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  • Périco Légasse : « Notre pays importe les cordes avec lesquelles nos agriculteurs se pendent »

    En pleine crise agricole et à moins d'une semaine du Salon de l'Agriculture, Périco Légasse revient sur les dégâts causés par la Commission européenne, la FNSEA et la spéculation boursière à une filière jadis reine en France.  [Entretien dans Figarovox du 19.02]. Pour lui, cette crise est le résultat d'une dérive productiviste qui met en danger notre identité nationale. Ainsi, on commence à se rendre compte que le problème agricole français n'est pas seulement économique ou financier et ne se réduit pas à une affaire de management. Il est avant tout identitaire et civilisationnel. Périco Légasse apporte au moins ici sa pierre à un débat de fond qui concerne au sens plein notre nation. Sauvegarder l'identité française, ce n'est pas seulement la préserver, par exemple, des migrants, mais aussi des maladies de la postmodernité.  LFAR

    La crise agricole est en train de prendre une tournure inquiétante. Est-on arrivé à ce fameux point de rupture dont certains experts pensent qu'il pourrait générer des chaos encore plus tragiques ?

    Tout porte à le croire, car les mesures décidées par le gouvernement et présentées par le Premier ministre devant l'Assemblée nationale prouvent qu'il y a, cette fois-ci, une grande inquiétude au sommet de l'Etat. Et s'il s'est décidé à passer à l'acte aussi rapidement, c'est qu'il y a urgence. Que faut-il, après les incidents de ces derniers mois, pour qu'enfin l'on comprenne à Paris comme à Bruxelles que cette crise-là n'est pas comme les précédentes ? Elle est celle de ceux qui n'ont plus rien à perdre. On sait depuis trop longtemps que certains secteurs au bord du désespoir vont basculer dans l'irréparable. Violences, suicides, affrontements.

    N'empêche, des situations aussi extrêmes auraient pu être évitées bien plus tôt puisque nos dirigeants trouvent soudain les moyens de prendre la crise par les cornes. N'empêche, la méthode reste la même : on continue, à coups de millions d'euros, trouvés dieu sait où, finalement payés par le contribuable, à colmater les brèches, à panser les plaies, à mettre des rustines sur les fuites, pour repousser le problème au prochain déluge. Cette stratégie est irresponsable car elle ne résout rien sur le fond. Elle est surtout l'aveu que le gouvernement français ne dispose plus des leviers nécessaires à une réforme structurelle du mode de fonctionnement de notre agriculture. Ces leviers, c'est la Commission européenne qui les détient et nous savons de quelle agriculture rêve la Commission. Son modèle ? Les usines à cochon allemandes, avec main d'œuvre bulgare payée à la roumaine, dont la viande de porc agglomérée a donné le coup de grâce aux éleveurs intensifs bretons auxquels on avait assuré que leurs tarifs étaient imbattables. C'est ça l'Europe libérale libre et non faussée ?

    Personne n'a donc vu venir le danger ? C'est étonnant...

    Nous avons accepté d'être dépossédés de prérogatives souveraines qui font défaut aujourd'hui à la République française pour sauver sa paysannerie. J'espère qu'il y aura un jour un tribunal de l'histoire pour juger les coupables qui ont accepté ces reniements successifs. L'éleveur laitier au bord du gouffre, qui voit son voisin revenir du super marché avec dix packs de lait UHT importés de Pologne, et auquel on demande son trentième certificat vétérinaire, a peut être des raisons de désespérer de cette Europe portée aux nues par son maire, son député, son sénateur, son président de chambre d'agriculture, son gouvernement, son chef d'Etat, souvent son journal, sa télé ou sa radio.

    La pression exercée par les services de l'Etat, la banque, l'Europe et les aléas du marché sur nos agriculteurs atteint-elle ses limites ?

    De normes sanitaires en règles communautaires, de contraintes financières en directives administratives, d'emprunts asphyxiants auxquels on les a poussés en leur tenant le stylo, aux pratiques commerciales imposées par le lobby agro industriel et par la grande distribution, les agriculteurs de France sont à bout. Pas les gros céréaliers nantis, liés à certaines coopératives et gavés de subsides européens, mais ceux qui nourrissent directement la population. Promenés et balancés de promesses électorales en programmes gouvernementaux jamais tenus, sous prétexte que nous sommes 12, puis 15, puis 18, puis 28 Etats à décider ensemble, ils ont contenu leur colère durant des décennies. « Mais rassurez vous, nous défendons bec et ongles vos intérêts à Bruxelles. Faites nous confiance, nous vous soutenons » … comme la corde soutient le pendu. Les chambres d'agriculture ont poussé les exploitants à devenir exploités, les incitant à s'agrandir en surface, à concentrer la ressource, à augmenter les rendements, à acheter des machines chaque fois plus grosses et coûteuses pour s'installer dans un productivisme global et compétitif. Ces paysans sont aujourd'hui floués, ruinés, abandonnés. On ne peut pas demander à un homme qui est à terre d'obtempérer sous peine de sanction, ni à un homme pris à la gorge, et qui ne sait plus comment nourrir sa famille, de s'acquitter des ses échéances bancaires ou sociales. Alors, épouvantable réalité, ceux qui sont acculés, à bouts de nerfs, sans lendemain, basculent parfois dans l'irréparable. La colère des agriculteurs est à l'image des désordres qui menacent la planète.

    L'importance du mouvement, la pugnacité des agriculteurs révoltés et l'extension du phénomène à toute la France révèlent-elles une souffrance plus profonde que ce que l'on peut imaginer ?

    Nous sommes au delà de la tragédie humaine. Le désespoir agricole nous conduit à une tragédie nationale de grande ampleur. Et les effets aggravants vont exacerber les exaspérations déjà explosives. Car ce ne sont plus seulement les éleveurs bovins et les producteurs laitiers qui durcissent leurs actions. A l'Assemblée Nationale, ce jeudi 17 février, Manuel Valls déclarait que le gouvernement et l'Europe ont pris leurs responsabilités (baisse de 7 points pour les cotisations sociales des agriculteurs en difficulté et année blanche fiscale pour ceux à faibles revenus), et qu'il a appartient désormais aux agriculteurs de prendre les leurs. C'est le comble.

    Qui a conduit l'agriculture française dans cette impasse, toutes majorités confondues, depuis trente ans, en partenariat politique étroit avec le syndicat majoritaire? Qui, jusqu'au vote de la loi d'avenir, et de son programme d'agro-écologie porté par Stéphane Le Foll, en septembre 2014, par le parlement, a validé toutes les dispositions inféodant davantage l'agriculture française aux desiderata des lobbies bruxellois ? Qui a validé la dérégulation du marché et la suppression des quotas laitiers sans contreparties ? Qui refuse d'imposer la traçabilité des viandes entrant dans la composition des produits transformés ? Qui laisse pénétrer chaque année sur notre territoire des millions de tonnes de tourteau de soja destinées à gaver nos élevages intensifs ? Qui favorise l'importation déloyale et faussée de millions de litres de lait en provenance d'autres continents pour satisfaire aux oukases tarifaires de la grande distribution ? Les cours mondiaux! Toujours les cours, mais alors qu'on le dise clairement, la France est soumise aux aléas d'une corbeille boursière qui décide de la survie ou non de nos exploitations agricoles. Quelle nation souveraine digne de ce nom peut accepter de sacrifier une partie de son peuple aux ambitions de patrons de casinos où le blé, la viande et le lait sont des jetons sur un tapis vert ? La seule vraie question qui vaille est: ça nous rapporte quoi? La mort de nos campagnes, de ceux qui les entretiennent et une dépendance accrue aux systèmes agro industriels qui abîment la Terre, l'homme et l'animal.

    Alors qu'on recense environ un suicide d'agriculteur tous les trois jours, les pouvoirs publics prennent-ils la mesure du drame ?

    Les agriculteurs étranglés, aux abois, meurtris, voient leur pays importer les cordes auxquelles ils se pendent. Un paysan qui se suicide n'est finalement que le dégât collatéral de la modernisation de l'agriculture et de l'adaptation au marché globalisé. Le bœuf que l'on jette aux piranhas pour que le reste du troupeau puisse passer. Le seul problème est que, finalement, tout le troupeau y passe. Qui sont ces agriculteurs qui se suicident ? Précisément ceux qui appliquent à la lettre depuis 10 ans, 20 ans, 30 ans pour certains, les instructions et les recommandations du syndicat majoritaire, cette FNSEA qui a beau jeu aujourd'hui de barrer les routes et de bloquer les villes après avoir encouragé et accompagné toutes les politiques ayant conduit à ce massacre. Précisément ceux qui ont cru, en toute bonne foi (on leur avait si bien expliqué qu'il n'y a pas d'autres solutions possibles) que les programmes officiels, de gestion des cultures et des élevages pour se conformer aux lois du marché, les conduiraient à la richesse. Ceux-là sont ceux qui se pendent les premiers sous le regard compassé de ceux qui ont tressé la corde fatidique. Certes, il y a bien eu la PAC, avec des centaines de milliards reversés aux agriculteurs les plus riches qui s'alignaient doctement sur les critères du productivisme alors que les autres étaient obligés de tendre la main à Bruxelles pour obtenir une obole. Comment une puissance au patrimoine agricole si glorieux et si performant a-t-elle pu laisser ce trésor se détériorer aussi vite et aussi tragiquement. Quelqu'un a forcément menti à un moment donné de l'histoire.

    Le Salon de l'Agriculture s'ouvre dans dix jours. Que faut-il en attendre ?

    On l'appelait autrefois la Foire agricole. C'était une fête. La vitrine des fiertés paysannes de la France. L'engagement fervent de ceux qui montaient à la capitale pour témoigner qu'une majeure partie du pays continuait à travailler la terre pour nourrir la nation. L'édition 2016 sera marquée par les drames et les détresses ayant marqué les douze derniers mois. Mais rien n'y fera. La Foire restera celle des grandes enseignes industrielles et commerciales dont les bénéfices se sont faits sur l'éradication d'une société qu'ils ont contribué à ruiner. Qu'un vainqueur vienne planter ses aigles sur le territoire du vaincu est une chose, mais qu'un marchand de produits toxiques vienne édifier un mausolée au milieu du cimetière de ses victimes en arborant un grand panneau sur lequel on peut lire « Voici mon œuvre » est pour le moins original. Car les grandes enseignes mercantiles qui fleurissent le long des allées du salon, entre les vaches et les cochons, les sacs de grain et les bidons de lait, les vergers reconstitués et les prairies artificielles, pour faire croire qu'elles sont les bienfaitrices de ce qui n'est plus qu'un musée de la honte agricole, n'auront pas le courage de financer un grand mur sur lequel on pourrait afficher les trois mille photos des paysans qui se sont suicidés depuis 2007. Et si l'on demandait aux grandes marques dont les panneaux colorent à perte de vue les halls de la porte de Versailles d'indiquer combien de tonnes de lait en poudre néo-zélandais, de fruits et légumes saturés de pesticides, de viandes infâmes, de produits cuisinés nocifs, etc, etc, elles ont importés, puis déversés, à prix écrasés, sur les rayons des grandes surfaces, tout en creusant la tombe des agriculteurs français n'ayant pu s'aligner sur les tarifs de cette merde… Que faut-il en attendre? Plus de larmes et plus de sang pour les agriculteurs pris au piège et plus de profits et de bonne conscience pour ceux qui les exploitent.

    Existe-t-il une perspective pour sortir de cette impasse ?

    Oui, et même plusieurs: un gouvernement de combat et non un casting pour meeting électoral du PS avec supplétifs d'occasion. Exemple, dans la configuration politique actuelle, c'est Stéphane Le Foll qu'il aurait fallu nommer Premier ministre, afin de faire du programme d'agro-écologie, tout juste initié mais bientôt amplifié, une priorité nationale qui soit l'objectif premier du gouvernement de la République. Face à la détresse agricole, ce grand projet couvre toutes les problématiques et ouvre des perspectives au-delà même des enjeux agricoles. Il s'agit d'une redéfinition des logiques ayant prévalu jusqu'à aujourd'hui afin que l'agriculteur ne soit plus tributaire des spéculations et des OPA que la finance internationale lance sur les ressources alimentaires. Une seule réalité s'impose à toutes les autres: l'agriculture n'est pas faite pour produire, elle est faite pour nourrir. Nous avons la formule, nous avons le processus, nous avons des expériences. Un tel défi ne peut que susciter un vaste consensus populaire. De toutes les façons, seule une baisse générale de la production compensée par une redistribution qualitative de notre agriculture vers des formes de cultures et d'élevages répondant à la fois aux besoins et aux attentes de la population et aux impératifs d'un monde durable permettront de sortir de cette impasse. L'exacte contraire de ce que prône la FNSEA, toujours persuadée que le salut ne peut venir que d'une augmentation ultra modernisée de la taille des exploitations et des volumes, c'est-à-dire l'aggravation de tout ce qui a conduit l'agriculture française dans le mur. Cette redéfinition est une question de survie. Et plus l'on attendra avant de la décider, moins nous aurons de chance de voir nos agriculteurs redevenir des paysans. La clé du problème est là: rendez nous nos paysans!

    Et en projetant un peu plus loin ?

    De même, il est fondamental de mettre en place un programme scolaire d'éducation citoyenne du consommateur concerté avec le ministère de l'Agriculture. Les bases existent sous le projet « classes du goût », créées par Jacques Puisais en 1975 puis expérimentées un temps dans certains collèges. Le client de demain doit apprendre à consommer pour se faire du bien, pour soutenir une agriculture qui le nourrisse sainement tout en préservant l'environnement, pour soutenir une industrie agroalimentaire créatrice de richesse et d'emploi dans le respect d'une agriculture porteuse d'avenir, pour soutenir un artisanat employeur garantissant la pérennité de savoirs faire et d'activités. Consommer moins mais mieux. Chaque année, chaque Français jette 7 kilos d'aliments frais emballés. Des millions de tonnes de nourriture à bas prix que l'on pourrait reconvertir en profit pour les agriculteurs qui produiraient donc un peu moins mais mieux payés. Sur le terrain de la compétitivité internationale, nous serons toujours battus par des systèmes qui peuvent produire encore plus infâme et moins cher. Cela passe par une émancipation des diktats bruxellois et le retour à la subsidiarité française en matière de normes agricoles. Enfin, repeupler nos campagnes et remettre en culture des terres abandonnées ou abîmées tout en créant une activité agricole conformes aux enjeux contemporains, non dans la surproduction surconsommée, mais dans une juste productivité qui permette de satisfaire 99% de la demande intérieure et d'en exporter l'excellence vers des marchés demandeurs. La France a besoin de ses paysans pour vivre, pour être, pour durer.  

    Périco Légasse est rédacteur en chef de la rubrique vin et gastronomie à l'hebdomadaire Marianne.

    picture-2540921-61yhv5dr.jpgEntretien par

    Journaliste au Figaro et responsable du FigaroVox. Twitter :@AlexDevecchio

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/

  • Quand les élites bradent l’industrie française

    Pour l’auteur du livre « Alstom, scandale d’Etat », nos dirigeants, politiques comme hauts fonctionnaires, ont une responsabilité majeure dans le déclin de l’industrie française. Il en veut pour preuve les cas Alstom, Vallourec ou bien encore ST Microelectronics.

    Eléonore de Vulpillières : Areva, Alstom, Alcatel mais aussi Vallourec ou STMicroelectronics sont en difficulté. Quels sont les points communs et les différences qui existent ?

    Jean-Michel Quatrepoint : La France avait autrefois le triple A de l’excellence industrielle avec Areva, Alstom et Alcatel. Il s’est désormais mué en un triple zéro. La partie énergie d’Alstom a été vendue à General Electric. Alcatel avait déjà été fusionnée avec le groupe américain Lucent. A l’intérieur du groupe fusionné, les Américains ont pris le pouvoir et ont appliqué leurs normes, leur façon de voir, y compris au profit de services américains. Alcatel étant devenue l’ombre d’elle-même, elle a été rachetée par Nokia. Elle était pourtant l’un des leaders mondiaux des équipements de télécommunications au début des années 1990, et même numéro un avec 13,5% de la part de marché des télécoms. Aujourd’hui, la France est sortie de ce marché.

    Areva était le géant de la filière nucléaire, aussi bien pour le traitement et l’enrichissement d’uranium, le traitement des déchets avec l’usine de La Hague, et toute la partie de construction des centrales nucléaires. Aujourd’hui, Areva est au bord de la faillite. On oblige EDF à reprendre en catastrophe une partie de ses activités, alors même que la santé d’EDF est médiocre.

    Alstom était un des quatre grands fabricants mondiaux de turbines servant à équiper les centrales. Il a été bradé à General Electric. Ce qui est commun à tous ces dossiers, c’est la faillite du management. Une génération de nos hyper diplômés a mal géré l’évolution de l’industrie. On pourra toujours évoquer la crise ou les aléas économiques. Mais la responsabilité des dirigeants et celle de l’Etat sont écrasantes.

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  • Droit du travail : Sarkozy en a rêvé, Hollande l’a fait

    Réforme du droit du travail : la gauche est aux manettes, et elle réussit à faire pire que la droite tout au long de son histoire.
    Si la droite, du temps où elle était au pouvoir, avait osé proposer ne serait-ce qu’une partie de ce que contient le projet de l’actuel gouvernement sur le travail, la gauche aurait sonné le tocsin de la révolte. Les grands esprits du PS auraient hurlé à la contre-révolution, à l’ultra-libéralisme, à l’imminence de la victoire des néo-conservateurs à la française, voire au retour de Vichy. Des appels à la mobilisation générale aurait été lancés, des cars affrétés, des slogans préparés, des banderoles dessinées, et l’on aurait défilé sur les grands boulevards au cri de : au secours, la droite revient !

    Manque de chance, c’est la gauche qui est aux manettes, et elle réussit à faire pire que la droite tout au long de son histoire. Sans doute n’était-ce pas prévu par ceux qui avaient imaginé cette délicieuse (et pertinente) vidéo à une époque où le PS était dans l’opposition et pouvait encore se réclamer des idéaux de gauche.

    Comme l’écrit Le Figaro, à propos de la bombe lancée contre le code du travail: « On voudrait y croire car même la droite n’est jamais allé aussi loin ».. Et le quotidien de Serge Dassault d’ajouter, à l’intention de qui vous savez : « A l’heure où ils rédigent leur programme, les candidats à la primaire doivent s’inspirer de ce bing bang. Si un président socialiste tente de se libérer de tabous, il serait bon qu’un prétendant républicain s’en débarrasse définitivement ». Traduction : la gauche a été capable de faire le sale boulot, soyez à la hauteur !

    Le journal Les Echos est arrivé à des conclusions similaires en constatant, non sans satisfaction, que Myriam El Khomry allait défendre « un texte qu’aurait pu – et dû – rédiger la droite » - un texte qui relève du « va-tout libéral ». Ce journal salue la réforme du licenciement « partie potentiellement la plus explosive », en soulignant avec les accents d’un Jean-Luc Mélenchon qu’il s’agit d’une rupture que « ni Nicolas Sarkozy ni Jacques Chirac n’avaient osé faire ».

    On comprend pourquoi l’ancien ministre Eric Woerth s’est montré enthousiaste, tout comme Pierre Gattaz. Ce dernier aurait eu mauvaise grâce à ne pas saluer un copié-collé de ses propres propositions, dont la philosophie est celle du dumping salarial et de la guerre des pauvres contre les pauvres.

    Voilà donc où aura mené la lente préparation des esprits, avec les mille et une déclarations sur le « coût du travail » et la prétendue « rigidité » du marché de l’emploi. Le couronnement aura été l’embrigadement de Robert Badinter, ex-ministre de la justice, digne représentant de la gauche morale, mobilisé pour porter le coup de grâce au code du travail devenu l’ennemi public numéro 1.

    On ainsi entendu de prétendus experts expliquer qu’il suffirait de dérèglementer et de laisser les patrons libres de licencier à leur guise pour créer des emplois par miracle, comme s’il fallait déchoir le travail de sa dignité. Si cela marchait, ça se saurait. Au fil des ans, la flexibilité s’est accrue, l’intérim et les CDD se sont multipliés, la précarité s’est aggravée. Résultat ? Le chômage n’a jamais été aussi élevé.

    En fait, le véritable frein est le vide des carnets de commande dans une économie qui tourne au ralenti et qui est gangrénée par la course à la rentabilité financière héritée de la mondialisation néo-libérale. Tant que la spéculation et la rente primeront sur l’investissement, l’emploi sera sacrifié, quand bien même offrirait-on au patronat une main d’œuvre taillable et corvéable à merci.

    Certes, on n’en pas là. Reste que le projet de loi de Myriam El Khomry, en l’état, représente l’un des pires reculs sociaux depuis la Libération. Il est l’équivalent du tournant blairiste en Grande-Bretagne ou de la potion Schröder en Allemagne. Dans les deux cas, la gauche social-démocrate est en ressortie essorée. On peut penser qu’il en sera de même en France, au grand profit de Marine Le Pen, laquelle peut continuer tranquillement sa cure de silence. D’autres font le travail pour elle en démolissant les consciences en même temps qu’ils détricotent un modèle social que les élites du business ont toujours voué aux gémonies.

    Pendant ce temps, on organise la farce des primaires au nom de la gauche éternelle. Plus approchera l’échéance de 2017, plus l’on entendra des appels pathétiques à se mobiliser pour résister au FN, ce diable que l’on ressort de la boîte à chaque échéance électorale pendant qu’on aménage son lit au jour le jour. On expliquera qu’il faut un candidat unique de la gauche, oubliant que le Hollandisme, cette machine à trahir le peuple, est le principal allié de l'extrême droite que l'on prétend combattre.

    Quand on perd la bataille des idées, on gagne rarement la bataille politique.
    notes Jack Dion, Directeur adjoint de la rédaction de Marianne
    source marianne.net ::lien

    http://www.voxnr.com/cc/politique/EuVVApyuVFJqcxYTtw.shtml

  • Les nouveaux socialistes, au service des ploutocrates

    En de mois de février 2016 où le Président turc, rompant avec une autre tradition kémaliste après avoir cassé l’orientation laïque de son pays, ose défier l’armée russe (a priori avec l’aval de l’hôte bizarre de la Maison Blanche), en ce même mois où une chaîne française de télévision publique diffuse des images de bombardements russes de précision en Syrie comme s’il s’agissait de bombardements de la coalition de l’OTAN, les socialistes français bravent tous les interdits traditionnels de leur Parti concernant le Droit du travail.
    Il est évident que la Loi sur les 35 heures payées 39 (40 en fait, puisqu’on était passé de 40 à 39 en 1981) a plombé lourdement les prix de revient des entreprises. Il suffisait, pour rendre une certaine compétitivité à l’industrie française, effectivement bien mal en point depuis l’entrée, dès 1981, dans la féerie globalo-mondialiste, de réintroduire la semaine de travail de 40 heures et de se libérer au moins partiellement, c’est-à-dire dans les secteurs menacés d’implosion, du carcan libre-échangiste.
    Non, les « socialistes » français ne veulent surtout pas de ces mesures de pur bon sens, de salut national, comme le seraient l’arrêt des prestations-chômage aux immigrés et l’institution de la préférence nationale en matière d’embauche… toutes idées défendues depuis plusieurs décennies par un mouvement jugé « démagogue » par les idéologues « de gauche ».
    Or, voici que les néo-socialistes, façon Hollande-Valls et consorts, sont en voie d’imposer – grâce au célébrissime art. constitutionnel 49-3 – une réforme du Droit du travail, qui est un cadeau, en grande partie illégitime, aux employeurs.
    Entendons-nous : toute mesure destinée à rendre de la puissance à l’industrie et à l’artisanat français sont bonnes, de façon à cesser les « délocalisations d’entreprises » et à diminuer enfin le chômage des Français de souche, étant entendu qu’en bonne logique aucun immigré ne devrait avoir un emploi en France tant qu’il y aurait un seul Français de souche au chômage... c’était la doctrine des Cachin, Thorez et Marchais, des Salengro et Jean Lebas. Mais cette doctrine, c’était avant… avant que les « socialistes de salons », que la « gauche caviar et champagne de grande marque » ne soient mis en selle par feu Mitterrand.
    Étonnante loi que celle proposée : on y laisse à l’appréciation des comités d’entreprise la fixation du temps de travail (jusqu’à 12 heures/jour), d’éventuelles réductions du salaire de base et même du tarif des heures supplémentaires, le retour aux 10 heures de travail quotidien pour les apprentis mineurs d’âge (une mesure qui annule des dispositions législatives prises avant la Grande Guerre en Allemagne, en France et même en Russie tsariste !), l’autorisation de procéder à « un plan social » (soit des licenciements sans faute d’employés) même dans les entreprises ne rencontrant pas de difficulté économique, l’autorisation de licencier un employé qui refuse la modification (acceptée par le comité d’entreprise) de son contrat de travail, prévu lors de son embauche.
    Toutes ces mesures étaient celles qui, durant l’entre-deux-guerres, étaient réclamées par les patronats les plus rétrogrades, celles qui définissaient « l’extrême-droite », la vraie, celle qui se moquait du peuple et de ses difficultés existentielles.
    À l’évidence, nos « chefs » n’ont plus de socialistes que la (fausse) appellation. Ils ne sont certes pas, des populistes, c’est-à-dire des hommes et des femmes soucieux des intérêts de la Nation. On savait déjà qu’ils agissaient pour ne pas fâcher leurs bienfaiteurs islamo-pétroliers. On sait désormais qu’ils travaillent pour les gros employeurs, en clair les multinationales qui régissent tout en tous pays… à l’exception des réfractaires chinois et russes, tant vilipendés.

    Docteur Bernard Plouvier

    http://synthesenationale.hautetfort.com/archive/2016/02/20/les-nouveaux-socialistes-au-service-des-ploutocrates-5762698.html

  • Le docteur Villermé et les esclaves du libéralisme :

    « C’est la Révolution, avec l’appui des forces financières, qui a créé la masse prolétarienne, en spoliant les corporations avec l’interdiction de les reconstituer, sous peine de mort » 

    P. Bécat

    La Révolution en détruisant le système social de l’Ancien régime livra le peuple aux puissances d’argent. L’interdiction de s’associer faisant suite à la destruction des corps de métiers et le vol de leurs biens servant à l’organisation sociale, créa le prolétariat. L’ère nouvelle vit des semaines de 10 jours, la suppression des dimanches et jours fériés avec à la clef, l’obligation du travail pour manger à partir de 5 ans, sans limite d’heure avec la nuit et sans distinction de sexe…
    Devant l’intolérable qui ne gênait pas les parvenus de 89, fidèles à l’enseignement évangélique, des royalistes sociaux se levèrent pour dénoncer et soulager leurs frères dans la misère et c’est leur histoire oubliée volontairement par la République que nous allons vous révéler… En 1936, le Front Populaire reprendra à son compte les revendications sociales des royalistes montant ainsi la validité et la cohérence de ces précurseurs qui avaient vu juste…
    Alphonse Karr déclarait : «Il suffit de quelques grelots au bonnet de la Liberté pour en faire le bonnet de la folie»

    Contre l'exploitation des enfants, en révolte contre la misère sociale :

    Louis René Villermé Né en 1782 et mort en 1863, fut dans les premiers royalistes à se battre pour la cause sociale après la Révolution. Il fut médecin et se pencha sur les problèmes de mortalité selon les conditions sociales et très vite, avec d’autres, il se rend compte que le machinisme était pour quelque chose. En 1837 à l’Académie des Sciences Morales et Politiques, il prononce un discours publique où les thèmes essentiels suivants furent abordés :

    - Une quantité considérable d’ouvriers sont dans un état réel de souffrance
    - Le travail est pénible, ils sont chargés de famille nombreuse
    - Le salaire est en dessous du nécessaire
    - Les vêtements sont hors d’état
    - Les logements sont humides et malsains
    - L’alimentation est grossière et insuffisante

    Contre la misère des enfants

    - Ils vivent dans un excès de travail et de misère
    - Chaque jour on les garde jusqu’à plus de 15h avec 13h de travail effectif
    - Les loyers sont trop élevés et ils vivent parfois très loin du travail ou pour venir il faut marcher 7km…
    - Certains enfants qui ont à peine 7 ans, d’autres moins « abrègent leurs sommeil et leur repos de tout le temps qu’ils doivent employer pour parcourir deux fois par jour cette longue et fatigante route »
    - Les enfants sont maigres, couverts de haillons. « sous leur vêtement rendu imperméable par l’huile des métiers tombée sur eux, le morceau de pain qui les doit nourrir jusqu’à leur retour »
    - Les lieux de travail sont souvent des pièces fermées ou il faut tenir debout pendant plus de 10 heures, « c’est une torture»
    - « Le remède…serait une loi qui fixerait un maximum à la durée journalière du travail »

    Dans la région Lilloise, il constatera, après avoir observé une soixantaine de métiers que les ouvriers vivent dans des conditions repoussantes, entassés dans des caves ou des greniers. Il passe en revue la Haute Normandie, la Marne, l’Aisne, les Ardennes avec les industries lainières, cotonnières et toutes ses observations sont soigneusement consignées. Certains horaires de travail vont jusqu’à 17 heures par jour ! Il continu dans la Vallée de la Somme, Lodève et Carcassonne, les industries de la soie. Dans les Cévennes ou il écrit en voyant les femmes : « Il serait difficile de se faire une idée de l’aspect sale, misérable, de la malpropreté de leurs mains, du mauvais état de santé de beaucoup d’entre elles et de l’odeur repoussante « sui generis» qui s’attache à leurs vêtements, infecte les ateliers.»

    Les doigts de ces pauvres femmes étaient devenus insensibles à cause des bassines d’eau bouillante des ateliers de tissus.

    - Il constate une grande mortalité infantile avec des enfants écrouelleux et de nombreux ouvriers dans les villes sont scrofuleux.
    - Il demande l’instruction pour les enfants
    - Il demande une loi interdisant le travail en dessous de 9 ans avec un travail graduelle selon les âges
    - Il demande l’interdiction du travail de nuit avant 15 ans
    - Il demande la nécessité d’un certificat médical
    - Il pose des questions sur la misère en faisant porter attention sur la mortalité, les maladies, la garde des enfants etc…
    - Il remet en cause le « Livret de travail » avec les avances sur salaire servant de moyen de pression sur les ouvriers
    - Il propose la création de caisses de secours pour les accidents du travail
    - Il porte l'attention sur les problèmes de sécurité des machines
    - Il propose des indemnités journalières
    - Il propose la création de caisses de maladie et de retraites
    - Il porte l'attention sur les locaux industriels et la salubrité

    Certaines de ses propositions aboutiront par la loi de 1841, signé par Louis-Philippe aux Tuileries. La durée de travail passait à 8 heures jusqu’à 12 ans et 12h de 12 à 16 ans. Le travail de nuit fut interdit avant 16 ans, le repos obligatoire, les jours fériés, 2 ans d’études primaires obligatoires avant l’usine avec des mesures de santé…

    L’Archevêque de Rouen dit alors : « Il fallut une loi de fer pour défendre de tuer les enfants au travail» Les débats furent houleux car le chimiste Gay Lussac s’y opposait en prétextant l’intrusion de l’Etat dans les industries, que l’on ne pourrait rien sur la salubrité et que tout cela serait un retour au St Simonisme. Le Comte de Tascher répliqua : « C’est quand on nous révèle une telle immoralité qu’on refuserait d’y pourvoir…le nerf de bœuf est placé en permanence sur les métiers dans certains ateliers. Et c’est en présence de telles abominations qu’on voudrait refuser au gouvernement le droit de les faire cesser » Il faudra attendre le vote à la Chambre des Députés le 29 décembre 1850.

    Souvenons-nous du docteur Villermé !

    Nous continuerons inlassablement à sortir la vérité des placards. A clamer dans l’obscurité d'une république vautrée dans les scandales ce que fut la misère du peuple depuis la destruction de l'ordre ancien. Pour l'honneur de ses femmes, des enfants et des hommes qui souffrir et sont morts parce que le libéralisme devait passer avant tout humanisme. Nous ne lâcherons rien, depuis que nous avons commencé à découvrir une voie de libération, une issue à une soi-disant crise. Notre travail basé sur l'empirisme et non sur le romantisme dirige nos conclusions vers l'image apaisante, voir écologique du royaume des lys...

    Frédéric Winkler

    http://www.royalismesocial.com/index.php?option=com_content&view=article&id=449:le-docteur-villerme-et-les-esclaves-du-liberalisme-&catid=62:docteur-villerme&Itemid=91

  • Les classes moyennes aspirent à un coup d’État

    Véronique Langlois et Xavier Charpentier viennent de terminer un travail consistant à mieux appréhender les maux actuels des classes moyennes. À la tête de FreeThinking (un laboratoire d’études quali-collaboratives [quésaco ? comme on dit chez moi]), du groupe Publicis, ils s’apprêtent à publier un travail qu’ils ont baptisé Dissonances. Quand les classes moyennes parlent de la France d’après le 11 janvier, deux ans avant 2017. Cette étude menée pendant la campagne des départementales a été entreprise auprès de 190 Français des classes moyennes. 
    On pourrait penser que le politiquement correct dans ces observations serait là encore une fois pour être l’arbre qui cache la forêt. Heureusement, il n’en est rien et si les deux auteurs prennent le maximum de précautions pour ne pas froisser la classe médiatico-politique, leurs révélations sont bel et bien le reflet de cette classe populaire de la société française d’aujourd’hui. 
    L’étude pointe trois « dissonances » majeures. 
    La première : entre ce que ces Français vivent, c’est-à-dire une aggravation de la situation de précarité avec une France qui continue de glisser dangereusement (et de façon irréversible pour certains) et le discours ambiant autour de la reprise économique qui serait là mais qu’ils ne ressentent pas et à laquelle ils ne croient pas. Devant la gravité de la situation qu’ils ont parfaitement intégrée, ils ne comprennent pas le manque de sérieux des élites caractérisé par un débat politique sans projets et concentré exclusivement sur quelques personnalités dans la seule perspective de 2017. Enfin, ils perçoivent un sentiment de déni de démocratie chez les parlementaires qui ne remplissent pas le mandat pour lequel ils ont été élus, allant même jusqu’à juger qu’ils sont carrément des obstacles aux changements urgents que la situation exige. 
    Vous me direz, il faut être Libé, le quotidien qui publie cette étude, pour, avec son bandeau sur les yeux, n’avoir pas vu et anticipé le fossé irréversible qui s’est creusé entre les fausses élites et le peuple. 
    La deuxième dissonance : nos compatriotes restent malgré tout optimistes et croient à « un projet qui rassemble les Français au-delà du religieux et du politique » mais, dans le même temps, ils précisent « qu’aujourd’hui ils n’en voient pas la couleur »
    La troisième : « pour la première fois très clairement, ils expriment le rêve d’un coup d’État citoyen et républicain », prévient Véronique Langlois. 
    Oui, vous avez bien lu : un coup d’État ! Les mots « citoyen » et « républicain » étant juste un écran appliqué pour ne pas pointer dans le camp du mal. 
    En conclusion, et comme il était facile de l’imaginer : « Les Français très ébranlés par les événements du mois de janvier considèrent que s’ils ont fait leur part du travail en descendant massivement dans la rue, la classe des dirigeants politiques, dirigeante, elle, n’a rien fait de concret. » 
    Qu’en termes élégants ces choses-là sont dites ! 
    J’avais, dans un article précédent, expliqué que nous allions vers une guerre civile, ou tout au moins vers une explosion de la société française. Pour écrire sur cette éventualité, je n’ai pas eu besoin d’une enquête prépayée par Publicis. Il suffisait simplement d’écouter les gens des rues, de nos cités et de nos villages
    Le plus révélateur, dans cette étude, est l’étonnement des médias devant le ras-le-bol des classes populaires. 

  • 10 000 SDF privés d’hébergement

    (NOVOpress avec le bulletin de réinformation)

    Ils sont 10 000 SDF à avoir composé le numéro d’urgence 115 au mois de janvier, et à ne pas avoir eu d’hébergement. Parmi eux, de nombreuses familles avec enfants.
    Pendant ce temps, le gouvernement se décarcasse pour loger les immigrés. Par exemple, un bourg fortifié d’Alsace, Ferrette, recevra prochainement 80 réfugiés qui seront logés pendant un an dans les locaux de l’ancienne gendarmerie et dans des appartements F3 et F4. Certains habitants irrités reprochent aux élus locaux de ne pas assez s’occuper de leurs pauvres à eux.

     

    http://fr.novopress.info/198475/10-000-sdf-prives-dhebergement/

  • Les campagnes en colère...

    Certains parlent de jacqueries quand ils évoquent la colère paysanne qui, ces jours derniers, éclate aux portes des villes, autour des centres commerciaux ou devant les préfectures et sous-préfectures du pays, et les mêmes croient se souvenir qu'elles ont précédées la Révolution française, ce qui n'est pas tout-à-fait exact, en définitive : en fait, c'est dans les débuts de cette Révolution que les paysans ont manifesté leur souhait d'un changement des règles rurales et la fin des anciens droits féodaux, dans un été marqué par la Grande Peur, mais, surtout, dans l'année 1793, lorsque la République voulut mobiliser tous les hommes valides pour aller faire une guerre que la Révolution avait désirée à défaut de pouvoir la faire seule... Si c'est la Vendée qui a marqué le plus les esprits, avec ce « peuple de géants », évoqué par Napoléon et par Victor Hugo, qui a défié l'ordre nouveau de Danton et Saint-Just, et tenu tête aux armées « bleues », c'est bien tout le monde paysan qui a souffert de la République belliciste qui lui a pris de nombreux bras pour les besoins de la guerre et lui a rendu nombre de cercueils.

    Aujourd'hui, les agriculteurs manifestent, victimes d'une guerre qui, pour n'en être pas militaire, fait des ravages dans nos campagnes, et se pare du nom de « mondialisation ». Il n'y a pas grand monde pour prendre la défense de ces manifestants au langage parfois vert, et je lis nombre de commentaires peu amènes sur la toile à leur encontre : « pollueurs », « assistés », « casseurs »... Cela ne correspond pas exactement à la complexité des réalités du monde agricole : qu'y a-t-il de commun entre le grand céréalier de la Beauce et le petit éleveur de porcs « bio » breton ? Entre un Beulin, patron très libéral d'une FNSEA de moins en moins considérée dans les campagnes, et un maraîcher du pays de Dol qui gagne à peine de quoi nourrir sa famille ?

    En fait, nombre de ces manifestants ont désormais compris le piège fatal de la société de « libre-échange » qui, en définitive, n'est qu'une loi de la jungle au bénéfice des grands groupes agroalimentaires et des actionnaires de ceux-ci, pour qui la fonction nourricière de l'agriculture passe après les profits qu'ils peuvent tirer de l'exploitation de la terre et de la sueur de ceux qui la travaillent.

    Sans doute faut-il désormais repenser l'agriculture et lui rendre la « mesure » que la société de consommation semble avoir définitivement oubliée : des exploitations à taille humaine, moins dépendantes de la mécanisation et d'une artificialisation qui, souvent, s'apparente à une « barbarisation » de la domestication des bêtes (ces usines à œufs, à lait ou à viande, entre autres) ou à une totale coupure avec les principes mêmes de la vie, végétale comme animale, sont plus utiles que cette ferme (sic!) des mille vaches que dénonce à juste titre Alain Finkielkraut...

    Refaire de nos campagnes des espaces de vie et de travail humain, et non les laisser devenir des déserts ruraux, est une nécessité que tout État digne de ce nom devrait comprendre et soutenir, ne serait-ce que pour combattre le chômage et le désœuvrement qui se répandent encore et toujours dans les villes et ses périphéries. Au regard de l'impuissance désolée d'un Stéphane Le Foll, je doute fortement que la République soit cet État-là...

    http://jean-philippechauvin.hautetfort.com/

  • Révolte des agriculteurs, est ce la faute de l’Europe ?

    (NOVOpress avec le bulletin de réinformation)

    Alors que des manifestations importantes d’agriculteurs se sont déroulées en Bretagne, on peut se demander ce que fait Stéphane Le Foll. Il n’a pas obtenu ce qu’il demandait lors du dernier conseil européen des ministres de l’Agriculture. L’Allemagne, qui concurrence fortement l’agriculture française avec ses fermes-usines, s’est opposée aux demandes françaises. Elle veut continuer à prendre des parts de marché à la France en ayant des règles sociales moins sévères.

    http://fr.novopress.info/198394/revolte-agriculteurs-ce-faute-leurope/

  • En Normandie, des agriculteurs pendent une vache sur la permanence d'un député

    Action choc des agriculteurs de la Coordination rurale, à Avranches, jeudi 4 février 2016. Pour inciter un député à agir, des éleveurs ont pendu une vache morte sur sa permanence.
    Face à l’absence de réponse et de solution, deux jours après une première action coup de poing, une trentaine d’agriculteurs se sont rassemblés dans la nuit du mercredi 3 au jeudi 4 février 2016, devant la permanence du député (Les Républicains) d’Avranches Guénaël Huet, pour y pendre une vache, morte depuis trois semaines. Une action choc, orchestrée par le président de la Coordination rurale, Yannick Bodin, pour alerter l’opinion sur le mal-êtr des agriculteurs.
    « Montrer la réalité des choses »
    Sur la page Facebook de la Coordination rurale de la Manche, des images qui choquent. Des commentaires offusqués d’internautes qui ne comprennent pas, qui s’insurgent. Mais devant ces opinions, parfois haineuses, Yannick Bodin, propriétaire de cette vache pendue, reste ferme, et déterminé à présenter la gravité de la crise agricole.
    « Nous avons eu deux suicides dans le secteur, et ça n’inquiète personne. Depuis des années nous sommes interrogés sur le sujet, et rien ne se fait. Aujourd’hui, cette image fait mal. Mais la vie d’un agriculteur compte-t-elle moins que la vie d’une bête ! »
    Face à la violence des mots, l’agriculteur rétorque en présentant la fulgurance de la crise qui s’abat sur le monde agricole. Une méthode marquante, qui a cependant eu ses effets sur les élus locaux.
    « Tous les politiques m’ont téléphoné. Le projet de loi de la Communauté rurale est arrivé à l’Assemblée nationale et au Sénat. La gauche comme la droite ont pris le sujet en main. »
    L’agriculteur désespéré a également rencontré le président du Département de la Manche, Philippe Bas. « Tout s’est déclenché aujourd’hui. »
    Toute action est critiquable
    Si l’action est contestable, Yannick Bodin a voulu poursuivre ses actes en suivant la même ligne dictée, deux jours plus tôt : ne pas faire de casse.
    « Je préfère ça aux actions qui coûtent une fortune. Une fortune qui aurait pu servir à sauver des agriculteurs au bord du suicide. Faut-il faire quatre millions d’euros de dégâts comme en Bretagne, s'attaquer aux CRS comme à Saint-Lô ? Toute action est critiquable, mais nous n’avons pas voulu prendre en otage les citoyens et consommateurs. »
    Yannick Bodin compte désormais sur l’action des élus. « Les politiques n’ont rien fait depuis 25 ans, je me bats à ma façon pour faire comprendre notre situation. »
    Pour le président du syndicat départemental, l’heure est désormais à la réflexion, sur le devenir de son exploitation agricole.
    « Je me donne encore six à huit semaines pour savoir quoi faire. Cette vache que nous avons pendue était morte depuis trois semaines. J’ai réfléchi longtemps avant d’agir. Mais elle montre aussi que nous n’avons même plus les moyens de soigner nos bêtes, comme les particuliers qui n’ont plus d’argent pour soigner leur animal de compagnie… »
    Une « récupération qui ne passe pas »
    Il reste à savoir désormais si les sensibilités de chacun resteront ancrées sur cette image violente, ou si le message des agriculteurs en détresse passera. Du côté du député Guénaël Huet, une plainte a été déposée, vendredi 5 février 2016, contre Yannick Bodin et la Coordination rurale.
    « J’apprécie moyennement la mise en scène macabre qui a été faite. Il y a des choses à ne pas faire. Mais ce que je désapprouve surtout, c’est la récupération d’un drame, le suicide d’un agriculteur que je connais, à des fins syndicales. »
    Ce dernier « n’accepte pas l’inscription accolée à la vitrine de sa permanence Député, tu as du sang sur les mains ». Rappelant son « soutien complet au monde agricole », il se dit sensible à la situation des agriculteurs en détresse, mais rejette catégoriquement « une récupération qui ne passe pas ».
    Chose que le représentant cantonal de la FDSEA de la Manche ne cautionne également pas. Dans un communiqué diffusé lundi 8 février 2016, Jean-Michel Debesne informe qu’il est « de notre devoir de réagir face à ces actes violents, en termes d’images et de symboles véhiculés par de syndicat minoritaire, qui salit la profession et utilise des tragédies privées pour faire passer des messages ».
    « Le moment choisi, les images choquantes et l’interprétation qui peuvent en être faite au-delà de notre milieu agricole, ne correspondent pas aux valeurs de la majorité des agriculteurs des citoyens. Notre syndicat ne partage pas les actes à la permanence du député. »
    Source