Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 59

  • Civilisations : Changer ou disparaître ?

    Le Dessous des Cartes” s’interroge sur l’avenir de notre civilisation et sa capacité à protéger son environnement. L’utilisation abusive des ressources naturelles ou “écocide” semble expliquer la chute de certaines civilisations, notamment les civilisations khmer et maya. À travers ces deux exemples, “Le Dessous des Cartes” s’interroge sur l’avenir de notre civilisation et sa capacité à protéger son environnement pour ne pas s’effondrer à son tour.

    http://fortune.fdesouche.com/

  • Robert Fisk : non, bachar El Assad ne veut pas gazer son peuple !

    Avec Seymour Hersh qui officie au New-Yorker et qui veille aux dérives du Pentagone et de l’Executif américain, il est sans doute le journaliste d’investigation anglo-saxon le plus respecté de sa profession. Robert Fisk nous livre ici (1) sa profonde lassitude d’assister incrédule à une succession de campagnes de dénigrement absurdes contre Bachar El Assad, les mêmes qui firent la honte de l’Occident au moment de l’invasion de l’Afghanistan, puis de l’Iraq, puis de la Libye. Rappelez-vous : Pas de grottes perfectionnées dans les montagnes de Tora Bora, pas d’ADM en Iraq, ni de liens avec les pirates du 11/9 (16 saoudiens – ennemis jurés de l’Iraq ) , et pas de chars devant Benghazi (les français en ont détruit 4, les russes photographié 6, et le pleutre BHL en avait annoncé 200).

    Rappelez-vous aussi, tandis que nous aidons une pseudo-rebellion syrienne qui détruit le patrimoine culturel inestimable de la Syrie, que le département d’Etat US avait fustigé les talibans pour leur destruction des Bouddhas de Bamiyan. mais que ce même département d’Etat n’avait vu aucun inconvénient au pillage du musée archéologique de Bagdhad, situé à quelques encâblures du siège ultra protégé de l’Iraq National Oil et de l’Iraq Petroleum, ni à la destruction de toutes les bibliothèques municipales de toutes les provinces irakiennes.

    Peut-être que dans leur grand mépris des peuples, les stratèges du Pentagone et de l’OTAN en sont-ils arrivés à mépriser la mémoire même de leurs propres peuples pourtant peu dupes. Après tout, les affaires internationales concernent si peu le peuple français, que les ex-candidats Sarkosy et Hollande ne les ont même pas abordées lors de leur pseudo-joute télévisée animée par M. Pujadas.

    Comme M. Fisk, nous souffrons avec le peuple syrien et appelons d’urgence à une solution négociée appuyée par l’envoi massif d’une force d’interposition sous mandat de l’ONU chargée avant tout de désarmer. Si les rangs des pacifistes étaient clairsemés derrière le cortège funèbre de Jaurès, et si l’opposition pacifiste syrienne se fait décimer par la rebellion surarmée et les médias indifférents à son sort, nous ne "désarmons" pas pour autant. L’heure est grave. L’alliance pour la guerre avance. Puisse cette traduction trouver le chemin des consciences du plus grand nombre qui la diffuseront largement, jusqu’à gagner les ors de l’Elysée.

    ndt. : Photo, la Syrie au centre d'enjeux énergétiques et géostratégiques ? 

    Bachar el Assad, la Syrie, et la vérité sur les armes chimiques

    par Robert Fisk, pour The Independent, paru le samedi 8 décembre 2012

    traduction Bluerider pour Agoravox

      (1) Robert Fisk est le correspondant à Beyrouth du journal britannique The Independent. Il est considéré, à juste titre, par le Financial Times, comme « l’un des plus remarquables reporters de sa génération ». Ouvrages récents : La Grande Guerre pour la civilisation : l’Occident à la conquête du Moyen-Orient (1979-2005), La Découverte, 2005 et Liban, nation martyre, Editions A&R et du Panama, 2007 

    The INDEPENDENT (80/120 000 ex.) est l’un des "équivalents britanniques de centre gauche" du journal Le MONDE (325 000 ex.), avec The DAILY TELEGRAPH (centre droit, 630 000 ex.). Mais au lu de cet article, vous pouvez constater comme nous, un gros écart en matière de propagande de guerre. A bon entendeur….

    Le Père de bachar, Hafeez Al Assad, était brutal mais n’a jamais utilisé d’armes chimiques. Et savez-vous quelle fut la première armée à utiliser le gaz au Moyen Orient ?

    Plus le mensonge est gros, plus les gens le croiront. Nous savons tous qui a dit ça –mais ça marche encore. Bachar Al Assad a des armes chimiques. Il pourrait les utiliser contre son propre peuple syrien. S’il le fait, l’Occident répliquera. Nous avons entendu ces histoires l’an passé – et le régime d’Assad a répété que si – si – il avait des armes chimiques, il ne les emploierait jamais contre les syriens.

    Mais à présent, Washington entonne le même refrain encore et toujours. Bachar a des armes chimiques. Il pourrait les utiliser contre son propre peuple. Et s’il le fait….

    Eh bien, s’il le fait, Obama et Madame [en français dans le texte] Clinton seront très très méchants. Pourtant, la semaine passée, tous les pseudos-experts habituels, qui ne sont même pas capables de trouver la Syrie sur une carte, nous ont mis en garde contre le gaz moutarde, les agents chimiques, les agents biologiques que la Syrie serait susceptible de possèder – et susceptible d’utiliser. Et les sources ? Les mêmes spécialistes du dimanche qui ne nous avaient pas avertis du 11/9 mais qui avaient insisté sur la possession d’armes de destruction massives par Saddam Hussein en 2003 : « des sources anonymes du renseignement militaire ». Nous les appellerons donc « SARM » [ndt. « unnamed military intelligence sources », UMIS].

    Coup de théâtre [en français dans le texte]

    Et maintenant… le coup de théâtre [en français dans le texte]. Quelqu’un de CBS (Canadian Broadcasting Corporation) m’a appelé cette semaine pour me parler de l’utilisation d’armes chimiques par Hafeez Al Assad à Hama pendant le soulèvement de musulmans sunnites dans cette ville en 1982. Leurs sources étaient les mêmes bonnes vieilles « SARM ». Mais voilà, il se trouve que je me suis rendu à Hama en février 1982 – raison pour laquelle le canadien m’a appelé- et pendant que l’armée syrienne exterminait c’est le mot, son propre peuple (qui au passage, exterminait lui-même des officiels du régime et leurs familles), personne n’a jamais utilisé d’armes chimiques.

    Pas un seul des soldats que j’ai vu à Hama ne portait de masque à gaz. Aucun civil ne portait de masque à gaz. Les parfums dangereux que mes collègues et moi avions respiré après que notre allié (à cette époque) Saddam ait employé des composants chimiques contre les soldats iraniens dans les années 1980 étaient absents. Et pas un parmi la douzaine de civils survivants que j’ai interrogé dans les 30 années qui ont suivi depuis n’a jamais mentionné l’usage de gaz. Et pourtant nous devrions maintenant croire qu’il a été utilisé. Et c’est comme ça que ce nouveau conte pour enfant a commencé : Hafeez Al Assad a utilisé le gaz contre son propre peuple à Hama il y a 30 ans. Donc son fils Bachar pourrait faire pareil à nouveau. Et n’était-ce pas l’une des raisons pour lesquelles nous sommes allés faire la guerre en Iraq en 2003 – parce que Saddam avait déjà utilisé du gaz contre son propre peuple et pouvait le refaire ?

    N’importe quoi !

    Oui, plus le mensonge est gros, plus il fonctionne. Alors oui c’est sûr, nous les « journaleux » , nous avons fait notre boulot en disséminant ces balivernes. Et Bachar – dont les forces ont commis suffisamment d’iniquités- est sur le point d’être accusé d’un autre crime qu’il n’a pas encore commis, et que son père n’a jamais commis. Ouais, des armes chimiques, c’est une sacrée tuile, les mecs. C’est pourquoi les USA ont fourni Saddam en composantes pour les fabriquer, avec l’Allemagne (bien sûr).

    C’est pourquoi, quand Saddam a commencé à utiliser du gaz à Halabja, les « SARM » ont demandé à la CIA de mettre tout sur le dos de l’Iran. Et oui, Bachar doit probablement avoir des composants chimiques dans des containers-poubelle rouillés quelque part en Syrie. Madame [en français dans le texte] Clinton s’est émue qu’ils « puissent tomber dans de mauvaises mains » – comme si ils étaient actuellement « dans de bonnes mains ». Mais les russes ont dit à Bachar de ne pas les utiliser. Est-ce qu’il va s’amuser à envoyer se faire f….tre sa seule superpuissance alliée ?

    Ah oui, et au fait, qui était la première armée à avoir utilisé le gaz au Moyen Orient ? Saddam ? Ben non, raté ! Les Britons bien sûr, sous le commandement du général Allenby, contre les turcs dans le Sinaï en 1917. Et ça, c’est la vérité. 

    ***

    Parmi les commentaires à la suite de cet article, mentionnons celui-ci :

    Je ne sais pas si la Syrie a des armes de destruction massives ou pas, si il serait juste, ou pas, de lancer une action militaire sous couvert de l’ONU, mais puis-je mettre en évidence un certain nombre de questions que soulève ce reportage ? L’idée qu’Hafeez a utilisé des armes chimiques sur Hama est relativement confidentielle, et la plupart des journalistes ne l’ont pas rapportée par manque de sources. Je ne suis pas sûr que la source en soit une « SARM », mais bien plutôt que l’affirmation soit venue du Comité syrien des Droits de l’Homme il y a quelques années. Je pense plutôt que si la rhétorique est montée d’un cran, cela n’a rien à voir avec Hama, mais davantage avec la disparition de Jihad Makdissi, et l’information de la semaine dernière, selon laquelle il pourrait avoir fait défection au Royaume Uni. A en croire ses commentaires à la TV syrienne il y a quelques mois, on peut imaginer quel genre d’informations il a pu fournir aux USA/UK la semaine dernière, qui ont pu causer cette escalade rhétorique. [Ndlr. ce commentaire peut tout aussi bien illustrer et canaliser un montage du renseignement allié ou syrien, que fournir une piste de recherche non infiltrée. Il a au moins le mérite de désigner clairement les opérateurs qui ont mis la Syrie sur table d’écoute.]

    Rappel : mais au fait... de quel gaz devrait-on parler dans tous les médias ?

    commentaires bluerider, pour agoravox 

    La Libye, déjà une affaire de gaz :

    • Le gisement de gaz "BLOC LC7" au sud de Tripoli était l’objet de la visite de Kadhafi à Paris le lundi 10 décembre 2007. Même CANAL+ ose le dire. A quand la même émission sur les réserves de gaz syrien, et les raisons de la venue à Paris le 12 juillet 2008, de M. Bachar El Assad qui a pu assister le 14 juillet 2008, à un défilé de ce que notre industrie de défense fait de mieux ? Il est vrai que les USA viennent de signer avec l’Arabie Saoudite le contrat "pétrole contre armement" du siècle, et qu’avant eux, Margareth Thatcher avait signé avec les mêmes les accords Al Yamamah eux aussi promettant un supertanker par jour au Royaume-Uni en échange de chasseurs bombardiers Panavia Tornado (avec le plus gigantesque scandale financier de tous les temps où l’avionneur britannique BAe a bien failli disparaitre). M. Sarkosy notre ex-Président formé à son métier d’avocat et politicien par Frank Wisner Jr., ancien patron de la CIA, aura sans doute beaucoup appris… trop vite peut-être ? Souvenez-vous aussi de son équipée avec des centaines de conseillers au lendemain de son élection, auprès de George Bush à Kennebunkport, un coup de force sur les mentalités françaises,dont le nouvel occupant de l’Elysée semble fort aise.

    La Syrie, une affaire de gaz également ?

    Gaz toxiques en Syrie : La réponse du berger à la bergère….

    • un journal de contre-propagande certes, mais qui va regarder cette télévision d’Etat francophone syrienne ? La "coalition pour la guerre" pourra toujours s’adapter et répliquer qu’en fait, il s’agit cette fois d’empêcher la création d’un émirat islamique et de préserver la laïcité, et donc d’aller porter secours au bon peuple syrien prêt à tomber aux mains de méchants intégristes détenteurs de gaz mortels. La propagande de guerre a ceci de commode, c’est qu’elle est malléable à souhaits. La vérité, elle, souffre d’exactitude, surtout dans les intentions.

    et si les gaz mortels tombaient aux mains des forces alliées contre Bachar el Assad ?

    bluerider http://www.agoravox.fr

  • Henri d’Orléans : « Il faut s’attendre à avoir un jour un Califat à Poitiers »

    « Dans un billet intitulé « L’Islam et l’Islamisme », le Comte de Paris s’insurge contre la naïveté de certains à l’égard de l’islamisme. « Le respect ne doit pas pourtant nous empêcher d’être lucides. Il nous oblige à regarder aujourd’hui une autre réalité en face », écrit celui, qui descend pourtant de Mahomet.

    Bien qu’il considère que « chaque religion a depuis ses origines généré ses extrêmes », il rappelle que « dans le Coran il y a un verset qui nous parle de « Dar al Islam » le pays des croyants et « Dar al Kurf » le pays des mécréants qu’il leur faudra un jour conquérir et convertir ». Et de poursuivre : « Alors que nous avons cru naïvement pouvoir aider l’islamisme modéré dans les guerres du printemps arabe, celles-ci ont donné partout naissance au pouvoir des islamistes extrémistes, car contrairement à l’islam, l’islamisme ne sera jamais modéré ». [...]«

    Lire la suite

    Complément 1 : Relire

    Jacques Ellul, 1989 : «Il faut vivre dans la lune pour croire que l’on pourra intégrer des musulmans »

    Complément 2 : Alain Besançon : les musulmans « ne se fondent pas dans la population »
    Extraits d’une interview d’Alain Besançon, agrégé d’histoire, docteur en histoire, membre de l’Institut, membre de l’Académie des sciences morales et politiques.

    L’histoire est quand même formelle : les populations musulmanes ne se fondent pas dans la population alentour. C’est un fait, un simple fait. Le 20e siècle a vu une purgation des zones mixtes. Par exemple, il y avait beaucoup de chrétiens en Turquie, en Égypte etc… Ils sont tous partis. Il y avait des musulmans en Grèce, dans les Balkans… Ils sont tous partis. Il y avait des Français en Afrique du Nord, ils sont tous partis…

    En savoir plus ici

    http://www.fdesouche.com

  • Après le Printemps arabe, l’Hiver du chaos, de la charia et de la dictature

    Par Marc Rousset, écrivain, économiste, auteur de « La Nouvelle Europe Paris-Berlin-Moscou »

    Les lendemains de la victoire indigne contre Mouammar  Kadhafi menacent de déchanter. Seule l’Afrique du sud aura sauvé l’honneur jusqu’au bout, le vrai coupable étant le clan réformiste de Dmitri Medvedev qui, en s’éloignant de la « Real Politik » de  Vladimir Poutine, en s’abstenant lors de la résolution 1973 qui autorisait le recours à la force pour protéger les populations civiles, aura laissé s’engouffrer dans la brèche l’impérialisme et l’hypocrisie droit de l’hommiste. Dmitri Medevedv ne l’aura donc pas « volé » s’il se retrouve prochainement simple Président du Conseil Constitutionnel de la Russie à Saint Pétersbourg. Moscou a été floué. Paris et Londres ont outrepassé le mandat accordé par les Nations Unies et trahi Medvedev en renversant Kadhafi, sous couvert de « responsabilité de protéger » les civils. Nicolas Sarkozy et David Cameron ont tout simplement pris parti  dans une guerre civile, comme Hitler et Mussolini pendant la guerre d’Espagne. L’intervention cynique de l’Otan aura eu  non seulement pour seul effet d’augmenter le nombre de morts libyens par rapport aux morts virtuels  de Benghazi, mais en plus elle aura eu pour effet, en détruisant l’État libyen, de conduire la Libye vers l’abîme.
    Le Conseil national de transition n’est pas représentatif de la Libye ! Le CNT devra accorder aux rebelles de l’Ouest (la grande tribu arabe des Zintan  du djebel Nefoussa) une place conforme à leur rôle militaire. Les habitants de Misrata, descendants des Turcs, ont pris les armes contre le régime immédiatement après ceux de la Cyrénaïque car la moitié  de la population de Benghazi descend  d’immigrés originaires de Misrata. Le sentiment d’appartenance tribale et non les bobards  démagogiques de Monsieur Bernard Henri Levy au sujet de la démocratie, des droits de l’homme et de la  liberté individuelle,  est la donnée fondamentale de compréhension des réalités libyennes. Il va s’agir de répartir la rente pétrolière en veillant à respecter les équilibres entre tribus et régions, d’où comme en Irak et surtout Somalie le risque de conflits sans fin entre tribus menaçant l’unité et la paix  du pays. L’échiquier libyen est complexe : la région de Bani Walid est le fief des Ouarfalla ; Tarhoufa est le le fief de l’importante confédération tribale des Tarhouna ; Syrte, d’où est originaire Mouammar  Kadhafi  est le fief des Kadhafa ; le Fezzan est le fief des populations kadhafa,magariha, hassouana et touarègues rétribuées et recrutées par le régime ; les habitants de Taourgha manifestent une méfiance ancienne à l’encontre des habitants de Misrata ; la population jaramna de Ghadamès, à la frontière algérienne, est toujours demeurée fidèle au pouvoir. On prend encore mieux conscience du puzzle tribal  lorsqu’on apprend que Mizda, fief des Malachiya et des Aoulad Bou Saif, ainsi que  les oasis d’Aoujila, Waddan,  Houn, Soukna et  Zliten, fief des Aoulad Shaik, se méfient de ceux de Misrata !(1) Il faut savoir enfin qu’en Cyrénaïque, l’État libyen est très marqué par l’existence sous-jacente de mouvements islamistes et de la puissante secte Sénoussie qui avait donné naissance à la première monarchie de 1947. Les Tribus en Tripolitaine considèrent les gens de la Cyrénaïque comme des  péquenauds prenant le pouvoir  et imposant leur  nouveau drapeau (le drapeau de la Cyrénaïque, soit un rectangle noir avec un croissant d’Islam blanc, avec seulement deux bandes supplémentaires, une rouge pour le Fezzan et une verte pour la Tripolitaine. Bref, l’OTAN avec ses bombardements unilatéraux, ses porte-avions et ses hélicoptères  a fait pencher la balance des armes du côté du CNT , sans tenir compte de l’équilibre  des forces  sociologiques propres à la Libye. Les médias  du politiquement correct se sont bien gardés de dire que tous les noirs en Libye, soupçonnés d’être des mercenaires, font l’objet d’exactions de la part des fiers combattants du CNT car cela ne correspondait pas aux  contes de fées  droit de l’hommistes  du  nouveau paysage libyen.
    Dmitri Rogozine, Ambassadeur de la Russie à l’Otan , a admirablement bien résumé la situation en Libye et du Printemps arabe : « Nous ne sommes pas fait d’illusion sur Kadhafi, mais nous ne partageons pas votre vision du monde arabe. Vous pensez que  c’est le rendez-vous de l’islam et de la démocratie. Nous croyons que c’est un choix entre un tyran et Al-Qaïda »(2). De son côté le Ciret (Centre international de recherche et d’étude sur le terrorisme) s’est inquiété , en revenant de Libye, de l’existence d’une tentation islamiste parmi les insurgés. Son rapport dénonçait le projet d’instaurer une charia islamique dans la Libye d’après Kadhafi. Il n’est un secret pour personne que des islamistes radicaux se sont battus dans les rangs rebelles. Abdelhakim Belhadj est devenu le gouverneur militaire de Tripoli, non reconnu par les tribus de l’Ouest  qui ne veulent pas se faire voler leur « victoire ». Capturé par la CIA en 2003,nommé « émir » du Groupe islamique combattant (GICL)libyen, adoubé par Ben Laden en 2007, il est connu pour avoir été proche de Zarqaoui, le chef d’al-Qaida en Irak. Il n’est pas le seul ancien du CICL à avoir été propulsé à un poste militaire de premier plan en Libye Les objectifs démocratiques des pays occidentaux sont du pain bénit pour les Islamistes radicaux, comme cela a failli être le cas en Ouzbékistan si la Russie n’était pas intervenue en 2005  pour mettre en place un dictateur à poigne, Islam Karimov, seul capable d’écarter le danger islamique. La lutte en Libye va, d’ici peu, devenir féroce entre les laïcs et les islamistes. Il est également clair que si le CNT ne parvient pas à démilitariser les milices, ce qui est plus que probable, ni à instituer les conditions de la stabilité et de la sécurité, des conflits lancinants entre tribus apparaitront, tout comme en Somalie ! Voilà où nous conduit la pantomime  démocratique de Nicolas Sarkozy qui, une fois encore, veut  nous faire prendre les vessies libyennes pour des lanternes !
    Tout cela n’est pas sans nous rappeler la Somalie, où après la défaite du groupe islamiste al-Shebab, les luttes chaotiques et violentes ont commencé entre les clans pour savoir qui, après vingt années de conflit, prendra le contrôle du pays. La situation actuelle est la pagaille la plus complète et l’instabilité la plus totale avec la création de vingt mini-États sur-armés non viables qui se disputent le pouvoir dans une ambiance de guerres régionales. On ne peut pas également ne pas penser à l’Irak avec la suppression des institutions solides de Saddam Hussein et l’absence totale  de cohésion entre sunnites et chiites, Arabes et Kurdes. Les Irakiens reprochent  aujourd’hui aux États-Unis  comme demain les Libyens à la France et à la Grande-Bretagne d’avoir mis en pièces leur société et d’envisager de se retirer sans réparer les dégâts, avec en prime  pour enjoliver le tableau la disparition programmée des chrétiens !
    Je reviens  personnellement d’un voyage en Égypte cet été ! Les Égyptiens se fichent comme de l’an 40 de la démocratie ! Ce qu’ils veulent, c’est croûter, comme nous le répétait notre guide copte et comme me l’a montré le cocher d’une calèche à Louxor en attirant mon attention sur son estomac et la maigreur de son cheval ! Or le problème fondamental, même si l’on tord le cou à tous les Moubarak et les oligarques égyptiens de la terre, c’est que l’Égypte, avec sa population de 80 millions d’habitants sur 4% de territoire utile autour du Nil, entouré de toutes parts du désert, n’est pas un pays viable ! Et  cerise sur le gâteau, suite à l’éviction de Hosni Moubarak, le premier ministre égyptien Essam Charaf a jugé que le traité de paix signé en 1979 avec Israël, premier ratifié entre l’Etat hébreu et un pays arabe, n’était pas sacré ! La mise à sac des archives de l’ambassade d’Israël  au Caire, avec destruction d’un mur d’enceinte,  est venue couronner les prémisses du désastre, de la catastrophe monumentale  qui s’annonce ! Tout cela se terminera donc par une nouvelle dictature militaire ou la chape  de fer de la  charia islamique pour ramener l’ordre dans les chaumières, sans remplir les estomacs pour autant !
    Même chose en Libye, mais pays riche par rapport à sa population, contrairement à l’Égypte. Les Libyens veulent avant tout du travail, une bonne éducation pour leurs enfants, de bons  hôpitaux, vivre normalement. C’est ce qu’ils avaient avec Mouammar Kadhafi qui de plus, avait amélioré la condition féminine. Les Libyens, suite aux chimères et rêveries de liberté démocratique risquent bien de tout perdre sans jamais avoir de liberté  individuelle pour autant, les  réalités holistes de la tribu s’imposant à tous. Ils risquent de tout perdre pour leur qualité de vie, avec  en prime des guerres  intestines incessantes et des violences sans fin. Il est fort probable que d’ici peu de temps, les Libyens vont commencer à regretter Kadhafi, nonobstant les haines tribales des gens de Benghazi et de Misrata qui, au mieux feront place aux haines nouvelles des tribus pro-Kadhafi, soit un prêté pour un rendu.
    Quant à la Tunisie, l’impression de gâchis de la  « révolution de jasmin ». est chaque jour plus forte. En 2011, l’insécurité a nettement augmenté ;  les troubles, les grèves augmentent et la fréquentation touristique a baissé de 40% tandis que les recettes baissaient de 50%. La guerre civile avec les islamistes qui tentent de miner les institutions laïques est maintenant possible. De 1990 à 2010, la Tunisie avait augmenté de 3,4% par an sa valeur ajoutée manufacturière par habitant, alors qu’au mieux , elle sera proche de 0% en 2011. L’éviction de Ben Ali est donc une catastrophe pour la Tunisie, même si lui et sa famille s’en mettaient plein les poches ! En  Tunisie, on ne peut pas ne pas penser aux grenouilles qui demandent un roi. La Tunisie connaîtra demain soit une dictature militaire  soit la prise de pouvoir par les islamistes.
    Il est probable que les barbus tunisiens  d’Ennadha et leurs compères égyptiens des Frères musulmans, tout comme leurs compères libyens, attendent le moment propice pour récolter ce qu’une main invisible a semé durant le «  Printemps arabe ». En Libye, le CNT rase dores et déjà gratis ! Le CNT se donne huit mois pour rédiger une constitution s’appuyant sur la charia et non pas sur la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, ce qui était le prétexte de l’intervention occidentale ! Et avec  beaucoup de chance, des élections auront lieu après environ 20 mois ! D’ici là, de l’eau aura coulé sous les  ponts dans le désert libyen !  Il semble que, dans le contexte de la Pensée Unique, Nicolas Sarkozy et  les charlatans du Politiquement correct, du Droit de l’Hommisme, de la Démocratie universelle  in abstracto, de l’IrrealPolitik, n’aient pas tenu compte des réalités politiques, historiques, sociologiques et économiques des pays arabes. Il leur suffisait cependant de retenir les leçons du renversement du Shah d’Iran par l’Ayatollah Khomeiny ainsi que du  très difficile  rétablissement  de l’ordre et de la paix par la Russie dans le Caucase,  en Ouzbékistan et en Asie centrale !
    M.Rousset http://www.scriptoblog.com/
    ( 1 ) Libye, les conditions de l’unité nationale, Le Monde diplomatique, septembre 2011, p16
    ( 2 ) Le Figaro du samedi 18 septembre 2010

  • ACTION FRANÇAISE Une histoire intellectuelle

    Nous commençons, à propos de la nouvelle édition de l'ouvrage de François Huguenin consacré à l'Action française, l'évocation d'un siècle d'histoire intellectuelle, d'autant que l'auteur, révisant certains de ses jugements publiés en 1998, les nuance à l'excès, au risque de verser parfois dans l'incohérence.
    IL EST INHABITUEL, nous en avons conscience, d'ouvrir la critique d'un livre, en l'occurrence d'une « édition revue et augmentée », par la critique de la critique... C'est pourtant ce que nous avons fait, sur le site de l'Action française, à propos de la réédition du livre de François Huguenin, À l'École de l'Action française, publiée cet automne sous un titre plus neutre, L'Action française, une histoire intellectuelle. Et nous ne le regrettons pas 1. D'autant que François Sureau, dans Le Figaro littéraire du 9 novembre, semble confirmer le jugement, dépréciatif, de Patrice de Plunkett, que nous avons épinglé 2 : « Peut-être a-t-on exagéré Maurras, et c'est l'immense mérite du livre exigeant et subtil de François Huguenin de le remettre à sa juste place. » Car la même condamnation et, sinon les mêmes contresens, du moins leur expression convergente, ne laissent pas d'interroger. Qu'est donc l'ouvrage de François Huguenin devenu ?
    En 1998, la parution du livre avait été légitimement et unanimement saluée par la critique. D'autant qu'il ne laissait quasiment rien dans l'ombre de la multiplicité de l'influence d'une école de pensée - d'où le titre originel - sur les plans politique évidemment, mais également intellectuel, religieux et spirituel, littéraire, artistique ou géopolitique. Ce balayage de près d'un siècle d'histoire intellectuelle était fait, nous prévenait alors la quatrième de couverture, « sans indulgence ni manichéisme vis-à-vis des errements de l'antisémitisme ou du ralliement de Vichy d'une partie des intellectuels d'Action française ». Aujourd'hui, la quatrième de couverture nous prévient que l'étude est réalisée « sans indulgence vis-à-vis des dévoiements de l'antisémitisme ou du ralliement à Vichy ». Certes, chacun connaît le dicton editore, traditore, mais, tout de même, perce une interrogation majeure : entre 1998 et 2011, François Huguenin serait- il devenu « manichéen » ?
    L'auteur prévient d'emblée : sa nouvelle édition, à ses yeux « définitive », prend non seulement en considération la bibliographie la plus récente, mais développe également « un certain nombre de points qui, à la relecture, [lui] avaient paru insuffisamment traités », notamment « la xénophobie maurrassienne », l'antisémitisme, les relations entre l'Action française et le catholicisme et l'héritage de la pensée réactionnaire (Huguenin ayant écrit entre-temps un ouvrage justement remarqué sur Le Conservatisme impossible), si bien que « la conclusion de ce livre [...] est substantiellement différente de celle [...] livrée en 1998 » (14-15 3). Comment ne pas s'en réjouir, du moins a priori ? D'autant que Huguenin nous prévient avoir fort heureusement « retranché quelques longueurs parfois ». Nous verrons toutefois qu'on n'est jamais si bien trahi que par... sa propre modestie. On comprendra que cette nouvelle « profondeur de champ » fasse l'objet de notre analyse.
    1 – Nous renvoyons à nos deux articles parus sur Internet : http://www.actionfrancaise.net/craf/?PONCIFS-ANTIMAURRASSIENS-1 et http://www.actionfrancaise.net/craf/?PONCIFS-ANTIMAURRASSIENS-II
    2 – Patrice de Plunkett se demande notamment, entre autres amabilités : « Comment expliquer le prestige de Maurras durant les années 1920-1930 ? Que des auteurs de l'envergure de Maritain ou Bernanos aient été "mêlés de si près" à l'histoire de l'Action française, semble une énigme aujourd'hui. »
    3 – Nous mettons entre entre parenthèses le numéro des pages.
    La question de l'antisémitisme, de la xénophobie et du populisme (I)
    FRANÇOIS HUGUENIN n'a pas tort de remarquer d'emblée, car c'est une constatation, non un jugement, que si « l'image de l'Action française est considérablement dégradée depuis cinquante ans, en dépit de son refus viscéral des totalitarismes que d'autres mouvements célébrèrent sans complexe », c'est « pour deux raisons presque successives » : Vichy et l'antisémitisme (11). D'où un nouveau chapitre, sur la « Tunique de Nessus » que constituerait pour l'AF l'antisémitisme maurrassien. Chapitre ô combien douloureux, compte tenu de la tragédie historique. Toutefois, rappelant que pour Maurras l'antisémitisme de peau est un mal (40), et que l'antisémitisme maurrassien est « inassimilable à un antisémitisme biologique à la manière nazie », pourquoi affirmer quelques lignes plus loin que, même replacé dans son époque, le concept de « Juifs bien nés », « dans son ambiguïté même, relativise dangereusement la distinction que l'Action française a toujours voulu prôner entre antisémitisme d'État et antisémitisme de race » (41) ? Comment deux termes « inassimilables » peuvent-ils être relativisés, c'est-à-dire mis en relation et donc rendus semblables à certains égards, c'est là un mystère logique que nous ne saurions résoudre. Peut-on parler de « délire paranoïaque » (42) à propos de Maurras seul quand on avoue aussitôt après, avec justesse, que son antisémitisme était une « vision alors partagée avec les syndicalistes révolutionnaires de l'extrême gauche engagés dans la lutte insurrectionnelle » (ibid.) et que l'on a rappelé auparavant que Clemenceau évoquait, en 1898, « le Juif crasseux » au « nez crochu » (cherchez : vous ne trouverez pas cela chez Maurras), et que Jaurès dénonçait, après Fachoda, « dans l'action juive un cas particulièrement aigu de l'action capitaliste », prônant un « socialisme nuancé d'antisémitisme » (38) ? Du reste, s'appuyant sur Michel Herszlikowicz, il reconnaît peu après « l'irréductibilité de la position maurrassienne au racisme nazi et à ses conséquences immédiatement démoniaques », « jusqu'à l'abandon définitif de tout discours antisémite » par l'Action française (42-3).
    L'enkystement intellectuel de Maurras sur la question de l'antisémitisme est à la fois suffisamment douloureux et réel pour ne pas justifier le soupçon d'être autre que ce qu'il a été : une permanence (ignorée de Bainville, abandonnée par Daudet) d'un héritage multiple du XIXe siècle, dont Pierre Boutang a montré qu'il n'était pas essentiel à la pensée maurrassienne. D'ailleurs Huguenin remarque, dans la première mouture, conservée, de son ouvrage, que « plus la pensée politique de la jeune Action française s'affine, moins l'antisémitisme apparaît » et que la « plupart des antisémites obsessionnels - comme Jules Soury, François de Mahy ou Jules Caplain-Cortambert - ne se convertiront jamais au royalisme » (69-70) : il eût pu tout simplement ajouter le nom de Drumont, Maurras exprimant publiquement en 1903 son désaccord dans La Libre Parole sur le fait que l'antisémitisme pût être la pierre angulaire du redressement national. Drumont mettra autoritairement fin aux articles de Maurras sur le sujet. Alors « délire paranoïaque » ou héritage dépourvu de tout caractère « obsessionnel » ?
    De même, sur la question de la xénophobie et du populisme, le Huguenin nouveau n'évite pas la facilité de mauvais journaliste d'une comparaison avec le... lepénisme (109), se demandant dans un anachronisme qui n'honore jamais l'intelligence, ce que Maurras « aurait exprimé face à l'immigration maghrébine ». Il découvre que, journaliste avant tout, son « discours [...] entremêle, notamment dans les articles du quotidien, un niveau de discours quasi populiste et une réflexion souvent beaucoup plus distanciée de l'événement », ce qui « crée une confusion dont nous avons encore du mal à sortir »... Huguenin n'interroge pas le mot "populiste" dont les résonances en ce début de XXIe siècle ne sont pas les mêmes qu'à la fin du XIXe ou au début du XXe siècle. Mais l'anachronisme, mêlé d'une étonnante ignorance, atteint un sommet lorsqu'il reproche à Maurras d'avoir employé le mot "métèque", « qui renvoie également à une insulte courante, liée au délit de faciès » (109), alors même que c'est Maurras qui, dans La Cocarde de Barrès, en 1894, fut... le premier à l'employer en français moderne ! Il ne s'agissait donc pas pour Maurras de reprendre « une insulte courante », mais d'observer, comme il le dira par la suite, que « la République française était sans défense contre ces hôtes [sens du mot métèque : celui qui vit sous le même toit que le citoyen], car ils s'y rendent maîtres de l'Etat dénationalisé » (L'Action Française quotidienne, 6 mars 1927).
    L'auteur "revu et augmenté" oublie également un peu vite que le journalisme, avec ses exigences et contraintes, est un acte politique par excellence pour Maurras, qui avait à ce point conscience de cette difficulté, inhérente au combat quotidien, qu'il tirait - ou faisait tirer - de ses articles des recueils permettant précisément de dégager les « lignes de force » de ses... Politiques. Aussi est-il un peu convenu et décevant de conclure que ce que Maurras énonce serait « une peur », « celle de voir le lieu du vivre ensemble se disloquer et, du coup, se retrouver face à la solitude existentielle de tout son être »... Ces anachronismes bien pensants, ce psychologisme de pacotille sont-il dignes de François Huguenin ? Ils ne l'auraient pas été, en tout cas, de celui de 1998. Du reste, reprenant son ouvrage antérieur, ne reconnaît-il pas, trois pages plus loin, que « l'Action française, dès 1902, se rallie à la conclusion monarchiste de Maurras et s'affranchit du vieux fond de nationalisme populiste » (112, réitéré 113) ? Là encore, les deux vêtements, l'ancien et le nouveau, cousus maladroitement ensemble, jurent...
    À suivre.
    Axel Tisserand L’ACTION FRANÇAISE 2000 Du 1er au 14 décembre 2011
    ✓ François Huguenin, L'Action française, Perrin-Tempus, 686 p., 12 €,

  • Égypte : l'opposition rejette majoritairement le référendum

    Le Front du salut national réunissant les principaux partis et courants de l’opposition égyptienne a décidé de rejeter le référendum sur le projet de constitution. Le Front appelle à une série d’actions contre ce qu’il considère un diktat. L’opposition appelle notamment à une nouvelle manifestation mardi prochain.
    Pour le Front du salut national, il n’est même pas question de boycotter le référendum sur le projet de constitution car ce serait lui donner une certaine légitimité. Un projet qui selon le Front porte atteinte aux droits sociaux et politiques basiques et pave la voie à la dictature. 
    Autre raison du rejet, ce que le Front appelle «la montée de la violence et du terrorisme exercé par les milices islamistes» contre des institutions vitales comme la justice et les médias. La cité des médias qui regroupe toutes les télés privées est assiégée depuis trois jours par des milliers d’islamistes qui filtrent les entrées et les sorties. 
    Le Front souligne que le ministère de l’Intérieur est lui-même soumis aux pressions des islamistes qui exigent qu’il réprime violement les manifestations de l’opposition. Le Front appelle aussi le peuple, pressuré par de nouvelles taxes et augmentations des prix, à rejoindre la grande manifestation prévue mardi. Un mardi qui pourrait sombrer dans la violence si les islamistes mettent à exécution leur menace d’organiser des contre-manifestations.

    Avec RFI http://www.francepresseinfos.com/

  • Julius Evola : Un traditionaliste européen révolté contre le monde moderne

    Il y a trente-cinq ans disparaissait Julius Evola. La réédition de son ouvrage capital, Révolte contre le monde moderne ainsi que la publication d'un Guide des citations sont l'occasion de revenir sur l'oeuvre de l'un des plus grands penseurs de la Tradition.

    Contrairement à ce que prétendent certaines rumeurs malveillantes, Julius Evola ne fut ni un fasciste classique, ni un nazi dissimulé. Il a toujours rejeté le totalitarisme et défendu le principe d’organicité. Ennemi des démocraties capitalistes et des régimes communistes qu'il jugeait comme des enfants abâtardis du monde moderne, il ne peut pas être considéré non plus comme un nationaliste, tant le nationalisme lui apparaissait comme un phénomène individualiste et prométhéen, négateur des identités traditionnelles.
    Défenseur de l'Empire vrai, c'est-à-dire de l'organisation politico-religieuse et sociale qui combine l'unité par le haut (légitimité sacrale et européenne) à la diversité par le bas (communautés populaires enracinées), Evola stigmatisait l'égoïsme national ainsi que le cosmopolitisme de masse. Il était favorable à la fédération impériale, pas à l'unification nationale ; à la multiplicité culturelle englobée par une unité spirituelle, pas à l'interchangeabilité d'éléments mélangés au sein d'un espace indistinct ; à la différence comme spécificité de chacun, pas à la ressemblance comme égalité de tous.
    Il souhaitait un pouvoir spiritualisé et différencié qui s'acquerrait grâce à la vigilance d'une élite traditionaliste-révolutionnnaire d'avant-garde. Sans d'ailleurs trop préciser comment pourrait se matérialiser et à quelle religion devraient adhérer les militants d'une telle élite. Et pour cause, il se voulait au-dessus des formes religieuses.
    Antibourgeois d'abord !
    Né à Rome, dans une famille de la petite noblesse sicilienne, le 19 mai 1898, Giulio Cesare Andréa Evola (il adoptera le prénom de Julius par admiration pour l'Antiquité romaine) reste une figure capitale de la droite radicale et traditionaliste européenne. Tour à tour élève-ingénieur, lecteur passionné de philosophie, officier d'artillerie sur le front durant la Première Guerre mondiale, il s'intéresse de très près, les événements terminés, aux mouvements artistiques, dont le dadaïsme. Pour la petite histoire, il se peignait les ongles en vert lorsqu'il se rendait dans certaines soirées, souci de singularité aristocratique, qui nous renvoie, dans les années 50, au port de son énigmatique monocle.
    Insurgé contre le monde bourgeois, Evola s'interroge à cette époque sur la morne condition existentielle de l'homme moderne. Son premier ouvrage, Le yoga tantrique, paraît en 1926. À son propos, Marguerite Yourcenar écrira plus tard avec euphorie : « J'acquis là un de ces ouvrages qui pendant des années vous alimente et jusqu'à un certain point vous transporte ». Il reviendra en 1958 sur le sujet, avec Métaphysique du Sexe, l'un de ses livres les plus importants, fustigeant aussi bien le puritanisme bourgeois que le pansexualisme hédoniste et le féminisme égalitaire, indifférencié et déliquescent.
    Critique vis-à-vis du fascisme, Evola croit pourtant à la nécessité de l'orienter positivement selon sa propre pensée. Il rencontre deux fois Benito Mussolini. À cette époque, à la fin des années 20, au moment de la signature des accords du Latran entre le Duce et le clergé italien, il se réclame d'un paganisme antichrétien très poussé, sur lequel il reviendra plus tard, à la lumière notamment des écrits de René Guenon. La Rome antique et le Moyen-Âge représentent les deux périodes de l'histoire auxquelles le Baron se réfère idéalement d'un point de vue historique, militant en faveur d'un retour à un paganisme olympien.
    La Tradition hermétique (1931), Masques et visages du spiritualisme contemporain (1933), Le Mystère du Graal et l'idée impériale gibeline (1937), font partie des ouvrages illustrant à merveille la vision évolienne du monde qui se présente comme puissante, guerrière et ascétique. Evola devient aussi un alpiniste de haut niveau. Dans son ouvrage, Méditations du haut des cimes, paru en 1974, il montre bien que le courage et l'effort constituent autant d'épreuves pour atteindre le sommet en partant de la base. Monter de la Terre vers le Ciel. Cette conception élévatrice et transcendantale, nietzschéenne à plus d'un titre, s'adresse à « l'homme différencié », seul capable de la vivre.
    Révolte contre le monde moderne
    L'ouvrage le plus important selon Evola, Révolte contre le monde moderne, paraît en 1934. Il l'a rédigé à destination de l'homme de Tradition en lutte contre la modernité avilissante. Cette anthropologie spirituelle et morphologie historique nous indiquent les valeurs traditionnelles à défendre (honneur, devoir, volonté, connaissance, hiérarchie, mesure, élévation intérieure, sacrifice) et les principes modernistes à pourfendre («piraterie capitaliste» américaine et flibusterie bolchevique, esprit bourgeois quantitatif et individualisme calculateur, matérialisme laïc desséchant et culte du travail standardisant). Révolte contre le monde moderne critique radicalement la société occidentale à partir de la Renaissance, période identifiée à l'humanisme anthropomorphe où l'homme est un être au centre du monde, fustigeant aussi le nationalisme - qu'Evola distingue des nationalités - qui trouve sa source historique à partir de Philippe le Bel jusqu'à la paroxysmique Révolution française, où le processus d'homogénéisation s'accélère.
    Durant la Seconde Guerre mondiale, Evola, se trouvant à Vienne, écrit La doctrine de l'éveil (1943), ouvrage d'apologétique bouddhique. Lors d'un bombardement aérien, refusant comme toujours de se cacher sous les abris, il échappe de peu à la mort : « Ne pas esquiver et même rechercher le danger quasiment dans le sens d'une silencieuse interrogation du destin », répétait-il couramment. Il sort de cette guerre paralysé de ses membres inférieurs, ne pouvant plus se déplacer qu'en chaise roulante. Soutenant l'Axe jusqu'à la fin du conflit, y compris pendant la République de Salo, il considère les forces alliées, celles du futur pacte de Yalta, comme prioritairement ennemies. Il n'en reste pas moins un vigoureux critique du racisme biologique hitlérien et de l'étatisme collectiviste fasciste. Le fascisme vu de droite (1963) confirmera, plus tard, cette vision d'un fascisme contre-révolutionnaire et traditionaliste européen intégral.
    Une après-guerre parmi les ruines
    Evola rentre à Rome en 1948. Son activité livresque et journalistique ne cesse de croître. Il est jugé dans un procès inique en 1951 et se voit accuser d'être l'inspirateur d'une « reconstitution du parti fasciste » et d'un « terrorisme noir ». Il ne fait aucune concession aux instances démocratiques bourgeoises italiennes, tout en affirmant haut et fort qu'il est « contre le totalitarisme ». Cinq ans plus tard, paraît un livre politique essentiel, en direction des jeunes milieux anticonformistes de droite, Les hommes au milieu des ruines (1953). Julius Evola s'y emploie à donner une doctrine contre-révolutionnaire intégrale face au libéralisme bourgeois et au socialisme marxiste en vogue. Si cet ouvrage n'a aucune incidence sur les instances dirigeantes du mouvement néo-fasciste (MSI), il exerce une influence indéniable sur la jeunesse radicale droitiste. Evola s'adresse aux militants et activistes intelligents, en s'illusionnant sur les possibilités de renverser le régime avec le soutien des « corps sains » de la nation (police, armée, etc.) contre la subversion progressiste.
    Au début des années soixante, il enjoint l'élite traditionnelle dans Chevaucher le tigre (1961) à ne rien sauver, sinon soi-même d'abord, en attendant activement la fin du cycle de l'Age sombre présent. Cette conception cyclique ne doit pas engendrer le pessimisme, la résignation ou la violence terroriste récupérée par le système - comme cela a pu être le cas. Certes, Chevaucher le tigre est une bombe, mais une bombe pour soi-même, afin de dynamiter ses aigreurs, son amertume, son narcissisme. En effet, que signifie, cette expression extrême-orientale ? Elle exprime l'idée qu'il faut empêcher le tigre, c'est-à-dire les forces de dissolution, de vous sauter à la gorge, en enfourchant l'animal pour arriver finalement à bout de lui. L'homme de Tradition doit ainsi ne pas fuir le danger (le tigre), mais le braver (le chevaucher) pour l'annuler (le domestiquer).
    On possède très peu d'informations sur la vie d'Evola. Le chemin du Cinabre (1963) représente ses mémoires autobibliographiques. Leur auteur a toujours cultivé « l'impersonnalité active ». Mort le 11 juin 1974, à son domicile du Corso Vittorio Emanuele à Rome, son corps est incinéré selon ses volontés et ses cendres dispersées sur un glacier au Mont-Rose, qu'il avait arpenté durant ses périples alpestres.     
    Arnaud Guyot-Jeannin Le Choc du Mois, juillet 2010
    Révolte contre le monde moderne, L'Age d'Homme/Guy Trédaniel, 457 p., 25 €.
    9 Guides des citations, réunies et classées par Antoine Dectot de Christen, Pardès, 127 p,14€.
    Evola, envers et contre tous, collectif dirigé par Thierry Jolif, Avatar éditions, 200 p., 20 €.

  • Algérie : une bombe a fragmentation !

    Dans le cadre de son travail, Antoine Corcelles se rend régulièrement en Algérie. Il décrit pour Monde et Vie la situation de ce pays qu'il connaît bien.
    ☞ Monde et Vie : Vous vous rendez régulièrement en Algérie et connaissez bien ce pays. Se dirige-t-il vers un bouleversement comparable à ceux de Tunisie ou d'Egypte ?
    Antoine Corcelles : Pour l'instant, cela bouge fortement, mais il est difficile de discerner s'il s'agit d'un mouvement général ou d'émeutes de la faim locales et sporadiques. La société algérienne est plus diversifiée, géographiquement, que la société tunisienne. Les pôles urbains importants y sont beaucoup plus nombreux, et chacun reste un peu coupé des autres.
    ☞ N'y trouve-t-on pas aussi une plus grande diversité ethnique? Je pense par exemple aux Kabyles, aux Chaouias...
    Lorsqu'un système est contesté, il se crée d'abord une sorte d'union sacrée de ses opposants. Par la suite, si le système FLN venait à imploser, les disparités que vous évoquez pourraient ressurgir d'une manière virulente, que ce soit le problème kabyle, ou d'autres qui sont moins connus ou cités : le Mzab, autrement dit la région de Ghardaïa, par exemple, a déjà une autonomie de comportement. L'implosion ferait alors l'effet d'une bombe à fragmentation, avec des effets multiples, régionaux, ethniques, culturels... Des clivages sociaux « à l'occidental » se sont aussi développés dans la société algérienne, entre bourgeois, ouvriers, classes moyennes, patronat, etc. De tous les pays d'Afrique du nord, l'Algérie est sans doute le plus proche de l'Europe et de la France.
    ☞ Même par rapport au Maroc ?
    Oui, car aussi prégnante qu'y soit la religion et influent l'islamisme, la société reste assez « laïque » et les domaines politiques et religieux ne s'y confondent pas. Au Maroc, où le roi est le Commandeur des Croyants, islam, société et pouvoir politique sont liés - peut-être, d'ailleurs, pour le plus grand bien de la paix sociale. En Algérie, le distinguo est constant. Ce pays a beaucoup plus hérité de la période française qu'on ne le pense. On n'y invoquera pas, comme dans d'autres pays, une loi religieuse pour condamner un comportement civil ; pas officiellement, du moins. Un préfet me disait : « Nous avons dans les préfectures des directeurs des affaires religieuses, mais ceux qui administrent la religion ne sont pas ceux qui la pratiquent. »
    C'est une réflexion typiquement occidentale : il faisait bien le distinguo entre ces fonctionnaires chargés d'administrer la religion et les croyants. Ce n'est pas le même monde...
    ☞ La fracture est-elle nette entre le FLN et le peuple, existe-t-il un fossé entre une Algérie « d'en haut » et une Algérie d'« en bas » ?
    Oui. Il existe indiscutablement une bourgeoisie, culturellement forte et marquée par l'Amérique. J'ai constaté qu'alors que les enfants du peuple viennent étudier en France, ceux des dignitaires vont aux États-Unis. Le petit peuple, qui souffre et qui a faim, a peu d'estime pour ces dignitaires du régime et accuse les associations d'anciens combattants de regrouper des gens qui n'ont jamais combattu et restaient derrière les frontières pendant la guerre d'indépendance.
    ☞ Le peuple a faim et pourtant l'Algérie est assise sur des ressources d'or noir considérables. Où va l'argent ?
    Les gouvernants ne s'oublient pas, mais le gouvernement investit aussi beaucoup dans les infrastructures. L'argent qui rentre grâce au pétrole a permis par exemple de rénover l'aéroport d'Alger avec une débauche de luxe qu'un pays pauvre ne pourrait pas s'offrir; mais le peuple ne se rend pas à l'aéroport d'Alger. De même, l'autoroute Maroc-Tunisie est une belle réalisation, mais les gens ne l'utilisent pas. À côté de ces réalisations, on importe tout, notamment les produits agricoles, et les efforts réels consentis pour les infrastructures n'apportent de solution ni à la montée des prix, ni aux difficultés d'approvisionnement. On parle d'émeutes de la faim et le mot n'est pas trop fort. Ce sont en tout cas des émeutes de la misère. Les mouvements islamistes prospèrent sur cette pauvreté, en y remédiant et en aidant vraiment la population. Je pense toutefois qu'il n'y a pas de corrélation entre terrorisme et pratique religieuse, j'ai même remarqué le contraire. Dans le Mzab, par exemple, on n'a pas déploré un mort pendant les dix ans de ce qu'on appelle la guerre civile algérienne. Les habitants expliquent qu'ils sont suffisamment religieux pour ne pas avoir besoin d'être islamistes. Ce qui tend à montrer que les comportements politiques diffèrent au sein du monde islamique. Les gens n'aiment pas les barbus venus d'Arabie Saoudite, qu'ils appellent les « Afghans », parce qu'ils se sont battus en Afghanistan ou en Irak.
    ☞ L'Algérie importe les produits agricoles, alors qu'elle-même était jadis un grenier à blé...
    À cet égard, je me rappelle d'un article de L'Écho d'Oran dont l'auteur écrivait que du temps des Français, l'Algérie était auto-suffisante dans le domaine alimentaire. « Que penser, demandait-il, d'un régime qui n'aura su que fabriquer des assassins d'enfants ? » Comme je m'étonnais de cette audace auprès d'un collaborateur du même journal, celui-ci m'a répondu : ici on écrit tout ce qu'on veut, mais de temps en temps on peut avoir un « accident »... Quand j'étais en Algérie, une information a fait état d'un journaliste qui avait été tabassé dans un hôtel à Tunis. Les Algériens, scandalisés, disaient : « On ne verrait pas ça en Algérie ». J'ai en effet lu des articles terribles sur Bouteflika : il existe donc en Algérie une véritable liberté de la presse... tempérée par « l'accident ». C'est une dictature qui fonctionne avec un système qu'un Français comprend aisément. Il serait intéressant, s'il y avait demain des élections en Algérie, de voir le score que réaliseraient les partis occidentalisés, comme le FFS de Aît Ahmed.
    ☞ Quelles pourraient être les conséquences pour la France d'une révolution en Algérie ?
    L'affaissement de systèmes autoritaires favorise les exodes, parce que le départ devient soudain possible. En quelques jours, plusieurs milliers de Tunisiens ont débarqué à Lampedusa, certains poussés par le désir de quitter un pays misérable, d'autres, proches du régime déchu ou petit cadre locaux, par crainte d'un retour de bâton. Transposez cette situation et ces réflexes à l'Algérie : il est évident que l'effet d'attraction sera énorme, encore amplifié par les liens qui unissent la France et l'Algérie. Certes, la France conserverait la maîtrise des visas ; mais les visas sont une chose, et le transit une autre.
    Propos recueillis par Jean-Pierre Nomen monde & vie 19 février 2011