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  • Casapound ?

     

    Une polémique anime les milieux « d’extrême-droite » depuis quelques semaines. Elle concerne le mouvement néo-fasciste italien Casapound, célèbre pour occuper depuis près de 10 ans un immeuble au cœur de Rome, et ayant suscité un certain enthousiasme chez ses voisins européens.
    Un article de F-X Rochette dans Rivarol a mis le feu au poudre : l’auteur y étrille un livre récemment paru sur le phénomène italien, écrit par l’un de ses cadres.
    Favorable au débat d’idées, nous mettons à votre disposition l’article, le droit de réponse de l’auteur et la réponse du journaliste.
    Les commentaires sont ouverts et vous pouvez y glisser d’autres contributions sur ce thème ! En courtoisie bien sûr.

    « Une terrible post-modernité dans la maison d’Ezra

    L’ouvrage est épais, dense… 370 pages compactes de lignes et de lignes interminables écrites par un fier Italien de 32 ans qui, incontestablement, ne transige pas avec la réputation de bavards qu’endossent assez justement nos voisins transalpins.

    Pourtant la forme d’abécédaire choisi pour le bouquin aurait pu permettre à son auteur d’économiser en l’occurrence non sa salive mais l’encre de son imprimante qui doit être elle-aussi plus ou moins italienne… Bon, vous l’aurez compris chers lecteurs, je n’ai pas trouvé dans l’ouvrage étudié ici de l’avoine nourrissante ou je ne sais quelle source d’inspiration, ou encore une problématique à creuser, enfin quelques choses à se mettre sous la dent.
    Et je dois l’avouer, c’est bien le troisième livre écrit par un Transalpin ces derniers mois qui me déçoit profondément, qui n’apporte rien ou presque de nouveau ou de pertinent à la petite bibliothèque nationaliste que nous essayons d’enrichir utilement.

    Mais dans ce cas, je suis exposé à un problème d’une autre ampleur, à une question terriblement lancinante : Le livre est ennuyant, certes, la forme est assommante, mais le défaut rédhibitoire de la chose ne provient-il pas non seulement de son argumentation (et pas seulement de sa forme) mais de son objet même ?
    Et je suis si anxieux devant cette conjecture que j’en oublie de citer tout simplement le titre du bouquin italien, parfois si mal traduit, qu’il en devient loufoque. Tant pis, je me jette à l’eau : Casapound, une terrible beauté est née.*

     

    Un livre d’Adriano Scianca qui prétend présenter en 40 mots la révolution en devenir (sic) de la « maison d’Ezra » (Pound). Voilà, j’ai osé affirmer d’emblée ma perplexité devant un « manuel » relatant « poétiquement » l’aventure urbaine de Casapound, et tant qu’à être franc soyons-le avec audace, c’est, je crois, Casapound en tant que telle que je n’apprécie pas outre-mesure. Oh l’hérétique iconoclaste que je suis !
    J’entends déjà certains lecteurs sidérés grogner leur mécontentement estimant que ce François-Xavier Rochette a le don de voir la petite bête qui fâche partout et de n’être pas gentil avec ces jeunes gens si dynamiques, qui organisent plein de concerts de rock et qui se tatouent tous le symbole de la Casa, une tortue, sur le bras…
    Et que dire de tous ces tee-shirts super à la mode confectionnés par les poundistes entre deux tags ou graphs immortalisant leur formidable volonté de puissance nietzschéenne. Ah ce ringard de Rochette poursuit, ironique, ses diatribes pour ne pas dire ses objurgations ! Entends-je !

    Nous allons être plus clairs. Le livre, que j’ai eu le courage de lire en espérant y trouver des réponses doctrinales sérieuses à mes questions concernant la généalogie idéologique de cette association juvénile, constitue une somme de prosopopées « irrationnelles » d’ailleurs présentées comme telles à travers certains passages (ou endroits) du texte !
    J’aurais certainement du prendre plus au sérieux les avertissements de Gabriele Adinolfi, préfacier dudit ouvrage, pour éviter pareil écueil. Relisons-les : « Le livre est important mais quelques avertissements sont nécessaires pour nos cousins de l’Hexagone. Je connais bien l’esprit français qui aime à expliquer le monde d’une manière cartésienne et systématique ». Ce qui signifie : « Si vous ne comprenez pas les propos de l’auteur, ou si vous les trouvez un brin légers, c’est parce que vous, Français, êtes dépourvus de cette faculté de saisir l’énergie sidérale de la communauté commune de la Polis ».

    Oh, encore cette vilaine ironie provocatrice ! Mais ma petite acrobatie verbale décrit assez justement l’argument d’Adinolfi.
    Le fascisme, pour notre préfacier comme pour Adriano Scianca, n’est pas dogmatique mais une manière de vivre intensément une philosophie existentialiste des plus caricaturales, « l’essence de cette différence ontologique que l’on pressent sans la comprendre », une sorte d’anarchisme (sic), un futurisme où l’acteur « hurle, parce que le hurlement est auto-affirmation, dépassement du bavardage (il semble être plutôt ici poussé à l’extrême), moquerie de la banalité » .

    L’un des objectifs de Casapound est ainsi de favoriser l’émergence d’une nouvelle rationalité… Une rationalité en quelque sorte irrationnelle… Évidemment, derrière une telle phraséologie qui ne se distingue que par son emphase fatigante, on trouve la crypto-sociologie de l’inénarrable Michel Maffesoli.
    Une farce.
    D’autant plus que le jeune Adriano ne semble pas avoir eu le temps de la digérer… Il n’y a qu’à l’étranger d’ailleurs qu’on se réfère explicitement à Maffesoli tant ce drôlet est totalement discrédité en France, dans ce pays si rationnel… « Culte du corps, langage de l’image, exaltation de la tribu. C’est l’incarnation de la post-modernité communautaire, de l’icône, de la fête dont parle Michel Maffesoli dans plusieurs de ses œuvres ». Et notre auteur de singer le maçon au nœud papillon.
    L’effervescence qui crée du liant dans une ambiance de nihilisme joyeux, le devenir en gestation, le mystère de la communauté de conscience… Jusqu’à l’ineptie la plus ridicule qui aurait fait toussoter l’historien israélite Zeev Sternhell, généalogiste de l’irrationalité fasciste : « Pour un mouvement identitaire d’inspiration fasciste, donc toujours existentialiste et jamais essentialiste (!), écrit en effet irrationnellement notre Romain, l’identité n’est pas un simple fait tenu pour acquis dont il suffirait d’affirmer tautologiquement la présence ! Au contraire ! ».

    Tout est à construire ou à reconstruire, tout, même la nation… La nation est aussi à imaginer dans cet univers de nihilisme actif… Que disent, que pensent, que veulent penser Scianca et ces adolescents vivant dans une fiction perpétuelle ? : « La nation apparaît comme quelque chose qui n’existe pas, sinon en ce que l’on fait. C’est celle que nous faisons avec notre travail sérieux, avec nos efforts, en ne croyant jamais qu’elle existe déjà, en pensant justement le contraire ! La nation n’existe jamais et il faut sans cesse la créer ». Voyez-vous, avec la fête, le mélange, l’effervescence, l’imaginaire, la culture, surtout la bande dessinée et (encore) le maçon Hugo Pratt, le club de moto (sic), un phénomène mystérieux s’élabore (spontanément) alimentant une certaine idée de la nation…

    Un anticonformisme ?

    En fait, leur fascisme ressemble davantage à une sorte de culture urbaine postmoderne qu’à un courant politique cohérent. Ceux-là mêmes qui étrillent le national-socialisme responsable de l’Holocauste (sic), s’amusent par exemple à idolâtrer David Bowie et les Sex Pistols parce qu’ils ont eu le toupet de mimer « la geste » nazie lors de quelques concerts… Pareille dévotion à l’égard du groupe Led Zeppelin avec son chanteur androgyne chantant des chansons non engagées et donc combattant de fait la propagande communiste… Et peu importe si Page (le chanteur du groupe) et ses acolytes louaient dans leurs texte le Prince de ce Monde… Trop provocateurs les mecs !

    Mais l’ « anticonformisme » de Casapound en prend un coup Page 136. Il existe en effet des sujets pour lesquels il ne peut être question d’anticonformisme ! Un peu de dignité, zut ! C’est le cas bien évidemment pour la question juive. L’anticonformisme en arborant des images d’Albator ? Oui ! L’indécence ? Non ! L’auteur sort l’argument passe-partout philosémite qui fait tant rire Hervé Ryssen : « Le juif italien, en général, était un fervent patriote ».
    Mieux ! Il est plus patriote, plus italien que l’Italien de base ! Lisez et croyez (si vous le pouvez) : « Proportionnellement, les juifs donneront aux guerres pour l’indépendance italienne et aux troupes garibaldiennes, une contribution trente fois supérieure à celle du reste de la population ». Encore une fois, l’auteur met en exergue l’anti-antisémitisme mussolinien pour légitimer sa pusillanimité à l’égard de la communauté. « Mussolini ironisait sur l’antisémitisme dogmatique et les antisémites fanatiques (nous sommes tous les fanatiques de l’autre…) qu’il considérait comme un phénomène ‘allemand’, trop allemand’, et donc rigide, pesant et schématique ».

    L’anticonformisme de Casapound s’arrête également au seuil de la thématique shoatique. Le leader barbu de l’association italienne, Gianluca Iannone, s’explique : « Vous me parlez des chambres à gaz ?…Que dire ? Bien entendu, certaines images me provoquent le dégoût. Qui pourrait éprouver de la joie ou de l’indifférence devant un tel massacre ? Ce fut une tragédie ». Inutile de commenter cette marque de liberté…

    Casapound se montre aussi très sage sur le sujet conspirationniste ou plutôt anti-complotiste. Par principe, Casapound refuse l’idée de complot. Oui, par principe… Estimant être bien trop pure pour croire en de telles balivernes. Oui, l’incrédulité complotiste est un postulat cosmétique pour les « intellectuels » de la Casa qui ne manquent pas de figures rhétoriques pour éviter tout débat sur le sujet. Le « complot hébraïque », « existe-t-il ou pas ? Ce qui est sûr, c’est qu’il fait référence à une base psychique, qui a bien peu à voir avec le fascisme, lequel est décidément trop solaire et pragmatique pour tomber dans la paranoïa du complot et son animus soupçonneux et fielleux ». Incroyable argument qui consiste à postuler que le complot ne peut exister puisqu’il ne serait pas digne de la lumière fasciste ! Décidément, l’esthétique célébrée par les intellectuels de Casapound constitue une échappatoire commode. A moins que ma rationalité gauloise ne m’autorise à appréhender la profondeur de la pensée de nos nihilistes actifs… Qui sait ?

    Casapound pragmatique…

    J’entends quelques lecteurs qui avaient été préalablement séduits par l’expérience romaine me rétorquer que Casapound est avant tout une matrice d’actions qui rassemble des individus qui agissent sur le terrain, dans les rues des villes, les mains dans le cambouis, etc.
    Nos Italiens n’ont-ils pas pris d’assaut des bâtiments inoccupés pour en faire de jolis squats hygiéniques (pas crasseux comme ceux des communistes nous indique-t-on) et pour loger quelques familles. Des actions en fait symboliques destinées à promouvoir leur combat politique contre l’usure. La seule proposition tangible et solide présentée dans ce bouquin fastidieux…
    Mais que penser de leurs occupations de maisons privées perpétrées au nom de la solidarité italienne ? Si les locaux « volés » ou réquisitionnés servaient exclusivement à l’hébergement d’Italiens italiens SDF, nous comprendrions aisément la spécificité de la démarche de nos néo-fascistes.
    Mais ce n’est pas le cas !
    La preuve avec cet article du numéro 1 du Choc du mois nouvelle version de mai 2006. A la fin d’un article sur la Casa signé Jacques Cognerais (qui fit le voyage à Rome avant de rédiger son papier), nous sommes tombés sur un passage… assez surprenant. Page 65 : « Face à la pénurie de logements à Rome et dans sa périphérie, les militants néo-fascistes n’hésitent pas non plus à occuper des immeubles à l’abandon afin d’y reloger des familles sans toit, qu’elles soient d’ailleurs italiennes ou… immigrées ! »

    Explication tout aussi surprenante d’un responsable romain : « Quels qu’ils soient, les plus démunis n’ont pas à vivre au milieu des seringues qui jonchent les squats gauchistes… ». La fonction de Casapound, en matière de solidarité, serait-elle de faciliter la vie des allogènes clandestins ? Voilà en tout cas certainement le fruit d’un pragmatisme romantique résumé par ces propos naïfs d’Adriano Scianca : « La vérité est que nous, nous raisonnons avec le cœur. Uniquement avec le cœur ». Ou l’on finit par ne plus raisonner du tout…

    François-Xavier Rochette »

    « DROIT DE RÉPONSE

    C’est avec un certain orgueil que j’ai appris qu’une publication historique de la droite française comme RIVAROL avait dédié un long article à la traduction de mon livre CasaPound, une terrible beauté est née. Confiant en votre courtoisie, j’imagine que vous accepterez de m’offrir à mon tour un espace équivalent afin de pouvoir répondre aux vives et spécieuses critiques de M. François-Xavier Rochette.
    Contrairement à la méthode utilisée par ce dernier envers moi, je ne compte pas profiter de cet espace pour attaquer, avec des stéréotypes simplistes et choquants, le peuple français dans son ensemble, peuple envers lequel je ne nourris bien évidemment aucune animosité particulière. D’ailleurs qui a lu mon livre sait que Robert Brasillach – qui est ni un »nihiliste » ni un ‘‘postmoderne’’ – a énormément influencé ma vision du monde et est amplement cité dans mon ouvrage. Il est certainement regrettable de penser que le lecteur de RIVAROL ne le saura jamais suite à sa lecture de l’article de François-Xavier Rochette qui n’en parle pas une seule fois. Il ne cite pas non plus Pavolini, D’Annunzio ou Marinetti et l’école de la « mystique fasciste ». Il ne cite pas davantage Nietzsche, Heidegger, Schmitt, Spengler. En revanche il cite David Bowie et Led Zeppelin pour tenter de prouver que, Via Napoleone III (NDLR : le siège romain de Casapound), vivent des jeunes gens modernes, trop modernes, vêtus de t-shirts de rebelles et se noyant dans la décadence.
    L’article ne cite pas non plus le philosophe Giovanni Gentile, auteur que jamais personne n’a pu accuser d’être un fêtard débauché ou un anti-identitaire, même dans la phrase citée par Rochette sur le nationalisme fasciste (que ce dernier m’attribue à tort) et dont il fait un hymne à la société multiraciale. J’en viens donc naturellement à l’accusation qui m’est faite de « xénophilie », l’auteur ignorant sciemment que Casapound a toujours réclamé fermement la fermeture des frontières et a manifesté à maintes reprises contre l’immigration, notamment devant le Parlement. Tout ceci peut bien sûr être vérifié, photos à l’appui sur la toile, pour qui douterait de cette évidence.
    Selon Monsieur Rochette, nous serions donc les joyeux amis des peuples allogènes, et quoi d’autre encore? A oui, bien sûr, l’accusation parallèle de « philosémitisme ». Ainsi, les chapitres où je critique ouvertement ce que Finkelstein a appelé « l’industrie de l’holocauste », mais aussi la politique d’Israël et l’ouverture philosioniste d’une certaine droite néofasciste, deviennent, sous la plume de Rochette, une sorte d’élégie rabbinique. Le chroniqueur de RIVAROL devrait en parler avec Riccardo Pacifici, le président de la communauté juive de Rome qui, récemment, a déclaré que, « contre CasaPound on doit se remonter les manches et combattre aujourd’hui avec les outils démocratiques et, si le besoin s’en fait sentir, avec des fusils comme l’ont fait les partisans ». Déclaration d’une extrême violence dont on pourrait au moins espérer qu’elle nous épargne l’ironie paternaliste que répand la plume de Monsieur Rochette.
    Si toutefois, cet ennemi inflexible des dérives sionistes se propose de faire un panorama de toutes les droites européennes qui utilisent les arguments des colons de Gaza ou des néoconservateurs américains, qui reçoivent des subsides et des honneurs alors que Casapound ne reçoit que des insultes et des coups, nous en découvrirons sans doute de belles. M. Rochette, qui semble être un bon catholique, doit connaître la parabole de la paille et de la poutre et devrait s’en souvenir lorsqu’il se lance dans ce genre de diffamation…
    Finalement il ne reste qu’une question, celle de l’origine d’un tel manque d’objectivité, de respect et de tant d’inutiles crachats déversés sur Casapound à travers la « critique » de mon livre… Un règlement de comptes au sein de la droite française qui m’aurait échappé et où CasaPound n’a certainement rien à voir ? C’est possible. Mais peut-être que la raison est plus profonde et qu’elle a pour nom, pour reprendre le terme exact qu’utilisait Nietzche dans la langue de Molière: le ressentiment. Un mal dont nous n’avons pas le temps de nous occuper à CasaPound mais qu’à l’occasion nous savons très bien guérir.

    Adriano SCIANCA »

    « REPONSE DE F-X ROCHETTE

    Il est somme toute normal qu’Adriano Scianca soit profondément vexé par le contenu de mon texte, article qui n’était pas destiné, c’est certain, à faire la claque à une organisation qui s’appuie sur une sorte de mode télévisuelle pour mettre en branle une jeunesse éprise d’aventures corto-maltesiennes.
    Car, je le répète, ce que je reproche, si j’en ai le droit, à Casapound, ce n’est pas en premier lieu l’agitation commise par ces jeunes gens mais bel et bien la mayonnaise doctrinale qui sous-tend cette effervescence maffesolienne (que je connais pour l’avoir étudiée avant d’en avoir découvert la noirceur sous-jacente qui s’y cache) ou postmoderne pour utiliser des termes chers à notre auteur. Sur ce point, malheureusement, Scianca a beau citer Brasillach, Schmitt, Spengler et surtout Nietzsche (dont il semble avoir tiré un enseignement psychanalytique…), force est de constater que le tas d’idées qu’il a amoncelé anarchiquement dans ce livre ne repose sur rien, pis se révèle largement antinationaliste. Cela n’est point de mon fait si les choses sont ainsi.

    François-Xavier Rochette. »

    http://www.contre-info.com

  • Prix de la Carpette Anglaise 2012

    L’Académie de la Carpette anglaise vient de décerner son prix annuel dit d’« indignité civique ». Cette académie parodique réserve son prix à un membre des élites françaises qui, selon le jury, s’est distingué par son acharnement à promouvoir la domination de l’anglais en France et dans les institutions européennes au détriment de la langue française. Toujours selon l’Académie de la Carpette anglaise, ce prix « distingue plus spécialement les déserteurs de la langue française qui ajoutent à leur incivisme linguistique une veule soumission aux puissances financières mondialisées, responsables de l’abaissement des identités nationales, de la démocratie et des systèmes sociaux ». (Source Wikipedia)
    En 2011, le prix a été décerné à Jean-François Copé, à l’époque secrétaire général de l’UMP, pour promouvoir avec vigueur l’usage de la langue anglaise de la maternelle aux grandes écoles et pour faire de la télévision publique en anglais aux heures de grande écoute (sous-titré en français) un des enjeux de son parti et de la prochaine élection présidentielle.
    L’Académie nous prie de publier le communiqué diffusé au lendemain de l’événement. Polémia accède volontiers à cette requête.
    Polémia

    PRIX 2012 DE LA CARPETTE ANGLAISE

    COMMUNIQUÉ DE l’ACADÉMIE DE LA CARPETTE ANGLAISE

    L’académie de la Carpette anglaise* s’est réunie le 12 décembre 2012. Le jury, présidé par Philippe de Saint Robert, était composé de représentants du monde associatif** et littéraire. Au premier tour de scrutin, par cinq voix sur neuf, la Carpette anglaise 2012 a été décernée à M. Frédéric Cuvillier, ministre délégué chargé des Transports, de la Mer et de la Pêche, pour avoir déclaré, selon Le Parisien, que, dans le domaine du transport, « l’anglais devrait être la langue et de rédaction des documents officiels harmonisés ».

    Le prix spécial du jury à titre étranger*** a été décerné au premier tour de scrutin, par cinq voix sur neuf, à l’Agence française pour les investissements internationaux (AFII) et l’Institut national de la propriété industrielle (INPI) pour la campagne publicitaire « Say oui to France – say oui to innovation », qui promeut la France à l’étranger en utilisant l’anglais comme seul vecteur de communication, au lieu de s’adresser dans la langue des pays visés par cette campagne.

    Anne Cublier, Hervé Bourges, Benoît Duteurtre, Alain Gourdon, Yves Frémion et Dominique Noguez sont membres de cette académie.

    Notes :

    * La Carpette anglaise, prix d’indignité civique, est attribué à un membre des « élites françaises » qui s’est particulièrement distingué par son acharnement à promouvoir la domination de l’anglo-américain en France au détriment de la langue française.
    ** Association pour la sauvegarde et l’expansion de la langue française (Asselaf), Avenir de la langue française (ALF), Cercle des écrivains cheminots (CLEC), Courriel (Collectif unitaire républicain pour la résistance, l'initiative et l'émancipation linguistique), Défense de la langue française (DLF) et Le Droit de comprendre (DDC).
    *** Le prix spécial à titre étranger est attribué à un membre de la nomenklatura européenne ou internationale, pour sa contribution servile à la propagation de la langue anglaise.

    Contact : Marc Favre d’Échallens, secrétaire de l’académie de la Carpette anglaise.
    Courriel : parlerfranc@aol.com
    Académie de la Carpette anglaise, chez Le Droit de Comprendre, 34 bis, rue de Picpus, 75012 Paris.

    http://www.polemia.com/

  • Aubry et la « préférence étrangère » (arch 2009)

    La pseudo-fermeté gouvernementale en matière de politique d'immigration n'est qu'un trompe-l'œil En réalité, tout est est mis en œuvre pour faciliter et encourager l'arrivée de nouveaux étrangers dans notre pays. La preuve ...
    Si Martine Aubry impose 2,7 milliards de francs d'économies aux professions de santé, surtout aux pharmaciens et aux radiologues, c'est parce qu'il lui faut bien financer les mesures prises en faveur des étrangers, notamment celle qui consiste à les faire bénéficier de l'allocation d'adulte handicapé (AAH), jusque là exclusivement réservée aux ressortissants français.
    Ainsi le 10 juin dernier, une lettre de la caisse nationale des allocations familiales, avisait les services régionaux que la loi n° 98-349 du 11 mai 1998, étend le droit de l'allocation d'adulte handicapé à l'ensemble des personnes de nationalité étrangère.
    D'un montant de 3471 francs mensuels, cette allocation pourra, désormais, être versée à tous les étrangers : travailleur, ancien travailleur, simple membre de la famille d'un travailleur ou d'un ancien travailleur, isolé, oisif, étudiant, pensionné, retraité, etc.
    « Ces dispositions, précise la lettre, s'appliquent à compter du mois de juin 1998, sans rétroactivité" sauf dans le cas des « Maghrébins, voire des Turcs, (travailleurs, anciens travailleurs ou membre de la famille) qui se seraient vu opposer un refus dans le cadre des accords de coopération CEE Maghreb et Turquie. »
    Seule condition exigée, qu'ils soient en situation régulière et qu'ils puissent produire l'un des titres de séjour suivants : - carte de résident, - carte de résident privilégié, - carte de séjour temporaire, un simple récépissé de demande de renouvellement de l'un de ces titres peut suffire : - récépissé de demande de titre de séjour valant autorisation de séjour d'une durée de six mois renouvelable portant la mention « reconnu réfugié ». - récépissé de demande de titre de séjour portant la mention : « étranger admis au titre de l'asile » d'une durée de validité de six mois renouvelable. etc
    Les mêmes, peuvent faire valoir leurs droits au Fonds de solidarité vieillesse ou à l'allocation supplémentaire du Fonds de solidarité vieillesse, etc.
    Ainsi, des étrangers réfugiés bénéficiant du droit d'asile seront mieux traités qu'un grand nombre de vieillards français, qui ont travaillé toute leur vie mais que leur modeste retraite ne permet pas de vivre décemment.
    Par ailleurs, toujours dans l'optique de rendre notre pays toujours plus attractif aux immigrés, le ministère de l'Emploi et de la Solidarité a décidé de favoriser les étudiants étrangers en leur permettant de trouver plus facilement un emploi.
    Une circulaire du ministère de l'Emploi et de la Solidarité, datée du 9 juillet, les autorise à travailler dès leur première année d'études en France, quel que soit le niveau du cursus suivi. Jusqu'à présent, ils devaient attendre leur deuxième année d'études avant de pouvoir réclamer une autorisation de travail. Dans les faits, cette autorisation peut être refusée par les directions départementales du travail et de l'emploi « si la situation de l'emploi dans la profession et dans la zone (...) y fait obstacle ». Mais Martine Aubry invite ses services à faire preuve « d'une extrême bienveillance », précisant même que les refus devront être «exceptionnels».
    On n'en attendait pas moins d'elle !
    Jean ROBERTO national Hebdo

  • Amnesty International, arme de destruction massive du monde blanc

    Soit. L'opposante birmane Aung San Suu Kyi a passé 15 des 21 dernières années en résidence surveillée. Mais cela ressemblait si peu à une prison ou à un goulag qu'en 1997 son mari, le distingué extrême-orientaliste Michaël Aris, étant atteint d'un  cancer en phase terminale, les autorités birmanes lui proposèrent de le rejoindre  à Londres.    Ce qu'elle refusa. Néanmoins, depuis des années Suu Kyi appartient à la cohorte des « héros » des Droits de l'Homme Sélectionné qui forment le cœur de résistance de l'humanisme médiatique. Leur fonction, on commence à bien le comprendre, est d'imposer insensiblement, sur la destruction des règles traditionnelles, la nouvelle doxa mondialiste derrière laquelle avance camouflée la tyrannie globale uniformisante.
    Il n'est pas anodin que Suu Kyi soit lauréate du prix Nobel de la Paix 1991, du prix Rafto pour les Droits de l'Homme, du prix Sakharov pour la Liberté de Penser, du prix Jawaharlal Nehru pour la Compréhension Internationale, du Prix Simon Bolivar du Gouvernement vénézuélien pour un monde métissé. Comment l'imaginer rebelle à une pensée unique qui la comble de tant d'honneurs ?
    Bien entendu parmi les plus empressés à voler à son secours, il y aura eu Amnesty International. Pourtant très occupée, ces derniers temps, à remuer le monde autour des quelques 2 200 prisonniers politiques birmans internés pour délit d'expression, d'association ou de réunion. Volant ici au secours d'un ancien militaire marocain, emprisonné pour divulgation de secrets militaires, là d'un Chinois Prix Nobel de la Paix, Liu Xiabo, depuis onze ans derrière les barreaux. Soutenant deux activistes arrêtés en Azerbidjan, un manifestant Kashmiri de 14 ans interné par les Indiens, une Colombienne enceinte de 8 mois arrêtée en raison de son appartenance aux FAR, des Rroms victimes de discrimination en Hongrie, un avocat syrien condamné à trois ans de prison pour délit d'opinion, un syndicaliste ukrainien harcelé par le gouvernement, un écrivain de Singapour accusé de diffamation envers un tribunal, Sakineh Ashtiani, l'Iranienne condamnée à mort pour complicité d'assassinat de son mari, 68 "boat-people" refoulés sur l'Egypte par l'Italie, trois syndicalistes vietnamiens condamnés à 9 ans de prison, une Sri lankaise condamnée à mort en Arabie séoudite pour assassinat, un Américain blanc... Tiens !... Jeffrey Landrigan, exécuté pour deux meurtres et de nombreux crimes (Ah, Ah, AI soutient donc un assassin... blanc) des Rroms expulsés de Belgrade, Birtukan Medeksa, « la Mandela éthiopienne », chef de l'opposition condamnée à la prison à vie pour avoir tenté de renverser la constitution, puis amnistiée, à nouveau condamnée à perpétuité, et définitivement relaxée le 6 octobre 2010... Mais si vous espérez trouver un seul blanc victime de racisme ou d'exclusion, passez votre chemin ce n'est pas la bonne adresse. Des dizaines d'autres cas semblables, au cours des deux derniers mois, n'ont pas échappé à la vigilance sourcilleuse des flics pénaux d'Amnesty. L'aide apportée à Aung San Suu Kyi ne s'est jamais démentie. Ne fut-elle pas une des grandes causes médiatiques qui ont fait la renommée de l'ONG ? Avec bien entendu saint Nelson. Et Birtukan Medeksa. De celle-ci d'ailleurs un porte-parole de l'Association précisa : « Birtukan, prisonnière "de conscience " a été emprisonnée uniquement pour l'exercice pacifique de son droit à la liberté d'expression et d'association ».
    LE TERRORISTE MANDELA  « AMBASSADEUR DE LA CONSCIENCE » D'AI
    Suu Kyi elle aussi s'est bornée à une lutte pacifique. On est loin de Mandela, condamné à mort pour terrorisme, dirigeant du Parti Communiste sud-africain, responsable de « l'aile militaire de l'ANC, Umkhonto We Sizwe » (MK) menant une guérilla dont la plupart des victimes furent des civils. Bombes, mitraillages, assassinats que continuent à célébrer les actuels dirigeants. L'icône humaniste de la planète intervint-elle jamais auprès de son épouse Winnie, afin qu'elle cesse de faire brûler vifs par le « supplice du pneu » des milliers d'opposants africains à l'ANC ?
    Néanmoins, périodiquement, tel ou tel « Prisonnier de Conscience (POC) » est désigné comme un « nouveau Mandela ». En 1962, l'ONG balbutiante n'avait-elle pas fait de lui l'un des premiers « POC » ? Las, deux ans plus tard, lors du procès de Rivonia, Mandela lui-même admit être le chef terroriste qui à la tête du MK avait organisé une campagne destinée à renverser par la violence le « Régime blanc ». Deux thèses s'affrontèrent à l'intérieur d'Amnesty. Entre ceux qui voulaient faire de Mandela une exception et ceux pour lesquels on ne pouvait soutenir un terroriste. Ces derniers l'emportèrent et il cessa d'être considéré comme un « prisonnier de conscience ». Ce qui n'empêcha pas le Comité Nobel d'en faire une icône mondiale du pacifisme et les analphabètes médiatiques de continuer à le présenter comme l'archange de la fraternité. Si la Commission « Vérité et Réconciliation » de l'évêque Tutu n'avait été une farce sinistre, elle aurait dû entendre Mandela sur les centaines de victimes dont il fut responsable.
    Or, en 2006, effaçant d'un trait de plume ce que leurs prédécesseurs avaient dû convenir, les dirigeants d'Amnesty Inter national lui décernaient leur plus haute récompense, le « Prix Ambassadeur de la Conscience ». Geste par lequel l'organisation confirma qu'elle était bien spécialisée dans l'imposture et le mensonge.
    Il suffit de consulter le rapport 2010 d'Amnesty pour en mesurer l'étendue. Depuis des années des dizaines de milliers de blancs ont été assassinés en Afrique du Sud dont plus de trois mille fermiers. La plupart dans des attentats racistes et d'un sadisme rare. Le rythme n'a fait qu'empirer en 2010. Et pourtant on n'en trouve pas trace dans la partie générale du Rapport. Non plus que des centaines de blancs maltraités dans les prisons de l'ANC. Pour ne rien dire des centaines de milliers d'autres victimes de l'Empowerment qui est une politique officielle de discrimination raciale à l'embauche. Dans les trois pages et demie consacrées à l'Afrique du Sud, pas une ligne non plus. Et pourtant on y dénonce la discrimination et la violence exercée contre les immigrés, « la pauvreté persistante », l'effondrement du système de santé, les tensions à l'intérieur et à l'extérieur de l'ANC, la corruption jusqu'au sommet de l'État, la surpopulation carcérale, les violences domestiques, l'explosion du Sida. Le chômage décuplé, la torture et les mauvais traitements exercés contre les suspects de crimes, les violences policières, les crimes inter-ethniques ne sont mentionnés que lorsqu'ils ne concernent pas les blancs. En fait à lire ce Rapport, il n'existe pas de minorité blanche en Afrique du Sud. Pour les mystificateurs d'Amnesty International, sans doute s'est-elle évaporée le jour où son pouvoir légitime lui a été confisqué par un pouvoir illégitime venu d'ailleurs.
    Piqûre de rappel : Amnesty International a été créée au début des années 1960 par des communistes, pressés de venir en aide à d'autres communistes emprisonnés. On ne se défait jamais totalement de ses vieilles manies...
    Jim REEVES. RIVAROL du 23 DÉCEMBRE 2010

  • Nantes : en 2006, tous les SDF de la ville de Jean-Marc Ayrault ont été illégalement fichés

    Le Point.fr publie un listing informatisé qui prouve qu’en 2006 tous les SDF de la ville de Jean-Marc Ayrault ont été illégalement fichés.

    Olivier consomme de l’alcool, consomme des drogues (dures et douces). Il a effectué une cure de désintoxication. Il a eu plusieurs problèmes avec la justice. Il a été condamné à 6 mois de prison ferme le 9 novembre 2005 à la suite d’une agression sur un ancien gardien d’immeuble.

    Nom, prénom, date de naissance, surnom, antécédents judiciaires, toxicomanie, alcoolisme, fumant ou non du cannabis, vivant ou non en squat, problèmes psychiatriques… Le Point.fr a eu accès à un fichier illégal constitué par la mairie de Nantes sur ses SDF du temps où Jean-Marc Ayrault était maire de la ville. Il s’agit d’un document informatisé datant de 2006 et comprenant 129 noms. Les habitudes de chaque SDF sont consignées jusqu’aux moindres détails, même les plus intimes, y compris les relations homosexuelles.

    Le Point.fr vous propose de consulter deux de ces fiches individuelles: cliquez sur les liens pour découvrir la première et la deuxième. La rubrique « CCAS », pour centre communal d’action sociale, laisse supposer que des agents de cette structure ont enfreint le secret professionnel pour nourrir les fiches. De même, il semble que certaines informations sur les antécédents aient été puisées dans les services de police. (…)

    Le Point

    http://www.fdesouche.com/

  • Qu’on vire les pédagogistes !

    Tous les cinq ans, une étude internationale, le Programme International de Recherche en Lecture Scolaire (PIRLS), évalue les performances en lecture des enfants de dix ans dans 45 pays. Pour la deuxième fois consécutive, le score des élèves français est en déclin, confirmant d’autres études (PISA par exemple). Ils sont en-dessous de la moyenne européenne.

    M. Peillon, ministre de l’Éducation nationale, s’appuie sur ces piètres performances pour justifier son « pacte de refondation de l’école », notamment son plan de recrutement massif. Plus d’enseignants, serait-ce la solution ? S’il est vrai que la diminution du nombre de professeurs depuis cinq ans est durement ressentie sur le terrain, on sait que la question des moyens n’est pas la principale. D’autres pays font mieux avec, proportionnellement, moins de personnel. Comment, dès lors, remédier à ce désastre ? En tirant les leçons de décennies d’errements pédagogistes.

    L’Éducation nationale a été le terrain d’expérimentation de dangereux docteurs Folamour qui ont pris nos enfants pour cobayes. Au nom de fumeuses théories, ils ont obligé les instituteurs à abandonner des méthodes d’apprentissages éprouvées par des générations de maîtres. Ces méthodes empiriques parvenaient à apprendre à lire, écrire et compter à nos aïeux, parfois à 45 par classe. Aujourd’hui les méthodes prétendument scientifiques échouent dans 25% des cas (rapport Ferrier, 1998) avec des effectifs de 25 par classe. « Prétendument » car la prétention à la scientificité de ces Diafoirus ne va pas jusqu’à mesurer leur efficacité. C’est pourtant en favorisant les méthodes les plus efficaces que le National Reading Plan a réussi à améliorer les performances des écoliers américains en lecture. Faire la même chose en France devrait permettre une amélioration similaire sans coûter un centime à l’État.

    Une autre cause du désastre éducatif de la France est la diminution dramatique du nombre d’heures consacrées à l’enseignement du français tant en primaire qu’au collège. Entre 1967 et 2001, les élèves de primaire ont perdu plus d’une année de français. Au collège, entre 1972 et 2002, c’est également une année de français qui a été perdue. Cela au profit d’activités « d’éveil » ou de « découverte du monde » : informatique, langue vivante, éducation à la santé, au développement durable, et bientôt lutte contre les stéréotypes sexistes. Cela au gré des modes et des lubies de ministres de rencontre. Là encore, la suppression de ces gadgets et le retour à des horaires décents pour étudier le français améliorerait le niveau des enfants de notre pays sans coûter un euro aux contribuables.

    Mais pour faire cela, il faudrait déloger de leurs postes les experts auto-proclamés de l’éducation qui se sont infiltrés dans tous les rouages de l’enseignement. Eux qui, de leur propre aveu, se sont trompés — Philippe Mérieux reconnaissant avoir eu tort de vouloir apprendre à lire à partir de modes d’emploi ; Jean Hébrard estimant que ce qu’il a écrit dans les années 70 ne vaut rien — et qui continuent pourtant à pontifier… Virer ces responsables du désastre culturel subi par la jeunesse de France serait une vraie refondation de l’école. Les finances du pays comme les enseignants ne s’en trouveraient également que mieux.

    Boulevard Voltaire via http://www.actionfrancaise.net

  • Le livre noir du libéralisme (P. Larrouturou)

    Je suis membre de l’association d’Alain Soral, « Egalité et Réconciliation ». Du coup, je fréquente des gens de gauche. Du coup, ils me font lire des bouquins écrits par des gens de gauche. Du coup, j’ai lu « le livre noir du libéralisme », de Pierre Larrouturou (PL).

    Surprise : c’était une lecture vraiment intéressante. Il reste de la vie intelligente à gauche, finalement.

    PL est un ancien du cabinet Andersen. Un moment proche de l’UDF, passé par le PS au temps du rocardisme, en était parti après la mise au placard de Rocard, y revint après le 21 avril 2002 sur l’invitation de F. Hollande (qui préférait le savoir à l’intérieur de la structure plutôt qu’à l’extérieur, au moment où le PS vacillait). PL vient de fonder « Nouvelle Gauche », une association qui se propose de « réveiller le PS » (tout un programme…)

    « Le livre noir du libéralisme » est divisé en trois parties : le constat (le néolibéralisme nous conduit au désastre absolu), la solution (un New Deal européen), et le blocage (l’état tragicomique du PS français).


    PLAN

    1.1 - La fausse croissance américaine

    1.1.1 - La dette, moteur d’une fausse croissance
    1.1.2 - L’immigration, remède temporaire aux inégalités

    1.2 - Du désastre américain à la récession mondiale ?

    1.3 - Du rêve chinois au cauchemar belliciste ?

    1.4 - L’arnaque Sarkozy

    1.4.1 - Retraites : le faux médicament
    1.4.2 - Chômage : la fausse guérison

    2 - LA SOLUTION

    2.1 - Abandonner les illusions rassurantes

    2.1.1 - Pas de miracle de la croissance
    2.1.2 - Pas de miracle sur le chômage
    2.1.3 - Pas de miracle protectionniste

    2.2 - Faire naître une nouvelle société

    2.2.1 - Un nouveau modèle européen
    2.2.2 - Une Europe sociale
    2.2.3 - Un nouveau Bretton Woods

    3 - LE BLOCAGE

    3.1 - Le PS est autiste

    3.1.1 - Zéro débat
    3.1.2 - Zéro projet
    3.1.3 - Zéro ambition

    3.2 - Vers un nouveau mai 68 ?

    4 - MES CRITIQUES

    4.1 - Une vision trop limitative

    4.1.1 - Tout l’Occident est en crise
    4.1.2 - La question identitaire
    4.1.3 - Une crise de civilisation

    4.2 - Une certaine ignorance des rapports de force


    RESUME ET CRITIQUES


    1 - LE CONSTAT

    PL démonte pour commencer quelques-uns des mythes contemporains. Cette partie du bouquin en fait la valeur : beaucoup d’informations, des analyses parfois péremptoires, mais en tout cas dérangeantes.

    1.1 - La fausse croissance américaine

    Pour PL, la croissance américaine n’est due qu’à deux moteurs : la dette et l’immigration.

    1.1.1 - La dette, moteur d’une fausse croissance

    Les USA connaissent, depuis 25 ans, une phase de concentration des richesses très marquée. Les 5 % les plus riches sont de plus en plus riches, le reste de la population s’appauvrit. D’où la dette des particuliers : pour pouvoir continuer à consommer, il faut que les pauvres s’endettent. Voilà la voie « néolibérale » vers laquelle veut nous entraîner une partie de notre classe dirigeante euromondialiste.

    Cette voie est à long terme une impasse. La dette totale américaine (privée et publique y/c secteur financier) se monte à 340 % du PIB. A titre de comparaison, à la veille de la grande récession de 1929, la dette totale n’était « que » de 140 % du PIB. Il y a un risque sérieux de crise majeure à brève échéance.

    La bonne santé de l’économie américaine est totalement artificielle. On nous parle de plein emploi : en réalité, le nombre d’heures travaillées moyen par emploi est plus faible aux USA (33,7 heures) qu’en France (36,2 heures). S’il y a moins de chômeurs aux USA, c’est parce que toute une Amérique survit d’une fiche de paye à l’autre, en travaillant 10 heures par semaine sur des emplois de service sous-payés.

    Le contenu de la croissance américaine est malsain. Le PIB par tête est gonflé par de faux revenus, qui sont aussi de vrais déficits. Par exemple : les frais de santé par tête sont deux fois plus élevés aux USA qu’en France et pourtant, l’espérance de vie est plus faible là-bas qu’ici. Pourquoi ? Entre autres choses, parce que les « frais généraux » du système de santé américain sont très lourds. C’est l’endettement des plus pauvres qui, pour l’instant, permet de financer ce système inefficient, dont le gonflement artificiel crée optiquement de la « croissance ».

    En somme, la crise des subprimes n’est que la partie émergée d’un formidable iceberg de dettes non provisionnées. Comme les pauvres, de plus en plus pauvres, ne peuvent plus consommer qu’à crédit pendant que les riches, de plus en plus riches, ont besoin de faire tourner la machine économique pour rentabiliser leurs placements, l’Amérique doit fabriquer constamment de nouvelles bulles spéculatives pour cacher chaque dette avérée sous une nouvelle cascade d’emprunts. C’est exactement le mécanisme qui conduisit jadis à la crise de 1929 : tôt ou tard, on ne peut plus continuer à dissimuler la faillite collective, et donc, ça craque.

    1.1.2 - L’immigration, remède temporaire aux inégalités

    Une échappatoire, cependant…

    Pour continuer à faire croître leur marché intérieur alors que les inégalités croissantes empêchent les pauvres de consommer, les USA ont de plus en plus recours à un subterfuge : l’immigration, qui permet d’augmenter la consommation totale alors que les salaires stagnent. Voici en effet un fait peu commenté par les thuriféraires du modèle américain : hors croissance démographique lié à une immigration clandestine d’abord, régularisée ensuite, le PIB américain augmenterait moins vite que celui de l’Europe. Et cela, malgré son financement par la dette !

    En somme, le modèle américain contemporain, eh bien ça ne marche pas. Tout simplement.

    1.2 - Du désastre américain à la récession mondiale ?

    Le capitalisme dérégulé des Chicago boys fabrique des bulles financières à répétition depuis 25 ans (envolée boursière pré-1987, mirage de la nouvelle économie dans les années 90, bulle immobilière des années 2000, bulle sur les matières premières en voie de formation…).

    Le triomphe de ce capitalisme-là risque au final d’être de courte durée : il en train de crever de sa victoire. Partout, des montagnes de cash s’accumulent, mais il n’y a plus d’investissement productif, faute de marché solvable. Le ratio investissement sur PIB est à son plus bas niveau historique dans les pays du G7. Il y a un risque sérieux de déflation mondiale soudaine.

    1.3 - Du rêve chinois au cauchemar belliciste ?

    En pendant ce temps-là, hors d’Amérique…

    En Chine : la situation de l’empire du Milieu version 2007 rappelle celle de l’Allemagne des années 30, avec un cocktail explosif de force extrême (développement industriel, croissance très rapide des capacités militaires) et de faiblesse extrême (déséquilibre social, dépendance envers l’investissement étranger).

    La Chine est en état de grande tension : le soi-disant « miracle chinois » n’a été possible que grâce à l’esclavagisation d’une grande partie de la population (main d’œuvre au rabais). Chaque année, 24 millions de personnes supplémentaires arrivent dans les villes pour trouver du travail, et la moitié n’en trouve pas ou peu. Pour l’instant, ce pays au bord de l’explosion se rééquilibre grâce à un développement rapide mais malsain, tiré par la demande américaine. Moralité : si les USA cessaient d’importer, la Chine devrait piloter un atterrissage douloureux.

    Or, l’Amérique va réduire ses importations. Assise sur une montagne de dettes, Washington va déprécier le dollar, c’est inéluctable. D’où le scénario catastrophe : comme la croissance chinoise dépend d’une consommation américaine financée par la dette, l’implosion financière des USA provoquera l’implosion sociale de la Chine, et cette implosion poussera les dirigeants chinois à la guerre – parce qu’ils n’auront pas d’autre porte de sortie.

    1.4 - L’arnaque Sarkozy

    En pendant ce temps-là, hors d’Amérique et loin de la Chine…

    En France, la réaction des « élites » est de présenter la crise française comme une conséquence des carences de notre pays. Ce discours n’est, selon PL, que poudre aux yeux. Les carences supposées de notre économie ne sont pas le vrai problème. Le discours officiel ne sert qu’à justifier l’alignement de la France sur un modèle néolibéral qui est, lui, le vrai problème.

    Pour PL, la crise du modèle français n’est due qu’à la collision entre notre modèle et le désastre social mondialisé. Certes, un RMIste aujourd’hui gagne autant qu’un travailleur à temps partiel sur un emploi précaire. Mais qu’est-ce que ça prouve, sinon que les revenus du travail doivent être réévalués ?

    La rigidité française est un mythe : le taux de rotation de la main d’œuvre est plus élevé en France (23%) qu’en Allemagne (16 %), et il est presque aussi élevé qu’aux USA (24 %). Nous sommes les champions des horaires atypiques, ce qui nous permet une durée d’utilisation des équipements dans l’industrie de 54 heures par semaine, record du monde.

    En 25 ans, en France, la part des salaires dans le PIB est passée de 79 % à 67 %. Voilà concrètement ce qui provoque la crise française. Et ce phénomène n’a rien d’exceptionnel : au niveau de l’économie occidentale, la part des salaires vient d’atteindre un plus bas depuis… 1929.

    1.4.1 - Retraites : le faux médicament

    Pour cacher la véritable nature de la crise, à l’UMP, le mensonge est de rigueur. Fillon se vante d’avoir réussi la réforme des retraites : en fait, l’âge moyen de départ à la retraite, qui était de 62 ans en 2001, vient de passer sous la barre des 61 ans. C'est-à-dire que tout en allongeant la durée de cotisation, le pouvoir a laissé s’installer une situation où les gens sont poussés à prendre leur retraite de plus en plus tôt (d’où, bien sûr, la baisse prévisible du pouvoir d’achat des retraités).

    1.4.2 - Chômage : la fausse guérison

    Autre exemple du mensonge UMP : les chiffres du chômage sont bidonnés. En réalité, il reste 3,3 millions d’inscrits à l’ANPE en catégorie « immédiatement disponibles », 0,4 million en catégories « chômeurs en formation » ou « emplois aidés », 0,2 million de chômeurs Outre-Mer, 0,4 millions de plus de 55 ans dispensés de recherche d’emploi, 1,2 millions de RMIstes (dont la moitié n’émarge pas à l’ANPE). Au final, il y a en France au moins 4,5 millions de chômeurs. On est loin des 2 millions officiels… En fait, la « baisse du chômage » officiellement proclamée ne résulte que du basculement d’une partie des chômeurs vers des catégories non comptabilisées dans les statistiques. On a caché la poussière sous le tapis, c’est tout.

    Les chiffres de création d’emplois sont également faussés : en fait, l’intérim et les boulots précaires explosent. C'est-à-dire qu’une France est en train de naître, où l’on vit d’une feuille de paye sur l’autre, avec 15 heures au SMIC par semaine. PL estime que c’est là le vrai problème français, celui qui risque effectivement d’avoir un jour des conséquences politiques très graves. Les émeutes de novembre 2005 furent d’ailleurs, si l’on en croit les RG, la conséquence de ce désastre social, alignement sur la société inégalitaire en voie de formation aux USA.

    Un alignement mondial, bien sûr : au Japon aussi, par exemple, la proportion d’emplois à temps partiel explose. En Allemagne, 6 millions de salariés survivent avec 400 euros par mois. 7 millions d’Allemands vivent sous le seuil de pauvreté… Ce que nous venons de dire pour la France est vrai pour toutes les économies développées.

    C’est la marche au désastre.

    2 - LA SOLUTION

    Pour PL, la solution passe d’une part par la prise de conscience collective de la situation réelle (nous sommes au bord du gouffre), d’autre part par la naissance d’une nouvelle société.

    2.1 - Abandonner les illusions rassurantes

    2.1.1 - Pas de miracle de la croissance

    Tout d’abord, savoir que : l’Europe, toutes choses égales par ailleurs, ne peut dans les décennies qui viennent que connaître une croissance faible (moins de 1 % par an), pour des raisons structurelles, démographiques en particulier. Savoir en outre qu’une récession est très possible, sachant que le prix du baril de pétrole pourrait dépasser 300 $ en 2015, si l’épuisement des gisements est confirmé (risque à ce stade mal connu). Ensuite savoir que : le type de mesure envisagé par Sarko relève :

    • soit du court-termisme (par exemple le déblocage de l’épargne salariale, qui a fait bondir le PIB d’un demi point sur un trimestre, puis entraîna une baisse compensatoire le trimestre suivant),
    • soit du financement par la dette des ménages, comme aux USA (ce que Sarkozy appelle une France de propriétaires, c’est en réalité une France de surendettés).

    Moralité : il n’y a pas de croissance miracle à espérer.

    2.1.2 - Pas de miracle sur le chômage

    La réduction du chômage par l’effet de la démographie est une simple illusion d’optique. On ne fera que vider le problème « chômage » en remplissant le problème « retraites ». En pratique, l’allongement de la vie active est inévitable, donc il n’y aura pas de baisse de la population active, donc pas de baisse du chômage réel. La baisse de la population active, vu la pyramide démographique, ne devrait commencer vraiment qu’en 2050, quand la population totale commencera à diminuer sensiblement.

    Moralité : l’effet « baisse du chômage » n’existe que dans les discours de nos hommes politiques.

    2.1.3 - Pas de miracle protectionniste

    La tentation protectionniste doit, estime PL, être repoussée. Le déficit de l’UE avec la Chine est de 110 milliards d’euros en 2006, ce qui commence à devenir vraiment préoccupant. Pour continuer à gagner des parts de marché à l’exportation, la Chine ne cesse de faire baisser ses salaires réels (c'est-à-dire que le développement de l’économie chinoise en volume est financé par l’appauvrissement des Chinois ordinaires). Comment éviter cette mise en concurrence avec une Chine dont le modèle de développement est malsain ?

    Un protectionnisme pur et dur ouvrirait la porte ouverte à une crise terrible en Chine. Donc à moins de trouver une autre voie, nous avons le choix entre :

    • regarder l’Europe se désindustrialiser (ce qui impliquera tôt ou tard une catastrophe chez nous)
    • ou regarder la Chine exploser (avec à la clef une guerre mondiale).

    A priori, la situation est sans issue.

    2.2 - Faire naître une nouvelle société

    L’issue existe pourtant, estime PL, mais elle suppose une véritable réforme. Une société nouvelle doit naître, dit PL. S’il y a crise, c’est justement parce que le « Nouveau » est empêché de naître.

    Les remèdes sont en réalité bien connus : hausse des salaires (fordisme), protection sociale (Beveridge), soutien de l’Etat (Keynes). Contrebalancer la concentration morbide des richesses par un système de redistribution : voilà la solution, en France et dans le monde (y compris en Chine). Et si cette solution n’est pas appliquée, c’est tout simplement, juge PL, faute de volonté politique.

    2.2.1 - Un nouveau modèle européen

    L’Europe doit montrer la voie en conduisant une véritable révolution du travail. Il faut prendre acte de la formidable hausse de la productivité opérée ces dernières décennies pour réduire enfin sérieusement et mieux partager le temps de travail ( la France possède probablement la plus forte productivité au monde par heure travaillée). PL propose de mettre en place la semaine de 4 jours / 32 heures (son cheval de bataille). D’après lui, cette mesure serait finançable assez facilement (il propose de dispenser de cotisations chômage les entreprises ayant mis en place la semaine de 4 jours – cette partie du livre fait un peu « réclame pour la méthode Larrouturou », alors je vous passe les détails).

    PL en appelle également à une grande politique publique de recherche développement. Il faut que les commandes publiques décuplent dans ce domaine pour que l’Europe rattrape les USA (recherche publique : 250 milliards de dollars par an). Le financement doit être rendu possible par un impôt européen – un simple alignement de la fiscalité européenne sur celle des USA dégagerait des recettes fiscales considérables, car l’impôt sur les bénéfices est de 40 % aux USA, paradis supposé du libéralisme, contre 25 % en Europe, enfer supposé du fiscalisme !

    (Au passage, une remarque : PL fait observer qu’aucun pays européen ne peut remonter son taux d’imposition de manière isolée, puisque les entreprises fuiraient son sol. Cela n’est vrai que parce que l’Europe constitue une zone économique unifiée. C'est-à-dire qu’en créant un espace économique unifié sans créer de fiscalité européenne, l’Europe de Bruxelles a mis les Etats européens en concurrence fiscale. De là le différentiel d’imposition entre l’UE et les USA en matière de bénéfices, et de là, donc, entre autres choses, le déficit de financement public de la recherche en Europe. Cela dit pour ceux qui n’auraient pas encore compris ce qu’est en réalité l’Europe de Bruxelles…)

    Outre un nouveau modèle du travail et une grande politique de recherche, PL propose diverses mesures. Par exemple : que le fonds de réserve des retraites soit utilisé à la construction de logement social, un « placement » plus efficace à long terme que la bourse (qui va imploser à partir de 2010 au plus tard, quand les baby-boomers vendront les actions destinées à financer leurs retraites). Dans la même optique (privilégier l’économie réelle contre l’économie financiarisée), il suggère des investissements massifs dans une grande politique de l’énergie.

    Bref, ce que nous propose PL, c’est un nouveau New Deal, à l’échelle de l’Europe. Ni plus, ni moins.

    2.2.2 - Une Europe sociale

    Ce New Deal européen ne sera possible que si l’Europe se fait pour de bon. PL est manifestement favorable au type de solution proposé par l’Allemand Joschka Fischer en 2000 : une fédération d’Etats-nations, avec un parlement européen souverain pour toutes les questions nécessitant une action commune (monnaie, défense, affaires étrangères) – les parlements nationaux ne conservant que les attributions relatives aux matières locales (instruction publique, urbanisme, par exemple). C’est à peu de choses près la structure des USA – curieusement, PL ne semble pas se rendre compte qu’il propose de décalquer ici, en Europe, les solutions institutionnelles dont il dénonce la faillite économique et sociale outre-Atlantique…

    PL estime la construction de ces Etats-Unis d’Europe incontournable, puisque, dit-il, nos problèmes viennent d’abord de l’Allemagne, laquelle a fortement baissé ses coûts salariaux et augmenté sa TVA (d’où baisse de la consommation, donc des importations). Une Allemagne de plus en plus néolibérale et de moins en moins européenne, qu’il faut « encadrer » par un traité européen (un de plus !), un traité fait pour obliger les économies de l’Euroland à converger vers le haut en matière sociale.

    2.2.3 - Un nouveau Bretton Woods

    Pour que cette convergence de l’Europe vers le haut en matière sociale n’entraîne pas un nouveau mouvement de délocalisation vers la Chine, et sachant qu’il refuse tout protectionnisme « hard », PL préconise un nouveau Bretton Woods. Il s’agit de négocier avec la Chine un système de montants compensatoires qui permettrait de gérer la transition progressive de l’empire du Milieu vers un modèle de développement autocentré. C’est la généralisation à l’échelle du globe du mode de fonctionnement de l’Europe monétaire dans les décennies qui ont précédé la mise en place de l’Euro, tout bonnement.

    3 - LE BLOCAGE

    Ces remèdes rooseveltiens, nous dit PL, sont bien connus. Comment se fait-il alors que le PS ne les propose pas ? – Réponse : parce que le PS, c’est zéro débat, zéro projet, zéro ambition.

    3.1 - Le PS est autiste

    3.1.1 - Zéro débat

    Le PS n’a aucun débat d’idées au plus haut niveau. Les dirigeants se bunkérisent dans un autisme déconcertant. PL raconte qu’un ponte du PS (dont il tait le nom, hélas) lui a déclaré, avant le référendum de 2005, que ça ne servirait à rien de demander un complément social au traité européen, parce que de toute façon, « le politique ne peut rien faire sur le chômage, sur le logement ou sur l’illettrisme. » D’où l’on peut effectivement déduire, avec Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, que le rôle du politique, c’est de remplir les pages people…

    3.1.2 - Zéro projet

    Dans ces conditions, et PL le dit explicitement, le but de la direction du PS est de donner l’impression qu’elle fait quelque chose, alors qu’elle ne fait rien.

    Absolument rien.

    Où l’on reparle de la pathétique querelle de ménage Hollande – Royal, etc. Je vous épargne cette partie du bouquin, parce qu’on ne tire pas sur une ambulance en panne.

    3.1.3 - Zéro ambition

    En fait, le choix du PS est tout simplement de gagner les collectivités locales (fromages, assiette au beurre, yabon copinage) tout en laissant la droite d’affaire gérer l’implosion de la société française. Le PS, c’est un parti centré sur la lutte des places. Au point que PL juge possible qu’un jour, l’UDF de Bayrou remplace le PS comme « force de gauche » – conclusion qui, je l’avoue, me ferait bien rire…

    3.2 - Vers un nouveau mai 68 ?

    PL voudrait que le PS porte un projet de société, et même qu’il travaille avec le SPD pour construire un véritable projet européen. Pour sortir ce parti cataleptique de son sommeil, il appelle de ses vœux une sorte de « mai 2008 bis » – avec, en arrière-plan, l’idée qu’une gauche « remise en mouvement » pourrait enfin surmonter ses divisions. Au besoin, il envisage de lancer un mouvement sur le modèle du très drôle « Vaffanculo day » inventé par l’acteur italien Beppe Grillo (chaque semaine, des milliers de personnes s’assemblent pour dire à la classe dirigeante d’aller se faire f… Une sorte de manif anti-CPE permanente, si vous voulez).

    Une suggestion en forme de provoc à deux balles, à mon avis bien révélatrice de la crise de nerfs qui guette le Parti Socialiste !

    4 - MES CRITIQUES

    PL est un économiste visiblement sérieux, qui creuse ses sujets et sait de quoi il parle. Mais je formulerais deux critiques lourdes : une vision trop limitative, une certaine ignorance des rapports de force.

    4.1 - Une vision trop limitative

    4.1.1 - Tout l’Occident est en crise

    Tout à sa volonté de rédiger un « livre noir du libéralisme », PL a tendance à oublier que le modèle d’économie mixte à la Française reproduit largement les errements du néolibéralisme mondialisé (à petite échelle, il est vrai). Remarque : la dette publique française est de 70 % du PIB officiellement, probablement 160 % si l’on réintègre les retraites par répartition (et il faut les réintégrer, parce que c’est bel et bien une traite sur l’avenir, donc une dette). Par des voies différentes de celles des USA (endettement caché par les retraites plutôt que dette privée), nous avons en fait pratiqué à peu près la même politique qu’eux.

    Au fond, c’est toute une civilisation qui est en crise, et cette crise ne renvoie pas seulement à la question du libéralisme. Cela, le mondialisme néolibéral, ce n’est que la forme principale prise actuellement par une crise beaucoup plus globale (au sens de : qui concerne tous les domaines en tous lieux).

    4.1.2 - La question identitaire

    Limitatif, PL l’est aussi en ignorant complètement la question identitaire en France et en Europe. Son monde semble peuplé d’ « homo economicus » mathématiquement égalisés. Cet angle mort lui fait, parfois, manquer des éléments de diagnostic cruciaux. Par exemple, il s’étonne du différentiel de performance entre le système éducatif finlandais et le système français. Mais à aucun moment, il ne s’intéresse à la diversité ethnique respective des deux pays…

    PL semble persuadé que l’homme est indéfiniment modelable par le système social. Il croit que le niveau de compétence académique moyen a fortement augmenté en France, puisque, dit-il, les effectifs de l’enseignement supérieur ont augmenté. Et de toute évidence, il s’imagine qu’une nouvelle hausse ferait semblablement monter le niveau. Tout cela paraît bien théorique, déconnecté du réel. PL vit dans un monde économétrique, mathématisable – le monde de Jacques Attali, la conscience en plus.

    PL ne semble pas remarquer que la catastrophe qu’il décrit prend forme au moment précis où l’Occident comme civilisation implose démographiquement, culturellement, politiquement. Il ne pose à aucun moment la question du lien éventuel entre la « mauvaise croissance » étatsunienne et l’individualisme organique américain, paroxysme de la modernité bourgeoise. Il y a, de toute évidence, un refus chez PL de voir dans sa globalité la question contemporaine, d’élever cette question jusqu’à remettre en cause la finalité même de l’expérience sociale, telle que le matérialisme contemporain la formule.

    4.1.3 - Une crise de civilisation

    PL ne voit que l’aspect économique des problèmes. La question civilisationnelle n’est qu’effleurée dans son essai – il constate que l’un des blocages en matière de réduction du temps de travail, c’est que le travail est devenu un des divertissements qui permettent à l’homme occidental contemporain de se fuir. Mais comment faire cesser cette fuite ? – A cette question, PL ne tente même pas de répondre.

    C’est pourquoi, s’il a bien vu que le néolibéralisme est une pathologie, il ne cherche pas à remonter jusqu’à la cause profonde de cette pathologie. PL parle du point de vue de quelqu’un qui veut continuer à faire fonctionner un système sur le point d’entrer en crise fatale – mais mon avis, mon avis à moi, je l’avoue, c’est que ce système est la crise. En lui-même.

    Derrière la catastrophe prévisible qui marquera l’implosion cataclysmique du modèle mondialiste néolibéral, il y a, à mon humble avis, la faillite d’un mode de pensée systématique et désincarné (Hobbes), individualiste et dualiste (Descartes), matérialiste et amoraliste (Adam Smith). La reproduction presque trait pour trait du désastre de 1929, reproduction qui semble bel et bien être au programme de la prochaine décennie, confirme que la crise du modèle occidental moderne est structurelle, qu’elle ne pourra que se reproduire à intervalles réguliers, et que seule l’existence d’un contrepoids puissant (l’URSS entre 1945 et 1985) a permis temporairement de borner les tendances auto-amplificatrices de ce système incohérent, spontanément porté à opérer une division de l’humanité entre détenteurs du capital et masses aliénées.

    4.2 - Une certaine ignorance des rapports de force

    La vision limitative adoptée par PL l’empêche de formuler une réponse à sa propre critique en termes de rapports de force effectifs. PL pense, ou affecte de penser, que la catastrophe latente qu’il décrit dans la première partie de son essai n’est que l’incidence fâcheuse d’une politique conduite par des inconscients. Vision rassurante, mais que rien ne vient étayer…

    Il existe une vision alternative à celle de PL. Selon cette vision, la violence faite aux peuples par le mondialisme néolibéral n’est pas le prix à payer pour le déploiement du système économique en tant que finalité : c’est le système économique qui est au contraire le moyen, et la violence qui est le but. Dans cette optique, l’idéologie mondialiste néolibérale est un outil, outil qui permet d’exercer une violence délibérée sur les peuples, violence qui constitue la fin dernière du pouvoir.

    Cette question du caractère volontaire de la crise, question que PL refuse d’aborder, est pourtant centrale. Si l’optique alternative est la bonne, alors il ne sert à rien d’expliquer à la classe dirigeante euromondialiste que sa politique nous conduit au désastre : ça ne sert à rien, parce que dans cette hypothèse, la classe dirigeante veut le désastre. Donc, dans cette hypothèse, il ne s’agit pas de convaincre les dirigeants de l’utilité d’une politique réformiste, il s’agit de préparer leur renversement, ou tout au moins de construire un rapport de forces qui les obligera à des concessions.

    Enfermé dans son positionnement d’économiste perturbateur au sein de la gauche dite réformiste, PL s’interdit de poser les vraies questions, en particulier dans la troisième et décisive partie de son bouquin. D’où vient en réalité le blocage qu’il dénonce ? Et si, en avouant que le politique est impuissant, les hiérarques du PS ne faisaient que dire la vérité ?

    Avec la disparition de la menace soviétique et la déconstruction méthodique des faits nationaux, donc des nations, donc des peuples, donc des masses populaires en tant que collectivités soudées capables de prendre conscience d’elles-mêmes comme forces agissantes, avec aussi le déplacement des capacités d’intégration logistique depuis les organisations territoriales vers les organisations non territoriales, les mondialistes néolibéraux se retrouvent en situation de toute puissance : voilà le vrai problème.

    PL ne se demande pas ce qu’est l’Europe de Bruxelles, ce qu’est sa nature. C’est quoi, cette Europe de Bruxelles qui ne réagit pas quand les USA organisent, par leur politique de change, la désindustrialisation de leur principal concurrent géostratégique ? Les USA se sont auto-désindustralisés, et à présent ils exportent leur modèle... Est-ce que cette Europe de Bruxelles est une expression de la souveraineté européenne ? Ne serait-ce pas plutôt un proconsulat de l’empire mondialiste ? – Poser la question, c’est y répondre. En proposant de renforcer l’échelon européen avant d’avoir traité cette question de la souveraineté, PL prend le risque de renforcer l’ennemi qu’il croit combattre. A quoi ça sert de faire enfin fonctionner l’Europe, si l’Europe n’est pour finir qu’un auxiliaire de l’empire ?

    Faute de poser ces questions fondamentales, PL se condamne à tourner autour du pot, sans jamais s’en approcher vraiment. Son « mai-68 bis » ne convaincra personne. Qu’est-ce qui se passerait si le peuple de France descendait dans la rue ? – Ma foi, il y trouverait sans doute le sous-prolétariat violent qui s’est déjà défoulé lors des manifs anti-CPE, en 2006, et dans l’hypothèse où cela ne suffirait pas à faire sagement rentrer la classe moyenne inférieure à la maison, on peut supposer que l’oligarchie n’hésiterait pas à faire monter le niveau de violence interethnique jusqu’au point où une reprise en main autoritaire du pays deviendrait possible – au nom, bien entendu, de la tolérance et des Droits de l’Homme.

    PL se croit en démocratie alors qu’il n’y a plus de peuple : voilà son problème. PL veut sauver la gauche réformiste, alors que le Capital n’a plus aucune raison de se réformer : voilà son impasse. PL veut croire que la classe dirigeante souhaite l’égalité, alors qu’elle veut l’inégalité, l’injustice même. PL veut réveiller le PS, lui enseigner ce qu’il ne sait pas. Mais je crains, moi, que les dirigeants du PS n’aient hélas compris, de leur côté, quelque chose que PL, malgré toute sa science, malgré toute sa finesse, n’a fait qu’entrapercevoir…
    Michel Drac http://www.scriptoblog.com

  • Yvain ou le Chevalier au Lion

    Un roman mythologique

    Du merveilleux au mythe, la distance n'est pas très grande d'autant que les deux domaines procèdent d'un même univers originel. Le Chevalier au lion est riche d'épisodes mythiques dans le sens le plus immédiat du mot. La mythologie peuple ses récits d'êtres monstrueux, de combats prodigieux contre des géants, d'exploits hors du commun réservés à des êtres d'élite. Yvain accomplit justement les épreuves héroïques classiques du héros parfait. Il affronte des adversaires multiples ou des personnages monstrueux avec une déconcertante énergie. L'adversaire est unique lorsqu'il s'agit du géant Harpin de la Montagne, sombre brute sanguinaire et perverse. L'adversaire est double lorsqu'il s'agit des deux fils du netun, les invincibles champions du seigneur de la Pire Aventure. L'adversaire est triple enfin lorsqu'il s'agit des trois chevaliers félons qui ont injustement accusé Lunette d'un crime qu'elle n'a pas commis.

    Ces exploits tirent leur caractère mythique de la nature même des adversaires affrontés. L'adversaire monstrueux ou triple est typique des mythes d'initiation à la guerre dans la mythologie indo-européenne. Le mythologue Georges Dumézil a montré l'importance du motif du combat contre trois adversaires. Il y voit un thème fondamental dans l'initiation guerrière du héros indo-européen. Dans le cas des netuns, les adversaires monstrueux ne sont que deux mais leur nature mythique est bien rappelée par leur nom : netun vient peut-être de Neptunum. Dans le sillage de ce nom, il faut placer les rites en l'honneur de Neptune (les Neptunalia dont parle Georges Dumézil) et qui concernent précisément les eaux dangereuses et caniculaires qui sont apparues au début du roman avec la furieuse tempête. Avec Harpin de la Montagne, réapparaît une figure classique de monstre mythique et prédateur : un géant dont le caractère ogresque est renforcé par le fait qu'il vient régulièrement chercher une pâture humaine pour satisfaire ses appétits pervers. On songe naturellement au Morholt de la légende tristanienne ou au Minotaure grec.

    On notera que ces trois combats sont concentrés dans la deuxième partie de l'oeuvre. Lors de ces luttes, le chevalier est toujours assisté de son lion qui semble faire corps avec lui. De ce fait, Yvain et son lion ne font qu'un. Il s'agit de deux personnages en une seule et même figure : l'un est la métaphore de l'autre. Les miniatures médiévales n'auront aucun mal à déduire la nature héraldique de ce lion : Yvain est toujours représenté avec un écu au lion. Dans l'adaptation islandaise du Chevalier au Lion, le lion d'Yvain est qualifié de berserkr. C'est dire qu'il est un guerrier-fauve, un guerrier "à chemise d'ours", pour reprendre une expression classique de la littérature scandinave que traduit justement le terme berserkr. En fait, Yvain tient lui-même du guerrier-fauve, ce parfait animal de combat, comme le soulignent les métaphores du texte, mais la présence d'un lion à ses côtés vient humaniser et relativiser la violence de son comportement en reportant sur la bête la terrifiante force aveugle qu'il a su désormais maîtriser. L'épisode de la folie sauvage d'Yvain témoigne sans doute de l'état de fureur propre au guerrier-fauve. Les récits mythologiques représentent cette colère et cette fureur transfigurantes caractéristiques du héros indo-européen. Cette frénésie qui correspond réellement à la folie d'Yvain constitue une étape importante dans l'initiation guerrière du héros. Dans sa période de rage et de fureur, le futur héros se confond littéralement avec l'homme-fauve. Il échange sa nature contre celle d'un ours, d'un loup ou d'un chien dont il prend directement l'apparence.

    Dans la première partie du roman figure un autre épisode dont le caractère mythique est évident. Il s'agit de la coutume de la fontaine. On a depuis longtemps souligné le caractère traditionnel de cet usage qui s'apparente à de vieux rites pour obtenir la pluie, particulièrement lors des périodes de grosse chaleur. Verser un peu d'eau sur la pierre qui borde la fontaine entraîne un véritable déluge et un orage terrifiant. Le rite pratiqué autour de la fontaine de Barenton dans la forêt de Brocéliande est probablement un reste de vieux cultes néolithiques, antérieurs au monde indo-européen. Il confirme le lien d'Yvain avec la mythologie de la canicule puisque c'est la période au cours de laquelle les orages sont les plus dangereux. Mais la canicule est aussi la période zodiacale du Lion, signe emblématique d'Yvain. 

    Chevalier-lion

    En posant d'emblée la figure du lion comme emblème de son héros Yvain, Chrétien de Troyes privilégie une figure symbolique riche de sens. Incarnant traditionnellement la bravoure, la fierté et la force, le lion résume bien les vertus que l'on s'accorde volontiers à reconnaître à Yvain. Compagnon d'armes du chevalier, le lion se confond avec lui au point que les deux êtres échangent leurs personnalités. D'une part, Yvain est comparé à un lion. D'autre part, le lion tient parfois le rôle d'Yvain. Il devient même un personnage à part entière, pourvu des mêmes réactions et sentiments qu'un humain, par exemple lorsqu'il tente de se suicider. Le lion d'Yvain est sans nul doute le premier modèle d'un personnage animal humanisé dans la littérature française : audacieuse tentative d'un écrivain inventif. Il faut relire les passages où apparaît le lion pour comprendre comment Chrétien a su humaniser cet animal a priori terrifiant.

    Dans le roman, le lion est un animal guerrier qui s'apparente et se substitue à la figure plus archaïque de l'ours. Comme l'a montré Michel Pastoureau, spécialiste de l'héraldique, c'est vers le milieu du XIIè siècle que se produit une mutation importante dans l'histoire des symboles : l'ours qui est alors considéré comme le roi des animaux est remplacé par le lion. Le roman de Chrétien de Troyes se place donc au moment où l'ours tend à devenir lion sous l'influence de modèles antiques gréco-latins. Avant d'être un chevalier au lion, Yvain a sans doute été un chevalier à l'ours, à l'instar d'Arthur qui porte justement le nom celtique de l'ours (art). Rappelons en effet qu'en ancien français le nom du roi est Artu(s) et on n'aurait aucun mal à trouver des héros antiques qu'une relation archaïque au lion a pour ainsi dire portés vers un statut mythique. Le plus célèbre de ces héros est sans conteste Héraclès, toujours associé au lion qui rappelle l'un de ses exploits. Il revêt sur ses épaules en effet la peau du lion de Némée qu'il a tué dans un de ses célèbres travaux. À travers cette peau qui lui sert d'emblème, il s'est approprié la force mythique du lion. Il est devenu un homme-lion. Yvain est une sorte d'Héraclès celtique. Lui aussi accomplit des exploits sans toutefois tuer le lion qui va devenir son emblème. Au contraire, le lion deviendra son compagnon après avoir été sauvé de l'étreinte mortelle du serpent. Notons ici que, dans la langue médiévale, serpent désigne plutôt un dragon qu'un simple serpent (c'est bien ainsi que le représentent les miniaturistes du Moyen Âge). Son analogue serait plutôt la tarasque vaincue par sainte Marthe dont le nom rappelle celui de l'ours (art dans les langues celtiques) et dont la fête tombe le 29 juillet en pleine période caniculaire. Si le Chevalier au Lion tue le dragon en présence d'un lion, on peut assurément traduire cet épisode en termes de calendrier : Yvain est bien un héros de la canicule. Il accomplit son exploit lorsque le soleil est dans le signe du Lion et il tire de cet exploit son surnom. La mythologie chrétienne du Moyen Âge conserve dans le calendrier la mémoire du mythe celtique fondateur sur lequel est construit le roman de Chrétien. C'est ce que Nathalie Stalmans appelle avec raison les "affrontements des calendes d'été dans les légendes celtiques". Ce mythe se retrouve aussi bien dans les légendes hagiographiques que dans plusieurs récits hérités du monde celtique.

    Le lien entre Yvain et le lion serait ainsi de nature zodiacal. Il soulignerait le caractère solaire du héros qu'il partage d'ailleurs avec Gauvain dont il est le cousin germain mais il renverrait aussi à sa date de naissance. Il existe un texte irlandais racontant la naissance mythique d'Yvain/Owein. On y apprend que le héros a été engendré, près du gué de l'Aboiement, lors d'une nuit de Samain (autrement dit le 1 novembre). Par conséquent, il naît neuf mois plus tard, le 1er août, jour de Lugnasad (fête du dieu solaire Lug) dans le calendrier celtique. Ainsi, le signe du Lion (du 22 juillet au 23 août) est le signe zodiacal d'Yvain. Natif du Lion, Yvain est un enfant du soleil car le soleil possède son domicile astrologique dans le seul signe du Lion. La présence d'un lion aux côtés d'Yvain n'est plus alors un simple hasard. Il rappelle le caractère solaire du héros. Il préfigure aussi son destin héroïque et royal. Il est admis en effet dans la tradition astrologique que le signe du Lion est un signe d'excellence puisqu'il est lié à l'astre le plus puissant : le soleil.

    Dans l'interprétation traditionnelle de l'Antiquité, le signe du Lion est le signe royal par définition. Macrobe (que Chrétien de Troyes connaissait fort bien puisqu'il le cite au v. 6730 d'Érec et Énide) était un grammairien latin du début du Vè siècle après Jésus-Christ. Il était l'auteur d'un commentaire à la fois mathématique, astronomique et mythologique sur le Songe de Scipion de Cicéron. Ce Commentaire sur le Songe de Scipion développe une idée essentielle que les érudits du Moyen Âge devaient méditer. La Voie Lactée (dont on sait qu'elle apparaît lorsque le soleil est dans le signe zodiacal du Lion) est la voie des héros. Tout personnage qui aurait un lien avec cette Voie Lactée ne pourrait être que prédestiné à un destin d'exception. C'est bien le cas d'Yvain porté vers sa destinée royale par ce signe exemplaire. De très nombreuses sculptures de l'époque romane illustrent les thèmes de cette mythologie solaire où les figures bibliques et gréco-romaines rejoignent les grands thèmes celtiques.

    À partir d'une mythologie qu'il hérite du monde celtique et qui exploite quelques grands motifs mythiques liés à la période de la canicule (signe zodiacal du Lion), Chrétien de Troyes livre dans le Chevalier au Lion un nouveau mythe adapté au monde chrétien et courtois du Moyen Âge. Ce mythe est celui du chevalier-roi, modèle de toute perfection, qui s'élève vers une souveraineté royale et amoureuse à la fois. Dans l'évolution de l'écriture romanesque de Chrétien de Troyes, ce roman expérimente une véritable esthétique du symbole, comme l'a montré Daniel Poirion. À partir des éléments que lui livre la tradition orale des Celtes, Chrétien cherche à créer un personnage qui serait une référence suprême en matière d'héroïsme. Le symbolisme zodiacal lui sert à suggérer l'image d'un héros solaire capable de rivaliser avec ses glorieux ancêtres antiques. Yvain, sous les traits du héros, incarne la perfection de la chevalerie courtoise : ardent défenseur des faibles et des opprimés, il est le chevalier sans reproche qui donne désormais à la chevalerie une mission morale qui prépare de loin la chevalerie céleste des futurs romans en prose du Graal. En s'imposant comme l'un des meilleurs chevaliers du monde, il devient un repère mythique pour la chevalerie courtoise car il relève un défi nouveau. Si, dans la tradition occidentale, le héros est surtout un être qui ne s'accomplit que dans une mort exemplaire, à travers Yvain, c'est la vie qui est exaltée. La fatalité inhérente à la figure héroïque (et que Tristan assume dans sa mort d'amour), Yvain l'exorcise en s'engageant sur une voie qui éloigne le pessimisme tragique du destin pour rechercher l'optimisme radieux de la volonté. Séduit par l'éclat du symbole léonin, le romancier champenois réalise ainsi une synthèse magnifique du héros qui concentre toute la richesse de la tradition mythologique résumée dans un double héritage celtique et gréco-latin. En même temps, il élabore une réflexion originale sur l'héroïsme chevaleresque et courtois en incarnant le modèle troubadouresque du fin amant dans une figure où "avec le Lion, le soleil et la raison brillent sur l'héroïsme".

    Professeur à l'université de Grenoble

  • « Manif pour tous » ? Là, ça va trop loin !

    Pourra-t-on défiler contre le « mariage » des homosexuels le dimanche 13 janvier sans marcher en même temps « contre l'homophobie » ? Frigide Barjot, grande coordinatrice de la marche qui annule et remplace la marche pour la vie (les enfants à naître aux oubliettes…) a clairement fait savoir que non. « Comment vous prémunir contre les homophobes ? », lui demandait-on sur RMC jeudi. En faisant applaudir les rainbow flags… Et les gens de Civitas ? « Civitas, c'est clair et net, ils viendront, et ils seront obligés de défiler contre l'homophobie, et d'enlever leurs bannières. »
     
    — Ça va être compliqué pour eux, quand même…
     
    — Voilà ! (sur un ton triomphant. L'air de dire : tant mieux, ils seront bien obligés de s'en aller…)
     
    Contre l'homophobie ? Contre un concept inventé par les plus durs des lobbies gays pour empêcher tout jugement de valeur non sur les personnes qui se trouvent avoir des attirances homosexuelles, mais sur le comportement homosexuel ? Contre un instrument juridique qui, dans de nombreux pays du monde déjà, permet l'inculpation de personnes qui se réclament de la Bible pour porter ce jugement moral ? Contre un sentiment subjectif de répugnance, aussi, qui est désormais interdit, alors qu'on imagine les homosexuels répugnés par l'idée de relations charnelles avec les personnes du sexe opposé et que tout le monde doit apparemment trouver que dans ce sens-là, il n'y a pas de problème ?
     
    Oui, là, cela va trop loin. Cela va trop loin d'avoir prévu, au cœur de la « manif pour tous » (c'est toujours dans l'interview précitée) un « char des homos » : « J'appellerai tout le monde à venir danser sur le char gay ! »

    Mais c'est quoi, ce détournement ? 99 % des personnes qui viendront défiler à Paris le 19 janvier ne demandent pas cela, ils demandent le retrait du projet. Rien de moins. Et surtout, rien de plus. Pas sa suspension en attendant la tenue d'« états généraux de la famille ». Pas une discussion sur « la place de l'homosexualité dans notre pays ».
     
    Et encore moins une revendication qui est très exactement à l'opposé de ce que demandent les honnêtes gens. Pourtant elle y est, régulièrement mise en avant par Frigide Barjot : l'amélioration du contrat d'union civile ouverte aux couples homosexuels. Elle l'a dit lors de sa conférence de presse mercredi, et j'en atteste puisque j'y étais : « Nous travaillons à un projet alternatif qui assure les droits sociaux, civils, patrimoniaux des familles homoparentales, sans bouleverser les principes du droit civil. »

    Et voilà que l'absurdité de la « famille homoparentale » devrait être entérinée par les centaines de milliers de personnes qui manifesteront contre le « mariage » des homosexuels ? C'est ainsi qu'on se fera entendre des médias, qu'on explosera les idées préconçues, nous dit-on. Mais oui : en brouillant le message jusqu'à le rendre incompréhensible. Car s'il est bon d'aménager des droits parentaux pour les partenaires de même sexe, s'il faut réfléchir à l'« homo-éducation » comme le propose Frigide Barjot, si les enfants peuvent « absolument » très bien grandir dans un foyer homosexuel, on se demande pourquoi on se donnerait la peine de se déranger le 13 janvier.
     
    C'est la même raison pour laquelle il n'est pas question de parler des « souffrances » des homosexuels, et tant pis pour ceux qui vivent douloureusement leur condition. « L'homosexualité n'est pas une maladie », comme l'a martelé Frigide Barjot.
     
    Car dire cela, c'est déjà être « homophobe », n'est-ce pas ? Puisque l'homophobe est celui qui « discrimine » à l'égard des homosexuels en émettant des critiques, fussent-elles vraies, sur leur mode de vie ou leur capacité à tout faire comme les « hétéros », voire mieux… Tout cela est d'une logique totale : on cherche à plaire aux médias, on adopte le langage et les concepts de l'adversaire, on s'y soumet, et on fuit comme la peste ceux qui ne sont pas disposés à s'incliner devant le politiquement correct. Tout comme nombre d'évêques de France ont longtemps mis sous le boisseau l'enseignement de l'Eglise sur l'avortement, de peur de se voir assimilés à l'« extrême droite » qui seule portait le respect de la vie sur la place publique.
     
    Non, là je cale vraiment. Pour le bien de la cause, il me semblait jusqu'ici qu'on pouvait faire avec les consignes souvent décalées, sans portée réelle, ou du moins je l'imaginais, données par Frigide Barjot (applaudir les « kiss-in », se dénuder pour se retrouver à égalité avec les Femen…). J'étais irritée par le « dress code » imposant aux gens de venir autrement qu'ils ne sont, par le refus des slogans et affiches non lus et approuvés par les organisateurs (mais qui représentent-ils ?). Mais ce n'étaient pas des raisons suffisantes pour prendre l'affaire bille en tête.
     
    Avoir radicalement inversé les objectifs de la marche, c'est autrement plus grave.
     
    Question : les nombreux évêques qui, courageusement, ont appelé les Français et les catholiques à manifester leur opposition à la légalisation du « mariage » des homosexuels, partagent-ils l'idée selon laquelle il faut marcher « contre l'homophobie » et pour un super-pacs, danser sur un char façon Gay Pride et réclamer une nouvelle forme d'« autorité parentale » pour les « homo-éducateurs » ? Un catholique peut-il participer à cela sans rien dire ?
     
    Désolée, mais il va falloir qu'ils s'expriment. Ils sont au pied du mur.