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islamisme - Page 232

  • Stéphane Ravier : « Fermer cette mosquée, c’est bien, mais il faut traquer les autres salafistes qui diffusent leurs messages de haine. »

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    Le sénateur Front national de Marseille se félicite de la décision du nouveau préfet de fermer pour six mois une mosquée salafiste du centre-ville de Marseille dont l’imam, salafiste dit « quiétiste », prêchait un djihadisme armé. Mais il rappelle qu’il y a d’autres mosquées, dans son arrondissement, qui posent problème.

    Stéphan Ravier, la préfecture vient de fermer une mosquée salafiste dans le centre-ville de Marseille dont l’imam prêchait le djihad armé. Vous avez salué la décision. Êtes-vous satisfait de cette fermeture ?

    Je me félicite de cette fermeture d’autant qu’elle était attendue depuis longtemps.
    Tout le monde savait que dans cette mosquée, les prêches étaient plus que virulents avec des appels à la haine au quotidien. Qu’elle soit fermée, c’est une bonne chose.
    Le préfet ne l’a cependant fermée que pour 6 mois seulement. Mieux vaut cela que rien du tout. Mais il ne nous dit pas ce qu’il compte faire de l’imam, de celles et ceux qui ont propagé dans le quartier ces discours d’appel à la haine et de combattre les mécréants et de les crucifier. Les messages ont même été diffusés dans les écoles.
    C’est bien de fermer la mosquée, car il faut bien commencer par quelque chose, mais il faut traquer celles et ceux qui continuent à diffuser ces messages dans le quartier.

    Il semble que vous ayez également une liste de mosquées qui, selon vous, devrait subir le même sort dans votre secteur.
    Combien et pourquoi ?

    Les 13e et 14e arrondissements ne sont malheureusement pas épargnés. J’ai présenté au préfet il y a quelques semaines ces trois mosquées, deux dans le 13e et une dans le 14e. Il n’était pas étonné, mais il m’a répondu que sa priorité était cette fameuse mosquée qu’il a fini par fermer.
    Il a toutefois reconnu que les trois mosquées dont je parlais posaient problème. Alors, on attend, on attend, on ne sait pas bien quoi, mais on attend. J’espère que désormais nous n’attendrons plus trop longtemps.

    Avez-vous l’impression que le dialogue est meilleur avec les services publics depuis l’attentat de Marseille et l’arrivée du nouveau préfet ? Les problèmes préoccupants du djihad et de l’islam radical sont-ils désormais mieux traités ?

    Le précédent préfet était lui aussi parfaitement au courant. Tous ces appels à la haine et au meurtre dans cette mosquée du boulevard National, tout un symbole, dans le 3e arrondissement de Marseille ne l’a pas conduit à agir.
    Le nouveau préfet a agi sans doute grâce à l’actualité dramatique qui lui a permis d’avoir des coudées franches. Car le pouvoir politique a peur des réactions.
    C’est déjà devant cette mosquée, il y a quelques années, que des policiers ont dû utiliser la force pour se dégager d’une bande de riverains qui « portaient secours » à une musulmane contrôlée par la police car elle portait un Niqab. La police avait dû user de la force parce qu’il y avait eu une démarche violente de la part de la population. Les pouvoirs publics marseillais ont peur que la situation dégénère.
    Le préfet de police, Olivier de Mazières, ne semble pas effrayé. Tant mieux !
    J’espère qu’il pourra développer son action.

    D’après un spécialiste, l’imam représenterait le courant quiétiste du salafisme et donc ne devrait pas inciter au djihad armé.
    Qu’en pensez-vous ?

    On en apprend chaque jour. Maintenant, j’apprends qu’il y a deux versions du salafisme. Le salafisme quiétiste et le salafisme djihadiste.
    Il y aurait donc les bons salafistes et les moins bons salafistes… Toute cette histoire commence à devenir compliquée !
    Si les quiétistes sont tous comme cet imam, alors comment doivent être les autres. Je pense qu’on est en train d’essayer de noyer le poisson. Il y a des salafistes, point. Ils appellent à la haine, au djihad, à la violence et au meurtre. Il est donc temps d’agir en profondeur, et c’est ce qui a été fait à Marseille. Ce n’est que le début de commencement de quelque chose. Il faut évidemment aller beaucoup plus loin, car cela se développe.
    Dans le 14e arrondissement, la directrice d’un collège me disait qu’elle observait de plus en plus de jeunes filles portant le voile et de plus en plus travaillées à l’esprit par qui d’un cousin qui arrive du bled, ou d’un imam autoproclamé de la cité et que personne ne connait.
    Notre temps de réactivité est beaucoup, beaucoup trop long.

    Texte repris du site Boulevard Voltaire

    https://fr.novopress.info/

  • Bisounours : Amnesty International déplore l’exécution de trente-huit djihadistes en Irak

    Il s’agit du plus grand nombre d’exécutions en Irak depuis celles de 42 djihadistes menées le 25 septembre dernier, dans la même prison.

    Lynn Maalouf, directrice de l’ONG Amnesty International pour le Moyen-Orient, a dénoncé ces exécutions, parlant de « mépris flagrant de la vie humaine et de la dignité ».

    Selon Mme Maalouf, « Les personnes ayant commis des attaques meurtrières contre la population civile doivent être jugées, mais les exécutions ne sont pas une réponse».

    Les bisounours, ça ose tout, aurait dit le regretté Audiard

     
    @HaiderAlAbadi must stop immediately mass executions. In September, 42 people were executed without fair trials, and now 38 persons. Battle against  should address root causes, not create new seeds of violence @AmnestyAR @AmnestyIraq

    https://

    status/941350788785491968 

     
  • L'Etat islamique avait récupéré du matériel de guerre livré aux groupes rebelles anti-Assad

    6a00d83451619c69e201b8d2c75e09970c-250wi.jpgSelon un rapport qui a nécessité 3 ans d’enquête de terrain entre Kobané, en Syrie, et Bagdad, en Irak... alors que les spécialistes avaient en vain mis en garde l'Occident sur l'aide apportée aux rebelles :

    "40 000 pièces récupérées sur les lignes de front et soigneusement analysées, des dizaines de contrats d’achat et d’exportation passés au crible : le rapport sur les armes de l’organisation Etat islamique (EI), publié jeudi 14 décembre par l’ONG Conflict Armament Research (CAR), est l’étude la plus complète produite à ce jour sur ce sujet aussi explosif que complexe.

    Il fait la lumière sur les filières d’approvisionnement souvent tortueuses mises en place par l’organisation djihadiste, via la Turquie en particulier, pour constituer et entretenir son arsenal. Il démontre qu’au-delà des saisies réalisées dans les stocks des armées syrienne et irakienne, l’EI est parvenu à récupérer beaucoup d’armes fournies aux groupes rebelles syriens par leurs parrains étrangers, notamment les Etats-Unis et l’Arabie saoudite. Il révèle enfin que ces livraisons ont été effectuées quasi systématiquement en violation des accords conclus avec les pays où ces armes ont été produites – principalement des Etats d’Europe de l’Est – qui incluaient une clause de non-réexportation.

    [...] l’EI a su détourner à son profit une partie du flot d’armes introduit en Syrie par les soutiens de la rébellion syrienne. Grâce aux numéros de série relevés sur les pièces auxquelles ils ont eu accès, les experts de CAR sont parvenus à retracer une partie du circuit suivi par ces armes : de leur fabrication, dans une usine de Bulgarie ou de Roumanie par exemple, à leur exportation vers les Etats-Unis ou l’Arabie Saoudite, puis leur livraison à des formations rebelles syriennes, et leur réapparition, pour des raisons inexpliquées, du côté de l’EI.

    Dans un cas précis – un lanceur de roquettes anti-tanks de type 9M111MB-1 ATGW – le rapport affirme que seulement deux mois se sont écoulés entre son achat en Bulgarie par les Etats-Unis, en décembre 2015, et sa saisie dans un stock de l’EI, à Ramadi en Irak, en février 2016. Le rapport signale, photo à l’appui, qu’une batterie anti-char portative du même genre, portant un numéro de lot similaire et un numéro de série proche, a été utilisée en décembre 2016 par une unité rebelle syrienne, Jaysh Al-Nasr. Une même remarque est faite concernant une autre formation anti-Assad, The New Syrian Army. [...]"

    Michel Janva

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Terrorisme et crime organisé. Une nouvelle perspective stratégique : les hybrides

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    Les auteurs des attentats commis en France et en Belgique en 2015 et 2016 proviennent presque tous du monde du gangstérisme. A l’origine, la grande majorité de ces terroristes sont originellement et essentiellement des criminels et des délinquants de droit commun. C’est l’une des conclusions de cette puissante réflexion conduite par deux experts au sujet de la criminalisation du politique. Parce que l’histoire criminelle est en passe de devenir une part essentielle de l’histoire du pouvoir la lecture de ce document de référence s’impose.

    Ce texte novateur a été rédigé dans la perspective d’une présentation orale à l’occasion des VIIIe Assises nationales de la recherche stratégique organisées par le CSFRS le 30 novembre 2017 à Paris, Ecole militaire, amphithéâtre Foch. Jacques de Saint Victor et Jean-François Gayraud ont brillamment assuré la première table ronde intitulée : « Les hybrides : la nouvelle perspective stratégique ».

    Jean-François Gayraud

    Les Assises nationales de la recherche stratégique de 2016 ont eu pour thème : « la fragmentation du monde ». Autrement dit : la planète devient une marqueterie de plus en fine d’Etats, parfois vides de puissance. Cette réalité géopolitique majeure est tout à la fois l’origine et la conséquence du Chaos que nous vivons et par là même du bouleversement complet de la scène des violences tant politiques que prédatrices.

    Fin 2017, sur le « Terrorisme » et le « crime organisé »  : où en sommes-nous réellement ? Quand s’achève le XXème siècle, les qualificatifs et labels peinent à définir la réalité nouvelle, fluide, complexe et multidimensionnelle. Outre le mur de Berlin (1989), le Bloc de l’Est a pulvérisé en s’écroulant d’autres obstacles jadis infranchissables. Physiques, intellectuels, psychologiques, ces « murs » ont cédé, révélant de nouveaux acteurs, pour part politiques, pour part criminels. Jusqu’alors distincts et séparés, des corps hétérogènes et inconciliables tels l’eau et l’huile, font désormais symbiose, voire fusionnent. Les acteurs « politiques » (terrorisme, guérillas, milices, mouvements de libération) et « droit commun » (bandes, gangs, cartels, mafias) qui hier vivaient séparés dans les espaces et logiques de la Guerre froide, sont soudain précipités (au sens chimique) sur la même scène violence et prédatrice.

    La violence est devenue un Janus bifrons.

    Ainsi, l’impensable est devenu possible. Provoqué par ce brutal changement d’écosystème, un phénomène de mutation a rapproché – parfois même, uni – deux espèces hier étrangères l’une à l’autre, le brigand et le militant. Désormais les entités dangereuses ne relèvent plus de catégories uniques, soit politiques, soit criminelles. Ce phénomène, nous le nommons hybridation.

    Aujourd’hui, de par le monde, les hybridations sont devenues la règle et non plus l’exception, donnant naissance à des entités inclassables : des guérillas marxistes vivant de trafics divers dont en priorité des stupéfiants ; des djihadistes gangsters et des gangsters salafisés ; des djihadistes/pirates et des pirates salafisés ; des groupes paramilitaires reconvertis en cartels de la drogue ; des sectes religieuses pratiquant le terrorisme ou le trafic de stupéfiants ; des financiers philanthropes à la fois spéculateurs et délinquants ; des vedettes du showbiz gangstérisées ; etc. Tous les entrepreneurs contemporains du crime – politisés, prédateurs en cols blancs ou en cols bleus – ont changé d’ampleur et de formes. L’ère de l’hybridation s’annonce… Encore faut-il en comprendre la raison profonde.

    Jacques de Saint Victor

    La question du contexte est, en effet, primordiale. Le monde d’après la chute du mur de Berlin est, vous l’avez dit, chaotique. On est très loin des annonces euphoriques de certaines institutions internationales qui annonçaient au début des années 1990 que la globalisation allait offrir « un véritable âge d’or global au XXIe siècle ». On semble encore assez loin de cet éden mais il est vrai que le siècle ne fait que commencer ! En tant qu’historien du droit, j’ai été très intéressé par les phénomènes d’hybridation que vous décrivez dans votre ouvrage et les évolutions institutionnelles qu’ils induisent. Le désordre règne, dites-vous. Nous vivons dans un entre deux, en attente de la définition d’un nouvel équilibre, un autre Nomos de la Terre. En réalité, il me semble que votre approche très pragmatique, tirée de votre connaissance réelle du terrain, va à l’encontre d’un dogme dominant véhiculé par une certaine pensée qu’on appellera « cosmopolite » et qui pose cette idée commune : supprimez les frontières et vous éliminerez la guerre. Mais, en réalité, l’absence de guerre, tout au moins telle qu’on l’entendait au XIXe et au XXe siècle, c’est-à-dire la guerre d’Etat à Etat, même si elle n’est pas totalement improbable (comme le rappelle les événements de Corée du Nord), n’empêche pas l’émergence de nouvelles formes de conflit qui ne sont plus exactement de même nature que par le passé mais tout aussi préoccupants.

    Alors, on peut penser, en citant Carl Schmitt (1888-1985), qu’un nouvel ordre surgira. Schmitt disait : « Tant que l’Histoire universelle n’est pas conclue et reste encore ouverte et en mouvement, explique Carl Schmitt, tant que les choses ne sont pas fixées et pétrifiées à jamais ; autrement dit, tant que les hommes et les peuples ont encore un avenir et pas seulement un passé, un nouveau Nomos naîtra dans les formes toujours nouvelles que prendra le cours de l’Histoire » [1].

    Mais on peut aussi être plus pessimiste. Car la stabilisation d’un ordre, comme celui qui a été posé lors des traités de Westphalie en 1648 ne se retrouve pas si facilement. Je rappelle, et on me pardonnera ce raccourci simpliste, que le Moyen Age a duré plus de mille ans !

    En tous les cas, une chose est sûre. Faute d’un nouvel ordre international, la planète vit donc dans le Chaos, l’opposé du Nomos. Dans la mythologie grecque, « Chaos est la personnification du Vide primordial, antérieur à la création du temps où l’Ordre n’avait pas encore été imposé aux éléments du monde ». Depuis l’Antiquité grecque, et tout spécialement Hésiode (poète grec, VIIIe siècle avant J-C), le Chaos est dynamique : c’est la figure insondable des origines, le béant, l’abîme, l’ouvert-sans-fond, l’espace de l’orage dépourvu d’ordre et de loi, la confusion, le mouvant, livré au perpétuel et changeant afflux du fortuit. Attente d’une mise en ordre du monde, le « Chaos ouvre à la fois sur quelque chose et entre quelques choses ».

    Ouverture et processus, activité constituante s’il en est, le Chaos n’est pas immédiatement visible ou compréhensible. En l’absence d’ordre mondial, le chaos affecte des territoires, des populations, mais aussi l’univers spirituel et intellectuel. La confusion ne règne pas seulement dans l’ordre des choses mais également dans l’ordre des pensées. Dans ces périodes, le chaos est dans les faits mais aussi dans les têtes : les mots perdent leurs sens, les concepts flottent.

    Dans la sphère de la violence, le Chaos ne tient pas à un bouleversement quantitatifdes désordres mondiaux. Il ne semble pas que le monde subisse plus de guerres et de violences politiques et sociales, – il y a d’ailleurs un livre à la mode de nos jours de Steven Pinker qui parle de la diminution de la violence. Il ne semble pas que notre monde compte plus de terroristes et de brigands que par le passé. Peut-être même moins en apparence. Il n’y a pas d’âge d’or. Le monde est chaotique en raison de changements non pas quantitatifs, toujours difficiles à démontrer, mais qualitatifs. .

    Nous vivons dans un monde post-westphalien et post-démocratique. Je n’insiste pas sur le caractère post-démocratique. Ce serait l’objet d’une autre conférence.

    Mais permettez-moi de rappeler ce que peut signifier au regard de l’histoire du droit international un ordre post-westphalien. Pour bien le comprendre, il faut rappeler ce qui existait dans un monde pré-westphalien. Car, hélas, le monde post-westphalien prend de plus en plus l’aspect d’un monde pré-westphalien. Sur ce point, citons le grand juriste Maurice Hauriou dont les propos sont rapportés par l’actuel ministre de l’Education, Jean-Michel Blanquer dans son livre récent sur L’Invention de l’Etat (2015). Hauriou écrit durant la Première guerre mondiale : « Nous sommes parvenus à l’ère de la guerre purement nationale, c’est-à-dire subordonnée aux intérêts vitaux de la nation ». Et il précise, à juste titre, contrairement à la doxa dominante, que cette évolution a permis paradoxalement que « la paix du régime d’Etat se (soit) accrue, les guerres se (soient) raréfiées ». Cela peut paraître paradoxal, alors que l’auteur écrit en pleine Première guerre mondiale.

    Mais il sait de quoi il parle. Avant les traités de Westphalie, la plupart des guerres étaient des guerres privées, ce qu’Hauriou appelle le « brigandage ». Et il y avait une multitude de petites guerres privées. C’est cela qui caractérise le Moyen Age sur le plan géostratégique.

    Or, avec l’affaiblissement de l’Etat, nous assistons au retour d’un « brigandage » d’un nouveau genre.

    Tout vient du fait que ce monde post westphalien et post démocratique voit s’estomper toutes les lignes de démarcation claires du passé telles que nous les connaissons depuis 1648.

    De manière fondamentale, il n’y a plus consensus ni sur la caractérisation de ce que sont la paix et la guerre, ni sur la définition de l’ennemi.

    Les définitions et les distinctions hier évidentes sont devenues floues : entre la paix et la guerre, entre le public et le privé, entre la police et l’armée, entre le terrorisme et le gangstérisme, entre le légal et l’illégal, entre le légitime et l’illégitime, etc.
    Le brouillard domine. On a le sentiment que les frontières se brouillent et se mélangent. Bref qu’elles s’hybrident.

    D’où la nécessité, comme vous le faites, de nommer avec précision cette nouvelle réalité, l’hybridation…

    Jean-François Gayraud

    En effet, l’irrégularité prend toujours les formes de son époque. Elle reflète un contexte stratégique dont elle est l’expression. Que ce contexte stratégique change voire mute comme c’est le cas depuis la fin du XXème siècle et cet irrégulier, gangster ou terroriste, change à son tour. Nous conservons de l’irrégulier une représentation datée : celle du Partisan. Or l’irrégulier qui lui succède à la fin de la Guerre froide demeure incompris : c’est un Hybride.

    Hier donc, sous l’empire de la Guerre froide, les partisans et les bandits vivaient sur deux planètes radicalement différentes, au sein d’univers étanches. La distinction, et donc la frontière, entre le bandit et le partisan allait de soi, comportait une forme d’évidence. La guerre elle-même était une catégorie claire.

    La dichotomie terrorisme-guérilla/crime organisé était censée renvoyer à une opposition d’objectifs. Le terrorisme poursuit un but politique, alors qu’une organisation criminelle ne recherche que du profit. L’un souhaite détruire ou conquérir le pouvoir à des fins divers (idéologiques, religieux, ethniques), l’autre est un prédateur économico financier (accumulation de richesses) : l’idéologie ou le profit. Autrement dit, une entité criminelle ne poursuit pas d’objectifs politiques et a contrario une entité politique ne poursuit pas d’objectifs criminels (« de droit commun »).

    Non seulement les objectifs sont censés être radicalement différents (idéologie versus profit), mais les méthodes également : le monde du crime organisé, toujours dans la discrétion pour commettre ses crimes économiques, répugne à user de violences trop visibles, l’exposant à une réaction étatique. La discrétion est une sage précaution pour passer sous les radars de la vigilance des services répressifs et des médias. La violence criminelle demeure ciblée contre des adversaires, qu’elle soit pour nous irrationnelle (vendetta, vengeance) ou « rationnelle » (élimination de la concurrence), là où la violence politique peut se révéler aveugle et indiscriminée.

    L’opposition paraît même irrémédiable, car le terroriste/guérillero désire un changement radical de la société, là où le bandit souhaite de la stabilité sociale et politique, pour développer une relation parasitaire et symbiotique avec l’ordre en place. Toujours selon cette conception classique de la césure entre entités terroristes et criminelles, et en croisant les paramètres argent et politique, on obtient l’équation suivante : pour le crime organisé, l’argent est un but (enrichissement) et la politique un moyen (corruption), alors que pour le groupe terroriste l’argent est un moyen (financement) et la politique un but (prise ou destruction du pouvoir).

    Jacques de Saint Victor

    Le beau jardin à la française des catégories étanches a disparu. Dans cette nouvelle jungle mondialisée de l’hybridité, l’exemple du Mexique, que vous décrivez dans votre livre est frappant.

    C’est ainsi que nul ne sait plus comment caractériser les bien mal nommés « cartels de la drogue ». En effet, ces entités n’ont jamais été les banales ententes économiques suggérées par l’inoffensif vocable de « cartels », ni de simples gangs spécialisés dans le trafic de drogues. Ce sont autant des armées criminelles que des gangs polycriminels. Leur hybridité parfaite rend ces groupes littéralement incomparables. Ils sont tout à la fois des groupes criminels et prédateurs en raison de leurs objectifs économiques, gérés comme des entreprises multinationales ; militaires du fait de leurs moyens armés, d’une partie de leur recrutement et des tactiques utilisées ; terroristes par les campagnes d’attentats récurrentes destinées à pétrifier les populations, leurs adversaires et l’Etat ; des milices politiques ou des guérillas par leur capacité et leur volonté de contrôle territorial et social dans des logiques de gouvernement parallèle.

    Et les chefs de ces super gangs ne sont pas moins hybrides que les gangs qu’ils dirigent. Ce ne sont plus de simples trafiquants de drogues, mais l’atypique mélange de PDG d’organisation criminelle, de chef de guerre, de rock star médiatisée, de gourou religieux, de terroriste, de chef sociopathe d’un escadron de la mort et de seigneur féodal. Dans la région du Sinaloa, l’épicentre historique du narcotrafic, les chefs narcos sont vénérés tels d’héroïques rebelles. Enfin, une des dimensions les plus étranges du phénomène narcos au Mexique a été l’apparition d’une forme de religiosité autour de ses parrains, avec des narco religions. Cet étrange phénomène doit être replacé dans un contexte plus large : l’apparition d’une narcocultura, une sous-culture à la gloire des narcos.

    Jean-François Gayraud

    Le diagnostic de l’hybridation bouleverse l’analyse de la scène stratégique violente et la caractérisation de l’ennemi puisqu’il conduit à mettre en exergue les dynamiques prédatrices des violences contemporaines au détriment des motivations uniquement idéologiques (politiques, religieuses, ethniques, etc.). De fait, les qualificatifs et labels peinent à dépeindre une réalité nouvelle, fluide, complexe et multidimensionnelle.

    Ce qui était jusque-là distinct et séparé – des corps hétérogènes et inconciliables tels l’eau et l’huile – devient compatible au point de fusionner et de devenir symbiotique. Les entités dangereuses ne peuvent plus se ranger dans des catégories uniques, ou politiques ou criminelles. Un phénomène de mélange et de croisement s’est opéré entre le bandit et le politique (armé). Telle est la définition de l’hybridation.
    Sous le poids d’un changement radical d’environnement, un phénomène de mutation génétique a provoqué le rapprochement et parfois la fusion de ces deux espèces hier ignorantes l’une de l’autre. L’hybridation révèle au final des porosités de méthodes et d’objectifs entre les entités « criminelles » et « politiques ».

    Penser l’hybridation exige un modèle explicatif, donc une forme de taxinomie, pour clarifier ce phénomène complexe. Partant des analyses de Louise Shelley et John Picarelli, nous proposerons un modèle autour de quatre figures de l’hybridation. Les trois premières sont dynamiques et historiques : nous distinguons ainsi trois stades de l’hybridation à travers des processus de coopérations, de convergences et de mutations. La quatrième figure est topographique : la coexistence territoriale.

    Le concept d’hybridation rend compte d’un métissage criminologique. Deux processus fonctionnent en miroir : une politisation du crime et une criminalisation du politique.

    Jacques de Saint Victor

    Nous n’entrerons pas ici pas dans le détail de ces deux processus. Nous allons cependant apporter deux brefs éclairages. Je dirai un mot sur la politisation du crime. Nous ne manquons pas d’exemples.

    De la Mafia sicilienne ou encore des cartels mexicains qui ont mené ou mènent encore des campagnes d’attentats contre des Etats jugés indociles.

    Inédit pour une entité criminelle, ce capital violence rebat les cartes de ce qu’est la guerre. Criminalité et guerre se retrouvent mélangées, transformant les paradigmes convenus de la guerre ; celle, classique d’armées en uniformes, mais même, ce qui est le plus neuf, aussi de la guérilla. Ce qui n’a rien d’étonnant : on sait depuis Clausewitz que « la guerre est un caméléon qui change de nature à chaque engagement » en perpétuelle transformation.

    Ces entités hybrides n’en mènent pas moins de véritables guerres qui sont hautement létales, bien plus parfois que les guerres « classiques ». Il suffit de songer aux milliers de morts qu’ont pu faire les conflits des narcotrafiquants au nord Mexique.

    En sens inverse, et ce processus est peut-être plus dérangeant encore, nous assistons à un phénomène de criminalisation du politique.

    Cette question est une des plus embarrassantes de nos démocraties. Une des plus délicates aussi à analyser. De ce point de vue, je me dois de souligner les avancées qui ont été faites dans la jurisprudence italienne sur la mafia pour parvenir à saisir ces phénomènes qu’on appelle en France des « zones grises » et que nos voisins italiens appellent la « bourgeoisie mafieuse  ». Expression un peu curieuse, elle ne renvoie pas à une réalité sociologique stricto sensu. Elle désigne en criminologie des franges de plus en plus importantes de la classe dirigeante ayant des rapports, non plus seulement occasionnels mais continus, systémiques, avec la sphère criminelle. Cette notion a permis de mettre en lumière l’existence de « zones grises » où des liens obscurs se tissent entre les membres d’une mafia et des élites politiques, économiques, financières, médiatiques, sportives, etc., qui assistent la mafia dans ses opérations et tirent profit de ses services, sans appartenir à ce qu’Alessandra Dino appelle le « noyau dur » (nucleo duro) de la mafia. En insistant sur la portée de ce « pacte scélérat » (pactum sceleris) qui unit certains acteurs de premier plan à la mafia, le concept de « concours externe » a permis à la jurisprudence italienne de révéler l’existence d’élites troubles, ayant pignon sur rue, connues et appréciées de leurs pairs et des médias, mais qui, en coulisses, n’hésitent plus à profiter de la main invisible du crime pour conduire leurs affaires.

    L’histoire criminelle est en passe de devenir « une part essentielle de l’histoire du pouvoir ».

    Cette dénomination désigne un nouvel acteur appelé à prospérer dans une économie de plus en plus concurrente et chaotique. On peut même se demander si ce n’est pas là une des figures dominantes des futures élites mondialisées. Car cette « bourgeoisie mafieuse », si elle a été bien étudiée en Italie et d’ailleurs pénalement poursuivi (on citera par exemple la condamnation en 2014 par la cour de cassation du sénateur Marcello Dell’Utri, n°2 du groupe Berlusconi, un des fondateurs de Forza Italia, confirmant l’arrêt de la cour d’appel qui l’avait condamné comme « médiateur contractuel d’un pacte entre Cosa Nostra et Silvio Berlusconi entre 1974 et 1992), n’a rien d’une spécialité spécifiquement péninsulaire. Dans une lettre du 19 juin 2011, introduisant un rapport du National Security Council sur le crime organisé, le président Barack Obama faisait ouvertement référence aux organisations criminelles qui « forgeaient des alliances avec des éléments corrompus de gouvernements nationaux et qui utilisaient le pouvoir et l’influence de ces élites pour poursuivre leurs activités criminelles [2] ».

    On le voit très clairement à partir de ce genre d’exemples : avec la criminalisation du politique, qui semble traduire une « mutation génétique » inquiétante d’une fraction croissante des élites mondialisées, l’histoire criminelle est en passe de devenir « une part essentielle de l’histoire du pouvoir ».

    Jean-François Gayraud

    D’usage, cette question de la criminalisation du politique est à tort traitée sous le seul angle du financement des groupes terroristes ou de guérilla par des activités criminelles de droit commun. Il s’agit d’une impasse : comment des entités illicites pourraient-elles se financer autrement que par des crimes : vols à main armée, trafic de cigarette ou de drogue, extorsion de fonds, etc. ? L’illégalité est par construction peu compatible avec des financements légaux, hors participation volontaire d’une communauté ou d’une base sociale forte. C’est pourquoi quasiment tous les groupes armés clandestins qualifiés de terroristes ou de guérillas ont eu recours à titre principal à des financements hors-la-loi. Seul un soutien étatique pérenne a pu autoriser des groupes armés à s’exonérer d’un financement criminel. Mais même lors de la Guerre froide, tous ces groupes ne bénéficiaient pas de l’aubaine d’un soutien étatique.

    Je propose en fait que nous nous interrogions profondément sur la nature réelle de tout ou partie de certaines entités politiques pour lesquelles l’activité de prédation ou de criminalité organisée n’a pas cessé d’être occultée mais est en fait centrale.

    Jacques de Saint Victor 

    Vous vous interrogez ainsi longuement sur la nature réelle, donc sur les motivations profondes de nombreux groupes armés ; ainsi d’une partie des Talibans, de l’UCK, des FARC, autant d’entités ayant subi un processus de dégénérescence accélérée avec la fin de la Guerre froide…

    Mais c’est encore dans l’analyse du terrorisme islamiste que votre grille de lecture propose le changement de perspective le plus complet… Vous dépolitisez en partie la question, en partant du concept de « racaille », dans sa définition, je précise marxiste, que je ne résiste pas au plaisir de rappeler. C’est Marx qui parle :

    « Le Lumpenprolétariat – cette lie d’individus déchus de toutes les classes qui a son quartier général dans les grandes villes – est, de tous les alliés possibles, le pire. Cette racaille est parfaitement vénale et tout à fait importune. Lorsque les ouvriers français portèrent sur les maisons, pendant les révolutions, l’inscription mort aux voleurs, et qu’ils en fusillèrent même certains, ce n’était certes pas par enthousiasme pour la propriété, mais bien avec la conscience qu’il fallait avant tout se débarrasser de cette engeance. » (La social-démocratie allemande,1871).

    Est-ce que nous ne sommes pas en train de voir surgir un nouveau lumpenprolétariat – des racailles au sens de Marx – sous la figure des hybrides ?

    Jean-François Gayraud

    Qui sont les islamistes francophones qualifiés tour à tour de « terroristes », « djihadistes » ou de « radicalisés » selon leurs actions ? S’il n’existe pas de profil unique, d’idéal-type, certains invariants se dessinent toutefois. L’un est aveuglant : l’équation immigration-délinquance de droit commun-banlieues. Le facteur « racaille » est omniprésent . Il n’est pour autant pas question de réduire la sociologie djihadiste au facteur criminel de droit commun, plutôt d’en repérer un marqueur incompris mais pertinent.

    Les entités islamistes qui frappent le monde occidental depuis la décennie 1990, et singulièrement la France et son modèle laïc, puisent l’essentiel de leurs terroristes dans le vivier du monde criminel et délinquant de droit commun, donc a prioriloin de la sphère du politique. En 2015 et 2016, la France (métropolitaine) subissait la plus grande série d’attentats terroristes de son histoire. Le bilan des victimes fut considérable : 238 tués et des blessés par centaines. Depuis, la recherche d’une explication centrée sur le fait religieux conduit à une impasse, comme l’a montré le débat opposant par exemple les tenants d’une « radicalisation de la religion », d’une « islamisation de la radicalité » ou encore d’une « réaction identitaire à la domination coloniale ».

    Cependant, et toujours dans cette logique, la plupart des commentaires et analyses – journalistiques, politiques, universitaires – tentent de déchiffrer ces assassinats en usant de la notion incertaine de « radicalisation » à la mode depuis les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, euphémisme permettent d’éluder salafisme et djihadisme. En mettant l’accent sur l’idéologie, ici le salafisme, les recherches des politologues et des orientalistes se sont pour partie fourvoyés. L’idéologie n’explique que de manière imparfaite l’engagement djihadiste et terroriste. En se focalisant sur la religion, l’analyse du terrorisme islamiste provoque des biais interprétatifs majeurs. Pour une grande partie des terroristes et des djihadistes se revendiquant de l’Etat islamique, l’idéologie salafiste constitue en effet moins un but qu’un moyen : elle est un masque camouflant des motivations prédatrices (violence, argent, pouvoir).
    La principale caractéristique de (presque) tous les auteurs et complices identifiés n’a pas été correctement perçue et analysée. Que n’a t-on pas vu alors de si aveuglant, comme dans La lettre volée (Edgar Poe) ? Longtemps, cette caractéristique majeure est passée inaperçue, y compris des parlementaires ayant travaillé sur la lutte contre le terrorisme et la radicalisation.

    Cependant, les auteurs des attentats commis en France et en Belgique en 2015 et 2016 proviennent presque tous du monde du gangstérisme. A l’origine, la grande majorité de ces terroristes sont originellement et essentiellement des criminels et des délinquants de droit commun. Leur nature profonde est prédatrice, non politique. Leurs éloquentes biographies révèlent un ancrage ancien dans des carrières de délinquance ou de banditisme. Nous sommes d’usage en présence de gangsters ayant franchi le Rubicon de la politique, non de purs acteurs politiques usant de moyens illégaux pour une Cause. Durant la même période, le profil des auteurs des attentats ayant échoué (par maladresse) ou ayant été préventivement neutralisé (par les services de sécurité) conduit à une identique conclusion. Ces profils criminels se retrouvent aussi chez les auteurs d’attentats commis en Belgique et au Danemark en 2015 et 2016.

    S’agit-il alors d’une « islamisation de la radicalité » ? Il est question plutôt d’une islamisation-salafisation de la criminalité de droit commun. Le fait que l’on trouve une majorité de gangsters ne signifie pas que l’on soit en présence d’une « islamisation de la radicalité » (en l’occurrence criminelle) mais plutôt d’islamistes passant aisément à l’acte criminel en raison même de leur habitus de déviance et de violence.

    Cette lecture en partie dépolitisée – en partie seulement, on le verra – propose de s’éloigner de la politologie et de l’orientalisme-études islamiques et de se concentrer sur la criminologie.

    En France, la sociologie de deux autres catégories d’islamistes révèle de même une surreprésentation criminelle et délinquante : celle des combattants djihadistes(individus ayant voulu rejoindre la zone de djihad Syrie-Irak) ; celle des radicalisés(individus imprégnés de salafisme).

    Jacques de Saint Victor

    Lorsqu’ils sont clairement identifiés par les analystes, comment ces passés criminels, sont-ils en général interprétés ? L’explication dominante semble lénifiante et pour le moins empathique. L’engagement au sein de l’EI et au nom de la Salafiya serait le signe d’une rédemption/purification, autrement dit la manifestation d’un rachat de péchés passés. L’ancien gangster de banlieue connaitrait une transformation de son être profond par la (re) découverte de Dieu . Il vivrait le passage d’un homme à l’autre .

    Le commode « récit de la rédemption » crédite ces combattants du djihad (moudjahidine) d’un changement de nature : le vieil homme souillé se transfigure en homme nouveau lavé de ses fautes passées. Deux individus se succèdent : le gangster et pêcheur, puis le croyant et combattant. La propagande de l’Etat islamique a su utiliser ce péché des origines pour attirer de nouveaux combattants en Syrie.

    On peut comprendre ce récit. Car l’hybride réintroduit indiscutablement un « art ancien de tuer », si vous me permettez de paraphraser Michelet. Ce dernier, dans une Histoire de l’Europe, avait pressenti, au milieu du XIXe siècle, que l’industrialisation des guerres totales, mécanisées, avec de puissants moyens de destruction à distance, allaient mettre fin à la figure du héros. Il écrivait : « cet art nouveau de tuer à distance des peuples entiers, le plus souvent sans risquer rien (…) entraîne avec lui une impassibilité que ne pouvait avoir l’ancienne guerre (…) Le mécanicien est tout. Le héros est supprimé ». On est en 1871.

    Or, le retour des hybrides signe dans le même temps le retour aux « anciennes guerres » dont parle Michelet et, de fait, aux héros. D’ailleurs, de nombreux combattants du Djihad sont héroïsés par certains.

    On s’imagine aisément que le criminel qui se transforme en djihadiste et accepte de devenir une « bombe humaine » n’appartient plus à l’univers de la criminalité et qu’il est désormais pleinement entré dans l’univers « glorieux » du terrorisme politique.

    Critiquons pourtant ce récit qui blanchit avec désinvolture des individus dont on oublie volontairement ou involontairement le lourd passé criminel. L’attentat-suicide s’inscrit dans une spirale criminelle qui n’est pas aussi exempt de logique autodestructrice qu’on ne le croit. Il suffit de penser à la fin de Scarface : le criminel qu’incarne Al Pacino est au summum d’une carrière purement criminelle et il se comporte comme un individu suicidaire qui tue tout en se faisant tuer. L’attentat-suicide relève dans ce cas d’une même logique. Plus que d’une transformation et d’un rachat, l’adoption du discours salafiste permet en réalité à ces bandits islamistes de continuer impunément leurs pratiques prédatrices en toute bonne conscience. Nous ne sommes pas en présence d’une transfiguration – autre notion chrétienne après celle de rédemption – autrement dit d’une mutation révélant un changement de nature terrestre mais d’un habile travestissement et d’une simple translation de comportements et de mœurs prédatrices. Ces voyous ne sont pas dans le changement mais plutôt dans la continuité.

    A cette fin, les salafistes de l’Etat islamique légitiment les pires pratiques prédatrices (violence armée, viol, polygamie, racket, pillage) par une lecture littéraliste et une réinterprétation intéressée du Coran et des paroles rapportées du prophète (hadiths). Ces Français ont recréé dans la zone syro irakienne sous le contrôle de l’Etat islamique le biotope de leurs banlieues et mœurs anomiques.
    Nous pourrions continuer avec de nombreux autres exemples, comme vous le faites dans votre livre…

    Peut-être faut-il conclure par le questionnement central, pour tout praticien que vous êtes. Ce constat des hybrides doit-il entraîner une évolution dans la réponse répressive ? En un mot, Que faire ?

    Jean-François Gayraud

    A l’ère du chaos, le réservoir des hybrides n’est pas prêt de se tarir. Dans certains contextes, il est même probablement inépuisable. Il suffit de songer aux banlieues anomiques du monde occidental pour s’en convaincre. Il est donc crucial de savoir diagnostiquer tôt, avant la tragédie, et avec justesse les phénomènes d’hybridation. L’incompréhension de l’ennemi conduit toujours à des défaites en rase campagne. Cet ennemi correctement qualifié et nommé peut ensuite susciter un travail d’observation puis de neutralisation par les voies et les moyens de l’Etat, au choix : diplomatiques, militaires, renseignement, policier, judiciaire, etc. La question est au demeurant toute aussi importante pour toutes les autres formes d’organisations confrontées à des acteurs violents. Il en est ainsi des Organisations non gouvernementales (associations, etc.) en charge de missions de paix, de secours ou de reconstruction.

    Pour un Etat, l’émergence des hybrides devrait transformer ses modes de fonctionnement. D’abord son organisation bureaucratique dans le sens de la transversalité et du décloisonnement de ses services, trop souvent enfermés dans des spécialisations dépassées. Ensuite, dans l’orientation de ses cibles de travail. Enfin, dans les modalités de neutralisation (prévention et de répression). A ce titre, face à des acteurs violents hybrides, il importe de savoir agir sur leur activité prédatrice. Si celle-ci représente un atout en termes d’enrichissement et d’apprentissage de la violence, elle constitue aussi une faiblesse majeure. Faute de pouvoir toujours les appréhender (au double sens pratique et figuré) à travers leur dimension politique, il convient de les atteindre à travers leurs activités prédatrices (trafics, racket, etc.).

    Notes:

    Jean-François Gayraud est essayiste et haut fonctionnaire de la Police Nationale. Il est l’auteur d’ouvrages majeurs de criminologie et de géopolitique, dont récemment « Théorie des hybrides. Terrorisme et crime organisé », (Paris, CNRS éditions, 2017).

    Jacques de Saint Victor est historien de droit et des idées politiques, professeur des Universités à Paris XIII et au Conservatoire national des Arts et Métiers (CNAM). Il a préfacé l’ouvrage de J-F Gayraud précédemment mentionné.

    Source

    https://voxnr.com/48928/terrorisme-et-crime-organise-une-nouvelle-perspective-strategique-les-hybrides

  • Zoom - François Billot de Lochner : Non à la république islamique de France

  • Manifestation du SIEL pour la défense de la civilisation chrétienne

    Avant-hier devant le Conseil d'Etat :

    Christian Vanneste:

    Charles Beigbeder :

    François Billot de Lochner :

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  • Contrôlée en niqab, elle demande aux passants de s'en prendre aux policiers

    L'incident s'est produit à Marseille jeudi après-midi. La femme, âgée de 37 ans, a refusé le contrôle d'identité tout en déclarant vouloir garder son voile. Elle a ensuite proféré plusieurs insultes à l'égard des fonctionnaires. Elle a été interpellée pour incitation à l'émeute et outrages.

    Une femme voilée de 37 ans a été interpellée jeudi en fin d'après-midi dans le centre-ville de Marseille pour incitation à l'émeute et outrages à agents de la force publique, alors qu'elle conduisait sa voiture avec ses quatre fillettes à l'intérieur.

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  • Attentat de New York : L’immigration (encore) en cause, par Franck Delétraz

    attentat_newyork.jpg

    9007-20171213.jpgInterpellé lundi peu après avoir commis un attentat à New York, le principal suspect, Akayed Ullah, présente une fois de plus le même profil que d’autres djihadistes : celui d’un immigré musulman, accueilli récemment par les Etats-Unis, auxquels il a choisi d’exprimer sa « reconnaissance » en les frappant.

    Lundi matin, à l’heure où des milliers de New Yorkais se rendaient à leur travail, l’islamo-terroriste, muni d’un engin explosif rudimentaire attaché au corps avec des bandes Velcro, faisait exploser sa charge dans un tunnel du métro reliant Times Square à la gare routière de Port Authority, ne faisant par miracle que quatre blessés légers. En effet, selon le chef de la police James O’Neil, qui a visionné les images enregistrées par les caméras de surveillance, la veste rudimentaire que portait le djihadiste « aurait explosé prématurément » et « partiellement », expliquant ainsi le faible nombre de victimes à cette heure d’affluence.

    Lui-même blessé par l’explosion, le suspect a été rapidement interpellé et identifié, avant d’être hospitalisé avec des blessures et des brûlures au corps.

    Son profil est bien sûr sans surprise. Disant agir au nom de l’Etat islamique par vengeance contre les bombardements américains visant les pays musulmans et avoir choisi tout spécialement de frapper ce quartier à cause des affiches de Noël, Akayed Ullah, âgé de 27 ans, n’est autre qu’un immigré originaire du Bangladesh, arrivé aux Etats-Unis en 2010 avec un visa F-4, réservé au rapprochement familial. Un temps chauffeur de taxi, il était installé dans le quartier de Brooklyn.

    Bref, un profil de djihadiste (hélas) tout ce qu’il y a de plus ordinaire. Similaire à celui de Sayfullo Saipov, cet immigré ouzbek qui, aux commandes d’un camion-bélier, a fait huit morts et douze blessés à Manhattan le 31 octobre dernier, et à tous ceux qui ont frappé les Etats-Unis et l’Europe, qui les avaient pourtant si généreusement accueillis.

    « Mettre fin aux migrations en chaîne »

    Une générosité tellement suicidaire et inconcevable en ces temps de guerre avec l’islamo-terrorisme que Donald Trump, qui a déjà interdit l’entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays essentiellement musulmans (mais dont le Bangladesh ne fait pas partie), a immédiatement rappelé lundi soir « l’urgente nécessité pour le Congrès de voter des réformes législatives pour protéger les Américains ».

    En effet, a insisté le président Trump en faisant référence au visa de regroupement familial qui a permis à Akayed Ullah de venir aux Etats-Unis, « le Congrès doit mettre fin aux migrations en chaîne ». Avant de réaffirmer, comme il l’avait judicieusement fait en octobre, que les auteurs d’actes terroristes méritent « les peines les plus lourdes », y compris la peine de mort.

    Franck Delétraz

    Article paru dans Présent daté du 13 décembre 2017

    https://fr.novopress.info/208834/attentat-de-new-york-limmigration-encore-en-cause-par-franck-deletraz/

  • DAMIEN RIEU : « NOUS SOMMES TRÈS LOURDEMENT CONDAMNÉS, MAIS NOUS IRONS JUSQU’AU BOUT SI NOUS SOMMES SOUTENUS PAR LA COMMUNAUTÉ DES PATRIOTES ! »

    13b6a4bda01e07123ad05d5a97520150.jpgPour avoir occupé pacifiquement le chantier de la grande mosquée de Poitiers, Damien Rieu et quatre autres militants de Génération identitaire ont été condamnés en première instance à un an de prison avec sursis, une forte amende et la déchéance de leurs droits civiques pour cinq ans.

    Une « cagnotte » a été ouverte sur le site Leetchi.com pour aider les condamnés à s’acquitter de leurs frais d’avocat. Cet appel aux dons vient d’être bloqué par le site.

    Damien Rieu s’en explique au micro de Boulevard Voltaire.

    Damien Rieu, vous avez été condamné avec quatre autres militants de Génération identitaire à un an de prison avec sursis, une forte amende et une déchéance de vos droits publics d’une durée de cinq ans. Quel est votre sentiment vis-à-vis de cette condamnation ?

    Je crois que c’est une victoire pour les islamistes. C’est une mosquée radicale, un imam radical avec des fréquentations sulfureuses qui fait la promotion de prédicateurs très dangereux dans son institut. C’est aussi une défaite pour les victimes de l’islamisme et pour ceux qui se battent contre le terrorisme qui a fait tant de morts dans notre pays.

    Pour payer l’amende à laquelle vous avez été condamné, vous aviez ouvert une cagnotte sur Leetchi. Celle-ci a été fermée pour des raisons assez vagues.
    Savez-vous pourquoi ?

    Il est interdit, en France, de faire des cagnottes pour payer des amendes. En revanche, c’est autorisé pour payer les frais d’avocat. C’est pourquoi nous avions organisé une collecte exclusivement pour les frais d’avocat. Cette cagnotte marchait très bien. Beaucoup de gens sont en colère à propos de cette décision de justice et ont voulu nous aider. Nous avons récolté plusieurs milliers d’euros en quelques heures.
    Des militants d’extrême gauche l’ont vue sur Internet. Ils ont donc mis la pression sur Leetchi en prétextant que la collecte était illégale, car ayant vocation à payer des amendes. Nous avons pourtant toujours communiqué que la vocation de cette collecte était de payer la procédure d’appel.
    Leetchi a cédé sous la pression de nos adversaires et a prétexté avoir besoin de renseignements complémentaires sur la destination des fonds. Ce matin, ils ont changé de discours. Ils ferment la cagnotte et remboursent les dons, soi-disant parce qu’ils ne savent pas d’où viennent les fonds…
    On voit bien que ce changement de raison est d’abord politique. Ils essayent de trouver des raisons pour s’en sortir, mais il est clair qu’il s’agit d’une censure politique.

    Considérez-vous qu’il y a une partie politique dans votre jugement ?

    On voit très clairement qu’avec une méthode d’action équivalente, voire bien plus grave, puisque Notre-Dame de Paris est consacrée depuis bien longtemps – ce qui n’est pas le cas du chantier de la mosquée que nous avons occupé -, les Femen ont été relaxées.
    Nous n’y avons fait aucune dégradation et le lieu de culte n’était pas consacré, et pourtant nous sommes très lourdement condamnés.
    Je ne vois pas comment les citoyens qui observent ce jugement ne peuvent pas voir le cruel deux poids deux mesures dans les verdicts.

    Allez-vous faire appel du verdict ?

    Nous avons pris la peine maximale. Donc, nous allons faire appel, puis nous irons en Cassation et à la Cour européenne des droits de l’homme s’il le faut. Nous pourrons le faire si nous sommes soutenus pour les frais juridiques par toute la communauté des patriotes et militants anti-islamistes.
    Si nous sommes soutenus, nous irons jusqu’au bout et nous ferons les démarches utiles et nécessaires pour être blanchis.

     Collaborateur FN
  • « L’islamisation de la France est parfaitement programmée par le monde musulman »

    Francois-Billot-de-Lochner-588x330.jpg

    François Billot de Lochner, haut fonctionnaire président de la Fondation de Service politique, vient de publier, aux éditions Pierre Guillaume De Roux, une Chronique de l’islamisation ordinaire de la France dans laquelle il dresse un constat sans appel. Il a été interrogé par Breizh Info. Voici cet entretien. Polémia

    Breizh Info : Pouvez vous vous présenter à nos lecteurs ?

    François de Lochner : En tant que président de la Fondation de service politique, je dénonce sans relâche le déclin continu de la France, qui risque de s’achever par sa disparition si nous n’y prenons garde. A cet égard, la dizaine de livres que j’ai écrits depuis 15 ans pointe tous les affaissements politiques, économiques, sociaux, moraux, religieux ou culturels de notre pays, mettant en exergue les forces de déconstruction à la manœuvre, analyse les gigantesques problèmes auxquels nous somment confrontés et tente d’apporter des solutions à un déclin qui n’est pas irrémédiable.

    Breizh Info : Il y a eu de nombreux ouvrages, ces dix dernières années, traitant de « l’islamisation de la France ». Qu’est ce que le vôtre souhaite apporter de plus ?

    François de Lochner : Mon livre ne ressemble pas aux ouvrages que vous évoquez. En effet, il a pour objectif de dévoiler la pensée des leaders musulmans français, européens ou mondiaux, en partant de ce qu’ils disent sur l’islamisation du monde. Depuis plus d’un demi-siècle, tout ce qu’ils disent ou écrivent va dans le même sens : la France deviendra islamique dans un court délai.

    En même temps, ces leaders indiquent aux musulmans du monde entier la meilleure façon d’opérer pour qu’il en soit ainsi. Je démontre donc que l’islamisation de la France est parfaitement programmée par le monde musulman, qui s’appuie sur la lâcheté et la compromission des élites politico-médiatiques, ainsi que sur la soumission pour le moins surprenante du peuple français.

    Breizh Info : Nous avons publié une étude du très sérieux Pew Research Center concernant la progression de l’islam en France et en Europe. Vous la jugez sous-évaluée. Pourquoi ? Sur quoi vous basez-vous pour faire une telle affirmation ?

    François de Lochner : Je vous renvoie à de multiples études, infiniment plus sérieuses que celle que vous signalez. Il suffit de projeter quelques chiffres pour savoir que nous serons un pays majoritairement musulman dans une trentaine d’années. Parmi les chiffres qu’il faut avoir en tête, en voici quelques-uns : la population immigrée sur plusieurs générations est comprise entre 15 et 20 millions de personnes ; le taux de fécondité des femmes blanches est de 1,6, contre le double environ pour les populations immigrées ; nous accueillons chaque année 400.000 personnes environ, dont l’immense majorité est musulmane.

    La projection de ces quelques chiffres, qui peuvent être affinés par d’autres chiffres qui vont dans le même sens, aboutissent à un résultat non contestable : la France sera majoritairement musulmane dans une trentaine d’années. L’étude que vous citez est donc complètement erronée. Pour mémoire, je vous rappelle qu’il y a quelques mois, Alain Juppé affirmait à la télévision que l’immigration concernait moins de 100 000 personnes… A ce niveau de mensonge, les bras nous en tombent.

    Breizh Info : Dans votre livre, vous citez des exemples de pays, notamment musulmans, qui ont pris des mesures pour endiguer l’islamisation de leur société. Pouvez-vous revenir dessus ?

    François de Lochner : Certains pays musulmans, en effet, ont compris que l’islam politico-religieux pouvait aboutir à détruire les valeurs traditionnelles de leur société. Ainsi, le Tadjikistan, musulman dans sa quasi-totalité et dirigé par un musulman, a pris des mesures coercitives pour contrer l’islamisation de la société. Par exemple, le port du voile ou la barbe islamique ne sont pas les bienvenus.

    Il n’est pas inutile, en complément de cet exemple, de citer les positions de certains musulmans ayant des postes de responsabilité en Occident. A cet égard, le maire de Rotterdam, musulman convaincu, refuse catégoriquement l’islamisation de sa ville et agit en conséquence : si les musulmans ne veulent pas respecter les valeurs fondamentales des Pays-Bas, qu’ils s’en aillent… À l’inverse, le maire de Londres, musulman très proche de l’organisation terroriste des Frères musulmans, organise en sous-main l’islamisation de la Grande-Bretagne.

    Breizh Info : Alain Wagner a récemment livré une interview dans laquelle il confirme la thèse d’Eurabia, qui accable l’Union européenne qui aurait « vendu » l’Europe aux organisations islamiques et au monde musulman. Accréditez-vous cette thèse ?

    François de Lochner : Comme je le disais tout à l’heure, la compromission et la lâcheté des « élites » politico-médiatiques, de l’Union européenne en général et de la France en particulier, correspondent objectivement à une sorte de « vente » de l’Occident au monde musulman. La soumission est partout et rend le combat particulièrement difficile.

    Breizh Info : Finalement, votre constat est très long, mais votre « Que faire ? » est assez court. N’avez-vous donc pas un message d’espoir à faire passer ?

    François de Lochner : Le message d’espoir est dans mon livre, et notamment dans le « Que faire », qui me semble suffisamment long. En effet, ce « Que faire » n’a aucunement l’intention d’être exhaustif, mais donne quelques coups de projecteur sur l’action que chacun d’entre nous peut mener pour ne pas se retrouver un jour en République française islamique. Je préfère quelques actions ciblées et menées, à une litanie d’actions exhaustives mais restant lettres mortes. Mon livre a pour objectif d’éveiller les consciences, de chacun d’entre nous comme de celles des « élites politico-médiatiques ».

    François de Lochner 07/12/2017

    Propos recueillis par Yann Vallerie

    Source : Breizh Info

    François Billot de Lochner, Chronique de L’islamisation ordinaire de la France, éditions Pierre Guillaume de Roux, 27 octobre 2017, 300 pages

    https://www.polemia.com/lislamisation-de-la-france-est-parfaitement-programmee-par-le-monde-musulman/