Guillaume Bernard, présent mardi à une réunion des Amoureux de la France à La Roche-sur-Yon, fait le point pour Boulevard Voltaire sur toutes les initiatives à droite qui fleurissent à la base :
France et politique française - Page 2356
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Les différentes initiatives à droite sont complémentaires
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Marion Maréchal inaugure son école de sciences politiques à Lyon
Ce vendredi, Marion Maréchal a inauguré son école supérieure de sciences politiques installée à Lyon. Elle a bien spécifié que ce n’était pas un projet politique mais une école offrant une alternative éducative dans la formation des élites françaises.
L’ancienne plus jeune députée de l’Assemblée Nationale, retirée de la vie politique proprement dite, directrice de cet Institut des Sciences Sociales Économiques & Politiques (ISSEP Lyon) qu’elle assure enraciné « dans son identité culturelle », a présenté le comité scientifique.
Ce conseil des 9 est composé de figures de la droite conservatrice ou nationale : Patrick Louis, professeur d’économie et de géopolitique à l’Ecole de management de l’Université Lyon 3 et, par ailleurs, secrétaire général du Mouvement pour la France (MPF) de Philippe de Villiers ; Jacques de Guillebon, rédacteur de « L’Incorrect » ; le Britannique Raheem Kassam, conseiller de Nigel Farage et ancien membre du Conservative Party passé à l’UKIP ; le philosophe Thibaud Collin, qui avait appelé à voter pour Marine le Pen au second tour de la présidentielle ; Roger Chudeau, inspecteur général de l’enseignement honoraire, qui a travaillé dans les cabinets ministériels sous la droite, ainsi qu’au cabinet de l’ex-Premier ministre François Fillon, qu’il a soutenu lors de la campagne présidentielle ; Jean-Marie Faugère, ancien inspecteur général des Armées, qui avait notamment participé à une convention sur la Défense de l’ancienne UMP en novembre 2013 ; Yves-Marie Adeline de Boisbrunet, écrivain et musicologue, qui avait fondé et présidé en 2001 l’Alliance royale, parti royaliste ; Guillaume Drago, professeur de droit public à l’université d’Assas, qui avait pris position contre le mariage pour tous en 2013.
Dans un communiqué, l’ISSEP précise son objectif : « L’objectif de l’institut est de former des décideurs économiques et politiques polyvalents et cultivés qui puissent mettre leurs ambitions au service de projets utiles à la société ». Quatre valeurs « essentielles » y sont mises en avant : « l’excellence, l’éthique dans l’exercice des responsabilités professionnelles, l’enracinement dans son identité culturelle et l’engagement au service des autres et de son pays ».
Francesca de Villasmundo
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EMMANUEL MACRON ATTEINT LE POINT GODWIN : LA « LÈPRE POPULISTE », C’EST COMME LA « PESTE BRUNE »
Emmanuel Macron se rêve en successeur de Mitterrand et voit en Angela Merkel la nouvelle Helmut Kohl. Il ne lui reste plus qu’à trouver son Ernst Jünger et le tableau sera complet.
Sauf que nous ne sommes plus en 1989 et les trois protagonistes qui scellèrent, mano a mano, l’indéfectibilité de l’amitié franco-allemande ne sont plus. Restent des nains politiques qui, à l’instar de la grenouille de la fable, veulent se faire plus imposants que leurs aînés.
Macron est un européiste dans l’acception la plus fanatique et littéralement intégriste du terme. Un « Européen de dingue », en quelque sorte ! Plus fort que Mitterrand affirmant que « la France est notre patrie, l’Europe notre avenir », le président de la République estime que notre pays a fait son temps ; devenu bien moins que notre passé, il est plus que dépassé, ravalé au rang de souvenir muséal poussiéreux.
C’est, en substance, la grille d’interprétation que suggère son discours de Quimper prononcé, ce solstice, devant un parterre de quelque trois cents élus locaux devant lesquels, fustigeant la « montée [d’] une lèpre [populiste] un peu partout en Europe, dans des pays où nous pensions que c’était impossible de [la] voir réapparaître », il n’a pas eu un mot pour la France, son histoire plus que millénaire, son peuple souche et sa colère identitaire sourde mais réelle.
Au lieu de cela, notre Président, dans une diatribe enflammée contre le « nationalisme qui renaît, contre les frontières fermées que certains proposent », a préféré louer « ces terres qui croient dans l’Europe », oubliant au passage que ce sont d’abord des terres ethno-nationales qui sont au fondement de l’Europe.
En outre, déplore-t-il qu’« on s’habitue à tous les extrêmes, dans des pays qui, depuis des années, sont pourtant pro-européens comme nous », visant ainsi l’Italie et l’Autriche, voire l’Allemagne, où le ministre de l’Intérieur CSU Horst Seehofer s’oppose sévèrement à la folle politique migratoire de la chancelière.
Chez les mondialistes libéraux-libertaires, on ne peut qu’être « pro-européen ». C’est dire, en d’autres termes, que l’attachement à l’Europe, loin de s’établir prioritairement sur des références civilisationnelles communes que ses dirigeants se plairaient à perpétuer et à honorer, doit se résumer à l’adhésion aveugle, obligatoire et dogmatique à un vaste hypermarché juridico-administratif sans âme et ouvert aux quatre vents.
Cette rhétorique, adossée à l’antienne frelatée – et fallacieuse – de la nocivité foncière du nationalisme, s’accompagne généralement d’une haine vomitive à l’endroit des peuples accusés de voter mal. On n’est, d’ailleurs, jamais très loin du point Godwin, les pestilences hitlériennes finissant immanquablement par remonter des égouts des « heures-les-plus-sombres… ».
Ainsi, de la peste brune à la lèpre populeuse et scrofuleuse, le pas est rapidement franchi. Nos démocrasseux, se prenant pour des rois thaumaturges, prétendent extirper les racines du Mal en touchant – c’est-à-dire en froissant injurieusement –, jusqu’à l’extrême mépris, ces galeux d’électeurs désormais soucieux de sauvegarder leur être historique profond et qui optent pour « l’extrême droite ».
Sur Twitter, Jean-Patrick Fillet, délégué départemental pour la Vendée du Rassemblement national, fait justement observer que « la lèpre est provoquée par le bacille de Hansen. Elle touche les plus “pauvres”. Mauvaises conditions d’hygiène, eau insalubre, malnutrition favorisent son apparition ». Sans commentaire.
http://www.bvoltaire.fr/emmanuel-macron-atteint-point-godwin-lepre-populiste-cest-peste-brune/
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Les belles consciences complices du terrorisme
Les polémiques médiatiques actuelles montrent à l’évidence que nos dirigeants n’ont, en réalité, aucune intention d’affronter sérieusement le terrorisme islamique.
Comme leurs prédécesseurs du Front populaire, ils s’attachent à des slogans absurdes : on calomnie M. Hitler, la plupart des Allemands veulent la paix, n’allons pas les provoquer.
En conséquence de quoi, il ne saurait être question d’exiger quoi que ce soit des imams salafistes qui sévissent en France.
S’ils pensent qu’une femme est une moitié d’être humain, sur laquelle n’importe qui peut assouvir ses pulsions à n’importe quel moment, dès lors qu’elle ne porte pas le voile et « donc » se désigne au public comme prostituée, c’est simplement une anodine différence culturelle.
Il ne saurait pas davantage être question de freiner l’immigration ni même d’exiger de ceux qui entrent sur notre territoire le respect de nos lois et de nos coutumes.
Et, bien sûr, il va de soi que ceux qui ont pris les armes contre nous doivent pouvoir bénéficier de toutes les garanties du fameux « État de droit » – et donc être préservés de toute sanction proportionnée.
Vous pensez que j’exagère ?
Hélas, je crains d’être au-dessous de la réalité.
Ne regardons que trois des derniers débats médiatiques.
Tout d’abord, le sort des djihadistes et épouses de djihadistes « français » prisonniers en Syrie et en Irak.
Tous les jours, des voix exigent que la France demande leur extradition pour qu’ils aient droit à un procès « équitable ».
Passons sur le mépris que cela implique pour les justices irakiennes et syriennes. Mais le bon sens le plus élémentaire fait comprendre que des personnes qui ont pris les armes contre la France ne peuvent plus réclamer la protection de la France.
Les « belles consciences » qui réclament ces extraditions croient sans doute que nous avons une mémoire de poisson rouge et que nous avons oublié les plus de 250 morts français des dernières années ?
Il en va de même pour l’odyssée de l’Aquarius. À en croire les journaux, les fascistes italiens voudraient couler de malheureux réfugiés par le fond.
Mais, d’abord, il est fort contestable qu’il s’agisse de réfugiés.
Et, surtout, la nouvelle majorité italienne s’est engagée à juguler l’immigration clandestine. Elle tient juste ses promesses.
Pourquoi les pays européens auraient-ils un impératif de recevoir sans limitation les millions de personnes qui souhaitent s’y établir ? Alors que personne ne s’interroge sur le refus des pays musulmans d’accueillir leurs coreligionnaires, ne s’inquiète du nombre de djihadistes parmi les « réfugiés », et que personne ne semble s’émouvoir du sort des millions de pauvres français que l’on chasse des hébergements d’urgence pour laisser la place aux nouveaux venus !
Évidemment, comme Français, je m’inquiète fort de l’affaire de l’Aquarius, puisqu’il y a lieu de craindre qu’Emmanuel Macron se propose d’accueillir toute la misère du monde refusée ailleurs – d’autant plus généreusement qu’il ne paiera pas le coût de cet accueil. Mais je comprends les Italiens.
Enfin, dernière polémique. Un rappeur du nom de Médine (la ville où Mahomet perpétra tant de massacres), auteur d’un album intitulé « Jihad », doit se produire à l’automne prochain au Bataclan. Les protestations se heurtent à deux slogans : « On ne peut pas limiter la liberté d’expression. » « C’est une salle privée. On ne peut pas agir. » Il y a pourtant fort à parier que, si un groupe de rock néonazi avait imaginé de se produire au Vel’ d’Hiv’, le gouvernement aurait trouvé un moyen de l’empêcher. S’il ne le fait pas ici, c’est qu’il compte toujours sur les voix et sur l’argent des islamistes.
Guillaume de Thieulloy
Texte daté du 20 juin 2018 et repris du site les4verites.com
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Le tabou fondateur de toute pensée de gauche est donc bien cette interdiction religieuse de regarder en arrière ou, a fortiori, d’accorder le moindre intérêt à la recherche du temps perdu et à l’expérience historique des civilisations antérieures
Si « être de gauche » signifie avant tout savoir « vivre avec son temps » (et même, dans l’idéal, être en avance sur lui – à la manière de l’artiste d’avant-garde ou du créateur de mode), les figures du mal et de la déraison se dégagent, en effet, d’elles-mêmes. Tous ceux – ontologiquement incapables d’admettre que les temps changent – qui manifesteront, dans quelque domaine que ce soit, un quelconque attachement (ou une quelconque nostalgie) pour ce qui existait encore hier trahiront ainsi un inquiétant « conservatisme » ou même, pour les plus impies d’entre eux, une nature irrémédiablement « réactionnaire ». Deux péchés capitaux que l’on peut d’ailleurs réunir – si le besoin électoral s’en fait sentir – sous le concept, plus noir encore, de « fascisme » et qui suffisent à définir entièrement la démonologie spécifique – ou le Malleus Maleficarum – de l’homme de gauche. Car s’il est une seule mauvaise pensée que ce dernier doit s’interdire inconditionnellement de former – le salut de son âme progressiste et libérale en dépend – c’est bien celle qui voudrait que sur tel ou tel aspect de l’existence collective (qu’il s’agisse par exemple, de la sécurité d’un quartier ou du niveau des élèves, de la qualité de l’alimentation ou des conditions de travail, de l’évolution du divertissement télévisé ou du respect des règles de civilité) les choses aient pu aller mieux avant.C’est là le point central. Il se pourrait, après tout, que l’avenir radieux s’avère finalement plus sombre que prévu et qu’il faille – devant la leçon impitoyable des faits – en rabattre sur les rêves millénaristes d’un monde futur où il n’y aurait « plus rien de semblable à la vieille histoire ». Mais, même dans ce cas, l’essence de la religion du progrès n’en serait pas fondamentalement affectée, comme le prouve d’ailleurs l’existence – à première vue contradictoire – d’écologistes de gauche (autrement dit, « d’écologistes » pour lesquels, à l’instar de George Bush, la croissance reste « la solution et non le problème »). […] En réalité, le premier moteur psycho-idéologique de cette conviction religieuse a toujours été le rejet et la haine du passé (qu’il s’agisse du passé collectif ou de son propre passé individuel et familial) et la conviction que ce dernier, avec son cortège de coutumes absurdes, de préjugés ridicules et de superstitions meurtrières, représentait tout ce à quoi les individus devaient s’arracher s’ils voulaient enfin connaître la paix (civile ou intérieure), la liberté (politique ou personnelle) et – pour les plus exigeants – le règne triomphal de la Raison. C’est pourquoi le développement, à partir du XVIIIe siècle, d’une croyance consolatrice en un « sens de l’histoire » ne serait guère compréhensible sans le traumatisme originel des guerres civiles de religion des XVIe et XVIIe siècles- traumatisme dont la traduction première avait été (pour reprendre une formule rhétorique que la gauche nous a rendue familière) une philosophie du plus jamais ça. Seule cette terrible expérience permet effectivement de comprendre pour quelles raisons l’esprit progressiste repose beaucoup moins, en définitive, sur un intérêt réel pour le monde à venir (ou pour les générations futures) que sur le désir préalable d’échapper à tout prix à un passé psychologiquement insupportable et sur la certitude obsessionnelle qu’aujourd’hui tout va forcément mieux qu’hier. Certitude si profondément enracinée dans l’inconscient de l’homme de gauche qu’elle en est venue à constituer une véritable forme a priori de son entendement à laquelle il ne pourrait renoncer à lui-même, c’est-à-dire (pour utiliser ses propres distinctions conceptuelles) sans être confronté au sentiment dévastateur et terrifiant qu’il est en train de devenir un peu réac sur les bords, voire limite facho.En ce sens, le tabou fondateur de toute pensée de gauche (très différente, encore une fois, de celle de l’ancien socialisme ouvrier et populaire, dont les rapports au monde précapitaliste – ou même à l’univers familial – étaient autrement plus dialectiques) est donc bien cette interdiction religieuse de regarder en arrière ou, a fortiori, d’accorder le moindre intérêt à la recherche du temps perdu et à l’expérience historique des civilisations antérieures. Interdiction qui suffit amplement à expliquer, au passage, que la pente idéologique naturelle des mouvements de gauche et d’extrême gauche – une fois rompus les derniers liens qui les unissaient encore aux classes populaires et à leur « conservatisme tempéramental » (Orwell) – ne puisse être, partout et toujours, que la surenchère mimétique et la fuite en avant.Jean-Claude Michéa, Le complexe d’Orphée -
Respecter les règles du combat politique
La politique est un domaine très spécifique qui répond à ses propres impératifs. On ne pratique pas en effet la politique comme on exerce une activité dans une entreprise ou dans une administration. La politique obéit à des règles propres, différentes de celles des autres secteurs de la vie sociale. Ligne droite estime donc important que, pour être efficaces, les militants de la droite nouvelle les connaissent et les appliquent. Voici les principales de ces règles.
Ne pas craindre le conflit
La spécificité du politique vient de son caractère éminemment conflictuel. C’est par excellence le domaine des relations amis ennemis, l’art de trancher les conflits et de choisir entre des positions antagonistes. Les rapports de force y jouent donc un rôle déterminant et structurant. Aussi, en politique, avoir des ennemis, être impliqué dans un conflit et subir des attaques n’a rien d’anormal. Les militants de la droite nouvelle qui refuseraient de trancher, de se déclarer clairement et qui fuiraient les antagonismes, doivent se chercher une autre voie que l’action politique.
Mobiliser ses partisans
Compte tenu de cette dimension conflictuelle, il est essentiel dans le combat politique, et notamment dans une campagne électorale, de mobiliser ses partisans pour se placer en position de force. Avant de conquérir de nouveaux appuis, la droite nouvelle doit donc s’assurer de tous ses soutiens. Ne pas observer cette règle simple constitue une erreur politique très grave. Une erreur qui a pourtant été commise par de nombreux dirigeants de la « droite républicaine» qui ont souvent cherché à séduire des électeurs du centre sans voir qu’ils démobilisaient ainsi beaucoup de leurs soutiens traditionnels, lesquels s’abstenaient alors ou allaient voir ailleurs.
Se positionner clairement
Une autre règle, qui découle de la précédente, exige que les candidats de la droite nouvelle s’identifient clairement, et notamment qu’ils se rattachent sans ambiguïté aux idées et au courant politique qu’ils sont censés incarner. Telle est la condition première pour mobiliser ses propres troupes. Toute attitude consistant à mettre son drapeau dans sa poche, comme de refuser de se positionner à droite par exemple, crée une équivoque et un flou politique éminemment pénalisants. Les partisans s’éloignent sans que les soutiens potentiels se rallient pour autant, car on ne rassemble que sur des convictions fortes et clairement affirmées.
Désigner son adversaire
En politique, on n’existe que dans la mesure où l’on a clairement désigné son adversaire et on s’affirme à la mesure de la personnalité que l’on défie. Pour les militants de la droite nouvelle, l’ennemi politique s’incarne dans les représentants de la Nouvelle Gauche, ceux qui sont les plus éloignés des positions qu’ils défendent et ceux qui détiennent le pouvoir et les mandats qu’ils veulent conquérir. La situation à laquelle il leur faut tendre est donc celle d’un duel clair et direct avec l’adversaire principal.
Ne pas se laisser désarçonner par les coups bas
Dans son combat contre la Nouvelle Gauche, la droite nouvelle ne se trouvera pas à armes égales. Le Système s’opposera à elle par tous les moyens à sa disposition : les médias prendront officiellement mais efficacement parti contre elle. Quant à la justice, elle n’hésitera pas à engager toutes les procédures possibles, même si elles ne sont pas fondées. Face à ces injustices, il convient que les cadres et les candidats de la droite nouvelle conservent leur sang-froid. De telles attaques sont prévisibles et la règle est de les affronter sans se laisser psychologiquement désarçonner.
Attaquer son adversaire
En politique, il est essentiel d’attaquer son adversaire tout particulièrement dans une campagne électorale lorsqu’on tente de s’emparer du siège du candidat en place. Cette règle est impérative notamment pour les militants de la droite nouvelle car, s’ils n’attaquent pas leur adversaire, ils le reconnaissent implicitement comme légitime et perdent toute crédibilité à prétendre être élu à sa place. L’attaque apparaît d’ailleurs d’autant plus nécessaire que la position de l’attaquant est faible. Il faut compenser la disproportion des forces initiales par une disproportion dans l’intensité des mises en cause.
Contre-attaquer en cas de mise en cause
Lorsque l’on subit des attaques, il faut toujours leur apporter une réponse. Si on ne le fait pas, on accrédite l’idée que cette mise en cause est justifiée et que l’on n’a rien à y redire. Mais l’erreur à ne pas commettre pour les militants de la droite nouvelle consiste à se laisser enfermer dans la défense et l’autojustification. Aussi faut-il contre-attaquer aussitôt avec énergie pour tenter de disqualifier son adversaire et déplacer l’objet du débat. Le but est que la contre-attaque étouffe la mise en cause.
Se placer sur un courant porteur
Dans une campagne politique, on ne peut pas tout dire ni émettre plusieurs messages à la fois. Les candidats de la droite nouvelle doivent donc choisir un axe principal autour duquel doit s’organiser l’ensemble du discours qu’ils veulent faire passer. Cet axe doit être choisi comme étant le plus porteur, ce qui veut dire qu’il doit exprimer le message susceptible de mobiliser le mieux les partisans.
Simplifier les messages
Le politique est par ailleurs un art de simplification. Pour qu’un message passe dans le public, il faut qu’il soit facilement compréhensible et donc qu’il soit clair. Sans idées simples, on ne peut agir sur le réel, d’autant que les idées simples, qui sont souvent les mieux fondées, peuvent parfaitement être légitimées par un discours et des concepts élaborés.
Orchestrer les campagnes
Le politique est également un art de répétition. Dans une campagne, il y a lieu de revenir sans cesse sur les mêmes thématiques et le même discours. Car, pour passer dans l’électorat ou le grand public, un message doit répondre à deux conditions : il faut qu’il soit répété un grand nombre de fois et qu’il parvienne aux électeurs visés par des canaux multiples. C’est par le jeu de la répétition des messages et de la multiplication des supports que les candidats de la droite nouvelle réussiront à créer un phénomène d’orchestration indispensable au succès.
Greffer les messages sur les préoccupations de la population
Les messages politiques auront par ailleurs d’autant plus de chance d’être pris en compte par le public qu’ils seront greffés sur les préoccupations quotidiennes des électeurs. À cet égard, il convient donc que les candidats de la droite nouvelle enracinent le discours général dans une réalité la plus proche possible de celle de nos compatriotes.
Riposter face à la diabolisation
Enfin, les candidats de la droite nouvelle pourront faire l’objet de campagnes en diabolisation. S’il faut bien sûr éviter les propos maladroits qui pourraient les susciter, il ne faut en revanche rien céder sur les questions de fond. Aussi les candidats de la droite nouvelle victimes de ce genre d’attaque doivent-ils garder leur sang-froid et riposter en attaquant les diabolisateurs. Ceux-ci n’ont aucune légitimité, ils n’ont rien fait pour résoudre les problèmes des Français et leur pensée unique étouffe les libertés. En démontant les mécanismes des procès en diabolisation, les militants de la droite nouvelle pourront progressivement en neutraliser les effets.
Ne jamais parler contre son camp
Cette règle s’impose d’elle-même mais il est nécessaire de la mentionner car l’observation de la vie politique montre qu’elle ne va pas de soi pour tout le monde. Il est pourtant évident que les critiques émises sur son mouvement par l’un de ses membres, a fortiori l’un de ses dirigeants, ne peuvent avoir qu’un effet dévastateur sur l’opinion. Il est donc essentiel pour les militants de la droite nouvelle de ne jamais entrer en contradiction publique avec l’un des leurs quelles que soient les divergences que l’on peut avoir avec lui.
Adopter aussi quelques règles comportementales
À ces règles fondamentales il convient d’ajouter des règles purement comportementales. Ainsi ne faut-il jamais rien concéder de positif à l’adversaire, ne pas attaquer ses points forts mais ses points faibles, ne pas se laisser culpabiliser. Il est aussi très important d’employer les mots justes et le vocabulaire approprié en se gardant d’utiliser ceux de l’adversaire et en multipliant en revanche l’usage des mots qui soutiennent son propre combat.
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Défense du patrimoine: Macron à tout bon?
Une nouvelle polémique en perspective ( ?) : Emmanuel Macron et son épouse ont commandé une étude en vue de construire une piscine (hors-sol pour des raisons techniques) au fort de Brégançon, situé sur la la commune de Bormes-les-Mimosas (Var), lieu de villégiature ds présidents de la République. Le site comporte une plage privée mais le couple Macron entendrait se protéger des regards indiscrets. Il faut désormais que la réalisation de cette piscine, soumise à autorisation municipale, soit également acceptée par les architectes des bâtiments de France, le fort de Brégançon étant classé monument historique. Un patrimoine architectural, culturel français pour lequel Emmanuel Macron manifeste un soin tout particulier, et pour de hautes et nobles raisons si l’on en croit le site de France Culture qui a publié un long article sur le Loto du patrimoine (nous allons y revenir). Brice Couturier, chroniqueur sur France Culture, explique ainsi que « Macron est hanté par l’idée que la France est victime d’une crise civilisationnelle et culturelle, autant sociale et économique. Il faut donc réconcilier les mémoires nationales et restaurer une fierté nationale. Et la fierté nationale s’incarne évidemment dans nos monuments, autant que dans notre culture et langue. Donc il reçoit Vladimir Poutine au château de Versailles, se rend au Fort de Brégançon (…), fête son anniversaire au château de Chambord (…), visite le château de Voltaire, à Ferney-Voltaire ». Pour autant ajoute-t-il, « c’est toujours lié au côté économique avec Emmanuel Macron. Nous sommes une grande destination touristique dans le monde, les étrangers ne viennent pas que pour nos plages et nos installations d’art contemporain mais pour notre patrimoine. »
Une vision qui sous-tend la décision du « gouvernement français, (qui), sous la houlette de l’animateur Stéphane Bern », « chargé de mission sur le patrimoine », « vient de lancer un loto du patrimoinepour restaurer une partie du patrimoine en péril. Le jeu, organisé en septembre, devrait permettre à l’Etat de récolter entre 15 et 20 millions d’euros (…). La Fondation du patrimoine, qui œuvre à la sauvegarde et à la valorisation du patrimoine, a identifié environ 2 000 bâtiments en péril, puis en a sélectionné 269. »
Parmi eux la maison (bien à son image) du célèbre et fantasque écrivain-voyageur et officier de marine Pierre Loti (1850-1923) à Rochefort (Charente-Maritime). Un choix jugé malheureux par les pathétiques commissaires politiques socialistes de l’UEJF, de SOS racisme, et le (médiatiquement plus confidentiel) Conseil de coordination des organisations arméniennes de France, qui ont rappelé les quelques saillies anti-arméniennes et antisémites du célèbre écrivain turcophile... Une polémique balayée par Emmanuel Macron qui a dénoncé dans ce cas particulier les «combats anachroniques » de ces ligues de vertu. A ce compte là en effet, l’UEJF et SOS racisme seraient en droit de réclamer l’autodafé de la quasi totalité des grands écrivains français du XIXe siècle.
« Le concept du loto du patrimoine est déjà utilisé dans de nombreux pays » rappelle France Culture et cite « Françoise Benhamou, spécialiste de l’économie de la culture (qui) met en garde contre une vision angélique de cette action. Il y a une politique de communication évidente autour du grand patrimoine. Cette instrumentalisation sert manifestement un soft power qui est pas inutile, c’est dans l’ADN de la politique culturelle française. Le patrimoine, c’est une représentation du pouvoir, de l’histoire, ce sont des signaux que l’on envoie. »
Ancien directeur général de la Fondation du patrimoine et actuel maire de Versailles, François de Mazières, « qui a fait du loto du patrimoine un combat depuis les années 2000 », craint de son côté « que le gouvernement en fasse un mauvais usage: le danger, c’est la baisse des dotations consacrées au patrimoine du ministère de la Culture. Les collectivités territoriales, notamment les communes, ont vu leurs recettes complètement baisser ces dernières années, dû au fait des baisses de dotation de l’Etat. Sauf que les communes sont au premier rang pour l’entretien du patrimoine. Aujourd’hui, ce loto est un atout supplémentaire, mais il ne peut être qu’une politique d’accompagnement, parce qu’il va rapporter au mieux 20 millions d’euros. Alors que les crédits d’Etat consacrés au patrimoine chaque année sont de l’ordre de 400 millions d’euros. C’est pour cela qu’il ne faut pas que l’arbre cache la forêt….»
Un patrimoine français ajouterons-nous, qui ne bénéficie pas toujours du respect et de la mise en valeur qu’il mérite. Cnews ou encore Le Parisien relayaient la fureur particulièrement déplacé du très controversé militant/romancier/ prophète à la barbe teinte Marek Halter, alors que « Le Mur de la Paix, dont il fut à l’initiative en 2000 avec sa femme, est menacé. La structure, située au bout du Champs-de-Mars (7e), pourrait être délogée au profit de l’implantation d’un Grand Palais éphémère. Un équipement de 14.000 m2 est à l’étude, car le musée doit être fermé pour d’importants travaux. »
Nous avions évoqué sur notre blogue ce Mur, inauguré par Jacques Chirac il ya dix-huit ans, inspiré du « Mur des lamentations » de Jérusalem, installé à l’origine temporairement pour trois mois. Ce monument très dégradé est finalement demeuré à son emplacement d’origine. Nous avions apporté notre soutien à Rachida Dati maire (UMP, aujourd’hui LR) du VIIe arrondissement de Paris et collègue de Bruno Gollnisch au Parlement européen, qui jugeait très inesthétique et incongrue cette structure imaginée par l’architecte Jean-Michel Wilmotte. Mme Dati avait été attaquée en justice par le couple Halter pour diffamation. Elle invitait ses administrés dans une pétition à se mobiliser pour obtenir le démontage immédiat du Mur (de) pour la Paix, qui obstrue la perspective classée de l’Ecole militaire à la Tour Eiffel, en violation de la loi.
Sur son blogue bien charpenté, bien informé et d’une lecture toujours intéressante, la tribune de l’art, Didier Rykner, qui défend de longue date la préservation de notre patrimoine culturel tout en s’opposant à sa marchandisation, a dénoncé le 14 juin la dénaturation du Champ-de-Mars. Ce « n’est plus un lieu protégé mais un champ de foire. Sans compter côté École Militaire l’horrible Mur de la Paix construit sans autorisation et désormais le stupide mur transparent en cours de construction qui va encercler la tour Eiffel sous prétexte de terrorisme, ou l’état désastreux de ce jardin ( qui est un des endroits les plus sales de Paris (ce qui est une espèce de record).»
«Ce massacre persistant de ce qui est pourtant théoriquement un site classé, une protection qui devrait interdire toutes ces manifestations, va bientôt devenir permanent, sans même une seule interruption, pendant au moins quatre ans, avec l’installation de (…) ce Grand Palais éphémère » évoqué plus haut.
Notons que M. Rykner était à l’initiative en 2007 de la pétition intitulée Les musées ne sont pas à vendre, pour s’opposer notamment au projet de délocalisation du Louvre à Abou Dhabi (Emirats arabes unis). Le Monde s’en était fait l’écho, elle avait recueilli également quelques «signatures politiques » dont celle à l’époque d’« un des responsables de la culture au Front National. » Mais Didier Rykner « (avait) choisi de retirer son nom de la liste. Mon objectif, ce n’est pas la polémique, et les gens qui m’ont fait confiance ne méritent pas ce type de récupération. »
Il est facile de lui rétorquer que les nationaux ne récupéraient pas plus cette pétition que les autres signataires. Dans le combat nécessaire pour la la défense de notre patrimoine, toutes les bonnes volontés, les bonnes actions sont les bienvenues d’où qu’elles viennent. C’est pourquoi, avec les réserves exprimées plus haut par certains, il faut se féliciter de cette initiative prise par Emmanuel Macron d’importer en France ce Loto du patrimoine.
En 2015, et nous conclurons par là, M. Rykner ne ménageait pas ses critiques dans Politique magazine contre une classe politicienne « devenue complètement inculte », « même si une minorité échappe à la règle », fustigeant « des hommes politiques acculturés qui considèrent que l’histoire de l’art est superflue. » Et bien nous rejoignons ici les préoccupations exprimées par M. Rykner et beaucoup d’autres. Cette acculturation est aussi une des causes profondes de la défrancisation de nos élites, qui ont perdu la contact avec le terreau culturel français et partant, en rupture avec une identité française sciemment défigurée qui ne sert plus pour certains que de décor de théâtre pour exposer un plug anal ou un vagin géant. Et contrairement à ce que disent nos détracteurs, dénoncer les escrocs/ businessmen du (non) art contemporain n’est pas se complaire dans une vision figée, muséale, passéiste de l’art!
Le patrimoine culturel de notre pays est le bien indivis de tous les citoyens. A nous de transmettre, d’enrichir cet héritage civilisationnel, de nous en inspirer aussi , afin d’être dans ce domaine également, dans la chaîne des générations qui se succèdent, « non pas des maillons de cire mais des maillons d’acier » selon la belle et forte formule du pas toujours très recommandable Mustapha Kémal.
https://gollnisch.com/2018/06/22/defense-du-patrimoine-macron-a-tout-bon/
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Justice : 7 trafiquants de drogue remis en liberté, faute de magistrat pour les juger
Libérés… faute de juge ! Le tribunal correctionnel de Pontoise (Val-d’Oise) a été contraint de libérer sept prévenus qui comparaissaient mardi 19 juin pour trafic de stupéfiants, faute d’avoir trouvé un magistrat pour les juger, a appris franceinfo auprès du parquet de Pontoise, jeudi, confirmant une information d’Europe 1.
« La juge qui devait à l’origine présider l’audience était dans l’impossibilité d’assurer cette charge pour des raisons médicales », explique le procureur. Problème : aucun magistrat du siège n’a été en mesure de la remplacer. « En plus des quatre postes de magistrats déjà vacants au sein de l’institution, certains fonctionnaires sont en arrêt maladie et d’autres à temps partiel », détaille Europe 1. La radio précise que l’affaire était « trop complexe » pour être reprise au pied levé par d’autres magistrats. Le parquet a donc dû solliciter un renvoi, afin que les prévenus soient jugés ultérieurement.
Placés sous contrôle judiciaire
Mais la nouvelle audience n’est prévue qu’en mars 2019. Or le délai légal de détention provisoire autorisé entre la signature d’une ordonnance de renvoi et le jugement ne doit pas dépasser six mois. Les prévenus ont donc dû être relâchés (sauf un, qui reste détenu dans une autre affaire). Le parquet précise néanmoins qu’ils ont tous été placés sous contrôle judiciaire avec obligation de pointer une fois par semaine au commissariat.
Douze hommes comparaissent au total dans ce dossier portant sur un trafic international de stupéfiants (cannabis, cocaïne, héroïne, kétamine, ecstasy). Les produits étaient importés depuis les Pays-Bas, transitaient par Montigny-lès-Cormeilles (Val-d’Oise), avant d’être acheminés à Talence (Gironde) pour être vendus dans le milieu festif de la région bordelaise.
Source : France Info
http://www.contre-info.com/justice-7-trafiquants-de-drogue-remis-en-liberte-faute-de-magistrat-pour-les-juger#more-52490 -
Vidéo. Hilaire de Crémiers commente le dernier numéro de Politique Magazine et ... l'actualité
Présentation du n° 170 de Politique magazine (juin 2018)
Sommaire.
- Éditorial. Ralliement par Hilaire de Crémiers
- Actualité. Maître du monde ? par Hilaire de Crémiers
- Fichier S ? Réponse au sommet ! par Jacques Trémolet de Villers
- Concurrence et service public par François Reloujac
- La crise actuelle de l’Université par Yves Morel
- L’éolien industriel, ses mensonges et ses nuisances par André Posokhow
Dossier : Les États généraux de la bioéthique
Le Comité consulatif national d’éthique a rendu son rapport. Impossible de le dissimuler : les États généraux ont manifesté des oppositions fermes et raisonnées aux évolutions « sociétales » proposées. Aucune synthèse ou prétendue telle ne sera satisfaisante. La question fondamentale est de savoir quelle conception la France se fait de l’homme et de la vie humaine.
- Bioéthique : vers une société sans relations par Philippe Mesnard
- Des états généraux en vérité ou en prétexte ? Entretien avec Ludovine de La Rochère
- Pour un « principe responsabilité » bioéthique par Matthieu Baumier
- La vie humaine instrumentalisée. Entretien avec Jean-Marie Le Méné
- L’État étend son domaine sur nos corps par Philippe Mesnard
Monde
- La Chine m’inquiète par Georges-Henri Soutou
- Dépendance ou indépendance par Mathieu Épinay
- Jérusalem, capitale d’israël par Olivier Pichon
Libre propos
- Une famille étonnamment prolifique par Bernard Leconte
Humeur
- Vive la grève ! par B.-S. Chambon
Civilisation
- Chronique littéraire de Michel Bouvier
- Livres par Ch. T., HdC., Cl. W.
- Théâtre par Madeleine Gautier et B.-S. Chambon
- Musique par Damien Top
Histoire
- Le roi, ou l’incarnation du pouvoir par Anne Bernet
La Chronique de Claude Wallaert
Ont collaboré à ce numéro : Olivier Pichon, Bernard Leconte, Damien Top, Matthieu Baumier, André Posokhow, Philippe Mesnard.
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Hervé Juvin : Le moment politique : pourquoi ?
Vivons-nous la fin du Politique ou un moment politique ? C'est cette seconde option qu'Hervé Juvin retient. Il publie France, le moment politique et expose ici l'essentiel de son analyse. Elle nous intéresse de toute évidence si nous souhaitons la survie de la France et de notre civilisation. LFAR
Par Hervé Juvin
Le moment que va vivre la France, c’est « le moment politique ».
C’est le moment où l’arrangement actuel, entre le marché et le droit, ne suffit plus. C’est le moment où la promesse de l’extension indéfinie de la satisfaction individuelle ne fonctionne plus, le moment où la croissance ne signifie plus le progrès, et même signifie une dégradation nouvelle des conditions de vie, le moment où le progrès lui-même perd son sens, hésite et se brouille.
Ce moment politique est déterminé par la crise d’identité que vivent les Français, comme bien d’autres Européens, depuis que l’Union a abandonné son devoir de préférer les Européens. Il provient de la fin du tout économique, et des illusions de l’abondance pour tous. Il se caractérise par la fin du « je », égoïste et tout-puissant, et le retour du « nous » comme famille, communauté, nation, parce que nul ne survivra seul aux crises qui s’annoncent. Mais il est aussi provoqué par le vertige qui nous saisit devant le nouveau totalitarisme de l’homme augmenté, de l’homme hors sol, sorti de la nature et de toute détermination – devant la promesse que chacun devienne Dieu.
Cet aboutissement de l’individualisme libéral a été philosophiquement exprimé, mais pratiquement ignoré ; une humanité encore majoritairement dépendante de l’agriculture paysanne, dominée par le climat, le relief, la distance, intimement liée aux saisons, à la terre et aux ressources de la nature, était très vite ramenée à la terre qui est sous ses pieds. Voici quelques décennies encore, les paraboles du berger et du troupeau, de la lampe qui guide le voyageur, des oiseaux dans les champs et des fleurs dans les prés, étaient intelligibles par tous parce qu’elles éveillaient des expériences concrètes.
UNE RUPTURE RADICALE
C’est fini. Pour une population mondiale majoritairement urbaine, pour les 6 milliards d’habitants qui vivent rivés à l’écran de leur téléphone portable, pour ceux, à peine moins nombreux, pour qui le Web supprime la distance et rétrécit le temps, le fonds commun de la Bible et des Évangiles s’éloigne dans une brume d’étrangeté. Beaucoup d’enfants des métropoles n’ont jamais vu de coucher ou de lever du soleil, les mêmes enfants en colonie de vacances sont terrorisés par un troupeau de vache, et un troupeau de moutons dans les Causses devient une attraction touristique !
Cette rupture n’est pas seulement symbolique. Les prothèses numériques transforment l’être là, l’être ensemble, l’être présent, c’est-à-dire les conditions concrètes de l’expérience humaine. Les promesses de la biologie, qu’il faut nommer bio-ingénierie, bouleversent tout ce que nous savions sur la filiation, la reproduction, la transmission. La perspective de voir les enfants humains devenir les produits de l’industrie n’est plus fantaisie de science-fiction. L’achat des caractères de l’enfant à naître ; l’affirmation du droit à l’enfant pour tous, y compris celles et ceux qui ne peuvent se reproduire ; l’indétermination du sexe, de l’origine et de l’âge, sont les promesses actuelles de l’hyperindividualisme. Ce n’est plus d’une vie sans souffrance qu’il s’agit, c’est d’une vie au-dessus de la nature, sortie de tous les hasards, de toutes les déterminations, de toutes les limites que la nature imposait.
L’HOMME AMPUTÉ DU SACRÉ
Comment ne pas rêver de ne plus souffrir, de ne plus vieillir, de ne plus mourir ? Mais il se peut que le prix à payer pour la libération de la nature soit la vie elle-même ; mais de plus en plus nombreux sommes-nous à penser que l’homme sorti de la nature est aussi un homme amputé du sacré, et que l’homme augmenté est plus sûrement un homme diminué – réduit à ce qui, en lui, ne fait pas l’homme.
Les philosophes y verront l’occasion de reprendre l’analyse des liens entre nature et culture et de voir que la culture n’est que médiation entre la nature et le sacré. Ce qui reste de religieux en nous suggérera que rien n’est plus urgent que chasser les marchands du temple, et renouer avec le sacré, qui est ce pour quoi tuer, ou mourir – ce qui est plus que la vie. Les habiles entreprendront de réveiller les symboles, comme l’a fait Emmanuel Macron, mais les symboles ne sont rien sans le sacré qui anime et leur donne souffle et force. Il s’agit d’imiter le sacré, sans le sacré, de copier la foi, sans la foi, de dire « la France », sans en être. Faible entreprise, sans illusion. Les politiques, les vrais, doivent saisir l’importance de ce basculement du commun où la volonté de vivre ensemble, de dire « nous » et de décider de ses lois, de ses mœurs et de ses choix va balayer l’insolente prétention de l’économie à dicter ses lois à la société, et, du marché, à faire de la vie un produit en rayon.
Hervé Juvin
NEF, Juin 2018
Hervé Juvin, économiste et essayiste, est président de Natpol et auteurs de nombreux ouvrages dont L’Occident mondialisé. Controverse sur la culture planétaire (avec Gilles Lipovetsky, Grasset, 2010), La grande séparation. Pour une écologie des civilisations (Gallimard, 2013), Le Mur de l’Ouest n’est pas tombé (P.-G. de Roux, 2015). Il vient de publier France, le moment politique (Éditions du Rocher, 2018, 288 pages, 16,90 €).