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Naufragés des villes | E01 | La Pauvreté 101
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Les préfets s’inquiètent de la colère qui se propage sur tout le territoire
Le journal Le Figaro d’aujourd’hui fait état d’un document adressé par les préfets aux pouvoirs publics afin de les alerter sur l’état de colère et d’exaspération de la société française. Il y est question de ras-le-bol fiscal et de tensions sociales.
Le quotidien publie de larges extraits de cette note de synthèse datée du 25 octobre, qui dresse le tableau d’une population dans laquelle « la fiscalité est devenue le principal moteur de la contestation de l’action gouvernementale », comme on l’a vu ces dernières semaines en Bretagne avec la fronde contre l’écotaxe. « Partout sur le territoire, les préfets dressent le même constat d’une société en proie à la crispation, à l’exaspération et à la colère », lit-on dans cette note.
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La désindustrialisation continue
On achève bien le quaternaire…
Qu’arrive-t-il quand on ne fait plus que compter ses sous, qu’on n’a pas de stratégie politique et qu’on raisonne avec des œillères idéologiques ? On s’enfonce chaque jour un peu plus dans le marasme et là, le marasme c’est la désindustrialisation à coupes sévères du pays. Les réductions dans le budget Défense inquiètent, par exemple, fortement les industriels.
Le ministre du Budget préparerait en effet des coupes nouvelles et brutales dans le budget de la défense que le président François Hollande s’était engagé pourtant à préserver. Bercy et le gouvernement le feraient, faute de vouloir toucher là où cela fait mal : la couverture maladie universelle, le RSA, le mille-feuille administratif, l’abaissement de la dépense publique trop importante, elle-même générée par l’absence de réforme des structures territoriales (suppression du département) ou de l’éducation nationale. « On parlerait d’annuler 600 millions d’euros de crédits supplémentaires sur le budget de la défense », a déclaré à l’AFP Marwan Lahoud, président du Gifas, qui regroupe les sociétés spécialisées du secteur de l’industrie aéronautique, spatiale et militaire, et qui est aussi le chef de la stratégie du groupe d’aéronautique et de défense EADS.
Les nouvelles annulations vont porter cette fois-ci sur des dépenses d’équipement et l’impact de ces réductions en sera terrible dans la société civile. Pourquoi ? Une fois de plus, nos dirigeants oublient le quaternaire, ce concept économique de Gaston Bouthoul qui ne fut d’ailleurs nulle part enseigné alors qu’il était novateur en son temps car il stipulait et soulignait bien que la clef de voûte d’une économie moderne, d’une économie de puissance était son industrie militaire.
Les grands groupes industriels seront touchés par les coupes brutales prévues mais ce n’est pas le pire. Le pire, c’est l’atteinte à la recherche développement et ce qui suivra, les deux tiers des annulations qui affecteront les laboratoires de recherche et les équipementiers avec qui les grands groupes sous-traitent la plupart du temps. Tout le tissu de la sous-traitance militaire, un savoir-faire et un dynamisme exceptionnel, par exemple dans la robotique ou les nanotechnologies va être attaqué. Or, il représente à lui seul des milliers d’emplois mais surtout l’usine de l’avenir. L’industrie de la défense se prépare donc à accepter contrainte et forcée la réduction des crédits militaires dans son industrie, ce qui va entraîner des réductions et des étalements de programme dans les années à venir.
En touchant aux programmes militaires industriels, le gouvernement poursuit la désindustrialisation accélérée du pays et accélère le processus de fuite des cerveaux. Que restera-t-il alors en France ? On n’entend plus le verbe haut d’Arnaud Montebourg devenu le commissaire à la désindustrialisation. On nous dira qu’il n’y a pas d’autre politique possible mais oh que si !… Il faut réduire les dépenses sociales, les subventions aux associations, supprimer une grande partie des niches fiscales, s’attaquer au nombre d’élus, bref s’attaquer au parasitisme français mais surtout pas aux forces vives de l’industrie du futur.
Michel Lhomme
le 12/11/2013
Source : Metamag.fr
http://www.polemia.com/la-desindustrialisation-continue/ -
Le 11 novembre, comme d’autres avant nous, nous avons tenté de préserver l’intégrité du corps social. Et nous allons continuer !
Alexandre Saint-Hermine a jugé dans les colonnes de Nouvelles de France que cette journée du 11 novembre avait été récupérée par la gauche (François Hollande et le gouvernement Ayrault) et la prétendue droite des bonnets rouges sur les Champs-Élysées, en regrettant l’absence d’union nationale.
Ayant participé aux actions, j’ai décidé de répondre à sa tribune d’une manière constructive en analysant les implications de sa plainte et en montrant la légitimité du combat des bonnets rouges ce 11 novembre.
Il me semble tout d’abord que la désapprobation de la part des bonnets rouges ne se fit qu’avant et après la commémoration, lors du passage de François Hollande sur les Champs-Élysées, et nullement pendant la cérémonie en elle-même, ce qui invaliderait l’accusation, certes bien faiblement. [...]
La suite sur NdF
http://www.actionfrancaise.net/craf/?Le-11-novembre-comme-d-autres
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Vous avez été sélectionné pour être sacrifié !
« Bonjour, vous êtes bien M. Rigaud. Au nom de la République, vous avez été sélectionné pour être sacrifié. » Le clip Les Sacrifiés illustre mieux qu’un long discours le sort des chefs d’entreprise de proximité, artisans, indépendants, commerçants entrés en résistance ce 13 novembre. Dans toute la France, des affiches noires « Sacrifié mais pas résigné » collées sur leur vitrine ou leur camion témoignent, dès aujourd’hui, de leur révolte contre un gouvernement qui a décidé de les asphyxier. 1,1 milliard d’euros de charges fiscales et sociales supplémentaires en 2013, encore 100 millions de plus en 2014, de nouvelles hausses de la TVA au 1er janvier… Après le rouge des bonnets bretons, place au noir de la France qui travaille, celle de votre boucher, boulanger ou plombier.
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LA DROITE DU FRIC CONTRE LA FRANCE DU TRAVAIL (arch 2008)
Chaque semaine, voire chaque jour, apportant son lot de scandale , c'est à croire que les rois du CAC 40 ont fait le serment de nous dégoûter à jamais de ce capitalisme à vocation monopolistique, aujourd'hui devenu ennemi juré de la libre entreprise.
" Droite du fric " et non point droite des valeurs.« Droite du fric » qui a oublié qu'en son temps, la droite des valeurs fut à l'avant-garde des conquêtes sociales. Le fait est que cette droite-là ressemble désormais à la caricature que la CGT en faisait naguère : le scandale de l'UIMM (Union des industries et des métiers de la métallurgie) et ses vingt millions d'euros retirés en liquide par son ancien président Denis Gautier-Sauvagnac et dont on ignore encore dans quelles poches ils ont atterri. Scandale auquel s ajoute un autre scandale dans le scandale: ce million et demi d'euros, promis à "DGS" pour le prix de son silence, sans même compter l'assurance formelle que tous ses frais de justices ou d'éventuel redressement fiscal seront pris en charge par le "Syndicat" . Le "Syndicat" ... Comme on disait "la Famille", "l'Organisation" ; bref, la Mafia. On notera, tel que rappelé par notre confrère Marianne, que le gratin du grand patronat français figure dans l'organigramme de l'UIMM. Et pendant ce temps, ces mêmes patrons licencient et délocalisent à tout-va. Longtemps, ces gens ont cru tout pouvoir justifier par l'épouvantail communiste. Mais qui peut encore croire que derrière chaque ouvrier ou cadre, se dissimule un agent du FSB, acronyme de l'ancien KGB ?
Ce d'autant plus que cette «droite du fric » file maintenant le parfait amour avec la « gauche du fric », idylle officiellement " actée " par le récent rapport de la Commission Attali. Le fric de cette droite méprise le peuple et ne connaît pas de frontières ; les idées de cette gauche, itou. Car pour eux, l'internationale des multinationales sera le genre humain, genre dans lequel l'humain n'est plus qu'un consommateur, interchangeable à l'infini. Et c'est ainsi que les profits de ces multinationales - qui, de fait n'ont plus de françaises que le nom - accumulent des profits en hausse exponentielle, tandis qu'irrémédiablement, la France et les Français continuent de s'appauvrir. Démonstration par la grande distribution, nouveau mal français qui, payant de moins en moins cher aux paysans leurs produits, les revend ensuite à des coûts de plus en plus prohibitifs aux consommateurs, et voit ses marges augmenter en proportion. Comme quoi, dans ce capitalisme mondialisé, ce sont les intermédiaires - des parasites donc- qui se taillent la part du lion. Dans la foulée, alors que le libéralisme économique est censé reposer sur la concurrence, le leur l'est sur le monopole de fait, soit l'écrasement progressif des petits commerces de centre-ville.
C'est vrai en France, mais également à l'étranger, au Maghreb comme en Europe de l'Est. Les mêmes yaourts, à Alger comme à Varsovie.
Certes, cette droite-là, alliée à cette gauche-ci, a toujours peu ou prou existé. Mais au moins était-elle contenue par la droite des valeurs et la gauche du travail, sorte d'alliance à la Jean Renoir, dans La Grande illusion, conclue entre l'aristocrate Pierre Fresnay et le très prolétaire Jean Gabin. Il n'est pas inenvisageable que ces antiques alliances puissent, un jour prochain, être à nouveau d'actualité.
Béatrice PEREIRE N. Hebdo 2008 -
Cherbourg : le socialiste Hollande préfèrent des Roumains sous-payés à des travailleurs français
Désillusions aux chantiers navals de Cherbourg
Le 30 septembre dernier, accompagné de quatre ministres dont Arnaud Montebourg et Bernard Cazeneuve, François Hollande avait annoncé à Cherbourg la commande par le Mozambique de 30 navires (24 chalutiers ; 6 patrouilleurs et intercepteurs) auprès des Constructions mécaniques de Normandie de Cherbourg, pour une valeur globale de 200 millions d’euros.
Représentant un carnet de commandes de deux ans, ce contrat tombait à pic pour les CMN qui, quelques mois plus tôt, avaient pris des mesures de chômage partiel pour 80 de ses 350 salariés.
L’annonce triomphale cède à présent la place à l’amertume et à la désillusion. Sur les trente navires prévus, les CMN vont construire huit chalutiers à Cherbourg et y réaliser l’assemblage et l’intégration des six patrouilleurs et intercepteurs. Pour des raisons de rentabilité, les autres navires seront construits à bas coût en Roumanie. Pour ce même motif, le chantier vient de faire appel à la main d’œuvre étrangère « low cost » en provenance de Roumanie et de Lituanie : 13 travailleurs intérimaires sont arrivés sur le chantier fin octobre et 40 travailleurs « sous forfait » ont pris leurs fonctions cette semaine à Cherbourg...[...]
Karim OUCHIKH, Président exécutif du SIEL (Souveraineté, Indépendance Et Libertés), Administrateur du Rassemblement Bleu Marine - La suite ici
http://www.actionfrancaise.net/craf/?Cherbourg-le-socialiste-Hollande
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Cancer de l’assistanat ? Non, de la pauvreté
Bonnets rouges des Bretons en colère, plans sociaux en rafale, palinodies fiscales en cascade, cafouillages gouvernementaux, plans sur la comète d’un éventuel remaniement, sondages toujours plus abyssaux pour le chef de l’État (21% de confiance dans le dernier baromètre de TNS-Sofres), sans parler des ignobles injures racistes à l’encontre de la ministre de la justice, Christiane Taubira : l’actualité nationale est plongée dans un maelström que plus personne ne semble capable de maîtriser.
Au point d’effacer, dans l’instant même où elles apparaissent, les images les plus fortes. Celle par exemple – c’était le 10 octobre… autant dire une éternité -, de cette chômeuse mulhousienne, Isabelle Maurer, qui cloua littéralement sur son siège Jean-François Copé, lors de l’émission « Des paroles et des actes » de France 2. En dix minutes – avec l’énergie non pas du désespoir mais de la dignité -, elle raconta cinquante ans de galères, de précarité, de rage de s’en sortir avec les 470 euros par mois du RSA et de maigres petits boulots. En dix minutes saisissantes, elle fit entendre la voix des « pauvres », contre tous ceux qui les accusent de vivre en assistés, aux crochets des aides publiques : « On survit avec le peu qu’on ose nous donner. Bientôt, on pourra plus se payer un morceau de savon pour se laver, et faut encore que je dise merci ! »
Les pauvres ? L’Observatoire des inégalités vient de leur consacrer une note qui, derrière la sécheresse des chiffres, dresse le profil de cette France taraudée par l’angoisse du lendemain.
En 2011, l’on comptait 4,9 millions de pauvres, soit 8 % de la population, si l’on retient le seuil de pauvreté à 50 % du revenu médian (soit 814 euros mensuels pour une personne seule ou 1 709 euros pour un couple avec deux enfants). Mais ce chiffre double pratiquement quand on retient le seuil de 60 % du revenu médian (977 euros de revenus mensuels pour une personne seule, 2 052 euros pour un couple avec deux enfants) : dans ce cas, l’on compte 8,8 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté, soit 14,4 % de la population.
Quel que soit le seuil retenu, ces chiffres confirment, selon cet observatoire, le « changement historique » enregistré depuis une dizaine d’années : si la pauvreté avait baissé entre les années 1970 et la fin des années 1990, elle est nettement repartie à la hausse depuis, et en particulier depuis 2008 : « Entre 2002 et 2011, le nombre de personnes pauvres au seuil de 50 % a augmenté de 1,2 million (+ 31 %) et le nombre au seuil de 60 % a progressé de 1,3 million (+ 18 %). »
Encore ces chiffres ne couvrent-ils pas les années 2012 et 2013. Or, elles n’ont pu qu’accentuer la tendance si l’on tient compte de la forte crue du chômage depuis deux ans. A titre indicatif, le nombre des chômeurs de longue durée (plus d’un an) qui viennent le plus souvent grossir les rangs des pauvres, a dépassé 2,1 millions de personnes en septembre 2013, en progression de 14 % en un an…
Double peine
Tel est l’état des lieux, accablant dans un pays certes en sérieuse difficulté, mais qui reste l’un des plus riches du monde. D’autant plus accablant même qu’il n’empêche pas certains à droite (et des médias prompts à leur emboîter le pas) de dénoncer le « cancer de l’assistanat », voire les pauvres eux-mêmes.
C’est tout l’intérêt d’un petit ouvrage réalisé par ATD Quart Monde (En finir avec les idées fausses sur les pauvres et la pauvreté, Les Éditions de l’Atelier, 188 p., 5 €) de répliquer aux dizaines de poncifs en vogue.
« Les pauvres font tout pour profiter au maximum des aides » ? Faux. Un grand nombre des personnes éligibles aux différentes aides n’en font pas la demande : 50 % pour le RSA, 68 % pour le tarif de première nécessité d’EDF, 50 % à 70 % pour les tarifs sociaux dans les transports urbains… « Les pauvres sont des fraudeurs ». Faux.
Pour 60 millions d’euros de fraude au RSA détectés en 2009, l’on comptait plus de 200 millions de travail non déclaré par les entreprises, 370 millions de fraude douanière et 2,5 milliards de fraude fiscale détectée… « Les pauvres ne paient pas d’impôts ». Encore faux. S’ils échappent à l’impôt sur le revenu, ils sont soumis à la plupart des autres, notamment la TVA et la CSG ; le taux d’imposition des 10 % de Français les moins riches est d’environ 40 %. « On peut gagner plus avec le RSA qu’avec le SMIC ». Toujours faux. Exemples précis à l’appui, ATD Quart Monde démontre que « si l’on galère avec le SMIC, on galère encore plus avec le RSA ».
Dans son dernier ouvrage (Cela devient cher d’être pauvre, Stock, 212 p., 12,5 €), Martin Hirsch y ajoute une autre dimension. L’ancien haut-commissaire aux solidarités actives démonte minutieusement le mécanisme de la « double peine » dont sont victimes les plus modestes : non seulement la part de leur budget consacrée aux dépenses contraintes (logement, chauffage, téléphone, assurance…) a pratiquement doublé en vingt-cinq ans, mais ils payent ces dépenses plus cher que la majorité de la population ; le montant de ces surcoûts, particulièrement marqués pour la santé et le crédit, « représente 6 % à 8 % des revenus des ménages les plus pauvres », selon M. Hirsch.
Et il conclut : « Au-delà de la question morale que posent les conditions de vie des plus modestes, l’aggravation de la pauvreté est une menace pour la cohésion de la société tout entière. Les signes avant-coureurs du point de rupture sont le populisme, le pessimisme et l’intolérance. » Nous n’en sommes pas loin.
http://fortune.fdesouche.com/332231-cancer-de-lassistanat-non-de-la-pauvrete#more-332231
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La colère bretonne contre l'erreur fiscale de trop de la République.
Se promener avec un bonnet rouge sur la tête ne laisse pas indifférents les passants parisiens ou versaillais : quelques marques de sympathie, d’autres d’inquiétude, parfois de l’agressivité et des mots que l’on pourrait facilement taxer de « xénophobie », surtout de la part de quelques partisans du gouvernement en place ou d’admirateurs de la mondialisation… Il est amusant de constater combien un simple couvre-chef peut créer du lien social et comme il est devenu un véritable symbole, à la fois de la Bretagne et de la révolte fiscale en cours !
Dans l’histoire, la révolte des bonnets rouges de 1675 s’inscrit dans la longue cohorte des révoltes populaires contre l’impôt et, par la même occasion, contre l’Etat central ou, du moins, de ses relais sur le lieu de la contestation : celle-ci fut terrible, tout comme la répression qui s’ensuivit… Mais il en reste quelques leçons que nos gouvernants, entre autres, feraient bien de méditer avant que de commettre de nouveaux impairs.
Tout d’abord, la question même de l’impôt, de sa légitimité et de son acceptabilité : tout Etat digne de ce nom doit trouver les moyens de se financer pour pouvoir maîtriser les territoires et aider les populations, engager de grandes politiques et être présent sur la scène internationale, tout simplement pour « être et durer » et représenter les intérêts de la nation, les défendre et les faire prospérer. En période de crise (qu’elle soit géopolitique comme en 1675 avec la guerre de Hollande –le pays, pas la personne…, ou économique et financière comme aujourd’hui, marque d’une mondialisation en cours, moins heureuse qu’espérée), trouver de l’argent est un art plus délicat encore que d’ordinaire, et qui nécessite un certain doigté si l’on veut éviter les réactions brutales : oublier les spécificités locales dans un pays aussi pluriel que la France, chatouiller les susceptibilités provinciales ou socio-professionnelles ou vouloir passer en force sans un minimum de concertation avec les parties concernées, en particulier celles appelées à s’acquitter de nouvelles taxes ou impositions, c’est risquer le mécontentement explosif, la contestation active et l’émeute revendicatrice. Colbert, en 1675, en négligeant la particularité de l’autonomie bretonne, a allumé, peut-être sans en saisir toutes les conséquences, un incendie qui mit bien du temps à s’apaiser et desservit l’Etat central sans satisfaire le Roi, obligé d’envoyer des troupes dans la province rebelle et risquant sa postérité… L’historien breton La Borderie, pourtant royaliste convaincu (il fut député monarchiste de Vitré de 1871 à 1876), n’hésita pas à parler, pour évoquer la répression royale de 1675, de « despotisme », même s’il cible plus Colbert que le souverain lui-même… Le gouvernement Ayrault devrait se souvenir de cela, sans doute, s’il ne veut pas perdre tout crédit (ou plutôt ce qui lui en reste…) dans une région qui, pourtant, lui était électoralement très favorable en 2012. Mais il est vrai que, contrairement à la structure institutionnelle étatique d’une monarchie qui restait encore « fédérative » à défaut d’être complètement fédérale, la République se veut « une et indivisible » et, donc, égalitaire, au risque de ne pas prendre en compte ce qui fait la diversité française et de se heurter à des réalités qui, elles, ne sont pas identiques d’un bout à l’autre du territoire national…
D’autre part, pour être acceptable et accepté, un impôt ou une taxe doit avoir une « raison d’être » et apparaître comme utile, voire nécessaire, aux populations qui doivent l’acquitter : or, qu’a-t-on vu avec cette fameuse « écotaxe », si mal nommée en fait ? C’est qu’elle devait plus rapporter à une société privée, baptisée Ecomouv, qu’à la Bretagne elle-même ! Cela nuit, évidemment, à la crédibilité de cette taxe qui apparaît plus devoir bénéficier à des actionnaires ou à des intérêts privés qu’à la collectivité elle-même : le principe de la « Ferme générale », déjà condamné sous l’Ancien régime parce qu’elle semblait trop profiter à quelques riches « percepteurs », n’est pas plus populaire ni compréhensible aujourd’hui qu’hier…
Mais là n’est pas le plus grave : en fait, cette taxe n’était accompagnée, pour lui donner crédit près de la population, que de vagues projets de transports ferroviaires, d’autant plus incompris en Bretagne que la SNCF a abandonné toute velléité de ferroutage dans cette province et qu’il n’a guère été évoqué d’alternative à la route en cette même région ! Pourtant, la reconstruction d’un réseau ferré dédié au transport de marchandises et de camions sur plateforme ferroviaire devrait être une priorité, mais aussi l’étude et la mise en place d’un système de cabotage ou de merroutage qui relierait les côtes de Bretagne aux grands ports nationaux (en particulier Le Havre, à l’embouchure de la Seine) pour éviter les routes et diminuer la pollution du transport routier… Or, rien de tout cela ! D’où l’incompréhension et l’absence de légitimité de cette nouvelle taxe, aggravées par les difficultés actuelles de l’économie en Bretagne, en particulier dans le secteur agroalimentaire.
Prisonnière de ses principes et de ses maladresses, la République se heurte désormais à une colère bretonne dont les derniers événements montrent qu’elle n’est pas qu’une simple flambée mais bel et bien une contestation plus profonde qui fait suite à un malaise lui aussi enraciné dans le tissu provincial, sur le plan social comme politique : au-delà de la politique fiscale, c’est aussi toute la politique d’aménagement du territoire mais aussi d’autonomie régionale que l’Etat doit repenser.
Mais la République peut-elle faire ce double effort à l’heure où la mondialisation menace la réalité même de l’Etat et avec un gouvernement qui apparaît désormais isolé et condamné à brève échéance ?
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La séparation du couple, cause d'appauvrissement
Le Secours catholique vient de publier son rapport annuel (88 pages) sur la pauvreté en France. On y lit que :
- En 2012, le Secours Catholique a soutenu 9 000 personnes de plus qu’en 2011 (5 000 adultes et 4 000 enfants) soit une augmentation de 0,6 %, alors que la population résidant en France a augmenté de 0,47 %.
- Le Secours Catholique reçoit 70 % d’adultes seuls (avec ou sans enfants) et 30 % de couples.
- Alors que le nombre de mères seules diminue légèrement, le nombre de pères seuls augmente, ce qui maintient à 31 % la part des familles monoparentales dans la population rencontrée. Le Secours Catholique constate que les familles monoparentales (31 %) sont surreprésentées au sein des ménages accueillis par le Secours Catholique (alors que ces familles ne représentent que 8% des ménages) :
Mais si la majorité des ménages avec enfants accueillis sont des familles monoparentales (57 % en 2012), l’augmentation du nombre de couples avec enfants se confirme (+ 2 500 entre 2011 et 2012), ce qui signifie que les familles françaises s'appauvrissent.Ce qui n'est pas étonnant avec la cascade de mesures anti-familiales que nous subissons.