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  • Entretien avec Jacques Sapir : Économie politique

    Jacques Sapir, économiste et directeur d’études à l’EHESS, nous explique pourquoi l’euro n’est pas tenable économiquement, et pourquoi il serait souhaitable de pratiquer des relances de l’économie via des dépenses d’investissement de l’État.

    Il évoque ensuite la situation économique de la Russie, et explique comment elle a réussi à opérer un puissant retour en force au niveau économique et politique depuis la fin des années 1990.

    http://fortune.fdesouche.com/

  • En défense de Civitas

    Dans un papier nauséabond publié et mis en avant dans Le Plus du Nouvel Obs sous le titre « Civitas : nos impôts financent l’intégrisme et la haine. Il faut que cela cesse ! », l’auteur, manifestement un militant gauchiste, laisse transparaître sa vraie nature, celui d’un petit totalitariste haineux.

    Aujourd’hui, c’est Civitas qui en fait les frais : avec cette tribune et une pétition qui revendique plus de 10.000 signatures en moins de deux jours, il ne veut rien moins que d’empêcher les remises fiscales sur les dons qui lui sont alloués, affirmant que l’État n’a donc pas à financer « l’intégrisme et la haine ».

    On sait déjà que les gauchistes sont fascinés par l’Institut Civitas : des chapelets, des croix, des soutanes, des jeunes filles et jeunes hommes biens peignés, des vieux cathos, bref, toute la France qu’ils détestent, qu’ils vomissent même, et qui pourtant existe encore – et même de plus en plus, à voir les chapelles traditionnelles se remplir. La stratégie consiste à les soupçonner a priori, à interpréter leur comportement de façon à les présenter comme des provocateurs, des individus qui menacent la paix de la société et dépassent les limites admises. Une phrase résume tout cela : « Devons-nous encore une fois tolérer qu’un tel déferlement d’homophobie, d’intolérance et de haine puisse se tenir devant le Sénat, symbole de notre République laïque, égalitaire et fraternelle ? » [...]

    Vivien Hoch - La suite sur Boulevard Voltaire

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  • A Dijon : "M. Hollande, elles sont où vos promesses ?"

    Ce n’est pas exactement le scénario qu’il espérait. François Hollande, en déplacement deux jours à Dijon pour renouer avec le terrain, a été interpellé dès son arrivée dans le quartier populaire des Grésilles, par des personnes mécontentes de sa politique.

    Ce n’est pas exactement le scénario qu’il espérait. François Hollande, en déplacement deux jours à Dijon pour renouer avec le terrain, a été interpellé dès son arrivée dans le quartier populaire des Grésilles, par des personnes mécontentes de sa politique. Tout avait pourtant été cadré par ses conseillers. Arrivée en train, déambulation parmi la population, dispositif de sécurité léger, la mise en scène vantée par l’Elysée n’était pas sans rappeler "l’homme normal" de la campagne présidentielle. Mais dès le début, l’ensemble sonne un peu faux. Parmi les gens présents, les trois quarts sont en réalité des militants socialistes, venus plaider la cause de M. Hollande, réclamant de la patience et de l’indulgence pour le gouvernement qui bataille avec la crise.

    A l’arrivée sur place du président de la République, la tension monte d’un cran. Des syndicalistes de Solidaires se sont notamment réunis "pour lui rappeler qu’il est socialiste". Plusieurs personnes lui lancent des reproches, l’accusant de "faire la politique du patronat", et de se soucier davantage de la guerre au Mali et du mariage pour tous que des problèmes quotidiens des Français. L’un d’entre eux crie : "M. Hollande, elles sont où vos promesses ?"

    La suite sur le site du Monde.fr

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  • Feue la démocratie, la « post-démocratie » est bien là

    Nous ne vivons plus en démocratie mais en « « post-démocratie » : tyrannie du droit, fin de la souveraineté, dénaturation de la citoyenneté, régime oligarchique et dictature des minorités s’imposent aux peuples et contre les peuples…


    Les Français ne vivent plus en démocratie mais en « post-démocratie » , comme de plus en plus d’Européens, d’ailleurs. La « post-démocratie »  emprunte les mots de la démocratie : on parle toujours d’élections, de Parlement et de République française. Mais la « post-démocratie »  prend le contrepied de la démocratie car elle programme la disparition de la souveraineté du peuple au profit d’un système oligarchique, qui vise à l’instauration d’un gouvernement mondial utopique.
    Depuis la fin de l’URSS et l’accession des Etats-Unis au rang de surpuissance mondiale, cette vieille utopie a libre cours car elle ne rencontre plus d’obstacles doctrinaux ; et aussi parce qu’elle sert les intérêts stratégiques américains (notamment pousser les pays à s’ouvrir au commerce international, empêcher l’Europe Puissance, contenir la Russie, etc.).

    La démocratie a été tuée par les idéologues libéraux

    Les vrais assassins de la démocratie ne sont pas les réactionnaires, les factieux ou les partisans de la dictature. Non : ils se recrutent parmi les partisans de la « société ouverte », de la « fin de l’histoire », du « doux commerce », des « droits de l’homme » et du « gouvernement mondial ». Car la « post-démocratie »  pousse jusqu’à ses ultimes limites la logique libérale initiale et pave notre enfer de plein de bonnes intentions affichées.

    L’utopie « post-démocratique » repose sur une anthropologie pessimiste et réductrice : pour éviter à l’homme de faire le mal, il faut lui ôter les moyens institutionnels d’agir sur ses semblables et promouvoir un ordre qui soit le plus axiomatiquement neutre ; il faut donc substituer le gouvernement des choses (économie, marché) au gouvernement des hommes.

    La politique, les frontières, les communautés et l’Etat sont mauvais pour l’homme, tel est le credo « post-démocratique ». Cette idéologie postule aussi que l’homme prélude à la société et dispose pour ce faire de « droits » propres, indépendamment et préalablement à toute organisation politique, voire à toute communauté et à toute famille.

    La « post-démocratie »  découle de l’esprit libéral, dans sa version anglo-saxonne. On ne peut, certes, exclure que les libéraux souhaitaient réellement, à l’origine, protéger l’homme des méfaits de la tyrannie – comme les fondateurs de l’Europe unie voulaient empêcher le retour de la guerre sur notre continent. Mais la morale des intentions ne suffit pas : le système qu’ils ont contribué à mettre en place déroule sa logique implacable.

    La tyrannie du droit

    L’affirmation de droits humains préalables à tout ordre social porte en elle en effet des conséquences politiques majeures : la suprématie du droit sur les lois, celle des juges sur les législateurs et finalement la remise en cause de toute souveraineté politique.

    Comme on le voit tous les jours, l’affirmation des droits de l’homme débouche sur la fin de la citoyenneté, puisque l’étranger – on dit « immigré » – en tant qu’homme dispose désormais des mêmes « droits » que le citoyen : prétendre le contraire reviendrait à le discriminer injustement. Les « droits » ainsi entendus ne garantissent plus vraiment contre la tyrannie, comme on le pensait à l’origine, mais deviennent un moyen de déstructurer tout ordre politique.

    En « post-démocratie »  le droit procédural supplante donc la loi : l’Etat de droit, comme on dit en novlangue, annonce le gouvernement des juges, celui que nos ancêtres justement récusaient.
    Le droit procédural est de nature libéral car il doit garantir la bonne exécution des contrats et non pas protéger la société. En « post-démocratie » , comme dans les films américains et pour les mêmes raisons, tout se termine donc au prétoire.
    Les juges s’arrogent le droit de censurer les lois ; on appelle cela le contrôle de constitutionnalité des lois : comprenez le contrôle idéologique des législateurs élus, par des juges non élus et qui revendiquent en outre le droit à l’inamovibilité et à l’impunité.

    Les anciens Grecs hausseraient les épaules si on leur disait qu’un tel régime est démocratique !

    Les valeurs contre la démocratie

    La « post-démocratie »  a hérité du puritanisme anglo-saxon, la mise en place d’un régime de prohibitions et de surveillance généralisé, avec la pénalisation des opinions ou des comportements dissidents (proscription des prétendues « phobies »…) et le retour des procès en sorcellerie : car avec les lois mémorielles et liberticides, les intentions cachées comptent désormais plus, face au juge, que les faits.

    En « post-démocratie »  on considère comme « démocratique » non pas un gouvernement issu d’élections libres et qui applique la politique voulue par la majorité des électeurs, mais un gouvernement qui respecte les « valeurs », c’est-à-dire l’idéologie dominante fondée sur le libéralisme, l’égalitarisme et le cosmopolitisme.

    Le gouvernement hongrois l’a appris à ses dépens : Bruxelles l’a placé au ban de l’Europe parce qu’il voulait réguler l’activité de sa banque centrale. Car en « post-démocratie » , les banques relèvent du sacré !

    Tous ceux qui contestent cette idéologie se retrouvent ainsi placés en dehors de la normalité, sinon de l’humanité. Car les puritains libéraux érigent leurs « valeurs » au rang de nouveau Décalogue !

    La haine des peuples

    Les premiers libéraux se méfiaient de l’Etat et de l’Eglise, qu’ils suspectaient de tyrannie. Mais la « post-démocratie »  a érigé en principe la suspicion à l’égard des peuples autochtones. Elle leur préfère les nomades, les migrants et les minorités.

    Le vote populaire n’est, en effet, un processus valide en « post-démocratie »  que s’il va dans le sens du politiquement correct.
    La démocratie ne se définit donc plus comme un processus mais comme un programme. Sinon on diabolise le vote en l’accusant de « populisme ». Car quand le peuple veut s’écarter du dogme libéral et cosmopolite, ceux qui haïssent la démocratie y voient la marque du populisme.

    On n’hésite pas non plus désormais à faire revoter le peuple jusqu’à ce que le résultat soit conforme (comme dans le cas de l’Irlande avec les traités européens) : car il ne peut y avoir d’alternative aux fameuses « valeurs ».

    Le plus simple en « post-démocratie »  consiste évidemment à ne tenir aucun compte de ce que souhaite la majorité des électeurs et à ne pas la consulter. L’élection ne sert plus qu’à donner une onction, un label, « démocratique », au pouvoir : mais elle ne sert pas à fixer un cap politique. Le peuple français a rejeté par référendum la constitution européenne ? Pas de problème : on la lui impose via le Traité de Lisbonne, ratifié par les parlementaires. Et puis, le mieux n’est-il pas de ne pas le consulter par référendum sur des sujets qui le concernent ?

    Le principe du consentement, qui fondait la démocratie en Europe et plongeait ses racines au plus profond de notre histoire, cède la place au principe de soumission (on ne doit pas remettre en cause les « valeurs » et ceux qui s’en réclament) comme base du nouvel ordre post-démocratique.

    La fin de la citoyenneté

    La démocratie suppose la participation et l’engagement des citoyens, leur « vertu » : leur désintéressement au service du bien commun et leur solidarité. Mais l’idéologie libérale a détruit tout cela depuis longtemps en le remplaçant par la valorisation du calcul égoïste et la promotion des droits créances, antithèse de la citoyenneté.

    On a aussi abandonné le principe majoritaire au profit de la loi des minorités, approche qui convient parfaitement à la petite oligarchie qui a pris le pouvoir. La « post-démocratie »  se résume à la protection des droits des « minorités », car ce levier peut se retourner ensuite contre la volonté de la majorité. On le voit bien, aujourd’hui, ce processus à l’œuvre dans le cas du mariage homosexuel ou de l’immigration clandestine, par exemple.

    Il s’agit, bien sûr, d’une logique de déconstruction individualiste de la démocratie, fruit naturel mais néanmoins amer de l’idéologie des droits de l’homme et du cosmopolitisme.

    La « post-démocratie »  correspond à un totalitarisme soft (« soft power », comme dit l’Union européenne) car elle repose sur la lente destruction de tout ce qui fonde l’identité, le libre-arbitre et la responsabilité de l’homme. Ce mouvement de destruction (on dit « déconstruction » en novlangue) vise à créer une société d’individus, donc un oxymore, une contradiction dans les termes. Car ces individus déracinés deviennent des atomes sociaux, des sujets et une ressource humaine pour l’oligarchie.

    Le gouvernement mondial relève aussi d’une démarche totalitaire qui revient fatalement à placer une partie de la population hors de l’humanité, car il n’y a pas de politique et donc pas de gouvernement sans une logique d’inclusion et d’exclusion.

    La « post-démocratie »  réalise ainsi les plus sombres prédictions de G. Orwell ou d’A. Huxley.

    L’Union européenne laboratoire de la « post-démocratie »

    La « post-démocratie »  ne se résume pas à une théorie, aussi fumeuse soit-elle. Elle entre aussi dans les faits : l’Union européenne en constitue le laboratoire.

    La dynamique de l’Union européenne repose en effet sur la dissolution progressive de la souveraineté des Etats-membres, mais sans la création en contrepartie d’un Etat fédéral voire confédéral. L’Union européenne se veut comme un anti-Etat qui a, certes, un drapeau mais pas de tête, pas de constitution, pas de gouvernement, pas de défense, pas de frontières, pas de citoyenneté : elle veut se définir seulement par ses « valeurs », c’est-à-dire par son idéologie.

    Cet ensemble n’a ni centre ni périphérie : des autorités non élues le régissent, que la majorité des Européens ne connaît pas, qui fixent des procédures contraignantes qui s’imposent à tous, dont les juges également non élus contrôlent l’application et que les parlements nationaux doivent seulement « transcrire ».

    L’Union européenne est un modèle de « post-démocratie »  où la souveraineté se dissout dans le néant et, avec elle, la liberté des Européens.
    Car il n’y a pas de démocratie sans libertés nationales, sans souveraineté et sans politique, donc sans limites.

    La « post-démocratie », symbole de la décadence européenne

    En « post-démocratie » , la démocratie, vidée de son sens, devient un spectacle virtuel : spectacle des élections, spectacle des fausses alternances, spectacle des fausses oppositions gauche/droite au sein d’une oligarchie interchangeable qui conduit sans faiblir le même programme. Car les politiques et les peuples autochtones ne décident plus rien : les marchés, les médias et les juges le font à leur place

    Il ne faut pas s‘étonner si ce spectacle du fantôme de la démocratie intéresse de moins en moins de spectateurs autochtones et si l’abstention politique s’accroît.

    La « post-démocratie »  apparaît de plus en plus comme une curieuse maladie occidentale, d’autant que le reste du monde – donc la majorité de l’humanité – ne se reconnaît pas du tout dans les lubies néolibérales. Le reste du monde s’efforce, au contraire, de retrouver identité, puissance et souveraineté. C’est d’ailleurs pourquoi il vit de mieux en mieux, pendant que le grand hôpital occidental s’enfonce dans le marasme.

    Les pays émergents font aussi de plus en plus obstacle à la toute-puissance américaine et ses « valeurs », tandis que l’islamisme s’affirme comme un universalisme concurrent. L’utopie libérale anglo-saxonne ne fait plus rêver l’humanité. Voilà une vérité que les cosmopolites de la rive gauche, petite minorité ridicule d’enfants gâtés, se gardent bien de révéler !

    La « post-démocratie »  suscite en outre une opposition croissante en Europe même, qu’accentue la persistance de la crise occidentale puisque, en réalité, les deux phénomènes découlent l’un de l’autre.
    Les peuples veulent en effet des Etats qui les protègent et non pas des ectoplasmes qui démontent les frontières et se soumettent aux banques et aux marchés. Ils veulent que l’on respecte leur volonté et leur identité aussi, au lieu de les diaboliser.
    La coupure entre pays réel et pays légal et entre peuples autochtones et oligarchies ne cesse donc de s’approfondir en Occident sur fond de montée des tensions ethniques.

    Vers la quatrième théorie politique ?

    En d’autres termes, la « post-démocratie » , loin de s’inscrire dans la marche triomphale du progrès mondial, peine de plus en plus à s’imposer. Cet échec résulte des principes erronés sur lesquels elle repose et aussi de l’arrogance de l’oligarchie occidentale, qui se croyait légitime à imposer sa vue du monde à toute la terre, au besoin par la guerre.

    Après l’échec du communisme, du fascisme et maintenant du néo-libéralisme cosmopolite occidental, toutes idéologies liées les unes aux autres, il y a besoin d’une nouvelle théorie politique, comme l’écrit l’essayiste russe Alexandre Dougine : une nouvelle théorie qui tienne compte de la vraie nature de l’homme, des vrais rapports entre les peuples et qui soit à son tour universelle, c’est-à-dire dans laquelle une majorité de peuples puisse se retrouver.

    Une nouvelle théorie dont on sent confusément déjà poindre les principales composantes d’une nouvelle Déclaration d’émancipation de l’humanité : droit des peuples à la souveraineté et au maintien de leur culture et de leur identité, égale dignité des cultures, gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple, soumission de l’économie au politique, solidarité des ensembles continentaux, refus de l’ingérence, régulation de l’immigration, primauté des lois, etc.

    A l’âge de la sinistre « post-démocratie » , la démocratie redevient une idée neuve en Europe.

    Michel Geoffroy
    11/03/2013

    http://www.polemia.com – 12/03/2013

  • Zemmour : Vive la Suisse! (RTL)


    "La Chronique d'Eric Zemmour" : Vive la Suisse! par rtl-fr

  • « les Faux Prophètes, Voltaire, Rousseau, Marx et Freud » le dernier ouvrage d'Yvan Blot...

     Chers amis,

    Enfin mon livre « les Faux Prophètes, Voltaire, Rousseau, Marx et Freud » vient de sortir aux éditions APOPSIX (voir pièce jointe).

    Je le présenterai lors d’une réception au Cercle Interallié 33 rue du Faubourg Saint Honoré 75008 PARIS le lundi 18 mars prochain à 18H30

    Je vous invite très cordialement

    Vous avez le nom de blog idéal !!!!

    Amitiés

    Yvan Blot

    NOUV COUVERTURE .pdf

    yvan blot faux prphetes.jpg 

     240 pages, 20 euros

    LES FAUX PROPHETES, de Yvan BLOT

    Tout le monde connaît la chanson de Gavroche : « je suis tombé par terre, c'est la faute à Voltaire, le nez dans le ruisseau, c'est la faute à Rousseau ». Pour l'auteur, Voltaire, Rousseau, mais aussi Marx et Freud nous ont entrainés sur de mauvais chemins. Ce sont de faux prophètes qui ont cru libérer l'humanité et qui ont déchaîné des forces de destruction, d'où les guerres révolutionnaires, la Terreur, les totalitarismes, la dissolution des valeurs morales après Mai 68.

    Pourquoi ont-ils eu tant de succès ? Parce que ce sont des séducteurs qui ont fait croire aux hommes qu'ils allaient réaliser leurs plus chers désirs. Pas besoin de Dieu, vous êtes Dieu grâce à votre raison, dit Voltaire. Pas besoin de roi, vous êtes vous-mêmes roi grâce à la démocratie, dit Rousseau. Pas besoin de patrons, vous serez tous riches et tous patrons grâce au communisme, fait croire Marx. Pas besoin de morale, soyons tous des Don Juan grâce à la révolution sexuelle, suggèrent Freud et surtout ses disciples.

    En fait, tous avaient une vision de l'homme comme étant essentiellement un animal. Animal certes doué de raison, mais animal tout de même, dans son essence. Freud déclare dans « Malaise dans la culture » : "l'homme est un être à l'intelligence faible, qui est dominé par ses souhaits pulsionnels". 

    L'ouvrage livre une autre façon de voir l'homme : chacun des faux prophètes se voit opposé un adversaire : Pascal pour Voltaire, Nietzsche pour Rousseau, Kierkegaard pour Marx et Heidegger pour Freud.

    Il faut donc aujourd'hui se libérer des faux prophètes et des illusions dont ils nous ont intoxiqués. L'auteur propose de suivre plutôt le chemin des philosophies existentielles plus proches de la réalité humaine, plus respectueuses des individus dans leurs différences et leurs identités et ouvertes à la transcendance et au mystère de notre existence, afin d'échapper à la dictature de l'utilitarisme et du matérialisme.

     A propos de l'auteur :

    Yvan Blot, ancien élève de l'ENA, docteur ès sciences économiques, ancien député du Pas-de-Calais et ancien député européen, est membre d'un grand corps d'inspection de l'Etat. Il a fondé le Club de l'Horloge dont il a été le premier président de 1973 à 1986. Il anime l'institut néo-socratique de philosophie (site : www.insoc.fr) et il est président de l'association « Agir pour la démocratie directe » qui possède le site www.democratiedirecte.fr Il est l'auteur de nombreux ouvrages de science et de philosophie politiques.

    http://lafautearousseau.hautetfort.com

  • Dealers délogés, dealers arrêtés, mais dealers libérés…

    Dealers délogés, dealers arrêtés, mais dealers libérés… Il y a comme cela des juxtapositions d’événements qui donnent à réfléchir. Si le hasard existait, cela simplifierait tout… mais le hasard n’existant pas, il faut bien dire que deux articles parus dans Le Figaro de ce jour sont particulièrement significatifs de l’état de la sécurité en France.

    Le premier est titré « Nanterre : ils délogent des dealers de leur immeuble »… soit l’action menée par des locataires d’une résidence des Hauts-de-Seine : lassés d’assister au trafic qui avait lieu dans le hall de leur immeuble, ils s’y sont regroupés tous les jours aux « heures de bureau » des délinquants qui ont préférés, depuis, aller « trimer » ailleurs.

    « L’ancien président de l’amicale des locataires a eu l’idée de cette occupation après avoir vu un reportage sur une initiative similaire à Lille. En janvier dernier, une cinquantaine d’habitants d’une tour HLM du quartier de Wazemmes s’étaient en effet relayés pendant plusieurs jours pour empêcher des dealers d’envahir leurs couloirs pendant la nuit. »

    Le maire communiste de Nanterre a bien été forcé de saluer l’initiative – électoralement parlant, il aurait sans doute été désastreux de la condamner –, mais en espérant bien sûr que – idéologiquement parlant, ça « craint » – les « habitants ne s’organisent pas en milice et ne se substituent pas à la police. »

    L’autre article, dans Le Figaro du même jour est titré, lui : « Dix dealers présumés libérés par erreur : la police s’indigne. »

    Autre page, autre réalité de la « douce France. »

    « L’erreur de calendrier d’un juge a conduit à relâcher les membres présumés d’un important réseau de drogue du Val-de-Marne. La police s’indigne. »

    C’est ballot, tout de même, cette rigueur de la Justice qui permet ainsi à « une fratrie de Champigny-sur-Marne, qui avait mis en coupe réglée la cité des Boullereaux, considérée alors comme la deuxième plaque tournante du trafic de cannabis dans la région parisienne » de retrouver l’air libre de « Shitland », joli nom dont ils avaient eux-mêmes rebaptisé leur cité où ils rackettaient les riverains, « leur faisant payer parfois 10 euros pour emprunter l’ascenseur des HLM, leur prélevant même, de temps en temps, une partie de leurs courses quand ils rentraient du marché. »

    La police, paraît-il, est écœurée : « Le pire, c’est que ces trafiquants vont revenir parader au nez et à la barbe des témoins, qu’ils pourront les menacer, faire des pressions de toute sorte sur de braves gens et que rien garantit désormais qu’ils se présenteront tous à leur procès prévu en avril. »

    Écœurée ? On se demande bien pourquoi… Sauf si certains pandores craignent de les voir également reçus en grandes pompes à l’Élysée… telle Florence Cassez qui fut, rappelons-le, elle aussi extraite des geôles mexicaines pour un vice de procédure…

    En tout cas, les rackettés de Shitland peuvent au moins être assurés que leur ascenseur ne tombera jamais en panne. À 10 euros le passage, la joyeuse bande de Justiciables de retour à l’air libre y veillera sûrement avec une attention scrupuleuse.

    Philippe Randa http://www.voxnr.com

    notes :

    (1) www.lefigaro.fr, 5 mars 2013.

  • Migrations, immigration, du droit du sang au droit du sol

    Au XIXe siècle les transitions politiques et économiques ont entraîné une transition démographique majeure en France. Pays où tous les peuples d’Europe ou presque, se sont arrêtés pour s’y fixer aux temps lointains des invasions barbares, et où leurs particularismes imprégnaient toujours les campagnes, la France au moment de la révolution industrielle du XIXe a vu tous ses ruraux se regrouper vers les nouveaux centres d’activités à la recherche du travail que la terre ne leur fournissait plus.

    Aussi nombreux furent-ils, ils ne le furent pas suffisamment pour pourvoir aux besoins de l’industrie. Tous ces Bretons, Auvergnats, Savoyards, chassés de chez eux par la misère eurent à partager leur condition de déraciné avec d’autres déshérités venus d’horizons plus lointains, ayant eu pour des raisons identiques à franchir une frontière, Belges, Italiens, Allemands, Polonais, Russes, et plus tard Juifs rescapés des pogroms.

     

    Entre un Breton qui maîtrisait mal le français et un Italien du Piémont fraîchement débarqué dans la capitale, la qualité de citoyen français du premier n’en constituait pas pour autant une différence significative aux yeux du Parisien qui les voyait arriver. Mieux encore, le Français et l’Italien étant deux langues latines, il est possible que la barrière de la langue ait constitué un obstacle plus difficile à franchir pour le premier que pour le second. Quoiqu’il en fut, tous deux se voyaient attribuer le travail ou plus exactement le salaire dont l’ouvrier autochtone ne voulait plus se contenter.

    Mais bientôt au fil des évolutions politiques de la société, l’ouvrier français devenu citoyen acquit le droit de vote. Il put dès lors considérer le travail comme un droit au regard de son devoir de risquer sa vie pour la patrie. La France était devenue malthusienne avant les autres nations européennes au moment où elle avait le plus besoins de Français et les guerres du Premier Empire n’avaient pas arrangé les choses. Ainsi nos compatriotes eurent parfois du mal à accepter que le travailleur immigré avec lesquels ils se retrouvaient en concurrence, fut dispensé des devoirs du citoyen français. Pour le faire accepter, le pouvoir a du faire accepter à l’Immigré d’oublier définitivement ses origines en devenant citoyen français, de plus ou moins bon gré. Le patronat avait besoin de travailleurs, la France avait besoin de soldats, tous ceux qui avaient élu domicile sur son sol devaient se fondre dans la Nation quelque soit leur pays d’origine. Cet aspect de notre législation provoque encore aujourd’hui de multiples controverses sur le sens du mot Nation.

    Le concept de Nation, ce bien commun du peuple – peuple qui auparavant n’était que sujet du roi de France- a introduit ipso facto celui de nationalité d’autant plus que les migrations étrangères – essentiellement européennes à l’époque – commencèrent à se faire importantes dès les débuts du XIXe siècle. Et cela eut pour conséquence de poser la question de l’évolution du droit du sang (consubstantiel à l’héritage) vers le droit du sol, et ce de façon paradoxale. Être Français imposait aux nationaux le devoir de défendre éventuellement la Patrie, et à minima d’être astreints aux vicissitudes du service militaire, un handicap face aux jeunes Etrangers qui, dispensés qu’ils en étaient, se retrouvaient favorisés dans l’attribution d’un travail pour les plus jeunes. Ce « désavantage » pour les jeunes Français aurait peut-être perduré si leur condition d’électeur conjuguée aux besoins démographiques du pays ne trouvèrent dans l’instauration du droit du sol une solution qui satisfaisait à la fois les intérêts des salariés français et ceux de la classe dirigeante. Il fut imposé aux étrangers comme une obligation conséquente aux avantages que leur donnait la France, avec pour seule alternative en cas de refus que leur retour au pays. Ces rapports entre droits et devoirs liés à la nationalité, cet équilibre entre intérêts des salariés électeurs et intérêts économico-politiques de la classe dirigeante, posent une problématique toujours d’actualité même si des données d’autre nature interfèrent actuellement.

    I. Une France où circulaient tous les déracinés d’Europe

    Suite à la Révolution où la suppression du droit d’aînesse entraîna le morcellement des terres cultivables, ce phénomène s’ajoutant aux progrès techniques dans l’agriculture au XIXe siècle, une surpopulation des campagnes apparut et le début d’un inexorable exode rural, malgré le reflux démographique déjà amorcé en France dès la fin du XVIIIe siècle. Les zones montagneuses, le Massif Central et le Massif Armoricain furent les plus touchées. Les habitants de ces zones gagnèrent les villes à proximité ou les grandes villes plus lointaines. Quelque fois les migrations furent saisonnières, quelques fois elles furent définitives ou le devinrent après avoir été saisonnières un fois définitivement abandonné le rêve de « retour un jour au pays ».

    Lyonnaise native de Genève
    Une habitante de Lyon native de Genève en 1820 (archives municipales de Lyon, 2E 192).

    La France des villes et celle des campagnes en mal de main d’oeuvre saisonnière virent aussi arriver d’autres migrants, venus d’Allemagne (encore en pic démographique au XIXe siècle) de la Belgique flamande (alors très pauvre), d’Angleterre (également surpeuplée mais dont les habitants possédaient un savoir-faire technique avancé) et le Sud vit affluer des Italiens chassés eux aussi par la surpopulation de leur patrie où ils ne trouvaient plus leur place. A noter que dans le nord de la France, suite à la catastrophe minière de Courrières dans le Pas de Calais qui fit plus de mille morts au début du XXe siècle, les autochtones ne voulurent plus redescendre à la mine. Le patronat alla chercher pour la première fois des travailleurs hors d’Europe, au fin fond de la Kabylie où l’écho du drame n’était pas parvenu.

    A ces immigrés économiques s’ajoutèrent des réfugiés politiques dès le début du XIXe siècle en provenance de Pologne (alors sous le joug russe), puis des Juifs d’Europe centrale ou de Russie fuyant les pogroms. Pour toutes ces personnes, il fallut trouver un statut en conformité avec cette situation jusqu’alors inédite ou du moins peu répandue sous l’Ancien Régime sauf dans les grandes villes où des communautés marchandes étrangères ont toujours plus ou moins existé.

    II. Une législation évolutive

    ● L’« admission à domicile » et ses limites

    Le principe de la « domiciliation » prévalait auparavant. On existait où on avait élu domicile, car c’était là qu’on était connu. Il va de soi qu’au XVIIIe siècle il n’y avait ni papiers d’identité, ni photos, ni empreintes digitales… Et cela se manifestait au regard de l’aide sociale : la Révolution instaura les bureaux de bienfaisance destinés à porter secours aux plus démunis au niveau de la commune, le lieu naturel de secours (remplaçant les bureaux de charité des prêtres). Chaque commune avait ses propres règles, mais quand il y avait lieu à restriction c’était en vertu d’une clause de « durée » de résidence. On donnait à ceux « que l’on connaissait ». Les étrangers résidents étaient secourus selon les mêmes règles que les personnes venues d’une autre région. Avec l’exode rural et/ou les migrations saisonnières, un étranger à la France n’était pas plus un étranger qu’un citoyen de la campagne qui ne parlait que son patois local.
    Ceci eut pour conséquence qu’à l’apparition des problèmes liés à la rareté du travail, la commune surchargée cherchait à renvoyer tous les « immigrés » -y compris les Français- chez eux pour y être secourus. On sait qu’en 1830, il y avait beaucoup de Creusois à Paris et du chômage. Le gouvernement avait demandé qu’on embauche en priorité des « pères de famille »et des ouvriers domiciliés dans la capitale ». Ce qui entraîna les protestations indignées d’un député de la Creuse qui cria à l’injustice de cette distinction. Il y avait environ 20 000 Creusois à Paris à cette époque.

    ● Le Citoyen, l’Étranger et le jus sanguinis

    Le concept de Nation prit vraiment corps à la Révolution, pour se substituer au Roi. Mais des étrangers vivaient déjà en France, essentiellement dans les villes. Parmi eux, des commerçants italiens (nombreux à Lyon), des aristocrates, ou simplement les membres des suites royales qui restèrent en France… Au regard des règles de l’Ancien Régime, cela ne posait aucun problème puisque les charges s’achetaient au roi. On trouvait des étrangers parmi les proches du pouvoir royal, Mazarin, Necker… Sans compter les Gardes Suisses qui protégeaient la vie du Roi et ont d’ailleurs rempli leur devoir sans faillir et parfois jusqu’à la mort durant les troubles révolutionnaires. On l’oublie un peu mais c’est le concept de Nation qui a entraîné le concept d’étranger au regard du droit.

    A la Révolution, les résidents devinrent des citoyens… sans forcément être français mais cela n’avait aucune incidence sur leurs droits, comme avant. Napoléon Ier mit le premier la question sur le tapis avec le Code Civil. Tout enfant né en France de parents étrangers pouvait devenir Français s’il en faisait la demande. Le Code Napoléon reposait sur le patriarcat, on « héritait » de son père comme auparavant, on en en héritait le titre de noblesse, la terre ou l’argent. Ce fut la première apparition du droit du sang, le jus sanguinis. Et ce pour une raison simple : beaucoup de prisonniers faits par la Grande Armée restèrent en France. Napoléon souhaitait les intégrer pour en faire des soldats. Néanmoins, rien ne leur fut imposé.

    Il est à noter que le suffrage universel n’existant pas au début du XIXe siècle, l’enjeu d’un tel « cadeau » était de faible importance. On avait la « qualité » de français, mais pas la « citoyenneté » au sens civique. Seuls les riches votaient, les étrangers riches devaient demander la nationalité pour voter. Cela changea en 1848 avec l’attribution du suffrage universel. Les ouvriers participèrent largement au scrutin. Or les ouvriers étrangers déjà nombreux et présents sur le territoire, avaient participé activement à la révolution de 1848. Dans un premier temps, pour les en remercier, (28/03/1848), on facilita leur naturalisation. Mais, suite à l’élection d’une Assemblée conservatrice, la France rurale des Notables qui arriva au pouvoir prit conscience que la présence étrangère pouvait avoir un impact sur la vie politique, par le suffrage universel. Des lois s’imposèrent.

    * Loi du 3 décembre 1849. Il fallait une enquête de moralité et dix ans de résidence pour pouvoir demander à être français. Pour la première fois il était stipulé que pour être citoyen il fallait avoir la nationalité française. Rappelons qu’en 1848 furent ouverts des ateliers nationaux (du travail offert par l’Etat aux chômeurs) et que ceux-ci constituèrent un appel d’air pour les « sans travail ». Un premier lien fut alors bien établi dans les esprits entre le suffrage universel et la protection du travail national. Par le biais de la citoyenneté et des droits qui en découlèrent, l’approche des droits de l’étranger évolua. Auparavant, il était citoyen.

    ● Les besoins du pouvoir et le jus soli

    La société était très inégalitaire et les problèmes soulevés par les disparités de traitement entre Français et étrangers furent d’abord considérés comme des « problèmes entre ouvriers » par l’élite. Napoléon III était un libéral vis à vis des étrangers. A noter que lors d’une guerre contre la Russie et durant la guerre de 1870, aucun Russe ni Allemand vivant en France ne fut inquiété.
    En 1867, il y eut assouplissement des conditions pour devenir Français. Il ne fallait plus que 3 ans de résidence au lieu de 10 pour pouvoir formuler sa demande. Sous le Second Empire, l’industrie avait d’énormes besoin de main d’oeuvre. L’immigration venait des pays voisins, surtout de la Belgique flamande où sévissait une misère endémique.

    Tolerie Abainville
    Tôlerie des forges d’Abainville (Meuse), François Ignace Bonhommé.

    Mais les enfants d’étrangers nés en France demandaient rarement leur naturalisation malgré le Code Napoléon. Ainsi ils échappaient à la conscription, alors opérée par tirage au sort. Cela permettait aux garçons très jeunes de se faire embaucher plus facilement comme apprentis, car ils étaient « dégagés des obligations militaires ». Comme il est aisé de aisé de le comprendre, c’était mal perçu par leurs alter ego Français. Les protestations se firent de plus en plus vives suite à la crise économique devant le « privilège » que constituait pour les étrangers d’avoir un travail alors qu’ils n’avaient pas à défendre la France. A cette époque, le principe du droit du sang fut au centre des polémiques.

    Pour revenir sur ce droit qui semblait à l’époque couler de source, il fallut trouver un cas d’école qui, en le rendant discutable, offrait l’astuce pour sa remise en cause (rien de changé sous le soleil…). On invoqua l’impossibilité pour les enfants étrangers nés en France de pouvoir concourir aux « écoles de gouvernement » (les Grandes écoles d’alors) un cas ne concernant qu’une petite élite. Et ainsi à ce moment là fut promulguée une nouvelle loi de première importance :

    * La loi du 26 juillet 1889. Les enfants d’étrangers devenaient Français sauf s’ils refusaient la nationalité. Ceux dont les parents étaient nés en France étaient désormais automatiquement français dès leur naissance. Un million de personnes sont ainsi devenues françaises avant la Première Guerre mondiale. Le Code de la Nationalité instaura le Jus soli. Une femme étrangère qui épousait un Français devenait automatiquement française. A l’inverse, l’homme qui épousait une Française pouvait demander la nationalité. Cependant, il existait encore des restrictions : durant les dix premières années qui suivaient l’obtention de la nationalité, l’étranger devenu français était un « naturalisé » aux yeux de la loi.
    Ceci correspondait aussi à la loi sur la conscription obligatoire de 1889. A plusieurs reprises certains députés tentèrent encore de légiférer sur les naturalisés pour leur refuser l’accès aux emplois publics.

    III. L’Immigré et les Français, misères et gloires

    ● Une concurrence parfois mal acceptée

    La presse a beaucoup mis en avant ces dernières années le massacre d’Italiens du Piémont à Aigues-Mortes en 1893, suite à une rixe avec des travailleurs français de la Compagnie des Salins du Midi. Malgré la protection apportée par la Gendarmerie aux Italiens, une émeute ayant éclatée dans la ville suite au lancement d’une rumeur à leur encontre, ces derniers furent agressés lors de leur fuite vers la gare et on déplora sept morts et une cinquantaine de blessés. Ce fut le plus grand massacre d’immigrés de l’histoire contemporaine en France. Des émeutes et des rixes eurent lieu dans le sud et l’est, les régions les plus touchées par l’immigration mais peut-on comparer ces faits sporadiques avec les problèmes actuels posés par l’immigration dans son ampleur ? Vaste sujet. Il est clair que cette présence immigrée dans le passé n’a pas toujours été acceptée sans heurts mais il ne faut cependant pas oublier que la même méfiance se faisait sentir à l’encontre des saisonniers français descendus de leurs montagnes pour travailler dans les usines des vallées, faisant ainsi … pression sur les salaires. On les qualifiait d’une façon méprisante, liée à la couleur de leur peau privée ordinairement de soleil dans les brumes et frimas montagneux, c’étaient … « les sales Blancs ! ». L’immigré était avant tout perçu comme le concurrent dans la lutte pour la vie. En ce temps là du moins.

    ● Une instrumentalisation idéologique

    Après les lois évoquées plus haut, les choses se compliquèrent pour ceux qui ne devenaient pas français. Une loi, le 08/08/1893 obligea les étrangers qui voulaient travailler en France à se faire enregistrer dans leur commune et il leur devint obligatoire de porter sur eux le document fourni. Malgré les réticences du patronat, on commença à contingenter le nombre des ouvriers étrangers dans les entreprises travaillant pour les marchés publics. A la fin du XIXe siècle, après la guerre de 1870, les partisans du protectionnisme invoquèrent le risque « d’espionnage ». A ce moment là, en 1898 les premières lois sur les accidents du travail et les retraites créèrent des discriminations entre ouvriers français et étrangers.

    Cependant ce furent les Juifs qui se retrouvèrent en ligne de mire à la fin du XIXe. Parce que de nombreux naturalisés après la loi de 1886, étaient juifs et parlaient allemand. Le livre La France Juive d’Edouard Drumont eut un succès retentissant, les risques de guerre avec l’Allemagne devenant de plus en plus pressants, et les Juifs les plus connus étant des banquiers avec des noms d’origine allemande (Rotschild entre autres). Ils étaient accusés d’être responsables de la défaite de 1870 (la légende de l’espion, l’ennemi de l’intérieur), et de tous les malheurs de la classe ouvrière. Un discours qui trouvait un certain écho auprès de la petite bourgeoisie, petits capitalistes qui se sentaient menacés autant par le grand capital que par le marxisme, et qui croyaient trouver un ennemi commun contre lequel se rassembler. Malgré tout, dans le quartier du Marais, résidait la communauté juive réfugiée de Russie et celle-ci vivait alors très pauvrement. Cependant si ce livre eut beaucoup d’écho, le mouvement politique lancé dans la foulée fut un échec. Comme quoi, l’antisémitisme attribué aux Français n’est pas tant établi que cela.

    ● Mais des réussites notoires

    Au cours du XIXe de nombreux étrangers ont obtenu reconnaissance et titres de gloire de la France. Garibaldi, né à Nice quand la ville était italienne, héros dans son pays fut élu député dans quatre départements en 1871 ( à l’époque c’était possible), Emile Zola né en 1840 d’un père ingénieur d’origine vénitienne devint l’écrivain que l’on sait, Jacques Offenbach (né Eberst), Juif allemand né à Cologne connut un immense succès qui vit ses œuvres musicales devenir pour le monde entier et de son vivant le symbole même du Paris joyeux et éternel de la Belle Epoque. Ces gens appartenaient toutefois à une certaine élite. En fait, les réticences envers l’Etranger, l’Immigré, furent bien plus sociales que purement xénophobes, l’Immigré français de l’intérieur du territoire n’était pas mieux traité que son alter ego étranger quand les problèmes surgissaient.

    Il est cependant indéniable que nombre d’immigrés du XIXe, en devenant français, non seulement se sont assimilés mais leurs enfants ont pris l’ascenseur social avec les mêmes succès que les petits Français, quand celui-ci était en état de marche. Il suffit de considérer les patronymes des citoyens français actuels pour constater la présence de nombreuses consonances étrangères (italienne, allemande, flamande, polonaise ou russe) et ce autant dans les milieux sociaux favorisés que les autres. Et cette origine remonte déjà à plusieurs générations dans un certain nombre de cas. Car l’Immigré grimpe l’échelle de la vraie réussite sociale sur plusieurs générations, de la même façon que le Français. Du moins l’Immigré venu prendre une place laissée vacante par le Français et à la finalité utile pour le reste de la communauté.

    * * *

    De toutes ces évolutions liées au déracinement des peuples Français et Européens qui a commencé dès la fin du XVIIIe siècle en Angleterre avec l’industrialisation et s’est poursuivi en France pour les mêmes raisons auxquelles vinrent s’ajouter le reflux démographique compensé par un trop plein chez les pays voisins, ont découlé on le voit, une évolution dans le concept de Nation. Cette évolution se fit plus au gré des besoins de la classe dirigeante que des attentes du peuple. Avec en prime, l’abandon du droit du sang au profit du droit su sol pour les raisons évoqués. Le droit du sol qui devint suite à d’autres évolutions démographiques liés aux migrations, la pierre angulaire d’une remise en cause du concept même de Nation dans un certain nombre de discours actuels…

    http://histoire.fdesouche.com

    Bibliographie :
    BARJOT Dominique, CHALINE Jean Pierre, ENCREVÉ André, La France au XIXe siècle 1814-1914, Presses universitaires de France, Paris 2002
    LEQUIN Yves, Histoire des étrangers et de l’immigration en France, Larousse, Paris, 1992.
    NOIRIEL Gérard, Immigration, antisémitisme et racisme en France, (XIXème-XXème siècle), Discours publics, humiliations privées, Fayard, 2007
    NOIRIEL Gérard, Population, immigration et identité nationale en France XIXe-XXe siècle, Hachette, Paris, 1992