L’académicienne vendéenne Danièle Sallenave a accordé le 23 juin un entretien au Monde dans lequel elle explique que « l’identitarisme est la maladie du XXIème siècle», en quoi « le républicanisme néoconservateur et le catholicisme traditionaliste s’allient pour défendre une Europe blanche et chrétienne»… horresco referens! En fait d’identitarisme, elle fustige ici la saine et vitale réaction du peuple français, comme plus largement des Européens, devant les fléaux qui ont pour nom immigration de masse, acculturation, déracinement, marchandisation des individus… Autant de symptômes d’un mondialisme qui est lui bel et bien la maladie idéologique folle des élites pour lesquelles le verrou à faire sauter reste bien la nation et les grains de sable à balayer les arriérés, les ploucs qui y sont attachés. Certes, Mme Sallenave , qui ne manque jamais une occasion de tresser des louages à Emmanuel Macron, est une intellectuelle du sérail. Présidente du Haut comité des commémorations nationales, elle accepta sans broncher la décision de Françoise Nyssen, ministre de la culture, d’éradiquer le nom de Charles Maurras du Livre des commémorations nationales 2018. Et ce, alors que dans un geste sans précédent, dix des douze membres de ce Haut-Comité avaient décidé de refuser cette manifestation d’aplatventrisme en présentant leur démission collective pour ne pas avoir à endosser cette décision proprement totalitaire. Dans La Croix, en mars dernier, Danielle Sallenave, évoquant son dernier roman, pointait « avec énergie » « la violence d’une contre-offensive catholique au XIXe siècle qui a marqué durablement le paysage et les esprits. Ce catholicisme de combat avait reculé dans la deuxième partie du XXe siècle, il semble avoir regagné de la vitalité, témoin le mouvement de La Manif pour tous. C’est tout de même à Angers que des enfants ont crié à la ministre Christiane Taubira : La guenon, mange ta banane ! » On admirera la limpidité impartiale de la synthèse, le sens admirable de l’ellipse, l’art tout en finesse du raccourci de l’académicienne…
Certes, elle peut rendre des points au new-yorkais Art Spiegelman. Interrogé sur le site de France Culture, « l’auteur de Maus, l’unique B.D. qui a reçu le prix Pulitzer, où l’Holocauste est raconté avec des souris juives et des chats nazis », nous parle politique contemporaine avec là aussi une grande profondeur de vue.
« Aujourd’hui (aux Etats-Unis) ce sont les Arabes qui doivent porter le plus gros masque de souris, juste derrière eux les Afro-Américains et à côté les Hispano-Américains et juste derrière il y a MeToo, il y a les femmes. D’habitude c’est un certain genre de réactionnaires blancs qui sont derrière les chats du jeu… si on peut appeler ça comme ça, un jeu dangereux. Mais on ne peut pas les voir parce qu’ils portent un masque du Ku Kux Klan. »
Et si l’Amérique vit sous la botte des racistes/machistes qui y font régner la terreur, il se voit bien dessiner Emmanuel Macron en « genre d’animal domestique. »« S’il n’est pas le plus féroce berger allemand du coin, au moins il est domestiqué et empêchera le système, même s’il n’est pas parfait, de se retrouver aux mains des loups. »
Au nombre des loups nous retrouvons bien sûr Donald Trump, qui « n’est qu’un gros tas de m…. » dont la politique ne serait que « la manifestation locale de la même… m…, qui existe ici (en France) et en Italie et ailleurs »; tous ses sales européens de m... qui contestent l’avenir que veulent leur imposer les européistes, les partisans de la fuite en avant transnationale vers la gouvernance mondiale.
Et pour faire aboutir le projet, nous faire croire que cette Europe-là est encore sur les rails, la grosse propagande est de mise. Une dépêche de l’AFP explique ainsi que « les ministres des Finances de la zone euro se sont entendus (jeudi au Luxembourg) sur un vaste accord mettant fin à huit années de crise, d’austérité et de plans de sauvetage pour la Grèce. » Une divine surprise relayée souvent telle qu’elle par les grands médias. Un plan magique qui « doit permettre à Athènes de quitter, comme prévu, la tutelle de ses créanciers — zone euro et Fonds monétaire international (FMI) — le 20 août prochain pour recommencer à se financer seule sur les marchés, après plusieurs années de profonde récession et trois programmes d’aide », pour un montant de 273 milliards d’euros.
«Les Européens ont accepté vendredi d’allonger de dix ans les échéances de remboursement d’une grande partie de cette dette — dont le niveau reste le plus élevée de l’UE (180 % de son PIB) — et permettront aux Grecs de ne commencer à rembourser une partie des prêts qu’à partir de 2032, contre 2022 jusqu’à présent. » « La crise grecque s’achève ici, cette nuit. Nous sommes finalement arrivés au bout de ce chemin qui a été si long et si difficile. C’est un moment historique , s’est félicité le commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici. » « Je rends hommage au peuple grec pour sa résilience et son engagement européen. Ses efforts n’ont pas été vains », a twitté dans la nuit le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker.»
Interrogé par le figaro.fr, Philippe Waechter, directeur de la recherche économique chez Ostrum AM (Natixis), s’est montré nettement moins enthousiaste: « il existe une différence fondamentale entre l’aide accordée aux Grecs et celle des autres pays (Irlande, Espagne, Portugal, NDLR. (…). Ces prêts à répétition ont développé une accoutumance (en Grèce) qui a en échange pris des mesures trop drastiques qui ont tué l’investissement pendant 10 ans et poussé à l’exil une partie de la population, explique l’économiste. Les Grecs n’ont jamais eu le sentiment que ces aides seraient temporaires, ajoute-t-il, jugeant maintenant que l’économie laissée à elle-même se trouve dans une situation précaire, avec un coussin budgétaire d’une vingtaine de milliards qui durera un an et demi, après quoi le pays devra se financer sur des marchés peu enclins à lui prêter. Une demande intérieure atone, des infrastructures sous-financées et un climat des affaires globalement peu sain conduisent à penser que la fin de la perfusion européenne laisse l’économie grecque dans une situation préoccupante. »
Situation préoccupation qui est plus largement celle de cette Europe bruxelloise dont les jours paraissent comptés, à tout le moins sous sa forme actuelle. Le beau sursaut populaire italien – il s’est confirmé ce 24 juin avec les victoires lors deuxième tour des élections municipales de la coalition Ligue, Forza Italia, Fratelli d’Italia dans ce bastion de la gauche qu’est la Toscane, à Pise, Sienne et Massa- , pourrait accélérer ce processus de décomposition/ recomposition. Le nouveau gouvernent italien en tout cas ne semble pas prendre le chemin de la trahison emprunté à Athènes par l’homme de gauche Alexis Tsipras qui, élu pour résister à la troïka Commission européenne/ BCE/FMI, s’est couché devant elle en acceptant de rester enchaîné, une mise sous tutelle qui débouche sur la mort clinique de son pays.
Jacques Sapir le dit aussi, «L’Union européenne se décompose » et la crise des migrants en a été à la fois le révélateur et l’accélérateur. « C’est devenu désormais une évidence, que masquent de plus en plus mal les discours convenus et les faux-semblants de ceux que nos amis italiens appellent les euroïnomanes (…). Cette décomposition pourrait aboutir à un éclatement de l’UE comme elle pourrait aboutir aussi à son évolution vers une zone commerciale aux règles souples, organisée autour divers cercles de coopération eux-mêmes définis par des projets et des problèmes particuliers. Mais, quelle que soit la solution, et même si le nom Union européenne devait survivre, il est clair que ce ne serait plus l’UE telle qu’elle fut imaginée et mise en pratique depuis le vote du fameux Acte Unique de 1986. Nous assistons à l’écroulement de plus de trente années de construction européenne. »
Et au moment ou l‘Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) vient de publier « un texte sur le rôle délétère de l’Euro vis-à-vis des économies tant françaises qu’italiennes », M. Sapir affirme que, le geste de Matteo Salvini à propos de l’Aquarius (…) a provoqué une césure importante. Il a démontré qu’un pays pouvait s’affranchir des règles de l’UE et démontrer tout à la fois l’inexistence de la souveraineté européenne , ce mythe si cher à Emmanuel Macron et l’existence de sa propre souveraineté.»
« Ce geste aura des conséquences. Il contribue à redonner aux Italiens une confiance dans le gouvernement de leur pays et dans les capacités de ce dernier (…). Nous pourrions bien voir, dans les prochains mois, une accélération du processus de décomposition dont il a été fait mention. Dans le même temps, cet acte de récupération de la souveraineté n’est nullement incompatible avec la recherche de coopérations, dont les partenaires peuvent être choisis et ne seront plus imposés par Bruxelles. Se dessine alors les contours d’une autre forme d’organisation de l’Europe, une forme post-Union européenne, mais qui ne pourra s’affirmer qu’une fois constatée publiquement la mort de cette dernière. »
Et si le temps était enfin venu pour cette Europe des Nations Libres (U.N.E) que défendent les nationaux et Bruno Gollnisch depuis leur entrée au Parlement européen? Une Europe des patries, des libres coopérations économiques, scientifiques, culturelles? Une Europe qui protège, sanctuaire naturel des peuples qui l’habitent depuis l’aube des temps, une Europe des patries audacieuse, dynamique, fière de ses racines ? La vie commence toujours demain et ce message d’optimisme raisonné est d’ores et déjà porté par le RN dans la perspective des élections européennes de 2019.
https://gollnisch.com/2018/06/26/leur-vieux-monde-secroule-leur-europe-se-decompose-bonne-nouvelle/