Marc Augier, alpiniste, motard, baroudeur, entré en littérature sur le tard sous le nom de Saint-Loup, vient de mourir dans sa quatre-vingt troisième année. Il a écrit une bonne trentaine de livres consacrés à la guerre, à la montagne ou à l'automobile. Tous sont placés sous le signe de la vie dangereuse et du combat volontaire.
Qu'il affronte les éléments déchaînés, les meutes de chars d'assaut ennemis ou la solitude hostile des grands espaces, le héros de Saint-Loup est un homme qui tire du plus lointain de son sang la volonté d'aller jusqu'au bout. Cette œuvre, marquée par un retour au paganisme ancestral, possède une force peu commune et une unité profonde. De tous les thèmes que traita cet écrivain-aventurier, le plus significatif et aussi le plus nécessaire reste sans doute celui qu'il nomme « le cycle des patries charnelles ».
S'il y eut un écrivain « engagé », selon la formule lancée au lendemain de la guerre par des idéologues en pantoufles, ce fut bien Saint-Loup qui se lança, à corps et âme perdus, dans toutes les aventures de son siècle, le sport, la politique, la guerre, et tira ses livres du plus extrême d'une expérience vécue, faisant de chacun d'eux une sorte de manifeste illustrant, par la vie même de ses personnages, sa propre conception du monde, lentement échafaudée au hasard des rencontres et des combats. Il n'eut jamais l'esprit « gens de lettres », cet écrivain pour qui semble écrite la vieille chanson flamande
« De cuir est ma peau première
D'acier ma seconde peau... »
Lire la suite