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  • Vote des étrangers : c’est mort !

    On ne va tout de même pas en pleurer : François Hollande renonce à faire voter les étrangers.  C’était pourtant l'une de ses promesses phares, la 50ème de son « programme présidentiel ». Mais c’est surtout une belle victoire pour toutes celles et ceux qui se sont mobilisés dans leurs formations politiques et associations respectives, notamment par le biais de pétitions qui ont recueilli des centaines de milliers de signatures.
    Alors qu'il est déjà très affaibli dans son électorat sur sa politique économique et sociale (voir le sondage IFOP), ce renoncement est une des rares bonnes choses qu’il ait accomplies depuis 10 mois… mais par la force des choses puisqu’il n’a pas pu réunir les 60% nécessaires au Parlement (Assemblée Nationale + Sénat).

    Une partie de la gauche espérait encore sa résurrection. Rêvait, sans trop y croire, que l'exécutif se résoudrait à saisir le Parlement pour mettre la droite face à ses responsabilités et montrer qu'il essaie de tenir ses promesses. Las, François Hollande a définitivement enterré hier son engagement 50. En catimini. Sans fleur, sans couronne. Le droit de vote des étrangers non communautaires aux élections locales ne figure pas dans la révision constitutionnelle présentée en Conseil des ministres. Et ne devrait pas refaire surface d'ici à la fin du quinquennat, sauf raz de marée bien improbable du PS aux prochaines sénatoriales.

    Le chef de l'État s'est rendu à l'évidence : il n'y a pas de majorité des trois cinquièmes dans les deux Assemblées pour voter cette mesure. Tentés un temps d'apporter leurs suffrages, les centristes de l'UDI avaient dès l'an dernier fait machine arrière, au vu de l'hostilité de leur électorat à cette disposition portée en étendard par la gauche. L'introduire dans le paquet dévoilé hier aurait inévitablement braqué l'UMP, qui en a fait un cheval de bataille, et probablement compromis le reste de la réforme de la Constitution. Un risque que François Hollande n'a pas voulu prendre. La raison l'a emporté sur la passion. Un autre sondage IFOP paru sur le JDD du 2 février 2013 donnait par ailleurs 56% de Français CONTRE le droit de vote des étrangers.
    UNE PROPOSITION VOUÉE À L‘ÉCHEC DEPUIS L'AUTOMNE

     Plus difficile est de comprendre pourquoi il a fallu aussi longtemps à l'exécutif pour dresser en douce l'acte de décès d’une proposition vouée à l‘échec depuis l'automne. Fin janvier, Jean-Marc Ayrault l'avait encore relancée. Et le Parti socialiste n'a jamais cessé de la pousser. Il n'est certes pas facile de renvoyer aux calendes grecques une promesse déjà présente dans les 110 propositions de François Mitterrand. De saborder une mesure plébiscitée lors des meetings de campagne de François Hollande. Bref, de faire un sort à un symbole à gauche.

    Mais à trop attendre, le chef de l'État s'est placé en situation de devoir renoncer à l'un de ses engagements au plus mauvais moment pour lui. A l'heure où le doute grandit sur son action. Où sa popularité s'effondre. Où une bonne partie de son électorat lui reproche ses reniements sur les retraites ou la TVA.
  • Les racines et les pièges du virage américain vers l’Asie

    Le président Obama a décidé un mouvement de bascule vers l’Asie-Pacifique. Mais ce « pivot » se heurte aujourd’hui à de complexes considérations budgétaires et géostratégiques.

    Le constat a l’apparence de la simplicité : le centre de gravité de la politique étrangère des Etats-Unis, de leur sécurité nationale et de leurs intérêts économiques bascule vers l’Asie. Un mouvement « pivot », selon la terminologie officielle, qui devait, aux yeux du président Barack Obama, s’accompagner d’une modification de la stratégie de l’Amérique, laquelle se considère depuis longtemps comme une puissance du Pacifique tournée vers l’Asie.

    Le virage vers l’Asie se justifie d’autant plus que l’Amérique perçoit une montée de la puissance militaire et de l’agressivité de Pékin à l’égard de ses alliés traditionnels en mer de Chine méridionale et orientale. Une Chine qui, en augmentant régulièrement son budget militaire de plus de 10 % par an depuis deux décennies (10,7 % prévu pour 2013), peut un jour devenir un inquiétant rival. Sans oublier la menace que fait peser la Corée du Nord sur la Corée du Sud.

    Le « pivot » est aujourd’hui facilité par deux éléments de nature différente, qui doivent permettre aux Etats-Unis d’alléger leur présence dans ce que George W. Bush avait appelé le « Grand Moyen-Orient », cette zone allant du Maghreb jusqu’à l’Afghanistan-Pakistan. Tout d’abord, l’armée américaine a pu effectuer son retrait d’Irak en décembre 2011 et se prépare à faire de même, d’ici à la fin de 2014, en Afghanistan. De plus, l’Amérique entrevoit la perspective d’une réduction de sa dépendance énergétique à l’égard des importations pétrolières du Moyen-Orient grâce au gaz de schiste. La fin de la guerre froide a permis en outre un désengagement progressif en Europe. Un mouvement qui devrait se poursuivre avec une diminution supplémentaire des troupes basées en Allemagne.

    Le « pivot » s’appuie ainsi sur deux grands axes. D’une part, l’Amérique d’Obama souhaite parvenir à une meilleure intégration économique et commerciale avec l’Asie en participant notamment pour la première fois aux « sommets de l’Asie orientale » et en proclamant sa volonté de négocier un accord de libre-échange au sein du Partenariat économique transpacifique (TPP).

    D’autre part, cet engagement vers l’Asie-Pacifique s’accompagne d’un mouvement de repositionnement militaire. Comme en témoigne l’annonce de l’envoi progressif depuis avril 2012 de 2.500 Marines en Australie sur la nouvelle base de Darwin. L’Amérique a également resserré ses liens avec Singapour grâce au stationnement de navires de combat en zone littorale, et avec les Philippines en y positionnant des avions de surveillance et en effectuant des rotations de troupes plus fréquentes. L’objectif est ainsi de parvenir à une plus grande flexibilité des rotations militaires dans la région en se reposant moins sur les bases militaires américaines permanentes au Japon et en Corée du Sud. D’après le Service de recherche du Congrès (CRS), quelque 4.500 soldats américains du Japon pourraient être ainsi envoyés à Guam, qui en accueille déjà autant.

    Autre élément : en dépit des coupes prévues dans son budget militaire, l’Amérique souhaite maintenir les crédits pour sa marine de guerre, au détriment des autres corps de l’armée.

    Pourtant, aussi simple qu’il paraît, cet ajustement stratégique pourrait aller contre l’objectif recherché : celui de mieux stabiliser et intégrer la région Asie-Pacifique avec l’Amérique, et de rassurer ses alliés asiatiques, en premier lieu le Japon. Car la Chine se considère toujours inférieure et pourrait prendre ombrage du renforcement de la présence américaine. Face aux 11 porte-avions américains, la Chine a lancé en 2011 son premier porte-avions, un bâtiment relativement petit acheté à la Russie et rénové. Plutôt que de contribuer à une détente, d’après des analystes, le pivot risque au contraire de pousser les autorités militaires chinoises à durcir le ton. Pékin parle désormais d’un retour à une « mentalité de guerre froide ».

    Dans un article intitulé « Le problème avec le pivot » et publié dans « Foreign Affairs », Robert Ross, professeur à Harvard, souligne que « la nouvelle politique américaine a inutilement aggravé le sentiment d’insécurité et ne peut que nourrir l’agressivité de la Chine. Elle risque de saper la stabilité régionale et ne peut que réduire les possibilités de coopération entre Washington et Pékin ». Cette politique est fondée « sur une erreur de jugement » : le durcissement diplomatique de Pékin ne vient pas d’une trop grande confiance mais plutôt d’un sentiment d’insécurité après plusieurs années de crise financière et de troubles sociaux.

    La question est aussi de savoir si l’Amérique a aujourd’hui les moyens budgétaires de ses ambitions asiatiques. D’après la firme de renseignement Stratfor, les coupes automatiques, appliquées depuis la semaine dernière, réduiront le budget militaire d’au moins 8 %, soit 500 milliards de dollars sur dix ans, répartis sur tous les corps de l’armée. De plus, l’indépendance énergétique à l’égard du Moyen-Orient est encore une perspective lointaine. En outre, à la différence d’Hillary Clinton, son successeur, John F. Kerry, a effectué sa première tournée officielle de secrétaire d’Etat en Europe et au Moyen-Orient, et non pas en Asie. Signe que Washington n’a pas encore tourné le dos à ses « vieux » alliés. Certes, il n’y aura pas de marche en arrière tant le mouvement vers l’Asie est enclenché depuis longtemps. Mais le balancier ouest-est des Etats-Unis est loin de s’être stabilisé.

    Les Echos http://fortune.fdesouche.com

  • Grandeur et décadence. Discours de clôture IHEDN (31 janvier 2013)

    Voilà un général qui a, peut-être, la tête dans les étoiles et des étoiles sur le képi, mais les pieds bien sur terre !

    Le discours que nous reproduisons ci-dessous a été prononcé par le Général (2°S) Lalanne-Berdouticq, (ancien commandant du 3ème régiment étranger d’infanterie et ancien chef du bureau de liaison de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban FINUL 2), lors de la clôture d’une récente session de l’IHEDN.

    L’IHEDN est l’Institut des Hautes Études de la Défense Nationale.

    C’est intelligent, plein de bon sens, brillamment construit et d’une limpide clairvoyance. C’est la vision d’un stratège éclairé, libre de tout dogme et de toute entrave intellectuelle, raisonnablement optimiste mais terriblement inquiet aussi de la lente dérive de son pays.

    Le monde est complexe et dangereux

    Il est loin des « blocs » que nous avons connus des décennies durant, aussi bien que de la « fin de histoire » que l’on nous annonçait voici vingt ans, et encore plus loin de la « paix définitive » qui aurait permis « d’engranger les dividendes de la paix » chers à des hommes à la courte vue. Ce monde, notre monde, reste dangereux. Comme les "prophètes" que personne n’écoutait dans les années 1930, je ne cesse de dire que le décuplement des dépenses militaires en Extrême-Orient depuis dix ans devrait nous inciter à mieux surveiller les diminutions insensées que subissent les nôtres. Dans l’Histoire en effet les mêmes causes produisent les mêmes effets et il y a donc tout à craindre des abandons qui se produisent chez nous. Mais encore faudrait-il voir le monde comme il est et non comme beaucoup voudraient qu’il soit.

    Méfions-nous du « prêt à penser »

    Il est presque toujours faux et ordonné à des fins peu recommandables. Non le Kosovo n’est pas meilleur après la campagne qu’ont conduite les alliés en 1999, montée suite à une incroyable guerre d’intoxication médiatique diabolisant les Serbes et présentant les Albanophones comme des anges persécutés… Il en résulta la fondation du premier pays (1) presque totalement mafieux du continent européen, dont la population originelle, serbe, a été sans pitié chassée de chez elle dans le silence des médias ; ses monastères détruits et ses maisons incendiées.

    Non l’Afrique d’aujourd’hui ne vit pas mieux que du temps de la colonisation, à commencer parce que l’esclavage (personne ne le dit) et les massacres ethniques sont repartis de plus belle et que bien des États officiellement constitués sont en faillite aussi bien financière que politique.

    Non la Libye d’aujourd’hui n’est pas meilleure que celle d’hier, puisque au demeurant elle n’existe tout simplement plus, et que son tyran a été remplacé par d’autres, en plus grand nombre. Non la démocratie occidentale n’est pas applicable à tous les continents et à tous les pays. D’abord parce que ce n’est pas un système unique (voyez comme la nôtre est différente de celle des États-Unis ou d’Israël, ou bien encore de la Grande-Bretagne) ; ensuite parce que ce système politique ne peut s’épanouir qu'au sein de peuples voyant la personne comme un individu et non comme une partie d’un tout (société personnalistes contre sociétés holistiques) …

    Dans les grandes questions du monde...

    N’oublions jamais de considérer le paramètre démographique. Il est capital et le silence des médias et des analystes sur ces sujets en dit long sur l’aveuglement, qui ne peut qu’être volontaire, de nos élites autoproclamées. Ainsi, quel est l’avenir de l’Allemagne, qui aura perdu sept millions d’habitants en 2030 et se verra peuplée en grande partie de ressortissants d’origine turque ? Sera-t-elle-la même ? On sait que l’islam confond la sphère publique et la sphère privée en refusant absolument de distinguer « Dieu » et « César ». Or, cette distinction est à la base même des systèmes démocratiques. Enfin, oublie-t-on qu’une population peut être chassée de chez elle, ou se voir remplacée par une autre, les autochtones se retrouvant alors comme étrangers sur leur propre sol ?

    Sans remonter à la diaspora juive du premier siècle, pensons aux Coptes d’Égypte, aux chrétiens de Turquie et d’Asie (20% de la population en 1900 alors qu’ils sont aujourd’hui hui 0,02%, soit mille fois moins) ou bien encore aux Serbes du Kosovo, déjà cités (90% de la population en 1900 et moins de 10% aujourd’hui) ! Hors les idéologues, qui peut être assuré qu’en France, nous sommes à labri de tels phénomènes ? Refuser d’examiner la question sous couvert de mots en « Ime » est singulièrement irresponsable. Or, entendons-nous que l’on pose cette question ? Non. Considérons aussi l’incroyable effondrement démographique de nos voisins Italiens et Espagnols et tentons d’imaginer ces deux pays dans trente ans ! « Il n’est de richesse que hommes », dit le proverbe. Que sera la civilisation occidentale si, dans trois siècles, des touristes visitent nos cathédrales sans que personne ne puisse leur expliquer le sens Dun Christus pentocrator dont ils contempleront la sculpture sur le tympan, ainsi que cela se passe pour les églises de Cappadoce, alors que plus aucun chrétien ne vit aux alentours ?

    Rien n’est définitif dans histoire des hommes, pas plus le tracé des frontières que les peuples qui s’abandonnent et doutent eux-mêmes.

    Enfin, cessons de nous croire à l’abri des menaces militaires...

    Au motif que nous possédons d’admirables sous-marins nucléaires. La guerre est bien de retour et le fracas des combats des Balkans, maintenant assourdi, nous rappelle qu’elle peut s’inviter dans des contrées européennes très proches, et pourquoi pas chez nous ? Qui peut ignorer que si tout le monde (tout le monde, sauf nous !) réarme sur la planète, c’est bien pour quelque raison ! Et l’Europe, direz-vous ! Fort bien, mais l’Europe n’est sur le plan militaire qu’une addition de faiblesses, vous le savez. Ajouter des faiblesses à d’autres faiblesses n’a jamais constitué une force mais bien une faiblesse plus grande encore[2] !

    Comme le disait, je crois, Roosevelt au moment de la Grande dépression, puis au début de l’engagement américain dans la 2e guerre mondiale, «  Ce que nous devons craindre le plus au monde, c’est la peur elle-même  ». Or, l’histoire nous enseigne que les populations qui ont peur de la mort sont celles qui disparaissent de la surface du globe. Notre manière « d’évacuer » la mort de la vie sociale est effrayante en elle-même, car un jour ou l’autre nous devrons combattre pour notre vie, et donc la risquer. Ne pas s’y préparer c’est nous assurer de perdre cette vie à coup sûr. Cela s’appelle la lâcheté, qui n’a jamais attendri aucun adversaire déterminé ; jamais, bien au contraire. Rappelons-nous avec honte que certaines erreurs peuvent être commises puis recommencées : la République naissante déclara la guerre illégale en 1791 et se trouva en conflit avec l’ensemble de ses voisins deux ans plus tard. En 1928, à la Société des Nations, cet ancêtre de l’ONU, le « Pacte Briand-Kellog » déclara la guerre « criminelle » à la face du monde. Onze ans plus tard, aussi bien la France que la Grande-Bretagne étaient acculées à une mobilisation générale dans des conditions désastreuses, pour aboutir à ce que l’on sait : l’occupation de toute l’Europe sauf la Suisse, et aussi les camps de concentration. Nous n’avions pas voulu lire Mein Kampf, non plus que méditer les pensées de Lénine et voir les camps soviétiques, qui mèneraient l’un à Katyn et l’autre à Treblinka ou Sobibor.

    « Le droit sans la force n’est rien, la force sans le droit c’est la tyrannie » disait à peu près Pascal. Souvenons-nous-en.

    Enfin, je voudrais insister sur le sens des mots. Discutant avec plusieurs d’entre vous pendant la session j’ai une nouvelle fois constaté que les mots n’avaient souvent pas le même sens pour l’un et pour l’autre. Je pense à un échange récent sur le mot République dont mon partenaire me disait que « Pour lui la république c’était… ». Or, là est le danger : nous n’avons pas à dire que « Pour nous » un mot veut dire telle chose ; nous devons au contraire nous référer à sa définition exacte sinon plus aucun échange n’est possible. Reprenant l’exemple de la République, je lui disais que celle-ci se définit par trois critères et seulement trois : Un gouvernement collégial, qui obéit à des lois, et dont le mode de succession n’est pas dynastique.

    Un point c’est tout. La république romaine était-elle démocratique ? Non, mais c’était tout de même une république. Donc, ne confondons pas les mots les uns avec les autres. Ainsi de la démocratie[3], qui peut parfaitement trouver sa place dans un système monarchique comme en Grande-Bretagne et ainsi de suite. À notre époque où le dialogue semble érigé à la hauteur de vertu et de principe cardinal des relations sociales, travaillons donc à ce qu’il soit possible au travers de mots employés dans leur juste sens. Nous aurons alors fait un grand pas vers la clarté et de saines relations interpersonnelles. J’insiste : cette question de la précision du vocabulaire est absolument essentielle si l’on y réfléchit bien.

    En conclusion :

    Il nous faut chasser l’idéologie, quelle quelle soit ; de « droite » ou de « gauche ». C’est une maladie mortelle de l’esprit car elle fait voir la réalité au travers de systèmes d’idées, qui sont autant de lunettes déformantes. A l’idéologie il faut opposer le principe de réalité qui veut que les choses soient ce qu’elles sont, que cela nous plaise ou non. Alors on peut agir en espérant ne pas trop se tromper. Il n’y a pas de bons camps de concentration (cubains, nord-coréens, chinois) dont on ne parle jamais, et de mauvais, les nazis, dont il faut sans cesse se souvenir. Il y a eu et il y a des camps de concentration où des innocents sont morts et meurent encore dans des conditions atroces. Il n’y a pas l’antisémitisme, évidemment condamnable des « néonazis », et sa variété excusable ?, celle des « islamistes », qui est passée sous silence. Il y a l’antisémitisme (qui d’ailleurs est un antijudaïsme), un point c’est tout. Au nom de quoi devrait-on condamner « l’islamophobie » si l’on ne le fait pas de la « papophobie » ou de la « christianophobie » ? A-t-on vu un chrétien Chaldéen ou un Melchite se faire sauter dans une mosquée d’Irak ? Un seul ? Dès lors, comment mettre sur le même pied « les » intégrismes ? Il existe quand même une différence de nature entre un zélateur d’Al Quaida et un Mormon, je crois. Distinguer souverainement le bien du mal, ne pas mettre à égalité le bon et le mauvais s’appelle aussi : Liberté. Il nous faut être convaincu que la France est et reste une grande puissance. Du moins si elle continue de le décider.

    Aujourd’hui, combien de pays ont-ils une représentation diplomatique dans le monde comparable à la nôtre ? Un seul. Combien de pays disposent-ils de sous-marins lanceurs d’engins totalement c.nçus, fabriqués, maîtrisés par leur gouvernement national dans le monde ? Trois, et pas la Grande-Bretagne. Combien de pays disposent-ils de porte-avions de premier rang à catapulte avec une flotte aérienne adaptée, moderne et entrainée ? Deux. La France est au premier rang de toutes les grandes négociations mondiales, elle dispose Dun siège de membre permanent au Conseil de sécurité de l’ONU, ses avions volent dans tous les cieux de la planète. Elle est au premier rang de la technique, de l’art, de la littérature.

    Elle est au premier rang des pays possédant un patrimoine multiséculaire, admirable et entretenu. Elle est au premier rang de certains travaux de recherche, elle inonde une partie du monde de son rayonnement culturel, artistique, commercial, d’influence, et ce depuis neuf siècles sans discontinuer !

    Quand la France parle, on l’écoute, parfois on la jalouse et on la brocarde de temps en temps, mais on l’écoute et son message est souvent reçu. C’est un fait.

    Cependant… restons modestes et cessons de donner des leçons au monde entier, car, comme d’autres, nous n’avons pas que des qualités. Le blanc de notre drapeau n’est hélas pas immaculé. Nous avons aussi de graves défauts : nous sommes souvent arrogants, légers, hâbleurs, désunis, insupportables. Nous voulons répandre les Droits de l’Homme sur le monde, mais nous avons inventé le génocide sous le terme de populicide, puis l’avons mis en œuvre en Vendée en 1793. Nous sommes (avec raison) pour la tolérance religieuse, mais… des Dragonnades de Louis XIV [4] aux « baptêmes républicains » de Carrier à Nantes ou aux lois d’Emile Combes en 1905[5], nous savons aussi persécuter nos concitoyens pour leurs convictions religieuses. Cependant et tout bien considéré, soyons fiers de ce que nous sommes, mais avec mesure. Soyons fiers de notre héritage multiséculaire, en ayant conscience de ce que nous sommes les « débiteurs insolvables » des richesses léguées par nos ancêtres. Nous ne pourrons jamais rembourser cette dette, qui nous oblige. Mais soyons aussi convaincus que cet héritage est fragile et peut s’effondrer en quelques années, voire quelques mois si des événements dramatiques venaient à se produire et auxquels nous n’aurions pas fait face à cause de notre impréparation, de notre inconscience, ou par inconsistance ou imprévoyance. Voyez comme s’est écroulé l’ancien régime en quelques semaines[6], ou encore le tsarisme, le communisme, la Vienne impériale, sans parler des empires romain, moghol, khmer ou aztèque. Ce formidable patrimoine, notre patrimoine (matériel et immatériel) est fragile et se trouve entre nos mains.

    Alors restons vigilants et combattons les idées dangereuses pour l’avenir, tout en travaillant d’arrache-pied à l’unité de notre nation, qui en a de jour en jour plus besoin. Nous savons de mémoire séculaire, depuis Bouvines pour le moins, que la France unie est victorieuse des défis. Désunie elle se dissout et, qui sait, pourrait disparaître. Cela ne se doit pas.

    Alexandre Lalanne-Berdouticq

    NOTES : - [1] Grand comme un département de chez nous : 10 000 km2 et un million habitants…
    - [2] Dix estropiés au départ d’un cent mètres olympique ne feront pas un champion !
    - [3] Dont la caractéristique essentielle est que le siège de la souveraineté se tient « dans la personne du peuple », qui délègue ou non son autorité à des mandataires (démocratie directe ou indirecte).
    - [4] Contre les Protestants
    - [5] Contre les Catholiques
    - [6] Il a succombé à des crises multiples et simultanées : économique avec des dettes abyssales et une fiscalité inopérante et injuste, une défiance du peuple dans ses élites qui ne le représentaient plus, un pouvoir devenu impuissant. Comparaison avec aujourd’hui.....

    http://www.actionfrancaise.net

  • La solidarité palestinienne est-elle une zone occupée ?

    Une fois impliqué dans la solidarité palestinienne, il faut accepter que les Juifs, ainsi que leur souffrance, sont spéciaux ; les Juifs ne sont pas comme les autres, leur Holocauste ne ressemble à aucun autre génocide et l’antisémitisme est la forme de racisme la plus horrible que le monde ait jamais connu et ainsi de suite.

    Mais quand il s’agit des Palestiniens, c’est le contraire qui devient le cas. Pour une raison ou pour une autre, nous sommes censés croire que les Palestiniens ne sont pas spéciaux du tout - ils sont comme tout le monde. Les Palestiniens ne sont pas soumis à un mouvement nationaliste juif raciste et expansionniste unique, au contraire, nous devons tous convenir que, tout comme les indiens et les Africains, le calvaire palestinien est le résultat du colonialisme ordinaire du 19ème siècle – simplement encore ce même apartheid barbant.

    Ainsi, les Juifs, les sionistes et les Israéliens sont exceptionnels, comme personne d’autre, alors que les palestiniens sont toujours en quelque sorte, ordinaires, font toujours partie d’un plus grand récit politique, et sont toujours comme tout le monde. Leur souffrance n’est jamais due à la particularité du nationalisme juif, du racisme juif, ou même de l’AIPAC qui domine la politique étrangère américaine ; ainsi, le Palestinien est toujours victime d’une dynamique terne et sans intérêt : générale, abstraite et totalement dépourvue de particularité.

    Cela soulève de sérieuses questions.

    Pouvez-vous penser à un autre mouvement de libération ou de solidarité qui se targue d’être ennuyeux, ordinaire et sans intérêt ? Pouvez-vous penser à un mouvement de solidarité qui rétrograde son sujet simplement en une exposition de plus dans un musée d’histoire d’événements matérialistes ? Je ne le crois pas ! Est-ce que les noirs sud-africains se considéraient comme étant comme tout le monde ? Est-ce que Martin Luther King croyait que ses frères et sœurs étaient intrinsèquement indiscernables ?

    Je ne le pense pas. Alors comment se fait-il que la solidarité palestinienne a réussi à tomber si bas que leurs porte-parole et défenseurs se concurrencent les uns contre les autres pour voir qui peut le mieux éliminer la singularité de la lutte du peuple palestinien vers un simple rôle de tendances historiques générales tels que l’apartheid ou le colonialisme ?

    La réponse est simple. La solidarité palestinienne est une zone occupée et, comme toutes les zones occupées elle doit se consacrer à la lutte contre « l’antisémitisme ». Unis avec dévouement contre le racisme, entièrement en prise avec les questions relatives au LGBT en Palestine et dans le mouvement lui-même, mais pour une raison ou une autre, le mouvement est presque indifférent à l’égard du sort de millions de Palestiniens vivant dans les camps de réfugiés ainsi que leur droit au retour dans leur patrie.

    Mais tout cela peut changer. Les Palestiniens et leurs partisans pourraient commencer à voir leur cause pour ce qu’elle est, c’est-à-dire unique et distinctive. Cela n’a pas besoin non plus d’être tellement difficile. Après tout, si le nationalisme juif est par nature exceptionnel comme le proclament les sionistes, n’est-il pas naturel que les victimes d’une telle démarche raciste distinctive soient au moins, elles-mêmes, tout aussi distinctives ?

    Jusqu’à présent, la solidarité avec la Palestine n’a pas réussi à libérer la Palestine, mais elle a réussi au-delà de ses rêves les plus fous à créer une industrie de solidarité avec la Palestine, et cette industrie est largement financée par les sionistes libéraux. Nous avons été très productifs dans le trimballage de militants à travers le monde afin de promouvoir le « boycott » et les « sanctions » pendant que le commerce entre Israël et la Grande-Bretagne est en plein essor et que l’Humus Tzabar est clairement apparent dans chaque épicerie britannique.

    Toutes ces tentatives pour réduire le calvaire palestinien en un récit matérialiste généralisé, daté et sans intérêt doivent être exposées pour ce qu’elles sont : une tentative pour apaiser les sionistes libéraux. La souffrance des Palestiniens est en fait unique dans l’histoire, au moins aussi unique que le projet sioniste.

    Hier, je suis tombé sur ceci du ministre sud-africain Ronnie Kasrils. Dans un commentaire sur l’apartheid israélien, il dit :

    « C’est bien pire que l’apartheid. Les mesures israéliennes, la brutalité, font ressembler l’apartheid à un pique-nique. Nous n’avons jamais eu de Jets qui attaquaient nos cantons, nous n’avons jamais eu de sièges qui duraient mois après mois. Nous n’avons jamais eu de tanks qui détruisaient les maisons. »

    Kasrils a totalement raison. C’est bien pire que l’apartheid et beaucoup plus sophistiqué que le colonialisme. Et pourquoi ? Parce que ce que les sionistes ont fait et font n’est ni un apartheid ni du colonialisme. L’apartheid voulait exploiter les Africains, Israël veut que les Palestiniens s’en aillent. Le colonialisme est le remplacement d’une mère patrie par un État colonial. Israël n’a jamais eu de mère patrie, bien qu’elle puisse avoir eu quelques « mères patries de substitution ».

    C’est maintenant le temps de regarder le calvaire unique du peuple palestinien. De même, il est maintenant temps de regarder les crimes sionistes à la lumière de la culture juive et de la politique identitaire.

    Le mouvement de solidarité peut-il relever ce défi ? Sans doute, mais comme la Palestine, il faut d’abord, qu’il se libère lui-même.

    Retrouvez Gilad Atzmon chez Kontre Kulture :

    par Gilad Atzmon, une traduction E&R http://www.egaliteetreconciliation.fr

  • TERRE & PEUPLE Magazine n°54

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    Communiqué de Terre & Peuple-Wallonie - 12 mars 2013

    Le numéro 54 de TERRE & PEUPLE Magazine est centré autour du thème de l’Empire. Dans son éditorial, Pierre Vial épingle la mobilisation ethnique à laquelle Obama doit sa victoire : 93% des Noirs et 71% des Latinos ont voté pour lui, contre 25% des Blancs, lesquels sont moins conditionnés par les ligues de vertu que les Blancs européens. Dans les sociétés multiculturelles, la logique ethnique reste la clé du monde de demain. Sous le titre ‘Le vase déborde’, il remarque à la suite que les grands hebdomadaires L’Express et Le Point ont traité en couverture de l’immigration. L’Epress pour s’obstiner à y voir un atout économique, niant malgré la multiplication par 6 de l’aide médicale les conclusions de l’étude solide des Contribuables Associés sur son coût réel. Le Point dénonce pour sa part la tactique du grignotage des islamistes et leurs provocations pour tester la résistance des autochtones : la porte est ouverte aux revendications sans fin.

    Jean-Louis Roumégace situe la pensée du MAS sur la quête d’identité dans une France où les communautés organiques sont malmenées depuis plus de deux siècles. L’identité se nourrit d’un imaginaire où se mêlent histoire, culture, religion, tradition populaire. La tradition, c’est ce qui ne passe pas.  Elle nous permet d’évoluer en restant nous-mêmes.  Ce qui est fondamental, c’est d’entretenir la conscience commune. Lénine parlait de ‘conscience de classe’.

    Le même explique ensuite les affinités du MAS avec Casa Pound Italia et Pierre Vial enchaîne en rapportant l’heureuse expérience de sa visite à la Casa Pound romaine, car on sait que Casa Pound a essaimé dans toute l’Italie et, outre dans la solidarité avec les Italiens sinistrés, sur tous les terrains, clubs sportifs, syndicats étudiants, groupes musicaux, etc.

    Pour introduire le dossier sur l'Empire, Pierre Vial souligne combien le concept évoque la grandeur. Celle-ci n’effraie que ceux qui la confondent avec les prétentions impérialistes des Anglo-Saxons sur le monde. Pour nos patries charnelles européennes, l’idée d’empire ouvre la perspective d’une confédération euro-sibérienne des peuples.

    Jean Haudry rappelle que, dans notre tradition, le roi de France, régnant aussi sur des Allemands, des Flamands, des Bretons, des Catalans, des Provençaux, était devenu ‘empereur en son royaume’. L’Empire se définit alors comme une monarchie multinationale. L’institution du ‘Roi des Rois’ est une réalité ancienne, apparue dès le quatrième millénaire AJC en Egypte et en Orient. C’est Alexandre qui la transmettra aux Romains. Dans ses origines, l’Empire n’a pas de limites : il porte jusqu’où s’étend le pouvoir. L’empereur perse Cyrus II est Roi du monde; Rome est édifiée autour du ‘mundus’. Toutefois, la défaite de Varus devant Arminius arrête la conquête du monde au ‘limes’ et contraint l’Empire romain à la défensive. Chez les Indo-Européens, les notions de roi du monde et d’empire universel sont anciennes, mais plus on remonte et plus la notion se limite à la part qu’on connaît du monde. Cela légitime les razzias. A la période des migrations, Celtes et Germains n’ont jamais formé que des confédérations occasionnelles. La conquête de matières premières des grands empires asiatiques, avec un pouvoir central fort et une langue véhiculaire qui se superpose aux langues particulières, tout cela est étranger aux peuples indo-européens.

    Pierre Vial évoque la nostalgie des clercs médiévaux pour la paix romaine garantie par les légions, mythifiée comme toute ‘belle époque’. Le couronnement de Charlemagne à Rome par le Pape Léon III est ressenti à Constantinople, la Seconde Rome, comme un camouflet pour l’Impératrice Irène. Si Charlemagne donne des gages à l’Eglise (il impose par force le christianisme aux Saxons et aux Frisons), il ordonne dans le même temps de recueillir la littérature épique païenne. Son fils le Débonnaire en fera brûler le recueil, mais les textes seront ensuite portés par une tradition orale, les ‘vulgares cantilenae’. Réaliste, l’Empereur permet à chaque région de ‘vivre du sien’, avec son droit particulier, avec ses assemblées générales annuelles des hommes libres. Othon, élu roi par les cinq peuples, germain, lorrain, souabe, bavarois, franconien et saxon, forces d’équilibre d’un pouvoir souverain, tint à se faire couronner à Aix-la-Chapelle, et pas à Rome. Conrad II a réintégré la Bourgogne dans l’empire, mais sous son fils Henri IV le Pape réussit à échapper au contrôle de l’empereur. Le conflit du césaro-papisme et de la théocratie, qui va les dresser l’un contre l’autre pendant deux siècles, rebondit avec Frédéric Barberousse et avec son petit-fils, Frédéric II. Avec les Hohenstaufen,  ‘race de vipères’ que le pape n’eut de cesse d’exterminer, l’empire semblait condamné. Les Habsbourg lui permettront de survivre.

    Gilles Gaillez, qui passe toute leur lignée en revue, rappelle leur sage souci, sous la constante menace de l’anarchie, d’équilibrer la composante germanique par les composantes magyare et slave et de refaire l’unité en rempart contre la perpétuelle menace turque. C’est par d’astucieux mariages qu’ils établiront leur dynastie et par le principe de la primogéniture qu’ils parviendront à la faire durer trois quarts de millénaire, installée sur les domaines impériaux héréditaires. Lorsque l’impératrice Marie-Thérèse épouse le duc François de Lorraine, la puissance de l’empire est à son apogée et les Turcs en passe d’être reconduits au Bosphore. C’est la révolution libérale et bourgeoise qui aura raison de lui, bien plus que la Prusse, qui l’écrase militairement en 1866, à Sadowa. A la surprise de l’Europe, le reliquat de leur empire, l’ensemble hétéroclite austro-hongrois, va conserver une cohésion inattendue et c’est la première guerre qui va permettre au projet mondialiste d’étouffer dans l’œuf le projet trop prometteur des Habsbourg d’une triple monarchie austro-slavo-hongroise.

    Pour Gabriele Adinolfi, la contradiction n’est qu’apparente entre la Res Publica, le bien commun communautaire de la Ville, et l’empire. Mais, si le fascisme italien a épousé le mythe de l’Empire romain, c’est dans le sens de la mystique fasciste, qui oppose Rome à Carthage, en ensuite à Londres et Jérusalem. Au contraire de la pulsion impérialiste à tout soumettre à un modèle unique, l’idée impériale fasciste, c’est le respect dans la participation directe, anticolonialiste.

    Pour Willy Freson, l’Union européenne n’est que le décombre impuissant de l’Empire éclaté, dominion le moins problématique des Etats-Unis. Et le demi-siècle de paix prétendue qu’on affiche à présent à son crédit n’a rien à voir avec la Pax Romana, produit d’une puissance décisive. Prophétique, Krouchtchev parlait à l’époque avec dédain d’un « mariage d’homosexuels », infécond. Divisée en une poussière d’entités instables dont les nations actuelles sont les héritières, l’Europe révèle par contre une identité fondée sur sa géographie et plus encore sur des racines communes. L’ « équilibre européen » n’est pas l’aboutissement d’une convergence d’entités étrangères, mais la résultante d’un mode politique et d’un moule historique communs. C’est l’héritage d’Alexandre le Grand et d’un autre visionnaire inégalé, César. Celui-ci avait préféré s’assurer de l’hinterland gaulois de l’Italie, plutôt que céder au mirage de l’orient. Son héritier politique, Auguste, parachèvera la tâche en Europe centrale et orientale. C’est Tibère qui va ordonner le repli sur la ligne Rhin-Danube, pour de simples motifs de politique intérieure et non de contrainte extérieure. Eut-il tenu le front, le choc des grandes migrations s’en serait trouvé dévié et le noyau de la vigueur germanique aurait désormais agi en faveur de l’Empire. « Et il aurait rendu improbable qu’un suppôt de guerre civile comme Constantin fît du messianisme chrétien l’idéologie dominante du monde romain, et improbable de même la survie du judaïsme et l’émergence de l’islam. »  Tacite rapporte, avec mépris, que quand le feu sacrilège a été mis au Capitole, en 69, des Gaulois avaient alors présagé que la souveraineté du monde irait aux Transalpins. La prophétie ne s’est réalisée qu’en 800, autour du noyau continental Meuse-Oder-Tibre, que s’ingénieront à maintenir les empereurs germaniques et auquel fera obstacle la prétention française. Mais quand reviendront les temps où les Chinois nous désigneront à nouveau par ‘Ta Tsin’, la Grande Chine ?

    Llorenc Pierre Albanell est un Catalan  pénétré de la légitimité que peut conférer à un mouvement indépendantiste un million et demi de manifestants qui se pressaient dans les rues de Barcelone le 11 septembre dernier. Pour lui autant que pour nous, l’ordre nouveau européen doit y aller fort : les états-nations doivent disparaître. Ils ne sont plus adaptés. Ils viennent contrecarrer les collaborations inter-régionales, fécondes pour la gestion politique, économique, écologique. Le système à trois bases Europe-Nation-Région génère lenteurs et coût inutiles. Le principe de base doit être la subsidiarité et, dans l’ordre nouveau, l’Europe n’a à intervenir que pour ce qui excède les capacités régionales, notamment pour la défense et la politique étrangère. Comme le recommandait le prix Nobel d’économie Maurice Allais, l’Europe doit pratiquer un protectionnisme continental, préserver son indépendance énergétique et alimentaire et garder le contrôle des produits médicaux et d’intérêt stratégique. Notamment par la nationalisation des productions nécessaires à la survie (eau, gaz, électricité, transports) et par le contrôle des banques, de manière à éliminer toute mainmise de cartels politico-financiers. Enfin, les terres arables ne doivent appartenir qu’aux allochtones.

    Alain Cagnat fait la chronique du cynisme machiavélique de la politique pétrolière des Anglo-saxons au Moyen-Orient. Ils ont commencé avec la Guerre de Crimée, dans laquelle ils sont parvenus, sous prétexte de défendre les Turcs contre les Russes, à entraîner les Français (qui y perdront 95.000 hommes, contre 25.000 Anglais !). Il s’agissait d’empêcher les Russes de libérer les populations slaves opprimées et surtout de développer leur puissance en obtenant un accès aux ‘mers chaudes’. Avec l’invention du moteur Diesel, en 1885, il était devenu urgent pour la Royal Navy de contrôler les champs de pétrole du Moyen-Orient, car, sur la Mer Caspienne, les navires russes fonctionnaient déjà au mazout depuis 1870 ! Les Anglais commenceront par s’installer en Egypte, avant de conquérir progressivement la péninsule arabique et l’Irak. Mais, pendant ce temps, l’Allemagne, alliée des Turcs, est devenue une menace dans la région, car elle construit une ligne ferroviaire Bagdad-Berlin. La première guerre mondiale se dessine alors que les Anglais envahissent le Koweit en 1912 et que la Deutsche Bank acquiert pour la Bagdad Rail les droits de passage pour les pétroles de la très riche région de Mossoul : c’est le casus belli. Le premier prétexte suffira. C’est à ce moment que T.E.Lawrence va promettre l’indépendance à l’émir de La Mecque, son ‘ami’ Hussein ibn Ali, qu’il trahira. C’est dès cette époque que les Anglais vont déployer 1,4 millions d’hommes au Moyen-Orient, au détriment de leurs alliés français ! Cela n’empêchera pas Clémenceau d’offrir ensuite Mossoul à l’Angleterre « au nom de l’amitié franco-britannique » !  Les Anglais, qui ne veulent en aucun cas des embarras d’une unité arabe, vont jouer ensuite les Saoudiens contre les Hachémites (lesquels se feront massacrer). Lorsqu’Ibn Saoud va reprendre à son compte l’unification de la péninsule, les Anglais  fractionneront celle-ci entre l’Arabie saoudite, l’Irak, le Koweït le Yémen et la Jordanie.  Jusqu’à ce que les Américains jouent à leur tour Ibn Saoud contre leurs alliés anglais. C’est ainsi que s’explique le mariage contre nature de la Première Démocratie du Monde avec des Bédouins pillards et esclavagistes, fanatiques religieux fondamentalistes et commanditaires de terroristes, « gardiens légitimes des Lieux Saints ».

    http://euro-synergies.hautetfort.com/

  • Un après-guerre barbare

    Le Figaro Magazine - 01/03/2013

    La Deuxième Guerre mondiale, en Europe, n'a pas pris fin le 8 mai 1945. L'historien anglais Keith Lowe rappelle que les années d'après-guerre, jusqu'en 1950, ont été d'une grande violence.
     
         Le 7 mai 1945, la reddition de la Wehrmacht est signée par le maréchal Jodl, à Reims, devant les représentants alliés. Mais sur ordre de Staline, un second acte de capitulation est signé à Berlin, le lendemain, par le maréchal Keitel cette fois. En Asie, le conflit ne prendra fin qu'avec la capitulation du Japon, le 2 septembre 1945. Mais en Europe, le 8 mai marque-t-il vraiment la fin de la Deuxième Guerre mondiale ? Sans réfléchir, la réponse à cette question est spontanément positive : 1945, c'est bien la fin des combats et le début de la reconstruction. Mais tel n'est pas le point de vue de Keith Lowe, un historien anglais.
         Dans L'Europe barbare, un livre paru l'an dernier en Grande-Bretagne, traduit en dix langues et publié aujourd'hui en français *, l'auteur se penche sur l'histoire des années 1945-1950 en Europe. Avec l'ambition non d'exposer des faits inédits, mais de modifier notre regard sur cette époque par la juxtaposition d'événements peu ou mal connus et que l'on n'a pas l'habitude de rapprocher. Ce qui ressort de cette synthèse, c'est que l'après-guerre a été imprégné d'une violence effarante, en certains points comparable à celle qui avait dominé le conflit, et explicable, précisément, par le degré d'inhumanité de la Seconde Guerre mondiale.
         « L'histoire de l'Europe de l'immédiat après-guerre, écrit Keith Lowe, n'est donc pas avant tout celle de la reconstruction et de la réhabilitation : c'est d'abord l'histoire d'un continent qui sombre dans l'anarchie. »
         En 1945, des institutions politiques aux outils économiques, des circuits d'approvisionnement aux services de transport, tout est à rebâtir. Les destructions matérielles sont colossales : non seulement les villes allemandes sont à terre, mais aussi celles des pays qui ont été occupés, également dévastés par les bombardements et les combats. 460 000 maisons ont été détruites en France, 1 700 villes et 70 000 villages en URSS. Dans ce champ de ruines, c'est le vide humain. Entre 35 et 40 millions de personnes ont été tuées, des millions d'autres déplacées, si bien que des agglomérations ou des campagnes autrefois vivantes sont des déserts. En Europe centrale, les quartiers juifs, vidés par la Shoah, n'abritent plus que des spectres. En Pologne, la densité moyenne de la population a chuté de près d'un tiers. Privée d'hommes, l'Europe est un continent de femmes et d'enfants.
         La faim tenaille les hommes du temps. Lorsque les Alliés pénètrent aux Pays-Bas, où la ration alimentaire officielle est tombée à 400 calories quotidiennes, entre 100 000 et 150 000 Néerlandais souffrent d'oedèmes provoqués par la malnutrition. Conséquence de la famine, des maladies devenues rares, comme la malaria ou la tuberculose, reviennent en force. Pour une gamelle ou une tablette de chocolat, des femmes offrent leur corps. Viol, vol, pillage, violence : d'après Keith Lowe, c'est la « destruction morale » du continent...

     Nettoyage ethnique et guerre civile

     Après avoir campé ce paysage chaotique, l'historien poursuit son enquête autour de trois grands thèmes : la vengeance, le nettoyage ethnique et la guerre civile. Chacun d'eux est exploré pays par pays et illustré par de multiples histoires, malheureusement dramatiques, parfois relatées en quelques lignes.
         Vengeance. Lorsque les camps nazis sont libérés, l'horreur de ce que les Américains et les Britanniques découvrent est telle que certains soldats commettent instinctivement des atrocités sur les gardiens. Certains déportés en font autant, par un réflexe compréhensible mais néanmoins injustifiable au regard du principe selon lequel on ne se fait pas justice soi-même. La vengeance, ce sont aussi ces bandes de civils qui avaient été réquisitionnés pour aller travailler en Allemagne et qui, dans les semaines qui suivent l'effondrement du Reich, prennent leur revanche en pillant et en violant. La vengeance, c'est également le sort réservé aux 11 millions de prisonniers de guerre allemands (des dizaines de milliers d'entre eux périront en captivité, surtout chez les Soviétiques) ou encore la chasse aux collaborateurs (dans des conditions qui ne devaient rien à la justice) ou le sort réservé aux enfants naturels de soldats allemands et de femmes des pays occupés (des bébés, par définition innocents, furent ainsi tués). Keith Lowe ne minimise en rien les crimes hitlériens, mais il constate, même s'il n'y a pas d'équivalence à établir, qu'il est arrivé, après-guerre, que des victimes se fassent à leur tour bourreaux.
        Nettoyage ethnique. En Europe centrale et en Europe de l'Est, les Juifs qui ont survécu sont confrontés à des poussées d'antisémitisme. En Ukraine et en Pologne, un vieux conflit ethnique entre les deux peuples donne lieu à des violences. En Tchécoslovaquie, en Pologne, en Hongrie, en Roumanie et en Yougoslavie, 12 à 14 millions de civils d'origine allemande sont contraints de fuir et de rejoindre l'Allemagne, gigantesque exode qui provoque entre 500 000 et 1,5 million de morts.
         Guerre civile. En France et en Italie, la résistance communiste utilise la lutte contre les Allemands pour tenter de prendre le pouvoir. En Grèce, le phénomène débouche sur une tragique guerre civile qui ne prend fin qu'en 1949. L'assujettissement de toute l'Europe de l'Est au bloc soviétique ou au titisme yougoslave, rappelle Keith Lowe, est également une suite de la guerre.
    Au terme de cette sombre fresque, l'historien souligne un paradoxe : « Si la Deuxième Guerre mondiale a détruit le Vieux Continent, ses lendemains ont été le chaos protéiforme à partir duquel la nouvelle Europe s'est constituée. » Sommes-nous pour autant prémunis à jamais contre la barbarie ? Veillons à ce que, sous d'autres formes, elle ne revienne pas.
    Jean Sévillia http://www.jeansevillia.com
     * L'Europe barbare. 1945-1950, de Keith Lowe, Perrin. Traduit de l'anglais par Johan Frederik Hel Guedj.

  • Revue de presse économique de Pierre Jovanovic (13/03/2013)

    Émission diffusée sur Radio Ici et Maintenant le 13 mars 2013

    Nouveau : écouter l’émission au format mp3


    (pour télécharger le fichier mp3, cliquer sur la flèche bas du lecteur puis cliquer sur le bouton Download now de la page qui s’ouvre)

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