
par Laurent Guyénot
Dans son dernier essai, La Défaite de l’Occident, Emmanuel Todd remet en question «l’axiome» de l’État-nation qui règle les relations internationales depuis le XVIIIe siècle jusqu’à aujourd’hui (axiome fondateur des «Nations unies»). Il propose «une interprétation pour ainsi dire post-euclidienne de la géopolitique mondiale», qui ne repose pas sur l’État-nation, mais fait plutôt l’hypothèse de sa disparition prochaine1.
Todd balaie au passage l’idée que la «multipolarité» émergente sera compatible avec la «souveraineté» d’un pays européen comme la France. La multipolarité est un ordre mondial dont les acteurs principaux seront de grands ensembles civilisationnels régionaux. La France n’en fait pas partie, pas plus qu’aucune autre nation européenne isolée. L’Europe, qui se définit comme une multipolarité à elle toute seule, peut-elle devenir un pôle civilisationnel dans la multipolarité globale ?