Gérard Leclerc : Le salut aux musulmans de François Hollande est de nature opportuniste et politique. C’est une clientèle électorale essentielle au Parti socialiste, qui est en train de lui échapper à cause des réformes sociétales, et qu’il s’agit de bien soigner.
Cela témoigne-t-il d’une hostilité particulière que vouerait le président aux catholiques suite à l’affaire du mariage pour tous, ou plus généralement une indifférence de la classe politique française à l’égard des catholiques ?
Je pense qu’il s’agit d’un problème propre à François Hollande, mais qui rejoint également une tradition et une culture française. Comme l’a souligné Samuel Pruvot dans son livre "François Hollande, Dieu et la République"(Salvator, 2013), François Hollande s’est éloigné du catholicisme, pourtant prégnant dans sa famille, et retranché dans un agnosticisme fermé à l’égard de toute inquiétude religieuse.
Il rejoint ainsi une tradition française positiviste née avec les Lumières qui ont eu en France une tonalité bien particulière par rapport à d’autres pays européens, celle d’une philosophie antichrétienne et anticatholique qui a débouché sur la déchristianisation entreprise par la Révolution française. De là provient l’ambiguïté fondamentale de la notion de laïcité dont on ne sait pas si elle traduit une neutralité du pouvoir ou la promotion délibérée d’un athéisme d’État.
De l’autre coté de la Manche, David Cameron s’est fait tacler par des intellectuels pour avoir parlé de l’Angleterre comme d’un « pays chrétien ». Selon vous, David Cameron a-t-il raison d’assumer le caractère chrétien de son pays ?
David Cameron fait preuve d’indépendance et de liberté en osant rappeler de telles vérités. Il y a fort à parier que, hormis la fronde d’intellectuels et d’artistes qui s’est déclenchée contre lui, l’opinion publique, elle, le suit.
En France, il serait très difficile pour un homme politique de droite de tenir un tel discours. Il y a une pudeur, pour ne pas dire une gêne à droite sur ce sujet. Le premier à avoir manifesté son hostilité à la mention des « racines chrétiennes de l’Europe », c’est Jacques Chirac, dans la lignée du radical-socialisme plutôt que dans celle du gaullisme (« Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne », disait le Général) dont il se voulait l’héritier.
Ce rejet des racines chrétiennes est une triste exception française due à notre histoire très conflictuelle et à la rupture de la Révolution française. En Allemagne, Angela Merkel, fille de pasteur, n’hésite pas à employer le langage religieux dans ses discours et plaide pour des « racines chrétiennes de l’Europe ».
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