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social - Page 207

  • Une rentrée sous le signe de la défiance*

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    Par Stéphane Dupont

    Trois bonnes semaines au fort de Brégançon, émaillées de quelques rares déplacements officiels : l’été d’Emmanuel Macron dans le Var a été studieux et plutôt calme cette année. Pas d’affaire Benalla, comme l’an dernier, pour bousculer l’agenda présidentiel. La démission et le remplacement de François de Rugy à la tête du ministère de la Transition écologique ont été prestement réglés. Et aucune autre grosse polémique ne s’est invitée dans l’actualité depuis la fin juillet.

    Mais rien ne dit que la rentrée sera aussi tranquille pour le chef de l’Etat. Emmanuel Macron a, de l’avis général, relativement bien réussi la sortie du grand débat lancé pour répondre au mouvement des « gilets jaunes ». Les élections européennes ne se sont pas trop mal déroulées pour la majorité fin mai, avec notamment la déroute de la droite républicaine. Et le chef de l’Etat a redoré un peu son image, très dégradée, dans l’opinion.

    Cote de confiance en baisse

    Mais ce rebond est en train de s’essouffler. Après trois mois de hausse, la cote de confiance d’Emmanuel Macron a de nouveau reculé en août dans notre baromètre mensuel Elabe, à un maigre 28 %. Les Français attendent désormais des résultats concrets après les annonces présidentielles du printemps.

    L’action de l’exécutif en faveur de l’environnement les laisse sceptiques pour le moment. Et la vigilance est de mise sur la question du pouvoir d’achat. La diminution pour la deuxième année de suite de la taxe d’habitation et le vote dans le projet de loi de finances d’une baisse de 5 milliards de l’impôt sur le revenu à l’automne devraient convaincre, espère-t-on au gouvernement. Tout comme le reflux continu du chômage.

    Mais la défiance reste très importante. Et le climat social demeure hautement inflammable. Emmanuel Macron l’a reconnu lui-même en arrivant à Brégançon. « Je ne crois pas du tout que ce qui a, à un moment donné, créé la colère sincère d’une partie de la population soit derrière nous », a-t-il déclaré. « Il y a une aspiration à un sens profond dans notre pays et on ne l’a pas encore trouvé », a admis l’hôte de l’Elysée, qui s’est dit «vigilant » et «à la tâche».

    Les permanences des députés de la majorité vandalisées ces dernières semaines et la grève aux urgences hospitalières sont notamment venues lui rappeler, si besoin était, que les mouvements de protestation spontanés et parfois violents, qui ont agité le pays tout l’hiver, n’ont pas disparu à la faveur des vacances.

    (*) le titre est de la rédaction.

    Source : Les Echos 19/08/2019

  • Une étincelle peut mettre le feu aux poudres

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    Pauline Théveniaud , entretien avec Jérôme Fourquet* 

    La crise des Gilets jaunes est-elle terminée ?

    Il y a un reflux très net de cette crise, mais elle n’est pas complètement résolue. Le mouvement a remué le pays dans ses profondeurs. Plusieurs mois après, il a encore un écho, avec un noyau dur de gens beaucoup moins nombreux mais qui continuent de s’accrocher, quitte à passer à des modes d’action plus virulents et à se chercher des motivations nouvelles. L’incendie est maîtrisé, mais les braises sont toujours là.

    Qu’est-ce qui pourrait les raviver ?

    Nous sommes face à une situation hautement instable. Une étincelle peut mettre le feu aux poudres. Ça ne sera pas forcément où on l’attend, cela peut très bien ne pas arriver, mais nous sommes bien dans un contexte de tensions accumulées. Et, pour l’instant, elles ne s’évacuent pas.

    Quels sont les sujets potentiellement irritants ?

    La société est assez fragmentée, éclatée. Ces sujets « potentiellement irritants » sont différents en fonction des secteurs. La réforme des retraites peut être un sujet plus fédérateur, comme ce qui se passe aux urgences.

    Gouverner revient-il désormais à gérer des colères catégorielles ?

    Dans cette société émiettée, il faut parvenir à répondre à des interrogations de plus en plus sectorielles, voire individuelles. On l’a vu avec les Gilets jaunes, de nouveaux groupes peuvent s’agréger en fonction non plus des classes sociales, mais sur le mode de vie, sur une logique régionale ou plus politique comme la sensibilité environnementale. La convergence des colères est moins évidente, mais cela peut démarrer n’importe comment, n’importe où. Et puis, l’idée s’est installée qu’il faut parfois un certain degré de violence ou de conflictualité pour obtenir gain de cause. Les gens se disent : il a fallu que l’on casse pour avoir 12 milliards d’euros. Cela restera l’un des enseignements de la crise des Gilets jaunes.

    La contestation violente s’est-elle banalisée ?

    La violence n’est plus disqualifiée d’emblée. Pour une partie de la population, cela fait partie des modes d’action recevables. D’autant qu’une chose lie les différentes îles de cet « archipel français » : la très forte défiance vis- à-vis du sommet.

    Cette défiance est-elle résorbable ?

    C’est compliqué. Le sentiment de déconnexion des politiques a des causes profondes. Et l’on constate une très grande réticence face à la représentativité, à l’idée de déléguer le pouvoir.

    N’est-ce pas plus compliqué encore pour Macron ?

    Il y a effectivement un fossé très profond avec toute une partie de la population, qui se sent aux antipodes de ce qu’il représente et véhicule. Mais il a manifestement une base électorale solide et fidèle. Cela ne fait pas une majorité aujourd’hui, mais dans la société « archipel », si vous faites 20-25 %, c’est déjà pas mal. Ce n’est ni glorieux, ni très confortable, ni forcément très satisfaisant sur le plan démocratique, mais cela assure une certaine stabilité car personne n’est en capacité d’agréger davantage.

    Cela revient à vivre dans une forme de cohabitation avec toute une partie de la population...

    Là, la cohabitation ne se fait plus dans le système politique mais dans la rue, entre un exécutif et ceux qui ont « fermé les écoutilles », qui n’atendent plus rien de lui. D’où ces bouffées de violences ou de protestations : la pression s’évacue comme elle peut.

    Le président avait promis « la France réconciliée ». Est-ce encore possible ?
    Les fractures, les différences se creusent. Mais il reste en partage une histoire commune, un certain nombre de références, de grands rituels. Il faut essayer de trouver les points qui fédèrent encore. Il y a des moments de relative communion dans les événements heureux, comme la victoire des Bleus, ou lors des attentats, l’incendie de Notre- Dame de Paris, les commémorations.

    Quel est le risque, pour le pays, s’il reste dans cet état de fragmentation ?
    Il sera de plus en plus difficile à gouverner.

    (*) Jérôme Fourquet est directeur du département Opinion publique à l’Ifop et l’auteur d’un éclairant ouvrage l’Archipel français (Seuil). Avec le philosophe Jean-Claude Michéa et le géographe Christophe Guilluy, il fait partie de ces analystes qui ont donné l’image la plus exacte de la France d’aujourd’hui, c’est-à-dire en mille morceaux.

    Source : le parisien 18/08/2019

    http://synthesenationale.hautetfort.com/

  • La fièvre monte ? Cassons le thermomètre !

    6a00d8341c715453ef0240a4c5ea9a200b-320wi.jpgLa publication ce 15 août du fameux classement de Shanghai, comparatif peut-être discutable des universités du monde entier, n'a pas laissé le journal officiel de Boboland indifférent. Le quotidien Le Monde en effet s'empresse de réfuter cette information puisqu'elle lui déplaît.

    Horrible révélation pour le peuple qui, non seulement se croyait, mais osait se dire naguère, le plus intelligent de la terre : sur les 100 premières structures d'enseignement supérieur du monde, ce palmarès ne recense que 3 institutions françaises. Exit, incidemment bien sûr, celles qui ont si bien formé, depuis un siècle, l'oligarchie parisienne : l'école polytechnique et l'école nationale d'administration, excellentes maisons fondées respectivement en 1794 et 1945, l’une pour donner des artilleurs à une république guerrière, l’autre pour servir l’État, non pour le régenter.

    Mais la rédaction du Monde ne capitule jamais quand il s'agit pour elle de maquiller les faits, tout en se donnant l'apparence de les mentionner.

    On en jugera par les titres des 3 articles publiés par le journal sur le sujet.

    1° Classement de Shanghai : "pourquoi les universités françaises sont à la traîne"[1].

    2° Qu'on se rassure... car "le classement de Shanghai n’est pas fait pour mesurer la qualité des universités françaises"[2]

    3° Et pourtant, le 18 juillet 2018, annonce triomphale : "Classement thématique de Shanghai 2018 : la France monte sur le podium."[3]

    Avec une machine à décrypter, ces trois papiers donnent, reconnaissons-le d'emblée, des éléments d'information suffisants pour une réflexion civique.

    Hélas, ceux-ci sont rendus inutilisables pour le lecteur moyen. Car il est suggéré que le vrai critère ne se mesure pas à la valeur de la formation dispensée par nos écoles, nos universités et par l'éducation nationale monopoliste d'État, évaluée à l'international ni même sur le marché de l'emploi, mais au niveau de mixité sociale. Ainsi le classement de Shanghai ne servirait qu'à répercuter, depuis la Chine, de pervers mots d'ordre au service du monde anglo-américain détesté.

    L'expérience désastreuse de feu "Richie" Descoings a-t-elle positivement détruit l'Institut d'études politiques de Paris en rabaissant, notamment, la connaissance de l'histoire sous prétexte de ne pas humilier les enfants de la banlieue ? On étendra le processus à la France entière.

    La fièvre progresse-t-elle dans le corps de l'organisme social ? La république jacobine ne dissimule même plus sa solution : casser joyeusement le thermomètre.

    Évoquons à cet égard, deux absurdes cocoricos venant ainsi en illustration de cette méthode.

    On n'en finirait plus, hélas, de tenir la rubrique du nombrilisme dans lequel les médias et le pouvoir parisiens entretiennent les ressortissants de l'Hexagone. On croit ainsi rêver en les entendant répéter que ce qu'ils appellent la "lèpre nationaliste" porterait la responsabilité des guerres, tandis que, bien sûr, leur délicat mondialisme assurerait l'œuvre de paix.

    Cette contre-vérité remonte à Mitterrand. Intellectuellement, on peut sans rougir soutenir exactement la thèse opposée. En 1914, ce n'était pas les nationalistes qui exerçaient le pouvoir mais les radicaux-socialistes. Les inspirateurs des actuelles institutions internationales n'ont su résoudre aucun conflit : seul l'équilibre de la terreur nucléaire a maintenu, depuis 1947, la rivalité des grandes puissances à la gestion d'affrontements limités. À l’inverse le peu que j'ai pu retenir d'une lecture, peut-être superficielle, des maîtres du nationalisme français, illustrerait plutôt le contraire. La pensée de Barrès, apologie de l'enracinement, amène à considérer que chaque peuple possède son génie propre et que le mieux consiste à vivre chacun chez soi. La doctrine de Maurras se préoccupe de guérir les maux dont la république a infesté la France : le chauvinisme[4], l'impérialisme, le jacobinisme n'appartiennent guère à son registre. On gagnerait donc à méditer cette forte pensée de Otto Klemperer : "Quand on se cogne la tête avec un livre et que ça sonne creux, cela ne veut pas dire que le livre est vide".

    Mais au-delà de telles considérations philosophiques, on se doit de constater qu'en ce milieu de l'été deux nouveaux cocoricos franchement ridicules et pervers ont été chantés, hélas impunément, par les professionnels médiatiques de la brosse à reluire.

    Premier délire : le recul du taux de chômage, acclamé comme si nos technocrates avaient su créer un seul emploi. Les statistiques l'ont ramené de 8,7 % à 8,5 %. "Fascinant de pavoiser, ironisait de toute façon Marc Fiorentino dans un tweet[5], avec 8.5 % de chômage quand l’Allemagne et les États-Unis sont à 3.8 % et le Japon à 2.3 %". Reste surtout, doit-on ajouter, à s'interroger sur ce taux, sur le niveau de l'emploi et surtout sur la zone grise de tous ceux qui ont renoncé à chercher du travail.

    Deuxième manipulation : l'Hexagone et l'Outremer réunis détiendraient le maillot jaune de la natalité en Europe. On mobilise pour cela des démographes officiels. Ils parlent au nom des trois organismes officiels en la matière. Or, ils ratiocinent autour de l'indicateur conjoncturel de fécondité qu'ils appellent bien sûr taux de fécondité[6]. C'est plus parlant sans doute, bien que cela soit faux. Reste quand même à s'interroger sur ce qu'induit la natalité en France confondue avec la démographie du peuple français qui, toutes origines confondues, se révèle inférieure, à un niveau de 1,8 au taux de remplacement qui se situe à 2,1 enfants par femme. On ne parlera pas d'ailleurs d'un autre "remplacement". Le débat est interdit ; le mot lui-même est devenu tabou ; la question ne se pose même pas. La connotation du terme impose qu’on renonce à y réfléchir.

    L'important, pour nos soi-disant démographes reste, en effet, non pas d'évaluer la démographie de flatter l'excellence de notre système d'allocations familiales, et bien sûr, comme pour l'éducation, de maintenir coûte que coûte notre intouchable modèle social français.

    JG Malliarakis 

    Apostilles

    [1] Texte cosigné par Eric Nunès et Jessica Gourdon qui résument ainsi la situation :"Comme chaque année, les universités anglo-saxonnes dominent. Et comme en 2018, seuls trois établissements français sont dans les 100 premiers."
    [2] Propos pieusement recueillis par Eric Nunès auprès de Hugo Harari-Kermadec, maître de conférences en économie à l’École normale supérieure (ENS) Paris-Saclay et spécialiste, nous assure-t-on, de l’enseignement supérieur.
    [3] Cet article écrit par Adrien de Tricornot se félicite car "L’université de Montpellier obtient la première place pour sa recherche sur l’écologie, au détriment d’Oxford. Les Etats-Unis continuent de dominer le palmarès, devant la Chine etc."
    [4] Une exception juvénile : il admirait le chauvinisme des supporteurs grecs lors des premiers Jeux Olympiques modernes qu'il "couvre" en 1896 à Athènes pour le quotidien conservateur Le Soleil.
    [5] cf. Son tweet du 16 août en réponse à celui de @murielpenicaud du 14 août, laquelle annonçait : "Au 2e trimestre, la baisse du chômage se poursuit. Il s'établit à 8,5 %, soit le plus bas niveau depuis 10 ans. Depuis le début du quinquennat de @EmmanuelMacron, il y a 300 000 chômeurs de moins en France" [sans se référer ni au niveau de l'emploi lui-même ni à la démographie]
    [6] Lire sur le site de Causeur l'article de Michèle Tribalat du 11 juillet 2019 : "Fécondité en France, immigrées…" ... et les approximations répétées de l'Ined sur la question.

    https://www.insolent.fr/2019/08/la-fievre-monte-cassons-le-thermom%C3%A8tre-.html

  • Pour les gilets jaunes la colère est toujours là et espèrent une rentrée chaude

    gilets jaunes.jpgOn ne les voit plus beaucoup sur les ronds-points, mais à Saintes les gilets jaunes ont toujours un lieu de rendez-vous, un campement installé sur un pré en bordure de rocade. C'est là qu'ils préparent la rentrée, qu'ils espèrent revendicative.
    Pour le 40e weekend de mobilisation des gilets jaunes, seuls quelques centaines de manifestants ont défilé samedi à travers la France, de Paris à Toulouse, en passant par La Rochelle où un rassemblement s'est tenu au rond-point de la piscine. Mais la colère est toujours là, préviennent les gilets jaunes, qui promettent un retour de la mobilisation en septembre, notamment contre la réforme des retraites.

    "Il n'y a pas de raison que ça s'arrête, puisque jusqu'ici nous n'avons rien obtenu du tout" assène Yannick.

    Car les 17 milliards débloqués par Emmanuel Macron, c'est de la poudre aux yeux pour les gilets jaunes saintais. Bernard est négociant en bois de chauffage: 

    "On a des gens qui logent actuellement dans notre gîte à Saint-Bris-des-Bois, qui habitent à côté du Luxembourg. Dans ce pays, l'essence est à 1,08 euro du litre, le Smic vient d'être augmenté de 100 euros il y a deux mois, d'un seul coup. Et nous en France, c'est quelques broutilles."

    De son côté, Yvan, prénom inscrit sur son gilet jaune qu'il porte toujours fièrement, reconnaît une certaine torpeur estivale: 

    "Les gens sont en vacances, mais bon, je pense qu'en septembre ça va bouger. Parce qu'il y a une réelle colère" promet le retraité.

    [...]
    En savoir plus sur francebleu.fr

    https://www.peupledefrance.com/2019/08/gilets-jaunes-colere-rentree-chaude.html#more

  • Chiffres du chômage : Emmanuel Macron, ou l’art de faire croire que les vessies sont des lanternes !

    Depuis la fin des Trente Glorieuses, la situation de l’emploi dans notre pays a été le caillou dans la chaussure de tous les Présidents qui se sont succédé à l’Élysée.Le plus douloureux, sans doute, celui qui a le plus obéré leur action dans l’esprit des électeurs, en tout cas.
    L’usage des statistiques relatives à l’évolution du taux du chômage a été l’indicateur et l’instrument majeur de leur communication. 
    Celui-ci a parfois eu des conséquences déterminantes dans l’insuccès de leur politique et la dégradation de leur image. 
    On se souvient du fiasco retentissant de François Hollande, dont le discours patient et optimiste s’est heurté à une réalité implacable autant qu’à l’incrédulité lucide du peuple de France.
    Ce que l’on retient de l’avènement d’Emmanuel Macron, outre la façon dont il a su bénéficier de la force sidérante des réseaux de l’oligarchie qui l’a porté au pouvoir, c’est bien le haut niveau de sa communication.
    Parti de presque rien, en tout cas rien aux yeux de l’opinion, il a conquis l’Everest de la République en moins de temps qu’il n’en faut pour se perdre dans le vertige des sommets. 
    Deux ans pour être l’homme le plus cru du pays en sortant du presque néant.
    L’affaire fut bien menée.
    Sans doute grisé par ce succès que rien, pas même la succession des mauvaises affaires, ne semble pouvoir faire pâlir, il s’enorgueillit, aujourd’hui, sans modestie ni modération, et le fait savoir, d’être à l’origine d’une embellie infaillible du niveau de l’emploi.
    Pensez un peu, une amélioration de deux points en deux ans, ce n’est pas rien…
    Pourtant, qu’en est-il réellement ?
    S’agit-il d’une réelle progression vers une situation où chacun pourrait vivre de son travail, situation qui serait due aux vertus de l’action de ce gouvernement ? 
    Ou bien s’agit-il d’un mouvement plus général qui aurait été servi par un mouvement global tirant vers le haut les économies mondialisées ?
    Notons que le taux de chômage des USA culmine aujourd’hui à 3,7 % (soit 4,7 millions de personnes) quand l’Europe dépasse les 15 millions de sans-emploi. 
    Cela donne un peu la mesure des enjeux, quand on sait à quel point la France est contrainte par les réglementations communautaires et le poids démesuré de l’euro, carcan de son développement.
    Parmi les pays européens, la France, avec 8,5 %, se place toujours loin derrière l’Allemagne, dont le taux se situe à à peine 3,7 %, soit un taux très proche du plein-emploi. 
    Il n’est même le Royaume-Uni qui, malgré les présages catastrophiques annoncés par les pourfendeurs du Brexit, ne fasse largement mieux que nous. 
    L’Espagne et la Grèce, pourtant parties de tellement loin, connaissent des évolutions dont nous aurions à envier le dynamisme.
    Il est pourtant des voix (je pense, particulièrement, à certains journalistes laudateurs zélés de la Macronie) qui crient sans scrupule et sans modération : « Merci, Monsieur le Président », « Bravo, Monsieur le Président », bravo et merci pour ces 2 %…
    Le temps de la communication n’est pas forcément celui de la vérité mais il est, assurément, celui de l’illusion, celui qui transforme l’essai en point gagnant. 
    Du coup, il n’est pas neutre de voir Emmanuel Macron et, à sa suite, Édouard Philippe gagner quelques points de popularité parmi la masse de gens honnêtes mais crédules, qui croient entendre dans les annonces qui leur sont faites une réalité qu’ils voudraient avérée.
    Ce qui distingue ce juvénile Président de tous ses prédécesseurs est bien sa capacité à établir une sorte d’anastomose parfaite et parfaitement opérationnelle entre lui et une majorité d’électeurs.
    Reste à savoir si cette méthode sera durablement hypnotique au risque d’une désillusion fatale à l’instant du réveil qui, immanquablement, se produira un jour ou l’autre, lorsque tout sera finalement consommé. 
    Jean-Jacques Fifre

    http://by-jipp.blogspot.com/2019/08/chiffres-du-chomage-emmanuel-macron-ou.html

  • Inter-Urgence : la page facebook de soutien à tous les services d'urgence de France... (rappel)

    La grève ne faiblit pas après cinq semaines, bien au contraire, chaque jour, de nouveaux Service et de nouveaux hôpitaux la rejoignent...

    Pour signer la pétition de soutien à nos personnels de Santé, avec qui nous sommes en accord total :

    https://www.facebook.com/pg/InterUrg/posts/

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2019/08/08/inter-urgence-la-page-facebook-de-soutien-a-tous-les-service-6169045.html

  • Services public à la casse : lafautearousseau en plein accord avec ce que dit Christophe Prudhomme

    Il est à la CGT : et alors ? Au début du siècle dernier, les Camelots du Roi n'ont-ils pas pendu un buste de Marianne avec des anarcho-syndicalistes ? Quand quelqu'un a raison, quelle importance de savoir de quel parti ou syndicat il vient : si nous pensons qu'il a raison, nous le disons, et puis c'est tout !

    C'est le cas aujourd'hui, avec ce grand mouvement de colère dans la Santé - mais dans tous les Services publics aussi... - que les royalistes ne doivent ni ne peuvent ignorer, mais, bien au contraire, soutenir, en le disant haut et fort...

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/

  • Didier Maïsto : les Gilets jaunes face aux médias

  • Uberisme : quand le travail précède la chute…

    Les temps sont durs pour les cyclistes d’applications de livraison de repas.
    En l’occurrence, Deliveroo ne ménage pas ses efforts pour faire baisser les marges de ses galériens d’un soir, d’après un article du site de France Info, publié le 10 août. 
    Le mois dernier, le Collectif des livreurs autonomes parisiens (CLAP) avait lancé un appel à la grève du 8 au 15 juillet. 
    À ce moment-là, le projet de loi relatif à « la liberté de choisir son activité professionnelle » passait en seconde lecture au Sénat. 
    Édouard Bernasse, secrétaire général du CLAP, avait résumé la situation : « Si vous êtes livreur pour une plate-forme, vous n’avez pas droit à la stabilité. Vos conditions de travail ne cessent de changer selon la volonté de la plate-forme, tout comme votre rémunération, votre planning… Et en tant qu’auto-entrepreneur, vous n’avez pas de représentants du personnel pour dire “ça suffit”. Vous êtes soumis aux choix de la plate-forme qui vous emploie, sans aucun autre choix » (selon un article d’Anthony Cortes, paru sur le site de Marianne, le 10 juillet).
    C’est le statut d’auto-entrepreneur qu’il faut pointer du doigt, statut dont Nicolas Sarkozy avait été le principal promoteur durant sa présidence, entre 2007 et 2012. 
    Cependant, l’ex-patron de la droite libérale française avouait, en mars 2015, qu’il regrettait d’avoir mis en place un dispositif permettant d’instaurer une concurrence déloyale entre de nouveaux travailleurs et des artisans, comme entre les chauffeurs VTC et les taxis. 
    En résumé, l’auto-entreprenariat permet à Uber Eats et consorts de rémunérer à la course, tout en obligeant le chauffeur-livreur à payer lui-même les charges patronales. 
    Par exemple, le chauffeur Uber doit régler la TVA à la place d’un patron qui n’existe pas (cf. article des Inrockuptibles intitulé « Comment Uber échappe à l’impôt en France et se met 150 millions dans la poche », du 15 novembre 2017). 
    En définitive, ce que le rapport Attali préconisait, sous le nom pompeux de « Commission pour la libération de la croissance française » – non sans l’assistance appuyée d’un certain Emmanuel Macron –, entre juin 2007 et janvier 2008, a été appliqué à la perfection.
    D’où la conception d’un modèle économique qui ne permet plus de retour en arrière. 
    Un chercheur de l’EHESS, Antonio Casilli, va jusqu’à parler, en la matière, d’« Ub(é)risme », qui, selon lui, s’identifierait à « un thatchérisme 2.0 » (propos repris dans un article de Cyprien Boganda et Diego Chauvet, pour L’Humanité, le 3 juillet 2015). 
    Sur ce point précis, la droite libérale, en prônant la précarisation exponentielle du salariat, n’est-elle pas plus extrême que les deux « extrémismes » que seraient la droite nationale et la gauche sociale ? Tout ceci n’est pas sans rappeler le premier roman de Michel Houellebecq, Extension du domaine de la lutte (J’ai lu, 1999), expression employée pour décrier les excès et du libéralisme économique et du libéralisme sexuel ; les deux revenant à la même chose par la propension obsessionnelle au plaisir immédiat, sensation dénuée de tension intellectuelle, voire spirituelle. In fine, quand le travail précède la chute… 
    Henri Feng

  • Le mouvement des ‘’Gilets jaunes’’ est-il terminé?

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    Par François Bousquet

    Son Panthéon, c’est la fosse commune. Ses Champs-Élysées, un rond-point. Sa garden-party, un barbecue. Voici, résumée à gros traits, la France périphérique, entrée par effraction dans l’actualité à l’automne 2018. Avant qu’elle ne se revête de jaune, quasiment personne ne voulait en entendre parler. Trente ans déjà que cette France-là a été rejetée dans les ténèbres extérieures. Un trou noir. Des millions de vies en jachère, enterrées vivantes sous les décombres des politiques de la ville, entre deux friches industrielles, entre deux commerces fermés, entre deux fermes à l’abandon, entre deux vagues d’immigration. Un pays englué dans ce que Louis Chauvel, l’un des très rares chercheurs, avec Christophe Guilluy, à avoir vu venir le mouvement des «gilets jaunes», a appelé la «spirale du déclassement», le grand fait social des trente dernières années. Or, ce déclassement est passé quasi inaperçu du pays central puisque la scène du crime a été rejetée dans les marges hexagonales: le peuple disparu, occulté des écrans-radars médiatiques. Il a refait surface, à l’automne, en bloquant les péages et en occupant les ronds-points, point nodal de cette périphérie, symbole de sa circularité: on tourne en rond dans un périmètre de 30 à 50 km, où tout a fermé, les usines, les épiceries, les cafés.

    Pour une fois, ce n’était pas la rue qui manifestait, mais la route. Pour une fois, ce n’était pas la ville qui se soulevait, mais la campagne. Une sorte de démocratie participative 2.0 à ciel ouvert. Des réseaux sociaux aux réseaux routiers. Du jamais vu. Partout, un même slogan, peu ou prou: «Baissez les prix et le mépris!» Aucun mouvement dans l’histoire récente n’avait suscité un tel engouement. Il est parvenu à coaguler une colère jusque-là disséminée, à l’image de la France périphérique dont le centre est partout et la circonférence nulle part. Comment donner corps à ce mécontentement beaucoup plus homogène que l’inventaire à la Prévert à quoi on l’a trop souvent réduit, mais socialement atomisé et géographiquement dispersé ? Un symbole - le gilet jaune - y est parvenu.

    Au plus fort du mouvement, un vent de panique a soufflé sur l’Élysée. Impossible de ne pas songer à la prise des Tuileries ou à la fuite à Varennes, imprimées dans l’imaginaire collectif, au vu des images saisissantes du couple présidentiel poursuivi dans les rues du Puy-en-Velay, début décembre, après l’incendie de la préfecture. Alors pour beaucoup la jacquerie menaçait de se transformer en grand brasier collectif, la révolte en révolution. Mais le mouvement s’est progressivement délité en raison même de sa nature éruptive et fiévreuse, autant populaire que populiste.

    Il faut dire que la réponse de l’exécutif a été à la hauteur de la vague jaune. Quelque 80 000 forces de l’ordre mobilisées chaque week-end, filtrant les gares et les péages aux portes des grandes villes noyées dans d’épais nuages de lacrymogène, l’emploi de LBD controversés, une surabondance de gardes à vue, des expulsions chahutées de ronds-points, des cahutes démontées, et même des lésions de guerre au dire de certains médecins.

    Résultat: entre le dernier trimestre 2018 et le premier trimestre 2019, le mouvement a muté. D’une année à l’autre, ce n’étaient plus les mêmes lieux de manifestation, ni les mêmes manifestants, ni les mêmes options politiques. L’extrême gauche - qui regardait jusque-là les gilets jaunes comme l’expression d’un poujadisme honni et attardé - s’est invitée au cœur des défilés. Le cahier de doléances a été capté et détourné. À la demande de reconnaissance de la France périphérique s’est substituée une demande d’assistance qui n’était pas initialement à l’ordre du jour. Jusqu’au RIC, certes central, mais qui a viré à l’assemblée citoyenne avec les habituelles rêveries autogestionnaires du gauchisme. Les «gilets jaunes» demandaient un référendum sur les questions régaliennes, dont les enjeux liés à l’insécurité culturelle, pas sur la piscine municipale. Ils plébiscitaient même, à la différence des jacqueries d’Ancien Régime, le retour de l’État, mais un État qui aurait rempli le contrat hobbesien qui nous lie à lui. Or, il apparaît de plus en plus à beaucoup qu’il ne le remplit plus tant il a cessé d’être protecteur. Les sacrifices fiscaux et les contraintes légales qu’il exige n’ont plus la contrepartie attendue. C’est donc la nature même du pacte politique que les «gilets jaunes» ont remis en cause. D’où la crise, générale, massive, de la représentation, tant politique et syndicale que médiatique. Cette crise de la représentation est si forte qu’elle a eu ironiquement raison des «gilets jaunes»: qui les représente? Question restée en suspens jusqu’à ce jour.

    Le philosophe Alain de Benoist a pu dire au début du mouvement que les «gilets jaunes» étaient en mesure d’exercer leur pouvoir destituant, en attendant d’exercer leur pouvoir constituant. Ce pouvoir de révocation, focalisé autour de la personne du Président («Macron démission!»), a échoué en raison même de la structure volatile du mouvement: son horizontalité, son spontanéisme, son inaptitude organique à se structurer, ses micro-rivalités intestines. Le «narcissisme des petites différences», pour parler comme Freud, a triomphé de l’unanimisme initial: dès qu’une tête dépassait, elle était dans la foulée coupée.

    On touche ici les limites de la révolte populaire, observables sur la très longue durée. La vérité, c’est que le peuple ne s’organise pas tout seul, il est organisé. Il ne s’institue pas tout seul, il est institué. Il y a toujours une avant-garde, révolutionnaire ou pas ; une élite, conservatrice ou pas. Que nous disent la vague populiste ou le mouvement des «gilets jaunes»? Qui est le bon pasteur. Certes il veut choisir son maître, mais il cherche un maître, à l’instar des hystériques selon le psychanalyste Lacan, lequel ajoutait qu’elles ne cherchaient un maître que pour pouvoir le dominer. C’est de cela qu’il s’agit ici. Mais manifestement, les «gilets jaunes» ne l’ont pas trouvé dans les assemblées citoyennes.

    Quid aujourd’hui de la révolte? Il y a toujours des chasubles jaunes au-devant des voitures, mais c’est désormais plus un phénomène de persistance rétinienne. Il y a toujours des gens qui battent le pavé chaque samedi pour maintenir une flamme plus que vacillante, mais le cœur n’y est plus. Post politicum animal triste.

    Il n’empêche: il y a un avant et un après. Les raisons de la colère des «gilets jaunes» n’ont pas disparu dans le grand débat macronien. Elles sont objectives, structurelles, stratégiques. Elles augurent l’ouverture d’un nouveau cycle de révoltes, hors des corps intermédiaires, hors des médiations politiques traditionnelles défaillantes. Le harcèlement des élus et des permanences de la LREM, la grogne paysanne contre le Ceta, la réforme des retraites à venir, une économie structurellement en berne incapable de produire des richesses tangibles (la tertiarisation), les nouvelles vagues migratoires attendues, tout laisse à penser que les braises ne se sont pas éteintes, qu’elles ne demandent qu’à enflammer de nouveau la périphérie, pour peu que cette dernière apprenne de ses erreurs, renouvelle ses modes d’intervention et d’organisation, trouve enfin un débouché politique.

    François Bousquet est journaliste et écrivain. Il participe à la revue Éléments. Il a publié notamment La Droite buissonnière (éditions du Rocher, 2017), un essai sur l’influence de Patrick Buisson sur la droite française.

    Source : Le figaro 14/05/2019

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