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  • Pour en finir avec la droite

    La gauche profite de nos rêves La droite rêve de nos profits.jpgIl est un fait acquis que nous ne sommes pas de gauche.

    Mais reviennent sans cesse et par périodes, ces vieux démons selon lesquels le mouvement national serait de droite, «la vraie droite» , «la nouvelle droite».
    De toute évidence, celui-ci se cherche encore et n’a pas fini de se perdre …

    Personnellement, je n’ai jamais été de droite, de gauche non plus par ailleurs, je ne vois pas très bien ce que la France, qui remonte au moins au baptême de Clovis, peut avoir à faire avec cela, tant c’est bien plus et bien au-delà de ça.

    Quant aux « socialistes » que nous combattrions et qui seraient de gôche, je me demande s’ils sont encore eux-mêmes au courant.

    Une gôche qui serait contre ceux qui ont le plus besoin de protection alors, pour les mettre en concurrence avec la terre entière, un prolétariat qui ne gagnerait pas son pain à la sueur de son front mais seulement quelques miettes en se rendant malade tandis qu’une petite caste de dirigeants de gôche se vautrerait dans le lucre sans jamais se mouiller.

    Une gôche qui couche avec le libéralisme le plus vulgaire, de la libéralisation économique à outrance à la libéralisation des moeurs en passant par la libéralisation des droits régaliens :

    après celui de battre monnaie, celui de faire la Loi, celui de se défendre, comme l’ont récemment demandé deux élus socialistes qui s’inquiètent de notre « retard » en matière de privatisation des forces armées.

    Il est vrai que pour la droate, c’est une toute autre affaire.

    Elle est bien pour la libéralisation économique, la libéralisation des droits régaliens, mais parce qu’elle a sa légitimité de droate pour cela, quant aux moeurs, attendez, elle est de droite, la droate, donc elle va faire ça … par sa gauche.

    Marine Le Pen ne se dit-elle pas elle-même à la gauche d’Obama et celui-ci ne vient-il pas – après avoir dit qu’il était contre il y a quelques années – de se déclarer en faveur du mariage homosexuel.

    Il faut bien comprendre que la droate y viendra, cinq ans après les Usa sans doute, le temps que cela traverse l’Atlantique, mais elle y viendra, et il ne faudrait même pas s’étonner que ce soit un Copé ou un Juppé qui servent alors cela sur un plateau.

    D’ailleurs le 22 novembre 2011, des responsables UMP, confortés par Chatel, l’inévitable Bachelot -qui a augmenté de près de 50 % de la rémunération des médecins pour un avortement- et Copé, avaient lancé un appel en faveur du mariage gay, comme l’avait fait le premier ministre anglais et « ultra-conservateur » David Cameron. Sarkozy n’était pas défavorable, en 2006, à un « contrat d’union civique » pour les homosexuels, comme d’ailleurs, à la même époque, il louait le « métissage ».

    L’agent Descoings a déjà bien avancé le job, le missionnaire sarkozyste s’est montré bien à la pointe en introduisant ses Gender Studies comme une science, on voit mal -ou trop bien- comment l’altération ne deviendrait pas la note dans une gamme en La majeur.

    Dire que nous serions la meilleure opposition à la gauche ou au socialisme est ainsi proprement affligeant.

    Cela montrerait que l'on n' aurait finalement rien compris au mondialisme, et/ou que l'on prend les gens pour des cons (mais on ne sait même plus dans quel sens).

    Nous sommes seulement, et ce depuis que nous avons réalisé ce que c'était, la meilleure opposition -a priori donc - au mondialisme de l'Umps & compagnie.

    La gauche, le droite, le centre, l'extrême-gauche et l'extrême-droite sont des conneries pour gogos.

    L'Umps ne sont que les valets des mêmes donneurs d'ordre.

    On sait parfaitement que le ratio d'immigration est donné ailleurs, comme variable d'ajustement économique (ce facteur englobant l'élément déstabilisateur et n'oublions pas que l'homme hors sol est le plus rentable dans son coût de revient et dans ce qu'il rapporte entant que consommateur), on sait aussi que le reste de cette politique économique, et, donc sociale, est élaboré ailleurs.

    Que même les pressions sur l'évolution des mœurs viennent d'ailleurs et sont décidées ailleurs.

    Immigration, communautarisme, éducation, Ivg, euthanasie, don d'organe, Ogm, nucléaire, Gender studies et dérivés, où avez-vous vu une différence !

    Faut-il être ignorant pour ne pas voir, ce serait bien que ceux qui se prétendent "la meilleure opposition" sachent déjà à quoi, et sachent aussi un minimum de quoi il en retourne.

    Les gros fournisseurs d’idéologies politiques appliquées sont en France, tant Terra Nova que Fondapol, tant l’Institut Jean Jaurès que l’Institut Turgot et leurs experts sont si interchangeables qu’ils travaillent souvent pour les quatre à la fois, et le tout est chapeauté par les mêmes groupes industrialo financiers, qui du Cercle de l’Industrie, qui de l’Institut de l’Entreprise, qui de L’European Round Table.

    Il faut bien comprendre aussi que ce qui relève du sociétal, est aussi un business, tant au niveau de la machine à gaz (le lobbying est un marché en soi) qu’au niveau des éléments de fond, l’euthanasie est aussi un marché, le don d’organe est un marché, le mariage homosexuel est un business, etc., etc..

    Il n’y a que le fric dans ce système, tout le reste n’est que prétexte, et tant que l’on ne comprend pas cela, on ne comprend rien.

    N'attendons pas que le peuple s'abaisse à notre hauteur si on ne s'élève pas déjà nous-mêmes.

    Oriane Borja http://orianeborja.hautetfort.com

  • Vous avez dit «civilisations» ?...

    À Paris, le ministre de l’Intérieur Claude Guéant a déclaré le 4 février 2012, devant des représentants d’une association étudiante : «Contrairement à ce que dit l'idéologie relativiste de gauche, pour nous, toutes les civilisations ne se valent pas (…). Celles qui défendent l'humanité nous paraissent plus avancées que celles qui la nient. Celles qui défendent la liberté, l'égalité et la fraternité, nous paraissent supérieures à celles qui acceptent la tyrannie, la minorité des femmes, la haine sociale ou ethnique».

     

    Le propos a fait polémique en raison du flou qui entoure le mot «civilisations» (au pluriel). Que recouvre ce mot, que le ministre français a employé sciemment en lieu et place du mot «sociétés» ?

     

     

    Pour nous éclairer, nous nous sommes tournés vers nos grands ancêtres et vers l’un des historiens les plus illustres du XXe siècle, le britannique Arnold Toynbee (1889-1975), auteur d’une Étude de l’Histoire en 12 volumes. Ainsi comprendrons-nous un peu mieux notre monde, au passé, au présent et au futur.

     

    André Larané, avec la contribution d'Isabelle Grégor

     

     

    Pas de «civilisation» avant le XVIIIe siècle !

     

    Bien que d’apparence commune, le mot «civilisation» n’a que trois siècles d’existence. Il est issu du latin civis, c'est-à-dire citoyen, et de civitas, qui désigne la cité, autrement dit l’ensemble des citoyens. Il apparaît d’abord dans le vocabulaire juridique pour désigner le fait de rendre civile une matière criminelle.

     

    Au siècle des Lumières, il commence à se montrer dans un sens moderne. On le repère en 1758 dans L’Ami des Hommes, un essai politique de Victor Riqueti de Mirabeau, le père du tribun révolutionnaire : «C'est la religion le premier ressort de la civilisation», c'est-à-dire qui rend les hommes plus aptes à vivre ensemble.

     

    On le retrouve en 1770 dans L’Histoire des Deux Indes, un ouvrage majeur du siècle des Lumières, attribué à l’abbé de Raynal et plus probablement à Diderot : «La civilisation d'un empire est un ouvrage long et difficile».

     

    Dans cet ouvrage, le mot «civilisation» est employé comme synonyme de «rendre policé» (de polis, cité en grec). Il exprime le processus qui permet aux hommes de s’élever au-dessus de l’état de nature, en corrélation avec le développement des villes. À ce propos, il n’est pas anodin d’observer que les adjectifs apparentés «civilisé», «policé» et «urbain» (au sens d’urbanité) viennent de mots latins ou grecs qui désignent tous la ville ou la cité : civitas, polis, urbs.

     

    En 1795, à la fin de la Révolution, le mot civilisation a les honneurs du dictionnaire de l'Académie française avec la définition suivante : «Action de civiliser, ou état de ce qui est civilisé».

     

    L'édition de 1872 est plus précise : «État de ce qui est civilisé, c'est-à-dire ensemble des opinions et des mœurs qui résulte de l'action réciproque des arts industriels, de la religion, des beaux-arts et des sciences». Elle ne porte pas de jugement de valeur ni n’établit de comparaison entre différentes formes de civilisations.

     

    Le barbare n'est pas celui qu'on croit...

     

    Les jugements de valeur ont longtemps été étrangers à la pensée occidentale. Quand les anciens Grecs inventent le mot barbare, il s’agit simplement d'une onomatopée par laquelle ils désignent les gens qui ne parlent pas leur langue.

     

    Le sens du mot évolue à la fin de l’Antiquité quand, choqués par la violence des invasions germaniques, les Romains commencent à opposer sauvagerie et civilisation (humanitas). Le mot barbare prend alors une consonance péjorative en désignant l'ensemble des peuples hostiles qui vivent aux confins de l'empire.

     

    Mais les Romains et leurs héritiers, chrétiens à l’ouest, majoritairement musulmans à l’est, demeurent étrangers aux jugements de valeur et plus encore aux catégories raciales. Au Moyen Âge, pour les disciples du Christ comme pour ceux de Mahomet, tous les hommes ont vocation à rejoindre leur foi.

     

    À ce propos, retenons l’observation ironique d’Arnold Toynbee, publiée en 1972 : «Au lieu de diviser l’humanité comme nous le faisons, en hommes de race blanche et en hommes de couleur, nos ancêtres les divisaient en chrétiens et en païens. Nous ne pouvons manquer d’avouer que leur dichotomie valait mieux que la nôtre tant sur le plan de l’esprit que de la morale» (L’Histoire, Elsevier, 1972, traduction : 1978).

     

    Curieux de tout, les Européens du Moyen Âge, une fois qu’ils ont fait le tour de leur monde imaginaire (bestiaire, gargouilles…), s’échappent de l’étroite «fin de terre» dans laquelle ils sont piégés. Ils empruntent la seule voie qui leur est ouverte, la voie océanique, et ainsi découvrent «monter en un ciel ignoré/Du fond de l’Océan des étoiles nouvelles» (José Maria de Heredia).

     

    La rencontre avec les peuples du Nouveau Monde est brutale, d’autant plus meurtrière que s’immisce le fléau des épidémies. Elle révèle aussi aux Européens l’infinie diversité de la condition humaine : «Mais quoi, ils ne portent point de hauts-de-chausses !» Cette réflexion amusée conclut le passage des Essais rédigé par Montaigne après sa rencontre avec trois Indiens du Brésil, à Rouen, en 1562.

     

     

    Montaigne ne s’en tient pas là. Décrivant les mœurs cruelles des «cannibales», il ajoute : «Je trouve, pour revenir à mon propos, qu’il n’y a rien de barbare et de sauvage en cette nation, à ce qu’on m’en a rapporté : sinon que chacun appelle barbarie, ce qui n’est pas de son usage». Et précise : «Je pense qu’il y a plus de barbarie à manger un homme vivant qu’à le manger mort, à déchirer par tourments et par géhennes, un corps encore plein de sentiment, à le faire rôtir par le menu».

     

    La critique vise ses contemporains qui se déchirent dans les guerres de religion. Montaigne les amène à réfléchir sur leur conduite par une mise en parallèle avec une autre conduite, le cannibalisme, que son éloignement permet d’observer avec détachement. Cette démarche sera reprise un siècle plus tard par Montesquieu dans les Lettres persanes. Ses deux héros, Usbek et Rica, par leur questionnement sur la société française, amènent les lecteurs à remettre en question leurs certitudes.

     

    Pour ces penseurs éclairés, il s’agit non pas de condamner ou réprouver mais simplement de faire progresser des pratiques figées dans l’habitude et la routine.

     

    En prévenant les Occidentaux contre le péché d’arrogance et le sentiment qu’ils n’ont rien à apprendre de quiconque, l’ouverture aux sociétés étrangères devient un moteur de l’innovation. Elle s’avère efficace si l’on en juge par la liste des emprunts étrangers dans les sociétés de la Renaissance et du siècle des Lumières, depuis le tabac, originaire du Brésil, jusqu’au recrutement des hauts fonctionnaires par concours, selon la pratique chinoise du mandarinat.

     

    L'Autre sous le projecteur des Lumières

     

    Les Lumières ont su aussi observer les autres peuples, tantôt avec dégoût ou admiration, toujours avec étonnement. C'est le temps des grands voyages d'exploration à but non plus uniquement militaire ou commercial mais également scientifique. Les circumnavigateurs (Bougainville, Cook, Lapérouse...) s'empressent de coucher dans leurs carnets de route leurs observations sur les peuples rencontrés, bien conscients qu’elles allaient être épluchées par les grands esprits de l'époque.

     

    Le XVIIIe siècle est en effet celui de l'étude de l'Homme, à la fois dans sa singularité et dans sa diversité.

     

    Les voyageurs croient trouver au-delà des mers l'«état de nature» décrit par Rousseau de façon purement théorique : les Tahitiens ne sont-ils pas de «bons sauvages» vivant dans un pays paradisiaque et ignorant la propriété, la violence, le besoin ? Malgré les mises au point de Bougainville puis de Diderot, le mythe prend de l'ampleur, faisant des Polynésiens les représentants d'une humanité primitive idéale.

     

     Cette empathie pour l’Autre se prolonge jusqu’à la moitié du XIXe siècle. Ainsi en attestent les peintures de la société algérienne par Fromentin et Delacroix et les écrits de voyageurs en Orient, de Chateaubriand à Nerval. On la retrouve aussi dans la lutte pour l’abolition de l’esclavage.

     

    Cette ignominie est venue du contact entre Méditerranéens de tous bords sur les marchés du Maghreb et de l’Orient au XVe siècle. Quand ils ont voulu exploiter les terres du Nouveau Monde, Espagnols et Portugais y ont tout naturellement transporté le système des grandes plantations sucrières esclavagistes qu’ils avaient découvert en Orient. Les Anglais ont pris le relais et, pour se protéger du risque de se dissoudre dans le métissage face à un flux grandissant d’Africains, ont érigé au XVIIe siècle la barrière du racisme.

     

    Mais en Europe même, l’esclavage a été condamné par le pape dès le XVe siècle et le racisme n’a jamais eu de prise sur la société jusque dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Le mouvement en faveur de son abolition débute bien avant la Révolution. L’abbé de Raynal, dans l’Histoire des Deux Indes déjà citée, en appelle à un nouveau Spartacus. Dès son avènement, le jeune roi Louis XVI demande à Turgot d’abolir cette institution mais il doit reculer devant les menaces des planteurs. À l’ouverture des états généraux, en 1789, il récidive et par la voix de son ministre Necker, émet le vœu qu’il y soit mis fin.

     

    L’on commence aussi au XVIIIe siècle à cultiver le désir de policer les sociétés «sauvages» et les amener à la civilisation. L’Europe se passionne pour l'expérience menée par les Jésuites au Paraguay, au cœur du continent sud-américain, où ils ont rassemblé les Indiens dans des communautés paisibles et ordonnées : «Rien ne fait plus honneur à la religion que d'avoir civilisé ces nations», dit le naturaliste Buffon, admiratif devant les résultats des missions religieuses.

     

    Peuples océaniens, in Meyer Konversation Lexikon, 1897

     

    Quand la science s'en mêle

     

    Le siècle des Lumières est aussi le siècle de la raison et de la science. Dans L’Esprit des Lois (1748), Montesquieu emprunte au grec Hippocrate la «théorie des climats» pour expliquer de façon «rationnelle» les différences entre les sociétés humaines : «Les peuples des pays chauds sont timides comme les vieillards le sont ; ceux des pays froids sont courageux comme le sont les jeunes gens (…)». On entre ici dans le jugement de valeur.

     

    Dans son Histoire naturelle, qu’il écrit à partir de 1749, Buffon traite du règne animal. Comme le botaniste suédois Linné, il se pique de mettre en fiches la Nature. Travail utile. Mais il n'oublie pas l'homme et effectue une étude approfondie des «Variétés dans l'espèce humaine». L'homme, qui se distingue de l'animal par sa capacité à réfléchir, lui est aussi supérieur par son désir de créer des sociétés et de les développer. Mais si l'homme est unique, ajoute Buffon, il varie en fonction de la couleur, de la taille et des mœurs. Certains représentants «paraissent avoir dégénéré de l'espèce humaine», notamment à cause des conditions climatiques, de la nourriture et des coutumes. Pour s'améliorer, l'homme doit donc être capable de se détacher de son milieu naturel.

     

    C'est pourquoi, pour Buffon, on trouve au sommet les peuples d'Europe «policés», sociables, capables de développement, puis au bas de l'échelle les groupes américains «grossiers», «brutes», vivant nus en pleine nature, y compris sous les climats rigoureux (Fuégiens). Pour asseoir sa réflexion, le savant se base sur une différence des cultures et non des corps : le degré de perfection des sociétés se mesure à l’éloignement par rapport à «l'état de nature» en prenant toujours comme repère idéal la société européenne.

     

    L’aboutissement de ces travaux de classification, c’est d'abord en 1854 la publication par le comte de Gobineau de l'Essai sur l'inégalité des races humaines (tout est dit dans le titre) puis, en 1859, la publication de L’Origine des Espèces. Cette théorie de la sélection naturelle, exposée avec brio par Charles Darwin, est pleinement acceptée par l'opinion publique qui y voit le fondement de ses conceptions politiques et sociales, alors que triomphent le libéralisme et la foi dans le progrès, sur fond d'agnosticisme.

     

     L’Europe est alors au sommet de sa puissance et ses élites ne doutent plus de la supériorité de «leur» civilisation. Le mot lui-même se décline désormais au pluriel et l’on regarde avec condescendance ou mépris les autres grandes civilisations universelles qui, au même moment, sont au plus mal, qu’il s’agisse des Indes, de la Chine ou des empires musulmans, pour ne rien dire de l’Afrique. Leurs différences et leur retard paraissent trop grands pour qu’elles puissent un jour rattraper l’Occident.

     

    Revenus de leurs illusions après le cataclysme de la Grande Guerre, les Européens prêtent davantage d’attention aux travaux des pionniers en ethnologie et anthropologie qui mettent en évidence la richesse symbolique des sociétés dites primitives. Les préhistoriens montrent que le génie inventif de Cro-Magnon supporte la comparaison avec celui de l’Occidental.

     

    La psychanalyse donne à penser, suprême humiliation, que les performances de nos sociétés seraient le fruit de nos frustrations. C’est en tout cas ce qu’affirme Sigmund Freund en 1929 dans Malaise dans la civilisation (en allemand : Das Unbehagen in der Kultur).

     

    Après la Seconde Guerre mondiale et ses horreurs, l’ethnologue Claude Lévi-Strauss en rajoute en réduisant les différences entre les sociétés humaines à des variations de structures élémentaires (préférences matrimoniales…).

     

    Plus fort que tout, bien sûr, le formidable rattrapage de l’Occident par le Japon, la Chine, l’Inde et quelques pays musulmans renvoie aux oubliettes l’arrogance passée de la bourgeoisie européenne. Il remet en selle la vision d’un monde multipolaire, fragmenté entre plusieurs aires de civilisation. Fragmenté ou soudé ?

     

    Une civilisation mondialisée ?

     

    Héritier de l’historiographie européenne du XIXe siècle, Arnold Toynbee a consacré sa vie à disséquer les civilisations. Comment se définissent-elles ? Comment grandissent-elles et meurent-elles ?

     

     L’historien en a recensé une trentaine au cours des cinq millénaires qui se sont écoulés depuis l’apparition des premières cités-États, dont plusieurs qui ont avorté. Par exemple la civilisation nestorienne, issu d’un rameau oriental du christianisme : elle était sur le point de séduire l’Asie centrale quand elle a été détruite par l’irruption de l’islam.

     

    Parmi les civilisations les plus durables, il y a la civilisation chinoise et ses satellites : les civilisations vietnamienne, coréenne et japonaise ; la civilisation occidentale et la civilisation orthodoxe, la civilisation russe, cousine de la précédente ; la civilisation pharaonique et la civilisation hellénique, qui a réuni la Grèce et Rome… C’est beaucoup moins que le nombre de cultures et de sociétés.

     

    La distinction entre civilisation, culture et société ne va pas de soi. Le concept de «culture» est issu du mouvement romantique allemand ; il désigne tout ce qui fait l’essence d’une société humaine : langue, mœurs, habitudes, rites et souvenirs communs…

     

    Au sein d’une civilisation peuvent cohabiter plusieurs variantes culturelles. Arnold Toynbee définit une «civilisation» comme «un champ intelligible d’études historiques». Ainsi l’Angleterre a une culture propre, avec sa langue, ses rituels sportifs et sa gastronomie particulière, son humour so british, mais elle ne constitue pas pour autant une civilisation parce que son Histoire est incompréhensible si on ne la relie pas à celle de ses voisins européens.

     

    Toynbee n’en admet pas moins des affinités et des passerelles plus ou moins intenses entre les civilisations elles-mêmes. Ainsi entre la civilisation occidentale, la civilisation orthodoxe et la civilisation islamique, toutes les trois issues de ce qu’il appelle le rameau syro-hellénique (pensée grecque et monothéismes orientaux).

     

    On peut porter un jugement de valeur sur une société et considérer par exemple que la société fédérale allemande est plus estimable que la société hitlérienne. On le peut d’autant mieux qu’une société se définit par des choix politiques (au sens large) et que tout individu est en mesure de récuser ceux-ci, par la révolte ou la fuite.

     

    Il n’en va pas de même d’une civilisation ou d’une culture, qui sont partie intégrante de chaque individu. Dès les premiers jours de l’existence, nous sommes imprégnés par la langue, les bruits, les odeurs, les couleurs et les rituels de notre culture. Nous ne pouvons nous en défaire mais nous pouvons l’enrichir de notre expérience.

     

    Un pays comme la France peut faire bon accueil au couscous et accepter la préférence d'une fraction de ses habitants pour la nourriture halal ou kasher. Il est par contre impensable - sauf à se mutiler - qu'elle mette à l'index les fêtes et traditions issues de son héritage chrétien ou encore les paroles de la Marseillaise, si rudes qu'elles nous paraissent.

     

    En ce XXIe siècle mondialisé, peut-on concevoir que se forge une civilisation planétaire ? L’idée est suggérée par certains penseurs mais l’analyse des échanges et des mentalités permet d’en douter.

     

    À mesure que se précise le rattrapage économique de l’Occident par l’Extrême-Orient, ce dernier se redéfinit comme un monde clos : la mer de Chine devient un foyer d’échanges privilégié entre Japon, Chine et Corées, à l’égal de la mer du Nord pour l’Europe, et ces deux extrémités de l'Eurasie tendent à se tourner le dos. Le sous-continent indien a quant à lui toujours conservé son identité ; il limite ses échanges avec l'extérieur et vit en quasi-autarcie. 

     

    Si l’on regarde sur un planisphère les pays qui mettent en avant les droits des homosexuels ou abolissent la peine de mort, ils coïncident à quelques exceptions près avec l’ancien monde européen (Europe, Amériques, Océanie), preuve que les idées politiques elles-mêmes ont une universalité toute relative. Enfin, le rêve d'un idiome universel, le «globish», version appauvrie de l’anglo-américain, ne devrait pas survivre au déclin des États-Unis.

     

    Conclusion très provisoire

     

    Les différentes civilisations de ce IIIe millénaire n'ont sans doute pas dit leur dernier mot. 

     

    La civilisation chinoise et ses satellites (Japon, Corée...) montrent une étonnante capacité à se maintenir envers et contre tout (invasions, guerres civiles, cataclysmes et infécondité...), sans doute grâce à des anticorps que l'on appelle de ce côté-ci de la planète ethnocentrisme

     

    C'est ce que donne à croire l'historien Serge Gruzinski (L'Aigle et le Dragon, Fayard, 2012) dans un entretien au Nouvel Observateur (9 février 2012) : «(...) les Chinois n'éprouvaient aucun intérêt ni attirance pour l'étranger, qu'il soit européen ou mongol (...). Par l'intermédiaire de leur bureaucratie tentaculaire et xénophobe, les Chinois se sont constitués de formidables défenses immunitaires contre les Portugais. En revanche, l'empereur aztèque Moctezuma est tombé dans le piège de sa curiosité envers l'"autre" castillan, le conquistador, arrivé par bateau de nulle part. Moctezuma a accordé une place à l'étranger et cela lui fut fatal».

     

    Largement ouverte aux influences étrangères (invasions islamo-mongoles, colonisation britannique), la civilisation indienne a quant à elle su les digérer sans rien perdre de son identité plurimillénaire.

     

    Paul Valéry (1871-1945)La civilisation occidentale, moins ancienne que les précédentes puisqu'elle n'a que dix à quinze siècles d'existence, aura-t-elle la même capacité de résistance que l'Extrême-Orient, tirera-t-elle de nouveaux profits de son ouverture au monde comme les Indes, ou succombera-t-elle à sa curiosité insatiable comme le Mexique des Aztèques ?

     

    Nul ne peut le dire mais l'on peut conclure sans trop de risque sur une antienne : «Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, d'empires coulés à pic avec tous leurs hommes et tous leurs engins ; descendus au fond inexplorable des siècles avec leurs dieux et leurs lois, leurs académies et leurs sciences pures et appliquées (...). Tout ne s'est pas perdu mais tout s'est senti périr. Un frisson extraordinaire a couru la moelle de l'Europe (...)». Publié en avril 1919 dans La Crise de l'esprit, ce texte a été inspiré à Paul Valéry par la catastrophe de la Grande Guerre. http://www.herodote.net

     

  • Anne Kling : « Dès les années 70, la Licra va systématiquement soutenir l'immigration de peuplement arabo-musulmane »

    RIVAROL : Anne Kling, vous intervenez à la journée de Terre et Peuple, sur le thème des lobbys qui prétendent diriger la France, et vous êtes l'auteur de trois livres remarqués, consacrés à la Liera, au Crif et aux révolutionnaires juifs. Dites-nous quel est votre cheminement intellectuel et politique ?
    Anne KLING : Je ne suis absolument pas issue de ce que d'aucuns appellent « l'extrême-droite ». J'avais été suppléante au titre du RPR du député UDF strasbourgeois Harry Lapp. Je fus ensuite responsable de La Droite de Charles Millon, à Strasbourg. C'est dans le cadre de la préparation  d'élections  municipales à Strasbourg que mes ennuis commencèrent, et par là, ma prise de conscience. J'avais décidé de faire équipe avec Robert Spieler, alors président d'Alsace d'Abord et j'avais rédigé un tract, au titre d'une association que j'avais créée, où je liais immigration et insécurité. La Licra me traina devant les tribunaux, mais je fus relaxée. C'était ma première rencontre avec l'officine... Par la suite, un autre tract me valut de sérieux ennuis professionnels. J'étais fonctionnaire au Conseil de l'Europe, dont la Turquie fait partie, et j'avais eu l'outrecuidance de lancer une pétition contre l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne. Je considérai que c'était là mon droit le plus strict, en tant que citoyenne. Le secrétaire général du Conseil de l'Europe ne l'entendit pas ainsi et enclencha une procédure disciplinaire en vue de mon licenciement. J'avais décidé de me battre. Les tribunaux français n'étant pas compétents, j'ai obligé le Conseil de l'Europe à réunir un tribunal administratif international pour juger mon cas. C'était, à ma connaissance, la première fois que cela se produisait. Je finis, après quelques péripéties, par obtenir en grande partie gain de cause. J'ai certes terminé ma vie professionnelle dans un placard, mais je ne m'en suis pas plainte. Cela m'a donné du temps pour réfléchir à l'écriture de mes livres !
    R. : Pourquoi avez-vous décidé de consacrer un livre à la Licra, et un autre au Crif ?
    A. K. : Le Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France) et la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme) sont peu connus du grand public. Il suffit de demander autour de soi ce que ces sigles signifient pour s'en rendre compte facilement.
    Et même dans nos rangs, si l'on sait en général un peu mieux ce dont il est question, beaucoup ignorent l'étendue réelle du rayon d'action de ces officines. Leur puissance et leur capacité d'influence dans un grand nombre de domaines importants de la vie politique française, comme la justice, l'éducation nationale, la promotion de l'immigration arabo-musulmane.
    Et donc on méconnaît généralement leur forte responsabilité dans la situation très dégradée de la France d'aujourd'hui. Jusqu'il y a une dizaine d'années, le CRIF qui se qualifie lui-même de porte-parole politique de la communauté juive de France auprès des pouvoirs publics, était occulté, dans les média surtout, par la puissante Licra. C'est la Licra qui jouait en matière de lutte « contre le racisme et l'antisémitisme » le rôle de bras armé et veillait jalousement à l'orthodoxie de la vie politique française. C'est qu'un renvoi en correctionnelle, une excommunication sur la place publique, un tabou jeté sur tel ou tel, étaient vite arrivés.
    Et leur seule perspective suffisait à tenir en laisse une classe politique particulièrement docile. Mais les circonstances ont évolué depuis le début des années 2000 et la Licra, qui est toujours là et bien là, apparaît aujourd'hui en retrait derrière le CRIF qui tient à présent le haut du pavé et de l'affiche. Bien sûr, pour s'en apercevoir, il faut s'intéresser de près au fonctionnement de la vie politique du pays. Encore une fois, le grand public n'a pas conscience de la réalité et de la puissance de ces courants souterrains.
    Car les média du système se gardent bien d'attirer son attention sur une situation qui pourrait finir par paraître bizarre. Tout est fait au contraire pour éluder le sujet et ceux qui persistent à se poser trop de questions sont généralement réduits au silence par l'accusation absolument terrifiante d'antisémitisme.
    Celle qui vous rejette illico en dehors de l'humanité et vous précipite aux enfers. Car il faut savoir que l'"antisémitisme" est actuellement le seul péché mortel encore existant.
    R. : Parlez-nous des origines de la Licra ?
    A. K. : La Licra est l'officine la plus ancienne et a longtemps été la plus puissante. C'est elle qui a le plus fortement contribué à façonner le visage de la France d'aujourd'hui..Car elle a très fortement ; contribué à imposer au pays une immigration musulmane massive. Devant la tournure prise par les événements, elle est maintenant un peu moins flamboyante. C'est l'une des raisons pour lesquelles le Crif a pris le relais.
    Mais le pouvoir de la Licra a été très important globalement entre les années 1970 et 2000. Une période charnière qui a vu une véritable mutation du pays.
    Pour comprendre d'où elle a pu tirer son pouvoir exorbitant, il faut remonter à la source : au confluent de deux événements majeurs du XXe siècle : la révolution bolchevique et la Seconde Guerre mondiale. Deux événements puissamment liés l'un à l'autre. Deux événements dont nous subissons encore fortement les retombées.
    La Licra a été créée en 1926 sous le nom de Ligue internationale contre les pogroms par un journaliste communiste, Bernard Lecache. Qui, comme son nom ne l'indique pas, était né dans une famille juive d'origine ukrainienne réfugiée en France. Lecache a été parmi les premiers à adhérer au tout nouveau Parti communiste français qui se crée en 1921.
    C'est donc un communiste de la première heure qui crée la Licra. Le pouvoir bolchevique règne alors d'une main de fer sur l'URSS depuis 8 ans et voudrait bien s'étendre à l'Ouest. C'est à cela que travaillent ses agents d'influence, tels que Lecache.
    Ce dernier crée la Ligue pour assurer le battage médiatique voulu autour du procès de l'assassin de Simon Petlura, abattu à Paris par Samuel Schwartzbard. C'est le meurtre d'un nationaliste ukrainien par un communiste juif qui est à proprement parler à l'origine de la Licra, le battage fait autour de ce procès sera immense et efficace : toute la gauche ainsi que la diaspora juive sont mobilisées, jusqu'aux États-Unis. Tant et si bien que par une inversion classique à ce procès on ne jugera pas le meurtrier, mais sa victime, présumée coupable de pogroms en Ukraine. En réalité, le procès ne permettra même pas d'établir sa part réelle de responsabilité dans les exactions commises par son armée.
    Bien évidemment, Schwartzbard est triomphalement acquitté à Paris en 1927 et dans la foulée Lecache transforme sa Ligue contre les pogroms, qui a parfaitement rempli sa fonction, en Ligue contre l'antisémitisme, pour disposer d'un rayon d'action plus vaste.
    Nous sommes en 1928, il va présider la Licra pendant 40 ans, jusqu'en 1968. À ce moment-là prendra le relais Jean Pierre-Bloch, le second président de la Licra qui restera à son tour à sa tête jusqu'en 1993. Ce qui signifie que de 1927 à 1993, la Licra a connu en tout et pour tout deux présidents. Tous deux juifs bien évidemment, tous deux journalistes, tous deux de gauche, tous deux indéboulonnables. Une étonnante continuité.
    R. : Jean-Pierre Bloch va poursuivre d'une haine vigilante tout ce qui est national ?
    A. K. : Ses haines vont, en effet, fortement ; marquer l'action de la Ligue. Elles plongent leurs racines dans les années de guerre et même d'avant-guerre. À la Libération, il est député socialiste, l'un des 27 jurés au procès du maréchal Pétain dont il votera la condamnation. Dès ce moment la Licra poursuivra les responsables du régime de Vichy d'une haine implacable qui culminera des décennies plus tard en un certain nombre de procès tardifs, mais retentissants. La Licra a donc été créée par des personnes et en des circonstances fortement politisées - à gauche - ce qui ne l'a jamais empêché de tranquillement se déclarer apolitique, ou plus exactement, selon ses propres termes, « au-dessus des partis ». Elle s'est déclarée de la même façon non confessionnelle. Cette apparente neutralité, totalement mensongère, lui a permis d'étendre son réseau dans toutes les directions et d'afficher une vitrine universaliste et morale derrière laquelle elle a pu exercer une influence politique importante et bien ciblée, quoique méconnue ou sous-estimée du public.
    R. : Quel rôle la Licra joue-t-elle dans l'arrivée de la gauche au pouvoir ? Et dans  l'immigration de peuplement arabo-musulmane ?
    A. K. : Avant 1981, son objectif premier a été d'aider la gauche à parvenir au pouvoir. Elle l'y a aidée de toutes ses forces et n'a pas eu affaire à des ingrats. Du reste, Mitterrand était membre d'honneur de la Liera, comme le sera son successeur, Chirac, qui n'avait rien à lui refuser.
    Pour la gauche, le meilleur moyen de parvenir au pouvoir et d'y rester, était de transformer le pays et surtout sa population. De faire de la France un territoire multiculturel et multiethnique. Dès les années 1970, la Licra va systématiquement soutenir l'immigration de peuplement arabo-musulmane. À ce moment-là, pour elle, juifs et arabes sont fondamentalement considérés comme frères. Ceci apparaît clairement dans tous ses écrits.
    Elle favorise donc l'arrivée d'une population considérée comme une alliée. Il s'agit, de concert avec la gauche politique, de transformer la France en profondeur, de modifier sa population, et donc son électorat, dans un sens favorable à la gauche.
    Pour la Licra, il s'agissait en outre de briser une cohésion nationale jugée menaçante à bien des égards. Et de faire payer , ce qu'elle estimait être une dette imprescriptible de la France à l'égard de sa population juive.
    Encore fallait-il désarmer toute opposition à l'immigration. Ce sera le rôle assigné à l'arsenal des législations dites antiracistes que la Licra inspirera et parviendra à imposer dès 1972.
    Car la loi antiraciste de 1972, la première de la série, a été arrachée de haute lutte par des socialistes membres de l'officine. Le président Pierre-Bloch s'en félicitera tout à fait clairement et revendiquera pour la Licra la totale paternité de cette loi. Qui est décisive car elle va offrir à l'officine un levier extrêmement puissant dont elle va se servir sans relâche. Grâce à cette loi et aux suivantes qui perfectionneront le système et muscleront toute liberté d'expression et même toute interrogation historique sur certains sujets, la Licra pourra poursuivre tous ceux qu'elle désigne comme racistes. C'est elle qui décidera qui est raciste et qui ne l'est pas. Qui est antisémite et qui ne l'est pas. Elle distribuera à sa guise les bons et les mauvais points.
    Elle va pouvoir grâce à cette loi créer le climat favorable à l'arrivée de la gauche au pouvoir et criminaliser les résistances à l'immigration massive qui va s'intensifier à partir de ces années.
    R. : Son rôle se modifie-t-iI, une fois la gauche au pouvoir ?
    A. K. : Son rôle, déjà déterminant, ne va pas s'arrêter lorsque la gauche atteindra enfin l'Olympe, en 1981. Bien au contraire. Car va s'ouvrir à ce moment-là un second volet de son action qui va se révéler extrêmement utile au camp socialiste. Car ce n'est pas le tout d'arriver au pouvoir, encore faut-il s'y cramponner.
    Nous entrons là dans un domaine subtil, où la morale et les droits de l'homme vont servir de paravents à des appétits de pouvoir classiques. Et au cynisme le plus éhonté.
    Je me bornerai à n'indiquer que les grandes lignes de ce qui fut mené avec intelligence et persévérance, à la fois par l'Elysée et par les responsables dits antiracistes.
    Le fait est qu'à peine arrivée au pouvoir, la gauche s'est vite aperçue qu'il était plus facile de changer la vie dans les discours que dans la réalité. Les lendemains qui devaient chanter n'ont pas tardé à se transformer en petits matins grincheux.
    La droite risquait donc de reprendre des couleurs. Et le pouvoir. C'est à partir de cette constatation que Mitterrand a décidé de favoriser l'émergence médiatique, donc électorale, du président du Front national, petit parti existant depuis 1972 mais qui ne connaissait jusque-là que des scores confidentiels. Cette stratégie va être développée à partir de 1982. Mitterrand va personnellement favoriser l'accès du président frontiste, qu'il connaissait pour l'avoir fréquenté dans les couloirs de la IVe République, aux chaînes de télévision.
    Comme prévu, le résultat ne se fera pas attendre : le FN va décoller électoralement à partir de ce moment. Il aura des élus aux européennes de 1984 puis à l'assemblée nationale en 1986. Car 35 députés Front national vont être élus grâce au changement de mode de scrutin décidé par le chef de l'Etat, pourtant membre distingué de la Licra. Qui ne pipera pas un mot, car c'était pour le bon motif : handicaper la droite classique. De toute façon, deux ans plus tard, le mode de scrutin sera changé à nouveau et le groupe balayé.
    Mais évidemment, il fallait compléter le piège et c'est là que vont intervenir à nouveau la Licra et toutes les associations dites antiracistes qui vont se mettre à pulluler. Car c'était une chose de détourner des suffrages de la droite classique vers le Front national. Mais si ces deux-là parvenaient à s'entendre - comme les socialistes se sont entendus avec les communistes par exemple - c'était la catastrophe totale. L'assurance pour la gauche d'être éjectée du pouvoir.
    Il fallait à tout prix empêcher cette éventualité : l'entente entre droite nationale et droite républicaine.
    R. : Comment la Licra a-t-elle procédé pour empêcher l'éventualité d'une entente entre droite nationale et droite républicaine ?
    A. K. : Grâce à la diabolisation que les associations dites antiracistes, Licra en tête, orchestrèrent autour du FN qui devint le parti maudit entre tous, infréquentable, antisémite, raciste, etc., etc.
    Ces associations réussirent, avec la complicité des média, à imposer l'amalgame Front national égale Vichy égale collaboration, et parvinrent à faire peser sur toute la droite, et même sur tout le pays, l'opprobre et la culpabilité liés à cette période.
    La diabolisation permit de stériliser tous les suffrages qui se portaient sur ce mouvement, qui ne servirent jamais à rien ni à personne. Et de mettre au ban de la société toute une partie de la population.
    Tous les partenaires ont joué cette partition avec constance et virtuosité. La France a été soumise à un vrai lavage de cerveau et à un chantage permanent à la démocratie et aux droits de l'homme. Alors que jamais ces notions n'ont été dans le même temps autant bafouées. La Licra a été au premier rang de la manœuvre. Le pouvoir de la gauche en dépendait.
    R. : Et puis, dans les années 2000, ce scénario va connaître quelques couacs ?
    A. K. : Ce sont les conséquences de la seconde intifada. Des manifestations d'antisémitisme commencent à se multiplier fâcheusement dans les banlieues "sensibles". Il ne s'agit plus cette fois d'un "climat" que les associations dites antiracistes ont l'habitude de dénoncer. Mais bien de faits réels et tangibles qui surviennent de plus en plus fréquemment, et particulièrement dans les établissements de l'Education nationale. Comble de malheur, ces manifestations ne sont pas le fait de l'extrême droite, ce qui serait bien commode, mais proviennent en droite ligne des quartiers peuplés d'immigrés. De ceux-là même qui ont été encouragés pendant des décennies à venir s'installer en France par toutes les organisations communautaires et assimilées.
    Ce fait va provoquer des révisions déchirantes dans la communauté et entraînera un certain retrait de la Licra, qui est largement responsable de cette situation.
    R. : Et le CRIF prend-le relais de la Licra ?
    Le CRIF était tout prêt à prendre le relais et à apparaître en première ligne. De toute façon lui aussi avait, comme la Licra, accompagné la longue marche de la gauche vers le pouvoir. Il partageait la même volonté de promouvoir en France une société multiethnique et d'imposer au pays une inextinguible repentance. Il était exactement sur la même longueur d'onde.
    Ce que l'on nomme « le Crif » est en réalité un rassemblement de plus de soixante associations extrêmement diverses à tous points de vue, y compris politique. Elles ont cependant un certain nombre de points communs absolument impératifs et incontournables : elles sont juives bien sûr, mais surtout elles soutiennent à fond l'Etat d'Israël dans tout ce qu'il dit et fait. Ce soutien inconditionnel est le fil conducteur de toute l'action du CRIF. Qui non seulement défend en toutes circonstances l'État et les intérêts d'Israël mais combat avec virulence toutes les menaces, réelles ou virtuelles, pesant sur l'État hébreu ou ses intérêts.
    Le soutien à l'État d'Israël passe aux yeux du CRIF par l'entretien quasi obsessionnel du souvenir de la Shoah. Ce souvenir est en effet intimement lié à la création de l'État hébreu. Et son évocation continuelle a pour but de graver dans les esprits qu'Israël, peuplé en grande partie de rescapés, n'est pas un État comme un autre, qu'il se situe quelque part dans l'exception et par conséquent qu'il a droit à un comportement qui ne serait admis d'aucun autre.
    La Shoah ne doit en aucun cas être oubliée ou rangée au magasin bien fourni des horreurs en tous genres produites par l'humanité. Car elle a un rôle bien précis à remplir : elle doit culpabiliser à tout jamais le genre humain en général - et les Occidentaux en particulier - et rappeler la dette inexpiable contractée à l'égard des juifs. La Shoah est devenue au fil des ans la pièce maîtresse de la stratégie de soutien de la diaspora à l'État d'Israël. Aujourd'hui plus que jamais. Et les exigences du Crif s'agissant de cet enseignement de la Shoah dans l'éducation nationale sont très lourdes. Elles sont cependant scrupuleusement prises en compte par les ministres concernés. Quel que soit leur bord.
    Dernière priorité de l'officine : la lutte contre l'antisémitisme. Ce terme est des plus vagues et englobe toute critique ou réprobation touchant au peuple juif et à l'État hébreu.
    R. : Le mode d'action du Crif est-il identique à celui de la Licra ?
    A. K. : Son mode d'action est sensiblement différent de celui de la Licra. Alors que la Licra se faisait craindre par les procès qu'elle intentait pour un oui ou pour un non, le Crif, lui, fréquente assidûment les responsables politiques et fait entendre ses exigences au plus haut sommet de l'État.
    Son dîner annuel voit se bousculer toute la classe politique - habituellement 800 invités - Premier ministre et quasiment tout le gouvernement en tête, venus humblement entendre les reproches, récriminations et requêtes de son président Richard Prasquier.
    Ce dîner de gala annuel est relayé par autant de dîners régionaux où se bouscule cette fois le gratin politique local pour entendre les mêmes antiennes.
    Pourtant, de son propre aveu, le Crif ne représente guère que 100 000 personnes, et encore, en comptant très large : 1/6e à peine de l'ensemble de la communauté et 0,2 % de la population totale du pays. Ce qui ne l'empêche pas de prétendre parler au nom de tous les juifs de France.
    Devant l'empressement servile de la classe politique face à cette officine communautaire, les Français ont le droit - et le devoir - de s'interroger. Et de se demander s'il est normal de la voir exercer un ascendant aussi déterminant sur la vie publique. Que faut-il en conclure ? À l'évidence, que ce 0,2 % possède un pouvoir, une puissance, qui vont bien au-delà de son importance numérique. Pourquoi ? Comment ? Dans un pays qui ne reconnaît officiellement, de par ses textes fondateurs, que des citoyens tous pareillement égaux, voilà un sujet inépuisable de stupéfaction et de réflexion.
    Il faut donc admettre que certains ont trouvé le moyen imparable de devenir nettement plus égaux que tous les autres. Et qu'il leur est extrêmement difficile de se résoudre à devenir, simplement, des Français comme les autres et à se fondre dans la masse.
    Nous sommes arrivés au stade où la situation du pays est considérablement dégradée. Car l'objectif visé avec opiniâtreté par la gauche morale entre guillemets et la gauche politique est atteint : la France a bel et bien été transformée et son identité détruite. Elle est devenue plurielle conformément aux souhaits de ceux qui y avaient intérêt.
    R. : Quel avenir voyez-vous à ces lobbys ?
    Â. K. : Les lobbys triomphent, certes, mais sur un socle très fragilisé et qui risque de les entraîner dans sa chute. Le gros capital de sympathie dont ils bénéficiaient spontanément, quoi qu'ils en disent, et dont bénéficiait Israël, ne semble plus aujourd'hui qu'un lointain souvenir. Des lendemains plutôt difficiles se profilent pour eux. Et ils en ont conscience. D'où des tentatives actuelles de rapprochements plus qu'étonnants. Pour ne pas dire contre-nature.
    Propos recueillis par Jérôme BOURBON. Rivarol du 2 décembre 2011
    Pour commander les livres d'Anne Kling : La France Licratisée (264 pages) ; Le CRIF : un lobby au cœur de la République (294 pages) ; Révolutionnaires juifs (224 pages) : Chaque livre : 18 euros plus 3 euros de frais de port.
 Envoyer chèques à l'ordre d'Anne Kling ; Anne Kling, éditions Mithra, BP 60291, 67008 Strasbourg Cedex.   

  • Bruno Gollnisch :”un peuple qui n’honore pas ses morts n’a plus d’avenir”

    Nous évoquions la semaine passée l’offensive menée contre les traditions de Noël. Elle s’inscrit dans un contexte beaucoup  plus général d’attaques répétées et planifiées contre notre mémoire, notre passé, notre identité,  les fondements moraux, spirituels de  notre civilisation. Avec ce billet d’humeur, Bruno Gollnisch s’arrête sur le sort que la France réserve aujourd’hui à ses morts, qui en dit aussi très long sur l’état d’avancement (de décomposition) de  notre société dite « moderne »…

    “Novembre s’en est allé, et avec lui les feuilles mortes, qui, avec les souvenirs et les regrets, se ramassent à la pelle, comme le dit l’une de nos plus belles chansons, que fredonnait Lionel Jospin, preuve que l’on peut être socialiste et sensible… On connaît l’interprétation d’Yves Montand ; je préfère encore celle du regretté Mouloudji, qui chantait aussi le deuxième couplet, plus poétique encore.

     Ce mois de Novembre est –ou était- chez nous le mois du culte des morts : fête de la Toussaint, suivie de celle des Trépassés. Cérémonies du 11 novembre, rappelant l’incroyable sacrifice de millions de Français. Visite des cimetières.

    Ce culte est de tous les temps et de toutes les civilisations. Peut-être même peut-on dire qu’il est à l’origine de la Civilisation. Les monuments de l’Egypte ancienne qui nous fascinent encore ne sont-ils pas le résultat du prodigieux effort auquel ce culte donna lieu ?

      Les morts, les pauvres morts ont de grandes douleurs  disait Baudelaire, dans l’un de ses très beaux poèmes, consacré à la tombe abandonnée d’une « servante au grand cœur » qui avait veillé sur son enfance.

     Car la France d’aujourd’hui maltraite ses morts. Au nom de la rentabilité, depuis quelques années, on n’a plus le droit de réserver, comme on pouvait le faire autrefois –à grand prix !- une concession perpétuelle. Les défunts eux-mêmes sont soumis à la précarité. Tout au plus peut-on les héberger 30 ans au maximum. Passé cette date, il faut renouveler ce que j’appellerai, en quelque sorte, le loyer de la concession…si les héritiers y pensent, s’ils le peuvent, et s’ils sont toujours là !

     Cette législation a été passée il y a des années sans susciter de débats et dans l’indifférence générale.

     Comme on ne peut porter atteinte aux droits acquis, on a du moins maintenu les concessions perpétuelles existantes, tout en empêchant d’en acquérir de nouvelles. Mais, même cela est en fait attaqué par le zèle abusif de mairies qui se saisissent de tout motif pour décréter une tombe abandonnée.

      Une pierre très légèrement descellée, une croix qui se penche, une vieil enclos dont la grille est rouillée, et la tombe, réputée abandonnée, pourra faire l’objet d’une reprise –c’est-à-dire qu’elle sera profanée, détruite, les pauvres restes du ou des défunts jetés dans une fosse commune,…et l’emplacement reloué !

     Le résultat, c’est qu’à terme il n’y aura plus de tombes anciennes. Dans un village des Ardennes où j’ai quelques origines familiales, on m’a parlé de la tombe du fils unique de l’ancien forgeron. Il avait forgé lui-même la grille qui entourait l’emplacement où reposait son fils unique, tué à 20ans à la guerre de 1914-18. C’était, dit-on, une très belle grille, avec un beau crucifix. Le forgeron est mort aussi, et sa famille s’est éteinte après lui. Récemment, on a « repris » la tombe ; la grille et la croix sont parties à la décharge.

     Ainsi, rien n’échappe, dans notre société moderne (?), pas même les morts, à la loi de l’apparente rationalité marchande et de la précarité qu’elle engendre. Non pas la précarité inhérente au temps qui passe dans un monde où rien n’est éternel, non pas l’impermanence des choses telle que la conçoit la sensibilité extrême-orientale, mais la rotation forcée, voulue, fruit du matérialisme et de l’impiété de notre génération.

      Quelle importance ? » diront beaucoup. « Pourquoi se soucier des restes inertes de ceux qui nous ont précédés, et qui n’éprouvent plus rien ? » Ceux qui pensent ainsi ont tort. Un pays n’est pas seulement la propriété de ceux qui y vivent ; mais aussi de ceux qui y ont vécu. Effacez leur souvenir, et vous déclarez la terre ouverte à tous. Vita mortuorum in memoria est posita vivorum  La vie des morts est de survivre dans l’esprit des vivants  disait Cicéron, et, plus près de nous, Chateaubriand :  Les vivants ne peuvent rien apprendre aux morts ; les morts, au contraire, instruisent les vivants. 

     Disons-le tout net : un peuple qui n’honore pas ses morts n’a plus d’avenir. D’autres viendront, qui progressivement prendront la place des amnésiques, et ne coloniseront pas que ses cimetières. Car tout se tient.

     Barrès avait bien compris le lien charnel qui existe entre la terre et les morts. C’est que la terre de France n’est pas seulement la propriété des soixante millions de personnes qui y vivent aujourd’hui, et dont on ne sait trop s’il faut les qualifier d’habitants ou de nationaux. Elle appartient aussi au milliard d’êtres humains qui, depuis l’aube des temps historiques y ont vécu, travaillé, souffert, aimé, et qui, si souvent, ont donné leur vie pour elle.

     En honorant nos morts, en respectant la dernière et intangible demeure, à laquelle ils ont droit, nous nous relions à eux, qu’ils fussent riches ou pauvres, glorieux ou humbles :  Dona eis, Domine, requiem sempiternam.”

    Bruno Gollnisch. http://www.gollnisch.com

  • Je préfère encore Bachar el-Assad

    Je préfère encore Bachar el-AssadBV. Les Occidentaux s’apprêtent à intervenir en Syrie. Vous remplacez Obama par Bush, Syrie par Irak, et armes chimiques par armes de destruction massive : ça vous rappelle quelque chose ?

    MLP. C’est la première idée qui m’a traversé l’esprit. C’est étonnant car les Américains sont plutôt bons en story stelling. Finalement, il ont assez peu d’imagination en politique internationale : ils nous ressortent le même scénario…

    On nous rejoue l’Irak ?

    Absolument. Ça me rappelle les bébés koweitiens sortis des couveuses et dont on éclatait la tête contre les murs. Ou encore les armes de destruction massive. Tout cela n’était qu’une opération de communication américaine, une technique utilisée dans laquelle nous tombons systématiquement pieds et poings liés : la défense du bien contre le mal.

    Les Français doivent comprendre — mais personne ne le leur explique — qu’avec les Américains, et en matière internationale, la bonne réponse est toujours le pétrole. Or, quelle est la réalité de la situation géostratégique et géopolitique en Syrie ? Bachar el-Assad a refusé au Qatar et à l’Arabie Saoudite de voir son pays traversé par des pipelines. L’objectif était, notamment, de faire concurrence au gaz russe. Quand vous avez compris cela, vous avez tout compris de ce qui se joue actuellement en Syrie. Ce n’est pas du tout le combat de la démocratie contre la dictature. Tout cela n’est qu’habillage de bons sentiments pour, en réalité, défendre les intérêts stratégiques américains.

    Par ailleurs, et au-delà de la violation massive du droit international qu’a constituée la reconnaissance de l’opposition syrienne comme seul interlocuteur du gouvernement français, je trouve délirant qu’on n’ait même pas posé de conditions à cette reconnaissance. La moindre des choses aurait été d’exiger un engagement sur la protection absolue des minorités syriennes ! Car je vous l’annonce, le jour où le régime de Bachar el-Assad tombera, on assistera à un véritable génocide des minorités. Et en premier lieu des Alaouites, avec la bénédiction de l’Occident. Alors, que l’on ne me parle pas de la défense de la démocratie contre le totalitarisme ! C’est la quinzième fois que les États-Unis nous font le coup, et moi je n’hésite pas à dire qu’entre le Shah d’Iran et l’Ayatollah Khomeiny, je préférais le Shah d’Iran. Voilà.

    Et entre Saddam Hussein et l’Irak d’aujourd’hui ?

    Je préférais Saddam Hussein.

    Et entre Bachar el-Assad et la situation qui se profile ?

    Eh bien, je préfère probablement Bachar el-Assad. Et je vous le dis avec d’autant plus de facilité que notre mouvement politique n’a jamais eu la moindre compromission avec aucun de ces dirigeants. Ni avec Bachar el-Assad, ni avec Hosni Moubarak en Egypte, ni…

    Je me souviens pourtant d’un voyage de votre père en Irak qui avait posé problème…

    Qu’était-il parti y faire ? Tenter de libérer des otages retenus en Irak par Saddam Hussein. Je vous rappelle d’ailleurs, pour que vous puissiez constater le niveau de bassesse de nos dirigeants politiques, qu’il avait ramené des otages et que les autorités ont refusé que l’avion se pose en France : elles l’ont fait atterrir en Allemagne !

    Comment se fait-il que la France, hier la droite et aujourd’hui la gauche, choisisse chaque fois le Qatar et l’Arabie Saoudite et leurs intérêts ?

    Parce que notre classe politique est vendue, au sens propre. Il ne se passe pas une semaine sans un responsable socialiste ou un responsable UMP à Doha. Contrairement à ce qu’ils disent, ils se moquent totalement de la défense de nos valeurs, de nos principes. Ils sont — Madame Najat Vallaud Belkacem l’a dit — dans le « business ». C’est aussi simple que cela. Il est étonnant de voir — et je regarde là le Parti socialiste dans les yeux — que tous ces régimes autoritaires, Egypte comme Tunisie, étaient plutôt des régimes socialisants. D’ailleurs, ils appartenaient à l’Internationale socialiste. Aujourd’hui, on fait le choix de manière délibérée de régimes religieux très durs en interne mais ultra-capitalistes à l’extérieur.

    Vous regrettez le soutien que nous avons apporté aux révolutions du printemps arabe ?

    Ce que je regrette, c’est que l’on s’y soit lancé à corps perdu sans en mesurer les conséquences ni les enjeux. Et donc sans poser la moindre exigence.

    François Hollande doit se rendre dans quelques jours en Algérie. Quels rapports la France doit-elle entretenir avec l’Algérie ?

    Un rapport de force. Or, depuis quelques années, tout déplacement en Algérie se résume à une augmentation des visas accordés aux Algériens — on est passé en quelques années de 130 000 à 200 000 visas par an — et à une inflation de la repentance pour la simple raison que nous sommes dépendants économiquement du gaz algérien. Voilà une véritable erreur stratégique ! Je plaide depuis plusieurs années pour que l’on mette en place une réflexion et des accords stratégiques avec la Russie, justement pour éviter de dépendre intégralement de pays comme l’Algérie.

    La France a eu raison de soutenir le statut d’État observateur de la Palestine ?

    Oui. J’ai toujours plaidé pour la reconnaissance de l’État palestinien : on ne peut pas avoir des exigences à l’égard d’un État s’il n’est pas souverain. Introduire la Palestine dans le jeu des institutions internationales entraîne pour cet État des droits mais aussi des devoirs. Cela me semble assez sain et aller dans le sens d’une avancée du règlement du conflit entre Israël et la Palestine.

    Et que pensez-vous de la réponse israélienne : la construction de 3 000 logements et l’arrêt du versement des taxes douanières ?

    C’est le choix du conflit.
    source : Boulevard Voltaire :: lien

  • BUDGET EUROPEEN OU LA RUINE ANNONCEE

    Les chamailleries sur le projet de budget européen remplissent abondamment les journaux. Chacun des pays veut tirer la couverture à lui tout en accusant bruyamment les autres de faire de même. La Grande-Bretagne et la France se signalent particulièrement à cet égard. La première réclame le maintien du chèque obtenu de haute lutte il y a longtemps par la baronne Thatcher. La deuxième veut la poursuite de la politique agricole commune ou PAC, laquelle est un instrument précieux pour les gouvernements successifs puisqu'elle asservit le monde rural à leur bon plaisir.
    Le budget qu'il est si difficile de mettre sur pied a une particularité : c'est un budget pluriannuel allant de 2014 à 2020. On comprend que la mafia des Eurocrates qui est au centre du projet y trouve son intérêt. Refusant les économies absolument nécessaires, tout en les saluant distraitement, ils rêvent d'une autorisation de dépenser sur plusieurs années. De ce fait les eurosceptiques en Grande-Bretagne deviennent de plus en plus nombreux. David Cameron osera-t-il sauter le pas et sortir de la CEE ? Cela serait un coup de tonnerre et un bienfait pour tous les Européens étant donné que l'édifice de la CEE est carrément nocif comme nous allons le voir.
    Les faits sont brutaux. L'Europe est devenue de plus en plus une machine à fabriquer du cash au profit des Eurocrates. La fortune des Commissaires européens est célèbre dans le monde entier. Un seul exemple : quand un Commissaire quitte ses fonctions il touche son traitement pendant trois ans pour lui donner le temps de se recaser. Ils sont « combinards » et se recasent tous très vite et le masquent de diverses façons. Les chômeurs qui le sont à cause de l'Europe et ne reçoivent rien pour se recaser apprécieront. Le poste de député européen est un « fromage » dont les multiples saveurs se lisent dans tous les journaux. La richesse des dirigeants s'étend selon l'usage jusqu'aux échelons les plus bas.
    Cette richesse des eurocrates est un des moteurs de l'accroissement de la dictature européenne ; c'est un principe absolu que plus les unités publiques s'agrandissent, plus la richesse des acteurs s'accroît et moins il existe de contrôles !
    LA DICTATURE
    Sur le plan économique la CEE court vers la ruine qui s'inscrit dans les chiffres officiellement publiés. Le chômage atteint des niveaux insupportables dans la plupart des pays. La croissance est désespérément plate. Par ondes successives cette situation délétère se propage dans le monde entier et jusqu'en Chine.
    La raison principale de ces faits est que la CEE est une dictature à 27 têtes. Les 27 Commissaires, une fois nommés, exercent leur pouvoir pratiquement sans contrôle. Par ailleurs, le parlement théoriquement chargé d'un certain contrôle est lui-même élu d'une façon extrêmement douteuse. Les votes ont lieu à mains levées, leur convergence étant laissée au « jugement » du président de séance ! Les gouvernements exercent en principe une surveillance, par l'intermédiaire de fonctionnaires non élus, mais ce n'est qu'une gentille parodie de contrôle.
    POURQUOI ET COMMENT LA RUINE
    Au premier chef des explications, se trouve la gigantesque ponction fiscale nécessaire pour alimenter la fabuleuse machinerie. Une autre cause de ruine est le flot ininterrompu de directives et autres réglementations déversées par la CEE ; un Commissaire ne saurait exister sans créer des directives ; la dictature européenne s'occupe de tous les détails de la vie d'un immense continent : cela va de la pêche au thon rouge, aux ascenseurs, et jusqu'au choix des ampoules. Par cette vision socialiste de la politique, elle met le désordre dans une foule d'industries et de consommations.
    La Cour de justice aggrave l'effet du déluge : de son fait personne n'est vraiment sûr du droit et cette incertitude est meurtrière pour la richesse générale. La fraude généralisée s'ajoute : la très coûteuse Cour des comptes européenne refuse depuis plusieurs exercices de certifier les comptes de la CEE ; les dictateurs vivent sur des comptes pourris.
    L’égalitarisme mène également à la ruine. Pour mettre soi-disant à niveau les nouveaux membres, de l'argent est volé aux anciens pour investir chez ces nouveaux et il y a beaucoup de fuites. A cette fausse idéologie peuvent se rattacher des idées folles comme la convergence fiscale franco-allemande ; messieurs les Eurocrates il faut supprimer les impôts au lieu de chercher des convergences impossibles.
    Actuellement la seule prétendue riposte imaginée à la crise est de demander plus de gouvernance européenne c'est-à-dire d'accroissement de la dictature ! Pour leur défense, les Eurocrates prétendent que la construction européenne était nécessaire au marché commun : c'est une erreur. La libération des échanges, chemin nécessaire à l'accroissement de la richesse générale, pouvait se faire sans la création de la formidable et ruineuse bureaucratie européenne.
    La construction européenne s'est faite en partie contre la volonté affirmée des peuples. Le projet insensé de budget pluriannuel est un effort pour consolider, malgré les disputes, un édifice branlant. Ira-t-il jusqu'au bout ? Le proche avenir nous le dira.
    MICHEL de PONCINS http://libeco.net

  • BIODIVERSITE : LA CHIMERE EN CROISSANCE

    La chimère de la biodiversité est une petite sœur jumelle de celle du réchauffement et lui ressemble étrangement.
    Elle a rassemblé du 18 au 29 octobre 2010 pour une grande parlotte à Nagoya au Japon les plus hauts dirigeants de 193 pays s'y sont succédés avec des milliers d'experts venus à grand renfort de CO2 ! Un accord a été obtenu pour faire avancer la chimère. L'exemple plutôt douteux du GIEC était couramment invoqué afin d'essayer de consolider l'ensemble.
    L'arme de la terreur est manipulée sans vergogne. Les dauphins du Mékong meurent. En 2050 les requins auront disparu. Il s’ajoute que les albatros, splendides oiseaux océaniques dont l'envergure peut atteindre jusqu'à 3,5 mètres, sont très menacés. Tous les experts annoncent que la population mondiale du tigre a chuté de 95 %, seuls 4000 spécimens résistants encore dans la nature.
    Avec le réchauffement nous serons cuits selon les experts. Si nous ne portons pas remède à la supposée disparition des espèces, la vie sur terre deviendra impossible et si des mesures totalitaires au niveau des États ne sont pas prises, il faudra dans l'urgence chercher une planète de rechange (sic).
    Pour donner une apparence scientifique à tous ces cauchemars, le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE), qui est au centre du dispositif, rêve de chiffrer la valeur des écosystèmes afin que les décisions étatiques les prennent en compte. La pyramide de l'édifice statistique nécessaire pour faire ces calculs sans fondement fait frémir. Sans attendre et sans rire, des experts arrivent d'ores et déjà à chiffrer à 23 500 milliards d'euros par an les services rendus par la nature, soit la moitié du PIB mondial.
    LA COMPLEXITE EFFROYABLE DU PROJET
    Une différence existe cependant avec la grande sœur du réchauffement, car les adorateurs de cette nouvelle religion sont arrivés à simplifier les objectifs : l'ennemi abattre est le CO2, devenu l'objet d'une haine universelle, légale et commerciale. Pour la biodiversité la complication est extrême ce qu'au Japon les fidèles ont du admettre.
    Des interrogations redoutables se présentent. Faut-il reconstituer les espèces telles qu'elles étaient en 1900, ceci au risque d'une histoire incertaine à explorer ? Faut-il protéger les espèces telles qu'elles sont en septembre 2009 ? Faut-il protéger la totalité des espèces ? Nous nous trouvons devant une tâche évidemment impossible car le Créateur a disposé des centaines de millions d'espèces dont une toute petite partie, simplement, est connue ; le début de l'exploration des abysses sous-marins nous découvre des horizons infinis.
    En outre, des découvertes permanentes dévastent les statistiques déjà fausses par nature. Il ne restait plus, parait-il, que 50 000 à 60 000 orangs-outangs vivant à l'état sauvage dont 80 % en Indonésie et 20 % en Malaisie. Or une colonie de plusieurs milliers d'individus fut découverte à l'est de Bornéo.
    LES INTERETS EMBUSQUES
    Comme dans toute chimère mondialiste, les intérêts qui poussent à l'extension sans limite du cauchemar sont considérables et étroitement soudés. La secte des écolos s'y prélasse avec délices. La France a une secrétaire d'État à l'écologie (sic), Madame Chantal Jouanno. Dans son sillage et jusqu'au niveau local ainsi que dans les ONG subventionnées se trouvent une foule de fonctionnaires, para-fonctionnaires ou experts s'enrichissant soit modestement soit grassement sur la bête si l'on ose dire. Des homologues existent partout dans le monde : cela fait éventuellement dix millions de fonctionnaires embarqués pour la magnifique croisière.
    Un seul exemple : en France il existe partout des personnes payées pour compter les oiseaux ( sicissime) ; au demeurant, c'est un travail fort sympathique qui se passe dans la nature et évite de s'ennuyer dans un bureau ; c'est moins dangereux que de compter les orangs-outangs. La complication est forte car quoi de plus fugace qu'un oiseau ? Mais justement d'autres intérêts arrivent pour faciliter la tâche ; pour compter ce qui est impossible à recenser il faut du matériel et d'autre part des consultants qui travaillent à la méthode ; une fois le matériel créé et la méthode bâtie, des formateurs surviennent : que de marché juteux !
    L'EFFET DE RUINE
    Ce dernier arrive comme toujours dans toute activité publique et par les mêmes canaux.
    D'abord les immenses sommes d'argent dérobées par la force fiscale aux peuples bien conditionnées en vue de financer ce cirque mondialiste génèrent de la pauvreté par une succession de mécanismes bien connus.
    Ensuite surviennent des dégâts collatéraux pour faire plaisir à des membres de la secte plus actifs que d'autres. Le coût du TGV pour Marseille a été majoré à l’époque pour protéger un unique couple d’aigles de Bonnelli, dont, au demeurant, il n’est pas sûr que la trace ait été retrouvée. A cette fin, le trajet a été modifié et le chantier fut interrompu à plusieurs reprises. Il a fallu aussi complaire aux castors et, notons bien la précision, aux plobates cultripèdes qui sont, comme tout le monde ne le sait sans doute pas, de rarissimes crapauds.
    Puis arrive l'effet habituellement destructeur des règlementations publiques, telle Natura 2000. C'est une directive européenne qui depuis 1992 établit partout des zones rurales où aucune activité n’est autorisée, sauf accord des bureaucrates de Bruxelles. Le prétexte est de défendre précisément cette biodiversité. La France a proposé 800 zones représentant 5 % du territoire. A ce titre des camarades des chauves-souris ont voulu sévir dans une commune parce qu’un quart des chauves-souris prétendues rares avaient élu domicile dans une caverne se trouvant sur son territoire. La directive a pour effet de paralyser ou de ralentir toute nouvelle activité, sauf accord du préfet, dans les territoires malheureusement visés. De ce fait, elle génère chômage et paupérisation.
    L'HOMME EST-IL DE TROP ?
    Voici une autre ressemblance avec la grande sœur jumelle . L'homme serait de trop dans la nature, idée voisine de la culture de mort et de la propagande pour l'adoration de la déesse terre-mère, dénommée Gaïa.
    Que faire dans tout ce tumulte ?
    Pour échapper à la ruine et aux tendances totalitaires des écolos, il faudrait reconnaître et diffuser sans cesse que l'homme n’est pas capable de diriger les espèces et qu'il doit simplement dans le cadre de sa raison voisiner avec ces espèces telles qu'elles sont, tout en en tirant d’ailleurs le meilleur parti.
    À cette fin, laissons jouer le droit de propriété et son corollaire la liberté des contrats. Ceux qui aiment particulièrement les chauves-souris ou les tigres, ou les vipères peuvent très bien s'organiser à leur propre échelle dans le cadre du droit naturel et sans nuire aux autres. De même les plus grands et plus beaux animaux peuvent être exploités librement avec parfois la création de fonds d'investissement. Si ces animaux risquent de disparaître, leur valeur augmentera et les propriétaires légitimes prendront les mesures adéquates.
    Il est important en terminant de constater que la quasi-totalité de la population aime la nature et peut fort bien s'en occuper dans la liberté et la variété des situations. Seuls les dirigeants écologistes peuvent être considérés comme des ennemis objectifs de la nature puisqu'ils veulent l'asservir à leur propre pouvoir ainsi qu’à leur richesse personnelle, tout en empêchant les autres de s’en occuper… .
    Michel de Poncins  http://www.libeco.net

  • « Éloge du populisme » de Vincent Coussedière, par Didier Bourjon

    PARIS (NOVOpress Breizh) — Dans son livre Éloge du populisme(1), Vincent Coussedière propose une analyse à nouveaux frais de ce que recouvre le vocable “populisme”, analyse fondée philosophiquement et des plus utile politiquement.

    Le terme de populisme est polysémique, il recouvre des formes variées, à la typologie délicate à fixer, et dont l’origine est mal discernable : les narodniki de la Russie tsariste, le mouvement rural américain de la fin du XIXème siècle, notre boulangisme ? Pourquoi pas nos anciennes et récurrentes révoltes paysannes ?

    De nos jours, sa disparité n’est pas moindre en Europe et ailleurs : de G. Wilders et un populisme libertarien sinon “queer” à O. Fraysinger en passant par feu J. Haider, de notre FN v1 puis v2 à la Ligue du Nord  (Italie) et ses aléas, du PiS des frères Kaczynski (Pologne), ou du Tea Party américain et de Chavez à l’Aube dorée grecque : la palette est large, les expressions politiques sont pour le moins diverses. Malgré tout, on peut trouver une certaine unité à ce phénomène.

    D’abord, et particulièrement en Europe, il est un trait commun qui se détache nettement : le refus de l’immigration de peuplement, de la contre-colonisation massive Sud-Nord, et le rejet de l’islamisation intolérable des pays concernés qui en découle le plus souvent.

    De façon plus complexe, on peut y repérer une façon de creuset où se transcendent les clivages sociaux, générationnels ou politiques “traditionnels”, creuset façonné par les réactions multiples, non encore pleinement conscientes ni tout à fait articulées, à ladite “mondialisation” et à ses conséquences destructrices sur l’ethos des peuples tant et plus que sur le social et l’économique.

    S’y élabore un peu à l’aveugle un refus du post-humanisme globalisé exclusivement technique et marchand — virtuel et festif en mode “démo” mais dévastateur et mortifère en vérité — qui réveille conjointement la conscience culturelle et la conscience politique, en remettant en jeu la question de la “gouvernance”, comme on dit aujourd’hui, et bien au-delà celle du destin des peuples et des civilisations. C’est une résistance vitale et essentiellement politique.

    Cependant, “populisme” est devenu un leitmotiv dans la bouche des autorisés de parole du complexe clérico-médiatique pour parler peu ou prou du peuple, connotation péjorative et intellectuellement méprisante à la clef. C’est que le peuple renâcle à sa disparition politique, et à sa disparition tout court. Pire : il ne se laisse pas totalement berner par les idéaux si merveilleux qu’on lui ressasse à longueur de temps pour lui faire gober l’opération : l’antiracisme controuvé, le multi-culturalisme et son fabuleux “vivre ensemble”, l’européisme et son corollaire le mondialisme, l’écologisme fondamentaliste, le paritarisme et l’égalitarisme forcenés, le révisionnisme historique et le relativisme à sens unique, et tant d’autres calembredaines, contradictions  logiques, délires, désarrimage de tout réel, qui font les délices de nos idéologues enragés et béats d’admiration devant leurs inventions.

    Le peuple est décevant, il se rebiffe, il est populiste ! On a donc bien raison de tout faire pour en changer, ou mieux : pour ne plus avoir de peuple à considérer. À cet égard gauchistes libertariens et technocrates sont des “alliés objectifs” : les uns, soixante-huitards et leur descendance, n’ont pas digéré que ce peuple ait été incapable de faire la révolution qu’ils rêvaient de diriger et le lui font payer avec tout leur dédain, les autres entendent bien que la “gouvernance” techno-économique et le  Marché s’imposent à tous, mondialement, sans plus de politique.

    Hyper-individualisme et hyper-libéralisme sont deux facettes de l’hubris post-moderne : “soi-mêmisme” et oligarchie progressent de concert. Au prix de la “défaite de la pensée” comme du politique, donc au détriment total du peuple et de la société.

    Car, comme le rappelle à juste titre V. Coussedière : « Il n’y a pas de politique sans peuple, ni de peuple sans politique. (…) Le peuple est une réalité vivante dont l’être-ensemble est politique ».

    Cela dit, le peuple n’a jamais “produit” lui-même son idéologie politique, ce que le terme “populisme” suppose. En vérité : « Le populisme est un moment de crise de l’être-ensemble d’un peuple ».

    Plus précisément, le populisme n’est pas une aspiration à une démocratie plus directe, mais à une démocratie représentative effective, avec des dirigeants et une élite fidèle : « Seul un peuple politique peut devenir populiste ». Le peuple « veut qu’on le gouverne selon son intérêt », selon l’intérêt du pays.

    Le populisme n’est pas non plus la démagogie, laquelle est une réalité indépendante, consubstantielle à la démocratie elle-même, depuis l’origine : « L’irruption du démagogue sur la scène publique n’est cependant pas la cause du populisme mais sa conséquence ». Salutaire remise à l’endroit ! Le terme de populisme sert à reporter sur le peuple la responsabilité de la démagogie populiste.

    « Le populisme est donc le moment où l’essence du politique est encore abritée par le peuple ». Il est l’errance de l’être politique du peuple, désemparé de se voir impuissant au moment où il faudrait agir collectivement de façon décisive, au regard des crises qui de tous côtés convergent et nous menacent vitalement. En réalité : « Il y a beaucoup plus de mémoire du politique dans le populisme du peuple que dans le mépris des experts pour ce même populisme ». Au point que c’est peut-être là que git notre ultime ressource, notre ultime possibilité d’avenir.

    En l’occurrence : « Le populisme n’est pas uniquement une réaction à la perte de la capacité du peuple, il est aussi une réaction à la destruction de son être social, fondement de sa capacité politique ».

    C’est ici le cœur du livre, à mon sens : l’être-ensemble “pré-politique” d’un peuple, c’est sa sociabilité. Un peuple vit des relations sociales des individus qui le composent. Il n’y a pas de solution de continuité du rapport simple de voisinage à celui des différents rôles au sein de la société, du geste quotidien à la culture, de la civilité à la civilisation d’un pays.

    Dans la tradition, cette sociabilité peut avoir une base négative (Hobbes) ou se cristalliser dans une Volonté générale (Rousseau), c’est aussi bien l’amitié politique d’Aristote que la fraternité révolutionnaire. Toujours cela suppose un sentiment d’appartenance communautaire,  de  communauté de destin, de correspondance “civilisationnelle” : « La sociabilité naît de la similitude, de la ressemblance entre amis ».

    Or : « Cette importance de la similitude condition de la sociabilité est aujourd’hui l’objet d’un véritable tabou et d’un refoulement collectif. C’est parce qu’on confond la similitude avec l’Identité qu’on refuse d’en penser l’importance politique. »

    Le distinguo entre “identité” et “similitude”, le fourvoiement sur le thème de “l’identité” (qu’il n’y a pas à proprement parler, qu’il n’y a jamais eu) en lieu et place de la similitude (qui renvoie à la question essentielle de l’origine — qui est ce qui toujours nous devance), ces considérations font l’objet de remarques de premier ordre dans ce livre, importantes pour la réflexion politique.

    Si l’on extrapole : en guise de “contrat social” on peut distinguer celui qui est de pure convention (les “Français de papier”) et celui qui engage les Français par l’origine, que celle-ci soit “historique” ou pleinement endossée par choix et volonté. Ce dernier est le seul fondement politique légitime.

    Les civilisations de l’identité n’ont pas vraiment de rapport à l’origine, et à sa dynamique. Seul le contrat qui relie selon l’origine les hommes en Cité rompt avec l’identité et les liens premiers. C’est pourquoi il y a une connivence profonde entre les versions individualistes (soi-mêmisme post-moderne) et communautaristes (l’islamisme, par exemple…) des civilisations de l’identité contre les civilisations de l’origine. Où l’on retrouve les alliances envisagées supra… et les risques de l’apprenti sorcier.

    Il faut donc « repenser la sociabilité politique du peuple ». En effet, la sociabilité, comme tout le reste, a été progressivement absolutisé en même temps que réifié : « La sociabilité n’est plus le produit des individus, de leurs actions, de leurs capacité d’agir pour l’autre ou avec l’autre, elle devient une substance, le social, ou une marchandise, le sociétal. Au lieu que la sociabilité non politique soit le fondement de la politique, on attend que la politique qu’elle fonde ou refonde le lien social. Faire de l’Etat le producteur du social lui-même est incohérent avec une vision purement politique et artificialiste du peuple. La politique, à travers la politique sociale, doit imprégner toutes les relations humaines, pour créer de toutes pièces des solidarités qui n’existent pas, puisque le peuple lui-même n’existe pas. »

    V. Coussedière fait alors appel aux travaux d’un sociologue à part, G. Tarde, qui montre qu’il n’y a rapport social ou sociabilité que s’il y a effort d’imitation. On pourrait utilement remonter à la mimèsis. Le contrat peut seulement alors s’installer : « Ce n’est pas un droit commun qui fonde la similitude du peuple, mais c’est une certaine similitude du peuple qui permet à un droit commun de s’établir. » L’assimilation (assimiler, c’est rendre similaire) est donc la seule solution pour tout apport humain exogène, laquelle assimilation ne se peut donc concevoir que pour des individus, pas pour des masses, dans la durée, et cela plus ou moins selon l’éloignement culturel et civilisationnel qu’ils ont au peuple qu’ils veulent intégrer.

    On ne peut au passage que relever la contradiction flagrante de l’idéologie multi-culturaliste, pour en souligner la duplicité : on dénonce l’attachement du peuple d’accueil à sa similitude, c’est du “populisme”, et on encense l’attachement des immigrés à la similitude de leur peuple d’origine, les encourageant à cultiver leur “différence” et à prolonger leur civilisation au beau milieu de la nôtre !

    Mais qu’en est-il de la notion de “peuple” ? Elle peut être prise comme ethnos (le peuple organique et historique), comme dèmos (le peuple politique), ou comme classe sociale. Le populisme intègre ces notions, et les dépassent. Il renvoie à des classes sociales : classes populaires alliées avec tout ou partie des classes moyennes dès lors qu’ensemble ils subissent une altération de leur être politique et de leur situation sociale ; mais il reprend à son compte « l’idée » du peuple, dans l’imaginaire politique qui participe de la légende du pays. Et dans ce “peuple”, tous sont finalement repris, y compris les “experts” et autres technocrates, qui ne seraient pas ce qu’ils sont sans… le peuple dont ils font encore partie, quoi qu’ils en aient.

    Ces éléments de fond se retrouvent sur un plan politique plus superficiel : le “populisme” est aujourd’hui une réaction à la crise profonde de la démocratie représentative, dénoncée en France à longueur de scrutin depuis des décennies (abstentions, votes blancs, votes nuls, etc.). F. Hollande est le plus mal élu des présidents de la Vème République, il n’a rassemblé que 39 % des inscrits et 48,6 % des votants (ne parlons pas des législatives !).

    « La fracture n’est plus tant entre la gauche et la droite qu’entre les classes dominantes, indifféremment de droite ou de gauche, et les classes populaires ». (Christophe Guilluy, Fractures françaises). C’est pourquoi le populisme est attaqué à gauche comme à droite, mais aussi pourquoi gauche comme droite sont au fond scindées en deux, malgré la logique des appareils et la course aux postes et aux prébendes qu’ils structurent (le pouvoir, chacun sait qu’il n’y en a plus que l’ersatz : la classe dominante locale n’est plus que le fantoche d’une superclasse mondiale, d’une oligarchie ayant échappé à presque toutes les contraintes politiques et étatiques). Cela dans le cadre d’un jeu politique “officiel” qui maintient fictivement deux blocs “majoritaires” (majoritaires entre guillemets : même ensemble les principaux “partis de gouvernement” ne le sont plus guère, en bonne arithmétique électorale).

    La fracture n’est pas entre un “peuple de gauche”, celui que je côtoie du côté de Notre-Dame des Landes, et un “peuple de droite”, celui que je côtoie dans les manifestations contre le prétendu “mariage pour tous” : ces deux là se cherchent à tâtons, recherchent leur unité première pour se retrouver et se défendre comme peuple, comme pays — malgré l’aveuglement volontaire et acharné de la classe médiatico-politique et leur incessante propagande, et malgré l’exploitation de cette situation par les démagogues.

    Cette jonction est au cœur du “populisme”, qui n’est rien d’idéologique. Le populisme n’est pas un “parti” mais un rassemblement possible ; il n’est pas un programme :  il est un appel, une attente. C’est à défaut que ceux qu’il touche se rabattent, partiellement et sans satisfaction réelle, sur les démagogues qui flairent ce potentiel, mais qui ne peuvent que le mal représenter, et le trahir.

    Ce qui motive ce populisme, ce à quoi il est attaché, ce qu’il veut défendre ou recouvrer, n’en est pas moins précis, fort, et essentiel. Il reste à libérer sa parole, lui donner forme et expression, la structurer, en construisant les modalités d’organisation idoines à cet objectif d’émergence, dans une action volontaire et à nouveau réellement politique  — au sens noble du terme, à l’opposé du mauvais théâtre de boulevard des politicailleries au stade terminal d’une Ve défigurée et agonisante.

    La ligne de fracture profonde est bien entre la caste des tenants de la “mondialisation” et le désir du peuple de recouvrer une souveraineté légitime, à travers la restauration du politique à tous les échelons, à commencer par le pivot de tous : la nation, soit précisément ce que la “globalisation” cherche à ruiner et faire disparaître à toute force. En même temps que le peuple, comme par hasard… Avec toute la puissance du “système”, et l’aide des idiots utiles de toutes les variantes du totalitarisme mondialisé qui s’annonce. Nous assistons à une course-poursuite terrible entre la liquidation de nos anciennes nations et de nos peuples et la prise de conscience collective nécessaire à la reprise en main de leur destin par ces derniers.

    Le livre développe et approfondit ces idées, il analyse l’histoire de la décomposition politique du peuple français au cours des dernières décennies, et il débouche sur une sorte de prospective politique : il est plus riche que ce que les extraits cités et les indications faites ici ne l’indiquent. J’invite chacun à se faire son idée en le lisant, et en poursuivant la discussion, ici et ailleurs.

    Le populisme est gros d’une révolte. Il lui manque un débouché politique, non démagogique, issu de ses rangs. Si cette résistance trouve à s’unifier largement et à s’organiser, si une parole politique et le peuple se trouvent, alors ce sera une révolution, une révolution conservatrice d’un genre inédit. Populaire, elle régénèrera les élites, de la base au sommet de la société, contre tous les parvenus. Réconciliatrice, elle refondera un futur digne du passé, dans le respect de l’immémorial. Sur le mode de la reprise, elle réorientera le destin du pays.

    Didier Bourjon pour NOVOpress Breizh http://fr.novopress.info/

    1) « Éloge du populisme » de Vincent Coussedière, éditions Elya 16 €

  • Médicaments génériques : l’Etat a berné les Français

    PARIS (NOVOpress) – Entre les Français et les médicaments génériques, la pilule ne passe plus vraiment : 57 % d’entre eux seulement (contre 62 % il y a un an) acceptent systématiquement la substitution d’un médicament d’origine par un générique. Cette défiance a augmenté de cinq points en un an, selon un sondage IFOP publié lundi. Par ailleurs, les Français sont plus réservés quant à l’efficacité des  génériques, 72% la jugeant similaire à celle des médicaments d’origine contre 77 % en 2011. Quant à la perception de la sécurité des génériques, elle baisse de dix  points, avec 61 % se déclarant convaincus que ces médicaments sont  « aussi sûrs » que les médicaments d’origine, contre 71 % en 2011.

    Il y a quelques mois, l’Académie de médecine a reconnu en effet que les génériques pouvaient être moins efficaces que les médicaments originaux. La propagande orchestrée par l’Assurance maladie depuis des années a du plomb dans l’aile, bien qu’elle assure encore sur son site internet que « le médicament générique est tout aussi efficace » que le produit original. Ce défaut est lié à la qualité aléatoire des génériques, dont 80% des principes actifs sont maintenant fabriqués en Chine et en Inde, sur des sites de production douteux, peu contrôlés. Quand la mondialisation nuit gravement à la santé…

    http://fr.novopress.info/