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social - Page 317

  • Les gilets jaunes dindons de la farce : ce sont les policiers qui tirent leur épingle du jeu !

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    Après les cinq journées de manifestations intensives des gilets jaunes des mois de novembre et décembre 2018, les policiers ont obtenu une hausse de leur salaire en moyenne de 120 à 150 euros nets par mois. Deux associations de gendarmes, dont le journal l’Essor, relèvent que lorsque le ministère de l’Intérieur annonce la mobilisation exceptionnelle de 89.000 personnels pour l’acte IV des gilets jaunes le 8 décembre, il s’agit de 65.000 gendarmes et de 24.000 policiers. L’association Gendarmes et Citoyens précise pour sa part dans un communiqué publié lundi 10 décembre sur son site que “Quand la gendarmerie mobilise 65 % de ses effectifs, la police engage moins de 20 % des siens”.

    On peut lire également dans l’Essor que cette forte mobilisation de l’Arme a été rendue possible par le statut militaire des gendarmes qui leur impose des sujétions exceptionnelles. Le rôle majeur de la Gendarmerie dans cette situation qualifiée insurrectionnelle ne va passer inaperçue. Il y a deux ans, en pleine guerre des polices, l’intersyndicale Unsa-Police/SCPN raillait un “acteur mineur du champ de la sécurité : la Gendarmerie nationale” ! Elle interroge également les choix stratégiques du quinquennat : sur les 10.000 recrutements prévus dans les forces de sécurité, 7500 ont été attribués à la Police et 2500 aux gendarmes.

    Pour revenir à l’Acte IV des Gilets jaunes, Gendarmes et Citoyens estime que, “a minima, on pouvait s’attendre à ce que la Police suspende également les indisponibilités de ses personnels dans une situation aussi grave. Ce ne fut pas le cas”. Pire, constate l’association, “en province, des policiers, sur ordre, ont fermé les grilles de leur commissariat, abandonnant le soin de gérer les manifestations aux gendarmes, dépêchés en urgence pour assurer le maintien de l’ordre sur un territoire dont ils sont exclus habituellement”. Côté Police, explique Gendarmes et Citoyens, “les repos de la sûreté urbaine n’ont en aucun cas été suspendus, mais reportés sur la base du volontariat”. “Trois quarts environ des fonctionnaires de police ont donc fait ce choix de ne pas se porter volontaires », regrette l’association qui ajoute que “les maires des communes qui ont connu des débordements gravissimes seront ravis de l’apprendre”.

    Je partage l’ensemble des constatations évoquées ci-dessus, que j’ai vécues à plusieurs reprises durant ma carrière. En particulier, s’il est normal que les gendarmes à statut militaire, soient entièrement disponibles pour sauver la République, il n’est pas normal qu’ils doivent remplacer les policiers lorsqu’ils font défaut dans leur zone de compétence. Constatons simplement que ce sont les policiers qui viennent d’obtenir une substantielle augmentation de salaire. Je n’imagine pas qu’il n’en soit pas de même pour les gendarmes, sinon c’est l’explosion assurée comme en 2000 après les annonces indiciaires et statutaires de Jospin en faveur des policiers. Cela mérite même une question écrite ou orale au gouvernement.

    Les gilets jaunes sont les dindons de la farce avec 100 euros d’augmentation pour la moitié seulement des salaires au niveau du SMIC, alors que ce sont les policiers qui tirent leur épingle du jeu avec une augmentation de salaire de 120 à 150 euros, le comble de l’injustice ! Je me risque à prédire que la grogne va reprendre de plus belle.

    Quant à la reconnaissance de la disponibilité des militaires et leur niveau de salaire ? le néant… !

    Philippe Franceschi

    http://www.bvoltaire.fr/les-gilets-jaunes-dindons-de-la-farce-ce-sont-les-policiers-qui-tirent-les-marrons-du-feu/

  • La fraude à la sécurité sociale d’origine algérienne, marocaine, congolaise, et malienne coûterait 20 milliards par an

    La fraude à la sécurité sociale d’origine algérienne, marocaine, congolaise, et malienne coûterait 20 milliards par an

    Stop ou encore ?

    Vidéo intégrée
    Pierre Sautarel@FrDesouche

    1,8 millions de faux numéros de sécurité sociale : 80% des faux documents sont d’origine algérienne, marocaine, congolaise, et malienne. Estimation : 20 milliards d'euros de fraude par an

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    https://www.lesalonbeige.fr/la-fraude-a-la-securite-sociale-dorigine-algerienne-marocaine-congolaise-et-malienne-couterait-20-milliards-par-an/

  • Crise des « gilets jaunes » : faillite d’une idéologie et confirmation des contradictions

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    La crise des « gilets jaunes », qui couvait depuis longtemps, est partie pour durer ou pour se répéter. C’est qu’elle est d’origine structurelle, bien plus qu’elle n’est due à des décisions politiques de circonstance, même si ces dernières ont « allumé le feu ». Elle va durer parce que sa résolution suppose une prise de conscience générale de la réalité française.

    La crise est, d’abord, une crise du déclin français qui s’inscrit dans le déclin de l’Occident. Ce sont les mêmes motivations qui ont conduit les Américains des régions sinistrées des États-Unis à voter pour Trump que celles qui mettent tant de gilets jaunes dans la rue en France. Partout, il s’agit, en majorité, de victimes de la mondialisation du marché du travail. La pratique du libre-échange avec les pays à bas salaires depuis la mise en place du multilatéralisme commercial (OMC), en 1995, a réduit de plus d’un tiers les emplois industriels dans les pays occidentaux. Dont nombre d’emplois peu ou pas qualifiés, mais de ceux que toutes les populations nécessitent ; car elles ne sauraient se composer que d’élites scientifiques. Pour sortir de cette impasse, la seule solution serait d’en finir avec le dumping social mondial afin de faire revenir des industries. Ce qui ne peut se concevoir qu’à l’échelon européen. Mais d’autres États (telle l’Italie, qui voit émigrer chaque année, faute d’emplois, plus de 250.000 de ses jeunes) pourraient être favorables à l’instauration d’une protection sociale européenne.

    La France, pour sa part, paie très cher d’avoir cédé au mythe de la société postindustrielle. La conséquence est que son solde du commerce extérieur accuse un déficit abyssal. Or, l’on ne parvient pas à être concurrentiel, en dépit d’une productivité par tête parmi les plus élevées au monde. C’est qu’il existe des failles profondes au cœur du système économique et social français. La plus sérieuse est la faiblesse de la part de sa population active qui crée de la valeur ajoutée (environ 10 millions de personnes sur 22 millions d’actifs au sein de 66 millions d’habitants). Parallèlement, le chômage résiste aussi à cause de certaines chances sociales trop facilement offertes. S’ajoutent le vieillissement de la population et l’alourdissement des dépenses sociales. Il y a l’accueil incessant de centaines de milliers d’immigrés sans la moindre qualification, mais à des conditions de séjour sans pareilles en Europe par leur générosité. Quant à l’agriculture française, elle subit à son tour, à l’exception des céréaliers et de la viticulture de haut de gamme, les effets délétères du libre-échange tous azimuts. Les subventions et les aides distribuées en compensation font augmenter les charges de ceux qui payent les impôts ; celui sur les revenus est parvenu à la limite du supportable.

    Le dualisme horizontal de la société, souligné toutes ces dernières années, n’a été que trop timidement mis en cause. Or, la présidence actuelle a donné l’impression de revenir sur le peu de réformes qui allaient dans le sens d’une valorisation des territoires. Des événements comme ceux que connaît la France sont inconcevables dans les autres grands États européens où existent des instances délibératives locales ou régionales. Du point de vue de l’organisation des territoires et de leurs initiatives potentielles, tout reste à repenser et, donc, à faire.

    Enfin, par tradition, la culture politique française est assez dogmatique et parfois violente. Les prénotions et les attitudes idéologiques ont toujours pris le pas sur les analyses et les argumentations. Il est temps d’introduire du pragmatisme dans la démocratie française, car les blocages psychopolitiques et les failles du système sont tels que l’on peut redouter le chaos.

    Gérard Dussouy

    http://www.bvoltaire.fr/crise-des-gilets-jaunes-faillite-dune-ideologie-et-confirmation-des-contradictions/

  • François-Bernard Huyghe – Le sentiment des Gilets jaunes à l’égard des médias mainstream est sans ambiguïté : « tous menteurs »

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    La chaîne France 3 est au coeur d’une polémique pour avoir diffusé lors du JT de samedi dernier, une image retouchée où le slogan d’une pancarte était artificiellement tronqué. Dans une tribune publiée sur FigaroVox, François-Bernard Huyghe appelle à la responsabilité des médias.

    Extraits.

    Une polémique est née après que la chaîne France 3 a été accusée d’avoir retouché une photographie. Sur une pancarte indiquant «Macron démission», n’apparaît plus que «Macron». Peut-on parler de «fake news»?

    François-Bernard HUYGUE.- Truquer une image, comme Staline faisant autrefois retirer Trotsky de toutes les photos (argentiques, s’il vous plaît) où il figurait avec Lénine, n’est pas innocent. Selon ma définition, la fake news (infox en néo-français) suppose a minima une opération matérielle pour altérer une trace du passé (truquer une photo, attribuer à X une déclaration qu’il n’a pas faite, inventer de faux témoignages) et pour faire croire à une autre version du réel. Ici il y a bien eu retouche numérique sur l’image «Macron dégage» (ce qui rappelle le printemps arabe), qui devient «Macron» tout court, interpellation visiblement absurde. Est-ce volontaire de la part de FR3, plusieurs semaines après que des millions de gens ont pu voir des banderoles anti-Macron dans la rue ou à l’écran? Est-ce une simple erreur «technique» comme plaide la chaîne? Disons que cela tombe mal face aux «gilets jaunes» qui sont persuadés que «les» journalistes sont à la fois des membres des classes privilégiées, les larbins de la macronie et des truqueurs impénitents de la réalité. L’effet est surtout symbolique.

    Le service public médiatique ne devrait-il pas se montrer exemplaire en matière d’information?

    Payés par nos impôts, censés contribuer au débat démocratique en permettant à chaque citoyen de connaître à la fois la réalité et toutes les opinions, les médias de service public devraient en effet sentir une grosse responsabilité peser sur eux.

    Au début du mouvement des «gilets jaunes» les médias se montraient plutôt bienveillants. Leur attitude semble aujourd’hui avoir complètement changé. Pourquoi?

    Je ne dirais pas que «les» médias sont pour puis contre tel ou tel.

    Disons qu’il y a eu des facteurs contradictoires:

    – La spectacularité et l’inventivité (notamment visuelle) des «gilets jaunes» ; pour de l’inédit, c’était de l’inédit.

    – Le fait que certaines chaînes ne voulaient pas se couper de cette clientèle populaire a priori consommatrice de télé.

    – Les journalistes et éditorialistes ont tendance à faire partie des classes urbaines éduquées qui sont comme les ennemis sociologiques des «gilets jaunes» périurbains peu éduqués. Du reste nombre de gens de médias ont un peu de mal à comprendre les problèmes et souffrances de ceux «d’en bas», tout simplement parce qu’ils ne les rencontrent pas.

    – Faire monter la paranoïa autour de thèmes grotesques fournis par le gouvernement («la peste brune remonte les Champs et des milliers de gens vont venir casser et tuer») est payant en termes de dramatisation et suspens.

    – Le mouvement des «gilets jaunes» prospère sur les réseaux sociaux et la traduction de leur contenu (y compris avec les pires délires complotistes) passe mal auprès des médias «classiques».

    En tout cas le sentiment des «gilets jaunes» à l’égard des médias mainstream, est, lui sans ambiguïté: «tous menteurs».

    Lire l’intégralité de cet entretien sur : www.lefigaro.fr

    https://fr.novopress.info/

  • Ce Système dont nous ne voulons plus...

    079214be0c3bdfd4d437dff11f94255c.jpgEn juin 1980, le journal Royaliste titrait, sur fond de Marianne vacillante : « Qui croit encore au système ? » : nous étions en pleine Giscardie, et les contestations restaient vives, dans le même temps que les Gauches s'apprêtaient à accéder au pouvoir, pour la première fois sous la Cinquième République, et soufflaient constamment sur les braises, s'enivrant de grands mots et de slogans qui se voulaient encore « révolutionnaires ». Les royalistes n'étaient pas les derniers à contester la présidence de « Foutriquet », selon le mot du philosophe Pierre Boutang, et à prôner un changement de tête, en attendant et en préparant un changement dans les institutions, certains en approfondissant celles de la Cinquième, « de la monarchie élective à la monarchie héréditaire et arbitrale » et d'autres, plus rudement, en renversant l'ordre centraliste, « de la République jacobine à la Royauté fédérale des peuples de France ». Mais tous pouvaient se reconnaître dans le titre de Royaliste, et, près de quarante ans après (ces fameux « quarante ans » que les Gilets jaunes évoquent comme un véritable mantra), après ces quatre décennies sans doute perdues pour la France (sauf peut-être sur la question de la décentralisation, avec les lois de 1982 et de 2004), ce titre paraît tout à fait adapté à la situation ! 

    Bien sûr, il paraît nécessaire de définir ce que l'on peut nommer « système » pour éviter tout malentendu et toute illusion, et ne pas se tromper ni de cible ni d'enjeu. Le « système », c'est d'abord un état d'esprit libéral (au sens le plus extrême du terme) mis en pratique par le jeu d'institutions de moins en moins politiques et de plus asservies par les féodalités financières et économiques, de la République à l'Union européenne, et c'est surtout l'imposition d'une « gouvernance mondialisée » symbolisée et représentée par le pouvoir de grandes villes-monde ou d'immenses zones métropolisées qui n'ont plus guère de rapports avec les pays et les populations historiques sur lesquelles elles vivent, souvent à leur dépens, comme du temps de la romanisation antique. Le système, c'est ce carcan de la démocratie dite représentative de plus en plus lointaine pour ceux qu'elle prétend représenter sans leur laisser le droit à la libre parole, et qui est aux mains de partis et de notables de moins en moins représentatifs des réalités sociales de notre pays ; c'est ce que l'on pourrait nommer « le pays légal », celui des élus, des parlementaires (qualifiés souvent de « parlementeurs », comme en février 1934 ou dans les années 1950, avant le retour du général de Gaulle) et des ministres, mais aussi des syndicats, des médias ou des artistes de la société du spectacle, vitrine de la société de consommation.

    Au regard des derniers événements, l'on peut aisément constater que ce système, qui porte aujourd'hui le nom « synthétique » de « République » et qui a peu à voir avec le sens premier de ce mot, la « Res publica » (la chose publique, ou la communauté publique, de la Cité), se défend bien à défaut de bien gouverner : la célèbre formule d'Anatole France, l'auteur du conte si peu républicain « L'île des pingouins », reste actuelle, et les méthodes du Sinistre de l'Intérieur, M. Castaner, démontrent à l'envi ces procédés de « basse police » qui vont si bien à ce système qui, à défaut d'être bien aimé, entend forcer les citoyens à l'accepter sans contester. Les diverses limitations de la liberté d'expression, les censures insidieuses ou les manipulations nombreuses, sans oublier les nouveaux moyens de la répression courante, des charges en moto (que j'avais, un des premiers, évoqué dans mon témoignage sur les événements parisiens du samedi 1er décembre) aux blocages de bus de manifestants bien en amont de Paris, de l'usage (inédit en ville depuis 2005) des blindés frappés de l'écusson de l'Union européenne (tout un symbole !) aux jets inconsidérés de gaz lacrymogène sur des manifestants un peu trop joyeux (comme place de l'Opéra samedi 15 décembre), sans oublier les projets ministériels et gouvernementaux de limitation légale du droit de manifester, tout cela marque une radicalisation d'un Système aux abois, furieux de s'être laissé bousculer par des « manants en gilets jaunes », sortis des profondeurs d'un « pays réel » négligé, voire oublié des « élites » (sic) tout d'un coup empêchées de « mondialiser en rond », selon l'heureuse expression d'un commentateur radiophonique... 

    En d'autres temps, Jean de La Varende, écrivain enraciné de Normandie, avait réhabilité le sens du mot « manant », en rappelant sa véritable et historique signification : « des manants, le beau mot qui réunissait gentilshommes et terriens... de maneo : je reste, je persévère et j'attends. Les autres pouvaient fuir ; pouvaient courir où l'on se divertit : à eux, les manants, de continuer, d'assurer. »

    Alors, oui, en nous souvenant d'où nous venons et qui nous sommes, il nous est possible et fort légitime de revendiquer, face à un système féodal-libéral inquiet de ne plus être « la seule alternative » chère à Margaret Thatcher, d'être « les manants du roi », non pour détruire ce qui s'effondre, mais pour fonder un nouveau pacte social et politiquement royal, à l'écoute et au service de tous, cette alliance de l'Autorité nécessaire au sommet et des libertés garanties à la base, cette nouvelle arche française prête à affronter les tempêtes de ce « monde global » et de son « globalitarisme » néfaste pour les hommes comme pour la planète toute entière : pour ramener les Fouquet contemporains à la raison, il nous faut un « Louis XIV institutionnel », non un tyran mais un roi « protecteur des hommes et défenseur de la paix ».

    La Monarchie n'a pas de sceptre magique, mais elle est la meilleure arme contre les spectres d'une mondialisation devenue folle d'avoir toujours eu tort...

    http://nouvelle-chouannerie.com/

  • Crise des « gilets jaunes » : faillite d’une idéologie et confirmation des contradictions

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    La crise des « gilets jaunes », qui couvait depuis longtemps, est partie pour durer ou pour se répéter. C’est qu’elle est d’origine structurelle, bien plus qu’elle n’est due à des décisions politiques de circonstance, même si ces dernières ont « allumé le feu ». Elle va durer parce que sa résolution suppose une prise de conscience générale de la réalité française.

    La crise est, d’abord, une crise du déclin français qui s’inscrit dans le déclin de l’Occident. Ce sont les mêmes motivations qui ont conduit les Américains des régions sinistrées des États-Unis à voter pour Trump que celles qui mettent tant de gilets jaunes dans la rue en France. Partout, il s’agit, en majorité, de victimes de la mondialisation du marché du travail. La pratique du libre-échange avec les pays à bas salaires depuis la mise en place du multilatéralisme commercial (OMC), en 1995, a réduit de plus d’un tiers les emplois industriels dans les pays occidentaux. Dont nombre d’emplois peu ou pas qualifiés, mais de ceux que toutes les populations nécessitent ; car elles ne sauraient se composer que d’élites scientifiques. Pour sortir de cette impasse, la seule solution serait d’en finir avec le dumping social mondial afin de faire revenir des industries. Ce qui ne peut se concevoir qu’à l’échelon européen. Mais d’autres États (telle l’Italie, qui voit émigrer chaque année, faute d’emplois, plus de 250.000 de ses jeunes) pourraient être favorables à l’instauration d’une protection sociale européenne.

    La France, pour sa part, paie très cher d’avoir cédé au mythe de la société postindustrielle. La conséquence est que son solde du commerce extérieur accuse un déficit abyssal. Or, l’on ne parvient pas à être concurrentiel, en dépit d’une productivité par tête parmi les plus élevées au monde. C’est qu’il existe des failles profondes au cœur du système économique et social français. La plus sérieuse est la faiblesse de la part de sa population active qui crée de la valeur ajoutée (environ 10 millions de personnes sur 22 millions d’actifs au sein de 66 millions d’habitants). Parallèlement, le chômage résiste aussi à cause de certaines chances sociales trop facilement offertes. S’ajoutent le vieillissement de la population et l’alourdissement des dépenses sociales. Il y a l’accueil incessant de centaines de milliers d’immigrés sans la moindre qualification, mais à des conditions de séjour sans pareilles en Europe par leur générosité. Quant à l’agriculture française, elle subit à son tour, à l’exception des céréaliers et de la viticulture de haut de gamme, les effets délétères du libre-échange tous azimuts. Les subventions et les aides distribuées en compensation font augmenter les charges de ceux qui payent les impôts ; celui sur les revenus est parvenu à la limite du supportable.

    Le dualisme horizontal de la société, souligné toutes ces dernières années, n’a été que trop timidement mis en cause. Or, la présidence actuelle a donné l’impression de revenir sur le peu de réformes qui allaient dans le sens d’une valorisation des territoires. Des événements comme ceux que connaît la France sont inconcevables dans les autres grands États européens où existent des instances délibératives locales ou régionales. Du point de vue de l’organisation des territoires et de leurs initiatives potentielles, tout reste à repenser et, donc, à faire.

    Enfin, par tradition, la culture politique française est assez dogmatique et parfois violente. Les prénotions et les attitudes idéologiques ont toujours pris le pas sur les analyses et les argumentations. Il est temps d’introduire du pragmatisme dans la démocratie française, car les blocages psychopolitiques et les failles du système sont tels que l’on peut redouter le chaos.

    Gérard Dussouy

    http://www.bvoltaire.fr/crise-des-gilets-jaunes-faillite-dune-ideologie-et-confirmation-des-contradictions/

  • Fausse fracture : quand gilets jaunes et forces de l’ordre s’embrassent

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    On connaissait les fausses factures. Il y a aussi les fausses fractures. Celles qui ne sont qu’apparentes.

    Les réseaux sociaux ont ubérisé les chaînes d’information continue. Dit autrement, mon épicière peut s’improviser reporter. Chaque acte des gilets jaunes, par exemple, est couvert par une fourmilière de journalistes du dimanche – enfin, du samedi – dispersés dans la foule, saisissant ces instants fugitifs insolites qui, il y a encore dix ans, seraient passés inaperçus, restés hors des écrans radar de la presse.

    C’est ainsi qu’une petite vidéo très courte, prise par un Anglais se définissant comme « sometimes a journalist », a été vue près de 830.000 fois. La scène se passe sur les Champs-Élysées. L’ambiance est tendue, des policiers casqués, armés de Flash-Ball®, avancent dans les fumées des grenades lacrymogènes, des manifestants les croisent qui courent pour leur échapper. Soudain, un policier s’arrête, marquant un mouvement de surprise. Il a reconnu une jeune femme parmi les gilets jaunes. Elle aussi a stoppé net. Il lui tend les bras et elle accourt. Ils s’embrassent. Pas un baiser follement romantique ou une accolade théâtrale pour la caméra. Non, ils se font la bise, comme on dit dans le Sud, tels deux vieux copains qui se retrouvent par hasard.

    Cette bise banale, ce moment suspendu comme un jeu du chat et de la souris où l’on aurait crié pouce, au-delà de l’anecdotique, est infiniment symbolique, comme une photo de Robert Kappa. Elle illustre à elle seule une réalité sociologique : si gilets jaunes et flics se caillassent parfois, s’insultent peut-être, se reprochent mutuellement à grand bruit leur comportement respectif en le qualifiant d’indigne – et il peut l’être, en effet, d’un côté et de l’autre car il se prennent au jeu, l’énervement montant, de cette guerre forcée -, ils font chacun à leur façon ce qu’ils estiment être leur devoir. Ils souffrent des mêmes maux et sont du même monde. Celui de la petite France méritante dont on méprise les valeurs désuètes.

    Et cette France-là, malgré tous les noms d’oiseaux, se reconnaît. Comme le montre encore, s’il le fallait, une autre photo, prise elle aussi samedi sur les Champs-Élysées. On y voit un grand calicot, tendu par deux gilets jaunes souriants devant une rangée de gendarmes casqués, avec ces quelques mots : « Même si vous nous foutez sur la gueule… merci pour Strasbourg ! »

    Il est amusant – ou tragique – de voir à quel point le gouvernement, comme le faisait remarquer récemment Pascal Célerier dans ces colonnes, n’a de cesse de passer de la pommade aux forces de l’ordre. Pas un jour sans que ces ci-devant anars, jadis militants de l’UNEF (comme Christophe Castaner à Aix-la-Provence) ayant peut-être crié « CRS-SS » comme leurs petits camarades, ne rendent un hommage vibrant, la voix mouillée, à ces gaillards dont ils ne peuvent plus se passer, qui sont devenus leur béquille et leur garde prétorienne, qu’ils passent fièrement en revue, au petit matin, le torse bombé, tel Bonaparte avant le pont d’Arcole.

    C’est, du reste, une constante de la gauche que de finir par déclencher une répression implacable pour venir à bout du grand n’importe quoi que son impéritie a suscité. Car, évidemment, quand on laisse s’installer le désordre, il enfle et se propage, devenant si puissant qu’il n’y a pas d’autre choix, en dernière extrémité, que de sortir la grosse artillerie. C’est sous le règne d’Emmanuel Macron que l’on aura vu des lycéens matés, façon Guantánamo, à genoux et mains sur la tête. Sans doute l’avaient-ils bien mérité. Le fait est qu’il aurait fallu, en les éduquant fermement, ne pas en arriver là.

    Mais nos gouvernants tendent à oublier un détail : ce respect, cette fidélité indéfectibles des forces de l’ordre ne sont pas dus à leur personne mais à leur fonction.

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    Gabrielle Cluzel

  • Les policiers appellent à la grève

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    Après les Gilets jaunes, les Gyros bleus. Ils n’en peuvent plus, ils sont usés, fatigués d’être sur tous les fronts – Gilets jaunes, lycéens, racailles, casseurs… – et d’être sollicités depuis plusieurs semaines. Ils en ont ras le bol des milliers d’heures supplémentaires impayées, du manque de moyens, de l’usure du matériel, des locaux vétustes. Ils veulent autre chose que des poignées de main en remerciement de leurs bons et loyaux services. « Ils », ce sont les policiers.

    Devant l’indifférence de l’exécutif et de leur hiérarchie, et alors que le vote à l’Assemblée nationale du budget 2019 prévoit une baisse de 62 millions d’euros d’investissement dans la police nationale, le syndicat Alliance Police nationale a appelé, lundi, à une journée de mobilisation mercredi 19 décembre. Une journée morte dans les commissariats, pour protester contre leur précarisation et l’usure des forces vives, mais aussi et surtout contre ce budget 2019 revu à la baisse, qui « engendrera une fois de plus une dégradation de nos conditions de travail » et qui doit être définitivement ratifié cette semaine.

    « Ne sortir que sur appel »

    « En attendant un retour immédiat sur “investissement” », le syndicat de police appelle donc à des mouvements de blocage dans tous les commissariats de France et à une journée « sans » : « Les policiers sont conviés à rester dans les services et à ne répondre qu’aux appels d’urgence. »

    Par ailleurs, dans un communiqué, le syndicat Alliance demande aux députés de « ne pas voter ce budget en l’état » et réclame qu’un « budget type “plan Marshall” soit présenté par le gouvernement ». Et de préciser que « ce budget doit prendre en considération un plan de modernisation tant sur le plan immobilier que sur le plan équipement. Ce budget doit aussi prendre en compte l’engagement sans faille des forces de sécurité, non seulement ces dernières semaines mais depuis plusieurs années ».

    Mardi soir, les partenaires sociaux sont reçus par le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner. Objectif du ministre : désamorcer la colère – justifiée – des policiers mobilisés non-stop à la suite du mouvement des Gilets jaunes, le tout sur fond de menace terroriste. Des policiers qui ne se contenteront pas d’une poignée de main et de belles paroles. Ils attendent du concret et « ne se laisseront pas endormir et ne succomberont aux chants des sirènes » jusqu’à l’obtention de leur dû.

    De son côté, si le gouvernement ne répond pas d’ici là à leurs revendications, le syndicat national de police Unité SGP Police-FO appelle lui aussi les policiers à des manifestations sur leur temps de repos à partir de janvier 2019.

    Après les Gilets jaunes, les Gyros bleus ? Ce mercredi sera-t-il l’Acte I de la colère des forces de l’ordre, et sera-t-il suivi d’autres actions s’ils ne sont pas entendus, comme l’a précisé le syndicat Alliance ? La balle – de « flashball » ? – est dans le camp du gouvernement.

    Pierre Malpouge

    Article paru dans Présent daté du 18 déembre 2018

    https://fr.novopress.info/

  • Grande concertation nationale : l’immigration évacuée du débat – Journal du mercredi 19 décembre 2018

    Société / Grande concertation nationale : l’immigration évacuée du débat

    C’était censé être l’une des trouvailles pour apaiser les gilets jaunes, l’ouverture d’un grand débat national sur les principaux sujets qui secoue le pays s’annonce déjà comme une mascarade. Alors que le président de la République veut tirer les lauriers de la prétendue concertation en marche, ce sont les maires qui seront mis à contribution… Pendant ce temps là, l’immigration, qui devrait être une thématique à part entière, a déjà été reléguée au bout d’un paragraphe.

    Politique / La cacophonie gouvernementale

    Après une reculade remarquée du Premier Ministre sur les dispositions annoncées en novembre, les mesures décidées par l’exécutif pour répondre au mouvement des gilets jaunes ont été précisées… De quoi faire encore grimper la facture…

    Sécurité / Castaner s’embourbe face à la Police

    Fiscalité / Taxes sur les GAFA : le casse-tête lucratif ?

    Face à l’impuissance européenne, le gouvernement français communique sur sa volonté de taxer les géants du numérique… Une mesure populaire qui pourrait toutefois être bien compliquée à mettre en place dans un temps record.

    L’actualité en bref

    https://www.tvlibertes.com/grande-concertation-nationale-limmigration-evacuee-du-debat-journal-du-mercredi-19-decembre-2018?is_wppwa=true

  • Et le pays le plus taxé du monde est… la France ! première partie

    Chronique de Paysan Savoyard (n°213 – décembre 2018)

    Déclenché par l’augmentation annoncée des taxes sur les carburants, le mouvement des gilets jaunes est notamment l’expression du ras-le-bol fiscal éprouvé par les Français moyens. Cet épisode fournit l’occasion de mettre en exergue cette information capitale : la France est désormais le pays le plus taxé du monde. La première place était jusqu’ici occupée tantôt par le Danemark, tantôt par la Suède : elle l’est désormais, depuis 2017, par la France.

    • La France championne du monde des impôts, taxes et cotisations

    Les prélèvements obligatoires sont les prélèvements opérés par l’Etat et les autres entités publiques : cotisations sociales, taxes et impôts. Ils représentent pour la France en 2017, 45,3 % du revenu national annuel (ou PIB) selon l’INSEE, 46,2 % selon l’OCDE, 47 % selon Eurostatl’organisme statistique de l’UE. L’INSEE précise que son chiffre, le plus faible des trois, ne tient pas compte des « cotisations sociales imputées à la charge de l’employeur » ni des crédits d’impôt, ce qui explique sans doute la différence enregistrée avec les deux autres. Les chiffres de ces trois organismes diffèrent donc quelque peu mais ils établissent bien tous le même classement : dans les trois cas la France en occupe la première position. On retiendra dans la suite du présent article les chiffres de l’OCDE, qui ont le mérite de s’accompagner de comparaisons internationales complètes et actualisées.

    Les prélèvements obligatoires servent à financer les institutions publiques, Etat, collectivités locales, sécurité sociale, dont ils constituent la très grande partie des recettes. Ces institutions utilisent ces ressources pour financer leurs actions : prestations de services publics ; réalisation de travaux ; distribution aux ménages de sommes en argent telles que les allocations familiales, les pensions de retraite, les minima sociaux, les allocations diverses…

    Les institutions publiques jouent également un rôle de redistribution, dans le but de réduire les inégalités : une partie des ménages paient davantage qu’ils ne reçoivent, tandis que les autres sont dans la situation inverse. L’impôt sur le revenu joue un rôle important dans le dispositif de redistribution. Il est en effet progressif : plus le revenu augmente, plus le taux de l’impôt augmente également.

    Le taux de prélèvements obligatoires dans le revenu national est le reflet du type d’organisation sociale choisi par chaque pays. Dans les pays de la zone OCDE, il existe trois groupes : les pays libéraux, les pays sociaux et ceux qui se trouvent dans une situation intermédiaire.

    Dans les pays libéraux, l’Etat et la sécurité sociale sont peu développés, il y a peu de services publics et peu de redistribution : les prélèvements publics sur les ménages et les entreprises sont donc faibles, les ménages conservant la plus grande partie de leur revenu. Mais il leur revient de s’assurer auprès de  compagnies privées pour la santé et la retraite. Il leur appartient également de payer les services puisqu’il y a peu de services publics : ils doivent notamment s’endetter pour financer leurs études. Ces pays libéraux sont donc des pays où il y a, du point de vue économique, beaucoup de liberté : par exemple on peut choisir la compagnie d’assurance de son choix et on n’est pas tenu de s’adresser à la sécurité sociale. Ce sont des pays où, en contrepartie, il y a davantage de risques et peu de mécanismes de solidarité, de fortes inégalités et peu de mécanismes redistributifs. Ces systèmes en résumé sont favorables aux plus riches et aux plus chanceux. Dans ce groupe des pays libéraux, le taux de prélèvements obligatoires se situe à un niveau inférieur ou égal à 30 %. Les deux principaux pays qui représentent ce groupe sont les Etats-Unis, où le taux de prélèvements obligatoires se situe depuis trente ans aux alentours de 27 % (27.1 en 2017) et le Japon, où il est sur la même période aux alentours de 28 % (30.6 % en 2017).

    Il existe un deuxième groupe, intermédiaire, situé entre les pays libéraux et les pays sociaux, où le taux de prélèvements se situe entre 30 et 40 %. Les deux représentants principaux de ce groupe sont le Royaume-Uni, où le taux de prélèvements obligatoires est depuis trente ans aux alentours de 33 % (33.3 % en 2017) et l’Allemagne où il se situe sur la même période aux alentours de 36 % (37.5 en 2017).

    Le troisième groupe est composé des pays dans lesquels l’économie est fortement socialisée : le taux de prélèvements obligatoires dépasse les 40 %.  Les prélèvements obligatoires, les services publics et les prestations et la redistribution sont à un niveau élevé. Il y a moins de liberté, mais aussi moins de risques et davantage de solidarité : entre riches et pauvres, entre malades et bien portants et entre générations. La France, l’Italie, la Belgique et les Pays-Bas se situent dans ce groupe. Les pays où le taux de prélèvements obligatoires est le plus élevé sont traditionnellement les pays d’Europe du nord, où il se situe aux alentours de 45 %. Le Danemark et la Suède étaient jusqu’ici les pays en tête du classement.

    S’agissant de la France, elle a ces dernières années fortement augmenté ses prélèvements, au point de rejoindre puis de dépasser les pays d’Europe du nord. Le taux de prélèvements obligatoires, en augmentation quasi continue, a évolué de la façon suivante. Il était de 30 % du PIB seulement en 1960. A partir de 1974 un premier cycle d’augmentation se produit, sous l’effet de la crise économique qui se produit alors. En 1981, le taux atteint puis dépasse les 40 %, du fait des politiques conduites par la gauche au pouvoir. Il atteint 44,2 % en 1999. Il va ensuite baisser sensiblement pendant dix ans, jusqu’en 2009 où il atteint un point bas de 41,5 %. L’augmentation reprend ensuite, sous l’effet de la crise financière, puis s’accélère à partir de 2012. Le taux atteint pour la première fois 45 % en 2013 et se maintient à ce niveau très élevé sous le mandat de M. Hollande. Le record est atteint en 2017 avec 46.2 %. On voit que l’augmentation des prélèvements obligatoires résulte en particulier de deux facteurs. Le premier est la mise en œuvre de politiques de gauche, qui conduisent à accentuer la socialisation de l’économie, en augmentant les prestations, les services publics, les effectifs de la fonction publique et en accentuant la redistribution. Les crises économiques sont le second facteur : elles conduisent l’Etat et les autres institutions publiques à augmenter leurs dépenses sociales afin en particulier de contenir les effets sociaux du chômage : allocations chômage, embauche d’agents publics, emplois aidés… De sorte que la France est aujourd’hui le pays le plus socialisé et le plus taxé du monde.

    • La répartition des prélèvements est particulièrement déséquilibrée et inéquitable

    On peut se féliciter de ce haut niveau de prélèvement, qui correspond à un haut niveau de socialisation. Pour ce qui nous concerne, le modèle socialisé nous paraît bien préférable au modèle libéral. Le système français, cependant, est gravement insatisfaisant, pour deux raisons. La première est que le taux élevé de socialisation s’accompagne d’une répartition particulièrement inéquitable.

    Le taux de prélèvements obligatoires permet, comme on l’a vu, de caractériser chaque pays du point de vue du type de société choisi, soit libéral, soit fortement socialisé, soit dans une situation intermédiaire. Ce taux ne renseigne pas en revanche sur la façon dont les prélèvements sont répartis entre les différentes couches de la population. Dans le cas de la France, on peut distinguer trois groupes dans la façon dont les prélèvements sont répartis.

    Les ménages dits « les moins favorisés », chômeurs ou bénéficiaires de minima sociaux, sont nettement moins taxés que la moyenne. Les revenus « de transfert » dont ils bénéficient ne supportent pas de cotisations sociales ni de CSG. Ils ne supportent pas non plus d’impôt sur le revenu. Ils supportent certes la TVA sur la consommation. Cependant une partie de la consommation de ces ménages est gratuite ou quasi gratuite et ne supporte donc pas de TVA : cantine, centre de loisirs et vacances gratuites pour les enfants par exemple. Si ces ménages supportent peu de prélèvements, ils reçoivent en revanche beaucoup. Ils bénéficient ainsi d’un accès très généralement gratuit aux services publics, par exemple à l’éducation nationale. Ils bénéficient d’une couverture santé dans les conditions du droit commun (CMU). Une partie de ces ménages bénéficient même d’une mutuelle gratuite. Les allocations sous condition de revenus, c’est-à-dire la plupart des allocations sociales, leurs sont réservées. Ils perçoivent également les minima sociaux. Ces ménages dits défavorisés sont donc des bénéficiaires nets du système public.

    A l’autre extrémité de l’échelle des revenus, les ménages riches parviennent, eux, à échapper à une part des prélèvements grâce à différents mécanismes : optimisation fiscale, expatriation fiscale, paradis fiscaux… Ils échappent en grande partie à l’impôt sur le revenu progressif, de façon légale. En effet les revenus du capital (revenus d’actions et d’obligations…) qui constituent une grande partie de leurs revenus ne sont pas assujettis à l’impôt sur le revenu mais à un prélèvement proportionnel, dont le taux est nettement plus faible que celui des tranches supérieures de l’impôt sur le revenu. Ce prélèvement libératoire avait été supprimé depuis 2013, ou plus exactement limité aux ménages percevant moins de 2000 euros d’intérêts et dividendes : il vient d’être rétabli dans son intégralité par M. Macron, sous le nom de « prélèvement forfaitaire unique ». De même les revenus du capital ne supportent pas les cotisations sociales qui pèsent sur les revenus du travail : ils sont seulement assujettis à la CSG. Si les allocations sous condition de ressources leur sont par définition inaccessibles, les ménages riches bénéficient en revanche de la protection sociale et des services publics dans les conditions du droit commun. Ce second groupe de ménages est certes contributeur net, mais il est nettement moins taxé, en proportion de ses revenus, que le troisième groupe.

    L’on constate ces deux dernières décennies un processus de baisse des impôts pesant sur les riches. La libre circulation des capitaux a rendu en effet nécessaire, c’était là l’un des buts de la mondialisation, des politiques de baisse des impôts pesant sur les hauts revenus et sur les détenteurs de capitaux : afin d’éviter la fuite des capitaux, des sièges de société, des entrepreneurs et cadres dirigeants, les Etats doivent baisser les impôts pour s’aligner sur les pays les moins fiscalisés C’est ce que l’on appelle « le dumping fiscal ». Dernièrement le gouvernement Macron a ajouté deux nouvelles mesures importantes dans ce sens : suppression de l’ISF sur les patrimoines détenus sous forme mobilière, remplacé par un impôt pesant seulement sur l’immobilier ; instauration d’un « prélèvement forfaitaire unique » sur les revenus du capital, en lieu et place du barème de l’impôt sur le revenu. Glissons cette remarque au passage : les gouvernements font valoir qu’ils sont contraints par la mondialisation et la libre circulation des capitaux  de pratiquer ce dumping fiscal qui enrichit fortement les riches : encore faut-il préciser que ce sont ces dirigeants eux-mêmes qui ont décidé et mis en œuvre la mondialisation et la liberté des mouvements de capitaux internationaux…

    À suivre