Discours d’Anne Brassié, écrivain, aux 13es Journées de Synthèse nationale, le samedi 12 octobre 2019 à Rungis.
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ANNE BRASSIÉ : LA PROPAGANDE IDÉOLOGIQUE DANS LE MONDE DE LA CULTURE.
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Nouvelle garde à vue pour le militant Cédric Herrou, interpellé à la frontière en compagnie de deux clandestins
Selon une source policière au Figaro, l’agriculteur et militant pro-migrants Cédric Herrou a été interpellé ce matin à 9h30 à la frontière italienne par des CRS en compagnie de deux personnes présentées comme étant en situation irrégulière au péage de La Turbie (Alpes-Maritimes). Les trois hommes ont été remis à la Police aux frontières (PAF) des Alpes-Maritimes. Cédric Herrou aurait été arrêté pour le motif d’«aide à l’entrée et à la circulation de personnes en situation irrégulière». Les deux personnes qui l’accompagnaient feraient partie des compagnons d’Emmaüs Roya, la communauté paysanne créée par Cédric Herrou cet été.
Cet agriculteur et militant anarchiste désormais célèbre avait fait abolir le “délit de solidarité” avant d’être relaxé d’un procès pour aide à l’immigration illégale.
Sur Twitter, plusieurs élus de gauche, LFI et PCF ont dénoncé cette arrestation et demandé sa libération. -
Et la démocratie, Monsieur le Président, c’est l’affaire de qui ?
La démocratie idéale revient à placer son sort entre les mains d’un pouvoir politique qui vous le rendra au centuple. C’est un pacte social que l’État doit respecter, faute de quoi une société tombe dans un désordre impossible à maîtriser.
On est loin de cette confiance.
La multitude des revendications catégorielles – pompiers, policiers, magistrats, militantes de la cause des femmes, infirmières, agriculteurs, commerçants et autres – n’est que l’expression d’une France qui, laissée à elle-même, se plaint d’avoir été abandonnée mais semble en avoir pris acte et use de ces révoltes à répétition pour forcer les portes d’un pouvoir impuissant.
Ces frondes qui reviennent presque quotidiennement battre les rivages de notre République révèlent le désarroi, voire l’indignation de citoyens qui ont perdu foi en la parole de l’État. Et qui en ont assez des antiennes du genre : c’était pire avant, on ne peut pas tout faire, il n’y a plus d’argent, il faut être patient…
Si ce mouvement n’est pas arrêté par un pouvoir enfin remis face à ses responsabilités, on ira vers un désastre dont le terrorisme sanglant n’aura qu’à recueillir les débris.
Morosité crépusculaire, pessimisme exagéré ? Je ne crois pas. À voir l’État si inefficace dans l’accomplissement de ses missions essentielles, à la fois sociales et régaliennes, on ne peut qu’éprouver de l’angoisse. Ce sentiment qu’on nous lâche, que nous sommes condamnés à tout faire nous-mêmes, est profondément déprimant. La crise trop longue des gilets jaunes a été la manifestation paroxystique et anticipée de la conscience de ce délaissement.
Et à côté de cette dérive dont chacun peut constater les effets, il y a une France officielle qui, comme le village Potemkine, fait semblant d’occuper tout le terrain. Malgré sa bonne volonté, au mieux elle colmate les brèches, au pire elle les aggrave.
Le constat résigné du président de la République – « Le port du voile dans l’espace public n’est pas mon affaire. Dans les services publics, à l’école, c’est mon affaire, […], ce qui se passe dans l’espace public, ce n’est pas l’affaire de l’État ou du président de la République » – révèle sans fard que le pouvoir nous charge de l’essentiel puisque lui-même ne s’en estime plus digne. Je ne suis pas persuadé que cette indifférence qui cherche à se faire prendre pour de la sagesse ne soit pas, d’une certaine manière, à relier au scandale du terrorisme intellectuel.
Le terrorisme intellectuel n’est évidemment pas de même intensité que celui, mortifère, de l’islamisme mais il fait couler dans les veines de notre société un poison délétère.
Le scandale tient, par exemple, à l’impossibilité pour Sylviane Agacinski – remarquable philosophe invitée à l’université de Bordeaux Montaigne – de pouvoir faire sa conférence sur la PMA et la GPA à cause de menaces émanant d’un syndicat d’étudiants et d’associations sur la même ligne. Il aurait été intolérable que cette personnalité, dont la mesure, la finesse et l’intelligence sont éclatantes, vienne traiter de ces thèmes et dialoguer alors qu’elle est « une homophobe notoire » (sic !). Sylviane Agacinski qui offre, dans un univers où la pensée dominante est contraire à la sienne, une bienfaisante dissidence est ainsi empêchée, à cause de la lâcheté aussi des décisionnaires universitaires, de parler librement. Ce sont ces petits maîtres minoritaires qui imposent leur misérable police, leur odieuse dictature.
Et on cède. Et on lâche !
Je comprends que cette philosophe soit révulsée par ce « terrorisme intellectuel » que, pour la première fois, elle subit et qui, justement, l’effraie.
Et pendant ce temps, le CSA avertit à tour de bras, semonce les radios et les télés, et on s’inquiète paraît-il de la présence médiatique de l’extrême droite ! C’est grotesque.
Un danger imaginaire cache un étouffement trop réel. Mais contre celui-ci, non seulement on ne veut rien faire, mais on n’est pas loin de lui octroyer par principe une honorabilité.
Triste République qui, d’abandons en scandales, perd la tête et nous indigne quand elle ne nous apitoie pas.
Extrait de : Justice au Singulier
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SNCF : DERRIÈRE LA « GRÈVE », DES USAGERS MIS EN DANGER ?
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Voir en l’avortement un choix, c’est faire abstraction d’une réalité charnelle que l’on ne veut pas voir
Alors que 6 propositions de loi élargissant les possibilités d’avorter et d’euthanasier ont été déposées en Belgique, plusieurs femmes (Isaure De Clerck, Marie Dekkers, Clothilde Desaint, Wivine Muret, Dominique Richter, Sonia Samaan, Agathe Thiercelin, Marie Van Houtte, Brigitte Van Wymeersch, et Isaure Villiers) signent et publient une tribune contre l’avortement :
Ce mercredi débutaient à la Chambre des débats pour étendre le droit à l’avortement. L’un des textes qui seront examinés propose d’augmenter le délai légal d’une interruption volontaire de grossesse en le faisant passer de 12 à 18 semaines. Cette proposition nous interroge. En effet, existera-t-il jamais un cadre législatif qui sera jugé suffisant par les uns et les autres pour traiter de la question délicate de l’avortement ? À nous, femmes jeunes et moins jeunes, il nous semble que cette course effrénée pour supprimer une à une toutes les balises passe à côté du véritable enjeu.
Lorsque l’on parle d’avortement, on ne parle pas de chiffres ou d’individus abstraits. Il est question de vies humaines, de leur infinie complexité ; il est question de notre condition charnelle d’êtres humains. Il s’agit de femmes qui ressentent dans leur chair une nouvelle vie qui se crée. La rhétorique désincarnée prononcée par les uns et les autres élude complètement cette réalité concrète, vécue dans notre corporéité intime. En se contentant de revendiquer des droits formels et symboliques, on éclipse de ce fait les souffrances des femmes qui avortent. Gravées dans le marbre des lois et non vécues comme telles dans nos corps, ces libertés théoriques appartiennent au registre de l’idéologie, déconnectées qu’elles sont de notre vécu.
Aucune loi n’éludera le drame
Voir en l’avortement un choix, supposer dans l’IVG une liberté, c’est faire abstraction de cette réalité charnelle que l’on ne veut pas voir ; c’est gommer les souffrances de toutes celles – et elles sont nombreuses, trop nombreuses – qui ont vécu l’avortement comme un drame, personnel et intime, comme un échec dont elles ne se sont jamais remises parce qu’il les a affectées dans leur chair et dans leur être-au-monde.
Une autre femme l’a dit en d’autres temps, et nous le redisons encore : “L’avortement est toujours un drame, et restera toujours un drame“(Discours de Simone Veil à l’Assemblée nationale, 26 novembre 1974), quel que soit le nombre de lois qui passeront, légalisation ou dépénalisation, délai de réflexion d’une semaine ou de 48 h, à 12 semaines ou à 18. Et c’est un drame parce qu’il est question de notre corps et de ce qui s’y joue, de la fécondité qu’il abrite, de la vie qu’il porte et à laquelle l’avortement mettra toujours un terme.
Que l’être humain soit capable de surmonter les drames, c’est une évidence. Mais il portera en lui, pour le restant de ses jours, chaque drame qu’il a vécu, chaque tragédie qu’il a traversée, comme une cicatrice que les lois et les beaux discours sur la liberté des femmes n’effaceront jamais. Ces blessures dans notre être intime peuvent être prévenues et, quand elles sont là, soignées ; cela demande d’abord et avant tout un regard vrai posé sur elles, et une aide à la reconstruction de soi. Considérer l’avortement comme un “acte de santé publique” comme le fait Sylvie Lausberg, c’est nier la blessure qu’il représente, nier la souffrance des femmes qui le vivent, nier la vulnérabilité de la personne humaine.
Où est-elle, la liberté ?
En tant que femmes, nous hébergeons la vie en nous et nous la donnons au monde, et c’est une des choses les plus belles qu’il peut nous être donné de vivre. C’est précisément la raison pour laquelle nous ne pouvons tolérer que la question de l’avortement soit réduite à une revendication de nouveaux “droits”. Il ne suffit pas de marteler le mot “liberté” pour le rendre réel. La liberté ne se réduit pas à un choix, elle est toujours plus qu’un consentement : devoir choisir entre Charybde et Scylla n’est jamais un choix libre, mais bien plutôt la fin de toute liberté.
Où est-elle, la liberté, lorsque nous ressentons en notre sein la douleur insoutenable, physique et morale, d’avoir perdu la vie qui en nous naissait ? De quel droit parlons-nous lorsqu’une femme avorte parce qu’elle n’a plus d’autre choix, parce qu’elle n’a plus les moyens ni la force d’élever seule un enfant dont le père, l’entourage ou la société ne veulent pas ? Une femme à bout de force qui ne se sent pas le courage d’assumer l’éducation d’un enfant n’est pas libre. Elle ne dispose pas d’un droit d’avorter, quoi qu’on en dise : elle n’a que sa détresse, et la vie qu’elle abrite en elle qui ne verra jamais le jour parce que ce monde n’est pas celui dont elle rêvait pour son enfant.
Que l’on travaille sur des alternatives
On ne peut légiférer sur un tel sujet qu’avec la plus extrême prudence.
Que nos représentants s’interrogent d’abord sur la situation de ces femmes en détresse – car oui, elles sont en détresse même si l’on cherche à bannir ce mot du langage. Que nos politiques s’interrogent sur les raisons pour lesquelles elles ne peuvent garder cet enfant, sur la misère qui est la leur : misère sociale, misère économique, misère morale. Nous attendons de nos représentants qu’ils se préoccupent de cette misère avant toute chose, qu’ils prennent en compte la vulnérabilité des femmes et des hommes de ce pays. Quand nos politiques examineront-ils de véritables aides et alternatives pour les femmes qui ne souhaitent pas avorter mais qui y sont contraintes pour des raisons économiques, sociales ou culturelles ? Qu’ils s’interrogent, enfin, quant à leurs renoncements vis-à-vis des fragilisés de notre société.
Proposer d’élargir le délai d’avortement de 12 à 18 semaines, c’est ouvrir un faux débat. Nous souhaitons plutôt des partis qu’ils mènent en leur sein une vraie réflexion, et qu’ils cherchent à éviter d’autres drames aux femmes qui les vivent. Les moyens de contraception n’ont jamais été aussi nombreux et accessibles : alors pourquoi le nombre d’avortements n’a-t-il jamais baissé ? Voilà une vraie question.
On ne parle pas ici de quelques euros de plus ou de moins dans le portefeuille de la ménagère : on parle du corps humain et de la fécondité qu’il abrite. On parle d’une vie qui s’interrompt dans le sein des femmes : cela ne pourra jamais être simplement assimilé à “un acte de santé publique”.
En tant que personnes humaines, enracinées dans un vécu fait de don et de fécondité, nous considérons que notre vraie liberté, la seule, c’est de pouvoir vivre dans cette condition charnelle notre intime et irréductible dignité d’êtres humains. Notre conviction intime, c’est qu’augmenter le délai légal d’avortement ne fera en rien grandir cette liberté.
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La polémique sur le voile masque la progresion de l’islamisme
Pendant que les musulmans et autres dhimmis défendent le droit de porter le voile islamiste dans l’espace public, Zineb El Rhazoui, menacée de mort pour avoir osé défendre la laïcité, dénonce la persécution musulmane en France :
« ceux qui volent au secours de la hijabiste du Conseil régional se taisent sur ce que je vis. Un silence qui en dit long sur les dégâts de la terreur islamique sur l’inconscient collectif français ».
Lundi soir en la basilique Saint-Epvre à Nancy, l’office a été perturbé par deux individus, dont l’un a crié : « Allah Akbar ».
Très rapidement, une patrouille de la police municipale interpellait les deux hommes en état d’ébriété. Sur l’un d’eux était trouvé une matraque télescopique. Les deux suspects âgés de 26 et 32 ans ont été placés en garde à vue dans le cadre d’une enquête pouvant relever du port d’arme et d’apologie du terrorisme.
La petite provocation musulmane dans un conseil régional fait plus de bruit que tous les morts et blessés causés par l’islam en France, que la pression subie par ces femmes qui ne veulent pas se conformer à la charia en France, ou par ces provocations jusque dans les églises.
https://www.lesalonbeige.fr/la-polemique-sur-le-voile-masque-la-progresion-de-lislamisme/
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Violences à Mantes-la-Jolie : appliquons la tolérance zéro !
Un communiqué de la Dissidence française :
Avant-hier soir, les pompiers furent appelés pour intervenir sur un incendie de véhicule dans le quartier du Val-Fourré à Mantes-la-Jolie (Yvelines). Pourtant escortés par des policiers, comme c’est devenu la norme dans un certain nombre de quartiers « sensibles », les pompiers sont alors tombés dans un guet-apens. Une centaine d’individus ont ainsi attaqué pompiers et policiers, usant de cocktails molotov, de caillassages et de tirs de mortiers. Après une heure d’affrontements, les policiers sont parvenus à rétablir un semblant d’ordre dans le quartier, mais sans réussir à interpeller un seul des assaillants.
Ce nouvel épisode de violences contre les forces de l’ordre témoigne du climat d’ensauvagement et de sédition qui se développe dans un certain nombre de quartiers en France. C’est aussi le résultat de décennies de laxisme judiciaire et migratoire qui ont créé les conditions d’une véritable guerre civile en gestation, dont ces émeutes ne sont que les symptômes annonciateurs.
Face à cette grave crise sécuritaire, seule la Dissidence Française propose l’instauration d’un plan d’urgence contre l’ensauvagement de la France à travers 6 mesures d’urgence à mettre en oeuvre immédiatement :
- Appliquer la tolérance zéro dans les banlieues, et mener une guerre totale contre la drogue, les dealers et les trafiquants ;
- Mettre un terme au laxisme judiciaire en rétablissant des peines planchers et supprimant l’automaticité des remises de peines ;
- Augmenter les moyens et les effectifs des forces de l’ordre ainsi que le nombre d’établissements pénitentiaires ;
- Expulser systématiquement les clandestins et les détenus étrangers ou binationaux, lutter contre le communautarisme islamiste ;
- Instaurer la déchéance de nationalité pour les crimes et délits graves, notamment terroristes.
- Rétablir immédiatement et définitivement les contrôles aux frontières, stopper l’immigration et engager un processus de remigration.
Pour la France et les Français d’abord !
La Dissidence française cliquez ici
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Jérôme Gigou : « Au Val Fourré, comme dans d’autres quartiers, la reconquête républicaine va être difficile »
Ce jeudi soir, des dizaines d’individus ont tendu un guet-apens aux pompiers et à la police dans le quartier du Val Fourré, à Mantes-la-Jolie (Yvelines).
Explications de Jérôme Gigou, secrétaire général adjoint du syndicat VIGI Police, au micro de Boulevard Voltaire. Il revient également sur le malaise grandissant au sein des forces de l’ordre, qui sont « au bout du rouleau ».
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« Rétablir l’état de droit face à ces nouveaux despotes que sont les multinationales et les marchés financiers »
Les Nations-Unies travaillent à un nouveau traité pour contraindre les multinationales à respecter les droits humains et l’environnement. En France, une loi impose, depuis 2017, un « devoir de vigilance » aux grandes entreprises, à leurs filiales et sous-traitants. Cet outil juridique mettra-t-il fin à leur quasi impunité ? Explications de notre journaliste Olivier Petitjean, via ces bonnes feuilles tirées de son ouvrage Devoir de vigilance. Une victoire contre l’impunité des multinationales.
Le 27 mars 2017, la France promulguait, à l’issue d’un laborieux parcours législatif de plusieurs années, la loi sur le devoir de vigilance des multinationales – ou, plus précisément, des « sociétés mères et entreprises donneuses d’ordre ». De manière très inhabituelle pour la France, cette loi n’a pas été conçue dans les ministères, mais par un petit groupe de députés indépendamment du gouvernement, en collaboration étroite – ce qui est encore plus rare – avec une coalition d’associations, de syndicats et autres acteurs de la société civile. C’est une loi d’une grande simplicité, qui tient en trois articles. Son objectif pourrait paraître modeste : corriger une lacune du droit existant en donnant la possibilité, dans certaines conditions, de saisir la justice lorsqu’une entreprise multinationale basée sur notre territoire est mise en cause pour des atteintes graves aux droits humains et à l’environnement, commises en France comme à l’étranger.
Pollutions pétrolières ou chimiques, main-d’œuvre surexploitée dans les usines des fournisseurs, conflits et répression autour des sites d’implantation des multinationales, complicité avec des dictatures, accaparement des ressources naturelles, tout le monde a entendu parler de cette face obscure de la mondialisation, où l’internationalisation des chaînes de production et la chasse aux profits se développent aux dépens des femmes et des hommes et de la nature. Que les victimes puissent porter plainte pour faire respecter leurs droits fondamentaux, ou que des associations puissent exiger l’intervention d’un juge pour mettre fin aux abus, quoi de plus naturel, quoi de plus normal soixante-dix ans après l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme, et après de multiples traités internationaux sur la lutte contre l’exploitation, le climat ou la protection de l’environnement ?
Un chaînon manquant dans la mondialisation
Et pourtant, en pratique, mettre en cause une grande entreprise et ses dirigeants pour les violations des droits humains ou la dégradation de l’environnement occasionnées par ses activités reste souvent mission impossible. Et ce n’est pas faute d’avoir essayé, comme nous le racontons dans ce livre. D’un côté, il existe une multitude de textes de droit international ; de l’autre, une impossibilité apparente de les faire appliquer et de leur donner effet dans des situations impliquant des multinationales. Voilà manifestement un chaînon manquant dans la mondialisation.
Beaucoup de raisons entrent en jeu pour créer cette situation d’impunité. D’abord les soutiens et les complicités politiques dont bénéficient généralement les milieux d’affaires internationaux dans les pays où ils sont implantés. Ensuite la faiblesse du pouvoir judiciaire, par manque de moyens ou par manque d’indépendance. Sans compter que, bien entendu, les grandes entreprises et leurs dirigeants peuvent mettre en branle des armées d’avocats pour faire traîner en longueur les procédures, épuiser tous les recours ou exploiter les failles de l’accusation. Les personnes et les groupes les plus affectés par leurs activités, en revanche, comptent souvent parmi les plus démunis. L’histoire de David contre Goliath semble donc infiniment répétée – mais sans fronde à disposition des « petits ».
Il est aussi une raison moins visible et plus structurelle à cette impunité des multinationales, qui gît dans le droit lui-même et dans sa déconnexion d’avec la réalité économique. On peut dire qu’aujourd’hui la « multinationale », le « groupe », voire l’« entreprise », n’existent pas réellement d’un point de vue juridique. Là où nous voyons un sujet cohérent et autonome – Total, Apple ou H&M –, avec sous son égide des dizaines d’établissements, de filiales, de co- entreprises ou autres relations d’affaires gérées en fonction de l’intérêt du tout (ce qui signifie malheureusement souvent le seul intérêt des actionnaires et des dirigeants), le droit voit une nébuleuse d’entités distinctes, seulement liées entre elles par des liens capitalistiques et des contrats.
Il ne s’agit pas seulement d’un simple détail technique. Une conséquence directe de ce hiatus est qu’il est souvent extrêmement difficile de responsabiliser la multinationale elle-même (autrement dit la « société mère » qui chapeaute tout l’édifice et le dirige) pour les manquements d’une de ses filiales à l’étranger. Et à plus forte raison pour des abus constatés chez l’un de ses sous-traitants ou fournisseurs, quand bien même ces abus seraient directement liés aux exigences ou aux pressions de la multinationale en question.
Coup porté à l’impunité des multinationales
C’est précisément cette lacune, cet angle mort du droit, que la loi sur le devoir de vigilance entend combler. À certains égards, ce n’est qu’un point de détail, un simple aménagement législatif qui crée une possibilité de recours judiciaire ne visant que les abus les plus criants, selon une procédure très spécifique, et qui impliquera d’apporter la preuve que la société mère (vis-à-vis de ses filiales) ou donneuse d’ordre (vis-à-vis de ses fournisseurs et sous-traitants) a clairement manqué aux responsabilités qui étaient les siennes en proportion de son influence réelle. On voit mal cette loi donner lieu à une floraison de procès intentés contre des entreprises, comme l’ont suggéré ses détracteurs.
À d’autres égards, cependant, cela change tout. C’est d’ailleurs pourquoi cette législation d’apparence modeste, ciblant des situations que personne ne pourrait considérer comme acceptables, a suscité, et continue de susciter, une opposition aussi acharnée de la part d’une partie des milieux d’affaires français et internationaux. La loi française sur le devoir de vigilance est un coup porté à la barrière de protection juridique qui isole les multinationales des impacts de leurs activités sur les sociétés et l’environnement.
De ce fait, elle remet en cause la condition d’« irresponsabilité sociale » intrinsèque à la notion même d’entreprise multinationale, se jouant des frontières et des juridictions. Elle modifie ce qui, en apparence, n’est qu’un petit rouage juridique de la mondialisation, mais qui affecte virtuellement tout le fonctionnement de la machine – notamment au profit de qui et au détriment de qui elle opère.
Tout ceci ne vient pas de nulle part. L’adoption de la loi française en 2017 n’est ni le commencement ni la fin. La manière dont elle sera effectivement utilisée et mise en œuvre fera certainement l’objet de controverses aussi virulentes que celles qui ont entouré son élaboration et son adoption. Sa portée dépasse les frontières de l’Hexagone, comme l’illustre l’intervention dans le débat législatif français d’organisations comme la Chambre de commerce des États-Unis, principal lobby patronal américain, ou la Confédération syndicale internationale, porte-parole du monde syndical à l’échelle globale.
Des chaînes de responsabilité souvent complexes et diffuses
Cette loi constitue une étape dans une histoire qui commence, au moins, dans les années 1970 – date à laquelle la régulation des entreprises multinationales dans le cadre du droit international émerge en tant qu’enjeu politique. Elle est issue, dans sa conception, de l’expérience concrète d’associations et d’avocats, en France, au Royaume-Uni, aux États-Unis, en Inde, en Équateur et ailleurs, qui ont tenté pendant des années d’utiliser les armes du droit existant pour mettre les multinationales et leurs dirigeants face à leurs responsabilités. Parallèlement à la France, d’autres pays européens débattent de législations similaires – ce qui prouve à quel point le sujet est à l’ordre du jour. Dans les enceintes onusiennes comme le Conseil des droits de l’homme ou l’Organisation internationale du travail, les discussions se poursuivent sur des instruments de droit international visant à donner, comme la loi française, une effectivité juridique à la responsabilité des multinationales.
Pour un lecteur non averti, tout ceci pourrait peut-être paraître irréel. Nous ne sommes pas préparés, culturellement et historiquement, à imaginer une multinationale ou un patron d’entreprise dans un tribunal, devant un juge, obligés de répondre de leurs actes, sauf peut-être dans les cas les plus flagrants d’escroquerie ou de corruption. Les tribunaux sont faits pour les délinquants et les criminels ordinaires, en chair et en os, dont les actions sont clairement identifiables, avec des conséquences tout aussi claires sur la vie humaine ou l’intégrité des personnes et des biens.
Par comparaison, la délinquance ou la criminalité « en col blanc » – celle des spéculateurs, des fraudeurs fiscaux, des hommes d’affaires et des cadres d’entreprise – ne nous apparaît pas avec le même sens de gravité et d’immédiateté, même si ses conséquences directes ou indirectes peuvent être beaucoup plus sérieuses. Nous imaginons facilement juger l’assassin qui aurait fait une seule victime, et non juger l’entreprise ou le dirigeant dont les décisions froides ont directement entraîné une pollution, la commercialisation de produits dangereux ou un affaiblissement des règles de sécurité affectant la vie de centaines de riverains, de consommateurs ou de travailleurs.
Il y a de bonnes raisons à cela. Lorsqu’il est question d’abus de la part de multinationales, les actions, les processus de décision qui ont mené à ces actions, les causes et les chaînes de responsabilité sont souvent complexes, diffus et délicats à déterminer. Mais cette difficulté ne signifie pas qu’il n’y ait pas effectivement décision, action et nécessité de répondre de leurs conséquences. L’impression de discontinuité et de distance entre les décisions apparemment « impersonnelles » prises dans les salles de réunion des sièges des multinationales et leurs conséquences très concrètes pour les gens et pour la nature, parfois à l’autre bout du monde, est précisément ce qui facilite les abus et laisse libre cours à la seule recherche du profit financier.
Ramener les multinationales et leur pouvoir au sein d’un véritable « état de droit »
Parfois, ce principe d’irresponsabilité finit par entraîner des scandales de grande ampleur : effondrement au Bangladesh en 2013 de l’immeuble du Rana Plaza qui abritait des ateliers textiles travaillant pour de grandes marques occidentales ; marées noires avec leurs déversements de pétrole comme celles de l’Erika, de Chevron-Texaco dans l’Amazonie équatorienne ou celles qui polluent au quotidien le delta du Niger ; pollutions chimiques à grande échelle comme à Bhopal en Inde ; collaboration avec des dictatures ou des groupes terroristes. Mais il régit aussi, au quotidien, d’innombrables décisions prises par les directions d’entreprise, dont nous sentons indirectement les conséquences dans nos vies et qui font du monde d’aujourd’hui ce qu’il est, avec ses multiples défis sociaux, politiques et environnementaux.
En ce sens, la loi sur le devoir de vigilance n’est pas une loi « de niche » qui n’intéresserait que les ONG de solidarité internationale ou les défenseurs de l’environnement. La place croissante et, pour être clair, le pouvoir des multinationales – elles-mêmes de plus en plus dominées par les marchés financiers et leur logique de profit à court terme – sont aujourd’hui une réalité qui dépasse largement la seule sphère économique. Impossible d’y échapper. Elle engage nos modes de vie, la préservation des écosystèmes et du climat, notre cohésion sociale elle-même, au sein de chaque pays et entre pays. Ce pouvoir est aussi de plus en plus contesté par une grande partie de l’opinion publique, par les communautés qui accueillent (et souvent subissent) ces activités, et parfois par les travailleuses et travailleurs des multinationales eux- mêmes. Une forme de contrat social semble s’être rompue.
Face à ce constat, la tentation de beaucoup est d’en appeler simplement à une réaffirmation du pouvoir politique face aux pouvoirs économiques, d’exiger des autorités publiques qu’elles (ré)imposent enfin leurs règles et leurs volontés aux acteurs économiques et fassent primer l’intérêt général sur les intérêts privés. Difficile d’être en désaccord. Mais il ne faut pas non plus passer à côté de ce qui fait la spécificité de ce « pouvoir » qui est celui des multinationales, qui justement ne fonctionne pas sur le modèle de celui des États et ne s’oppose pas frontalement à eux – sauf, bien sûr, cas extrêmes. C’est un pouvoir de fait qui s’exerce dans les creux du pouvoir politique et de la législation, en occupant tout l’espace de ce qui n’est pas expressément interdit et effectivement sanctionné par les pouvoirs publics, ou en jouant de l’« extraterritorialité » que lui permet sa dimension multinationale par rapport aux frontières administratives et judiciaires. Il s’exerce aussi d’une certaine façon par le droit, en s’appuyant sur un « droit des affaires » qui le rend invisible et quasi naturel – par exemple celui des accords de libre-échange. C’est pourquoi le terrain juridique est tout aussi important que les terrains politique et économique face aux abus des multinationales.
Au fond, l’enjeu est de maintenir ou de ramener les multinationales et leur pouvoir au sein d’un véritable « état de droit » et d’un espace public démocratique. Les grands principes des droits de l’homme et des libertés civiles se sont construits, historiquement, en réponse à l’arbitraire des monarchies absolues ; il faut aujourd’hui les protéger ou les reconstruire face à ces nouveaux despotes que sont les grandes entreprises et les marchés financiers.
Le devoir de vigilance se situe en ce sens à l’une des plus importantes « frontières » actuelles de notre démocratie – une démocratie de plus en plus mondialisée et de plus en plus soumise aux pouvoirs économiques. C’est un outil et un point d’appui pour rééquilibrer, à la fois de l’intérieur et de l’extérieur des entreprises, un système de plus en plus biaisé en faveur des puissances de l’argent. Son avenir et la manière dont il sera mis à profit restent aujourd’hui à écrire.
Olivier Petitjean
Ce texte est tiré de l’introduction du livre d’Olivier Petitjean : Devoir de vigilance. Une victoire contre l’impunité des multinationales, 2019, éditions Charles Léopold Mayer, 174 pages, 10 euros.
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I-Média n°269 – Face aux attaques, Eric Zemmour tient bon !
L’image de la semaine
01:51 Aux Pays-Bas, d’énormes manifestations d’agriculteurs ont eu lieu ces derniers jours. En France, pas un mot. Décryptage.
Face aux attaques, Eric Zemmour tient bon !
03:49 Insulté, diffamé, boycotté, attaqué par le CSA… Eric Zemmour subit des attaques de toutes part mais sa nouvelle émission sur CNews est un succès !
Revue de presse
15:23 Macron qui annonce qu’il faut lutter contre l’immigration clandestine, les médias français qui parlent enfin du calvaire de Julian Assange… Cette semaine, la revue de presse est pleine de surprises !
L’islam au centre des débats médiatiques
24:07 Le débat médiatique sur le voile et l’islam n’en finit pas dans les médias ! Preuve que ce sujet est bien un énorme point de crispation pour les Français. Mais aucune figure médiatique, même de droite, n’ose encore évoquer clairement la notion d’identité.
https://www.tvlibertes.com/i-media-n269-face-aux-attaques-eric-zemmour-tient-bon