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  • De Platon à nos jours : l’autorité contre la tyrannie !

    « Lorsque les pères s’habituent à laisser faire les enfants,
    lorsque les fils ne tiennent plus compte de leurs paroles,
    lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves et préfèrent les flatter,
    lorsque finalement les jeunes méprisent les lois parce qu’ils ne reconnaissent plus, au-dessus d’eux l’autorité de personne,
    alors c’est là en toute jeunesse et en toute beauté, le début de la tyrannie
    . »

    Platon (IVe siècle av. J.C.)

    http://www.contre-info.com/

  • Ca aide la mémoire qui flanche

     « Douée esthétiquement et intellectuellement, madame Royal se révèle une piètre ménagère car elle ne sait pas balayer devant sa porte, selon une expression populaire tout à fait significative.

    Avec ses acolytes, Le Guen, Richard, Rocard, elle s’en prend avec véhémence à la « gestion scandaleuse depuis cinq ans du dossier EADS/AIRBUS ». Elle-même et ces personnalités ont la mémoire courte lorsque cela les arrange (d’autant que l’électeur a encore une plus grand faculté d’oubli).

    Qui a décidé de démanteler la prestigieuse Aérospatiale, société nationale fournissant à la France une importante fraction de ses armes, aux bureaux d’études héritiers de ceux qui, sous la IVème République et aux débuts de la Vème avaient hissé la France aérospatiale au 3ème rang mondial ? Qui, sinon le gouvernement de M. Jospin, celui-ci aujourd’hui membre de l’équipe Royal.
    Qui a cédé généreusement 31.45 % de la future entreprise Matra-Aérospatiale à J.L. Lagardère, préparant ainsi la privatisation de l’Aérospatiale bradée au secteur public et aux capitaux étrangers ? Le gouvernement de
    M. Jospin. Aujourd’hui, madame Royal s’attaque au groupe Lagardère « si proche du pouvoir (celui du gouvernement socialiste ?) qui s’est opportunément désengagé quelques semaines avant l’annonce des retards de l’A. 320 (mais non madame, de l’A 380) ». Mais ce sont ses amis qui l’ont abusivement, transformé en principal dirigeant de l’ensemble EADS-AIRBUS.

    Qui a souscrit à un montage politico-industriel aussi absurde que celui d’EADS, à la direction bicéphale aux intérêts nationaux divergents, à la hiérarchie interne compliquée par des conceptions techniques différentes, conséquences du cloisonnement national séculaire ? Qui n’a pas compris ce que devait être une entreprise industrielle et commerciale affrontant la concurrence internationale avec un patron, une équipe, une doctrine ? Messieurs Jospin et Strauss-Kahn confondant politique et industrie pour créer un monstre qui ne pouvait qu’aboutir à « la catastrophe et au scandale » que dénoncent aujourd’hui M. Jean-Marie Le Guen et aussi M. Rocard soulignant le « désastre financier »
    « L’Etat peut faire et doit faire, la puissance publique doit assumer ses responsabilités… »  déclame madame Royal. Mais qui ne les a pas assumées en se déchargeant de l’Aérospatiale au profit du secteur public sinon le gouvernement de M. Jospin ?

    « Avec moi l’Etat sera fort, juste à sa place », insiste la candidate. Mais comment la France peut-elle bénéficier d’un Etat fort après que son maître à penser, François Mitterrand lui eut infligé le traité de Maastricht et les abandons de souveraineté qu’il implique ?

    Selon le Nouvel Observateur (du 21 octobre 1999) publication dont madame Royal ne peut nier la compétence, M. Lionel Jospin (en créant EADS) a mis sur pied… « un outil puissant de la contraction d’une Europe forte, solidaire et maîtrisant pleinement son avenir » et Airy Routier, le signataire de l’article d’ajouter : « le Premier ministre a insisté sur le « caractère équilibré de l’actionnariat stable et de long terme du nouveau groupe ». Et il précise « Victoire de l’Europe ? Nul ne peut en douter ».

    Outil puissant de la construction d’une Europe forte et solidaire ? L’ « outil puissant » est en état de faiblesse, l’Europe n’a pas été solidaire mais source de division et d’échec. Belle prospective.

    Et belle réussite pour la France que de « transformer l’entreprise publique Aérospatiale en une société franco-allemande, société au nom anglais logée à Amsterdam ». C’est ce qu’acceptèrent MM. Jospin et Strauss-Kahn celui-ci ayant reçu la mission de négocier avec les Allemands la capitulation française.
    En 1999, ainsi qu’on l’a vu, le Premier ministre avait proclamé « le caractère équilibré de l’actionnariat stable et de long terme ». En fait de stabilité, à la fois Lagardère et DaimlerChrysler réduisent leur participation, la Grande-Bretagne se retire du capital, si bien que « l’actionnariat n’a été ni stable ni de long terme ». C’était un peu osé de la part de MM. Jospin et Strauss-Kahn que de fonder le succès d’une entreprise scientifico-technique sur un groupe  de presse français et une firme germano-américaine d’automobile. Et le pari a été perdu. Aux contribuables de remédier à ce désastreux gâchis et aux candidats à la présidentielle de profiter de l’aubaine en multipliant les déclarations démagogiques et les apparitions à la télévision afin de quêter des voix. Mais le mal est fait. Aux contribuables de panser la plaie.

    En vingt-cinq ans la France a perdu – définitivement – la place éminente qu’elle occupait dans le domaine aérospatial. La stupide politique du tandem Mitterrand-Hernu visant la réalisation d’un avion de « combat européen » a abouti aux succès commerciaux d’un appareil anglo-allemand, l’Eurofighter et à la généralisation en Europe d’avions américains F 16 et F 35 et cela pour la durée du siècle. Au détriment des études et de la production françaises qui avaient gagné plus de la moitié du marché mondial, avec une trentaine de pays acquéreurs. Quelque 3000 techniciens de haut niveau, près de 200.000 spécialistes qui en vivaient ont dû en venir à de pénibles reconversions…
    Mais, après tout, les Français, qui en ont vu d’autres, s’accommodent du choix politique qu’ils ont fait. Ils sont prêts, d’ailleurs, à en faire, à nouveau, d’aussi malheureux.

    Jaloux, voici cinq siècles, Charles Quint disait déjà : « Aucun pays n’a plus fait pour son malheur que la France et, pourtant, tout lui a tourné à bonheur ».

     A condition de ne point lasser le bonheur. »

    Pierre-Marie Gallois 2007   http://www.lesmanantsduroi.com

  • L'art contemporain et la titrisation du néant

    L’art contemporain ne serait-il pas aujourd’hui déjà la valeur fantôme d’un marché de zombies ?

    A l'heure où se tient la Fiac, à Paris, comment se porte le marché de l'art contemporain ? On peut constater qu'au cours des deux années écoulées, il a mieux résisté que lors du précédent krach de 1990. La leçon avait été retenue… Les collectionneurs d'art contemporain rationalisèrent dès lors leur spéculation en imitant les financiers et leur création de produits sécurisés « scientifiquement ». Ils s'organisèrent et fabriquèrent leurs « artistes spéculatifs » en réseau. Les acquéreurs, cooptés parmi les « too rich to fall », devaient désormais être entièrement propriétaires de l'oeuvre, afin de ne pas devoir être affectés par les crises. Par ailleurs, le réseau engloba, dans une sorte de trust, tous les stades de la valorisation de l'oeuvre : galeries, médias, institutions muséales, salles des ventes mondiales…

    En 2008, si le marché de l'art contemporain ne s'écroule pas comme en 1990, il perd cependant 75 % de sa valeur. A partir de mars 2009, on constate une remontée, suivant ainsi l'amélioration du marché financier. Dès le printemps, s'affirme une gestion rigoureuse de la crise de l'art contemporain par les maisons de vente. Christie's et Sotheby's en particulier, grâce à leur place hégémonique et stratégique dans l'International, fabriquent les événements du marché avec une stratégie très étudiée et en maîtrisent avec précision la communication.

    En observant la vente récente à New York et à Londres de la collection Lehman, on remarque les méthodes habituelles : estimations très basses des oeuvres par rapport à la cotation des années précédentes afin d'être vendues « au-dessus de l'estimation haute », citation des ventes positives, omissions des ventes négatives, diversions, comme la provocation de l'artiste-performer Geoffroy Raymond.

    Que se passe-t-il exactement ? L'art contemporain ne serait-il pas aujourd'hui déjà la valeur fantôme d'un marché de zombies ? Par ailleurs, sa valeur ne serait-elle pas aujourd'hui réduite aux services qu'il rend ? Vecteur de visibilité, moyen de communication efficace dans l'International, support de marques, occasion de rencontres régulières d'un milieu d'affaires mondialisé, facilités monétaires ? Dans ce cas, il ne disparaîtra que remplacé par un autre support.

    On observe aussi la démonétisation de l'art contemporain. Le public comprend jour après jour un peu mieux sa nature hybride : il n'est pas une avant-garde de plus mais un système de pouvoir doublé d'un produit financier.

    Le fait est que Murakami dans la Galerie des Glaces à Versailles en 2010 pose plus de problèmes que Jeff Koons en 2008. Il n'échappe plus au grand public que « l'élite » culturelle et administrative française n'arrive pas à avancer un seul argument qui tienne pour justifier une certaine privatisation de Versailles.

    Viendra le moment, mais n'est-il pas déjà là, où un mégacollectionneur, possédant le réseau le plus complet comprenant en particulier une salle des ventes internationale, doublée des services d'un Etat, aura la tentation de « tirer les marrons du feu » avant qu'ils ne brûlent.

    Mais en 2010, il fera cela de nuit et masqué. Il vendra dans la foulée de chaque événement prestigieux, comme à Versailles, ses produits dérivés toxiques. Mais personne ne saura que c'est lui. Les collectionneurs sauront qu'ils sont ruinés, mais bien plus tard !

    Aude de Kerros
    Les Echos
    22/10/2010

    L'art de la titrisation culturelle

    puis Aude de Kerros dans Les Echos : la « titrisation culturelle » va bon train. La titrisation consiste initialement à noyer des produits financiers toxiques au milieu de produits sûrs : c’est une des pratiques du mercantilisme mondial qui a engendré la Crise de 2008. Elle se pratique aussi dans l’Art Financier, à tous les niveaux : Versailles, valeur sûre, se voit farci en Koons et Murakami ; les collections nationales, comme l’or de la Banque de France, sont la garantie des œuvres contemporaines (proposées à la vente par ailleurs) : Koons ou Murakami vaudraient autant que le joyaux de l’histoire séculaire d‘un peuple, ils créeraient le patrimoine du futur…

    Mais la titrisation se joue aussi à l’échelon d’une galerie, comme le révélait la visite de la Fiac ou de ses émules. Une galerie expose un beau Soulages des années 50, par exemple, soit il n’est pas à vendre, soit il vaut très très cher (il faut le conserver pour rééditer ce genre d’opération). Mais à côté ou pas très loin, on expose un second couteau de l’Abstraction lyrique, une œuvre moyenne, même époque, même mouvance, mais avec un prix beaucoup plus abordable. L’astuce consiste à mettre en appétit l’acheteur avec une pièce maîtresse pour qu’il se rabatte sur ce qu’on veut lui fourguer… Beaubourg expose régulièrement Jean Prouvé : normal, cet architecte, ingénieur et designer présida le jury du concours international qui choisit…. l'architecture du Centre Pompidou. La Monnaie de Paris vient de lui rendre hommage et Prouvé a également une exposition à l’Hôtel de Ville de Boulogne, ajoutons à ce tir groupé, la Maison Ferembal remontée aux Tuileries, le temps de la Fiac. Or l'événement de la rentrée, l'arrivée du roi new-yorkais du marché de l'art international, Larry Gagosian, débute comme par hasard… avec une expo Prouvé (en association avec la galerie Seguin) au 4, rue de Ponthieu. Là, dans le nouveau White Cube du maître du Financial Art, on ne s’étonnera pas de trouver le plus ennuyeux, le plus standard, de l’industrieux et industriel Prouvé. Les plus belles pièces sont en musée… avis aux cobayes de la titrisation culturelle !

    On s’étonnera en revanche de voir le catalogue de l’autre exposition d’ouverture de Gagosian, celle de Twombly, rédigé par Mme Marie-Laure Bernadac, par ailleurs conservateur chargée de l’Art contemporain au Louvre. Il y a 25 ans, on chapitrait les élèves de l’Ecole du Louvre : il est strictement défendu à un conservateur, agent de l‘Etat, d’avoir une activité liée au privé, au commercial. Ceci afin d’éviter les conflits d’intérêt… Au fait, cette loi (fort sage) a-t-elle été abrogée ? Un poste confortable dans le giron de l’Etat, qui permet d’abriter des activités lucratives, la titrisation de la culture a pignon sur rue (de Ponthieu).

    Christine Sourgins
    Historienne de l’Art
    www.magistro.fr

    Correspondance Polémia – 09/11/2010

  • Aborder de front la « surdélinquance » des jeunes issus de l’immigration

    Prévention de la délinquance et des violences urbaines : selon Jean-Claude Sommaire, il faut prendre en compte la « surdélinquance des jeunes d’origine maghrébine et africaine sub-saharienne » en concevant à leur intention des interventions spécifiques en matière éducative et sociale dans le cadre d’un nouveau modèle français d’intégration n’ignorant plus le fait communautaire.

    Au moment où le Gouvernement de Jean-Marc Ayrault s’apprête à réorienter la politique de la Ville et prépare des mesures visant à mettre en oeuvre la priorité du programme présidentiel de François Hollande concernant la « jeunesse », dans un contexte budgétaire extrêmement contraignant, cette note vise à ouvrir de nouvelles pistes qui pourraient permettre à l’action publique d’être plus efficace à terme, à un moindre coût humain et financier, dans un domaine qui reste très sensible au niveau de l’opinion publique (…)

    Depuis le début des années 80 notre pays connaît régulièrement, dans les quartiers en difficulté, des moments de violences urbaines auxquels les gouvernements successifs se sont efforcés, sans grand succès jusqu’à maintenant, de porter remède. Cette situation, qui ne se limite pas, loin de là, aux grands épisodes émeutiers spectaculaires et médiatisés s’est aggravée ces dernières années malgré la politique de sécurité mise en oeuvre, depuis 2002, par l’ancienne majorité.

    En effet, dans tous les quartiers sensibles et au-delà, les incivilités et la petite délinquance sont restés à un niveau élevé, les incendies de voitures et de bâtiments publics ou privés n’ont pas régressé et les violences à l’égard des personnes ont augmenté.

    Ces violences et cette délinquance, dont il n’est plus possible d’ignorer que les auteurs sont très souvent d’origine maghrébine et, de plus en plus, africaine sub-saharienne, témoignent de la crise du « modèle d’intégration » que notre vieille nation d’immigration s’est forgée au cours de son histoire.

    Depuis de nombreuses années nous ne parvenons plus à intégrer socialement une part importante de nos jeunes compatriotes issus de nos immigrations post-coloniales. Trop souvent confrontés à l’échec scolaire et aux discriminations, beaucoup de ces jeunes se retrouvent alors dans une situation de désespérance sociale et de malaise identitaire qui contribue à nourrir ces comportements délictueux mais aussi les divers « replis communautaires » que l’on observe aujourd’hui avec de plus en plus d’inquiétude.

    En effet, dans ces quartiers, parallèlement à la montée de la violence et de la délinquance, on ne peut que constater l’affirmation croissante d’un islam fondamentaliste que notre laïcité républicaine ne parvient manifestement pas à contenir. (…)

    Rue 89  http://www.fdesouche.com/

  • Nigel Farage: l'euro est une dictature rampante et émergente.

  • Crise économique : les États fragilisés

    Tout va très bien, madame la marquise. Les déclarations des responsables politiques ont pu donner l'impression au lendemain du G20 que l'économie mondiale avait enfin abordé la sortie de crise ; pourtant, rien n'est moins sûr.
    « It walked » (ça a marché) : les dirigeants du G20 réunis à Pittshurg fin septembre ont salué en ces termes les résultats des plans de relance étatiques. Mais la reprise économique occidentale, due à des dépenses publiques en augmentation vertigineuse, n'a rien d'enthousiasmant. Le FMI annonce une croissance américaine de 1,5 % en 2010, succédant à une chute de 2,7 % celle année. Aux États-Unis, 263 000 emplois ont été détruits eu septembre (le taux le plus élevé depuis juin 1983), plaçant le chômage à 9,8 % : c'est le 21e mois consécutif de destruction d'emplois. Le solde - négatif - de l'emploi depuis l'intronisation du président Obama, en janvier, s'établit à 3,6 millions. La tendance à la moindre augmentation du chômage de ces derniers mois s'est inversée : en septembre, l'Amérique a supprimé plus d'emplois que le mois précédent. La durée moyenne du travail y est tombée à trente-trois heures par semaine : les employeurs ne sont pas près de recommencer à embaucher. On a affaire à une reprise sans emploi. C'est le cas non seulement aux USA, mais aussi dans le reste de l'Occident. Une fois épuisé l'effet cyclique de la reconstitution des stocks et de la stimulation des plans de relance, la croissance du PNB va de nouveau ralentir.
    La remontée du cours des actions et des obligations d'État occidentales est trompeuse. La crise de 2007 fut déclenchée par l'explosion de la bulle spéculative immobilière. Celle-ci eût été impossible sans la gigantesque masse monétaire due aux faibles taux d'intérêt pratiqués par les banques centrales, au premier rang desquelles celle des États-Unis : c'est une création monétaire ex nihilo, sans lien avec l'activité économique. Les monnaies n'étant plus adossées à l'étalon or (le dollar a été découplé de l'or en 1971), les banques centrales en augmentent la masse sans retenue. Cette création monétaire débridée engendre de gigantesques bulles spéculatives, comme celle de l'immobilier, qui explosa en 2007. Sept ans plus tôt, on avait vu la désintégration de la bulle Internet formée dans les années 1990.
    Les États, pompiers pyromanes
    Après la crise de 2007 - comme après les précédentes -, les pouvoirs publics n'ont pas laissé jouer les mécanismes d'ajustement économiques et financiers qui auraient purgé les dettes accumulées dans la période passée et fait repartir l'économie sur des bases saines. Les marchés des actions et des obligations d'État occidentales ont été revigorés par les achats massifs financés par les milliards de dollars fabriqués par les banques centrales. Développant leur activité de faux-monnayeurs, qui avait pourtant conduit à la crise, les banques centrales fabriquent de nouvelles bulles financières. Principalement due à des dépenses publiques effrénées, la reprise économique est bâtie sur du sable. Les consommateurs sont tétanisés par la montée du chômage : en septembre, la confiance du consommateur américain a baissé à 53,1 (contre 54,5 en août), selon le centre de recherche du Conference Board. Les entreprises, en surcapacité de production, évitent de se lancer dans des investissements productifs. Aussi, la reprise économique n'a-t-elle pas, loin de là, une vigueur en rapport avec les anticipations des valeurs boursières et obligataires actuelles. Comme les bulles précédentes, celles qui se dilatent actuellement vont, elles aussi, finir par exploser.
    Après avoir été les pyromanes de cette crise, les États en sont les pompiers, à coup de surendettement public. Mais ils s'exposent à un krach obligataire. Un État surendetté peut faire faillite, lorsque ses citoyens exsangues ne peuvent plus alimenter ses caisses par l'impôt et qu'il ne trouve plus de bailleurs de fonds sur le marché international des capitaux. La banqueroute des États propagerait un climat de panique. Les systèmes d'aide sociale mis en place par les États providence seraient sinistrés. Les États ne seraient même plus capables d'assurer correctement leurs missions régaliennes : défense,justice, maintien de l'ordre...
    Vers qui se tourner, alors, pour demander de l'aide ? Des populations - notamment celles de l'Europe de l'Ouest - accoutumées à la tutelle de l'État seraient tragiquement démunies. Les mécanismes correcteurs de la crise entreraient alors en action de la façon la plus cruelle. Les plans de relance mis en œuvre actuellement par les États apparaîtraient, rétrospectivement, comme un expédient ayant seulement permis de reculer pour mieux sauter... dans le vide.
    Laurent Artur du Plessis monde & vie du 12 octobre 2009

  • L’Empire byzantin face à l’invasion arabe (632-718)

    Lorsque l’Empire romain d’Occident disparaît avec la déposition du dernier empereur Romulus Augustule en 476, la quasi-indifférence générale règne dans l’Empire romain d’Orient, où siège désormais l’unique empereur romain à Constantinople. Le problème barbare semble en voie de solution, et l’empereur Anastase (491-518) laisse un Trésor plein ; mais ce répit est de courte durée. A l’éphémère reconquête justinienne (527-565) succèdent de nouvelles grandes invasions qui vont mettre l’existence de l’Empire en péril.

    La dernière tentative de tenir le limès danubien échoue avec l’empereur Maurice (582-602). En quelques décennies, les Balkans sont submergés par les barbares tandis que l’Empire lutte en Orient contre les Perses sassanides. En 626, Constantinople est assiégée des deux côtés : par les Avars du côté occidental, et par les Perses venus de l’autre côté du Bosphore !

    L’empereur Héraclius parvient à repousser les envahisseurs et remporte contre les Perses une victoire décisive à Ninive (627). Néanmoins, l’Empire alors très affaibli est devenu une proie idéale pour de nouveaux assaillants. L’invasion arabe est la plus grave que l’Empire va connaître jusqu’à celle des Turcs à partir du XIe siècle. L’Empire byzantin aurait très bien pu disparaître dès le haut Moyen Âge.

    I. La conquête arabe

    Dès la mort de Mahomet en 632, les musulmans se lancent à l’assaut des grandes puissances voisines : l’Empire byzantin et l’Empire perse sassanide. L’expansion est d’une très grande rapidité, et les villes byzantines tombent les unes après les autres : Damas (635-636), Qinjasrîn (637), Jérusalem (638), Césarée (640). Héraclius réagit en envoyant une armée à la rencontre des envahisseurs, laquelle essuie une lourde défaite à Yarmurk, près d’un des affluents du Jourdain (636).

    La conquête de l’Égypte se fait sans que les conquérants arabes ne rencontrent de grandes résistances : la cité d’Héliopolis est perdue en 640, Tripoli en 644, Alexandrie est définitivement conquise en 646. L’Égypte constituait alors le « grenier à blé » de l’Empire, cependant, la perte de cette province ne semble pas avoir entraîné de famine grâce à l’approvisionnement venant d’Asie mineure et de Thrace, et à l’action des pouvoirs publics soucieux de maintenir la stabilité du prix du pain.

    La conquête est ralentie par les troubles agitant alors le monde musulman : la fitna. Le dernier des quatre califes rashidun, Ali, est renversé par Mu’awiya, gouverneur de Damas en 661. C’est à cette occasion que les trois groupes religieux islamiques rivaux se forment : les sunnites (partisans de Mu’awiya), les shi’îtes (partisans d’Ali), et les kharidjites (anciens partisans d’Ali déçus par sa tentative de conciliation avec Mu’awiya).

    Mu’awiya inaugure la dynastie des califes omeyyades, qui perdure jusqu’en 750, et relance la politique d’expansion militaire. Contrairement aux décennies précédentes, l’avancée se fait plus lente. La résistance est plus farouche en Asie mineure et les reliefs freinent la progression des troupes. A l’Ouest, l’Afrique du Nord est progressivement conquise de 660 à 709 (Carthage tombe en 698). Pour rappel, c’est en 711 que les musulmans traversent le détroit de Gibraltar à bord des navires chrétiens du comte Julien

    Le calife comprend l’intérêt de se doter d’une flotte, puisque les musulmans font désormais face à la mer à l’Ouest de l’Afrique et en Asie mineure (les îles). Déjà en 655, sous Ali, une flotte byzantine fut défaite au large de Lycie, ce qui permis la conquête d’une série d’îles, dont Chypre, Rhodes et Cos. Ces îles servent de bases de ravitaillement pour le premier siège de Constantinople qui est lancé par Mu’awiya en 674. Ce siège dure 4 ans et se termine par une victoire byzantine grâce à une arme nouvelle : le feu grégeois. Le reste de la flotte musulmane regagnant ses bases est en grande partie détruite par une tempête. Les musulmans vont mettre une génération pour reconstituer leur armée. Mu’awiya est même obligé de payer un tribut annuel de 3000 pièces d’or, 50 prisonniers byzantins et 50 étalons.

    II. Les causes de l’échec byzantin

    Comment se fait-il que le puissant Empire byzantin ait si mal résisté aux assauts musulmans ? Les historiens s’accordent pour dire que les Arabes ne possédaient pas un armement supérieur ou une supériorité numérique significative. Ce sont d’autres facteurs qui expliquent les succès musulmans.

    En premier lieu, comme cela a été dit, les Byzantins et les Perses ont amenuisé leurs forces dans une longue guerre de cinquante ans, qui s’est terminée en 629 avec les accords d’Arabissos : les deux Empires était largement affaiblis et incapables d’affronter une grande invasion. Ensuite, les Byzantins ont tout misé sur la résistance des villes, les Arabes n’ayant pas développé de technique de siège. La consigne, après la défaite de Yarmuk, était d’éviter le combat, Byzance ne possédant plus une armée capable d’affronter l’ennemi en rase campagne. Or, la plupart des villes se sont rendues, ne voyant pas les troupes impériales venir à leur secours et préférant négocier des conditions de reddition favorables. Les divisions religieuses byzantines (l’hérésie monophysite) expliquent aussi en partie la reddition des villes mais sont loin d’en être la cause principale. Il y a enfin l’enthousiasme religieux des combattants musulmans, et l’effet de surprise (ces populations n’avaient jamais constitué un réel danger) : le réseau de forteresses aux frontières était insuffisamment dense.

    III. Le second siège de Constantinople (717-718)

    Feu grégeois
    Le feu grégeois, élaboré vers 670 par les Byzantins, consistait à jeter sur la mer un mélange inflammable pour incendier les bateaux adverses (illustration du XIe siècle, Chronique de Jean Skylitzès).

    En 717, profitant de troubles intérieurs byzantins, le commandant arabe Masmalah regroupe une énorme flotte et forme une gigantesque armée pour partir à nouveau à l’assaut de la capitale byzantine et annexer la « Romanie ». Une première escarmouche permet à la flotte de l’empereur Léon III de détruire quelques navires ennemis grâce au feu grégeois ; cette victoire remonte le moral de la population et des troupes mais surtout elle permet à la ville de ne pas se retrouver en état de blocus (problème des vivres). L’Empire byzantin bénéficie du soutien des Chrétiens d’Orient sous domination musulmane : les rameurs égyptiens font défection, refusant de combattre (plus de 70 ans après la conquête de l’Égypte) ! Les musulmans se sont ainsi vus privés d’une partie de leur flotte.

    Des renforts arabes sont repoussés en Bithynie. Après un an de siège, minés par la famine, en proie à un hiver particulièrement rude (chevaux et chameaux meurent), les Arabes doivent se retirer. L’évacuation a lieu le 15 août 718, jour de la Fête de la Vierge. Comme en 678 une énorme tempête anéantit les restes de la flotte en déroute ! Jusqu’alors menacé dans son existence même, 718 marque la libération de l’Empire de l’emprise musulmane.

    En revanche, cette victoire ne rassure pas pour autant les habitants de l’Empire qui pensent alors que Dieu les a abandonné. Même les lettrés n’ont pas conscience de ce tournant et continuent à se considérer en infériorité nette. Une colère divine semble s’être abattue sur l’Empire et les angoisses restent présentes ; ce qui va faire le terreau de la crise iconoclaste (725-843).

    Jusqu’aux environs de 740, l’Anatolie continue d’être régulièrement razziée. Ce n’est qu’en 740 que pour la première fois une importante armée musulmane est défaite à Akroïnon, au coeur de l’Anatolie. Cette date marque le début de la grande reconquête byzantine qui va s’étaler sur deux siècles : en 975, Jean Tzimiskès arrivera à 150 km de Jérusalem !

    http://histoire.fdesouche.com

    Bibliographie :
    CHEYNET, Jean-Claude. Byzance. L’Empire romain d’Orient. Armand Colin, 2001.
    DUCELLIER, Alain ; KAPLAN, Michel. Byzance. IVe-XVe siècle. Hachette, 2006.
    SÉNAC, Philippe. Le monde musulman des origines au XIe siècle. Armand Colin, 2002.

  • Syrie : l'ouragan se rapproche

    Alors que le conflit en Syrie entre dans son vingt-deuxième mois, rien ne bouge toujours sur le plan diplomatique, mais les gesticulations militaires extérieures s'accentuent.
    Au large des côtes syriennes, la Russie est en train de procéder au renforcement de sa flotte et, sur la frontière turque, les États-Unis déploient un système de missiles ultra-performant.
    Le 13 décembre, le secrétaire américain à la Défense, Léon Panetta, a annoncé que l'armée américaine déployait six batteries de missiles sol-air Patriot PAC-3 ; une arme redoutable. Pour armer ces batteries, les Allemands dépêcheront 400 soldats, les Américains autant (à moins qu'ils ne soient déjà en place, via leur base aérienne d'Incirlik à l'extrême est de la Turquie, non loin des frontières irakienne et syrienne) et les Néerlandais, 360. Ces trois pays sont les seuls à posséder au sein de l'Alliance Atlantique de tels missiles, capables d'intercepter des missiles balistiques tactiques ou de croisière, mais aussi des avions.
    Rappelons que les Pays-Bas avaient déjà déployé des Patriot en Turquie en 1991 et 2003 lors des deux guerres du Golfe. Le déploiement est décidé sous le prétexte de « défendre » la Turquie contre une éventuelle attaque syrienne. Il constitue, en fait, une escalade significative de la politique guerrière américaine. Les systèmes de missiles peuvent être utilisés à la fois contre des avions de combat et des missiles, afin d'assurer une couverture aérienne aux forces d'opposition ou d'établir une zone dite « d'exclusion aérienne » le long de la frontière, deux éléments précurseurs d'une action militaire directe.
    La décision est intervenue quelques jours seulement après une réunion de la Conférence internationale des amis du peuple syrien à Marrakech, lors de laquelle les principales puissances, dont les États-Unis, ont officiellement donné leur bénédiction à la « Coalition nationale de la révolution syrienne et des forces d'opposition ». Ce groupuscule a été bricolé if y a un mois seulement par le gouvernement Obama dans le but d'être sacré gouvernement officiel.
    Si le régime d'Assad venait à tomber, selon le vœu des Américains et de leurs alliés, cela représenterait une cuisante défaite pour l'Iran, la Chine et, surtout, pour la Russie. La Syrie « anti-impérialiste » est un verrou qui, d'une certaine façon, protège l'accès à ces pays qui sont encerclés aujourd'hui par de multiples bases militaires américaines.
    Alors que les États Unis accentuent leur pression, la Russie procède à la relève de sa petite flotte de guerre qui croise au large des côtes syriennes. Le patrouilleur Iaroslav Moudryi, les navires de débarquement Kaliningrad et Alexandre Chabaline, le remorqueur SB-921 et le navire de ravitaillement Lena ont quitté leur port d'attache de Baltiïsk en mer Baltique à destination de la Méditerranée. La Russie a démenti les informations selon lesquelles elle utilise ces navires pour acheminer des armes. Selon certains, Poutine se préparerait à évacuer ses ressortissants de Syrie à un moment où les forces du régime multiplient les bombardements des banlieues rebelles près de Damas et d'Alep. Va-t-il lâcher Assad ou contrer Obama ?
    Les Russes, défenseurs de facto des chrétiens d'Orient
    Moscou ne se bat pas pour la Syrie, ni même pour, coûte que coûte, garder une base dans la région. Comme tous les États, elle lutte pour le pouvoir, le prestige, c'est-à-dire pour continuer à être perçu comme une force qui compte, à l'extérieur, mais aussi à l'intérieur, notamment au Caucase menacé d'islamisation. Car après la Syrie, les terroristes accentueront sans nul doute leur pression du côté de la Tchétchénie. La position russe n'est comprise ni dans le monde arabe, ni en Occident. Au début, elle a été interprétée comme purement mercantile. Il se disait que le régime de Bachar El Assad était un bon client pour l'industrie militaire russe qui, dépitée de la perte de ses marchés en Iran, en Libye et ailleurs, aurait fait des pieds et des mains pour garder son dernier débouché.
    Mais la Russie entend aussi exercer son rôle traditionnel de protecteur des chrétiens orthodoxes du Levant et en particulier de Syrie, où ils constituent la majorité des chrétiens locaux. Le patriarcat orthodoxe russe, dont l'influence sur Vladimir Poutine est notoire, exerce, dit-on, d'intenses pressions à ce sujet. Cela compte pour les autorités russe, même si en Occident ceux qui nous gouvernent souffrent d'amnésie civilisationnelle. De plus, environ 5 000 citoyens russes résident officiellement en Syrie, mais le ministère des Affaires étrangères russe évalue leur nombre réel à plus de 25 000 personnes, comptant les conjoints de citoyens syriens et leurs enfants...
    Les Russes savent très bien que la mise à l’écart et, a fortiori, l'exil d'Assad, signifierait la démoralisation des forces loyalistes et la désagrégation immédiate de la Syrie. Et ruinerait donc vingt mois de stratégie diplomatique russe, sans parler d'incalculables dommages en terme d'influence et de prestige pour le Kremlin. La Russie redeviendrait, comme l'était l’URSS avant 1990 - mais en pire, puisque ayant perdu ses glacis d'Europe orientale et d'Asie Centrale -, un pays stratégiquement isolé et encerclé par l'alliance atlantique sur son flanc ouest et par une mosaïque d’États islamistes alliés pervers de l'Occident sur son flanc sud. Poutine n’est pas homme à se laisser enfermer dans ses frontières. Aussi est-on en droit de penser qu'il va assurer à son client syrien un approvisionnement en armes et continuer de lui assurer l’assistance logistique requise. Dans cette configuration d’une Russie droite dans ses bottes, les assauts des insurgés islamistes continueront d'être repoussés, mais pour combien de temps encore ?
    Henri Malfilatre monde & vie 26 décembre 2012

  • Comment Marine Le Pen est revenue à la raison

    Première alerte pour la présidente du FN.

    Ça, c’est fait. Suite à la pression exercée sur la direction du Front national depuis la parution du dernier numéro de « Minute », mercredi dernier (1), pression qui n’a cessé de monter en puissance, le bureau politique du FN a adopté une motion claire et nette en faveur de la participation à la Manif pour tous de dimanche. Plus fort encore : Louis Aliot et Steeve Briois ont annulé leurs galettes des rois pour y être ! Merci qui ?

    Marine Le Pen a certes ses défauts mais elle a aussi des qualités, notamment celle de sentir venir… les emmerdes. Or un avis de forte tempête, de force 11 sur l’échelle de Beaufort – le dernier stade avant l’ouragan –, était annoncé sur le Carré, le siège du FN à Nanterre, pour lundi matin 10 heures, soit l’heure fixée pour la réunion du bureau politique. A l’origine de cette alerte politico-météorologique : les atermoiements de la présidente du FN au sujet de la manifestation nationale de dimanche contre le mariage homosexuel et l’autisme de son conseiller numéro un, Florian Philippot, qui, pour paraphraser Alain Juppé parlant alors du pape Benoît XVI, « commence à poser un vrai problème ».

    Un front interne trop puissant pour Marine

    Chacune de leur côté, les différentes figures légitimes du FN avaient prévu de monter au créneau pour réclamer un engagement clair, net et carré du FN, non seulement contre le mariage des homosexuels mais en faveur de la participation à la manifestation. A cet égard, le communiqué publié vendredi par Marine Le Pen, mi chèvre mi chou, qui avait pour but de régler l’affaire en mettant le bureau politique devant le fait accompli, a plutôt eu pour effet d’envenimer les choses.

    La présidente du FN, tout en affirmant son opposition au mariage homo et à tout ce qui en découle et en soutenant, du bout des lèvres, les frontistes qui entendaient participer à la « manifestation citoyenne » (sic) de dimanche : 1. dénonçait une « instrumentalisation » de ces défilés par l’UMP et le PS (?); 2. rappelait qu’elle était favorable à un référendum sur le sujet (ben non, quand c’est « non », c’est « non »!); 3. dénonçait encore un « enfumage sociétal de la part de l’UMP et du PS […] visant à détourner l’attention des Français des questions urgentes que sont la sécurité, la prospérité », etc.; 4. indiquait qu’en conséquence, elle n’irait pas à cette manifestation.

    Ce communiqué surprise en forme de coup de Jarnac, limite coup de force, alors qu’il avait été officiellement annoncé que la ligne du parti serait fixée par le bureau politique du 7 janvier, a été extrêmement mal perçu en interne. D’autant que l’inspiration « philippotiste » du texte n’a échappé à personne. Or, plutôt que de se résigner une fois de plus, le moment de colère passé, chacun a décidé d’agir. De sorte que, sans concertation entre les différents clans, une sorte de front… unitaire était en train de se constituer qui aurait pu aboutir à un « Tous ensemble! » du plus mauvais aloi.

    Dimanche, alerte rouge chez Marine Le Pen !

    En arrivant lundi matin au Carré donc, où « Minute » était sur toutes les lèvres, Bruno Gollnisch était bien décidé à passer à l’offensive. Ainsi que Marion Maréchal- Le Pen, député du Vaucluse, qui n’avait pas digéré de s’être fait souffler dans les bronches – une fois de plus… – par sa tante qui lui avait expliqué, à elle qui avait dit dès le départ qu’elle serait à la manifestation, qu’elle ne comprenait rien à la politique! Ainsi que Louis Aliot, compagnon de Marine mais farouche adversaire du mariage homo.

    Ainsi, également, que Steeve Briois, le secrétaire général du parti, mariniste certes et depuis longtemps, mais lui aussi opposé au dit mariage. Ainsi, enfin, que Jean-Marie Le Pen, lequel avait redonné espoir aux vieilles troupes en déclarant, la veille, que, absent de Paris, il participerait « mentalement » à la manif, ajoutant: « Je crois que le bureau politique de lundi va quand même étudier la question, peut-être faire revenir la présidente sur sa décision de non-participation. »

    Alerte rouge donc dimanche chez Marine Le Pen. Elle qui avait méprisé « Minute » – alors que, de l’aveu de nombreux cadres, ce numéro a « libéré la parole en interne » –, qui n’avait pas tenu compte des nombreux appels de militants courroucés au standard du FN, qui avait dédaigné de répondre aux vives inquiétudes de responsables départementaux, a tout de suite com pris, quand elle a lu les propos du président d’honneur, ce qui lui pendait au nez. Un fait inédit dans les annales du parti; un séisme politique à l’onde de choc immaîtrisable : une mise en minorité par « son » propre bureau politique!

    Et elle allait se retrouver avec, pour seuls soutiens, les plus improbables des alliés par rapport à la « modernité » qu’elle entend incarner: deux fervents « cathos tradis », Wallerand de Saint-Just, le trésorier du FN, et un conseiller régional hostile à toute participation à une manifestation soutenue « par l’Eglise conciliaire » (sic), selon ses propos tenus lors du bureau politique du 7 décembre; et un gaullo-chevènementiste, Florian Philippot. Auxquels il faut ajouter, pour être complet, son « conseiller spécial » – et ancien directeur de cabinet – Eric Domard, mais pour un autre motif: il est, lui, favorable au mariage homo.

    La meilleure défense étant… le repli stratégique sur une position bricolée la veille à la hâte, c’est tout sourire que Marine Le Pen est arrivée au bureau politique. Le Pen (père) était lui aussi d’agréable humeur ainsi que Florian Philippot, qui a même pris la peine de serrer des louches, fait assez rare pour être signalé. Et la guerre n’a pas eu lieu… « Il y a longtemps que je n’avais pas assisté à un bureau politique aussi serein », nous confie l’un des participants, propos confirmé par un autre: « Ce fut très consensuel. »

    Repli stratégique sur une position bricolée la veille

    Et pour cause… Marine Le Pen avait fait préparer une motion qui ne pouvait que faire consensus… de tous ceux qui s’apprêtaient à batailler contre sa position. Et c’est d’ail leurs, de façon tout à fait exceptionnelle, sous le titre « Motion du bureau politique du Front national » que le communiqué de presse a été envoyé, comme cela avait été le cas… lors de chacune des crises internes.

    Que dit ladite motion? Que le FN « a toujours fait de la défense de la famille un pilier de sa politique », que son opposition au mariage homo et à l’adoption est « historique », que le FN « condamne l’insolence et le mépris avec lesquels ce gouvernement entend imposer une modification aussi radicale des règles fondatrices et plurimillénaires de notre société et de notre civilisation », et que le parti « appelle » tous ceux qui veulent manifester leur opposition à ce projet de loi à se retrouver dimanche. Bref, une motion comprenant très exactement les mots qui étaient attendus mais qui n’étaient pas parvenus à sortir de la bouche de Marine Le Pen depuis des semaines… Une fois quelques lignes ajoutées pour donner un lieu de rendez- vous (porte Maillot, en bas de l’avenue de la Grande Armée), le texte a été adopté à l’unanimité.

    Un défilé frontiste organisé par Nicolas Bay

    Après quoi la présidente du FN s’est lancée dans une de ses diatribes contre « le véritable ennemi » (« le mondialisme ») et contre les médias qui lui veulent tant de mal (« Le Monde » et « Minute » étant mis dans le même sac, avec une mention particulière pour nous puisque nous serions « appelés à disparaître ». Jean- Marie Le Pen a rappelé qu’il serait de bon ton de ne pas oublier le problème vital de l’immigration – à bon entendeur… Et Steeve Briois a annoncé la nomination de deux nouveaux responsables départementaux, faisant sourire l’assemblée en disant qu’il allait mettre « deux ex-mégrétistes homosexuels » – en fait non, un père de famille de sept enfants et une mère de famille de trois enfants –, tandis que certains, qui n’avaient pas encore lu « Minute » à cause des fêtes, se le refilaient discrètement.

    Au final, et comme quoi il est des décisions faciles à prendre pour peu qu’on le veuille bien, Louis Aliot, qui avait commis une grosse, grosse boulette en disant qu’il passerait une tête à la manifestation de Perpignan, qui n’existe pas, a annulé sa présence à la galette des rois organisée à Castres dans le Tarn – à deux heures et demie de Perpignan, soit dit en passant – et manifestera dimanche à Paris. Steeve Briois, qui devait de son côté présider une galette des rois à La Roche-sous- Foron, en Haute-Savoie, a également annulé sa venue et manifestera lui aussi dimanche à Paris. Avec tous les élus du FN qui auront fait le déplacement, dont Nicolas Bay, conseiller régional de Haute-Normandie et désormais secrétaire général adjoint du FN, qui a la charge d’organiser le défilé frontiste.

    Ne manquera à l’appel que Marine Le Pen, qui campe sur sa ligne personnelle et dont Louis Aliot a pris la défense en ces termes: « Ce n’est pas la place d’un dirigeant d’un parti d’opposition » que de défiler dans la rue. Jean-François Copé, Christine Boutin, Philippe de Villiers, Frédéric Nihous ou encore Carl Lang ne seront donc pas à leur place dimanche.

    Antoine Vouillazère http://fr.novopress.info

    (1) Disponible sur : www.minute-hebdo.fr

  • Vietnam : quatorze chrétiens envoyés en camp de concentration

    HANOI (NOVOpress) – Quatorze chrétiens viennent d’être condamnés à de lourdes peines pour « propagande » contre le régime communiste vietnamien ou tentative de le « renverser ». Les condamnés, en prison depuis 2011, sont des dissidents : treize catholiques et un protestant. Les trois condamnés à la peine la plus lourde (treize ans de prison suivis de cinq ans de résidence surveillée) sont Pierre Hô Duc Hoa, François Xavier Dang Xuân Diêu et Paulus Lê Van Dôn.

     

    Un tribunal de Vinh, chef-lieu de la province de Nghe-An, dans le centre du Vietnam, a infligé des peines de trois à neuf ans de camp à dix autres, suivies de quelques années d’assignation à résidence. Ces résistants anticommunistes ont dénoncé sur Internet la corruption qui gangrène le gouvernement. Le site Internet de La Croix a réalisé une synthèse des persécutions frappant les chrétiens au Vietnam. Pour la consulter, cliquer ici.

    http://fr.novopress.info