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lobby - Page 2131

  • Le lobby israélien aux États-Unis

    Depuis ces dernières décennies, et en particulier depuis la guerre des Six Jours en 1967, la pièce maîtresse de la politique moyen-orientale des États-Unis a été sa relation avec Israël. La combinaison du soutien constant à Israël et de l’effort lié pour répandre la « démocratie » dans toute la région a enflammé l’opinion arabe et islamique et a compromis non seulement la sécurité des États-Unis mais aussi celle d’une grande partie du reste du monde.

    Cette situation n’a pas d’égal dans l’histoire politique américaine. Pourquoi les États-Unis ont-ils été prêts à mettre de côté leur propre sécurité et celle de plusieurs de leurs alliés pour soutenir les intérêts d’un autre État ? On pourrait supposer que la relation entre les deux pays était basée sur des intérêts stratégiques communs ou des impératifs moraux irrésistibles, mais aucune de ces interprétations ne peut expliquer le niveau remarquable du soutien matériel et diplomatique que fournissent les États-Unis.

    Au lieu de cela, l’impulsion de la politique des États-Unis dans la région dérive presque entièrement de la politique domestique, et en particulier des activités du « lobby israélien ». D’autres groupes avec des intérêts particuliers sont parvenus à biaiser la politique étrangère, mais aucun lobby n’est parvenu à la détourner aussi loin de ce que l’intérêt national pourrait suggérer, tout en convainquant simultanément les Américains que les intérêts des États-Unis et ceux de l’autre pays – dans ce cas-ci, Israël – sont essentiellement identiques.

    Depuis la guerre d’octobre 1973 [guerre du Kippour, ndlr], Washington a fourni à Israël un soutien en diminuant celui qui était donné aux autres États. Israël a été le plus grand bénéficiaire de l’aide économique directe et de l’assistance militaire annuelles depuis 1976, et est au total le plus grand bénéficiaire depuis la Seconde Guerre mondiale, pour un montant de plus de 140 milliards de dollars (en 2004). Israël reçoit environ 3 milliards de dollars par an en aide directe, soit environ un cinquième du budget de l’aide étrangère, et une somme d’environ 500 dollars par an par Israélien. Cette largesse heurte particulièrement depuis qu’Israël est maintenant un État industriel riche avec un revenu par personne à peu près égal à celui de la Corée du Sud ou de l’Espagne.

    D’autres bénéficiaires obtiennent leur argent par des acomptes trimestriels, mais Israël reçoit la totalité de sa dotation au début de chaque exercice budgétaire et peut donc empocher dessus des intérêts. La plupart des bénéficiaires de l’aide attribuée à des fins militaires doivent la dépenser en totalité aux États-Unis, mais Israël est autorisé à utiliser environ 25 % de son attribution pour subventionner sa propre industrie de la défense. C’est le seul bénéficiaire qui n’a pas à expliquer comment l’aide est dépensée, ce qui rend pratiquement impossible d’empêcher l’argent d’être utilisé pour des besoins auxquels les États-Unis s’opposent, comme la construction de colonies en Cisjordanie. D’ailleurs, les États-Unis ont fourni à Israël presque 3 milliards de dollars pour développer des systèmes d’armements, et lui ont donné l’accès des armements top niveau comme les hélicoptères Black Hawk et les jets F-16. Enfin, les États-Unis donnent à Israël l’accès aux renseignements qu’ils refusent à ses alliés de l’OTAN et ferment les yeux sur l’acquisition par Israël d’armes nucléaires.

    Washington fournit également à Israël un soutien diplomatique constant. Depuis 1982, les États-Unis ont mis leur veto à 32 résolutions du Conseil de sécurité critiquant Israël, soit plus que l’ensemble des vetos formulés par tous les autres membres du Conseil de sécurité. Il bloque les efforts des États arabes pour mettre l’arsenal nucléaire israélien sur l’agenda de l’AIEA. Les États-Unis viennent à la rescousse en temps de guerre et prennent le parti d’Israël dans les négociations de paix. L’administration Nixon l’a protégé contre la menace d’une intervention soviétique et l’a réapprovisionné pendant la guerre du Kippour. Washington s’est profondément impliqué dans les négociations qui ont mis fin à cette guerre, comme pendant toute la durée du processus « étape par étape » qui a suivi, tout comme il a joué un rôle clé dans les négociations qui ont précédé et suivi les accords d’Oslo de 1993. Dans chaque cas, il y avait des frictions occasionnelles entre les responsables américains et israéliens, mais les États-Unis ont uniformément soutenu la position israélienne. Un participant américain à Camp David en 2000 a dit ensuite : « Beaucoup trop souvent, nous agissions... en tant qu’avocat d’Israël. » Enfin, l’ambition de l’administration Bush de transformer le Moyen-Orient a au moins en partie pour but l’amélioration de la situation stratégique d’Israël.

    Cette générosité extraordinaire pourrait être compréhensible si Israël possédait des atouts stratégiques vitaux ou s’il y avait une raison morale irrésistible pour un soutien américain. Mais aucune de ces explications ne convainc. On pourrait arguer du fait qu’Israël était un atout pendant la Guerre froide. En servant de représentant de l’Amérique après 1967, il a aidé à contenir l’expansion soviétique dans la région et a infligé des défaites humiliantes aux clients de l’Union soviétique comme l’Égypte et la Syrie. Il a de temps en temps aidé à protéger d’autres alliés des États-Unis (comme le roi Hussein de Jordanie) et ses prouesses militaires ont forcé Moscou à dépenser plus pour soutenir ses propres États-clients. Il a également fourni des renseignements utiles sur les capacités soviétiques.

    Le soutien à Israël ne fut pas bon marché, cependant, il a compliqué les relations de l’Amérique avec le monde Arabe. Par exemple, la décision de donner 2,2 milliards de dollars en aide militaire d’urgence pendant la Guerre d’Octobre a déclenché un embargo sur le pétrole de l’OPEP qui a infligé des dégâts considérables sur les économies occidentales. Pour tout cela, les forces armées israéliennes n’étaient pas en mesure de protéger les intérêts américains dans la région. Les États-Unis n’ont pas pu, par exemple, compter sur Israël quand la révolution iranienne en 1979 soulevait des inquiétudes au sujet de la sécurité des approvisionnements en pétrole, et ils ont dû créer leur propre force de déploiement rapide.

    La première guerre du Golfe a montré à quel point Israël devenait un fardeau stratégique. Les États-Unis ne pouvaient pas utiliser des bases israéliennes sans rompre la coalition anti-irakienne, et ont dû détourner des ressources (par exemple des batteries de missiles Patriot) pour empêcher que Tel Aviv fasse quoi que ce soit qui pourrait nuire à l’alliance contre Saddam Hussein. L’histoire s’est répétée en 2003 : bien qu’Israël fût pressé d’une attaque de l’Irak par les États-Unis, Bush ne pouvait pas lui demander de l’aide sans déclencher une opposition arabe. Ainsi Israël est encore resté sur la ligne de touche.

    Au début des années 90, et encore plus après le 11 Septembre, le soutien des États-Unis a été justifié par l’affirmation que les deux États étaient menacés par des groupes terroristes originaires du monde arabe et musulman, et par des « États voyous » qui soutiennent ces groupes et qui sont à la recherche d’armes de destruction massive. Cela signifiait que non seulement Washington devait laisser les mains libres à Israël face aux Palestiniens et de ne pas insister pour qu’il fasse des concessions jusqu’à ce que tous les terroristes palestiniens soient emprisonnés ou morts, mais aussi que les États-Unis devaient s’en prendre à des pays comme l’Iran et la Syrie. Israël est donc vu comme un allié crucial dans la guerre contre le terrorisme, parce que ses ennemis sont les ennemis de l’Amérique. En fait, Israël est un handicap dans la guerre contre le terrorisme et dans l’effort plus large de s’occuper des États voyous.

    Le « terrorisme » n’est pas un seul adversaire, mais une stratégie utilisée par un grand nombre de groupes politiques. Les organisations terroristes qui menacent Israël ne menacent pas les États-Unis, sauf quand ils interviennent contre eux (comme au Liban en 1982). D’ailleurs, le terrorisme palestinien n’est pas une violence dirigée par hasard contre Israël ou « l’Occident » ; c’est en grande partie une réponse à la campagne prolongée d’Israël pour coloniser la Cisjordanie et la bande de Gaza.

    Plus important, dire qu’Israël et les États-Unis sont unis par une menace terroriste commune a derrière un lien de cause à effet : les États-Unis ont un problème de terrorisme en grande partie parce qu’ils sont de si proches alliés d’Israël, et non le sens inverse. Le soutien à Israël n’est pas la seule source du terrorisme anti-américain, mais il est important, et cela rend la guerre contre le terrorisme plus difficile à gagner. On ne doute pas que de nombreux chefs d’Al-Qaida, y compris Oussama Ben Laden, sont motivés par la présence d’Israël à Jérusalem et par la situation difficile des Palestiniens. Le soutien inconditionnel à Israël aide les extrémistes à rallier un soutien populaire et à attirer des recrues.

    Quant aux prétendus États voyous du Moyen-Orient, ils ne sont pas une grande menace pour les intérêts vitaux des États-Unis, sauf dans la mesure où ils sont une menace pour Israël. Même si ces États acquerraient des armes nucléaires – ce qui est évidemment indésirable – ni l’Amérique ni l’Israël ne pourrait faire l’objet d’un chantage, parce que le maître-chanteur ne pourrait pas mettre la menace à exécution sans souffrir de représailles terribles. Le danger d’un approvisionnement en nucléaire aux terroristes est également écarté, parce qu’un État voyou ne pourrait pas être sûr que le transfert ne serait pas détecté ou qu’il ne serait pas blâmé et puni ensuite. La relation avec Israël rend réellement aux États-Unis la tache plus difficile pour s’occuper de ces États. L’arsenal nucléaire d’Israël est l’une des raisons pour lesquelles une partie de ses voisins désire des armes nucléaires, et les menacer d’un changement de régime ne peut qu’augmenter ce désir.

    Une dernière raison pour remettre en cause la valeur stratégique d’Israël, c’est qu’il ne se comporte pas comme un allié fidèle. Les responsables israéliens ignorent fréquemment les demandes américaines et renoncent à leurs promesses (y compris les engagements à cesser la construction de colonies et à s’abstenir d’« assassinats ciblés » de responsables palestiniens). Israël a fourni une technologie militaire sensible à des rivaux potentiels comme la Chine, dans ce que l’inspecteur-général du département d’État a appelé « un modèle systématique et croissant des transferts non-autorisés ». Selon le General Accounting Office, Israël a également « mené des opérations d’espionnage plus agressives contre les Etats-Unis que n’importe quel allié ». En plus de l’affaire Jonathan Pollard, qui a donné à Israël de grandes quantités de matériel secret au début des années 80 (qu’il aurait transmis à l’Union soviétique en échange de visas de sortie supplémentaires pour les juifs soviétiques), une nouvelle polémique a éclaté en 2004 quand il a été révélé qu’un haut responsable du Pentagone appelé Larry Franklin avait passé des informations secrètes à un diplomate israélien. Israël n’est pas le seul pays qui espionne les États-Unis, mais sa bonne volonté à espionner ses principaux protecteurs font plus que douter de sa valeur stratégique.

    La valeur stratégique d’Israël n’est pas le seul problème. Ses supporters arguent également du fait qu’il mérite un soutien total parce qu’il est faible et entouré d’ennemis ; c’est une démocratie ; les Juifs ont souffert des crimes du passé et méritent donc un traitement spécial ; et la conduite d’Israël a été moralement supérieure à celle de ses adversaires. À y regarder de près, aucun de ces arguments n’est persuasif. Il y a une forte raison morale pour soutenir l’existence d’Israël, mais elle n’est pas en péril. D’un point de vue objectif, sa conduite passée et présente n’offre aucune base morale pour le privilégier face aux Palestiniens.

    Israël est souvent dépeint comme David confronté à Goliath, mais l’inverse est plus proche de la vérité. Contrairement à la croyance populaire, les sionistes avaient des forces plus grandes, mieux équipées et mieux dirigées pendant la guerre d’Indépendance de 1947-49, et les forces de défense israéliennes ont gagné des victoires rapides et faciles contre l’Égypte en 1956 et contre l’Égypte, la Jordanie et la Syrie en 1967 – tout cela avant que l’immense aide américaine commence à affluer. Aujourd’hui, Israël est la force militaire la plus puissante du Moyen-Orient. Ses forces conventionnelles sont de loin supérieures à celles de ses voisins et c’est le seul État dans la région qui possède des armes nucléaires. L’Égypte et la Jordanie ont signé des traités de paix avec lui, et l’Arabie Saoudite a offert de le faire. La Syrie a perdu son protecteur soviétique, l’Irak a été dévasté par trois guerres désastreuses et l’Iran est à des milliers de kilomètres. Les Palestiniens ont à peine une force de police efficace, encore moins une armée qui pourrait constituer une menace pour Israël. Selon une estimation du Centre Jaffee pour les études stratégiques de l’université de Tel Aviv en 2005, « l’équilibre stratégique favorise décidément Israël, qui continue à élargir le fossé qualitatif entre ses propres capacités militaires et son pouvoir de dissuasion et celles de ses voisins ». Si soutenir l’opprimé était un motif irrésistible, les États-Unis soutiendrait les adversaires d’Israël.

    Qu’Israël soit une démocratie amie entourée par des dictatures hostiles ne peut pas expliquer le niveau actuel de l’aide : il y a beaucoup de démocraties dans le monde, mais aucune ne reçoit un soutien aussi somptueux. Les États-Unis ont par le passé renversé des gouvernements démocratiques et soutenu des dictateurs quand cela pouvait faire avancer ses intérêts – ils ont de bonnes relations avec un certain nombre de dictatures aujourd’hui.

    Quelques aspects de la démocratie israélienne sont en désaccord avec les valeurs de base des Américains. À la différence des États-Unis, où les gens sont censés avoir une égalité des droits indépendamment de leur race, leur religion ou leur appartenance ethnique, Israël a été explicitement fondé en tant qu’État juif et la citoyenneté est basée sur le principe de la parenté de sang. Étant donné ceci, il n’est pas étonnant que ses 1,3 millions d’Arabes soient traités comme des citoyens de seconde zone, ou qu’une récente commission du gouvernement israélien ait constaté qu’Israël se comporte d’une façon « négligeante et discriminatoire » envers eux. Son statut démocratique est également miné par son refus d’accorder aux Palestiniens leur propre État viable ou l’intégralité de leurs droits politiques.

    Une troisième justification est l’histoire de la souffrance des juifs dans l’Occident chrétien, en particulier pendant l’Holocauste. Puisque les Juifs ont été persécutés pendant des siècles et qu’ils ne peuvent se sentir en sécurité que dans une patrie juive, beaucoup de gens pensent maintenant qu’Israël mérite un traitement spécial de la part des États-Unis. La création du pays était assurément une réponse appropriée au long registre des crimes contre les juifs, mais cela a également provoqué de nouveaux crimes contre un tiers en grande partie innocent : les Palestiniens.

    Cela avait été bien compris par les premiers responsables d’Israël. David Ben-Gourion avait indiqué à Nahum Goldmann, le président du Congrès juif mondial :

    « Si j’étais un leader arabe je ne signerais jamais un accord avec Israël. C’est normal : nous avons pris leur pays... Nous venons d’Israël, mais il y a deux mille ans, et qu’est-ce que c’est pour eux ? Il y a eu l’antisémitisme, les nazis, Hitler, Auschwitz, mais quelle est leur faute ? Ils voient seulement une chose : nous sommes venus ici et nous avons volé leur pays. Pourquoi devraient-ils accepter cela ? »

    Depuis lors, les responsables israéliens ont à plusieurs reprises cherché à nier les « ambitions nationales » des Palestiniens. Quand elle était Premier ministre, Golda Meir a fait cette fameuse remarque :

    « Il n’y a jamais eu ce qu’on appelle les Palestiniens. »

    La pression de la violence extrémiste et la croissance de la population palestinienne ont forcé les responsables israéliens au désengagement de la bande de Gaza et à envisager d’autres compromis territoriaux, mais même Yitzhak Rabin ne voulait pas offrir aux Palestiniens un État viable. La soi-disant « offre généreuse d’Ehud Barak » à Camp David leur aurait donné seulement un ensemble de Bantustans désarmés sous contrôle israélien. L’histoire tragique des Juifs n’oblige pas les États-Unis à aider Israël aujourd’hui quoi qu’il fasse.

    Les supporters d’Israël le dépeignent également comme un pays qui a cherché la paix dès qu’il pouvait et qui a montré beaucoup de retenue même lorsqu’il était provoqué. On dit que les Arabes, en revanche, agissent avec une grande méchanceté. Pourtant, sur le terrain, les actes d’Israël ne se distinguent pas de ceux de ses adversaires. Ben-Gourion a reconnu que les premiers sionistes étaient loin d’être bienveillants envers les Arabes palestiniens, qui ont résisté à leurs usurpations – ce qui est à peine étonnant, étant donné que les sionistes essayaient de créer leur propre État sur la terre arabe. De la même manière, la création d’Israël en 1947-48 a impliqué des actes de nettoyage ethnique, y compris des exécutions, des massacres et des viols par les juifs, et la conduite ultérieure d’Israël a souvent été brutale, démentant tout supériorité morale. Entre 1949 et 1956, par exemple, les forces de sécurité israéliennes ont tué entre 2 700 et 5 000 Arabes qui revenaient en s’infiltrant ; la grande majorité d’entre eux n’étaient pas armés. Elles ont assassiné des centaines de prisonniers de guerre égyptiens dans les guerres de 1956 et 1967, alors qu’en 1967, elles expulsaient entre 100 000 et 260 000 Palestiniens de la Cisjordanie nouvellement conquise, et ont conduit 80 000 Syriens hors des hauteurs du Golan.

    Pendant la Première Intifada, Tsahal distribuait à ses troupes des matraques et les encourageait à briser les os des protestataires palestiniens. La section suédoise de Save the Children a estimé qu’entre « 23 600 et 29 900 enfants ont eu besoin de soins médicaux pour leurs blessures suite aux tabassages lors des deux premières années de l’Intifada ». Presque d’un tiers d’entre eux étaient âgés de 10 ans ou moins. La réponse à la Seconde Intifada a été bien plus violente, menant Ha’aretz à déclarer que « Tsahal se transforme en machine à tuer dont l’efficacité inspire la crainte, et choque pourtant. » L’Armée de défense d’Israël a tiré un million de balles pendant les premiers jours du soulèvement. Depuis lors, pour chaque Israélien perdu, Israël a tué 3,4 Palestiniens, dont la majorité étaient des spectateurs innocents ; la proportion entre les enfants Palestiniens et les enfants Israéliens tués est encore plus élevée (5,7 pour 1). Il est également intéressant de garder à l’esprit que les sionistes utilisaient des bombes terroristes pour faire partir les Anglais de la Palestine, et que Yitzhak Shamir, au début, terroriste et ensuite Premier ministre, avait avoué que « ni l’éthique juive ni la tradition juive ne peut éliminer le terrorisme comme moyens de combat ».

    Le recours des Palestiniens au terrorisme est mauvais mais n’est pas étonnant. Les Palestiniens pensent qu’ils n’ont aucune autre moyen de forcer les Israéliens à faire des concessions. Comme Ehud Barak l’a un jour admis, s’il était né Palestinien, il « aurait rejoint une organisation terroriste ».

    Donc, si ni les arguments stratégiques ni les arguments moraux ne peuvent justifier le soutien de l’Amérique à Israël, comment l’expliquer ?

    L’explication est le pouvoir inégalé du lobby israélien. Nous utilisons « le Lobby » comme raccourci pour la coalition floue [loose coalition] d’individus et d’organisations qui travaille activement pour orienter la politique étrangère des États-Unis dans une direction pro-israélienne. Ceci n’est pas censé suggérer que « le Lobby » est un mouvement uni avec une direction générale, ou que les individus qui en font partie ne sont pas en désaccord sur certaines questions. Tous les Américains juifs ne font pas partie du Lobby, parce que Israël n’est pas un sujet proéminent pour bon nombre d’entre eux. Dans une enquête de 2004, par exemple, environ 36 % des juifs américains ont déclaré qu’ils étaient « pas vraiment » ou « pas du tout » émotionnellement attachés à Israël.

    Les Américains juifs se différencient également sur des politiques israéliennes spécifiques. Plusieurs des principales organisations du Lobby, telles que le Comité aux affaires publiques américano-israéliennes (AIPAC) et la Conférence des présidents des principales organisations juives, sont dirigées par des intransigeants qui soutiennent généralement la politique expansionniste du parti du Likoud, y compris son hostilité au processus de paix d’Oslo. La majeure partie des juifs américains est par contre plus encline à faire des concessions aux Palestiniens, et quelques groupes – tels que Jewish Voice for Peace – préconisent fortement de telles initiatives. En dépit de ces différences, les modérés et les intransigeants sont tous en faveur d’un soutien absolu à Israël.

    Sans surprise, les leaders juifs américains consultent souvent les responsables israéliens, pour s’assurer que leurs actions font avancer les objectifs israéliens. Comme l’a écrit un activiste d’une importante organisation juive, « Nous disons souvent : “C’est notre politique sur une certaine question, mais nous devons vérifier ce que pensent les Israéliens.” Nous, en tant que communauté, le faisons tout le temps. » Il y a un gros préjudice à critiquer la politique israélienne, et faire pression sur Israël est considéré comme hors de question. Edgar Bronfman Sr, Président du Congrès juif mondial, a été accusé de « perfidie » quand il a écrit une lettre au président Bush mi-2003 l’invitant à persuader Israël de limiter la construction de sa « barrière de sécurité » controversée. Ses critiques ont dit qu’il « est toujours obscène que le président du Congrès juif mondial incite le président des États-Unis à résister à la politique promue par le gouvernement israélien ».

    De même, quand le président du forum politique d’Israël, Seymour Reich, a conseillé à Condoleezza Rice en novembre 2005 de demander à Israël de rouvrir un passage des frontières critique dans la bande de Gaza, son action a été dénoncée comme « irresponsable » : « Il n’y a, ont dit ses critiques, absolument aucune place dans le principal courant juif pour une prospection active contre la politique liée à la sécurité... d’Israël. » Reculant devant ces attaques, Reich a annoncé que « le mot “pression” n’est pas dans mon vocabulaire quand il s’agit d’Israël ».

    Les Américains juifs ont créé un nombre impressionnant d’organisations pour influencer la politique étrangère américaine, dont l’AIPAC, la plus puissante et la mieux connue. En 1997, le magazine Fortune a demandé à des membres du Congrès et à leurs équipes d’énumérer les lobbies les plus puissants à Washington. L’AIPAC a été placée en seconde place derrière l’Association américaine des retraités (AARP), mais devant l’AFL-CIO et la National Rifle Association (NRA). Une enquête du National Journal en mars 2005 a tiré la même conclusion, en plaçant l’AIPAC en seconde place (à égalité avec l’AARP) dans le « classement des muscles » à Washington.

    Le Lobby comprend également des chrétiens évangélistes bien connus comme Gary Bauer, Jerry Falwell, Ralph Reed et Pat Robertson, tout comme Dick Armey et Tom Delay, d’anciens chefs de la majorité à la Chambre des Représentants, qui tous croient que la renaissance d’Israël est l’accomplissement d’une prophétie biblique et soutiennent son agenda expansionniste ; agir autrement, pensent-ils, serait contraire à la volonté de Dieu. Des gentils (non-juifs) néo-conservateurs tels que John Bolton ; Robert Bartley, l’ancien rédacteur de journal Wall Street ; William Bennett, l’ancien secrétaire de l’Éducation ; Jeane Kirkpatrick, ancien ambassadeur de l’ONU ; et l’influent chroniqueur George Will en sont également des fermes défenseurs.

    La forme du gouvernement américain offre aux activistes de nombreuses façons d’influencer le processus politique. Les groupes d’intérêt peuvent inciter les représentants élus et les membres du bureau exécutif, apportent des contributions de campagne, votent aux élections, tentent de façonner l’opinion publique, etc. Ils se réjouissent de leur influence disproportionnée quand ils s’engagent sur une question à laquelle la majeure partie de la population est indifférente. Les politiciens auront tendance à satisfaire ceux qui s’intéressent au sujet, même si leurs nombres sont petits, persuadés que le reste de la population ne les pénalisera pas pour avoir agi ainsi.

    Dans son fonctionnement de base, le lobby israélien n’est pas différent du lobby des fermiers, de celui des syndicats de l’acier ou du textile, ou d’autres lobbies ethniques. Il n’y a rien d’abusif concernant le fait que les juifs américains et leurs alliés chrétiens essayent d’influencer la politique américaine : les activités du Lobby ne sont pas une conspiration telle qu’elle est représentée dans des appareils comme les Protocoles des sages de Sion. Pour la plupart, les individus et les groupes qui en font partie font seulement ce que d’autres groupes d’intérêt font, mais le font beaucoup mieux. En revanche, les groupes d’intérêt pro-Arabes, pour autant qu’ils existent, sont faibles, ce qui rend la tâche encore plus facile au lobby israélien.

    Le Lobby poursuit deux grandes stratégies. D’abord, il utilise son influence significative à Washington, en faisant pression sur le Congrès et le bureau exécutif. Quelle que soit l’opinion d’un législateur ou d’un politicien, le Lobby tente de faire que le soutien à Israël soit le « bon » choix. En second lieu, il tâche de s’assurer que le discours public dépeigne Israël sous un jour positif, en répétant des mythes au sujet de sa création et en défendant son point de vue dans des débats politiques. Le but est d’empêcher que des commentaires critiques puissent obtenir une audience équitable dans l’arène politique. Le contrôle de la discussion est essentiel pour garantir le soutien américain, parce qu’une discussion sincère sur les relations américano-israéliennes pourrait mener les Américains à favoriser une politique différente.

    Un pilier clé de l’efficacité du Lobby est son influence au Congrès, où Israël est pratiquement immunisé contre les critiques. C’est en soi remarquable, parce que le Congrès évite rarement les sujet de controverse. Quand Israël est concerné, cependant, les critiques potentielles disparaissent. Une des raisons est que certains des membres principaux sont des sionistes chrétiens, comme Dick Armey, qui a dit en septembre 2002 : « Ma priorité numéro 1 dans la politique étrangère est de protéger Israël. » On pourrait penser que la priorité numéro 1 de tout membre du Congrès devrait être de protéger l’Amérique. Il y a également des sénateurs et des membres du Congrès juifs qui travaillent pour s’assurer que la politique étrangère des États-Unis soutienne les intérêts d’Israël.

    Une autre source du pouvoir du Lobby est son utilisation du personnel pro-israélien du Congrès. Comme l’a admis un jour Morris Amitay, un ancien chef de l’AIPAC :

    « Il y a beaucoup de types à des postes de cadres ici – sur Capitol Hill – qui s’avèrent justement être juifs, qui sont disposés... à voir certains sujets en termes de leur appartenance à la communauté juive... Ce sont tous des types qui sont en mesure de prendre une décision dans ces domaines pour ces sénateurs... On peut vous mener une vie affreuse juste au niveau de l’équipe. »

    Cependant, l’AIPAC lui-même forme le cœur de l’influence du Lobby au Congrès. Son succès est dû à sa capacité de récompenser les législateurs et les candidats au Congrès qui soutiennent son ordre du jour, et de punir ceux qui le défient. L’argent est critique dans les élections américaines (comme nous le rappelle le scandale sur les affaires douteuses du lobbyiste Jack Abramoff), et l’AIPAC s’assure que ses amis obtiennent une forte aide financière des nombreux comités d’action politique pro-israéliens. Toute personne qui est vue comme hostile à Israël peut être sûre que l’AIPAC orientera des contributions de campagne à ses adversaires politiques. L’AIPAC organise également des campagnes d’écriture de lettres et encourage les rédacteurs de journaux à approuver les candidats pro-israéliens.

    Il n’y a aucun doute sur l’efficacité de ces stratégies. Voici un exemple : aux élections de 1984, l’AIPAC a aidé à battre le sénateur Charles Percy de l’Illinois, qui, selon un haut responsable du Lobby, avait montré « de l’insensibilité et même de l’hostilité envers nos intérêts ». Thomas Dine, le chef de l’AIPAC à l’époque, a expliqué ce qui s’est produit :

    « Tous les Juifs en Amérique, d’une côte à l’autre, se sont réunis pour évincer Percy. Et les politiciens américains – ceux qui occupent des positions publiques maintenant, et ceux qui y aspirent – ont reçu le message. »

    L’influence de l’AIPAC sur la colline du Capitole va même encore plus loin. Selon Douglas Bloomfield, un ancien membre de la direction de l’AIPAC, « il est commun pour les membres du Congrès et leurs équipes de se tourner d’abord vers l’AIPAC quand ils ont besoin d’information, avant d’appeler la Bibliothèque du Congrès, le service de recherches du Congrès, le personnel du comité ou des experts en matière d’administration ». Plus important, il note que l’AIPAC « est souvent invité à rédiger des discours, à travailler sur la législation, à conseiller sur des stratégies, à effectuer des recherches, à rassembler des co-sponsors et des votes de marshal ».

    Le résultat est que l’AIPAC, agent d’un gouvernement étranger, a la mainmise sur le Congrès, avec comme conséquence : la politique américaine envers Israël n’y est pas discutée, bien que cette politique ait des conséquences importantes pour le monde entier. En d’autres termes, une des trois principales branches du gouvernement est fermement investie dans le soutien à Israël. Comme le remarquait un ancien sénateur Démocrate, Ernest Hollings, en quittant le bureau : « Vous ne pouvez pas avoir une politique israélienne autre que celle que l’AIPAC vous donne ici. » Ou comme ce qu’a dit un jour Ariel Sharon à un public américain : « Quand les gens me demandent comment ils peuvent aider Israël, je leur dis : “Aidez l’AIPAC.” »

    Grâce en partie à l’influence qu’ont les électeurs juifs sur les élections présidentielles, le lobby a également un pouvoir significatif sur l’exécutif. Bien qu’ils constituent moins de 3 % de la population, ils font de grosses donations de campagne aux candidats des deux partis. Le Washington Post a par le passé estimé que les candidats démocrates à l’élection présidentielle « dépendent des partisans juifs, qui fournissent au moins de 60 % de l’argent ».

    Et parce que les électeurs juifs ont des taux élevés de participation aux élections et sont concentrés dans les États clés comme la Californie, la Floride, l’Illinois, New York et la Pennsylvanie, les candidats à la présidence vont loin pour ne pas les contrarier. Les principales organisations du Lobby travaillent à s’assurer que les critiques d’Israël n’obtiennent pas de postes importants en politique étrangère. Jimmy Carter voulait que George Ball soit son premier secrétaire d’État, mais il savait que Ball était connu comme un critique d’Israël et que le Lobby s’opposerait à sa nomination. De cette façon, tout aspirant politicien est encouragé à devenir un défenseur d’Israël manifeste, c’est pourquoi les critiques publics de la politique israélienne sont devenus des espèces en danger dans l’establishment de la politique étrangère.

    Quand Howard Dean a appelé les États-Unis à prendre un rôle « plus équitable » dans le conflit arabo-israélien, le sénateur Joseph Lieberman l’a accusé de vendre Israël et a dit que sa déclaration était « irresponsable ». Pratiquement tous les principaux démocrates à la Chambre des Représentants ont signé une lettre critiquant les remarques de Dean, et le Chicago Jewish Star a rapporté que : « Des activistes anonymes... encombrent les boites mails des responsables juifs du pays, pour prévenir – sans beaucoup de preuve – que Dean serait plutôt mauvais pour Israël. »

    Cette inquiétude était absurde ; Dean est, en fait, tout à fait pro-Israélien : son co-responsable de campagne était un ancien président de l’AIPAC, et Dean a déclaré que ses propres opinions sur le Moyen-Orient étaient plus proches de celles de l’AIPAC que celles des plus modérés que sont Americans for Peace Now. Il avait simplement suggéré que « en réunisant les deux parties », Washington agirait en tant qu’intermédiaire honnête. C’est une idée difficilement perceptible comme radicale, mais le Lobby ne tolère pas l’impartialité.

    Pendant l’administration Clinton, la politique moyen-orientale était en grande partie façonnée par des responsables ayant des liens étroits avec Israël ou d’importantes organisations pro-israéliennes ; parmi eux, Martin Indyk, l’ancien directeur adjoint de la recherche à l’AIPAC et le co-fondateur du pro-israélien Washington Institute for Near East Policy (WINEP) ; Dennis Ross, qui a rejoint le WINEP après avoir quitté le gouvernement en 2001 ; et Aaron Miller, qui a habité en Israël et visite souvent le pays. Ces hommes étaient parmi les conseillers les plus proches de Clinton au sommet de Camp David en juillet 2000. Tous les trois soutenaient le processus de paix d’Oslo et privilégiaient la création d’un État palestinien ; mais ils l’ont fait seulement dans les limites de ce qui semblerait acceptable pour Israël. La délégation américaine a pris ses consignes auprès d’Ehud Barak, a coordonné à l’avance avec Israël ses positions de négociation, et n’a pas offert de propositions indépendantes. Sans surprise, les négociateurs palestiniens se sont plaints qu’ils « étaient en pourparlers avec deux équipes israéliennes – l’une affichant un drapeau israélien, et l’autre un drapeau américain ».

    La situation [était] bien plus prononcée dans l’administration Bush, dont les rangs comprenaient des avocats aussi fervents de la cause israélienne comme Elliot Abrams, John Bolton, Douglas Feith, I. Lewis (« Scooter ») Libby, Richard Perle, Paul Wolfowitz et David Wurmser. Comme nous le verrons, ces responsables ont uniformément poussé pour des politiques privilégiées par Israël et soutenues par des organisations du Lobby.

    [Fin de la première partie]

    http://www.egaliteetreconciliation.fr/Le-lobby-israelien-aux-Etats-Unis-20632.html

    Source originale en anglais : lrb.co.uk

    Traduction : ism-france.org

    John Mearsheimer est professeur émérite de sciences politiques à l’université de Chicago et est l’auteur de The Tragedy of Great Power Politics.
    Stephen Walt est professeur émérite des relations internationales à la Kennedy School of Government d’Harvard et est l’auteur du livre intitulé
    Taming American Power : The Global

  • HD: 1 an après son élection: la vidéo qui fait mal à Hollande

  • « Plus belle la vie », la série télévisée comme moyen de formatage de l’opinion

    Les médias dominants sont les nouvelles « troupes d’occupation mentale (*) ».
    Ils ne trafiquent pas seulement l’information. Ils agissent aussi en profondeur sur l’opinion à travers les fictions. Ainsi, sur France 3, la série quotidienne Plus belle la vie n’est rien d’autre qu’un instrument de propagande au service de la société multiculturelle, du métissage et de l’antiracisme. Située à Marseille, cette fiction décrit une situation sans rapport avec la réalité locale marquée par les conflits ethniques et les violences. « De Plus belle la vie à un réel autrement moche, comment la vitrine du multiculturalisme est devenue le tableau de son échec. » Polémia publie ici des extraits de la remarquable étude réalisée par l’Observatoire des journalistes et de l’information médiatique (OJIM) intitulée « Marseille French Disconnection : de « Plus belle la vie » à un réel autrement moche ».
    Polémia.
    « Tout est politique », disaient les jeunes Maos en Mai-68. Il est difficile de savoir dans quelle mesure cette assertion insidieusement totalitaire est juste, mais ce qui est certain, c’est que lorsque ces enfants de la bourgeoisie prirent le pouvoir – qu’ils tiennent toujours –, ils décidèrent de tout politiser. C’est ainsi qu’en France, plus que dans aucune autre démocratie européenne, toute forme de médiation devint un vecteur possible de propagande. L’éducation, l’art contemporain, le cinéma, la chanson, aucun secteur ne devait échapper à l’effort de guerre idéologique inspiré des théories du penseur communiste italien Gramsci, pour lequel la révolution devait également s’opérer dans un renversement de l’ « hégémonie culturelle ». (…)
    Dans cet ordre des choses, le feuilleton Plus belle la vie, diffusé tous les soirs sur France 3, chaîne publique, à une heure de grande audience, est un véritable cas d’école. Outil de propagande du « politiquement correct » offrant une image idéalisée et totalement factice du « vivre-ensemble », ce feuilleton au succès croissant divulgue à plus de quatre millions de téléspectateurs une image positive de Marseille et de la « France telle qu’elle va vers un monde meilleur », que les événements du mois d’août 2013 ont eu tendance à inverser littéralement, révélant d’une manière saisissante l’arnaque intellectuelle en œuvre derrière le feuilleton à destination des masses.
    Marseille comme enjeu symbolique
    Il n’est pas anodin que la série star de la télévision publique se déroule à Marseille et dans un quartier, le « Mistral », directement inspiré du quartier du « Panier », un quartier de forte immigration maghrébine aujourd’hui en phase de « gentrification ». Marseille est en effet un enjeu symbolique fort, un symbole du multiculturalisme tel qu’il doit réussir, une alternative au désastre de la Seine-Saint-Denis où la mer et les cigales se substitueraient au bitume et aux crachats. « La ville est devenue un laboratoire de la modernité, une grande expérience de cohabitation entre Français d’origine et réfugiés d’Afrique du Nord », expliquait déjà en 2011 Julia Amalia Heyer dans Der Spiegel. Ce sont précisément ces raisons qui ont été mises en avant pour faire de Marseille la capitale européenne de la culture en 2013 : « Marseille est la ville la plus multiculturelle de France (…). Aux mutations culturelles qui touchent toute l’Europe, il faut proposer des réponses culturelles, et la dimension européenne est une clé pour dépasser les blocages postcoloniaux. Faire de Marseille une capitale européenne de la culture, c’est adresser un signe très fort à tous les néo-Européens. » Ainsi s’exprimait le compositeur Pierre Sauvageot pour soutenir la candidature de la ville, sur le site Rue89. Marseille, capitale moins de la culture, donc, que de l’utopie multiculturelle proposée comme modèle positif aux « néo-Européens » (i.e. les immigrés d’origine extra-européenne), et comme exemple propre à décrisper les archéo-Européens récalcitrants au changement de régime. Car le « multiculturalisme », rappelons-le, ne se résume pas à l’idée d’enrichissement d’une culture particulière par des apports exogènes, processus qui a toujours existé dans n’importe quelle culture, mais à un changement de régime politico-culturel. Là où, jusqu’alors, une culture locale dominante assimilait des éléments extérieurs nouveaux, le libéralisme mondialisé propose un régime de coexistence de cultures différentes, en quelque sorte « privatisées », pour que se substitue comme liant social, à une culture ancestrale commune, deux seuls référents : l’argent et la législation politiquement correcte. Tout cela se mettant, bien sûr, en place sur les décombres de l’ancienne culture nationale.
    « Plus belle la vie » ou le réalisme socialiste
    C’est donc pour toutes ces raisons que Marseille est devenue le territoire d’élection de l’utopie multiculturelle, et que le feuilleton de propagation de cette utopie y a pris ses quartiers. Le titre même de la série semble suggérer au téléspectateur : « La vie sera plus belle quand elle sera vécue selon les paradigmes que nous allons exposer dans la fiction suivante. » Quels sont-ils ? Le sociologue Jean-Yves Le Naour, qui a consacré une étude extasiée à la série (Plus belle la vie, la boîte à histoires, PUF) les expose ainsi :
    « On y voit des jeunes filles avorter, des homosexuels en veux-tu en voilà, une apologie de l’amour libre et du métissage, des plaidoiries pour les sans-papiers, etc. Même la question de l’islam (…) est abordée dans le feuilleton. Au centre du récit, on trouve le vivre-ensemble, le rejet du communautarisme, la promotion de ce que l’on appelle la “diversité”, et ce n’est pas un hasard si la plupart des couples de Plus belle la vie sont mixtes. Les scénaristes ont même poussé la perversion démocratique jusqu’à faire tomber amoureux un flic raciste et une policière beurette. »
    D’une certaine manière, le feuilleton suit une démarche esthétique semblable à celle prônée autrefois par le « réalisme socialiste » en art et en littérature, transposée sur l’idéologie de l’époque, l’enjeu étant de décrire le monde non tel qu’il est, mais tel qu’il devrait être si l’utopie promue était réalisée.
    Un instrument de lutte idéologique au quotidien
    En plus de cette vision artificielle du monde délayée tout au long de la série, celle-ci développe au jour le jour une lutte idéologique sur les sujets que soulève l’actualité. Un récent article d’Arrêt sur images va jusqu’à affirmer qu’ « à partir de 2007/2008, la série a engagé une lutte idéologique contre le sarkozysme en détricotant complètement les arguments de l’UMP quasiment au jour le jour. »
    En quoi consiste ce prétendu « détricotage » ? Eh bien par exemple : « Lorsque Sarkozy s’attaqua pour la première fois aux Roms, un personnage de gentil jeune gitan apparut très peu de temps après et entama une histoire d’amour avec une des jeunes vedettes de la série. » « Détricotage » ultime, et éthiquement très limite sur le service public :
    « Quelques jours avant les élections présidentielles, nous avons été témoins d’une scène extraordinaire. Dans le café du Mistral qui est le point de ralliement de tous les personnages, au comptoir, le docteur Leserman, une des figures les plus positives de la série, a exprimé, évidemment sans le nommer mais de manière très claire, qu’il n’était pas question de voter pour Sarkozy. Les autres ont opiné comme si ça allait de soi. »
    Plus récemment, lors du débat sur le mariage gay, pour donner la parole aux opposants, d’après le site de Jean-Marc Morandini, on a vu une mère de famille acariâtre insulter deux honnêtes homosexuels qui s’embrassaient innocemment. Ce « détricotage » n’a donc strictement rien à voir avec le moindre début d’argument rationnel, il consiste simplement à exploiter le sentiment d’identification du spectateur à des figures positives, lesquelles relaient l’idéologie politiquement correcte et sont victimes de figures négatives caricaturales qui assument et résument tout discours divergent : une simple manipulation émotionnelle de masse sous le couvert d’un divertissement bas de gamme.
    Ce que vous ne verrez jamais dans Plus belle la vie
    Il est aisé de montrer à Marseille le revers de la fiction, en listant par exemple un ensemble d’anecdotes qui en disent beaucoup sur la réalité de cette ville et de son lien social, mais qui, pourtant, ne seront jamais exploitées par les scénaristes de Plus belle la vie, seulement occupés à peaufiner leurs décors factices. Vous ne verrez jamais, dans ce feuilleton : « des associations tenues par des dealers notoires (…) subventionnées par des fonds publics. En échange (de quoi), les caïds de quartier tiennent les bureaux de vote ! », comme le rapporte Saïd Ahamada, créateur du collectif AME. Aucun personnage, comme Fabien, victime au quotidien d’un racisme anti-blanc dans les quartiers nord, ne sera épaulé ou écouté par les clients du Mistral, alors qu’il témoignerait de son calvaire : « Plusieurs fois, dans le métro, j’ai dû subir des “sale Gaulois !”, “mécréant !” ou d’autres injures en arabe (…). Une fois, ils ont même sorti un couteau, j’ai pris un coup de bouteille de Coca-Cola sur la tête et un coup de poing sur la tempe. Des inscriptions “va crever, Français”, il y en a jusque sur les murs de ma rue. » Jamais, le sympathique médecin de la série ne sera confronté à une situation comme celle que rapportait, dans Le Point du 16 juillet, cette médecin marseillaise, « séquestrée dans un appartement au milieu d’une dizaine de personnes qui (lui) demandent d’établir un certificat de virginité pour l’une de leurs filles. » Jamais vous n’assisterez non plus à l’éviction violente d’un camp de Roms par des habitants maghrébins excédés, comme cela s’est produit pourtant l’année dernière sans susciter l’émotion des associations antiracistes.
    L’avenir de la France
    Il serait pourtant judicieux de se pencher sur ce genre de cas, puisque si Marseille est un laboratoire du multiculturalisme, la moindre des choses serait tout de même, plutôt que fantasmer sans cesse le programme, de s’intéresser aux résultats concrets de l’expérience. Résultats d’autant plus importants qu’ils concerneraient, à terme, le territoire entier, où est déjà engagée la « multiculturisation » à marche forcée. C’est pourquoi, très naturellement et prenant au mot la doxa officielle, le journaliste dissident Eric Zemmour peut conclure au vu des événements :
    « La trilogie de Marseille n’est plus Marius, Fanny, César mais désindustrialisation, décentralisation, défrancisation. La trilogie noire de Marseille est la pointe émergée du malheur français ; Marseille est l’avenir de la France. »
    Pendant ce temps, la presse dominante a d’autres combats : relativiser la situation, pour Le Monde et Libération, ou bien, comme à Télérama ou à La Provence réagissant à une enquête du Figaro, s’élever contre le « Marseille Bashing ». Ainsi, pendant que Plus belle la vie continue d’entretenir le rêve, la presse bien-pensante traque ceux qui tenteraient de le briser, tout cela dût-il s’achever dans le pire cauchemar.
    OJIM  (Observatoire des journalistes et de l’information médiatique)
    http://www.polemia.com/plus-belle-la-vie-la-serie-televisee-comme-moyen-de-formatage-de-lopinion/

    (*) Selon l’expression de Laurent Ozon.

  • « Assimilation / La fin du modèle français » de Michèle Tribalat

    « Sournoisement, le terme “intégration” a été phagocyté : son sens est devenu le contraire de ce qu’il était. Aujourd’hui, il désigne le maintien en l’état de la religion et de la culture de la communauté d’immigrés et donc la protection contre l’influence de la société qui l’entoure et des individus rebelles au sein de la communauté d’immigrants elle-même.*»
    De l’assimilation des immigrés, les gouvernements successifs qui, toutes obédiences confondues, se montrèrent impuissants à mener à bien cet ambitieux projet, sont insidieusement passés à l’intégration, puis à la simple insertion, qui n’exige aucun effort des allogènes. Comment en est-on arrivé là ? Les causes – et les coupables – sont multiples, mais pour un même résultat : un multiculturalisme de fait, doublé d’une préférence étrangère évidente, comme le montre Michèle Tribalat dans son dernier livre, Assimilation / La fin du modèle français. (CL)
    La France l’a prouvé pendant des siècles : une nation peut assimiler des minorités quand celles-ci lui sont proches racialement et religieusement. La chose est autrement difficile quand ces minorités sont allogènes, devenues si nombreuses qu’elles deviennent des communautés marquées de surcroît par une natalité et une religiosité particulièrement dynamiques. A ces minorités on ne leur présente plus, d’ailleurs, que le visage défiguré et systématiquement noirci d’un pays d’accueil battant continuellement sa coulpe pour les « crimes » commis dans un passé récent, colonisation et collaboration (forcée, après la défaite écrasante de 1940) avec le vainqueur national-socialiste.
    Statistiques sur l’immigration : un maquis… soigneusement entretenu
    Comment, dès lors, les millions d’immigrés qui sont « chez eux chez nous » (cf. François Mitterrand) seraient-ils tentés d’adhérer au « modèle français » et de s’identifier à ces « de souche » que notre auteur préfère appeler « Français au carré » ?
    Dans la première partie de son livre, parfois si technique qu’elle l’éclaire d’encadrés et d’un résumé à la fin de chaque chapitre, la démographe Michèle Tribalat s’attaque au « maquis inextricable » des statistiques : l’INED, l’INSEE et Eurostat se complaisent en effet dans un flou trop durable pour être involontaire, comme s’il s’agissait pour eux, et selon les cas, de minimiser la présence étrangère afin de ne pas effrayer l’électeur ou de valoriser au contraire la « deuxième  religion de France » pour légitimer les abandons de souveraineté qu’on lui accorde. Pis encore, ministre de l’Intérieur, Claude Guéant évoquait « cinq ou dix millions de musulmans », approximation inadmissible dans la bouche d’un homme passant pour le mieux informé de France.
    L’islam, marqueur identitaire
    Ce qui est sûr – et inquiétant – est que, face à la sécularisation croissante (et encouragée en haut lieu) des « natifs au carré »,  l’islam, dont l’étude constitue la deuxième partie du livre, devient un marqueur identitaire de plus en plus prégnant pour les deuxième et troisième générations d’immigrés venus du Maghreb, de l’Afrique subsaharienne, de Turquie et du Pakistan. Michèle Tribalat souligne le retour à l’endogamie et à la pratique mahométane dans ces milieux, ce qui entraîne une relance de leur démographie. On enregistrait ainsi en 2008 « 115.000 naissances d’enfants potentiellement musulmans… Un peu plus de 14% de l’ensemble des naissances. »
    Ceci relativise les cocoricos sur la supériorité de la natalité « française » en Europe et explique que « la population musulmane [soit] beaucoup plus jeune », avec cette conséquence gravissime que si les musulmans, qui « ont été 86% à voter pour François Hollande au deuxième tour […] ne pèsent pas encore autant que les Noirs aux Etats-Unis dont le vote est lui aussi très polarisé (93% des Noirs américains ont voté pour Barack Obama en 2012) », ils pourraient, « avec le temps, jouer un rôle équivalent » dans la politique française.
    Explosion des sauvageons, hallalisation galopante
    Or, en Seine-Saint-Denis par exemple, « un habitant âgé de 18-50 ans sur trois est musulman » et affiche clairement la couleur, réclamant mosquées, régime hallal dans les écoles, respect du ramadan et horaires spécifiques pour les femmes dans les piscines et gymnases, alors que les résidents s’y déclarant catholiques ne sont que 15%, contre 35% de « sans religion ». Mais si le « 9-3 » est emblématique de l’échec d’une assimilation fatalement vouée à l’échec par l’ « immigration-invasion » (cf. Valéry Giscard d’Estaing) qu’on a laissée déferler, bien d’autres départements risquent, eux aussi, de basculer.
    Dans son excellent livre Fractures françaises, que nous avions chroniqué ici en décembre 2010*, le géographe Christophe Guilluy signale en effet que dans le Rhône, « à Vaulx-en-Velin, la part des jeunes d’origine étrangère est passée de 41 à 61% » et qu’elle « dépasse en moyenne les 40% dans les régions du Grand Ouest ».
    D’où la multiplication et l’impudence grandissante des « sauvageons » et l’ « hallalisation » galopante de la France profonde, avec érection de mosquées et construction d’abattoirs 100% rituels. Ainsi à Guéret (Creuse) où, comme l’écrivait le quotidien Présent le 9 octobre 2013, des associations de défense animale s’opposent à un projet d’abattoir géant, d’un coût de 5 millions d’euros, où seraient sacrifiées puis débitées chaque année 6.000 tonnes d’ovins et de vaches limousines, avec la bénédiction du préfet, du maire socialiste et de la communauté d’agglomération du Grand Guéret.
    2003-2013 : 61 milliards d’euros pour les banlieues !
    Car les décideurs sont en pointe dans cette dénationalisation qu’étudie dans la troisième partie de son livre Michèle Tribalat, qui se déchaîne contre « l’égoïsme et la condescendance des élites » trahissant en toute circonstance les « Français au carré ». Ces derniers, abandonnés face aux nouveaux occupants, n’ayant d’autres solutions que de faire le dos rond ou de s’exiler vers de très lointaines communes péri-urbaines où, espèrent-ils en votant massivement Front national, ils pourront préserver leur mode de vie et leurs traditions, même s’ils risquent d’y vivre petitement. Car la générosité publique ne profite qu’aux « banlieues populaires », nouvelle appellation des zones de non-droit – ou de droit islamique.
    Christophe Guilluy citait ainsi le cas de la « cité ultra-sensible de Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne, théâtre d’émeutes endémiques), les Hautes-Noues ». Alors même, précisait-il, que le revenu par habitant y est « de 20% supérieur à celui de Verdun », « le programme de réhabilitation dont bénéficie le quartier des Hautes-Noues prévoit une dotation de 12.450 euros par habitant tandis que le contrat de ville mis en place dans les quartiers de Verdun n’alloue que 11,80 euros par habitant ».
    À son tour, Michèle Tribalat, qui cite souvent Fractures françaises, déplore qu’on ait « dépensé, dans le cadre du plan de rénovation urbaine mis en place [en 2003] par Jean-Louis Borloo 600 millions d’euros pour rénover le Plateau, quartier de Clichy-sous-Bois/Montfermeil, soit une dépense d’environ 40.000 euros par habitant ». Elle aurait pu citer aussi Nicolas Sarkozy qui, dans Ouest-France du 27 mars 2012, se vantait en ces termes : « Nous avons investi 43 milliards d’euros avec le plan ANRU et j’ai annoncé un deuxième plan de 18 milliards pour continuer ce travail », grâce à quoi « les quartiers, aujourd’hui, sont plus sûrs, plus agréables à vivre, moins éruptifs qu’il y a dix ans ».
    Et si l’on parlait du racisme antifrançais ?
    « Plus sûrs et plus agréables », vraiment ? Pas pour les autochtones, en tout cas, dont, en 2008, 13% avaient été « la cible d’insultes, de propos ou d’attitudes racistes. Soit  à peu près comme les enfants d’immigrés originaires du Maghreb, du Sahel ou de Turquie (13%) ». « Force est de conclure que, dans les quartiers très défavorisés, tout le monde ou presque est logé à la même enseigne », constate Michèle Tribalat qui estime que « ces données éclairent d’un autre jour la question hautement polémique de ce que l’on a appelé le “racisme antifrançais” », avant d’ajouter avec une ironie amère : « Heureusement, si l’on peut dire, les associations ont généralement décidé que ce racisme-là n’existe pas, ce qui leur facilite la tâche et leur évite des conflits moraux. Même si ces associations concentraient leurs actions sur les quartiers les plus défavorisés, elles auraient encore près de 90.000 cas de natifs au carré âgés de 18 à 50 ans sur les bras. Sans compter les aînés et les enfants donc. »
    La ravageuse hypothèque des « heures les plus sombres de notre histoire »
    Et la démographe de s’indigner en fustigeant les élites – gouvernants, intellectuels, journalistes – qui, avec leur incessant rappel du passé, concourent à priver les « indigènes de ce pays » de toute défense immunitaire : « Coupables, nous devons l’être de manière systématique à titre préventif. Nous ne pouvons nous faire confiance… Les heures les plus sombres de notre histoire menacent à chaque instant. Cette moralisation à sens unique revient à diviser la France selon une ligne ethnique avec une “idéalisation de l’Autre” d’un côté et une “dépréciation de soi” de l’autre côté »… « C’est aussi une forme de narcissisme qui installe l’Autre dans une position supérieure a priori, bien piètre façon de faire comprendre le principe d’égalité aux nouveaux venus. C’est une inversion complète de ce que le modèle d’assimilation nécessite de la part des natifs au carré : confiance en soi, conviction que leur ressembler […] peut être ce qui peut arriver de meilleur aux nouveaux venus. »
    Bruxelles : désarmement moral obligatoire
    À l’heure où, dans une démonstration d’ « inversion complète », justement, la chaîne ARTE flétrissait « l’Europe meurtrière » à propos du naufrage de Lampedusa (dont sont seuls responsables et coupables les forcenés au pouvoir dans la Corne de l’Afrique), on ne peut qu’approuver Michèle Tribalat. Mais, à supposer même que nous retrouvions la confiance en nous qui nous fait désormais tellement défaut, et que nous abordions l’assimilation avec volontarisme, la Commission et le Conseil européens nous le permettraient-ils ?
    Dernière partie du livre, l’étude de la politique migratoire suivie par Bruxelles, et imposée aux Vingt-Huit, est accablante, à croire que le but ultime de l’Eurocratie en réalité mondialiste est de désarmer moralement notre continent et de le livrer aux envahisseurs de tous horizons sous prétexte de la richesse de la diversité de leur côté et du déclin démographique du nôtre. Comme s’il fallait compter sur les Somaliens et les Roms aujourd’hui adolescents pour « payer nos retraites » et maintenir intacts le génie et le dynamisme économique de l’Europe !
    Mme Tribalat revient de très loin, elle qui cosignait en 1998 aux éditions de La Découverte, avec le politologue Pierre-André Taguieff, un ouvrage intitulé Face au Front national : arguments pour une contre-offensive, où elle réfutait avec virulence les conclusions du rapport de Pierre Milloz sur le coût de l’immigration en France. Mais l’explosion de cette immigration, les privilèges exorbitants dont celle-ci bénéficie par crainte d’émeutes ethniques et l’implantation corrélative de l’islam l’ont fait réfléchir. Depuis, elle a écrit Les yeux grands fermés : l’immigration en France (Denoël, 2010) puis préfacé le remarquable livre de Christopher Caldwell, Une révolution sous nos yeux (éd. Le Toucan, 2011) **.
    Espérons que ses derniers ouvrages seront lus par les intellectuels, ses pairs. Et que ceux-ci sortiront de cette lecture les yeux grands ouverts.
    Claude Lorne; 8/10/2013
    Michèle Tribalat : Assimilation/ La fin du modèle français, Ed. du Toucan, sept. 2013. 350 pages avec très copieuse bibliographie (mais pas d’index).
    Note :
    (*) Jens-Martin Eriksen, Frederik Stjernfelt, Les pièges de la culture. Les contradictions démocratiques du multiculturalisme, MétisPresses, 2012, p.312. In Assimilation/ La fin du modèle français, p. 11.
    http://www.polemia.com/assimilation-la-fin-du-modele-francais-de-michele-tribalat/

  • Pacte franco-saoudien: le député Laurent LOUIS accuse Hollande de crimes contre l'humanité

  • Sortir du système partisan pour entrer dans une vision politique au service du bien commun

     

    Béatrice Bourges est interrogée dans Présent. Extraits :

     

    B"[...] Ma conviction est que tous les partis politiques existants ne sont pas intrinsèquement porteurs d’une véritable vision anthropologique, et que la vie politique à venir connaîtra une rupture à son sujet, précisément. D’un côté, il y aura ceux qui se reconnaissent dans la forme de société individualiste et hédoniste portée par le gouvernement actuel, mais initiée par les gouvernements précédents, quels qu’ils soient. L’homme y est réduit à un producteur-consommateur qui se suffit à lui-même et qui n’a plus de transcendance. Le désir y devient un droit. C’est très exactement le germe du totalitarisme, car ce sont toujours les plus faibles qui en font les frais. De l’autre côté, il y aura ceux qui reconnaissent l’homme dans son essence et dans sa transcendance. Celui-là sait qu’il n’est qu’un maillon de l’humanité, et il accepte la faiblesse et la fragilité de l’homme en tant que force de la société.

    C’est un paradoxe ? Mais je suis persuadée que la force d’une société réside dans l’accueil qu’elle fait aux plus faibles. C’est aussi chrétien. Mais dans ce monde où prévaut le mythe du surhomme, et même du super-enfant, de l’enfant parfait, donc déshumanisé, la société ne tient dans son humanité que par la place qu’elle fait aux plus faibles et aux plus fragiles, en reconnaissant qu’elle a un Créateur. Que l’homme ne se suffit pas à lui-même. Il a cette relation verticale, mais aussi une relation horizontale qui lui fait dire : « Je ne suis rien sans les autres. »

    La rupture se fera là-dessus, elle pourra se faire dans chacun des partis actuels. La politique de demain sera de l’ordre du « métapartisan » : ce à quoi je travaille maintenant, c’est de savoir comment traduire ces convictions en langage politique et aider ceux qui, dans chaque parti politique, pensent cela. Pour qu’ils puissent en toute liberté sortir de leur système partisan pour entrer dans une vision politique au service du bien commun.

    Il faut reconnaître que c’est difficile pour les hommes politiques, car pour le moment rien d’autre n’est proposé. Il faut leur demander d’être des héros, mais tout le monde en a-t-il l’étoffe ? Il faut donc travailler à leur offrir la plate-forme nécessaire, mais aussi la pensée nécessaire. Notre objectif est de faire tomber le système, de reprendre le pouvoir, et c’est sur cela que je mets des mots. Si nous voulons que notre concept devienne réalité, il faut essayer de reprendre le pouvoir, et essayer de le reprendre rapidement pour éviter que les dégâts ne soient encore plus grands. [...]

    Il faut d’abord fluidifier les relations entre les partis et en finir avec la rupture artificielle : faire sauter ce « front républicain » absurde, insensé, inventé par Mitterrand qui doit d’ailleurs se frotter les mains car c’était un plan de génie. Le système s’effondrera alors de lui-même. A l’intérieur de l’UMP, on voit déjà les divisions entre Copé et Fillon, les pas en avant et en arrière, mais à l’intérieur du Front national on observe aussi ces divisions. Je crois que le FN tient grâce au système qu’il appelle « UMPS » – c’est d’ailleurs joliment dit parce que c’est vrai – mais si l’UMPS n’existait pas je ne sais pas ce que deviendrait le Front national puisque, je pense, il est lui-même traversé par cette rupture. Quand ce système tombera, il va bien falloir que le Front national se questionne sur ces sujets qui sont les vrais sujets, il y sera obligé.

    Ce que je reproche aux partis politiques, quels qu’ils soient, c’est de ne pas avoir de colonne vertébrale. Ils proposent des mesures cosmétiques comme solutions à de vrais problèmes : l’insécurité, la nation, la justice, l’économie, la dette… Mais ils oublient la colonne vertébrale du bien commun : cet équilibre très subtil entre l’intérêt général et le respect des personnes.

    Lorsque le système s’effondrera, le Front national sera obligé de se poser ces questions, puisqu’il deviendra le seul parti dominant. Se bornera-t-il à proposer des mesures contre l’immigration, contre l’insécurité, contre l’Europe ? A ce propos, je ne dis pas du tout qu’il a tort – mais ce n’est pas un programme, c’est du « contre ». Quelle est la société de l’espérance qu’il proposera ? [...]"

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2013/10/sortir-du-syst%C3%A8me-partisan-pour-entrer-dans-une-vision-politique-au-service-du-bien-commun.html

  • Des loups en liberté…

    Du 9 au 12 Octobre, se tient dans les Alpes-Maritimes, une conférence sur le thème: « Vivre avec les loups; hier, aujourd’hui et demain; état des lieux et perspectives européennes. » Une conférence qui semblerait banale si ce même 10 Octobre, il n’y avait pas eu le procès d’un éleveur de troupeaux. Il faut donc se pencher sur la question qui se révèle très intéressante.

    De plus en plus, sous la pression des écologistes notamment,  des loups à l’état sauvage sont introduits sur le territoire français. Selon eux, il est indispensable que ces animaux aient leur place en France; cela contribue au respect de la nature indirectement. Mais le problème se pose bien vite: ces loups affamés s’en prennent aux troupeaux et attaquent les pauvres moutons impuissants. D’où la colère des éleveurs et des bergers qui perdent de plus en plus de bêtes. Ils n’en peuvent plus, leur travail n’a plus aucun sens sinon celui de nourrir ces bêtes sauvages! Les tensions augmentent donc entre les écologistes, convaincus du bien-fondé de la présence de ces animaux et les bergers condamnés à découvrir sans cesse des cadavres de leurs moutons. Début 2013, un prétendu accord a bien été trouvé entre eux: 24 loups seraient abattus chaque année. Mais qu’est ce que 24 loups ? Ce n’est rien du tout! Les écologistes veulent-ils faire de la France un territoire sauvage où il ne fait pas bon pour des moutons de rester seuls loin du troupeau et du berger?

    Si l’on va plus loin, il n’y a pas que ces loups-là qui sont en liberté; il n’y a pas que les moutons qui ont à craindre pour leur vie!  Car comme le dit Plaute: »l’homme est un loup pour l’homme ». Ainsi d’autres « loups » se promènent en liberté! Ce sont tous ces délinquants récidivistes remis en liberté et qui sont décidés à recommencer au plus tôt leurs méfaits. Sortis de la prison, ils ‘attaquent à de nouvelles victimes impuissantes : ainsi une Jeanne Marie Kegelin ou une Anne Lorraine Schmitt pour ne citer qu’elles.Il y en a bien d’autres et de plus en plus…comme cet agresseur du policier,en état de mort clinique, à Lorient. Mais ces « écologistes » là, à savoir notre gouvernement et notre Garde des sceaux Christine Taubira, avec sa politique générale laxiste, ne réagissent pas. Seuls quelques compromis sans résultat probant… Il y a toujours plus de détenus relâchés. On nous dira: « vous comprenez il faut leur redonner une chance à ces pauvres hommes! » Si en effet, il faut toujours donner une seconde chance…les victimes, elles pour certaines, n’ont jamais eû de seconde chance !

    Ainsi des récidivistes, parfois dangereux, sont en liberté et personne n’en sait rien. Il faut toujours un drame pour que le problème revienne sur la table mais le mal est fait. On attend que l’émotion médiatique retombe mais au final, on n’a rien fait ! Ce n’est pas le laxisme socialiste qui va arranger les choses ! Jusqu’à quand cela va-t-il durer ?

    http://medias-presse.info/?p=1016

  • FN élu : Tempête dans un dé à coudre ou Tsunami en préparation ?

    L’arrivée nettement en tête du candidat du FN au 1er tour de l’élection cantonale de Brignoles dans le Var a déclenché une vague de commentaires. Mais comme le disait une électrice, son élection au second tour ne serait pas la fin du monde.
    Le bon sens, en effet, doit nous rappeler qu’il s’agit d’une élection locale partielle, que le candidat n’a réuni que 2717 voix soit des chiffres comparables aux résultats précédents, et notamment lorsque le candidat FN avait été élu, avant invalidation, l’année dernière. S’il y avait un Conseiller Général représentant un parti qui obtient entre 15% et 20% des voix dans le pays, cela ne serait que justice. Comme rien dans les déclarations et le comportement du candidat ou des responsables de ce mouvement ne suggère la moindre envie de remettre en cause les institutions républicaines, le prétendu « front républicain » qu’appelle la gauche et que s’empresse d’accueillir l’UMP, alors même que ses chefs y renoncent, risque d’agacer les électeurs. Je doute de l’empressement de ceux de gauche d’obéir à des consignes de partis dont l’inefficacité au service du pays et les rivalités au sommet ont depuis un an douché l’enthousiasme. La mobilisation de la droite modérée et du centre dont les états-majors sont ravagés par le choc des ambitions et le calcul des carrières ne me paraît pas non plus très probable.
    L’abstention, considérable, à 67,6% dit assez combien les Français sont las, fatigués d’une « droite » qui pendant 10 ans n’a pas eu le courage de procéder aux réformes nécessaires et d’une gauche, qui, comme d’habitude, les envoie dans le mur. L’alliance consternante de la gauche et de la prétendue droite, alors qu’elles n’ont aucune idée en commun, sauf celle de garder ou de conquérir le pouvoir, accrédite le slogan du Front National de » l’UMPS ».
    Evènement microscopique que les médias, toujours très mobilisés par la montée d’une « extrême-droite » qui a obtenu avec ses deux candidats près de 50% des voix, surexposent de façon outrancière ? Premier souffle d’un vent capable d’abattre le système actuel des partis ? Cela dépend pour une grande part du parti de Marine Le Pen. Manifestement, il fait moins peur, devient plus fréquentable comme l’a avoué ce pauvre François Fillon qui donne l’impression de ne plus trop savoir où il en est. Mais l’a-t-il jamais su ? Intelligemment, la Présidente du FN récuse l’étiquette d’extrémisme, et certaines de ses propositions ne sont d’ailleurs plus de « droite ». « Ni gauche, ni droite, la France »rappelle même le discours gaulliste, et les références historiques ou les soupçons de duplicité manquent de plus en plus leur cible. Pour le moment, les électeurs restent attachés à leur famille et se contentent de déserter les urnes pour exprimer leur insatisfaction. Ce processus peut mécaniquement favoriser l’un des deux grands partis sans que la démocratie y trouve son compte. En revanche, si le FN après avoir été dédiabolisé, parvient à construire une crédibilité, à susciter chez les électeurs, le sentiment d’une aptitude à exercer le pouvoir, alors le paysage politique français pourrait être bouleversé.
    Les Français connaissent majoritairement un double sentiment : celui du déclin de leur pays et de l’impuissance des politiciens à y remédier. De toutes parts montent les difficultés et les menaces : le ras-le-bol fiscal, l’emploi en berne, la baisse inédite du pouvoir d’achat, les problèmes de logement, la montée de la délinquance, l’absence de maîtrise de l’immigration. L’alternance a aggravé une situation déjà mauvaise auparavant : 30 Milliards d’impôts en plus, avant, 30, après ! Un chômage qui monte encore, à peine masqué par la création d’emplois artificiels financés par l’argent public. Les Français doivent attendre la fin du mois de Juillet pour être libérés fiscalement : un record ! Et l’Etat qui coûte si cher est incapable de les protéger : qu’un commando de « Moldaves et de Roumains » puisse attaquer en plein jour une bijouterie de la rue de la Paix est hallucinant. Les faits se déroulent à deux pas du Ministère de la Justice : quel symbole ! Ce n’est pas très loin ni de l’Elysée, ni du Ministère de l’Intérieur. Si Pasqua voulait terroriser les terroristes, le locataire actuel, en haut des sondages pour quelques vérités, ne fait vraiment pas peur aux voleurs et n’empêche guère les délinquants originaires de l’Est de l’Europe d’être présents sur le territoire ! Certes, le vol de montres de luxe touche peu les Français, mais on imagine facilement le degré de protection dont ils jouissent dans les quartiers sensibles lorsque l’Etat ne parvient pas à faire respecter sa loi au centre de la capitale. L’alternance inutile, le remplacement d’un discours nuisible par un discours fallacieux, d’une action désastreuse par une action à peine meilleure peuvent-ils susciter un élan chez les Français ? Chirac et Sarkozy les ont déçus. Hollande les désespère. Il faut aujourd’hui qu’il y ait un sursaut : Mme Le Pen peut-elle l’incarner ou tout au moins y contribuer ? C’est toute la question et c’est à elle d’y répondre.

    Christian Vanneste

    http://www.voxnr.com/cc/politique/EFlEVZlAkygbCmvqGH.shtml