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tradition - Page 39

  • Héritage celtique

    FnIrbFNAdM9JeBJpXH0oZdYMw-g.jpgAnalyse : Ian BRADLEY, Der Keltische Weg, Knecht, Frankfurt am Main, 1996.

    L’engouement pour les matières celtiques est significatif en Allemagne aujourd’hui, dans la mesure où il est relativement récent, une trentaine d’années tout au plus, si l’on fait abstraction des travaux de philologues pointus ou d’une figure comme von Thevenar (mort en 1943), l’ami d’Olier Mordrel et le spécialiste du nationalisme breton… qui inspira un personnage d'un roman de Le Guillou. Dans l’historiographie allemande d’il y a quelques décennies, l'accent avait été mis essentiellement sur l’héritage germanique, opposé à l’apport romain par protestantisme anti-catholique (Los von Rom) ou par nationalisme nordicisant. La part celtique de l’héritage allemand, pourtant bien présente dans les provinces du sud du pays, restait la parente pauvre pour les littérateurs à la mode et les idéologues. Elle ne fut pas mobilisée pour enchanter les esprits et pour faire rêver les cœurs ardents, elle ne suscita ni engouement juvénile ni dynamique féconde.

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  • L'identité française et l'alliance avec la Sagesse éternelle (texte de 2014)

    L'identité française et l'alliance avec la sagesse éternelle .jpeg

    La France, ce grand arbre dont les racines ont été méthodiquement coupées.

    Qu'est-ce que l'identité française ? La fracture révolutionnaire, puis les déracinements majeurs qui se sont succédé au cours du XXe siècle, rendent incertaine la réponse à cette question. À moins que Jean Paul II ne l'ait donnée...

    Le 1er juin 1980, au Bourget, le pape Jean-Paul II s'adressait à une foule attentive et par-delà cette foule, à tous les Français. En concluant son homélie, il posa une question inattendue, qui toucha les consciences parce qu'elle ne s'adressait pas seulement aux Français actuels, mais à « l'âme » collective de la nation, issue de son histoire : « France, Fille aînée de l'Eglise, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ? Permettez-moi de vous demander France, Fille de l'Eglise et éducatrice des peuples, es-tu fidèle, pour le bien de l'homme, à l'alliance avec la sagesse éternelle ? »

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  • Les Grecs et leurs dieux 4/4

    Ce n’est aucunement là pour le Grec comme pour Goethe un article de foi, mais bien plutôt la plus profonde de toutes les expériences qu’il éprouve, les sens en éveil et l’esprit clair. Winckelmann, que nous réapprenons aujourd’hui à écouter après une longue période d’obscurité et de pensée tourmentée, a fort bien su que l’accompli et le divin sont repos et silence. Les Grecs le lui avaient appris (cf. Histoire de l’art, 5, 3, 3 ff.).

    « Créez une beauté grecque, lance-t-il aux artistes, qu’aucun œil n’a encore vue, et élevez-la, si cela est possible, au-dessus de toute sensation qui pourrait altérer les traits de la beauté. Qu’elle soit comme la sagesse qui fut engendrée du dieu, plongée dans les délices de la félicité, et qu’elle soit, sur de douces ailes, portée jusqu’au silence divin » (lettre du 14 avril 1761).

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  • Les Grecs et leurs dieux 3/4

    Cette aide, voire la mise hors jeu de l’identité propre, loin de porter préjudice à l’exaltation héroïque, l’élève bien plutôt jusqu’au plus haut.

    Mais même dans des situations d’un autre genre, l’action humaine est proprement un acte divin. Là où précisément nous mettons l’accent sur la décision propre de l’homme, et où nous lui accordons la plus grande valeur, Homère voit la manifestation d’un dieu. Le récit évoqué plus haut d’Achille et d’Athéna (Iliade, I, 188 ff.) en est un exemple majeur. Le poète raconte d’abord tout comme nous le ferions : « L’outrage qu’il a subi de la part d’Agamemnon atteignit Achille d’une douleur sauvage, et son cœur balança le pour et le contre pour savoir s’il allait tirer l’épée, disperser l’assistance et tuer l’offenseur, ou bien s’il devait calmer son dépit et maîtriser sa fougue. Tandis qu’il remuait en lui ses pensées et déjà sortait son épée du fourreau, alors… »

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  • Les Grecs et leurs dieux 2/4

    Nous devons cette nouvelle au fameux hymne à Zeus de Pindare, qu’on connaît en partie bien qu’il ait été perdu. Il y était dit que Zeus, après que fut achevée la nouvelle figure du monde, interrogea les dieux qui étaient plongés dans un étonnement muet, et leur demanda s’il manquait encore quelque chose pour parvenir au plein achèvement. Et ils répondirent qu’une seule chose manquait, une voix divine, susceptible d’annoncer et de célébrer toute cette merveille. Et ils le prièrent d’engendrer les Muses.

    Nulle part au monde ailleurs que dans le mythe grec, il n’a été donné au chant et à la haute langue de signifier l’être.

    L’être du monde s’accomplit ainsi dans le chant et le dire. Il appartient à son essence qu’il doive se manifester, justement comme divin, proféré par la bouche des dieux. Dans le chant que chantent les Muses, retentit la vérité de toutes choses comme un être rempli de dieux, brillant depuis la profondeur, et manifestant la splendeur éternelle et la quiétude bienheureuse du divin, même au sein de ce qui est le plus sombre et le plus souffrant.

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  • Les Grecs et leurs dieux 1/4

    Pourquoi fait-on si peu de cas du monde des dieux des anciens Grecs, qu’on étudie avec un zèle scientifique comme objet d’un intérêt antiquaire, sans penser qu’au-delà il possède un sens et une valeur, et que, comme tout ce qui est d’importance dans le passé, il pourrait peut-être bien nous concerner aussi ?

    La première raison tient naturellement au triomphe d’une religion qui, bien loin de la tolérance dont faisaient preuve toutes les religions antérieures, affirme sa prétention à détenir seule la vérité, de sorte que les conceptions de toutes les autres, et en particulier celles de la religion grecque et de la religion romaine qui prévalaient jusque-là en Europe, ne peuvent qu’être contraires à la vérité et condamnables.

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  • La révolution contre la famille (texte de 2014)

    Le bouleversement du droit de la famille depuis un demi-siècle n'est pas le fruit d'une évolution naturelle, mais d'une volonté révolutionnaire.

    « La famille a changé. Ce qui pouvait passer il y a trente ans pour une péripétie est désormais reconnu comme une véritable mutation. » Cette citation est tirée d'un rapport intitulé Couple, filiation et parenté aujourd'hui, rédigé en 1998, à la demande de Martine Aubry et d'Elisabeth Guigou, par la sociologue Irène Théry.

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  • Le sacré et le mythe 3/3

    Par nature, le mythe se situe donc d'emblée au-delà du vrai et du faux, au-delà des confirmations comme des démentis, de la croyance comme du doute. Il est de l'ordre du réel, il manifeste l'autorité (grec archè) originelle de la chose même. Les mythes d'un peuple regroupent, souvent sous forme ésotérique, toujours sous une forme poétique et épique, des récits de trois types : les récits cosmogoniques, décrivant la naissance et l'évolution de l'univers, des hommes et des dieux, ainsi que l'histoire originelle de leur peuple ; les récits théogoniques, où résident l'histoire et la généalogie des forces spirituelles, donnant ainsi les relations fondamentales qui existent entre les concepts ésotériques d’Être et de Non-Être, de science et de magie.

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  • Le sacré et le mythe 1/3

    « Le sacré relève d'abord d'une perception de choses manifestant le divin, et non d'un état de croyance impliquant l'adoption d'une vérité absolue. » (Jean-Jacques Wunenburger)

    « La mythologie comprend l'histoire archétypique du monde originel ; passé, présent et futur y sont embrassés. » (Novalis)

    « Le symbole est une représentation qui fait apparaître un sens secret. Il est l'épiphanie d'un mystère. » (Gilbert Durand)

    "Le poids des mots, le choc des photos" dit la publicité d'un hebdomadaire contemporain bien connu. Ce slogan, bien que purement commercial, est frappant. C'est bien évidemment son intention mais nous pourrions nous demander pourquoi il apparaît tel. Le poids des mots doit certainement faire appel à la résonance que le verbe a sur notre imaginaire et nous renvoyer à l'importance qu'avait — et qu'a encore, mais dans une moindre mesure -, l'oralité. L'attrait de l'enfant pour les histoires qu'on lui conte et le plaisir des adultes pour les veillées d'autrefois autour d'un conteur ne sont certainement pas étrangers à cet impact. Le choc des photos, quant à lui, est certainement dû à l'aspect moderne de la technique photographique qui autorise de fixer l'instant sur du papier, mais est encore plus fortement lié au fait que cette technique stimule notre imaginaire et fait jaillir des images connexes. L'oralité et l'image avivent ainsi des échos au plus profond de nous et, parfois, nous amènent à revivre par la pensée, mais aussi par les sentiments et les émotions qu elles suscitent, des événements antérieurs.

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