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Face au déracinement, fonder une communauté – Victor Aubert – VIe Forum de la Dissidence de Polemia
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« Lorsque les sols sont morts, comment parler de terroirs ? »
David Foubert est vigneron bio. Comme il y a des vendanges tardives, il y a des vocations tardives : il s'est installé à 40 ans et vit son travail comme une passion. Il fait un vin qui est donc le fruit de sa passion : du fruit en barre, cette cuvé saumuroise de son domaine, La Folle Berthe… J'ai dégusté ! Et je dois dire que le bio, en vin, je suis conquise !
Entretien avec David Foubert, vigneron bio
Monde&Vie : On ne voit pas les vignerons manifester en ce moment : contrairement aux éleveurs de porcs ou aux producteurs de lait, vous êtes heureux ?
David Foubert : À titre personnel, oui ! Pour la filière viticole, c'est beaucoup plus mesuré. Elle subit en fait deux tendances contradictoires comme l'ensemble de l'agriculture. D'une part, une tendance à l'hyper-concentration des terres qui se termine par une dépossession complète : les exploitations deviennent tellement grandes que seuls des grands groupes financiers ou des investisseurs peuvent acheter la terre. En Anjou, des domaines avoisinent les 100 hectares. Multipliez par 20 ou 60 000 euros l'hectare, cela vous donne une idée de l'investissement nécessaire (hors chai, matériel, etc.). À Sauterne par exemple, la plupart des domaines appartiennent aux groupes du CAC 40 et c'est une tendance qui arrive également sur les bords de Loire. Autant dire que, dans cette perspective d'hyper-concentration, s'installer devient vraiment improbable pour un jeune.
Mais il y a aussi une deuxième tendance, à laquelle j'appartiens. Elle s'inscrit dans une approche contraire tout sauf la concentration. On vise plutôt une installation sur une petite surface qui permet de travailler sereinement et de faire de la qualité.
Justement, on parle beaucoup de la qualité française à l'occasion du Salon.
Certes. Là encore, la réalité recouvre des situations vraiment différentes voire contradictoires. Lorsque j'entends la FNSEA parler de qualité française en incluant certains céréaliers dont les blés ne sont plus capables de faire du pain, comme l'explique Claude Bourguignon(1), on se demande de quoi l'on parle. Si l'on accepte de regarder la situation en face, le plus souvent, les sols se sont appauvris quand ils ne sont pas morts les aliments que nous consommons ont une qualité nutritive qui peut être 70 % moindre qu'il y a quarante ans… Vous n'aurez aucun mal à relier cela à la malbouffe ou à l'explosion des cancers.
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Le génie celte
• Recension : Le monde celtique, Miranda Green, Flammarion, 1996.
Au IVe siècle avant l'ère chrétienne, la "koïnè" celtique s'étend sur une grande partie de notre continent, des Balkans aux îles Britanniques. Cette communauté culturelle s'exprime tant par l'exubérance de son art que par ses rites funéraires. Ces vestiges archéologiques, ainsi que les "scéla" heureusement recueillies par les moines irlandais, mais fâcheusement passées au crible de leur esprit évangélique, nous permettent d'appréhender cette civilisation de tradition essentiellement orale. Quiconque a contemplé torques, fibules et autres reliques celtiques ne peut plus se contenter de récits grecs et romains qui laissent entrevoir un peuple rude aux coutumes barbares. Ouvrons Le monde celtique [The Celtic World, 1995] de l'historienne Miranda Green, auteur de plusieurs ouvrages de bonne vulgarisation (dont un remarquable The Sun Gods of Ancient Europe, Batsford Ltd, Londres, 1991) et découvrons, au fil d'une riche iconographie, un art d'une finesse extrême. Vivant en symbiose avec la nature, l'artiste celte en saisit l'âme et en dégage l'aspect intangible et éphémère et traduit ses émotions en un foisonnement de spirales et d'entrelacs. Tout un monde baroque et mystérieux s'éveille alors sous nos yeux : des visages insaisissables surgissent d'entre vrilles et volutes, des animaux se métamorphosent en monstres fantastiques, des têtes d'oiseaux se cachent dans les lobes des triscèles. Asymétrie et opposition apportent force et tension à cet art de l'illusion et de la surprise, à la puissante symbolique. Expressions des croyances et des aspirations de la société celtique, ces émouvants Vestiges pallient quelque peu la désespérante absence de sources écrites.
► Anne Ramaekers, Antaios n°11, 1996.
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Le Vampire de Londres - Histoire du cimetière de Highgate
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SPARTA, UNE NOUVELLE REVUE ENRACINÉE
Communiqué de l'éditeur :
Sparta, nom de l’épouse d’un fils de Zeus qui renvoie bien sûr à la célèbre cité grecque, est le titre d’une publication sans périodicité fixe des éditions Aidôs. Sparta n’a aucun équivalent dans l’espace francophone et n’a eu que très peu de devancières dans la culture européenne depuis 1945: la revue romaine Ordine Nuovo, essentiellement évolienne; Nouvelle École (dans une certaine mesure); et Mars Ultor, dirigée en Allemagne par Pierre Krebs. Sparta est une publication ouvertement païenne, racialiste et identitaire, qui naît sous le triple parrainage augural du Rig-Veda, de Nietzsche et de Savitri Devi. Sparta, dès son premier volume, fait le pari de la qualité, tant sur le plan graphique, sobre et soigné, que sur celui du contenu. Grâce à Sparta, vos idées sont enfin défendues et affirmées avec rigueur et érudition ; vous y trouverez une écriture élégante, des références dûment vérifiées et complètes, des traductions (de l’allemand, de l’anglais, de l’italien) vraiment fiables. Sparta reflète le professionnalisme et la compétence de collaborateurs qualifiés, qui ont fait leurs preuves depuis longtemps : Jean Haudry, Philippe Baillet, Pierre Krebs, Jean Plantin, David Rouiller, auxquels viendront bientôt s’ajouter d’autres noms.
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Les fondements du paganisme celtique et slave
Celtes et Slaves honoraient un dieu du ciel et nous en retrouvons les traces aujourd'hui encore dans des mythes, des noms de sites cultuels, des coutumes traditionnelles. Les mythes celtiques, après une christianisation superficielle, ont été transposés dans des littératures richissimes, qui continuent à nous enchanter. Les Slaves ont pu conserver sans trop de problèmes leurs propres mythes dans les coutumes de la religion orthodoxe, demeurée paysanne et enracinée. Mais certains mythes importants semblent manquer, ne pas avoir survécus : ce sont surtout les mythes cosmogoniques. Cela ne signifient pas que Celtes et Slaves n’ont jamais eu de mythes cosmogoniques.
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Plaidoyer pour un retour de la monarchie !, par Frédéric de Natal.
« La solution dynastique aurait l’avantage de faire disparaître la rivalité quais structurelle entre le président de la république et le premier ministre et de rééquilibrer la constitution gaullienne selon la lettre et l’esprit du texte de 1958 (…) ».
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Mystères pontiques et panthéisme celtique à la source de la spiritualité européenne 3/3
Le christianisme de Kyrillos s’étoffe d’un triple apport philosophique et théologique, écrit Osterrieder. Il repose :
- a) Sur un culte de la “sophia”, une sagesse personnifiée sous les traits d’une belle jeune femme dans le culte orthodoxe de Sainte-Sophie (Haghia Sophia).
- b) Sur une “gnose”.
- c) Sur une interprétation du mystère de la Pentecôte, où, après réception de la grâce, le croyant voit son individualité renforcée et acquiert force et liberté.
Le séjour de Kyrillos en Crimée
Cette synthèse originale, Kyrillos l’a forgée au cours de ses multiples pérégrinations. Diplomate au service de Byzance, il est envoyé en ambassadeur chez les Khazars pour négocier leur alliance contre l’Islam qui risque de contourner le territoire byzantin par le Nord en empruntant, en sens contraire, le chemin des Scythes. Kyrillos séjourne en Crimée : il y visite les communautés grecques et les monastères troglodytes, où sont conservés quantité de manuscrits. À cette époque, la Crimée reçoit une double influence : celle du Nord varègue-scandinave et celle de l’Iran, via la Géorgie et les peuples de cavaliers de la steppe. La Crimée fait ainsi la synthèse entre les influences varègues venues par les grands fleuves russes, byzantines venues par la Mer Noire et irano-scythes venues par l’intermédiaire des peuples cavaliers. La sphère pontique, pour Osterrieder, est le site d’une formidable synthèse d’éléments divers et est le produit d’une alchimie ethnogénétique particulière, où l’Iran apporte son mazdéisme et son zoroastrisme, le continent euro-sibérien le chamanisme des peuples finnois et centre-asiatiques et la religiosité autochtone, un culte de la Terre-Mère.
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Mystères pontiques et panthéisme celtique à la source de la spiritualité européenne 2/3
Ce souci d’éliminer à l’Ouest le “schismatisme irlandais” allait de pair avec la volonté de contenir la religiosité slave, également de forte facture monastique. Cette religiosité connaissaient pour l’essentiel deux formes de monachisme : les koinobites, soit les communautés monacales structurées, et les skites, soit les ermites indépendants, disséminés sur tout le territoire slave. Les skites ne subiront le courroux de l’église russe-orthodoxe qu’à partir des XVe et XVIe siècles sous Iossif de Volokolamsk. Ce prince moscovite détruit le skitisme libertaire, mais n’y parvient pas entièrement : le peuple continue à se choisir des prêtres indépendants, les starets. Le monachisme slave vient du Proche-Orient, via Byzance et le Mont Athos, via les cloîtres-cavernes de Crimée et de Kiev. Un autre filon monachiste partait également du Proche-Orient pour aboutir à l’Irlande, via l’Afrique du Nord pré-islamique (Alexandrie, Carthage), l’Espagne (Séville, Braga, Lugo), la Gaule méridionale (Lérins, Marseille, Narbonne, Toulouse). La communauté de l’Ile du Lérins commence à fonctionner dès 375. Martin de Tours (325-397) fonde des communautés de moines dans toute la Gaule occidentale. Dans les Iles Britanniques, la première communauté monacale date de 397: c’est le cloître de Ninian à Whithorn en Ecosse occidentale. De là, le monachisme s’implantera en Irlande, pour connaître une étonnante destinée et un rayonnement extraordinaire. Bon nombre de découvertes archéologiques attestent des liens unissant les communautés monacales britanniques aux communautés du Proche-Orient. Les chroniques mentionnent la visite d’Irlandais en Égypte et d’Égyptiens en Irlande, qui n’était pas, à l’époque, une île isolée sur la frange atlantique de l’Europe.
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Mystères pontiques et panthéisme celtique à la source de la spiritualité européenne 1/3
• Analyse : Markus OSTERRIEDER, Sonnenkreuz und Lebensbaum. Irland, der Schwarzmeer-Raum und die Christianisierung der europäischer Mitte, Urachhaus, Stuttgart, 1995, 368 p.
Au IXe siècle, les missions irlando-écossaises, porteuses d’une vision panthéiste, et les missions inspirées par les héritages helléno-persans et byzantins de Cyrille et de Méthode se rencontrent au centre de l’Europe. Peu dogmatiques, ces courants qui n’ont finalement de “chrétien” que le nom, auraient parfaitement pu fusionner et donner à l’Europe une spiritualité plus conforme à ses aspirations profondes. Le moyen-âge post-mérovingien avait en effet été marqué par une imprégnation religieuse d’origine irlandaise, où, sans heurts, le passé druidique et panthéiste avait accepté en surface un christianisme non autoritaire, mêlant sans acrimonie deux traditions aux origines très différentes. Avec une politique systématique d’immixtion dans les affaires religieuses des peuples européens, avec la théologie augustinienne et les armées des Carolingiens, la Papauté, autoritaire et césarienne, éradiquera tant les acquis de la chrétienté irlando-écossaise que les paganismes résiduaires de Frise et de Saxe et que les fondations de Cyrille et de Méthode en dehors de la sphère byzantine (en Pannonie et en Moravie).