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lobby - Page 2498

  • €uro : l’hypothèse du pire

    La crise budgétaire grecque, devenue crise de l’euro, n’est pas la conséquence fatale d’une autorégulation des marchés, mais d’une attaque délibérée. Pour Jean-Michel Vernochet, elle participe d’une guerre économique conduite, depuis Washington et Londres, selon les mêmes principes que les guerres militaires actuelles : recours à la théorie des jeux et stratégie du chaos constructeur. L’enjeu final est de contraindre les Européens à s’intégrer dans un Bloc atlantique, c’est-à-dire dans un Empire où ils payeront automatiquement le déficit budgétaire anglo-saxon par le biais d’un euro dollarisé. Un premier pas a déjà été franchi avec l’accord conclu entre l’Union européenne et le FMI, accordant au Fonds une tutelle partielle sur la politique économique de l’Union.
    L’attaque financière lancée contre la Grèce en raison de sa dette souveraine et de son insolvabilité potentielle, s’est vite révélée être en fait une offensive contre l’Euro et n’avoir qu’un rapport lointain avec les tares et déficits structuraux de l’économie hellénique elle-même. Des « vices » au demeurant largement partagés par la plupart des pays post industriels qui ont pris la très mauvaise habitude de vivre au-dessus de leurs moyens et à crédit ; d’où une inflation galopante de la dette, une « bulle » comme une autre vouée in fine à l’éclatement.
    Or tout semble indiquer que derrière la brutalité de l’attaque et qu’au-delà d’une simple ruée au pillage des économies européennes, se profilent d’autres objectifs, d’ordre géopolitique notamment, et ceux-là mûrement réfléchis. Car, en aucun cas, les appétits, aussi aiguisés soient-ils, de prédateurs financiers anonymes ne peuvent expliquer l’intensité dans la durée d’une offensive qui, à court terme, menace de faire voler en éclat la zone euro, l’Union des vingt-sept, voire bien au-delà…
    La multiplication des crises ces deux dernières décennies aidant, une lecture rapide du déplacement des pions sur le Grand échiquier eurasiatique laisse à penser que l’Europe est actuellement le théâtre d’une bataille dans le cadre d’une guerre géoéconomique (guerre au sens propre et entier), une bataille qu’elle a d’ailleurs déjà potentiellement perdue.
    En effet, l’adoption d’un plan européen — sur les instances pressantes de la Maison-Blanche — pour le renflouement de la dette publique des Etats membres de l’Union ne constitue non seulement pas une panacée, un remède durable à la crise budgétaire structurelle qui affecte désormais « tous » les États occidentaux, mais va dans le sens désiré par le mentor états-unien d’une intégration rapide de l’Union européenne, préalable obligé à la constitution d’un bloc occidental soudé.
    Un plan européen qui répond à une crise de confiance, de solvabilité (largement artificielle au départ, mais devenue contagieuse et faisant boule de neige), par la recapitalisation des États comme s’il s’agissait d’une simple crise de liquidités. Un plan européen de 750 milliards d’euros supérieur au plan Paulson d’un montant de 700 milliards de dollars destiné, après la débâcle des établissements financiers américains de septembre 2008, à les renflouer sur fonds publics. Une solution dont on voit les effets à présent en ce que la recapitalisation du secteur privé financier a eu pour conséquence aberrante d’accroître lourdement la dette des États des deux côtés de l’Atlantique.
    Ainsi, la crise financière née aux États-unis, après avoir déclenché la récession c’est-à-dire désamorcé la pompe économique, a depuis, par voie de conséquence, tari les ressources fiscales des États rendant plus difficile encore le service d’une dette de plus en plus considérable. Or l’Union européenne vient d’ajouter de la dette à la dette avec ces quelque 750 milliards d’euros qui vont grever plus encore ses budgets nationaux (le taux moyen d’endettement de la zone euro étant actuellement de 78 %), ceci en vue d’hypothétiquement « rétablir la confiance des marchés »…
    Pour ce faire l’UE vient — volontairement — de se placer sous la coupe du Fonds monétaire international qui va lui consentir des prêts à hauteur de 250 milliards d’euros. FMI qui avait jusqu’à présent plutôt vocation à soutenir les économies chancelantes du Tiers-Monde à grands coups de matraque assénés au moyen de ses plans dits d’ajustement structurel. C’est donc une entité supranationale à vocation « mondialiste » qui va en quelque sorte chapeauter, voire superviser plus ou moins directement les structures de gouvernance économique dont l’UE va assurément se doter si la zone euro ne se disloque pas spontanément entre temps.
    Des structures intégratives réclamées à cor et à cri par Paul Volcker, directeur à la Maison-Blanche du Conseil pour la reprise économique (aux Etats-Unis), qui depuis Londres tance vertement les dirigeants européens exigeant la relance de l’euro dont Etats-uniens et Britanniques ont un besoin essentiel pour maintenir leur économie à flot.
    Notons au passage que c’est vraisemblablement la mort dans l’âme que la chancelière allemande s’est résignée à souscrire à ce plan pharamineux de soutien aux pays défaillants de la zone euro alors que son homologue français — d’après une rumeur persistante — la menaçait de revenir au Franc si elle n’obtempérait pas. Mais s’il est vrai que « la fourmi n’est pas prêteuse », le retour au Deutsch Mark équivaudrait à signer l’arrêt de mort de l’économie allemande dont la monnaie trop forte ne lui permettrait plus alors d’exporter sa production industrielle, fondement de son économie. Un levier de chantage suffisant pour obliger Berlin d’accepter volens nolens, contrainte et forcée, de passer sous les fourches caudines dressées par l’administration Obama.
    Oukases états-uniennes qui conduisent à un piège grand ouvert : les capitaux empruntés sur le marché ou prêtés par le FMI pour le sauvetage des « PIIGS » [1] menacés de cessation de paiement, doivent s’appuyer sur des structures garantissant la solvabilité à terme de l’euro ! Monnaie dont la solidité ne pourra être assurée que par ces institutions fédérales dont Jacques Attali se fait l’inlassable promoteur dans nos médias en réclamant « la création d’une Agence européenne du Trésor, immédiatement autorisée à emprunter au nom de l’Union, et d’un Fond budgétaire européen, immédiatement mandaté pour contrôler les dépenses budgétaires des pays dont la dette dépasse les 80 % du PIB ».
    Il s’agit en fin de compte, ni plus ni moins, d’imposer la mise sous tutelle économique des États sous couvert de sauver la zone euro condamnée — paraît-il — à une inéluctable faillite… puisque l’abandon de la monnaie unique est un tabou intransgressible auquel nul ne songe apparemment à toucher.
    Certains projets vont plus loin qui prévoient déjà que les budgets des Etats de la zone euro soient entièrement contrôlés et décidés par un triumvirat composé de la Commission de Bruxelles, de la Banque Centrale Européenne et de l’Eurogroupe. À ce stade quid de la volonté populaire et du Parlement de Strasbourg ?
    Or nul ne se soucie de dénoncer le sophisme ou le paralogisme que constitue cette mise en équation de l’intégration économique et du retour à la confiance des marchés. D’abord pourquoi les marchés imposeraient-il leurs lois, eux et eux seuls ? En outre, ne serait-il pas temps de remettre en question le capitalisme actionnarial, anonyme et versatile, capable de ruiner les nations selon son bon plaisir ou ses calculs ?
    La gouvernance économique européenne n’est à ce titre pas plus la panacée que l’inondation de liquidités n’est la solution à la crise actuelle. Le surendettement induit par le « plan » est à n’en pas douter une fausse solution imposée de l’extérieur avec pour finalité de nous enchaîner toujours davantage, nous autres Européens, aux marchés des capitaux et à leur dictature indicible.
    L’idée de la gouvernance économique procède de la même démarche car elle est à proprement parler un non-sens en ce qu’elle ignore tous les différentiels sociétaux intervenant à tous les étages de la construction européenne : types ou modèles de croissance, régimes fiscaux et sociaux, et cætera. Une « idée » qui n’en est pas une, et parce qu’elle est de nature foncièrement idéologique… un projet derrière lequel se tiennent en embuscade nombre d’arrière-pensées tout à fait étrangères à la prospérité économique et au bien-être des peuples de l’Union.
    D’aucuns ont bien vu que la crise n’était que le moyen et le prétexte de précipiter l’instauration d’un système fédéral dur pour les Vingt-sept en dépit et au mépris des volontés populaires auxquelles le Traité de Lisbonne a été imposé de la plus sournoise façon. Une crise qui est et demeure — gardons ce fait capital présent à l’esprit — artificielle, fabriquée, en un mot le contraire d’une « fatalité » inhérente à ce qui serait une vie autonome et désincarnée des marchés dirigés par une « main invisible ». Un processus réputé « machinal » mais qui pour être anonyme n’est pourtant pas moins constitué de la chair et des os de ces grands manieurs d’argent et autres donneurs d’ordre qui font la pluie et le beau temps sur les Bourses.
    C’est pour cette raison que les Etats-Unis parlent un double langage par le truchement d’une double voix. Celle des « marchés » et celle de son président qui intervient pour tancer les Européens et les presser impérativement de stabiliser leur monnaie, autrement dit les politiques économiques européennes indissociables de la santé, bonne ou mauvaise, de leur monnaie. Cependant n’allez pas imaginer un seul instant que cela ressemble de près ou de loin à de l’ingérence dans les affaires de l’Europe continentale. Représentez-vous Mme Merkel et M. Sarkozy enjoignant la Maison-Blanche de faire le ménage à Manhattan ?
    L’autre voix appartient à ceux qui font la pluie et le beau temps sur les marchés… bref, les donneurs d’ordre anonymes, inidentifiables pour les gouvernements eux-mêmes comme l’a piteusement avoué le ministre français des Finances, Mme Lagarde. Ceux qui jouent au yoyo avec les Bourses comme le chat joue avec la souris, anticipant les baisses et les hausses qu’ils suscitent de toutes pièces.
    Ces oligarques se recrutent en premier lieu parmi les représentants de la haute finance, des complexes militaro-industriels, des méga groupes du pétrole et la chimie ou du génie génétique, mais également parmi les idéologues et théoriciens attachés à la légitimation du « système », les nouveaux clercs (prêtres) de la religion du profit comme nouveau monothéisme, celui du marché. Or ces gens-là ont un tout autre discours en acte.
    Car comment expliquer l’évidente contradiction existant entre les inquiétudes exprimées par le président Obama — légitimes au demeurant, car les É-U ont besoin d’un euro fort pénalisant les exportations européennes, mais avantageant de cette manière les industries américaines ; un bonus utile au regard de déficits abyssaux (1400 milliards de dollars) et surtout nécessaire pour soutenir l’effort des guerres en cours, Irak, Afghanistan et Pakistan — et la poursuite de la déstabilisation en profondeur des économies occidentales par des attaques réitérées des marchés contre l’euro ?
    Aussi voraces, inconséquents voire irrationnels soient-ils, les « opérateurs » sont conscients que la poursuite de l’offensive contre l’euro met en péril le système dans son ensemble et risque de précipiter l’économie mondiale dans une nouvelle phase de chaos. Alors pourquoi cette danse au bord de l’abîme ? Nul ne nous fera croire à cette billevesée selon laquelle les marchés vivent de leur vie propre, qu’ils sont incontrôlables et que tout cela ne serait dû qu’à un emballement de la machine économique… Bref, que tout cela serait « la faute à personne » , mais la simple conséquence d’une impossibilité à gérer les acteurs et les dérapages irrationnels des marchés ?
    Alors disons-le tout net, le risque d’effondrement systémique est au cœur même de la partie qui se joue actuellement. Les grands joueurs, froids calculateurs, sont des adeptes manifestes de la « théorie des jeux » (de Neumann et Morgenstern), construction probabiliste à la base de ce qui fut la doctrine de la dissuasion nucléaire… Celui qui gagne est celui qui va le plus loin dans la surenchère létale. Un cas de figure qui correspond trait pour tait à ce que nous vivons actuellement : une déstabilisation croissante des économies européennes, avec des incidences non négligeables outre-Atlantique.
    Ajoutons que le chaos financier, monétaire et économique, des deux côtés de l’Atlantique est une indéniable aubaine, pour ceux, répétons-le, qui prospèrent dans le ressac des cours de Bourse, provoquant et anticipant les mouvements de panique et d’euphorie pour jouer indifféremment les courants ascendants et descendants sur des marchés rendus hystériquement erratiques.
    Au début du XXe siècle, l’économiste Werner Zombart théorisait pour sa part la « destruction créatrice » (reprise ensuite par Joseph Schumpeter). Depuis cette idée a fait son chemin via, entre autres, la théorie mathématique du Français René Thom (théorie dite des « catastrophes »). Revue et corrigée par Benoît Mandelbrot, celle-ci s’appliquera via la géométrie des fractales à la vie des marchés dès lors perçus comme relevant d’une théorie du chaos, décidément très à la mode.
    Entre-temps l’économiste Friedrich Von Hayek, l’un des théoriciens du néolibéralisme, prétendit hisser l’économie libérale au statut de science exacte. Ainsi, selon son hagiographe Guy Sorman « le libéralisme converge avec les théories physiques, chimiques et biologiques les plus récentes, en particulier la science du chaos formalisée par Ilya Prigogine. Dans l’économie de marché comme dans la Nature, l’ordre naît du chaos : l’agencement spontané de millions de décisions et d’informations conduit non au désordre, mais à un ordre supérieur »… On ne saurait mieux dire, car a priori nous détenons là la clef d’interprétation de la crise.
    À la fin des années 90, les néoconservateurs adeptes de Léo Strauss vont porter à son paroxysme logique le nouveau dogme du désordre supérieur en se faisant les chantres du chaos constreur comme légitimation a priori de toutes les guerres de conquête du XXIe siècle. De ce point de vue, chacun peut voir le chaos à l’œuvre dans le Greater Middle East comme il peut le voir à l’œuvre aujourd’hui en Europe.
    Gageons que le nouvel ordre régional que les grands agenceurs de chaos entendent faire sortir de la crise actuelle, sera une Europe unifiée, centralisée et fédérative, placée sous la coupe directe des États-unis par le truchement de la Réserve fédérale américaine dont la Banque centrale européenne ne sera plus qu’une succursale, et sous le regard vigilant du FMI, représentant ou émanation d’un pouvoir mondial émergent, aussi déterritorialisé que tentaculaire.
    On comprend assez vite que la déification du marché associée à l’idée d’un « chaos constructeur » lui-même complétée par un usage intensif de la théorie des jeux maniée par des adeptes de la démolition, constitue un mélange assez détonnant en passe de nous sauter au visage. Un constat s’impose ici : à savoir que le « chaos » (intentionnel) est à ce jour un mode de gouvernement, de transformation sociétale et de conquête sans coup férir. Une version dure du divide et impera (diviser pour régner) dussent les Nations périr et les peuples avec.
    Car le jeu en vaut la chandelle si à l’arrivée l’Europe se trouve mise à genoux. La Grèce — certes l’un des ventres mous de la zone euro mais pas tellement plus que l’Italie, l’Espagne, l’Irlande, le Portugal — a été jusqu’ici une sorte d’électron libre contrariant une pleine intégration des Balkans dans le maillage géostratégique états-unien.
    En guise de conclusion provisoire, si l’Union européenne, à l’occasion de la crise, avance à marche forcée vers une gouvernance économique fédérative, une étape sera franchie conduisant vers l’attribution d’un pouvoir quasi discrétionnaire à la Commission européenne pour l’essentiel composée de technocrates non élus et recrutés pour une allégeance atlantiste inoxydable. En clair, cela signifiera l’effacement des États-nations européens.
    De facto plus rien ne s’opposera plus à l’intégration de l’Europe au sein d’un Bloc transatlantique. À terme la fusion de l’euro et du dollar scellera la réunion de l’Ancien monde et Nouveau monde. Il ne s’agit évidemment pas de pures spéculations mais d’une simple projection des tendances architectoniques visiblement à l’œuvre dans le cadre un d’un processus de redistribution ou de recomposition géopolitique, de la carte mondiale. Autant dire que si la zone euro n’éclate pas, le sort des peuples européens semble définitivement scellé, c’est-à-dire enchaîné pour le meilleur et pour le pire à la « Destinée manifeste » des Etats-Unis. Cela indépendamment d’une réforme du système économique mondial. Les financiers y laisseront peut-être également des plumes si la Communauté internationale s’entend pour brider leurs appétits en réglementant les marchés, il n’en reste pas moins que les promoteurs du chaos constructeur auront partie gagnée en créant les conditions de nouveaux embrasements.
    Car le « pire », souvent évoqué en France par des hommes d’influence tels Bernard Kouchner et Jacques Attali, est ce qu’il y de moins improbable lorsque les gouvernements, le dos au mur, se voient réduits à la fuite en avant. Au Koweït en 1991, en Irak en 2003 parmi les buts de guerre à peine voilés se trouvaient en bonne place la relance du moteur économique par les chantiers prévus de reconstruction… Ceci pour ne pas mentionner d’autres intérêts plus évidents et plus immédiats tels les énergies fossiles, les ventes d’armes et tous les marchés qui en sont dérivés.
    Quels que soient les accords sur l’enrichissement d’uranium à usage médical passés entre la Turquie et l’Iran, quels que soient les contrariétés diplomatiques que ces rapprochements entre alliés et ennemis des États-unis procurent au Département d’État, il suffit de relire le fabuliste Jean de La Fontaine pour savoir que la rhétorique du loup l’emporte toujours sur celle de l’agneau ! Attendons-nous, dans le contexte actuel d’extrême fragilité de l’économie mondiale, à une sortie de crise par la douloureuse porte du chaos constructeur.
    Jean-Michel Vernochet http://fr.altermedia.info
    Ancien journaliste au Figaro Magazine et professeur à l’École supérieure de journalisme (ESJ-Paris). Dernier ouvrage paru : Europe, chronique d’une mort annoncée (Éditions de l’Infini, 2009).

  • Les jeunes du RF Paris déploient leur banderole sur la tour Eiffel

     

     
    ce samedi après-midi, pendant un quart d’heure.
    http://fr.altermedia.info

  • un papa, une maman pour tous les enfants

    La manifestation des catholique opposés au projet de loi sur le “mariage” homosexuel a mobilisé dans Paris près de 20.000 personnes, enfants, adolescents, jeunes, parents, grands-parents le dimanche 18 novembre 2012. CIVITAS vous propose le reportage de cette manifestation réalisé par Jean-äul et Jacques Buffet.

  • Où vont la Syrie et le Moyen-Orient ?, par Aymeric CHAUPRADE

     Comprendre la géopolitique du Moyen-Orient c’est comprendre la combinaison de multiples forces. Nous allons voir qu’il faut faut envisager au moins la combinaison de 3 logiques :

    - les forces intérieures qui s’affrontent à l’intérieur d’un même État, comme la Syrie, l’Irak ou la Libye. Des conflits ethniques (Kurdes et Arabes), ou confessionnels anciens (chiites, sunnites, Alaouites, chrétiens…).

    - les logiques d’influence des grands acteurs de puissance régionaux (l’Iran, l’Arabie Saoudite, le Qatar, Israël, la Turquie, l’Égypte…) et la façon dont ces acteurs utilisent les logiques communautaires dans les États où ils essaient d’imposer leur influence (Liban, Syrie, Irak)

    - le jeu des grandes puissances (États-Unis, Russie, Chine, France, UK…) et en particulier la géopolitique du pétrole et du gaz.

    À cette analyse géopolitique, il faut être capable de marier une analyse de science politique, et de comprendre en particulier ce qui se passe sur le plan des nouveaux courants idéologiques du monde arabe ou bien sur le plan de la légitimité des régimes politiques qui tremblent.

    Par ailleurs il ne faut surtout pas avoir l’idée que les dynamiques qui secouent le Moyen-Orient sont très récentes. Il n’y a jamais eu de stabilité au Moyen-Orient dans les frontières que nous connaissons aujourd’hui. Si les Anciens parlaient à propos des colonisations et protectorats de pacification ce n’est pas pour rien. Seules les structures impériales, que ce soit l’Empire ottoman ou les Empires occidentaux, ou même dans une certaine mesure la Guerre froide entre l’Ouest et l’Est, ont en réalité gelé momentanément les affrontements claniques, tribaux, ethniques et confessionnels du Sahara jusqu’aux déserts d’Arabie en passant par le Croissant Fertile.

    En réalité, il y a là une constante à peu près universelle. Là de véritables États-nation homogènes n’ont pu se former, la guerre civile est devenu une sorte d’état instable permanent.

    Pour comprendre ce qui se passe en Syrie et les perspectives, je vais commencer par inscrire notre réflexion dans une trame globale.

    Les États-Unis et leurs alliés sont sortis vainqueurs de l’affrontement bipolaire en 1990 et l’effondrement de l’URSS a rendu possible, à la fois l’extension de la mondialisation libérale à de nombreux pays du monde, et des transformations géopolitiques majeures comme la réunification de l’Allemagne et l’explosion de la Yougoslavie.

    Les États-Unis ont tenté alors, portés par cette dynamique, d’accélérer le plus possible ce phénomène et d’imposer l’unipolarité, c’est-à-dire un monde centré sur leur domination géopolitique, économique, culturelle (softpower).

    Ils se sont appuyés sur le droit d’ingérence face aux purifications ethniques ou aux dictatures, comme sur la lutte contre l’islamisme radical (depuis le 11 septembre 2001 en particulier) pour accélérer leur projection géopolitique mondiale.

    Mais c’était sans compter sur une logique contradictoire : la logique multipolaire qui a été d’une certaine manière l’effet boomerang de l’expansion capitalistique soutenue par les Américains après la chute de l’URSS. Dopées par la croissance, ce que les Américains voyaient comme des marchés émergents, sont devenues des nations émergentes, soucieuses de compter de nouveau dans l’histoire, de restaurer leur puissance et de reprendre le contrôle de leurs ressources énergétiques ou minières. De la Russie à la Chine, en passant par l’Inde, le Brésil, la Turquie, jusqu’au Qatar, partout des États nation forts de leur cohésion identitaire et de leurs aspirations géopolitiques, s’emploient à jouer un rôle géopolitique croissant.

    Washington a compris très tôt que la Chine marchait vers la place de première puissance mondiale et qu’elle ne se contenterait pas de la puissance économique mais s’emploierait à la devenir aussi la première puissance géopolitique. Perspective incompatible avec la projection géopolitique mondiale des États-Unis, qui dominent encore l’Europe avec l’OTAN, contrôlent l’essentiel des réserves de pétrole du Moyen-Orient et tiennent les océans grâce à leur formidable outil naval.

    Dans cette compétition entre les États-Unis et la Chine, qui déjà dans le Pacifique fait penser aux années qui précédèrent l’affrontement entre les Américains et les Japonais dans la première partie du XXème siècle, le Moyen-Orient tient toute sa place.

    Le Moyen-Orient représente 48,1% des réserves prouvées de pétrole en 2012 (contre 64% en 1991) et 38,4% des réserves de gaz (2012, BP Statistical Review ; contre 32,4% en 1991).

    Pour les États-Unis, contrôler le Moyen-Orient, c’est contrôler largement la dépendance de l’Asie et en particulier celle de la Chine. L’AIE dans son dernier rapport prédit en effet que l’Asie absorbera 90% des exportations en provenance du Moyen-Orient, en 2035.

    Comme l’Agence Internationale de l’Énergie nous l’annonçait début novembre 2012, la production de pétrole brut des États-Unis dépassera celle de l’Arabie Saoudite vers 2020, grâce au pétrole de schiste. Les États-Unis qui importent aujourd’hui 20% de leurs besoins énergétiques deviendraient presque autosuffisants d’ici 2035.

    Rappelons qu’en 1911 quand le gouvernement américain morcela la gigantesque Standard Oil (de laquelle naîtront Exxon, Mobil, Chevron, Conoco et d’autres encore), cette compagnie assumait alors 80% de la production mondiale. Si les États-Unis redeviennent premiers producteurs mondiaux, nous ne ferons que revenir à la situation qui prévalait au début du XXème siècle.

    Entre 1945 et maintenant, l’un des grands problème des Américains a été le nationalisme pétrolier, qui du Moyen-Orient à l’Amérique Latine, n’a cessé de grignoter son contrôle des réserves et de la production.

    Il se passe donc exactement ce que j’écrivais il y a déjà presque dix ans (ce qui ne me rajeunit pas!), au moment de la Deuxième guerre d’Irak. Les États-Unis ne cherchent pas à contrôler le Moyen-Orient pour leur propres approvisionnements puisqu’ils s’approvisionneront de moins en moins au Moyen-Orient (aujourd’hui déjà le continent africain pèse plus dans leurs importations), mais ils chercheront à contrôler ce Moyen-orient pour contrôler la dépendance de leurs compétiteurs principaux, européens et asiatiques.

    Si les Américains contrôlent encore le Moyen-Orient dans 20 ans (et je ne parle même pas de l’Afrique qui ne maîtrisera certainement pas son destin et sera sans doute partagée entre des influences occidentales et chinoise), cela signifie qu’ils auront une emprise énergétique considérable sur le monde et donc que la valeur stratégique de pays comme la Russie, le Venezuela (premier pays du monde devant l’Arabie Saoudite en réserves prouvées de pétrole : 17,9% contre 16,1% soit 296,5 milliards de barils de réserves sur le 1,65 trilliard du monde : BP 2012) ou le Brésil (grâce à son off-shore profond) aura alors fortement augmenté puisqu’ils seront des réservoirs alternatifs précieux l’un pour l’Europe et l’Asie, l’autre pour l’Amérique Latine.

    Je fais partie de ceux qui ne croient pas à la raréfaction du pétrole. Non seulement parce que dans les faits, et contrairement à tous ceux qui n’ont cessé d’annoncer un peak oil qui ne s’est jamais produit, les réserves prouvées n’ont jamais cessé d’augmenter et que les perspectives avec le off-shore profond et le pétrole de schiste sont gigantesques, mais, au-delà, parce que je suis très convaincu par la thèse dite abiotique de l’origine du pétrole, c’est-à-dire que le pétrole n’a pas pour origine la décomposition des dinosaures dans les fosses sédimentaires mais qu’il est un liquide abondant qui coule sous le manteau de la terre, qu’il est fabriqué à des températures et des pressions gigantesques à des profondeurs incroyables, et que par conséquent ce que nous extrayons est ce qui est remonté des profondeurs de la terre par fracturation du manteau.

    Nous n’avons pas le temps d’entrer dans ce débat scientifique mais selon l’explication biotique ou abiotique les conséquences dans le domaine de la géopolitique sont radicalement différentes. Si le pétrole a une origine biotique la question est bien celle de l’épuisement et des conséquences géopolitiques de la raréfaction puis de l’épuisement. Si le pétrole a une origine abiotique, l’enjeu est bien le off-shore profond et toutes les techniques de fracturation permettant de faire remonter le liquide précieux des profondeurs du manteau.

    Mais revenons au pétrole du Moyen-Orient et souvenons-nous de quelques faits essentiels.

    En brisant le régime de Saddam Hussein, les Américains ont tué dans l’œuf deux logiques qu’ils combattaient depuis toujours :

    le nationalisme pétrolier en Irak. Ils visent désormais le nationalisme pétrolier iranien.

    le risque de sortie du pétro-dollar : le fait d’accepter de se faire payer son pétrole en euro ou dans une autre devise que le dollar : ce que Saddam Hussein avait annoncé vouloir faire en 2002 et que les Iraniens font aujourd’hui et qui explique largement pourquoi les Américains imposent un embargo drastique sur les hydrocarbures iraniens.

    Le lien entre pétrole et dollar est l’une des composantes essentielles de la puissance du dollar. Il justifie que les pays disposent de réserves en dollar considérables pour pouvoir payer leur pétrole, et par conséquent que le dollar soit une monnaie de réserve principale. Par voie de conséquence, ce lien pétrole/dollar est bien ce qui permet aux États-Unis de financer leur formidable déficit budgétaire et de se permettre une dette fédérale de plus de 15 000 milliards de dollars. Aujourd’hui tout le monde parle des dettes et crises européennes, mais les États-Unis sont, sur le plan de l’endettement (endettement fédéral, endettement des États, endettement des ménages) dans une bien pire situation que les Européens. Cependant leur bouclier s’appelle “dollar” et on peut penser qu’ils ont utilisé le talon d’Achille grec des Européens pour affaiblir l’Union européenne et fragiliser l’euro. Imaginez que la crise de la Grèce n’ait pas éclaté, et alors vous aurez ce qui se passait avant son éclatement : les banques centrales des émergents continueraient à accumuler de l’euro et à diminuer leur réserves de dollars… On comprend mieux pourquoi la Grèce a été conseillée par Goldman Sachs et JP. Morgan…

    En imposant un embargo drastique sur l’Iran (9,1% des réserves prouvées selon BP 2012, soit le 3e rang mondial ; 15,9% des réserves prouvées de gaz soit le 2ème rang derrière la Russie avec 21,4% et devant le Qatar avec 12%) les Américains tentent aussi de briser l’un des derniers pays à vouloir contrôler son système de production pétrolier et gazier.

    Quel est donc le lien avec la Syrie ? On en parle peu, mais la Syrie joue un rôle stratégique dans les logiques pétrolières et gazières au Moyen-Orient.

    Or en 2009 et 2010, peu avant que n’éclate la guerre, la Syrie a fait des choix qui ont fortement déplu à l’Occident.

    Quelles sont les données du problème?

    Depuis la fin de la Guerre froide, les États-Unis essaient de casser la dépendance de l’Union européenne au gaz et au pétrole russe. Pour cela, ils ont favorisé des oléoducs et gazoducs qui s’alimentent aux réserves d’Asie centrale et du Caucase mais qui évitent soigneusement de traverser l’espace d’influence russe.

    Ils ont notamment encouragé le projet Nabucco, lequel part d’Asie centrale, passe par la Turquie (pour les infrastructures de stockage) visant ainsi à rendre l’Union européenne dépendante de la Turquie (rappelons que les Américains soutiennent ardemment l’inclusion de la Turquie dans l’UE tout simplement parce qu’ils ne veulent pas d’une Europe-puissance), puis la Bulgarie, la Roumanie, la Hongrie, l’Autriche, la Tchéquie, la Croatie, la Slovénie et l’Italie.

    Nabucco a clairement été lancé pour concurrencer deux projets russes qui fonctionnent aujourd’hui :

    Northstream qui relie directement la Russie à l’Allemagne sans passer par l’Ukraine et la Biélorussie.

    Southstream qui relie la Russie à l’Europe du Sud (Italie, Grèce) et à l’Europe centrale (Autriche-Hongrie).

    Mais Nabucco manque d’approvisionnements et pour concurrencer les projets russes, il lui faudrait pouvoir accéder :

    1/ au gaz iranien qui rejoindrait le point de groupage de Erzurum en Turquie

    2/ au gaz de la Méditerranée orientale : Syrie, Liban, Israël.

    À propos du gaz de la Méditerranée orientale, il est essentiel de savoir que depuis 2009 des bouleversements considérables se sont produits dans la région.

    Des découvertes spectaculaires de gaz et de pétrole ont eu lieu en Méditerranée orientale, dans le bassin du Levant d’une part, en mer Égée d’autre part.

    Ces découvertes exacerbent fortement les contentieux entre Turquie, Grèce, Chypre, Israël, Liban et Syrie.

    En 2009, la compagnie américaine Noble Energy, partenaire d’Israël pour la prospection, a découvert le gisement de Tamar à 80 km d’Haïfa. C’était la plus grande découverte mondiale de gaz de 2009 (283 milliards de m3 de gaz naturel) et en 2009 donc, le statut énergétique d’Israël a radicalement changé, passant d’une situation presque critique (plus que 3 ans de réserves et une très forte dépendance vis-à-vis de l’Égypte) à des perspectives excellentes. Puis en octobre 2010, une découverte encore plus considérable a brutalement donné à Israël plus de 100 ans d’autosuffisance en matière gazière! Israël a trouvé un méga-gisement offshore de gaz naturel qu’il estime être dans sa ZEE : le gisement Léviathan.

    Léviathan est situé à 135 km à l’ouest du port d’Haïfa, on le fore à 5000 m de profondeur, avec 3 compagnies israéliennes plus cette fameuse compagnie américaine, Noble Energy. Ses réserves sont estimées à 450 milliards de m3 (pour avoir un ordre de grandeur, les réserves mondiales prouvées de gaz en 2011 sont de 208,4 trilliards de m3, soit 208 400 milliards de m3 et un pays comme la Russie possède 44,6 trilliards). Quoiqu’il en soit, en 2010, Léviathan fut la plus importante découverte de gaz en eau profonde de ces 10 dernières années.

    Je ne donne pas de détail ici sur les découvertes faites parallèlement en mer Égée, mais elles sont considérables et je vous demande simplement de garder en tête que la Grèce est désormais un pays extrêmement potentiel sur le plan gazier ce qui participe peut-être aussi du déclenchement d’une crise européenne qui aboutira bientôt… à la privatisation totale du système énergétique grec…

    Voici ce que le US Geological Survey estime à propos de la Méditerranée orientale (formée en l’espère de de 3 bassins : bassin égéen au large des côtes grecques, turques et chypriotes ; bassin du Levant au large des côtes du Liban, d’Israël et de Syrie ; bassin du Nil au large des côtes égyptiennes).

    “Les ressources pétrolières et gazières du bassin du Levant sont estimées à 1,68 milliards de barils de pétrole et 3450 milliards de m3 de gaz” “les ressources non découvertes de pétrole et gaz de la province du bassin du Nil sont estimées à environ 1,76 milliards de barils de pétrole et 6850 milliards de m3 de gaz naturel”.

    L’USGS estime que le bassin de Sibérie occidentale (le plus grand bassin de gaz connu) recèle 18 200 milliards de m3 de gaz. En clair, s’agissant du seul gaz, le bassin du Levant c’est plus de la moitié du bassin de Sibérie occidentale.

    Bien évidemment ces découvertes ont attisé les rivalités entre États voisins. Israël et le Liban revendiquent chacun la souveraineté sur ces réserves et l’un des différends profonds entre le président Obama et Benjamin Netanyahu est que les États-Unis, en juillet 2011, ont appuyé la position libanaise contre Israël (car Beyrouth estime que le gisement s’étend aussi sous ses eaux territoriales). Il semblerait que la position américaine vise d’une part à entretenir la division pour jouer un rôle de médiation, d’autre part à empêcher Israël de devenir un acteur autosuffisant.

    Or notre Syrie se trouve au cœur de ces problématiques !

    D’abord concernant Nabucco.

    En novembre 2010, l’Arabie Saoudite et le Qatar ont demandé à Bachar el Assad de pouvoir ouvrir des oléoducs et gazoducs d’exportation vers la Méditerranée orientale. Ces oléoducs leur permettrait en effet de desserrer la contrainte du transport maritime via le détroit d’Ormuz puis le Canal de Suez et d’envoyer plus de gaz vers l’Europe (notamment le Qatar, géant gazier du Moyen-Orient). La Syrie a refusé, avec le soutien marqué de la Russie qui voit dans ces plans la volonté américaine, française, saoudienne et qatarie de diminuer la dépendance européenne au gaz russe.

    On comprend donc la compétition qui se joue entre, d’une part les Occidentaux, la Turquie et les monarchies du Golfe, d’autre part, la Russie, l’Iran et la Syrie, auxquels s’est ajouté l’Irak dirigé par le chiite Maliki et qui s’est fortement rapproché de Téhéran et Damas au détriment des Américains.

    En février 2011 les premiers troubles éclataient en Syrie, troubles qui n’ont cessé de s’amplifier avec l’ingérence, d’une part de combattants islamistes financés par le Qatar et l’Arabie Saoudite, d’autre part de l’action secrète des Occidentaux (Américains, Britanniques et Français).

    Le 25 juillet 2011, l’Iran a signé des accords concernant le transport de son gaz via la Syrie et l’Irak. Cet accord fait de la Syrie le principal centre de stockage et de production, en liaison avec le Liban et l’idée de Téhéran est de desserrer ainsi la contrainte de l’embargo. Gelé par la guerre, le chantier aurait étrangement repris le 19 novembre 2012, après l’élection d’Obama donc et la reprise de négociations secrètes entre les États-Unis et l’Iran.

    Du fait même de sa position centrale entre les gisements de production de l’Est (Irak, monarchies pétrolières) et la Méditerranée orientale, via le port de Tartous, qui ouvre la voie des exportations vers l’Europe, la Syrie est un enjeu stratégique de premier plan.

    Ajoutons à cela la question de l’évacuation du pétrole kurde.

    Il existe un oléoduc qui aujourd’hui achemine le pétrole de Kirkuk (Kurdistan irakien) à travers l’Irak puis la Jordanie et enfin Israël. Mais Israël pourrait aussi voir réhabilité l’ancien oléoduc Mossoul Haïfa (que les Britanniques utilisèrent de 1935 à 1948).

    Ajoutons à cela que la Syrie dispose de réserves dans son sol et probablement en off-shore. Le 16 août 2011, le ministère syrien du pétrole a annoncé la découverte d’un gisement de gaz à Qara, près de Homs, avec une capacité de production de 400 000 m3/j. S’agissant du off-shore, nous avons parlé tout à l’heure des estimations de l’USGS concernant le bassin du Levant, il faut ajouter cette prédiction du Washington Institute for Near East Policy qui pense que la Syrie disposerait des réserves de gaz les plus importantes de tout le bassin méditerranéen oriental, bien supérieures encore à celle d’Israël. Vous voyez là encore, mon leitmotiv et ce que j’ai souvent dit ici : l’avenir c’est le off-shore profond et cela va donner à la mer une dimension géopolitique considérable. Délaisser la mer et son espace maritime est donc, pour n’importe quel pays du monde, une erreur stratégique tragique.

    Il est évident donc que si un changement politique favorable aux Occidentaux, aux Turcs, Saoudiens et Qataris intervenait en Syrie, et que celle-ci se coupait de la Russie (les navires de guerre russes mouillent dans le port stratégique de Tartous, un port qui peut bien sûr accueillir des tankers approvisionnés à partir des oléoducs qui y arriveraient), alors toute la géopolitique pétrolière et gazière de la région serait bouleversée à leur avantage. N’oublions pas l’Égypte, exportatrice de gaz naturel, et qui elle aussi aimerait voir son gaz raccordé à la Turquie via la Syrie.

    Cette simple donnée pétrolière et gazière doit nous faire comprendre la raison pour laquelle la Syrie est attaquée par les Turcs, les Occidentaux et les monarchies du Golfe, et inversement pourquoi elle n’est lâchée ni par les Russes, ni par les Iraniens, ni par les Irakiens.

    Il nous faut maintenant comprendre les dynamiques géopolitiques internes de la Syrie.

    La Syrie c’est un peu plus de 20 millions d’habitants : 80% d’Arabes sunnites, 10% d’Alaouites une forme d’islam rattachée au chiisme, mais pas celui d’Iran) et 10% de chrétiens.

    Bachar el-Assad a à ses côtés 2 millions d’Alaouites encore plus résolus que lui à se battre pour leur survie et plusieurs millions de minoritaires qui ne veulent pas d’une mainmise sunnite sur le pouvoir.

    Il faut comprendre qui sont ces Alaouites. Il s’agit d’une communauté issue, au Xème siècle, aux frontières de l’Empire arabe et de l’Empire byzantin, d’une lointaine scission du chiisme, et qui pratique un syncrétisme comprenant des éléments de chiisme, de panthéisme hellénistique, de mazdéisme persan et de christianisme byzantin. Il est très important pour notre analyse de savoir que les Alaouites sont considérés par l’islam sunnite comme les pires des hérétiques. Au XIVème siècle, le jurisconsulte salafiste Ibn Taymiyya, ancêtre du wahhabisme actuel et référence de poids pour les islamistes du monde entier, a émis une fatwa demandant leur persécution systématique et leur génocide.

    Cette fatwa est toujours d’actualité chez les salafistes, les wahhabites et les Frères musulmans, c’est-à-dire tous ceux que le pouvoir alaouite affronte en ce moment !

    Avant le coup d’État d’Hafez el-Assad en 1970, les Alaouites n’ont connu que la persécution de la part de l’islam dominant, le sunnisme.

    Il faut quand même savoir que jusqu’en 1970, les bourgeois sunnites achetaient encore, par contrat notarié, de jeunes esclaves alaouites.

    Les choses se sont arrangées avec l’installation de l’idéologie nationaliste baathiste en 1963, laquelle fait primer l’arabité sur toute autre considération, et surtout de 1970.

    En résumé, la guerre d’aujourd’hui n’est que le nouvel épisode sanglant de la guerre des partisans d’Ibn Taymiyya contre les hérétiques alaouites, une guerre qui dure depuis le XIVème siècle ! Cette fatwa est à mon avis la source d’un nouveau génocide potentiel (semblable à celui du Rwanda) si le régime vient à tomber. Voilà une donnée essentielle que les Occidentaux font mine pourtant d’ignorer.

    Pourchassés et persécutés durant des siècles, les Alaouites ont dû se réfugier dans les montagnes côtières arides entre le Liban et l’actuelle Turquie tout en donnant à leur croyance un côté hermétique et ésotérique, s’autorisant même le mensonge et la dissimulation (la fameuse Taqqiya) pour échapper à leurs tortionnaires.

    Mais alors vous vous demandez, comment ces Alaouites ont-ils fait pour arriver au pouvoir ?

    Soumise aux occupations militaires étrangères depuis des siècles, la bourgeoisie sunnite de Syrie (un processus similaire s’est produit au Liban) a commis l’erreur habituelle des riches au moment de l’indépendance du pays, en 1943. Le métier des armes à été relégué aux pauvres et non aux fils de “bonne famille”. L’armée a donc été constituée par des minorités : une majorité d’Alaouites mais aussi des chrétiens, Ismaéliens, Druzes, Chiites.

    Hafez el-Assad venait de l’une de ces familles modestes de la communauté alaouite. Il est d’abord devenu chef de l’armée de l’air puis ministre de la défense avant de s’emparer du pouvoir par la force afin de donner à sa communauté sa revanche sur l’Histoire (avec ses alliés Druzes et chrétiens).

    Vous comprenez donc tout de suite que le régime, soutenu par 2 millions d’Alaouites, sans doute 2 à 3 millions d’autres minorités, mais aussi une partie de la bourgeoisie sunnite notamment de Damas, dont les intérêts économiques sont désormais très liés à la dictature, n’a pas d’autre choix que de lutter à mort.

    Quand je dis lutter à mort, je parle du régime que je distingue de Bachar el-Assad. Le régime est plus puissant que Bachar et peut s’en débarrasser s’il estime qu’il en va de sa survie. Mais s’en débarrasser éventuellement ne signifie pas mettre une démocratie qui aboutirait inéluctablement (mathématiquement) au triomphe des islamistes, comme en Tunisie, en Libye, en Égypte, au Yémen…

    Les Chrétiens de Syrie ont vu ce qui s’est passé pour les Chrétiens d’Irak après la chute de Saddam Hussein. Ils voient ce qui se passe en Égypte pour les Coptes, après la victoire des islamistes. Les Druzes savent aussi qu’ils sont, comme les Alaouites, considérés comme des hérétiques à détruire par les combattants salafistes et les Frères musulmans.

    Il est absolument illusoire de penser, comme on le pense en Occident, que les Alaouites accepteront des réformes démocratiques qui amèneraient mécaniquement les salafistes au pouvoir.

    Je le répète : l’erreur consiste à penser que le pays est entré en guerre civile en 2011. Il l’était déjà en 1980 quand un commando de Frères musulmans s’est introduit dans l’école des cadets de l’armée de l’air d’Alep, a mis de côté des élèves officiers sunnites et des alaouites et a massacré 80 cadets alaouites en application de la fatwa d’Ibn Taymiyya. Les Frères musulmans l’ont payé cher en 1982 à Hama, fief de la confrérie, que l’oncle de l’actuel président a rasée en y faisant peut-être 20 000 morts. Les violences intercommunautaires n’ont en réalité jamais cessé mais cela n’intéressait pas l’Occident car il n’y avait à ce moment aucun agenda pétrolier et gazier concernant la Syrie, ni aucun agenda contre l’Iran.

    On dit que le régime est brutal et il est évidemment d’une brutalité incroyable, mais ce n’est pas le régime en soi qui est brutal. La Syrie est passée de l’occupation ottomane et ses méthodes d’écorchage vif, au mandat français de 1920 à 1943, aux anciens nazis réfugiés à partir de 1945 qui sont devenus des conseillers techniques, et ensuite aux conseillers du KGB. C’est évident qu’il n’y a rien à attendre de ce régime en matière de droits de l’homme, de réformes démocratiques… Mais il n’y a rien à attendre non plus des rebelles islamistes qui veulent prendre le pouvoir, et qui disposent d’une fatwa fondamentale pour organiser un véritable génocide des Alaouites. Et d’ailleurs attend-on quelque chose de l’Arabie Saoudite en matière de droits de l’Homme ?

    Nous avons un vrai problème de traitement de l’information à propos de la Syrie, comme nous l’avions hier s’agissant de l’Irak, de la Yougoslavie, de la Libye. Une fois de plus le manichéisme médiatique occidental est à l’œuvre, la machine à fabriquer les Bons et les Méchants, en réalité en fonction surtout des intérêts occidentaux. La source unique, je dis bien unique, des médias occidentaux est l’OSDH (Observatoire syrien des Droits de l’Homme) lequel donne par exemple à l’Agence France Presse l’état de la situation en Syrie, le nombre de morts, de blessés, les exactions etc…

    Or qu’est-ce que l’OSDH ? Il s’agit d’une émanation des Frères musulmans qui est dirigée par des militants islamistes et dont le fondateur, Ryadh el-Maleh, a été condamné pour violences. Basé à Londres depuis la fin des années 1980, il est sous la protection des services britanniques et américains et reçoit des fonds du Qatar et de l’Arabie Saoudite.

    Outre l’OSDH comme référence médiatique, la référence politique des médias occidentaux c’est le Conseil National Syrien, créé en 2011, à Istanbul, sur le modèle du CNT libyen et à l’initiative du parti islamiste turc, l’AKP.

    Financé par le Qatar, le CNS a été coulé dans sa forme initiale à la conférence de Doha, début novembre 2012 par Washington. Les États-Unis considéraient en effet depuis des mois qu’il n’était pas assez représentatif et ont suscité à la place la Coalition nationale des Forces de l’opposition et de la révolution. La réalité est que les Américains trouvaient que la France avait trop d’influence sur ce Conseil où elle avait placé l’opposant syrien sunnite Burhan Ghalioun, professeur de sociologie à la Sorbonne. On retrouve là une compétition franco-américaine semblable à celle qui s’était produite en Libye, où petit à petit l’influence française sur les rebelles anti-Kadhafi a été annulée par l’action souterraine des Américains. Il faut dire que si la France compte sur des professeurs de sociologie pour défendre ses intérêts au Moyen-Orient, elle s’expose à bien des déconvenues…

    À la manœuvre en coulisse, le redoutable et très intelligent ambassadeur américain Robert S. Ford, considéré comme le principal spécialiste du Moyen-Orient au département d’État ; il fut l’assistant de John Negroponte de 2004 à 2006 en Irak où il appliqua la même méthode qu’au Honduras : l’usage intensif d’escadrons de la mort. Peu avant les évènements de Syrie, il fut nommé par Obama ambassadeur à Damas et prit ses fonctions malgré l’opposition du Sénat.

    Cet ambassadeur a fait mettre à la tête de la Coalition nationale des Forces de l’opposition et de la révolutionune personne dont la presse ne parle pas : le cheikh Ahmad Moaz Al-Khatib.

    Son parcours est intéressant et vous allez assez vite comprendre pour quelle raison je m’y attarde.

    Il est un ingénieur en géophysique qui a travaillé 6 ans pour la al-Furat Petroleum Company (1985-1991), une joint-venture entre la compagnie nationale syrienne et des compagnies étrangères, dont l’anglo-hollandaiseShell. En 1992, il hérite de son père la prestigieuse charge de prêcheur de la Mosquée des Ommeyyades à Damas. Il est rapidement relevé de ses fonctions par le régime baathiste et interdit de prêche dans toute la Syrie. Pourquoi ? Parce qu’à l’époque la Syrie soutient l’opération américaine Tempête du Désert pour libérer le Koweït et le cheikh, lui, y est opposé pour les mêmes motifs religieux qu’Oussama Ben Laden : il ne veut pas de présence occidentale sur la terre d’Arabie. Ce sheikh se fixe ensuite au Qatar puis, en 2003-2004, revient en Syrie comme lobbyiste du groupe Shell. Il revient à nouveau en Syrie début 2012 où il enflamme le quartier de Douma (banlieue de Damas). Arrêté puis amnistié il quitte le pays en juillet et s’installe au Caire.

    Sa famille est bien de tradition soufie, donc normalement modérée, mais contrairement à ce que dit l’AFP, il est membre de la confrérie des Frères musulmans et l’a montré lors de son discours d’investiture à Doha. Bref, comme Hamid Karzai en Afghanistan, les Américains nous ont sorti de leur chapeau un lobbyiste pétrolier !

    Maintenant que nous avons donné des éléments d’analyse sur les forces internes à la Syrie, regardons le jeu des forces régionales externes.

    Je l’ai dit, la crise syrienne a éclaté à cause de l’ingérence saoudienne et qatarie (soutenue par les ingérences française, britannique et américaine). L’Arabie Saoudite et le Qatar, avec chacun leurs clientèles, défendent un projet islamiste sunnite pour le Moyen-Orient. De la Libye jusqu’à la Tunisie et l’Égypte, ils ont soutenu le printemps arabe, l’ont peut-être même dire suscité, amenant au pouvoir les Frères musulmans et les salafistes, eux-mêmes en concurrence pour l’établissement d’une société arabe islamique réunifiée dans un seul et même État islamique. On pourrait d’ailleurs s’interroger sur la symétrie étrange entre les Révolutions colorées soutenues par les Américains dans la périphérie de la Russie au début des années 2000, et les révolutions arabes soutenues par le Qatar, l’Arabie Saoudite et sans doute aussi discrètement Washington, au début des années 2010.

    En revanche, Ryad et Doha ont bloqué l’éclosion d’un printemps chiite à Bahreïn, et sont intervenus militairement pour sauver la monarchie sunnite bahreïnie confrontée au soulèvement chiite (rappelons que les chiites représentent 70% de la population de Bahraïn, et n’ont rien de négligeable au Koweït ou aux Émirats). Ce fut, en 2011, la deuxième fois après la guerre du Koweït que l’accord mutuel de protection du Conseil de Coopération du Golfe, dit Bouclier du désert, fut mis en action.

    Le printemps arabe, dont certains soulignent, à juste titre, qu’il s’est en fait transformé en hiver islamiste, a profité aussi fortement aux pays sunnites du Golfe sur le plan économique. Après la crise de 2008 qui avait notamment touché les Émirats Arabes unis, les monarchies sunnites du Golfe ont vu affluer les fortunes amassées sous les dictatures tunisienne, libyenne, égyptienne. Cet argent amassé sous les régimes effondrés ou en voie d’effondrement ne peut plus aller en Europe, ni même en Suisse, car les règles bancaires (compliance) ne le permettent vraiment plus. Il va donc à Dubaï essentiellement.

    Par ailleurs, la chute des exportations de pétrole et de gaz libyen, due à la guerre de 2011 en Libye, a été compensée par une hausse sensible de la production et des exportations de l’Arabie Saoudite, du Qatar, des Émirats Arabes Unis, ce qui a dopé l’économie de ces pays en 2011 et 2012.

    Face au jeu sunnite des monarchies du Golfe, l’Irak dominé par les chiites, l’Iran bien sûr et la Syrie, ont formé un axe que l’on peut qualifier de chiite puisque les Alaouites sont une branche particulière du chiisme et qui essaie de résister à la terrible alliance Occident/Turquie/monarchies sunnites du Golfe.

    Dans ce jeu complexe, se pose alors la question du jeu d’Israël. Paradoxalement, c’est peut-être le moins simple et l’erreur consisterait à vouloir attribuer à Israël, par facilité, “la main cachée qui dirige”.

    Israël, en effet, a longtemps eu comme ennemi principal le nationalisme arabe. L’idéologie baathiste a combattu l’existence d’Israël et soutenu le droit des Palestiniens à récupérer leur terre. Le projet d’un monde arabe unifié, développé et modernisé économiquement grâce aux ressources pétrolières, et avançant vers l’arme atomique (Irak) a longtemps été le cauchemar prioritaire de Tel Aviv.

    Mais le nassérisme est mort, puis le baathisme irakien après lui. Reste aujourd’hui le baathisme syrien, mais il est affaibli, et le rêve de Grande Syrie nourri par Damas est contradictoire depuis bien longtemps avec le nationalisme palestinien.

    Le problème principal d’Israël maintenant, ce sont ces Frères musulmans qui triomphent partout. Ils ont commencé à s’installer via le Hamas à Gaza (en concurrence avec l’OLP qui tient la Cisjordanie et cette division chez les Palestiniens est conforme aux intérêts israéliens) ; ils sont au pouvoir en Turquie alors que l’armée turque a longtemps été un allié fiable d’Israël ; maintenant l’AKP constitue un problème pour les Israéliens (souvenez-vous de l’affaire de la flotte de Gaza) ; les Frères musulmans sont aussi au pouvoir en Égypte depuis la chute de Moubarak (Égypte avec laquelle, depuis 1978, les Israéliens ont un accord de paix), ils sont forts en Jordanie (accord de paix depuis 1995), ils sont en Tunisie, en Libye, ils sont majoritaires en Syrie et essaient de prendre le pouvoir… Bref Israël assiste à une marée montante de Frères musulmans et de salafistes qui envahit tout le Moyen-Orient et menace ses portes, et ces gens-là ne sont pas particulièrement favorables à la reconnaissance du droit d’Israël à vivre en paix. Leur projet d’État islamique unifié regarde Israël comme les États latins croisés du Moyen-âge.

    Il est donc loin d’être certain que la politique américaine de soutien aux islamistes fasse l’unanimité chez les Israéliens. Ceux-ci se sentent de plus en plus seuls. Cette politique pro-islamique de l’Occident pourrait même pousser Israël à trouver des parrains plus fiables que les Américains, la Russie, la Chine ou l’Inde (qui coopère déjà militairement fortement avec Israël face au Pakistan)…

    Israël se prépare sans doute, dans un Moyen-Orient où les États d’aujourd’hui cèderaient de plus en plus la place à des États ou régions autonomes homogènes sur le plan confessionnel (sunnites, chiites, Alaouites…) ou ethniques (Kurdes face aux Arabes), à de nouvelles alliances afin de contrer le danger islamiste sunnite.

    On ne peut pas exclure ainsi un retournement de l’histoire où Israël serait à nouveau proche de l’Iran, s’entendrait avec un Irak dominé par les chiites, ce qui lui permettrait d’éteindre le problème du Hezbollah libanais, soutiendrait un petit réduit alaouite en Syrie, un État kurde également… N’oublions pas en effet que le problème principal qui détermine tout pour les Israéliens c’est le problème palestinien. Si les Palestiniens du Hamas se mettent dans les bras du Qatar et de l’Arabie Saoudite (rappelons la visite historique du l’émir du Qatar début novembre à Gaza), alors l’hypothèse de l’alliance chiite n’est pas à exclure.

    Comme je l’ai dit, une donnée essentielle est que sur le plan énergétique Israël dispose de l’autosuffisance pour le gaz, et que sur le plan pétrolier rien n’empêche demain, si retournement stratégique il y avait, que le pétrole vienne du Kurdistan irakien ou des chiites d’Irak ou d’Iran.

    Le nucléaire iranien dans tout cela ? La réponse à la perspective du nucléaire iranien est-elle à votre avis dans une guerre suicidaire contre l’Iran ou dans une entente avec un futur Iran nucléaire contre l’islam sunnite ? La réponse me semble être dans la question.

    Je crois personnellement que la relation États-Unis/Israël va se distendre tout simplement parce que les Américains sont de moins en moins gouvernés par des WASP (White anglo-saxons protestants) qui pour beaucoup étaient convaincus de la dimension sacrée d’Israël (chrétiens sionistes) et que pour des raisons identitaires (changement ethnique de la population des États-Unis) ce phénomène est quasi-irréversible. Je crois que le même problème se pose en Europe. Le changement de population en Europe de l’ouest, l’islamisation d’une partie de la population disons les choses, va contribuer à installer durablement des gouvernements de gauche ou socio-démocrates qui seront de moins en moins favorables à Israël et de plus en plus tenus par des minorités musulmanes agissantes. Un indicateur de cette tendance de fond est que la plupart des extrêmes droites européennes qui avaient une tradition antisémite deviennent au contraire anti-musulmanes et pro-israéliennes.

    En conclusion, essayons de tracer quelques perspectives, même s’il est très difficile de prédire l’avenir au Moyen-Orient.

    Premièrement, même s’il a en face de lui une majorité de sa population, je pense que le régime syrien peut tenir longtemps car il n’est pas isolé. Deuxièmement, sa cohésion interne est forte pour les raisons que j’évoquais (une guerre de survie pour les minorités confessionnelles au pouvoir) ; troisièmement, le soutien de la Russie est ferme. Et le régime enfin n’est pas enclavé puisqu’il est lié à ses voisins irakien et iranien qui le soutiennent.

    Donc la situation actuelle peut perdurer, le conflit pourrir. 37 000 morts selon l’ODSH (source rébellion) au 10 novembre 2012 et 400 000 réfugiés syriens (Turquie, Liban, Jordanie, Irak) ? Certes c’est énorme, mais nombreuses aussi sont les guerres civiles qui ont dépassé les 100 000 morts et qui se sont traduites par le retour aux équilibres initiaux. Ce n’est pas le nombre de morts ou même la majorité qui déterminent l’issue : ce sont les rapports de force réels, internes, régionaux et mondiaux.

    Si le régime venait cependant à s’effondrer, je n’envisage pas une seconde que les minorités puissent accepter de rester dans le cadre national actuel sans l’obtention de garanties occidentales extrêmement fortes quant à leur sécurité physique. Et même avec ces garanties j’en doute. Elles signeraient leur arrêt de mort d’autant qu’étrangement les Français et les Américains qui soutiennent et arment la rébellion n’ont demandé aucun engagement “anti-génocidaire” après la chute éventuelle de Bachar. On peut imaginer alors l’Iran et l’Irak soit accueillir ces minorités, soit favoriser, avec l’appui de la Russie, la formation d’un réduit alaouite avec notamment un couloir stratégique jusqu’à Tartous. Mais le problème resterait entier car ce que veulent les Occidentaux c’est l’accès syrien à la Méditerranée et le transit pétrolier et gazier par le territoire de la Syrie.

    Mais au risque de vous surprendre, je pense que la baisse de la médiatisation par l’Occident du conflit syrien est le symptôme d’une réalité : l’Occident est en train de perdre la guerre en Syrie. Il peut soutenir le terrorisme à Damas et contre les forces de sécurité, lesquelles opposent une répression cruelle, mais il ne dispose pas de la capacité d’abattre l’appareil sécuritaire syrien. L’armée syrienne dispose de la maîtrise de l’espace aérien et ce n’est pas demain la veille que la France et les États-Unis prendront la responsabilité d’une guerre mondiale avec la Russie. Donc je crois que le régime va tenir. On est arrivé à la situation étrange où la France doit régler le problème d’Al Qaïda au Mali et soutient indirectement Al-Qaïda en Syrie. Le monde est décidément fou.

    Une fois de plus, tout ramène à la question iranienne. L’Iran est la clé du futur Moyen-Orient. Si l’Iran revient à son alliance stratégique avec les États-Unis d’avant la Révolution chiite islamique de 1979, alors on peut penser que les États-Unis et Israël s’appuieront sur le chiisme pour faire contrepoids à un islam sunnite globalement hostile à l’Occident. Mais une autre hypothèse est possible : que les États-Unis, la France (n’oublions pas que les priorités de Paris sont aujourd’hui Doha et Ryad) et la Grande-Bretagne, proches de la Turquie (membre de l’OTAN) restent fortement alliées aux monarchies sunnites et entretiennent de bonnes relations avec les républiques dominées par les Frères musulmans (Tunisie, Égypte, mais quid de l’Algérie demain ?) et alors on ne peut pas exclure qu’Israël se découple de l’Occident pour se rapprocher d’un axe Russie/monde chiite hostile à la Turquie et aux monarchies pétrolières.

    Reste en suspens aussi l’éternelle question kurde avec le jeu de la Turquie.

    Enfin il ne faudrait pas oublier les inquiétantes évolutions dans certains pays d’Europe de l’Ouest comme la France, le Royaume-Uni, la Belgique, pays ou des minorités musulmanes sunnites de plus en plus structurées sur le plan identitaire, de plus en plus revendicatives sur le plan de l’islam, de plus en plus financées par les monarchies sunnites (voir les investissements du Qatar en France), vont sans doute jouer un rôle croissant dans la définition des politiques étrangères de ces pays. Comme vous le savez, en matière de politique étrangère (on l’a vu longtemps s’agissant du lobby juif aux États-Unis), ce ne sont pas les majorités dormantes qui pèsent sur la décision, ce sont au contraire les minorités agissantes organisées. Or dans l’Ouest de l’Europe, ce que l’on a longtemps appelé le lobby juif est de plus en plus faible, concurrencé par le poids du lobby pro-musulman ou pro-arabe dans les partis de gauche notamment.

    Une chose finalement est certaine : avant que nous n’aboutissions à de nouveaux équilibres au Moyen-Orient, le chemin sera pavé de nombreuses souffrances…

    Aymeric Chauprade http://www.theatrum-belli.com

    Conférence donnée à Funglode, Saint Domingue, le 27 novembre 2012. 

    Professeur de géopolitique à l'École de Guerre de 1999 à 2009, professeur invité dans de nombreuses universités étrangères et conseiller géopolitique de plusieurs chefs d'État, Aymeric Chauprade a puissamment contribué à la renaissance de la géopolitique en France. Il dirige une collection aux Editions Ellipse. Auteur d'un monumental ouvrage "Géopolitique - Constantes et changements dans l'histoire" (qui en est à sa troisième édition), et d'un ouvrage de vulgarisation "Chronique du choc des civilisations" (qui est est a sa deuxième édition). 

    Source du texte : REALPOLITIK.TV

  • 2012 : VERS LA DOUBLE RUINE

    Les journaux et les médias sont remplis des états d'âme des divers concurrents à la future élection présidentielle, ce qui est étrange pour des personnes qui sans doute ne croient guère à l'existence de l'âme. Une double certitude ressort de l'examen des programmes des divers candidats présumés ou réels qui se ressemblent tous. Les projets préparent la double ruine. La première ruine viendra de la persistance probable des déficits publics aucune mesure crédible n'étant prévue pour les éviter vraiment. La deuxième ruine résultera de la poursuite sans pitié du déluge de lois qui démantibule la France depuis bien longtemps. Quand un candidat, quelle que soit sa couleur apparente, nous annonce 80 propositions, c'est bien un ouragan législatif avec les conséquences négatives de cette seule perspective. Devant l'immense danger il est nécessaire de s'attarder un peu sur ce déluge.
    D'abord dans l'organisation de la France telle qu'elle est une loi n'est jamais complète avant de multiples « dépendances » : décrets d'application, circulaires, interprétations jurisprudentielles et usage de recours divers éventuels allant parfois jusqu'à l'Europe. Si les lois ont besoin de dépendances, c'est parce qu'elles s'inscrivent dans une galaxie d'usines à gaz. Du temps de Chirac une codification a abouti à 61 codes avec 10 millions de mots ! Il est des chances pour que depuis lors d'autres paquets de lois soient apparus avec d'autres millions de mots Il est donc nécessaire de raccorder les nouvelles lois à ces millions de mots ce qui implique ces « dépendances » et bien entendu jamais l'on arrivera à la véritable clarté. En France, il est impossible d'exercer n'importe quelle activité sans encourir le risque d'être englouti par ce véritable tsunami.
    LES EXPLICATIONS
    Dans l'énoncé des programmes, les futurs fabricants de lois dénoncent pour se justifier des aspects désolants du désastre français comme pêle-mêle : la dégradation du pouvoir d'achat, le chômage, les retraites insuffisantes, les délocalisations, etc. Il y a lieu alors de rappeler le principe des calamités qui s'énonce ainsi : « Quand les Hommes de l'État ont créé une première calamité, et, dès lors que cette première calamité devient trop visible, ils en créent une deuxième pour corriger la première et ainsi de suite ». Les futures lois dont ils nous menacent s'inscrivent dans ce schéma mais ils se garderont bien de préciser que les calamités innombrables viennent justement des politiques socialisantes que tous les gouvernements ont pratiqué depuis des décennies.
    Une autre cause de la déferlante se situe dans la multiplication du nombre des ministres, car un ministre n'existe que s'il déclenche des lois. L'on se souvient de ce premier ministre qui avait prétendu juger l'activité des ministres en les jugeant justement sur leur aptitude à faire voter des lois. A l'activité incongrue des ministres, dont beaucoup sont inutiles, s'ajoute celle des parlementaires : avoir une loi portant son nom revient à bénéficier d'une publicité dont personne n'a jamais essayé de calculer la valeur qui doit être grande.
    LES CATEGORIES DE LOIS
    Une loi qui n'a pas reçu ses dépendances est une loi inapplicable, une sorte de loi en suspens : les exemples sont permanents. Il est des lois, qui n'auront jamais leurs dépendances : ce sont des lois mortes aussitôt que nées ; les experts comptent que depuis 2007 peut-être 30 % des lois votées sont ainsi des lois mortes-nées.
    Il existe des lois inapplicables car inintelligibles et la lecture des rapports de la Cour des comptes est édifiante à cet égard. Un grand nombre sont contradictoires avec d’autres et certaines sont rétroactives : le droit fiscal en est peuplé et le budget 2012 en prépare. Il faut compter avec les lois en mouvement perpétuel, ce qui est le cas des nombreuses lois sur le logement.
    Il y a, plus fort encore, ce sont les lois en « coma avancé » : en effet, une foule d'organismes sont aux aguets pour détruire les lois après coup, ainsi le conseil d'État ou le conseil constitutionnel. L'Europe est embusquée avec la Cour de Luxembourg en dernier recours. Quand le coma se réalise effectivement, parfois au bout de longues années, il est rétroactif : la république a inventé la mort rétroactive ce qui, pour des partisans de la culture de mort, est finalement assez logique.
    Chirac a innové en avril 2007 avec la loi « pantomime » ; il a déclaré devant le prompteur qu'il allait promulguer une loi, mais qu'il demanderait tout aussitôt au gouvernement de mettre en chantier une nouvelle loi qui pratiquement détruirait la loi que son auguste main allait parapher : nous nous trouvons une fois de plus devant une grosse farce.
    L'EFFET DE PAUPERISATION
    L'influence très négative sur la richesse de la nation de tout ce micmac est dramatique.
    Ces gens, qui parlent la bouche pleine des prétendus droits de l'homme, ignorent ou feignent d'ignorer que le premier droit, non de l'homme, mais des hommes est la sécurité juridique ; l'absence de sécurité juridique conduit à l'arbitraire et au totalitarisme ; les citoyens-esclaves ne s'y retrouvent pas et les fabricants de la loi, seuls connaisseurs de la jungle, agissent selon leur bon plaisir, allant jusqu'à asservir la justice à leur profit.
    Dans l'attente que la loi soit complétée par ses dépendances, entreprises et particuliers sont en suspens et une foule de projets sont arrêtés purement et simplement ce qui est une cause importante de la paupérisation du peuple français. Le temps d'attente peut être fort long et prolonger l'incertitude sur les investissements : le va-et-vient public actuel en attente des derniers « réglages » de la nouvelle fiscalité du patrimoine est véritablement tragique.
    Seuls les spécialistes sont capables de fournir des avis valables sur certaines lois et les entreprises sont condamnées à des honoraires inutiles pour naviguer dans cet océan sans rivage ; ne pas oublier l'obligation pour les dirigeants de consacrer une partie de leur temps à ce sujet et parfois de prendre des décisions anti économiques sous la pression des lois.
    La paupérisation de la France, c'est-à-dire plus généralement l'effet de ruine, n'est pas du tout due au hasard mais à des causes très précises. A ce titre, la rafale des lois est comparable aux mines antipersonnel qui éclatent sous les pas du promeneur dans certaines régions du globe en détruisant tout.
    MADAME THATCHER
    À l'égard de l'ouragan législatif et de bien d'autres calamités les perspectives de l'après 2012 paraissent plutôt sombres car la classe politique française est figée dans les mêmes postures depuis longtemps.
    Certains pays pourtant ont su bouger. Avant Thatcher, la Grande-Bretagne était empêtrée dans des problèmes bien plus redoutables que ceux de la France d'aujourd'hui et était promise au déclin. Nous ne savons pas si la célèbre Baronne a freiné l'ouragan législatif. En tout cas, elle a sauvé le navire en perdition et ses successeurs, quels qu'ils soient ont poursuivi.
    Michel de Poncins http://libeco.net/

  • Ils veulent faire disparaître les Scandinaves !

    Par René Blanc  

    Heureux royaume des trolls et des elfes, a-t-on coutume de dire de la Norvège, si riche et si sereine. Oubliant simplement que les pays sont ce que leurs habitants en font. Heureuse Norvège d’avoir été peuplée par des Norvégiens. Et comment ne pas s’interroger sur ces immenses espaces glacés, ces neiges à l’infini, ce promontoire européen si formidablement ingrat, battu par les tempêtes et le froid, le brouillard et la nuit à n’en pas finir deux mois par an. Et qui pourtant a été transformé en ce qui dans toutes les enquêtes apparaît comme la nation la plus privilégiée de la planète. Si chichement dotée par la nature quand on la compare aux joyaux tropicaux qui ont tout pour eux depuis la nuit des temps : le soleil et la chaleur, la pluie et la richesse des sols, la vigueur des plantes, le foisonnement de la vie animale. Mais qui, depuis l’aube de l’humanité, portent en eux, comme une malédfiction fatale, des populations sans volonté, sans vision et sans génie. Epargné depuis toujours par ces esprits casseurs qui ont désertifié les Tropiques, voici que le Septentrion voit surgir ces hordes. La fin est proche.

    Bien sûr que tout cela est en train de disparaître à grande vitesse. Plus qu’ailleurs, malgré la discrétion observée autour de ce phénomène, les forces de destruction de l’Europe sont à l’ouvrage. Et avec d’autant plus de hargne que ce pays résiste et qu’il aura rejeté avec insolence et détermination, la mascarade qu’est l’Europe de Francfort. Les Norvégiens sont en voie de disparition, physique, morale, intellectuelle, culturelle. Au point qu’une dépêche de l’Agence Reuters datée du 22 juillet 2011 tout de suite après le massacre opéré par Breivik, pouvait affirmer que « le Grand Oslo possède 1,4 million d’habitants ce qui en fait la capitale d’Europe qui croît démographiquement le plus vite, grâce à l’immigration ». Comme en France, et afin de ne pas alarmer les populations indigènes, les dirigeants norvégiens ne publient pas de statistiques ethniques. Pourtant, comme en France, toutes sortes d’instruments permettent de mesurer les évolutions. Et elles sont dramatiques.

    En 2012 sur les 5 millions d’habitants que compte le pays, 660.000 sont d’origine immigrée (13,1 %). Certes la moitié vient d’Europe, mais les originaires du sous-continent indien à eux seuls sont 220.000. Et ne figurent pas bien entendu dans ces chiffres les clandestins. Plus de 400.000 (62,2%) sont naturalisés. A Oslo ils sont 26 %. A Drammen 18 %. En 2010 il y eut 57.000 immigrés ce qui représenta 90 % de la croissance démographique. Un chiffre illustrera la catastrophe biologique qui guette ce pays : 27 % des nouveaux nés possédaient une origine immigrée. Il existe bien, incontestablement, une volonté du régime norvégien d’imposer à ce pays, rapidement, un métissage de nature à faire disparaître définitivement les caractéristiques raciales qui étaient les siennes depuis plusieurs milliers d’années. Le grand Viking blond/roux aux yeux clairs indispose à l’évidence les petits hommes bruns qui dominent cette planète et grouillent dans les couloirs de l’ONU. Ils ne plaisent pas, surtout, aux salauds kollabos, anti-racistes, multiraciaux siégeant à tous les niveaux de la direction globale et dont on ne peut douter que la volonté de métisser à tout prix les sociétés blanches répond d’abord à une haine mortifère de ces sociétés. 

    Le rouleau compresseur métis avance 

    Les projections pour 2060 prédisent plus de 7millions d’habitants. Toutes les mesures confirment qu’alors les Blancs seront minoritaires. Que rien ne soit fait pour inverser la tendance et qu’au contraire le pouvoir fasse tout ce qu’il peut pour l’accélérer montre assez clairement que les renégats dirigeant ce pays le mènent délibérément à sa disparition.

    Ce n’est pas qu’il en irait différemment si les Conservateurs étaient au pouvoir. On a vu, durant le quinquennat Sarkozy, la formidable progression de l’Islam en France, la préférence accordée aux élites maghrébines dans toutes les branches de l’économie, de la culture, des media, du service public, des loisirs, la société multiraciale et pluriculturelle devenue le modèle privilégié par l’Etat. 

    En tout cas depuis 2006 la destruction méthodique de tout ce qui est norvégien en Norvège est menée à bien par […]

    http://rivarol.over-blog.com 

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  • La France est en guerre et personne ne veut le dire

    L'écrivain engagé Renaud Camus dit clairement que la France est en guerre et que ce que les médias appellent actes de violences ou incivilités sont en fait des actes de guerre menés contre la France et sa civilisation.

    Où voyez-vous des actes de guerre en France qui rappellent le début de la guerre d'Algérie ?

    Ce qui rappelle le début de la guerre d’Algérie c'est l’extrême euphémisation du discours imposé par le complexe médiatico-politique. On disait « les évènements », on dit « les affrontements ». Le caractère de conflit territorial est totalement nié.

    Pourquoi êtes-vous en colère contre les médias ?

    Parce qu’ils imposent (presque) unanimement un système de lecture du monde qui est une formidable machine à ne pas voir, à ne pas dire, à ne pas comprendre. L’antiracisme, car c’est de lui qu’il s'agit, depuis qu’il a cessé d’être une morale pour se transformer en idéologie, en endoctrinement, en instrument de pouvoir et de répression, est devenu ce que j’ai appelé, empruntant l’expression à Alain Finkielkraut, Le Communisme du XXIe siècle (éditions Xénia). Il sert, menaces à l’appui, à dissimuler ce qui survient : à savoir le changement de peuple, le Grand Remplacement, la contre-colonisation.

    Pourquoi avoir fondé un parti politique ?

    Parce qu’il n’en existait aucun qui répondît à l’urgence de la situation et nommât ce qui arrive, la conquête du territoire. Il y avait bien le Front national, qui au moins paraissait conscient de la réalité des choses, mais la présence à sa tête de Jean-Marie Le Pen, à l’époque, empêchait de s'en rapprocher, a fortiori d’y adhérer.

    Pourquoi vos maisons d'édition ont arrêté votre contrat ?

    Ça, c’est plutôt à elles qu’il faut le demander…

    Est-ce que la France est une terre d'immigration depuis des siècles ?

    Absolument pas. C’est l'une des plus cyniques inventions de l’historiographie collaborationniste, au service du parti dévot. Entre le VIe et le XXe siècle, la France a eu une population aux composantes stables. Une première vague d'immigration se manifeste à partir de la fin du XIXe siècle, mais c’est encore une immigration d'individus, et facilement assimilables en une ou deux générations parce que de même civilisation, chrétienne et européenne : Belges, Italiens, Polonais. L’immigration de masse ne commence qu’avec le dernier tiers du XXe siècle et très vite il n’est plus question d’intégration car si la France a toujours su et pu intégrer des individus, elle ne peut pas intégrer des peuples, surtout s’ils appartiennent à des civilisations totalement étrangères à la nôtre et souvent hostiles. Faut-il créer comme sous le modèle de De Gaulle un gouvernement des Forces françaises libres? Nous n’en sommes pas là. De vastes parties du territoire sont encore sous le contrôle du gouvernement national. Le problème est qu’il est lui-même largement entre les mains d'inconscients ou de cyniques, qui s’accommodent très bien de la colonisation en cours ou qui la favorisent.

    Assistons-nous à la réécriture de l'Histoire de France ?

    Ah ça, totalement. Elle est grandement favorisée par la Grande Déculturation, l’effondrement du système d'éducation, l’enseignement de l’oubli, l’industrie de l’hébétude.

    Pourquoi les populations maghrébines veulent à tout prix venir en France alors qu'elles ont chassé la France de leurs pays ?

    Quand les Russes ont chassé les Français de Russie, en 1812, ils les ont poursuivis jusqu’à Paris. Mais ils ne sont restés que deux ou trois ans. Et ils n’étaient qu’une armée, pas un peuple.

    Est-ce que la France est comme le Kosovo avec des zones musulmanes, africaines et chrétiennes ?

    La France moderne s’ingénie à devenir ce que la France classique s’est évertuée des siècles durant à ne pas être, une ex-Yougoslavie, des Balkans, un autre Liban, un panier de crabes.

    Puisque nous parlons de populations différentes. Parlez-nous du traitement des statistiques sur la démographie !

    Statistiques et sociologie sont au parti dévot ce que la biologie de Lyssenko était au stalinisme.

    Avez-vous lu « Les Yeux grands fermés » de Michèle Tribalat? Votre avis ?

    Une des rares voix clamant dans le désert, comme celle de Richard Millet en littérature.

    Les immigrés disent être plus français que les Français et nomment les Français «souchiens ou sous-chiens». Cela vous choque ?

    C’est peut-être vrai de quelques milliers d’entre eux, qui aiment plus la France que ne l’aiment ses indigènes déculturés. De la part des autres, ce n'est qu'une revendication territoriale — cela ne fait que me confirmer dans ce que je pense : qu'une conquête est en cours, par colonisation de peuplement.

    Que pensez-vous du rôle des organisations humanitaires qui comme le Mrap interdisent de parler des faits ?

    Qu’elles sont les auxiliaires intéressées du Grand Remplacement.

    Le fait que Poutine interdise de telles organisations en Russie est donc une bonne idée ?

    Il n’est pas nécessaire de les interdire. Il suffit de ne pas les subventionner.

    Renaud Camus La voix de la Russie
    Propos recueillis par Olivier Renault
    20/08/2012

  • Immigration de masse : la grande catastrophe

    L’immigration de masse n’est pas une chance pour la France. C’est une catastrophe. Une grande catastrophe : identitaire, sécuritaire, scolaire, administrative, sanitaire, économique, sociale, budgétaire, environnementale, politique, diplomatique, démographique ; c’est aussi une catastrophe pour les libertés. Il est temps de rappeler les faits, dans toute leur réalité, c’est-à-dire dans toute leur brutalité. Sans haine, bien sûr, mais aussi sans faux semblants, ni tartufferies, ni concessions aux convenances de la bien-pensance.

    – Catastrophe identitaire. Beaucoup de Français de souche européenne se sentent devenir étrangers dans leur propre pays. Dans certains quartiers, ils deviennent une minorité opprimée. Des coutumes étrangères – voile islamique, boubous, djellabas – leur sont imposées dans l’espace public. Des règles alimentaires musulmanes s’implantent dans leurs abattoirs et s’imposent dans leurs assiettes. Les paysages urbains sont transformés par l’édification de mosquées monumentales, expression d’une prise de contrôle symbolique du territoire français. Les programmes scolaires et leurs mises en œuvre sont « adaptés » aux exigences de minorités venues d’ailleurs. Les principes républicains (laïcité, mérite, égalité de droit) sont bafoués. La France devient multiculturelle et donc multiconflictuelle.

    – Catastrophe sécuritaire. Du strict point de vue des faits, il est incontestable que la très grande majorité des trafiquants de drogue sont noirs ou arabes. Les violences faites aux femmes, les agressions dans les écoles, les rencontres sportives entre amateurs qui tournent mal, sont concentrées dans les quartiers de l’immigration et les périphéries qu’ils impactent. Plus généralement, l’explosion de la délinquance, depuis les années 1970, est en relation directe avec la progression de l’immigration. Dans les prisons, de l’ordre des deux tiers des personnes incarcérées ne sont pas des Français de souche. Plus de la moitié des détenus sont musulmans. Près de 800 quartiers sont devenus des zones de non-droit où les pompiers et les SAMU s’exposent à être caillassés et où les médecins hésitent à s’aventurer.

    – Catastrophe pour les libertés. La montée de l’insécurité liée à l’immigration limite dans les faits la liberté d’aller et venir (dans certains quartiers ou moyens de transport) des honnêtes citoyens. La lutte contre l’insécurité n’a pas porté sur ses vraies causes mais a provoqué une multiplication des lois sécuritaires potentiellement dangereuses pour les libertés : inflation du nombre des incriminations pénales, extension des délais de garde à vue, essor de la vidéo-surveillance, développement de la sécurité privée. Pour imposer, sans débat et sans consultation des Français, une politique migratoire insensée les gouvernements successifs ont fait voter des lois liberticides : lois Pleven (1972), Gayssot (1990), Toubon (1994), Taubira (2002) qui sont des atteintes successives à la liberté d’expression, en même temps qu’une véritable régression civilisationnelle.

    – Catastrophe scolaire. Les réformes pédagogiques et le collège unique ont débouché sur une dégradation de l’acquisition des connaissances par les élèves. Ce phénomène est grandement amplifié par l’hétérogénéité croissante des classes en raison d’une immigration qui accentue les différences entre élèves, s’agissant des capacités cognitives, de la maîtrise de la langue française et de l’acceptation du contenu des programmes (histoire, littérature, biologie). L’affectation des enseignants débutants dans les banlieues de l’immigration rend leur recrutement de plus en plus difficile et conduit souvent au découragement de ceux qui ont choisi le métier de professeur. Cet ensemble de faits explique qu’aux tests internationaux PISA, les performances des élèves scolarisés en France déclinent davantage que dans les pays voisins. A contrario, c’est la Finlande, pays européen le plus homogène ethniquement, qui obtient les meilleurs résultats internationaux.

    – Catastrophe administrative. Certains immigrés sont amenés à importer des pratiques frauduleuses souvent jugées normales dans leur pays d’origine : fausses déclarations, corruption active de fonctionnaire ou menaces. Les fonctionnaires de police, des préfectures, des services du permis de conduire, les agents des services sociaux mais aussi les enseignants sont exposés à ces comportements.

    – Catastrophe pour la santé publique. Compte tenu des contraintes budgétaires qui l’encadrent et de l’allongement de la vie, le système sanitaire français est au bord de la rupture financière. L’immigration apporte des déséquilibres supplémentaires : un nombre croissant de bénéficiaires non cotisants (CMU, CMU complémentaire, Aide médicale d’Etat), du tourisme médical offrant l’accès à des lits d’hôpitaux parfois en nombre insuffisant, l’essor de maladies rares en France (tuberculose, SIDA) mais fréquentes dans les départements à forte immigration africaine (93, 95 notamment). L’organisation même des services d’urgence est perturbée par des comportements compulsifs, voire agressifs, de personnes ne suivant pas le parcours de soins habituel. Or cette augmentation de la demande médicale n’ayant été ni anticipée ni financée, les hôpitaux sont conduits à recruter des médecins étrangers sous-payés et parfois sous-qualifiés.

    – Catastrophe pour l’emploi. Le chômage dépasse le seuil de 10% de la population active, 15% en prenant en compte le chômage partiel. C’est une cause majeure de malaise social et de déficit budgétaire. L’immigration n’est pas seule en cause mais amplifie le phénomène. Le taux de chômage des étrangers africains ou maghrébins est le double du taux français, selon l’INSEE. Le taux de chômage des jeunes issus de l’immigration maghrébine ou africaine est aussi le double de celui des jeunes Français d’origine européenne (1). On connaît l’antienne cent fois répétée : « Les étrangers font le travail que les Français ne veulent plus faire ». Pour être plus exact, il faudrait dire : « …ou plutôt que les étrangers déjà installés et les immigrés de la seconde génération ne veulent plus faire non plus ». Les immigrés qui entrent aujourd’hui en France maintiennent au chômage des étrangers déjà présents ; et ce sont les parents des chômeurs de demain.

    – Catastrophe pour les salaires. Sous l’effet de la poursuite inconsidérée de l’immigration, les salaires baissent dans de nombreux secteurs et métiers : ouvriers du bâtiment et travaux publics, employés de la restauration ou des services d’aide à la personne, artisans mais aussi techniciens et ingénieurs, notamment dans l’informatique, sont concernés. Ce sont les jeunes actifs entrant sur le marché du travail qui sont les premières victimes de ce phénomène. L’ouverture des frontières offre un immense réservoir de main-d’œuvre aux sociétés industrielles capitalistes tandis que l’Etat-providence assure à tous un revenu minimal : d’où le développement simultané du chômage, de la baisse des salaires et de la montée des déficits. Difficile de faire pire !

    – Catastrophe budgétaire. Dans un pays en sous-emploi, l’immigration est un boulet économique : toute entrée de personnes supplémentaires sur le territoire accroît les charges sociales et les frais généraux de la nation, sans recettes correspondantes. En appliquant les modes de calcul du prix Nobel Maurice Allais on peut estimer à 18 milliards d’euros, chaque année, les coûts d’investissement (logements, hôpitaux, écoles, transports, prisons) et les charges de fonctionnement (écoles, aides et prestations sociales) liés à l’entrée de plus de 200.000 étrangers supplémentaires. Ceux qui prétendent, contre tout bon sens, que l’immigration améliore les comptes français oublient deux choses : que la France est en sous-emploi et qu’il est inexact de comparer une population immigrée jeune à une population française âgée puisque celle-ci compte… de vieux immigrés naturalisés. Enfin, une partie des salaires et des aides sociales perçues repart, à hauteur de plusieurs milliards d’euros, vers les pays d’origine, ce qui creuse le déficit de la balance des paiements française.

    – Catastrophe environnementale et pour l’aménagement du territoire. L’immigration de masse aboutit à déstructurer les espaces urbains ; elle provoque le white flight (2) et amplifie la crise du logement et la rurbanisation du territoire ; résultat : l’artificialisation des sols s’accélère ; tous les dix ans l’équivalent de la surface d’un département est artificialisé, ce qui détruit des paysages, fruits d’un équilibre millénaire. La gestion des déchets dans les quartiers de l’immigration et dans de nombreux campements Roms pose des problèmes environnementaux graves.

    – Catastrophe dans les transports. En trente ans, la situation dans les transports publics des grandes métropoles s’est profondément dégradée : d’abord, parce que les réseaux de transport doivent déplacer davantage d’usagers sans disposer pour cela de recettes supplémentaires correspondantes ; ensuite, parce que les comportements irresponsables (blocage des fermetures de portes des trains, descente sur les voies de chemin de fer), les actes de vandalisme et les agressions, particulièrement fréquents sur les lignes desservant les banlieues de l’immigration, se répercutent sur l’ensemble des réseaux, générant des retards à répétition. Les vols de métaux, commis par des mafias souvent venues d’ailleurs, sont une cause additionnelle de perturbations.

    – Catastrophe politique. Selon la Constitution, « la souveraineté appartient au peuple », et « la loi est l’expression de la volonté générale » ; or, pour qu’un groupe humain fasse peuple, il faut qu’il partage des valeurs, des coutumes et des comportements communs. Cela suppose l’assimilation. La communautarisation ethnique et religieuse s’y oppose. Les minorités monnaient leurs voix. Ce qui conduit les maires à « courtiser l’islamisme » (3) et le parti socialiste à fonder sa stratégie électorale sur le remplacement des classes populaires françaises par les minorités étrangères.

    – Catastrophe pour la souveraineté française. A terme, nos options de politique étrangère risquent d’être prises au regard des réactions éventuelles de minorités arabophones ou islamisées présentes sur notre sol ; d’ores et déjà, celles-ci sont la cible de spectaculaires opérations d’influence de la part des Etats-Unis et du Qatar, sans compter le financement de mosquées par l’Arabie Saoudite, le Maroc, l’Algérie ou la Turquie.

    – Catastrophe démographique. A moyen et long terme, c’est à une substitution de population que nous assistons. C’est déjà le cas en Seine-Saint-Denis où plus de la moitié de la population est noire ou maghrébine. C’est aussi le cas dans la grande majorité des 800 quartiers « sensibles ». Ce pourrait être, à terme, le cas de l’ensemble de la France menacée de « grand remplacement », selon la juste expression de l’écrivain Renaud Camus. Ce génocide lent a deux causes : l’arrivée de populations étrangères fécondes, en raison notamment de l’immigration nuptiale (entrée en France de jeunes femmes avec un taux de fécondité élevée) ; mais aussi le découragement de bien des familles de souche européenne qui se heurtent à des difficultés croissantes pour se loger, pour se déplacer et pour trouver des écoles adaptées à leurs enfants. La surnatalité ou la seule irruption étrangère est aussi une cause de la dénatalité française. Ce phénomène a été observé par le passé dans l’effondrement de nombreuses civilisations, notamment méso-américaines. La catastrophe démographique est évidemment de loin la plus grave car elle est potentiellement irréversible.

    Faire face à la crise existentielle du peuple français

    Certes, l’ensemble des difficultés françaises ne saurait être réduit à l’immigration. La crise existentielle du peuple français est la cause majeure de l’abaissement français. Mais il serait vain d’envisager – par aveuglement, paresse intellectuelle, lâcheté morale, opportunisme médiatique ou cynisme politique – un quelconque relèvement français (ou européen) sans que soit posée la question de l’immigration. Pour une raison simple : oser s’attaquer au problème de l’immigration, c’est la première étape du redressement, car c’est le tabou le plus fort qu’il faut briser : celui de la mauvaise conscience et de la repentance.

    Polémia
    30/11/2012

    Polémia reviendra dans un prochain texte sur les causes profondes de l’immigration et les forces qui en portent la responsabilité.

    Notes

    (1) Sources INSEE : Nombre de chômeurs et taux de chômage selon la nationalité, le sexe et l'âge en 2009 : http://www.insee.fr/fr/themes/tableau.asp?reg_id=0&ref_id=NATnon03323 et ministère de l’Intérieur, Infos migrations, mai 2011.
    (2) « White flight désigne la migration des personnes de race europoïde de zones urbaines qui ont vu un taux d'immigration de populations allogènes augmenter significativement. » « L’expression, née aux Etats-Unis, est utilisée pour l’exode des populations blanches des centres-villes américains après la fin de la ségrégation raciale. » (Sources : Wikipedia et Wiktionnaire.)
    (3) Selon le titre d’un livre de Joachim Veliocas, de l’Observatoire de l’islamisation.

  • La réélection d’Obama – par Yves-Marie Laulan

    La cause est entendue. Obama a été réélu par les minorités noires et latino, mais aussi par la fraction de la communauté blanche dite libérale, lisons quasi socialiste, merveilleusement incarnée naguère par feu Edwards Kennedy, milliardaire au grand cœur.
    C’est celle qui ne rêve que d’étendre encore davantage l’emprise de l’État fédéral à des fins de justice sociale, entendons par-là une redistribution aussi large que possible en faveur des déshérités, celle qui a milité avec acharnement en faveur de la réforme du National Health Service votée voici plus de deux ans. 
    Aux États-Unis comme en France, l’électorat blanc a été victime de l’immigration. En fait, cela était prévisible voici dix ans, lorsque le Bureau of Census américain nous a appris que le dernier bébé né aux États-Unis cette année-là changeait la majorité de la population en faveur des minorités. Les blancs d’origine caucasienne devenaient minoritaires pour la première fois dans l’histoire de l’Amérique. Les conséquences électorales n’ont pas tardé à se manifester.
    En gros, cette élection a vu le triomphe de l’Amérique sociale et compatissante contre l’Amérique industrieuse et industrielle, l’Amérique du travail, de la compétitivité et de la réussite  individuelle contre l’Amérique  compatissante soucieuse de la prise en charge par la collectivité de tous les « laissés pour compte de la croissance ». Et ils sont nombreux Outre Atlantique où la crise financière a creusé encore davantage le fossé toujours béant des inégalités de la société américaine.
    Cette réélection apparaît d’autant plus injustifiée qu’Obama, en dépit de son évidente bonne volonté et de ses qualités personnelles, a échoué sur toute la ligne, notamment en termes d’emplois et de croissance. La création d’emplois nouveaux reste anémique et la croissance oscille, pour l’instant, autour d’une trajectoire quasi plate et cela en dehors d’un déficit budgétaire qui reste phénoménal et des énormes quantités de liquidités enfournée à tour de bras par Ben Bernanke, le président d’une Fed complaisante devenue une machine à imprimer des billets. En dehors de cela, la crise des crédits hypothécaires n’est toujours pas résolue et bien des ménages modestes continuent à être expulsés sans ménagement de leurs logements. Bien plus, la réforme du secteur bancaire et financier n’a été menée à bien qu’en partie et les fameux « hedge funds » recommencent à proliférer ici et là. Les leçons de la dernière crise n’ont manifestement pas été tirées. Une nouvelle « bulle » spéculative ne va pas tarder à se former.
    Que faut-il attendre de cette réélection ? Il est permis de se demander si, avec la mise à l’écart de Mitt Romney, malgré ses défauts, l’Amérique n’a pas perdu sa dernière chance de se réformer et de remonter la pente. En d’autres termes, il est donc à craindre que les États-Unis, qui sont sur une pente hésitante depuis une dizaine d’années, vont à leur tour emprunter le chemin du déclin, comme  la vieille Europe avant eux.
    Car les « penseurs » Outre atlantique, et l’on pense ici naturellement au plus vociférant d’entre, le prix Nobel d’économie, mais surtout chroniqueur au New York Time, Paul Krugman, à la barbe fleurie, persistent à ne jurer que par l’évangile selon Keynes, à savoir, des déficits, encore des déficits et toujours des déficits (d’autant plus que comme il est prévisible, le nouveau Health Service qui entrera en œuvre en 2014 va se révéler un insondable gouffre à milliards de dollars  (comme notre chère Sécu en Europe).
    C’est que financer par le déficit est tellement commode. Aussi longtemps néanmoins que l’hydre de l’inflation ne réapparait pas  (elle est contenue, pour l’instant) par le chômage et  la compression du revenu moyen des ménages) et  que les investisseurs étrangers, japonais mais surtout chinois, continuent faute de mieux à acheter des bons du trésor américains qui financent le déficit. Car les États-Unis, on le sait, disposent du redoutable privilège de battre monnaie internationale.
    L’endettement des États-Unis va donc continuer à s’élever tranquillement vers le ciel avec cependant une double limite. La première serait si, pour une raison ou pour une autre, la Chine renâclait  à financer l’Amérique, ce qui peut intervenir en cas de fâcherie sérieuse, (d’ordre diplomatique ou prudentielle) auquel cas les taux d’intérêt, qui sont restés à un niveau historiquement bas, et disons-le anormalement bas, commençaient à grimper, risquant  du même coup d’étrangler dans l’œuf une reprise économique toujours hésitante. Il est vrai que si la technique du « fracking » tenait ses promesses, et que les USA redeviennent exportateur net de pétrole et de gaz naturel, ce serait évidemment un ballon d’oxygène en faveur de ce pays qui pourrait à nouveau bénéficier d’un sursis inespéré dans la remise en ordre de son économie et notamment la reconstruction de ses infrastructures terriblement négligées. Mais saura-t-il en profiter ? Pour l’instant, il n’en a guère pris le chemin et il est à craindre que les ressources additionnelles ne soient utilisées pour financer de nouvelles largesses sociales en faveur de la nouvelle majorité.
    Un second obstacle qui se dresse sur la route du déficit à perpétuité tient à la majorité de la Chambre des Représentants où les Républicains, enragés de leur nouvelle défaite, ne semblent pas disposés au moindre compromis. Mais tout finira bien par un compromis boiteux, comme d’habitude.
    C’est dans le domaine de la politique étrangère que le changement pourrait être le plus net.
    Le président Obama voudra sans doute -il  est né à Hawaii- concentrer son attention sur  le Pacifique, face à la Chine, et se désintéresser un peu plus de cette insupportable  Europe qui refuse obstinément de financer sa propre défense tout en s’enlisant voluptueusement, mois après mois, dans les méandres infinis de la crise de l’euro. Par ailleurs, le processus, en route, d’islamisation insidieuse de la vieille Europe n’a certainement pas échappé aux observateurs américains. Entre une Europe plus ou moins islamisée et une Europe encore vaguement chrétienne, il est clair que les USA n’hésiteront pas privilégier la première, pour sauvegarder avant tout leurs intérêts stratégiques de long terme. Comme ils l’ont magistralement fait au Moyen-Orient (avec, il est vrai, des résultats bien ambigus). Et tant pis pour cette vieille Europe qui s’est obstinément montrée incapable de se défendre toute seule.
    Par contre, le volcan israélien risque de se réveiller tout d’un coup, et l’Amérique, pourtant lasse des combats en terres étrangères, pourrait bien se voir happée à contre cœur dans un  nouveau champ de bataille au Moyen- Orient. D’autant plus que le brasier syrien flambe de plus belle et que le feu couve sous les cendres en Libye.
    Dure leçon. Il ne suffit pas de gagner de justesse les élections américaines pour que la paix revienne miraculeusement dans le monde.
    Dans ce contexte déprimé, une Amérique diminuée pourra-telle rester le grand arbitre international, le champion des libertés dans le monde ? Voire.

  • Qui se cache derrière l’Union Européenne ?

    Analyse intéressante qui s’interroge sur l’identité de ceux qui tirent les ficelles de l’Union Européenne. Car ces technocrates non-élus, entre les mains desquels l’Union a remis son destin, s’ils ne représentent pas le peuple duquel ils ne sont pas issus, servent cependant des intérêts…


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