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  • Soft power : le discret mais très influent pouvoir géopolitique du Vatican

    On a jamais autant parlé du Vatican, des papes et de l’Eglise que depuis la renonciation de Benoit XVI. Une occasion unique pour l’Eglise de rappeler sa vocation…

    L’État de la Cité du Vatican territoire qui abrite le « Saint-Siège » et est enclavé dans la ville de Rome, est le petit Etat du monde (832 habitants sur 0,44 km² : 1/5 ème de de Monaco !). Mais les juristes estiment qu’il n’est pas vraiment un Etat, n’ayant ni citoyens nationaux propres (la nationalité vaticane est liée à des fonctions et se perd automatiquement après), et n’étant pas totalement souverain sur son territoire (où l’Etat italien intervient). C’est d’ailleurs le « Saint Siège », en tant que gouvernement de l’Église, et non le Vatican, qui est représenté au niveau international via les « nonciatures apostoliques » (ambassades), et qui dispose d’un siège d’État « non-membre observateur » aux Nations unies.

    Malgré cela, la diplomatie vaticane a marqué de son empreinte les grandes dates de l’histoire moderne : Congrès de Vienne de 1815, qui mit fin aux guerres napoléoniennes et révolutionnaires ; Conférence de Vienne de 1961, qui codifia le droit diplomatique, ou encore guerre froide, durant laquelle le Saint Siège lutta contre le communisme et (depuis) en faveur de la démocratisation des anciens pays du Pacte de Varsovie, l’exemple le plus célèbre étant Solidarnosc, qui fit vaciller, avec l’appui de l’Eglise, la dictature communiste de Jaruzelski.

    Du point de vue de son fonctionnement, le Vatican est une monarchie élective. Le Pape y est élu à la majorité qualifiée de 2/3 des voix et règne à vie, mais il peut renoncer à son pouvoir, à l’instar de Benoit XVI. En fait, ce pouvoir « absolu » du Pape, qui choque tant d’âmes délicates, est assez théorique, car l’exécutif est délégué à un gouverneur en général chargé également de la représentation diplomatique. Mais surtout, la très puissante Curie romaine, contestée par nombre de Cardinaux en ce moment même car « trop italienne », puis la constitution du Vatican, réduisent considérablement la marge de manœuvre des Papes.

    Concernant le mythe de « l’hyperpuissance financière du Vatican», rappelons aux adeptes des théories christianophobes du complot, chères à Dan Brown, que le Vatican est souvent en déficit, que les dons des croyants sont en baisse constante, que ses richesses foncières lui coûtent plus qu’elles ne lui rapportent, qu’il doit payer les salaires de milliers d’employés du Saint Siège (dont 800 ecclésiastiques) et que lorsqu’il est en « excédant budgétaire » (recettes touristiques ; ventes d’objets sacrés, timbres, etc), on est à des années Lumières des centaines de milliards d’euros de bénéfices de l’Arabie saoudite (« le Vatican de l’islam »), ou des pétromonarchies du golfe, puisque l’on parle ici de dizaines de millions d’euros, lesquels ne vont pas remplir les poches des cardinaux et du Pape, contrairement aux Guides soufis du Sénégal ou à l’Aga Khan (chef des ismaéliens) ou même au Dalaï Lama, très riche, mais servent surtout à payer des coûts de fonctionnement. Benoist XVI n’a lui même qu’une modeste retraite de moins de 2700 euros par mois…

    L’Afrique et l’Asie : nouvelles terres chrétienne

    Bien que très fortement critiquée en Europe, notamment en France, en Espagne ou en Irlande, où elle est confrontée à une propagande de dénigrement sans précédents, l’Eglise catholique reste la première religion et l’une des plus pratiquées dans le monde. Elle est même en nette progression en Chine, malgré les persécutions, en Inde ou encore en Corée du Sud, qui perçoit l’Eglise catholique comme bien plus « moderne » que le bouddhisme, si à la mode chez les “bobos” d’Europe.

    En Afrique, l’Eglise est plus dynamique et fervente que jamais, malgré la double « concurrence » de l’islam, souvent agressif et du protestantisme évangélique ultra-prosélyte. On oublie trop souvent ou on ignore qu’à la différence de la plupart des autres églises et religions, l’Eglise catholique ne limite pas son action à ses propres ouailles, mais s’adresse à l’Humanité toute entière, fidèle à sa signification : catholikos, qui signifie universel. On omet aussi trop souvent de rappeler que l’Eglise est très diverse, qu’elle accepte moult tendances, telles les églises uniates, melkites ou maronites en Orient, qui autorisent déjà depuis longtemps le mariage de prêtres, ou encore l’Église africaine, qui bénéficie d’une autonomie lui permettant d’éviter une rupture entre le dogme romain et ses cultures nationales.

    Géopolitique et stratégie vaticane

    Comme le disait le Pape Jean XXIII à la fin des années 1960, « la stratégie de l’Église catholique est orientée autour d’un double projet : la pacification des relations internationales et l’extension de son influence, via une pastorale mondialisée ». Son objectif est donc celui d’une « pax catolica » visant à promouvoir une « société internationale pacifiée et harmonieuse».

    Mais plutôt que de souligner l’action humanitaire, éducative et philosophique extraordinaire menée chaque jour par l’Eglise dans le monde entier, auprès des pauvres (Egyptiens du Caire, exclus des villes industrielles d’Europe, « Intouchables » indiens arrachés à l’infériorité des castes par les écoles de Mère Téresa, etc.), on préfère dans notre Europe « post-chrétienne » focaliser l’attention des médias sur les cas horribles de pédophilie, qui existent en fait hélas dans tous les milieux éducatifs, religieux ou publics, chrétiens, musulmans, juifs, bouddhistes, hindouistes ou athées, c’est-à-dire partout où adultes et enfants se côtoient, à commencer par des familles dans toutes les sociétés, hélas. Et c’est tout à l’honneur de Benoit XVI d’avoir reconnu et combattu ces horreurs, numériquement faibles, mais totalement inacceptables. Car dans les autres milieux éducatifs non catholiques, les dirigeants et clergés concernés, qui connaissent des phénomènes similaires, n’ont pas le même courage de dénoncer et combattre chez eux les atteintes à l’intégrité physique et morale d’enfants violés, abusés par milliers chaque année dans trop de pays où les religions non-chrétiennes ne se remettent jamais en questions… A contrario, l’Eglise catholique demeure la seule qui accepte les critiques internes et externes.

    En réalité, la « géopolitique du Vatican est aux antipodes du politiquement correct et du matérialisme planétaire qui contribue à réifier l’homme toujours un peu plus : défense de la dignité humaine, de la vie, de la liberté de conscience, de la paix, de l’équité, ce qui inclut le droit à l’éducation, à la nourriture, à l’eau et à l’intégrité physique et aussi la condamnation de la torture et du terrorisme. En fait, ce qui choque le plus les consciences laïcisées, souvent christianophobes, c’est que l’Eglise catholique continue d’affirmer qu’elle est la « religio vera »… mais pourrait-elle survivre en disant le contraire ? Tout aussi insupportable pour la « dictature du relativisme » dénoncée par Roberto de Mattei, le Vatican, par la parole de Benoit XVI, aurait eu tort de réaffirmer aux musulmans et aux matérialistes, lors du discours de Ratisbonne, que la raison sans la foi est inanimée et que la foi sans la raison n’est que fanatisme aveugle.

    L’Eglise catholique ne peut que continuer à être à contre-courant, en dénonçant le relativisme, le mariage homosexuel, l’euthanasie, l’avortement, l’eugénisme, le mariage des prêtres, etc… Mais que penserait-on d’une Eglise qui accompagnerait le « mouvement », alors que l’écrasante majorité de ses fidèles les plus fervents, attendent au contraire d’elle qu’elle continue d’être le premier pôle mondial de résistance à la mondialisation marchande et à l’abrutissement des hommes par la contre-culture marchande « Mc world »…

    Les masses croyantes et mêmes non-pratiquantes attendent des églises que celles-ci leur délivrent un message spirituel, vertical, une colonne vertébrale, sans lesquels les hommes n’ont jamais réussi à vivre sans replonger très vite dans la barbarie. Pas du laxisme ou de la culture Skyrock ! Les deux dernières expériences qui ont tenté de se débarrasser des religions juive et chrétienne, le nazisme et le communisme, ont montré ce qu’est une société sans bien ni mal… Ainsi, face aux deux nouveaux totalitarisme que sont le matérialisme nihilisme marchand (« Matrix »), qui véhicule une nouvelle barbarie matérialiste, et sa réaction convulsive qu’est en partie l’islamisme radical (« Jihad »), qui propose la soumission à la théocratie coranique, le message du christianisme délivré en premier par l’Eglise catholique apparaît comme la voie médiane, celle du respect et de l’épanouissement de la personne humaine, car l’Amour et le Pardon, messages du christianisme, sont les seules solutions pour que les hommes vivent en harmonie. C’est peut être parce que l’Eglise est porteuse d’idées si révolutionnaires et positivement subversives qu’elle est attaquée en Occident comme ailleurs par les tenants de Jihad et de Mc Wolrd, ennemis interdépendants de la civilisation humaniste.

    Alexandre Del Valle dans atlantico

    Alexandre del Valle est un géopolitologue renommé. Ancien éditorialiste à France Soir, il enseigne les relations internationales à l’Université de Metz et est chercheur associé à l’Institut Choiseul. Il a publié plusieurs livres sur la faiblesse des démocraties, les Balkans, la Turquie et le terrorisme islamique.

    http://fr.altermedia.info

  • France : Ayrault réclame 5 milliards d’économies supplémentaires pour 2014

    Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, demande aux ministères d’”identifier au total 5 milliards d’euros d’économies nouvelles en 2014″, dans les lettres de cadrage budgétaire envoyées aux membres du gouvernement.

    http://fortune.fdesouche.com/

  • Le personnel des hôpitaux en danger

    Petits, "ils" insultaient, menaçaient, agressaient leurs profs. "Ils" ont grandi: c'est maintenant au personnel des hôpitaux qu'"ils" s'en prennent, tandis qu'à l'école, une nouvelle génération a pris la relève pour mordre la main qui la nourrit. La réponse, ce sera sûrement plus de subventions et d'allocations.

    Lu sur TF1 News:

    La direction de l'hôpital Nord de Marseille a porté plainte après des actes de violences survenus dimanche et lundi dans le service des urgences de cet établissement.

    Basta. Après des actes de violences survenus dimanche et lundi aux urgences de l'hôpital Nord de Marseille, la direction de l'établissement a porté plainte. Mardi, l'ensemble du personnel a exprimé son ras-le-bol face à la multiplication de ces actes. "Nous enregistrons malheureusement un accident par mois de cette gravité", a déploré le directeur de l'hôpital, Gilles Halimi.

Dimanche, un homme mécontent d'un certificat médical a menacé de mort et de représailles "avec une kalachnikov" le médecin qui l'avait reçu. Lundi, vers 5 heures un homme blessé avec son frère dans un accident de circulation, qui ne supportait pas d'attendre, a cassé une porte à coups de poing. La direction de l'hôpital et deux vigiles, qui ont été blessés dans l'altercation de lundi, ont porté plainte pour violences et dégradations.
 
"Ce sont des faits de plus en plus fréquents", a indiqué à l'AFP le Dr Philippe Jean, responsable du service accueil des urgences adultes. Le chef de service souligne que "la violence urbaine est désormais importée à l'hôpital. Il n'y a plus de respect de l'institution", a-t-il conclu. Dans les couloirs des urgences de l'établissement, situé dans les Quartiers nord, dans une zone parmi les plus défavorisées de Marseille, beaucoup de professionnels de santé confient avoir subi des violences verbales ou physiques. "Il y a quelques semaines, un patient n'était pas satisfait de son certificat médical, alors il m'a craché dessus. Il voulait une semaine de plus et a essayé de me frapper", raconte Maéva Delaveau, médecin urgentiste depuis 10 ans à Marseille, dénonçant des comportements "complètement délirants".

    Malheureusement, le cas de l'hôpital nord de Marseille n'est pas isolé. A l'échelle nationale,  5 760 faits de violence ont été signalés en 2011, selon les derniers chiffres de l'Observatoire national des violences en milieu de santé. Dans 51% des cas il s'agit de violences physiques, soit une hausse de 4% par rapport à 2010.

    http://rivarol.over-blog.com

  • Quand le mondialisme passe, l’emploi trépasse – par Pieter Kerstens

    Il y a déjà 15 ans, en mars 1997, la fermeture brutale de l’usine Renault à Vilvoorde en Belgique avait vu se profiler le consensus politique du lobby mondialiste. Depuis, les groupes Général Motors, Ford, Peugeot-Citroën ou Renault ont multiplié les fermetures de sites de fabrication et ce n’est pas terminé, étant donné que sur une centaine d’unités de production automobile en Europe, plus de 40 sont en surcapacité depuis de longs mois.
    Pour les élites politiques, il ne s’agit pas de vilipender la fermeture d’une usine, mais bien de stigmatiser hypocritement la manière inélégante, sans référence au monde ouvrier, des patrons de ces marques automobiles, MM Varain, Goshn & C°.
    N’oublions pas que depuis de très nombreuses années, les chefs d’États ou de gouvernements, les Chirac, Dehaene, Prodi, Zapatero, leurs copains de la Commission Européenne et leurs successeurs, ont été  les complices d’une politique d’ensemble qui s’est traduite par de larges et drastiques suppressions d’emplois, ainsi que par une atomisation des marchés nationaux au sein d’une conjoncture mondiale toujours plus contraignante. 
    Mais ce que ces valets du Nouvel Ordre Mondial ont réussi à nous cacher pendant des décennies éclate au nez et à la figure des peuples européens maintenant que la crise affecte profondément les familles et les structures de nos économies : le village mondial est une chimère et l’Organisation Mondiale du Commerce (ex-Gatt) l’instrument du bradage de produits de mauvaise qualité vendus à vil prix… dont le résultat est le chômage en Europe !
    Semaine après semaine, mois après mois, les travailleurs se rendent compte que « l’Europe du bien-être et de la prospérité », vantée par  les charlatans qui nous gouvernent depuis plus de 30 ans, n’est qu’un vaste leurre et bien évidemment que notre avenir et celui de nos enfants sera loin d’être rose. Bien au contraire, ces imbéciles aux commandes s’obstinent à gaspiller les deniers publics dans de fumeuses politiques « sociétales » et de « solidarité » afin de capter le vote de clients/électeurs qui seraient redevables de ces prébendes, pour les maintenir plus tard dans leurs fonctions rémunératrices.
    Pour ces saltimbanques de la gestion à courte vue, l’austérité ou la rigueur sont des anathèmes, des « provocations », des « insultes » aux travailleurs, bref en d’autres termes, inadéquats et impensables pour redresser la barre des finances publiques mises à mal par leur faute. Pourtant, ce sont quand même ces pourriticards et ces socialauds-humanistes qui ont conduit nos économies au fond du gouffre financier où nous sommes aujourd’hui. Ils ont et ont toujours eu la faculté  d’imposer, à temps, des mesures drastiques et certes impopulaires, mais  indispensables au redressement des entreprises nationales ou européennes.
    Il n’est pas trop tard pour tenir un langage de vérité ni pour sauver l’essentiel des structures sociales dans les pays européens, encore faudra-t-il trouver un certain courage politique pour éviter une catastrophe. En effet, peut-on refuser l’austérité pour favoriser la facilité ?
    En 1860, Abraham Lincoln déclarait devant le Congrès américain : «  Vous ne pouvez pas aider le salarié en anéantissant l’employeur. Vous ne pouvez pas aider le pauvre en ruinant le riche. Vous ne pouvez pas éviter les ennuis en dépensant plus que vous ne gagnez. »

    http://www.francepresseinfos.com/

  • Madone des sans-papiers, Duflot les loge à l'hôtel

     
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    elon la presse, l'hébergement d'urgence dans la seule Ile-de-France serait réservé entre 80 et 95 % à des étrangers en situation irrégulière. Duflot loge les clandestins dans des Hôtels à 150 euros… De plus, parce qu’ils refusent de « souiller » une mosquée on les met dans les Églises!
    Cela coûterait annuellement 410 millions d’euros, et Duflot réclame un plan d’urgence supplémentaire de 50 millions d’euros. Entre autres bonne idées, la Ministre du Logement suggère de régulariser les 8000 clandestins, ce qui, paraît-il, leur donnerait accès plus facilement à des logements sociaux. On croit rêver !!!¢
    Sur le sujet, voir aussi les articles du Gaulois

  • Les dessous de la mondialisation : Roumanie, exploitants à terre

    En 2004, le géant agroalimentaire américain Smithfield Food, le « king » du porc, s’installe en Roumanie. Il construit, rachète plus d’une cinquantaine de fermes, dont Comtim, ancienne structure d’État et étend ainsi son royaume dans l’abattage, la transformation et la distribution.

    Fort de son poids économique et des arguments séduisants adressés à la Communauté Européenne, il rafle les subventions attribuées à la modernisation des fermes d’élevage intensif de porcs roumains. Alimentation transgénique, méthode de croissance express, pollution des sols…Rien ne semble l’arrêter.

    Le rouleau compresseur américain Smithfield poursuit sa conquête, notamment en France. Aoste, Justin Bridou, Cochonou, Jean D’Erguet, Duc de Forez et bien d’autres sont déjà tombés dans son filet.


    Roumanie : exploitants à terre par _romegas

    http://fortune.fdesouche.com/

  • 1882 Qu'est-ce qu'une nation ?

    Le 11 mars 1882, Ernest Renan (1823-1892) prononce à la Sorbonne une conférence mémorable devant un public qui porte encore en lui la blessure de la défaite de 1870-1871 et la perte de l'Alsace et la Lorraine du Nord.

    Ex-séminariste devenu antireligieux et antichrétien, le grand philosophe républicain et laïc exalte une nation idéalisée fondée sur la volonté de chacun et l'oppose à la nation allemande fondée sur les liens culturels. Il dénonce avec justesse l'identification de la Nation à une race tout autant qu'à une langue ou une religion mais il retient pour la définir un double principe spirituel (attachement à un passé commun, désir de poursuivre l'aventure nationale ensemble). Est-ce un hasard si les Français contemporains de Renan pouvaient se reconnaître dans cette définition ? Les Français du XXIe siècle peuvent-ils encore s'y reconnaître ?...

    On peut confronter la définition quasi-religieuse de la Nation par Renan à la définition tempérée qu'en donnait Tocqueville, un demi-siècle plus tôt. L'auteur de De la démocratie en Amérique était encore imprégné du Siècle des Lumières (le XVIIIe) tandis que Renan annonce déjà le siècle des totalitarismes (le XXe).

    Qu'est-ce qu'une nation ? (conférence d'Ernest Renan à la Sorbonne, 11 mars 1882)

    Je me propose d'analyser avec vous une idée, claire en apparence, mais qui prête aux plus dangereux malentendus. Les formes de la société humaine sont des plus variées. Les grandes agglomérations d'hommes à la façon de la Chine, de l'Égypte, de la plus ancienne Babylonie ; - la tribu à la façon des Hébreux, des Arabes ; - la cité à la façon d'Athènes et de Sparte ; - les réunions de pays divers à la manière de l'Empire carlovingien ; - les communautés sans patrie, maintenues par le lien religieux, comme sont celles des israélites, des parsis ; - les nations comme la France, l'Angleterre et la plupart des modernes autonomies européennes ; - les confédérations à la façon de la Suisse, de l'Amérique ; - des parentés comme celles que la race, ou plutôt la langue, établit entre les différentes branches de Germains, les différentes branches de Slaves ; - voilà des modes de groupements qui tous existent, ou bien ont existé, et qu'on ne saurait confondre les uns avec les autres sans les plus sérieux inconvénients. À l'époque de la Révolution française, on croyait que les institutions de petites villes indépendantes, telles que Sparte et Rome, pouvaient s'appliquer à nos grandes nations de trente à quarante millions d'âmes. De nos jours, on commet une erreur plus grave : on confond la race avec la nation, et l'on attribue à des groupes ethnographiques ou plutôt linguistiques une souveraineté analogue à celle des peuples réellement existants. Tâchons d'arriver à quelque précision en ces questions difficiles, où la moindre confusion sur le sens des mots, à l'origine du raisonnement, peut produire à la fin les plus funestes erreurs. Ce que nous allons faire est délicat, c'est presque de la vivisection, nous allons traiter les vivants comme d'ordinaire on traite les morts. Nous y mettrons la froideur, l'impartialité la plus absolue.

    Chapitre 1

    Depuis la fin de l'Empire romain, ou, mieux, depuis la dislocation de l'Empire de Charlemagne, l'Europe occidentale nous apparaît divisée en nations, dont quelques-unes, à certaines époques, ont cherché à exercer une hégémonie sur les autres, sans jamais y réussir d'une manière durable. Ce que n'ont pu Charles-Quint, Louis XIV, Napoléon Ier, personne probablement ne le pourra dans l'avenir. L'établissement d'un nouvel Empire romain ou d'un nouvel Empire de Charlemagne est devenu une impossibilité. La division de l'Europe est trop grande pour qu'une tentative de domination universelle ne provoque pas très vite une coalition qui fasse rentrer la nation ambitieuse dans ses bornes naturelles. Une sorte d'équilibre est établi pour longtemps. La France, l'Angleterre, l'Allemagne, la Russie seront encore, dans des centaines d'années, et malgré les aventures qu'elles auront courues, des individualités historiques, les pièces essentielles d'un damier, dont les cases varient sans cesse d'importance et de grandeur, mais ne se confondent jamais tout à fait.

    Les nations, entendues de cette manière, sont quelque chose d'assez nouveau dans l'histoire. L'antiquité ne les connut pas : l'Égypte, la Chine, l'antique Chaldée ne furent à aucun degré des nations. C'étaient des troupeaux menés par un fils du Soleil, ou un fils du Ciel. Il n'y eut pas de citoyens égyptiens, pas plus qu'il n'y a de citoyens chinois. L'antiquité classique eut des républiques et des royautés municipales, des confédérations de républiques locales, des empires ; elle n'eut guère la nation au sens où nous la comprenons. Athènes, Sparte, Sidon, Tyr sont de petits centres d'admirable patriotisme ; mais ce sont des cités avec un territoire relativement restreint. La Gaule, l'Espagne, l'Italie, avant leur absorption dans l'Empire romain, étaient des ensembles de peuplades, souvent liguées entre elles, mais sans institutions centrales, sans dynasties. L'Empire assyrien, l'Empire persan, l'Empire d'Alexandre ne furent pas non plus des patries. Il n'y eut jamais de patriotes assyriens ; l'Empire persan fut une vaste féodalité. Pas une nation ne rattache ses origines à la colossale aventure d'Alexandre, qui fut cependant si riche en conséquences pour l'histoire générale de la civilisation.

    L'Empire romain fut bien plus près d'être une patrie. En retour de l'immense bienfait de la cessation des guerres, la domination romaine, d'abord si dure, fut bien vite aimée. Ce fut une grande association, synonyme d'ordre, de paix et de civilisation. Dans les derniers temps de l'Empire, il y eut, chez les âmes élevées, chez les évêques éclairés, chez les lettrés, un vrai sentiment de «la paix romaine», opposée au chaos menaçant de la barbarie. Mais un empire, douze fois grand comme la France actuelle, ne saurait former un État dans l'acception moderne. La scission de l'Orient et de l'Occident était inévitable. Les essais d'un empire gaulois, au IIIe siècle, ne réussirent pas. C'est l'invasion germanique qui introduisit dans le monde le principe qui, plus tard, a servi de base à l'existence des nationalités.

    Que firent les peuples germaniques, en effet, depuis leurs grandes invasions du Ve siècle jusqu'aux dernières conquêtes normandes au Xe ? Ils changèrent peu le fond des races mais ils imposèrent des dynasties et une aristocratie militaire à des parties plus ou moins considérables de l'ancien Empire d'Occident, lesquelles prirent le nom de leurs envahisseurs. De là une France, une Burgondie, une Lombardie ; plus tard, une Normandie. La rapide prépondérance que prit l'empire franc refait un moment l'unité de l'Occident ; mais cet empire se brise irrémédiablement vers le milieu du IXe siècle ; le traité de Verdun trace des divisions immuables en principe, et dès lors la France, l'Allemagne, l'Angleterre, l'Italie, l'Espagne s'acheminent, par des voies souvent détournées et à travers mille aventures, à leur pleine existence nationale, telle que nous la voyons s'épanouir aujourd'hui.

    Qu'est-ce qui caractérise, en effet, ces différents États ? C'est la fusion des populations qui les composent. Dans les pays que nous venons d'énumérer, rien d'analogue à ce que vous trouverez en Turquie, où le Turc, le Slave, le Grec, l'Arménien, l'Arabe, le Syrien, le Kurde sont aussi distincts aujourd'hui qu'au jour de la conquête. Deux circonstances essentielles contribuèrent à ce résultat. D'abord le fait que les peuples germaniques adoptèrent le christianisme dès qu'ils eurent des contacts un peu suivis avec les peuples grecs et latins. Quand le vainqueur et le vaincu sont de la même religion, ou plutôt, quand le vainqueur adopte la religion du vaincu, le système turc, la distinction absolue des hommes d'après la religion, ne peut plus se produire. La seconde circonstance fut, de la part des conquérants, l'oubli de leur propre langue. Les petits-fils de Clovis, d'Alaric, de Gondebaud, d'Alboïn, de Rollon, parlaient déjà roman. Ce fait était lui-même la conséquence d'une autre particularité importante ; c'est que les Francs, les Burgondes, les Goths, les Lombards, les Normands avaient très peu de femmes de leur race avec eux. Pendant plusieurs générations, les chefs ne se marient qu'avec des femmes germaines ; mais leurs concubines sont latines, les nourrices des enfants sont latines ; toute la tribu épouse des femmes latines ; ce qui fit que la lingua francica, la lingua gothica n'eurent, depuis l'établissement des Francs et des Goths en terres romaines, que de très courtes destinées. Il n'en fut pas ainsi en Angleterre ; car l'invasion anglo-saxonne avait sans doute des femmes avec elle ; la population bretonne s'enfuit, et, d'ailleurs, le latin n'était plus, ou même, ne fut jamais dominant dans la Bretagne. Si on eût généralement parlé gaulois dans la Gaule, au Ve siècle, Clovis et les siens n'eussent pas abandonné le germanique pour le gaulois.

    De là ce résultat capital que, malgré l'extrême violence des moeurs des envahisseurs germains, le moule qu'ils imposèrent devint, avec les siècles, le moule même de la nation. France devint très légitimement le nom d'un pays où n'était entrée qu'une imperceptible minorité de Francs. Au Xe siècle, dans les premières chansons de geste, qui sont un miroir si parfait de l'esprit du temps, tous les habitants de la France sont des Français. L'idée d'une différence de races dans la population de la France, si évidente chez Grégoire de Tours, ne se présente à aucun degré chez les écrivains et les poètes français postérieurs à Hugues Capet. La différence du noble et du vilain est aussi accentuée que possible ; mais la différence de l'un à l'autre n'est en rien une différence ethnique ; c'est une différence de courage, d'habitudes et d'éducation transmise héréditairement ; l'idée que l'origine de tout cela soit une conquête ne vient à personne. Le faux système d'après lequel la noblesse dut son origine à un privilège conféré par le roi pour de grands services rendus à la nation, si bien que tout noble est un anobli, ce système est établi comme un dogme dès le XIIIe siècle. La même chose se passa à la suite de presque toutes les conquêtes normandes. Au bout d'une ou deux générations, les envahisseurs normands ne se distinguaient plus du reste de la population ; leur influence n'en avait pas moins été profonde ; ils avaient donné au pays conquis une noblesse, des habitudes militaires, un patriotisme qu'il n'avait pas auparavant.

    L'oubli, et je dirai même l'erreur historique, sont un facteur essentiel de la création d'une nation, et c'est ainsi que le progrès des études historiques est souvent pour la nationalité un danger. L'investigation historique, en effet, remet en lumière les faits de violence qui se sont passés à l'origine de toutes les formations politiques, même de celles dont les conséquences ont été le plus bienfaisantes. L'unité se fait toujours brutalement ; la réunion de la France du Nord et de la France du Midi a été le résultat d'une extermination et d'une terreur continuée pendant près d'un siècle. Le roi de France, qui est, si j'ose le dire, le type idéal d'un cristallisateur séculaire ; le roi de France, qui a fait la plus parfaite unité nationale qu'il y ait ; le roi de France, vu de trop près, a perdu son prestige ; la nation qu'il avait formée l'a maudit, et, aujourd'hui, il n'y a que les esprits cultivés qui sachent ce qu'il valait et ce qu'il a fait.

    C'est par le contraste que ces grandes lois de l'histoire de l'Europe occidentale deviennent sensibles. Dans l'entreprise que le roi de France, en partie par sa tyrannie, en partie par sa justice, a si admirablement menée à terme, beaucoup de pays ont échoué. Sous la couronne de saint Étienne, les Magyars et les Slaves sont restés aussi distincts qu'ils l'étaient il y a huit cents ans. Loin de fondre les éléments divers de ses domaines, la maison de Habsbourg les a tenus distincts et souvent opposés les uns aux autres. En Bohême, l'élément tchèque et l'élément allemand sont superposés comme l'huile et l'eau dans un verre. La politique turque de la séparation des nationalités d'après la religion a eu de bien plus graves conséquences : elle a causé la ruine de l'Orient. Prenez une ville comme Salonique ou Smyrne, vous y trouverez cinq ou six communautés dont chacune a ses souvenirs et qui n'ont entre elles presque rien en commun. Or l'essence d'une nation est que tous les individus aient beaucoup de choses en commun, et aussi que tous aient oublié bien des choses. Aucun citoyen français ne sait s'il est burgonde, alain, taïfale, visigoth ; tout citoyen français doit avoir oublié la Saint-Barthélemy, les massacres du Midi au XIIIe siècle. Il n'y a pas en France dix familles qui puissent fournir la preuve d'une origine franque, et encore une telle preuve serait-elle essentiellement défectueuse, par suite de mille croisements inconnus qui peuvent déranger tous les systèmes des généalogistes.

    La nation moderne est donc un résultat historique amené par une série de faits convergeant dans le même sens. Tantôt l'unité a été réalisée par une dynastie, comme c'est le cas pour la France ; tantôt elle l'a été par la volonté directe des provinces, comme c'est le cas pour la Hollande, la Suisse, la Belgique ; tantôt par un esprit général, tardivement vainqueur des caprices de la féodalité, comme c'est le cas pour l'Italie et l'Allemagne. Toujours une profonde raison d'être a présidé à ces formations. Les principes, en pareils cas, se font jour par les surprises les plus inattendues. Nous avons vu, de nos jours, l'Italie unifiée par ses défaites, et la Turquie démolie par ses victoires. Chaque défaite avançait les affaires de l'Italie ; chaque victoire perdait la Turquie ; car l'Italie est une nation, et la Turquie, hors de l'Asie Mineure, n'en est pas une. C'est la gloire de la France d'avoir, par la Révolution française, proclamé qu'une nation existe par elle-même. Nous ne devons pas trouver mauvais qu'on nous imite. Le principe des nations est le nôtre. Mais qu'est-ce donc qu'une nation ? Pourquoi la Hollande est-elle une nation, tandis que le Hanovre ou le grand-duché de Parme n'en sont pas une ? Comment la France persiste-t-elle à être une nation, quand le principe qui l'a créée a disparu ? Comment la Suisse, qui a trois langues, deux religions, trois ou quatre races, est-elle une nation, quand la Toscane, par exemple, qui est si homogène, n'en est pas une ? Pourquoi l'Autriche est-elle un État et non pas une nation ? En quoi le principe des nationalités diffère-t-il du principe des races ? Voilà des points sur lesquels un esprit réfléchi tient à être fixé, pour se mettre d'accord avec lui-même. Les affaires du monde ne se règlent guère par ces sortes de raisonnements mais les hommes appliqués veulent porter en ces matières quelque raison et démêler les confusions où s'embrouillent les esprits superficiels.

    Chapitre 2

    À entendre certains théoriciens politiques, une nation est avant tout une dynastie, représentant une ancienne conquête, conquête acceptée d'abord, puis oubliée par la masse du peuple. Selon les politiques dont je parle, le groupement de provinces effectué par une dynastie, par ses guerres, par ses mariages, par ses traités, finit avec la dynastie qui l'a formé. Il est très vrai que la plupart des nations modernes ont été faites par une famille d'origine féodale, qui a contracté mariage avec le sol et qui a été en quelque sorte un noyau de centralisation. Les limites de la France en 1789 n'avaient rien de naturel ni de nécessaire. La large zone que la maison capétienne avait ajoutée à l'étroite lisière du traité de Verdun fut bien l'acquisition personnelle de cette maison. À l'époque où furent faites les annexions, on n'avait l'idée ni des limites naturelles, ni du droit des nations, ni de la volonté des provinces. La réunion de l'Angleterre, de l'Irlande et de l'Écosse fut de même un fait dynastique. L'Italie n'a tardé si longtemps à être une nation que parce que, parmi ses nombreuses maisons régnantes, aucune, avant notre siècle, ne se fit le centre de l'unité. Chose étrange, c'est à l'obscure île de Sardaigne, terre à peine italienne, qu'elle a pris un titre royal. La Hollande, qui s'est créée elle-même, par un acte d'héroïque résolution, a néanmoins contracté un mariage intime avec la maison d'Orange, et elle courrait de vrais dangers le jour où cette union serait compromise.

    Une telle loi, cependant, est-elle absolue ? Non, sans doute. La Suisse et les États-Unis, qui se sont formés comme des conglomérats d'additions successives, n'ont aucune base dynastique. Je ne discuterai pas la question en ce qui concerne la France. Il faudrait avoir le secret de l'avenir. Disons seulement que cette grande royauté française avait été si hautement nationale, que, le lendemain de sa chute, la nation a pu tenir sans elle. Et puis le XVIIIe siècle avait changé toute chose. L'homme était revenu, après des siècles d'abaissement, à l'esprit antique, au respect de lui-même, à l'idée de ses droits. Les mots de patrie et de citoyen avaient repris leur sens. Ainsi a pu s'accomplir l'opération la plus hardie qui ait été pratiquée dans l'histoire, opération que l'on peut comparer à ce que serait, en physiologie, la tentative de faire vivre en son identité première un corps à qui l'on aurait enlevé le cerveau et le coeur.

    Il faut donc admettre qu'une nation peut exister sans principe dynastique, et même que des nations qui ont été formées par des dynasties peuvent se séparer de cette dynastie sans pour cela cesser d'exister. Le vieux principe qui ne tient compte que du droit des princes ne saurait plus être maintenu ; outre le droit dynastique, il y a le droit national. Ce droit national, sur quel critérium le fonder ? à quel signe le connaître ? de quel fait tangible le faire dériver ?

    I. - De la race, disent plusieurs avec assurance.
    Les divisions artificielles, résultant de la féodalité, des mariages princiers, des congrès de diplomates, sont caduques. Ce qui reste ferme et fixe, c'est la race des populations. Voilà ce qui constitue un droit, une légitimité. La famille germanique, par exemple, selon la théorie que j'expose, a le droit de reprendre les membres épars du germanisme, même quand ces membres ne demandent pas à se rejoindre. Le droit du germanisme sur telle province est plus fort que le droit des habitants de cette province sur eux-mêmes. On crée ainsi une sorte de droit primordial analogue à celui des rois de droit divin ; au principe des nations on substitue celui de l'ethnographie. C'est là une très grande erreur, qui, si elle devenait dominante, perdrait la civilisation européenne. Autant le principe des nations est juste et légitime, autant celui du droit primordial des races est étroit et plein de danger pour le véritable progrès.

    Dans la tribu et la cité antiques, le fait de la race avait, nous le reconnaissons, une importance de premier ordre. La tribu et la cité antiques n'étaient qu'une extension de la famille. À Sparte, à Athènes, tous les citoyens étaient parents à des degrés plus ou moins rapprochés. Il en était de même chez les Beni-Israël ; il en est encore ainsi dans les tribus arabes. D'Athènes, de Sparte, de la tribu israélite, transportons-nous dans l'Empire romain. La situation est tout autre. Formée d'abord par la violence, puis maintenue par l'intérêt, cette grande agglomération de villes, de provinces absolument différentes, porte à l'idée de race le coup le plus grave. Le christianisme, avec son caractère universel et absolu, travaille plus efficacement encore dans le même sens. Il contracte avec l'Empire romain une alliance intime, et, par l'effet de ces deux incomparables agents d'unification, la raison ethnographique est écartée du gouvernement des choses humaines pour des siècles.

    L'invasion des barbares fut, malgré les apparences, un pas de plus dans cette voie. Les découpures de royaumes barbares n'ont rien d'ethnographique ; elles sont réglées par la force ou le caprice des envahisseurs. La race des populations qu'ils subordonnaient était pour eux la chose la plus indifférente. Charlemagne refit à sa manière ce que Rome avait déjà fait : un empire unique composé des races les plus diverses ; les auteurs du traité de Verdun, en traçant imperturbablement leurs deux grandes lignes du nord au sud, n'eurent pas le moindre souci de la race des gens qui se trouvaient à droite ou à gauche. Les mouvements de frontière qui s'opérèrent dans la suite du Moyen Âge furent aussi en dehors de toute tendance ethnographique. Si la politique suivie de la maison capétienne est arrivée à grouper à peu près, sous le nom de France, les territoires de l'ancienne Gaule, ce n'est pas là un effet de la tendance qu'auraient eue ces pays à se rejoindre à leurs congénères. Le Dauphiné, la Bresse, la Provence, la Franche-Comté ne se souvenaient plus d'une origine commune. Toute conscience gauloise avait péri dès le IIe siècle de notre ère, et ce n'est que par une vue d'érudition que, de nos jours, on a retrouvé rétrospectivement l'individualité du caractère gaulois.

    La considération ethnographique n'a donc été pour rien dans la constitution des nations modernes. La France est celtique, ibérique, germanique. L'Allemagne est germanique, celtique et slave. L'Italie est le pays où l'ethnographie est la plus embarrassée. Gaulois, Étrusques, Pélasges, Grecs, sans parler de bien d'autres éléments, s'y croisent dans un indéchiffrable mélange. Les îles Britanniques, dans leur ensemble, offrent un mélange de sang celtique et germain dont les proportions sont singulièrement difficiles à définir.

    La vérité est qu'il n'y a pas de race pure et que faire reposer la politique sur l'analyse ethnographique, c'est la faire porter sur une chimère. Les plus nobles pays, l'Angleterre, la France, l'Italie, sont ceux où le sang est le plus mêlé. L'Allemagne fait-elle à cet égard une exception ? Est-elle un pays germanique pur ? Quelle illusion ! Tout le Sud a été gaulois. Tout l'Est, à partir d'Elbe, est slave. Et les parties que l'on prétend réellement pures le sont-elles en effet ? Nous touchons ici à un des problèmes sur lesquels il importe le plus de se faire des idées claires et de prévenir les malentendus.

    Les discussions sur les races sont interminables, parce que le mot race est pris par les historiens philologues et par les anthropologistes physiologistes dans deux sens tout à fait différents. Pour les anthropologistes, la race a le même sens qu'en zoologie ; elle indique une descendance réelle, une parenté par le sang. Or l'étude des langues et de l'histoire ne conduit pas aux mêmes divisions que la physiologie. Les mots des brachycéphales, de dolichocéphales n'ont pas de place en histoire ni en philologie. Dans le groupe humain qui créa les langues et la discipline aryennes, il y avait déjà des brachycéphales et des dolichocéphales. Il en faut dire autant du groupe primitif qui créa les langues et l'institution dites sémitiques. En d'autres termes, les origines zoologiques de l'humanité sont énormément antérieures aux origines de la culture, de la civilisation, du langage. Les groupes aryen primitif, sémitique primitif, touranien primitif n'avaient aucune unité physiologique. Ces groupements sont des faits historiques qui ont eu lieu à une certaine époque, mettons il y a quinze ou vingt mille ans, tandis que l'origine zoologique de l'humanité se perd dans des ténèbres incalculables. Ce qu'on appelle philologiquement et historiquement la race germanique est sûrement une famille bien distincte dans l'espèce humaine. Mais est-ce là une famille au sens anthropologique ? Non, assurément. L'apparition de l'individualité germanique dans l'histoire ne se fait que très peu de siècles avant Jésus-Christ. Apparemment les Germains ne sont pas sortis de terre à cette époque. Avant cela, fondus avec les Slaves dans la grande masse indistincte des Scythes, ils n'avaient pas leur individualité à part. Un Anglais est bien un type dans l'ensemble de l'humanité. Or le type de ce qu'on appelle très improprement la race anglo-saxonne n'est ni le Breton du temps de César, ni l'Anglo-Saxon de Hengist, ni le Danois de Knut, ni le Normand de Guillaume le Conquérant ; c'est la résultante de tout cela. Le Français n'est ni un Gaulois, ni un Franc, ni un Burgonde. Il est ce qui est sorti de la grande chaudière où, sous la présidence du roi de France, ont fermenté ensemble les éléments les plus divers. Un habitant de Jersey ou de Guernesey ne diffère en rien, pour les origines, de la population normande de la côte voisine. Au XIe siècle, l'oeil le plus pénétrant n'eut pas saisi des deux côtés du canal la plus légère différence. D'insignifiantes circonstances font que Philippe-Auguste ne prend pas ces îles avec le reste de la Normandie. Séparées les unes des autres depuis près de sept cents ans, les deux populations sont devenues non seulement étrangères les unes aux autres, mais tout à fait dissemblables. La race, comme nous l'entendons, nous autres, historiens, est donc quelquechose qui se fait et se défait. L'étude de la race est capitale pour le savant qui s'occupe de l'histoire de l'humanité. Elle n'a pas d'application en politique. La conscience instinctive qui a présidé à la confection de la carte d'Europe n'a tenu aucun compte de la race, et les premières nations de l'Europe sont des nations de sang essentiellement mélangé.

    Le fait de la race, capital à l'origine, va donc toujours perdant de son importance. L'histoire humaine diffère essentiellement de la zoologie. La race n'y est pas tout, comme chez les rongeurs ou les félins, et on n'a pas le droit d'aller par le monde tâter le crâne des gens, puis les prendre à la gorge en leur disant : «Tu es notre sang ; tu nous appartiens !» En dehors des caractères anthropologiques, il y a la raison, la justice, le vrai, le beau, qui sont les mêmes pour tous. Tenez, cette politique ethnographique n'est pas sûre. Vous l'exploitez aujourd'hui contre les autres ; puis vous la voyez se tourner contre vous-mêmes. Est-il certain que les Allemands, qui ont élevé si haut le drapeau de l'ethnographie, ne verront pas les Slaves venir analyser, à leur tour, les noms des villages de la Saxe et de la Lusace, rechercher les traces des Wiltzes ou des Obotrites, et demander compte des massacres et des ventes en masse que les Othons firent de leurs aïeux ? Pour tous il est bon de savoir oublier.

    J'aime beaucoup l'ethnographie ; c'est une science d'un rare intérêt ; mais, comme je la veux libre, je la veux sans application politique. En ethnographie, comme dans toutes les études, les systèmes changent ; c'est la condition du progrès. Les limites des États suivraient les fluctuations de la science. Le patriotisme dépendrait d'une dissertation plus ou moins paradoxale. On viendrait dire au patriote : «Vous vous trompiez ; vous versiez votre sang pour telle cause ; vous croyiez être celte ; non, vous êtes germain». Puis, dix ans après, on viendra vous dire que vous êtes slave. Pour ne pas fausser la science, dispensons-la de donner un avis dans ces problèmes, où sont engagés tant d'intérêts. Soyez sûrs que, si on la charge de fournir des éléments à la diplomatie, on la surprendra bien des fois en flagrant délit de complaisance. Elle a mieux à faire : demandons-lui tout simplement la vérité.

    II . - Ce que nous venons de dire de la race, il faut le dire de la langue.
    La langue invite à se réunir ; elle n'y force pas. Les États-Unis et l'Angleterre, l'Amérique espagnole et l'Espagne parlent la même langue et ne forment pas une seule nation. Au contraire, la Suisse, si bien faite, puisqu'elle a été faite par l'assentiment de ses différentes parties, compte trois ou quatre langues. Il y a dans l'homme quelque chose de supérieur à la langue : c'est la volonté. La volonté de la Suisse d'être unie, malgré la variété de ses idiomes, est un fait bien plus important qu'une similitude souvent obtenue par des vexations.

    Un fait honorable pour la France, c'est qu'elle n'a jamais cherché à obtenir l'unité de la langue par des mesures de coercition. Ne peut-on pas avoir les mêmes sentiments et les mêmes pensées, aimer les mêmes choses en des langages différents ? Nous parlions tout à l'heure de l'inconvénient qu'il y aurait à faire dépendre la politique internationale de l'ethnographie. Il n'y en aurait pas moins à la faire dépendre de la philologie comparée. Laissons à ces intéressantes études l'entière liberté de leurs discussions ; ne les mêlons pas à ce qui en altérerait la sérénité. L'importance politique qu'on attache aux langues vient de ce qu'on les regarde comme des signes de race. Rien de plus faux. La Prusse, où l'on ne parle plus qu'allemand, parlait slave il y a quelques siècles ; le pays de Galles parle anglais ; la Gaule et l'Espagne parlent l'idiome primitif d'Albe la Longue ; l'Égypte parle arabe ; les exemples sont innombrables. Même aux origines, la similitude de langue n'entraînait pas la similitude de race. Prenons la tribu proto-aryenne ou proto-sémite ; il s'y trouvait des esclaves, qui parlaient la même langue que leurs maîtres ; or l'esclave était alors bien souvent d'une race différente de celle de son maître. Répétons-le : ces divisions de langues indo-européennes, sémitiques et autres, créées avec une si admirable sagacité par la philologie comparée, ne coïncident pas avec les divisions de l'anthropologie. Les langues sont des formations historiques, qui indiquent peu de choses sur le sang de ceux qui les parlent, et qui, en tout cas, ne sauraient enchaîner la liberté humaine quand il s'agit de déterminer la famille avec laquelle on s'unit pour la vie et pour la mort.

    Cette considération exclusive de la langue a, comme l'attention trop forte donnée à la race, ses dangers, ses inconvénients. Quand on y met de l'exagération, on se renferme dans une culture déterminée, tenue pour nationale ; on se limite, on se claquemure. On quitte le grand air qu'on respire dans le vaste champ de l'humanité pour s'enfermer dans des conventicules de compatriotes. Rien de plus mauvais pour l'esprit ; rien de plus fâcheux pour la civilisation. N'abandonnons pas ce principe fondamental, que l'homme est un être raisonnable et moral, avant d'être parqué dans telle ou telle langue, avant d'être un membre de telle ou telle race, un adhérent de telle ou telle culture. Avant la culture française, la culture allemande, la culture italienne, il y a la culture humaine. Voyez les grands hommes de la Renaissance ; ils n'étaient ni français, ni italiens, ni allemands. Ils avaient retrouvé, par leur commerce avec l'antiquité, le secret de l'éducation véritable de l'esprit humain, et ils s'y dévouaient corps et âme. Comme ils firent bien !

    III. - La religion ne saurait non plus offrir une base suffisante à l'établissement d'une nationalité moderne.
    À l'origine, la religion tenait à l'existence même du groupe social. Le groupe social était une extension de la famille. La religion, les rites étaient des rites de famille. La religion d'Athènes, c'était le culte d'Athènes même, de ses fondateurs mythiques, de ses lois, de ses usages. Elle n'impliquait aucune théologie dogmatique. Cette religion était, dans toute la force du terme, une religion d'État. On n'était pas athénien si on refusait de la pratiquer. C'était au fond le culte de l'Acropole personnifiée. Jurer sur l'autel d'Aglaure, c'était prêter le serment de mourir pour la patrie. Cette religion était l'équivalent de ce qu'est chez nous l'acte de tirer au sort, ou le culte du drapeau. Refuser de participer à un tel culte était comme serait dans nos sociétés modernes refuser le service militaire. C'était déclarer qu'on n'était pas athénien. D'un autre côté, il est clair qu'un tel culte n'avait pas de sens pour celui qui n'était pas d'Athènes ; aussi n'exerçait-on aucun prosélytisme pour forcer des étrangers à l'accepter ; les esclaves d'Athènes ne le pratiquaient pas. Il en fut de même dans quelques petites républiques du Moyen Âge. On n'était pas bon vénitien si l'on ne jurait point par saint Marc ; on n'était pas bon amalfitain si l'on ne mettait pas saint André au-dessus de tous les autres saints du paradis. Dans ces petites sociétés, ce qui a été plus tard persécution, tyrannie, était légitime et tirait aussi peu à conséquence que le fait chez nous de souhaiter la fête au père de famille et de lui adresser des voeux au premier jour de l'an.

    Ce qui était vrai à Sparte, à Athènes, ne l'était déjà plus dans les royaumes sortis de la conquête d'Alexandre, ne l'était surtout plus dans l'Empire romain. Les persécutions d'Antiochus Épiphane pour amener l'Orient au culte de Jupiter Olympien, celles de l'Empire romain pour maintenir une prétendue religion d'État furent une faute, un crime, une véritable absurdité. De nos jours, la situation est parfaitement claire. Il n'y a plus de masses croyant d'une manière uniforme. Chacun croit et pratique à sa guise, ce qu'il peut, comme il veut. Il n'y a plus de religion d'État ; on peut être français, anglais, allemand, en étant catholique, protestant, israélite, en ne pratiquant aucun culte. La religion est devenue chose individuelle ; elle regarde la conscience de chacun. La division des nations en catholiques, protestantes, n'existe plus. La religion, qui, il y a cinquante-deux ans, était un élément si considérable dans la formation de la Belgique, garde toute son importance dans le for intérieur de chacun ; mais elle est sortie presque entièrement des raisons qui tracent les limites des peuples.

    IV. - La communauté des intérêts est assurément un lien puissant entre les hommes.
    Les intérêts, cependant, suffisent-ils à faire une nation ? Je ne le crois pas. La communauté des intérêts fait les traités de commerce. Il y a dans la nationalité un côté de sentiment ; elle est âme et corps à la fois ; un Zollverein n'est pas une patrie.

    V. - La géographie, ce qu'on appelle les frontières naturelles, a certainement une part considérable dans la division des nations.
    La géographie est un des facteurs essentiels de l'histoire. Les rivières ont conduit les races ; les montagnes les ont arrêtées. Les premières ont favorisé, les secondes ont limité les mouvements historiques. Peut-on dire cependant, comme le croient certains partis, que les limites d'une nation sont écrites sur la carte et que cette nation a le droit de s'adjuger ce qui est nécessaire pour arrondir certains contours, pour atteindre telle montagne, telle rivière, à laquelle on prête une sorte de faculté limitante a priori ? Je ne connais pas de doctrine plus arbitraire ni plus funeste. Avec cela, on justifie toutes les violences. Et, d'abord, sont-ce les montagnes ou bien sont-ce les rivières qui forment ces prétendues frontières naturelles ? Il est incontestable que les montagnes séparent ; mais les fleuves réunissent plutôt. Et puis toutes les montagnes ne sauraient découper des États. Quelles sont celles qui séparent et celles qui ne séparent pas ? De Biarritz à Tornea, il n'y a pas une embouchure de fleuve qui ait plus qu'une autre un caractère bornal. Si l'histoire l'avait voulu, la Loire, la Seine, la Meuse, l'Elbe, l'Oder auraient, autant que le Rhin, ce caractère de frontière naturelle qui a fait commettre tant d'infractions au droit fondamental, qui est la volonté des hommes. On parle de raisons stratégiques. Rien n'est absolu ; il est clair que bien des concessions doivent être faites à la nécessité. Mais il ne faut pas que ces concessions aillent trop loin. Autrement, tout le monde réclamera ses convenances militaires, et ce sera la guerre sans fin. Non, ce n'est pas la terre plus que la race qui fait une nation. La terre fournit le substratum, le champ de la lutte et du travail ; l'homme fournit l'âme. L'homme est tout dans la formation de cette chose sacrée qu'on appelle un peuple. Rien de matériel n'y suffit. Une nation est un principe spirituel, résultant des complications profondes de l'histoire, une famille spirituelle, non un groupe déterminé par la configuration du sol.

    Nous venons de voir ce qui ne suffit pas à créer un tel principe spirituel : la race, la langue, les intérêts, l'affinité religieuse, la géographie, les nécessités militaires. Que faut-il donc en plus ? Par suite de ce qui a été dit antérieurement, je n'aurai pas désormais à retenir bien longtemps votre attention.

    Chapitre 3

    Une nation est une âme, un principe spirituel. Deux choses qui, à vrai dire, n'en font qu'une, constituent cette âme, ce principe spirituel. L'une est dans le passé, l'autre dans le présent. L'une est la possession en commun d'un riche legs de souvenirs ; l'autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l'héritage qu'on a reçu indivis. L'homme, Messieurs, ne s'improvise pas. La nation, comme l'individu, est l'aboutissant d'un long passé d'efforts, de sacrifices et de dévouements. Le culte des ancêtres est de tous le plus légitime ; les ancêtres nous ont fait ce que nous sommes. Un passé héroïque, des grands hommes, de la gloire (j'entends de la véritable), voilà le capital social sur lequel on assied une idée nationale. Avoir des gloires communes dans le passé, une volonté commune dans le présent ; avoir fait de grandes choses ensemble, vouloir en faire encore, voilà les conditions essentielles pour être un peuple. On aime en proportion des sacrifices qu'on a consentis, des maux qu'on a soufferts. On aime la maison qu'on a bâtie et qu'on transmet. Le chant spartiate : «Nous sommes ce que vous fûtes ; nous serons ce que vous êtes» est dans sa simplicité l'hymne abrégé de toute patrie.

    Dans le passé, un héritage de gloire et de regrets à partager, dans l'avenir un même programme à réaliser ; avoir souffert, joui, espéré ensemble, voilà ce qui vaut mieux que des douanes communes et des frontières conformes aux idées stratégiques ; voilà ce que l'on comprend malgré les diversités de race et de langue. Je disais tout à l'heure : «avoir souffert ensemble»  ; oui, la souffrance en commun unit plus que la joie. En fait de souvenirs nationaux, les deuils valent mieux que les triomphes, car ils imposent des devoirs, ils commandent l'effort en commun.

    Une nation est donc une grande solidarité, constituée par le sentiment des sacrifices qu'on a faits et de ceux qu'on est disposé à faire encore. Elle suppose un passé ; elle se résume pourtant dans le présent par un fait tangible : le consentement, le désir clairement exprimé de continuer la vie commune. L'existence d'une nation est (pardonnez-moi cette métaphore) un plébiscite de tous les jours, comme l'existence de l'individu est une affirmation perpétuelle de vie. Oh ! je le sais, cela est moins métaphysique que le droit divin, moins brutal que le droit prétendu historique. Dans l'ordre d'idées que je vous soumets, une nation n'a pas plus qu'un roi le droit de dire à une province : «Tu m'appartiens, je te prends». Une province, pour nous, ce sont ses habitants ; si quelqu'un en cette affaire a droit d'être consulté, c'est l'habitant. Une nation n'a jamais un véritable intérêt à s'annexer ou à retenir un pays malgré lui. Le voeu des nations est, en définitive, le seul critérium légitime, celui auquel il faut toujours en revenir.

    Nous avons chassé de la politique les abstractions métaphysiques et théologiques. Que reste-t-il, après cela ? Il reste l'homme, ses désirs, ses besoins. La sécession, me direz-vous, et, à la longue, l'émiettement des nations sont la conséquence d'un système qui met ces vieux organismes à la merci de volontés souvent peu éclairées. Il est clair qu'en pareille matière aucun principe ne doit être poussé à l'excès. Les vérités de cet ordre ne sont applicables que dans leur ensemble et d'une façon très générale. Les volontés humaines changent ; mais qu'est-ce qui ne change pas ici-bas ? Les nations ne sont pas quelque chose d'éternel. Elles ont commencé, elles finiront. La confédération européenne, probablement, les remplacera. Mais telle n'est pas la loi du siècle où nous vivons. À l'heure présente, l'existence des nations est bonne, nécessaire même. Leur existence est la garantie de la liberté, qui serait perdue si le monde n'avait qu'une loi et qu'un maître.

    Par leurs facultés diverses, souvent opposées, les nations servent à l'oeuvre commune de la civilisation ; toutes apportent une note à ce grand concert de l'humanité, qui, en somme, est la plus haute réalité idéale que nous atteignions. Isolées, elles ont leurs parties faibles. Je me dis souvent qu'un individu qui aurait les défauts tenus chez les nations pour des qualités, qui se nourrirait de vaine gloire ; qui serait à ce point jaloux, égoïste, querelleur ; qui ne pourrait rien supporter sans dégainer, serait le plus insupportable des hommes. Mais toutes ces dissonances de détail disparaissent dans l'ensemble. Pauvre humanité, que tu as souffert ! que d'épreuves t'attendent encore ! Puisse l'esprit de sagesse te guider pour te préserver des innombrables dangers dont ta route est semée !

    Je me résume, Messieurs. L'homme n'est esclave ni de sa race, ni de sa langue, ni de sa religion, ni du cours des fleuves, ni de la direction des chaînes de montagnes. Une grande agrégation d'hommes, saine d'esprit et chaude de coeur, crée une conscience morale qui s'appelle une nation. Tant que cette conscience morale prouve sa force par les sacrifices qu'exige l'abdication de l'individu au profit d'une communauté, elle est légitime, elle a le droit d'exister. Si des doutes s'élèvent sur ses frontières, consultez les populations disputées. Elles ont bien le droit d'avoir un avis dans la question. Voilà qui fera sourire les transcendants de la politique, ces infaillibles qui passent leur vie à se tromper et qui, du haut de leurs principes supérieurs, prennent en pitié notre terre à terre. «Consulter les populations, fi donc ! quelle naïveté ! Voilà bien ces chétives idées françaises qui prétendent remplacer la diplomatie et la guerre par des moyens d'une simplicité enfantine». - Attendons, Messieurs ; laissons passer le règne des transcendants ; sachons subir le dédain des forts. Peut-être, après bien des tâtonnements infructueux, reviendra-t-on à nos modestes solutions empiriques. Le moyen d'avoir raison dans l'avenir est, à certaines heures, de savoir se résigner à être démodé.

    http://www.herodote.net

  • Une République démunie face à une mondialisation incontrôlée.

    Face à la mondialisation présente, cette mondialisation trop souvent sans frein ni morale, et si bien représentée par ce dirigeant états-unien cynique et brutal de Titan, M. Taylor, qui insultait dernièrement les ouvriers français dans un courrier au ministre Arnaud Montebourg et prône le servage brutal des travailleurs, que fait, que peut faire la République ? En fait, il semble qu’elle soit bien démunie et que, dans la plupart des cas et au sein même de ses élites, la mondialisation apparaisse comme une fatalité, hier satisfaisante et aujourd’hui tragique mais « nécessaire » : il n’y a plus de réflexion ni d’action politique qui puisse l’arrêter, si l’on en croit leurs dires. Il faut juste s’y adapter et en faire, malgré tout, « une chance », entend-on dans les cénacles économiques et politiques…

    Mais cette fameuse « adaptation », autre nom du fatalisme et non pas du pragmatisme, se fait d’abord au détriment du « social » et des plus faibles ou fragiles dans la sphère économique, mais aussi des règles qui, jusque là, permettaient de partager les fruits de la croissance ou de les redistribuer de façon plus ou moins équitable. Bien sûr, il ne s’agit pas de tomber dans l’angélisme d’un péremptoire « c’était mieux avant » ou d’un modèle social français qui aurait été l’idéal absolu, mais de reconnaître les acquis d’une histoire sociale qui, en France, sont nés en réaction et surtout en réparation de notre « 1791 », ce « 1791 » si néfaste sur le plan de l’organisation et de la défense sociales. C’est d’ailleurs ce combat social incessant, long, fastidieux, parfois violent, qui a permis aux travailleurs de ce pays de retrouver une dignité que la Révolution libérale de 1791 leur avait volée ou interdite, mais aussi de profiter des fruits des « Trente glorieuses », parfois, d’ailleurs, au détriment de leur propre identité de producteur et à l’avantage de leur seule qualité de consommateur. Tout était-il juste dans cette lutte ? Sans doute pas, et les erreurs furent nombreuses, parce que les guides de celle que l’on nommait alors la classe ouvrière étaient souvent des idéologues plus que des syndicalistes au sens noble du terme, et qu’ils ont méconnu les risques d’une société de consommation qui, basée sur une croissance considérée comme éternelle et infinie, est plus destructrice et déracinante que ses publicités ne le laissent entendre et comprendre… La séduction de la marchandise, symbolisée par la voiture, la télé et le réfrigérateur, et autorisée par le crédit à la consommation, a permis à la mondialisation de s’imposer comme une « nécessité » pour mieux préparer et pérenniser la dépendance des populations à la consommation permanente et toujours renouvelée : un moyen d’étouffer les révoltes politiques et de dévaluer le politique au profit de l’économique et de son symbole et maître absolu, l’Argent, celui qui désormais anime les sociétés et, même, les nourrit plus encore que la production agricole elle-même, cette dernière étant ainsi prisonnière des jeux du Marché agroalimentaire, parfois au risque même de la santé publique…

    La République est, depuis sa création et malgré quelques exceptions d’autant plus remarquables qu’elles furent rares, liée aux oligarchies d’argent et à leurs intérêts : de Danton à nos jours, elle n’a cessé d’entretenir des relations douteuses avec le monde des puissances industrielles et financières, au risque de mélanger les genres et les comptes, et elle a souvent oublié ses devoirs sociaux ou elle n’y a répondu que par une démagogie méprisable… C’est souvent contre son propre gré qu’elle a fait ou accepté des réformes sociales qui ont permis d’améliorer le sort des travailleurs, entrepreneurs, ouvriers ou paysans, mais elle n’a pas oublié, par contre, de se faire toujours plus gourmande en taxes et impôts pour contenter ses clientèles vassalisées.

    Face à la République de l'Argent, le royalisme social, celui des réalités socioprofessionnelles.

    Aujourd’hui, les caisses de l’Etat sont désespérément vides, et les dettes, accumulées par une gestion maladroite et parfois malsaine, se font de plus en plus lourdes, à l’heure où les créanciers de la mondialisation se font, eux, de plus en plus pressants, et que l’Union européenne, d’inspiration libérale et si peu sociale malgré ses fondateurs démocrates-chrétiens, en appelle aux « nécessaires réformes de structures » qui ne sont rien d’autre que le démantèlement de celles des Etats au profit des grandes entreprises, des établissements financiers et des grands actionnaires, et au détriment des équilibres sociaux déjà fragilisés par la fin des « Trente glorieuses ». Le transfert des richesses des pays d’Europe et de la France vers les nouvelles puissances émergées et vers les pays pétroliers ou gaziers (comme le petit Qatar aux grandes ambitions sportives…) se traduit par un appauvrissement réel et parfois inquiétant, voire dramatique pour certaines catégories de nos concitoyens, de notre pays et de sa population en général. Il faut évidemment tenir compte de ses données lorsqu’il s’agit de réfléchir à ce que pourrait faire un « autre régime » que l’actuelle oligarchie, baptisée République, aujourd’hui au pouvoir.

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  • Pas touche aux gamellards, cachons les sujets qui fâchent… et tapons les Français !

    Au plus bas dans les sondages, François Hollande inaugurait hier à Dijon la série de déplacements que ses communicants ont prévu en province dans les prochains mois. Cette stratégie de reconquête de l’opinion sera-t-elle efficace? En terre socialiste, chez son ami François Rebsamen, et malgré une visite dans un quartier pluriel soigneusement orchestré, avec son lot de figurants rameutés pour faire la claque, le chef de l’Etat a pu mesurer une hostilité et un désespoir palpables;  la déception engendrée par sa politique européiste peu ou prou identique à celle de son prédécesseur…

     « L’essence qui augmente, les taxes sur les allocations familiales, ce n’est pas ça le socialisme ! », a-t-on pu entendre à Dijon rapportait Le Monde. Alors que faire ? Nous ne reviendrons pas une nouvelle fois ici sur le problème de l’immigration de peuplement dont le coût net annuel a été évalué par Yves-Marie Laulan, Président de l’Institut de Géopolitique des Populations, lors de son dernier colloque du 11 février 2012, à 73,3 milliards d’euros…

     La France enregistre des déficits publics faramineux, l’Etat en tant que tel n’est d’ailleurs responsable que d’un tiers des dépenses, les autres étant générées par les collectivités locales budgétivores, gérées très majoritairement par la gauche clientéliste, et la sécurité sociale.

    Sécu dont les comptes sont très fortement impactés par  l’immigration et la fraude sociale. Celle-ci engendre   chaque année des milliards d’euros de pertes  pour l’Etat, et donc pour les  Français, rappelait à l’intention du grand public, le 24 février dernier, la très pédagogique émission Zone interdite sur M 6

    Si l’Etat étrangle les forces vives de ce pays, il est tout aussi vrai que les fromages ripoublicains nourrissent grassement les petits copains du Système. Faut-il rappeler que la France détient le record du monde du nombre d’élus ?

     Un internaute nous le rappelait dans un courriel adressé récemment : « Il y a cinq échelons d’élections au suffrage universel: municipal, régional, législatif, présidentiel, européen. Des  échelons d’élus qui se cooptent entre eux,  les agglomérations de communes, le Conseil Régional, le Conseil Général, le Gouvernement, le Sénat… C’est un véritable business qui étrangle le débat démocratique, avec  de nombreux  échelons de décisions qui se télescopent. »

    «Il faut y ajouter des légions de fonctionnaires et Hauts fonctionnaires qu’ils nomment à leur service (…) et des cohortes d’arpenteurs de couloirs payés à réfléchir sur le sexe des anges. Les médias leurs servent la soupe à grands coup d’ informations  et autres talkshows animés par leurs produits dérivés : les experts  journaleux  de politique politicienne… »

     Par absence de courage et/ou par refus idéologique constate Bruno Gollnisch, plutôt que d’ôter leurs œillères, d’agir dans ces domaines et sur ces dossiers là, ce gouvernement préfère s’attaquer aux proies faciles, dociles, taillables et corvéables à merci que sont les familles françaises et les retraités.

    Retraités qui devront s’acquitter de la taxe de 0,3%  sur leurs pensions pour couvrir le risque de « dépendance » à partir du 1er avril –voir notre article date du 13 janvier dernier- , la taxe CASA. Celle-ci devrait  rapporter 450 millions d’euros en 2013, puis 600 millions d’euros à partir de 2014.

     Ne s’arrêtant pas en si mauvais  chemin, les crânes d’œufs des ministères ont décidé, pour commencer, la hausse du  taux de CSG des retraités  et de supprimer l’indexation du montant de leur pension sur la hausse des prix.

     Selon le rapport du Conseil d’orientation des retraites (COR) si le niveau de vie moyen des retraités est à peu près équivalent à celui des actifs – tout comme le pourcentage des retraités pauvres , plus de 10% d’entre eux…- en 2050, les retraités auront des pensions relatives inférieures de 25 % à celles d’aujourd’hui! Nous voyons là le résultat de la réforme Balladur de 1993 qui prévoyait notamment l’indexation des pensions non plus sur les salaires mais sur l’inflation.

     Last but not least , les familles nombreuses françaises qui pour leur malheur sont catalogués comme « aisées » par le gouvernement,  vont aussi être mises à l’amende. Une cible idéale puisque celles-ci ne fournissent pas les gros bataillons des électeurs du PS…

     Lundi,  le journal Les Echos sur son site internet,  indiquait que le très mal nommé Haut Conseil de la famille estimait dans un rapport commandé par le gouvernement et qui lui sera rendu jeudi, qu’il faudra réduire de 2,2 milliards d’euros les prestations familiales d’ici 2016.

    Souhaitée en son temps par le Premier ministre Alain Juppé , cette mesure viserait à réduire le déficit de la branche famille, qui devrait atteindre 1,7 milliard d’euros en 2016 ; d’autant qu’à cette somme doivent être ajoutés les 400 à 500 millions d’euros de hausse des prestations annoncées en décembre pour « lutter contre la pauvreté .»

    Le feu vert a été donné mi-février par le président de la Cour des comptes, Didier Migaud, qui avait déclaré que l‘imposition des prestations familiales était « un sujet qui (pouvait) être mis sur la table », suivi rapidement pat le porte-parole du PS, David Assouline, qui avait déclaré que ce n’était pas un sujet tabou.

    Ce serait là estime Bruno Gollnisch,  un nouveau coup dur pour la démographie française , déjà  très largement  soutenue artificiellement  par les flux migratoires non européens;  mais il est vrai que nos dirigeants ne comptent pas sur les berceaux gaulois pour assurer un avenir à l’entité administrative européiste qu’ils appellent encore France.

    http://www.gollnisch.com

  • Olivier Delamarche : « Arrêtons de parler de reprise du marché immobilier »

    Olivier Delamarche, du groupe Platinium Gestion, le 12 mars 2013 sur BFM Radio, met les points sur les i, dans l’émission “Intégrale Placements“, face à Guillaume Sommerer.

    « L’Etat américain finance le tout petit peu de croissance. En Chine, on annonce +21% d’exportations sauf que les importations diminuent partout, où sont passés les bateaux ? Le mieux du marché immobilier est un gag. »

    http://fortune.fdesouche.com/