspond au contraire à une implacable logique. Au début de son deuxième mandat, Barack Obama avait clairement dit que les intérêts des Etats-Unis à l’horizon 2040 se situaient dans l’Asie-Pacifique et en Asie centrale, reprenant mot pour mot la définition des priorités « eurasiatiques » du Polonais Zbigniew Brzezinski. Toujours très influent parmi les stratèges démocrates, cet ancien conseiller à la Sécurité de Jimmy Carter estime depuis la fin de la Guerre froide que les Etats-Unis doivent décentrer leurs engagements moyen-orientaux pour les redéployer en Asie afin de contenir la Chine et de prévenir le retour stratégique de la Russie, d’où une nécessaire normalisation avec l’Iran notamment.

    Ainsi le Pentagone gère les crises irako-syriennes, israélo-palestiniennes et pakistano-afghanes en fonction de celle de l’Ukraine, de celles d’Europe centrale, régulièrement attisées par la Pologne et la Lituanie, ainsi que des nouveaux foyers de confrontation, dont le Grand nord arctique[1] où un partage des richesses naturelles et des positions stratégiques s’annonce des plus problématiques… Dans la plupart de ces déchirures de la mondialisation contemporaine, l’UE fait fonction de cheval de Troie de l’OTAN qui avance masqué, son programme de bouclier anti-missiles sous le bras. Cette nouvelle arme a deux fonctions essentielles : achever le démantèlement des industries européennes de défense dont celle de la France éternelle et essouffler celles de la Russie et de la Chine comme le fît, en son temps, le programme reaganien de « guerre des étoiles ».

    Par conséquent, il était organiquement impossible que Barack Obama accepte la proposition de Vladimir Poutine d’une coalition unique anti-Dae’ch, comme il est inconcevable de voir François Hollande pactiser, plus que de raison, avec le président russe. C’est d’une aveuglante évidence : la Guerre froide se poursuit tranquillement par d’autres moyens… depuis le démantèlement du Pacte de Varsovie et les consolidations successives d’une OTAN dont la principale mission demeure la reproduction de l’hégémonie stratégique, économique, politique, sinon culturelle de Washington et de ses supplétifs.

    A cet égard, le lancement à grand tam-tam de la série policière Occupied constitue l’un des derniers symptômes du déferlement de la propagande néoconservatrice qui submerge nos médias depuis plusieurs années. Publicité : « Qu'aurions-nous fait pendant l'Occupation ? Aurions-nous eu le courage de résister à l'envahisseur ou la lâcheté de continuer à vivre presque comme avant ? Telle est l'obsédante question soulevée par la série Occupied, diffusée à partir de ce jeudi soir sur Arte à 20 h 55. À l'origine de ce thriller politique au budget de 11 millions d'euros, l'écrivain norvégien Jo Nesbo, qui a imaginé l'invasion de la Norvège par la Russie ». Sans commentaire !

    La question demeure depuis la chute du Mur de Berlin : pourquoi ne pas avoir démantelé l’OTAN, comme on l’a fait avec le Pacte de Varsovie pour initier un nouveau système de sécurité collective englobant l’ensemble de l’Europe continentale de l’Atlantique à l’Oural ? Inconcevable pour Washington où la grande majorité des policy makers se considéraient comme seuls vainqueurs de la Guerre froide, sûrs de leur droit historique à engranger sans partage les dividendes de la nouvelle donne. Et comme toujours, le Pentagone et Hollywood devaient justifier, habiller et moraliser les profits de leur infaillible messianisme : l’OTAN partout, c’est pour le bien de l’humanité tout entière…

    Le 27 mai 1997, Javier Solana - à l’époque patron de l’OTAN - et Boris Eltsine (à jeun), signaient à Paris un « Acte-fondateur OTAN-Russie ». Sans cynisme, Washington saluait un « partenariat naturel ». Ses propagandistes communiquaient : « l'Acte fondateur OTAN-Russie instaure solidement la base d'un partenariat de sécurité permanent entre les deux parties, balayant l'idée qu'elles devaient être ennemies à tout jamais. La signature de l'Acte ne signifie pas que les différences d'orientation ou de vues s'évanouiront du jour au lendemain. Mais elles pourront s'estomper, au fil du temps, à travers un processus de larges consultations régulières sur des questions politiques et de sécurité au sein du nouveau Conseil conjoint permanent. La tâche principale consistera à passer du papier à la réalité en exploitant pleinement les nouvelles occasions ». On connaît trop la suite…

    Trois ans auparavant, la Russie avait rejoint le « Partenariat pour la paix », la Russie et l’OTAN signant plusieurs accords importants de coopération. Ces derniers portaient notamment sur la lutte contre le terrorisme, la coopération militaire (notamment le transport par la Russie de fret non militaire de la FIAS en Afghanistan), la lutte contre le narcotrafic, la coopération industrielle et la non-prolifération nucléaire. Puis fut inventé le Conseil OTAN-Russie (COR), une instance de consultation, de coopération, de décision et d'actions conjointes dans le cadre duquel les différents États membres de l'OTAN et la Russie devaient travailler ensemble en tant que partenaires égaux sur toute une gamme de questions de sécurité d'intérêt commun.

    Le COR était officiellement créé le 28 mai 2002, date à laquelle le président russe Vladimir Poutine et les membres de l'OTAN signaient sur la base militaire italienne de Patricia di Mare la déclaration de Rome. Le 1er avril 2014, en réponse au rattachement de la Crimée à la Russie, intervenant après la destitution du gouvernement ukrainien de Viktor Ianoukovytch et le coup de force portant au pouvoir à Kiev un gouvernement pro-occidental, l'OTAN décidait unilatéralement de mettre un terme à la coopération avec la Russie, suspendant de fait le conseil OTAN-Russie.

    Depuis, nous ne sommes pas sortis de cette domination géostratégique de l’OTAN qui continue à supplanter notre souveraineté nationale et celle de nos partenaires au profit des priorités et des intérêts de Washington. Le mot de la fin provisoire revient à un « économiste atterré » qui nous dit : « nous n’arrivons pas à réguler une mondialisation devenue folle - ‘guerre de tous contre tous’ - qui nous fait régresser à de vieilles logiques westphaliennes où les Etats classiques sont confrontés en permanence à des homologues ‘ Etats faillis’, de plus en plus nombreux, au sein desquels règnent les seigneurs de la guerre, les mafias et les grandes sociétés transnationales majoritairement anglo-saxonnes ».  

    Richard Labévière, 1 er décembre 2014 prochetmoyen-orient.ch

    [1]   François Thual et Richard Labévière : La bataille du Grand nord a commencé… Editions Perrin, 2008.

    http://euro-synergies.hautetfort.com/

  • Daech c’est le FLN et cette guerre n’est que le prolongement de celle d’Algérie

    Dimanche 15 novembre, il est 8h06, on peut entendre ceci sur Europe 1 : « Les Français prennent conscience qu'ils sortent d'une période de 70 ans de paix ». La pimbêche qui prononce cette énormité s'appelle Wendy Bouchard, âgée de 35 ans. Elle possède un beau bagage universitaire : licence d'histoire de la Sorbonne, diplôme de Sciences Pô-Paris, issue du Centre de Formation des Journalistes de la rue du Louvre qui équivaut à un Bac+5. Elle commence sa carrière sous l'aile bienveillante et formatrice de Paul Amar, puis passe à la télévision et présentera le magazine Zone Interdite sur M6. Depuis 2006 elle sévit à Europe 1. Or elle ne sait rien sur à peu près tout. Son ignorance de la plupart des sujets est ainsi une très mauvaise publicité pour les certificats universitaires qui, et il suffit de l'écouter, ne sont nullement un gage de la culture générale de ceux qui les possèdent. Mme Bouchard n'est qu'un exemple de l'ignorance crasse du monde qui les entoure des faiseurs d'opinion. Et sans doute n'est-elle pas responsable de cette inculture forcenée, de ce sectarisme généralisé qui fait qu'on peut être Sorbonnard licencié en Histoire et ignorer, comme la plupart des intello-mediateurs de ce pays, qu'entre 1954 et 1962, la France fut en guerre dans douze de ses départements. Que 2 millions de jeunes Français ont été mobilisés pendant au moins 32 mois dans ce conflit - près de 3 millions pour l'ensemble de l'Afrique du Nord selon l'historien Jean-Pierre Rioux qui n'est certainement pas des nôtres -, que 25 000 d'entre eux ont été tués et 65 000 blessés. Plus de 3 000 Pieds-Noirs ont été assassinés pour la plupart dans des circonstances atroces, 7500 blessés et au moins 2300 enlevés après le 19 mars selon des chiffres donnés par Louis Joxe et qui sont donc très suspects. Que 55 ans plus tard on ne peut toujours pas dire à 20 000 près combien de harkis ont été sacrifiés. Que les Européens d'Algérie ont été victimes d'une des plus brutales épurations ethniques du XXe siècle, dans l'indifférence cynique des professionnels de la compassion qui se dévouent pour les envahisseurs "migrants". Mais Mme Bouchard illustre bien l'interdit qui cadenasse tout ce qui touche à l'Algérie Française.

    Peut-on rester indifférent devant ces trois jours de deuil décrétés par le Président de la république ? C'est la première fois, nous dit-on, sous la 5e République. En cinq autres circonstances des deuils nationaux d'une journée furent décidés. Pour la mort de trois présidents : Charles de Gaulle, Georges Pompidou et François Mitterrand, pour la fusillade de Charlie Hebdo, en hommage à la caste journalistique, et pour honorer les morts du World Trade Center. Or on ne décida de recueillement ni lors de la fusillade du 26 mars 1962 qui fit 80 morts et 200 blessés rue d'isly à Alger, ni lors des massacres du 5 juillet à Oran dont le bilan de plusieurs centaines de disparus n'a jamais été l'objet de communication du gouvernement. Aucun deuil national ne fut décidé par les autorités françaises qui étaient, il est vrai, directement impliquées dans ces deux tragédies. Près de 60 ans après elles continuent à être ignorées par les autorités et leurs média domestiqués. Faut-il souligner que comme pour les récents pogromes de Seine-Saint-Denis, les auteurs en étaient d'obédience coranique ?

    La honte, le remords, l’embarras peuvent expliquer le silence abject qui couvre encore d'un voile   immonde l'Histoire de cette guerre. Ils ne sont pas les seuls. La présence de millions de Maghrébins en France et en Europe occidentale y est également pour beaucoup. Cela s'appelle la crainte de l’amalgame et fait de cette question le plus tabou des sujets interdits : que nul ne s'avise de remettre en question la justification de cette énorme masse exogène au cœur même de l'Europe. Parce qu'elle a pour fonction - et la chose est déjà bien avancée - de participer activement à la destruction biologique du taxon "caucasien".

    Mme Bouchard se tait-elle parce qu'elle ignore que 9 ans seulement après la Seconde Guerre mondiale éclatait la Guerre d'Algérie et qu'elle dura 8 ans ? Ou bien se soumet-elle à une règle bien comprise de ne jamais parler d'une colonisation qui, avec ses mosquées, ses écoles et ses cimetières, pourrait n'être que la prolongation d'un conflit qui ne s'est pas achevé le 2 juillet 1962, ainsi que le promettait Boumediene.

    Ne connaître les asphodèles que par les noces de Camus

    Dire cela, c'est convenir que la guerre menée en Algérie par le FLN et ses complices des oulémas aura été aussi barbare que celle de Daesh. Comme d'ailleurs celle provoquée en Algérie même par le GIA et le FIS, à laquelle l'armée algérienne, l'ALN, répondit avec autant de férocité. C'est admettre qu'il y a continuité entre ce qui s'est passé il y a 55 ans et ce qui se passe aujourd'hui. C'est admettre, simplement, que cette guerre d'Algérie est en train de repartir de plus belle sur le continent européen, avec les mêmes hommes, les mêmes techniques et au nom de la même idéologie : la récupération par les zélateurs du Coran des territoires qu'ils continuent depuis 700 ans à considérer comme leur appartenant. Aussi parle-t-on de djihadistes belges ou français. Jamais de djihadistes algériens, marocains ou tunisiens.

    On pourra donc méditer sur l'absence de réaction des journalistes, intellectuels et politiciens face à la dérive sécuritaire accélérée observée depuis plusieurs mois. Certes timide au début, mais qui semble soudain dynamisée. Comme il advint avec le Patriot Act aux Etats-Unis voté il y a près de 15 ans et qui est toujours en fonction. En France, nous voici dans « l'état d'urgence », Et certes on nous rassure : le parlement se prononcera pour une rallonge de trois mois au-delà des douze jours initiaux. Sauf qu'il sera prorogé aussi souvent que nécessaire. Il suffira de répéter que la République, le « vivre ensemble » et notre société sont en danger. Ou de voir partout des menaces djihadistes, comme par exemple un TGV qui s'éclate aux essais. Or, tous ces médiateurs sont de gauche et d'extrême gauche. Fils spirituels de ceux qui se déchaînèrent contre l'état d'urgence appliqué en Algérie en 1955 contre les crimes et les exactions du FLN. Alors il s'agissait de dénoncer une armée et une police définies comme fascisantes et une population coloniale, bouc émissaire de la bonne conscience métropolitaine. Aujourd'hui la société visée par les terroristes est la leur. C'est eux qui sont menacés, qui risquent de voir leurs libertés de circuler, leurs loisirs, leur confort mis en question. Voilà qui change les perspectives.

    Faire la guerre est dérangeant. En Algérie cela signifia pendant des  années le couvre-feu, l'angoisse à la moindre absence, au moindre retard, le tressaillement à une pétarade de moto, l'interdiction de flâner sur une plage isolée, celle de sortir le soir, l'angoisse d'aller au restaurant ou au cinéma, les barreaux aux fenêtres, les plaques d'acier fixées le soir aux portes, la prison dans la rue et ne connaître les asphodèles de Tïpasa que par les écrits de Camus.

    Un jour évidemment, ça craque et ça s'appelle la libération par l'OAS. Ne vous en déplaise !

    Faut-il illustrer le propos par l'actualité la plus brûlante : l'équipe impliquée, nous disent les gazettes, aurait été composée de 14 à 18 personnes. La moitié a donc échappé à la police. Mais il s'agit des cerveaux et des artificiers. Tant qu'ils courent, les cellules n'ont aucune difficulté pour se reconstituer. Quand on voit l'hystérie qui s'est emparée de la classe politique et de la caste intello-médiatique, aussitôt déchaînées contre les terroristes et se livrant à une surenchère idéologique et une invraisemblable récupération des événements, on peut penser que, comme ce fut le cas pour les Américains avec Ben Laden, s'emparer de ces gens-là est vital pour nos responsables et leurs factotums médiatiques. De quelles méthodes disposent-ils ? Une seule : faire parler par tous les moyens ceux qu'ils ont sous la main. Le technicien qui a le plus efficacement utilisé ces méthodes s'appelait Aussaresses. La seule façon, certes moralement plus que discutable, de faire se délier les langues c'est la "gégène". Les paras et la Légion ont parfaitement bien réussi pendant la Bataille d'Alger qu'ils ont pacifiée en quelques mois. Nous voici donc, avec d'autres socialistes, oh certes qui s'en défendent, à l'orée d'une remise en cause radicale des Accords du Genève sur les Lois de la Guerre. C'est ce que Bush a fait il y a près de quinze ans avec Guantanamo, Abu Ghraïb et les « prisons itinérantes » dans le monde. Les démocrates crièrent au scandale. C'est pourtant ce que fait depuis 7 ans Obama qui aura même considérablement renforcé l'arsenal totalitaire et les règles transgressives de la Magna Carta britannique. Mais, insensiblement, dans l'indifférence des chiens de garde droits de l'hommistes, les cibles visées deviennent les groupes identitaires, nationalistes et patriotes Blancs.

    Ne nous dit-on pas aujourd'hui que les listes de fichiers "S" en France ne seraient pas de 4 000 noms mais plutôt aux alentours de 20 000 et qu'elles ne concernent pas uniquement des terroristes islamiques potentiels mais qu'on y trouve de plus en plus de gens d'extrême droite.

    À méditer, sous l'ère Valls...

    René Blanc. Rivarol du 19 novembre 2015