
Sous le Général de Gaulle, les gouvernements étaient en grande partie fondés sur la compétence des ministres, et sur leur stature personnelle acquise par leur parcours politique et intellectuel. Malraux à la Culture, Couve de Murville aux Affaires Etrangères, Foyer à la Justice, Messmer à la Défense, Giscard d’Estaing aux Finances, Peyrefitte à l’Information etc…. L’appartenance partisane venait au second rang, devait demeurer discrète et contribuait à l’équilibre sans être le résultat d’un savant dosage. Par la suite, elle prit de l’importance, ce qui n’a rien d’illégitime en démocratie, quand un gouvernement s’appuie sur une majorité composite. Mais peu à peu, l’image a remplacé le réel, l’impact médiatique s’est imposé devant l’efficacité : on ne peut pas dire que Borloo ait mis fin à la dérive des quartiers perdus de la République avec une politique pourtant très coûteuse, ni même que le Kärcher de Sarkozy les ait soustraits à la domination des réseaux de la drogue ou de ceux de l’islamisme, lesquels ne sont pas sans connexion. Quant à la spécialité professionnelle des ministres, on sait qu’elle n’est nullement une garantie : le passage de l’avocat Badinter à la Justice a été calamiteux, celui du magistrat Arpaillange, dont Santini disait que « si Saint-Louis rendait justice sous un chêne, lui c’était comme un gland », a été pire encore. Belloubet, « grande juriste » place Vendôme, et le médecin Agnès Buzyn à la santé ont définitivement ruiné l’idée qu’il fallait des spécialistes professionnels à la tête des ministères. Il faut aussi et avant tout que le sens de l’Etat l’emporte sur l’idéologie, et que la volonté acharnée du Bien commun tire les titulaires d’un ministère vers le haut en les empêchant de papillonner devant micros et caméras.
Lire la suite