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  • La traçabilité de l’enfant, sujet de divergence entre Sarkozy et les socialistes

    Le 7 mars dernier, l’hebdomadaire Valeurs actuelles rapportait les propos de Nicolas Sarkozy sur le « mariage » homo et la procréation médicalement assistée. L’ancien président a ainsi évoqué la « traçabilité des enfants« , faisant allusion à la « traçabilité du bifteck » sur laquelle il rebondissait justement. « Quand on pense que le sujet du moment, c’est la traçabilité du bifteck. Tout le monde veut savoir s’il y a du cheval dans ce qu’on mange. Mais la traçabilité des enfants, qu’est-ce qu’on en fait? C’est tout de même plus important. Avec leur mariage pour tous, la PMA, la GPA, bientôt ils vont se mettre à quatre pour avoir un enfant« , a déclaré en effet Nicolas Sarkozy.

    De quoi faire réagir le Parti socialiste : « Les propos de Nicolas Sarkozy rapportés par l’hebdomadaire Valeurs actuelles concernant ‘la traçabilité’ des enfants sont consternants de ridicule (…). En comparant des enfants issus de la procréation médicalement assistée à des morceaux de viande, Nicolas Sarkozy montre qu’il est toujours coutumier des excès les plus vulgaires« , a dénoncé Frédérique Espagnac, porte-parole du PS, dans un communiqué. « La ligne Buisson de flirt avec l’extrême droite et d’avilissement de la pensée politique n’était pas qu’une manoeuvre désespérée de campagne électorale. En somme, le plus inquiétant, c’est bien la traçabilité des idées de Nicolas Sarkozy« , a-t-elle conclu.

    Soyons clair : la droite parlementaire n’a jamais assumé de ligne claire sur cette question de société, les avis divergeant entre les élus et députés UMP. Nicolas Sarkozy lui-même, longtemps indécis, estimait que le PACS, pourtant combattu par la droite lors de sa sortie, n’allait pas assez loin. Car la reconnaissance des catégories est le premier pas vers la satisfaction des intérêts et des revendications catégoriels : or, ainsi que nous l’avons toujours exprimé sur ce site, l’humanité ne se divise pas en homo et en hétéro, selon les orientation sexuelles ; sexuée, elle se réalise dans la masculinité et la féminité, et jamais en dehors.

    Mais d’autre part, la réaction du PS est absurde. Car en bonne logique, l’analogie que fait Nicolas Sarkozy entre la traçabilité du bœuf et de l’enfant repose sur la notion commune de traçabilité. Elle ne confond pas le bœuf et l’enfant, ainsi que le suggèrent les socialistes : elle s’indigne au contraire de la hiérarchie qui est faite entre l’un et l’autre ; car l’on se préoccupe davantage de la traçabilité du bœuf que de celui de l’enfant. Et le problème soulevé paraît en l’occurrence complètement échapper aux socialistes qui cachent leur malaise derrière une indignation surfaite et parfaitement artificielle, afin de ne pas évoquer les problèmes de fond. Car ce sont eux qui ont bousculé les lois de la filiation, fragilisant ainsi l’équilibre humain et générationnel au nom de l’ intérêt consumériste d’une communauté proclamée, substituant alors au droit de l’enfant le droit à l’enfant…

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  • Les pièges de la laïcité

    Quelle peut être la place du catholicisme dans le débat entre la laïcité et l'islam ?
    Le débat sur l'identité nationale voulu par Nicolas Sarkozy et son gouvernement avait fait un flop ; celui organisé par l'UMP - et plus précisément Jean-François Copé - sur la laïcité a fait pchitt, comme dirait Jacques Chirac. « C'est un débat essentiel, très différent de celui sur l'identité nationale dans la méthode comme dans l'esprit, avec un calendrier précis, et qui débouchera sur des propositions concrètes », avait annoncé le président de l'UMP. Au terme d'une polémique au cours de laquelle le malheureux a dû affronter les critiques de l'opposition, celles des représentants des religions, de la majorité des obédiences maçonniques, d'une fraction de son propre parti et d'une partie du gouvernement conduite par le premier ministre François Fillon, son fameux débat s'est tenu le 5 avril, en quatre heures « chrono », devant deux centaines de journalistes et trois centaines de militants. Encore n'est-on pas bien sûr qu'il se soit agi d'un débat, puisque les 26 propositions que l'UMP entend présenter pour « permettre une laïcité de rassemblement » avaient été élaborées avant cette rencontre. L'ambiguïté y présidait dès l'origine : on allait y parler de la laïcité et de l'islam. De la laïcité vue par l'islam, ou de l'islam dans une optique laïque ?
    Du rattrapage au remplacement
    Pour ne rien arranger, le nouveau ministre de l'intérieur, Claude Guéant, a augmenté la confusion en croisant la question de l'islam avec celle de l'immigration : deux problématiques qui - comme chacun sait - n'ont rien à voir... « En 1905, a-t-il déclaré en invoquant la date sacrée de la séparation de l'Eglise et de l'État, il y avait très peu de musulmans en France, aujourd'hui il y en a entre 5 et 10 millions. Cet accroissement du nombre de fidèles et un certain nombres de comportements posent problème. » (La fourchette proposée par le ministre de l'intérieur, portant sur quelque 5 millions de personnes, a de quoi laisser songeur : en matière d'immigration, même les évaluations « à la louche » sont plus qu'aléatoires.)
    Dix jours après la publication des 26 propositions de l'UMP, Claude Guéant a présenté celles du gouvernement, qui en sont directement inspirées et tendent elles aussi à encadrer les pratiques musulmanes.
    Les catholiques ne seraient-ils donc pas concernés ? La tentation peut venir de miser sur la laïcité pour contrer l'expansion musulmane (il existait une seule mosquée à Paris en 1920 contre 75 aujourd'hui, à en croire le Guide des mosquées de France sur Internet). À tort. Car il me semble qu'il existe au moins trois dangers dans ce débat entre l'islam et la laïcité.
    Soit cette dernière s'attaque à l'ensemble des religions et met à profit sa confrontation avec l'islam pour régler de vieux comptes avec le christianisme: c'est ce que l'on voit lorsque des crèches de Noël municipales sont supprimées par décision de justice, comme à Moutiers (Oise) en décembre dernier.
    Soit l'Etat pratique une laïcité positive, qui peut certes célébrer les racines chrétiennes de la France mais instaure en réalité, sous prétexte de neutralité, une politique de discrimination positive favorable à l'islam: c'est ainsi que Nicolas Sarkozy, dans son livre La République, les religions, l'espérance, souhaitait mettre en oeuvre politique de « rattrapage » au bénéfice de la religion musulmane, politique qui l'a conduit dès 2006 à commander un rapport (le rapport Machelon) pour étudier le moyen de financer la construction de mosquées avec l'argent public.
    Mais de quel « rattrapage » peut-il s'agir par rapport au christianisme, pierre angulaire de notre civilisation, et particulièrement au catholicisme qui a joué un rôle fondamental dans la construction de la France ?
    Cette politique de « rattrapage » peut en outre tourner assez vite au « remplacement », comme a pu récemment le vérifier le président honoraire d'une amicale des anciens marins de Gisors qui, ayant demandé qu'un aumônier de la marine vienne célébrer la messe d'anniversaire de la création de cette amicale, s'est entendu répondre qu'il n'y avait pas d'aumônier disponible, 31 postes d'aumôniers catholiques ayant été supprimés pour des raisons budgétaires et remplacés par autant d'aumôniers musulmans.
    Troisième cas de figure : le catholicisme disparaît purement et simplement du débat engagé entre la laïcité et l'islam et n'est plus pris en compte. C'est ce qui vient de se passer à Strasbourg, où le maire socialiste, Roland Ries, a répondu à des parents d'élèves lui demandant pourquoi on servait des menus halal dans les cantines scolaires et pas de poisson le vendredi : « Nous servons de la viande halal par respect pour la diversité, mais pas de poisson par respect pour la laïcité ». Entre diversité et laïcité, il n'y a évidemment pas de place pour le christianisme. (On retrouve d'ailleurs ici aussi le principe de discrimination positive.)
    En fait de neutralité, la laïcité à la française apparaît plutôt comme une idéologie anti-religieuse aux prétentions quasi-religieuses : « plutôt qu 'une neutralité, n'avons-nous pas suscité une religion d'État ? » demande Chantai Delsol dans l'hebdomadaire Valeurs Actuelles. Ce laïcisme peut alors devenir intransigeant, au point d'exiger du croyant un comportement schizophrène: qu'il laisse son âme au porte-manteau lorsqu'il sort dans la « sphère publique » et la retrouve le soir lorsqu'il regagne sa « sphère privée ».
    Une idéologie aux prétentions religieuses
    Mais ces prétentions religieuses peuvent aussi s'exprimer dans un nouveau paradigme réceptif et accueillant. Jacques Secondi, auteur d'un article intitulé significativement « Culte laïque » et publié dans le Nouvel Economiste du 7 avril, distingue religion et spiritualité et cite l'éditeur Marc de Smedt, directeur de collection chez Albin Michel : « Les religions ne sont qu 'un outil pour accéder à la spiritualité, d'où l'expression de spiritualité laïque pour ceux qui cultivent ce sentiment en dehors des croyances ou des pratiques religieuses. » Secondi y voit « l'occasion de sortir d'un malentendu historique sur le rapport entre la pratique religieuse dont il faut cadrer les revendications et le sentiment spirituel qui devrait pouvoir s'exprimer librement dans toutes les sociétés. » La laïcité new-age, en quelque sorte...
    On pourrait donner à l'islam une autre réponse, beaucoup plus décontractée : non pas en refaisant du catholicisme une religion d'Etat, mais plus simplement en inscrivant dans la Constitution française sa place éminente, par son apport à l'histoire et à la civilisation française.
    Eric Letty monde & vie . 23 avril 2011

  • L’UE, la nouvelle union soviétique

    Vladimir Boukovsky, ancien dissident soviétique fait la comparaison entre l’UE et l’URSS :


    http://www.contre-info.com/

  • Grand Paris Grosse arnaque

    Cécile Duflot intervenait ce 7 mars sur Radio Classique (1)⇓. Face aux questions de Gilles Leclerc, la ministre du Logement est demeurée très vague sur ce qui regardait son propre département ministériel. Elle annonce, d'abord, d'incessantes évaluations "extrêmement" précises, l'expression a été répétée plusieurs fois, quant à la dérive des loyers. Et elle se glorifie à l'avance d'une législation plus contraignante encore en juin. Voilà qui promet une aggravation de la pénurie, auront sans doute pensé tous ceux qui s'en tiennent à une observation économique, vieille comme le monde, de la cherté des biens rares.

    Interrogée par Anne-Laure Jumet, elle a plus largement évoqué le projet dit du Grand Paris. L'horizon d'achèvement du schéma de Transport a été reporté à 2030. Initialement, Nicolas Sarkozy et Christian Blanc avaient voulu fixer un horizon 2026. Ce dossier repose en fait essentiellement sur un schéma de transport collectif. Celui-ci suppose la création de 72 nouvelles stations de métro, reliées par 200 km de voies ferrées. Or, Mme Duflot et les services du gouvernement, utilisant une calculette de bonne qualité ont pu conclure que ceci suppose une production annuelle moyenne de 18 km, battant le record mondial actuel détenu par Shanghai avec 17 km/an. Compte tenu de l'impopularité du mot "impossible" on se borne aujourd'hui à refuser de relever ce défi.

    Cependant Mme la ministre se flatte de construire. Elle n'entend guère les critiques. La couverture du magazine Le Point (2)⇓ la place en tant que "ministre anti-progrès" au centre de "Ceux qui cassent la France". La voilà située entre Arnaud Montebourg "le procureur de Peugeot", Thierry Lepaon "le sabordeur de Goodyear", Jeff Bezos "le fossoyeur du livre français", Michel-Édouard Leclerc "l’étrangleur de PME", Marylise Lebranchu "la ministre de la non-réforme de l’État". Vexée, elle répond : "Le Point est sur la pente de la ringardise qui le pousse du mauvais côté de la bascule. Il y a une concurrence effrénée qui pousse les hebdos à faire des unes les plus racoleuses les unes que les autres" etc. Ah comme la suppression de la concurrence entre hebdomadaires faciliterait le confort médiatique de nos gouvernants !!! Le CSA y a mis bon ordre dans l'audiovisuel, la CGT du Livre y parvient petit à petit dans la presse quotidienne. La gauche sectaire peut donc encore espérer en finir avec les rares espaces de liberté. Nos politiciens n'y renonceront sans doute jamais.

    Car, si on ne la contredit pas, si on accepte qu'elle ne réponde pas, ou à côté, des questions posées, Duflot ne manque pas de bagout. La crise du logement ? il s'agit, rappelons-le, de l'enseigne de son ministère : "il y a, dit-elle, un plan d'urgence, nous y travaillons". D'arrache-pied... et depuis neuf mois... nous ne saurions en douter. Or, affirme-t-elle, "le marché n'est pas capable de réguler". Voilà une phrase historique à inscrire dans le grand bêtisier des contre sens. Heureusement, elle se félicite, en plein marasme de la production, d'enregistrer un ralentissement des hausses, 40 % sur 5 ans, etc. Mais de la production de logements neufs, adaptés à la demande des Français, seule réponse à la pénurie, on attend toujours des nouvelles, la braderie des réserves foncières publiques, annoncée avec fracas et imprudence à l'automne ayant surtout abouti au gel d'opérations de cessions négociées depuis des années, on passe à autre chose...

    Vaste opération de communication, le nouveau projet dont elle s'empare, au nom du Grand Paris, ressemble comme une goutte d'eau à celui du gouvernement précédent. Mais, dit-elle, celui-ci "était totalement déconnecté des habitants (...) déconnecté du territoire. (...) Le projet était séduisant mais souffrait d’une faille : il manquait 10 milliards".

    Or, elle, ou plutôt l'équipe ministérielle à laquelle elle prête son éloquence, prétend avoir déjà "trouvé" 2 milliards pour améliorer immédiatement les transports en Ile-de-France. On parle notamment de doubler les amendes de stationnement. Même sur ce point sa réponse est floue. Elle attribue aux collectivités locales le désir de récupérer le produit des "contredanses" : mais comment prendre au sérieux un tel financement ?

    Car le gouvernement Ayrault réalise sur ce terrain une double prouesse.

    1° Ramenant le dossier Grand Paris à un schéma de transport, il devrait donc le transmettre à la compétence de la région Ile-de-France. Or, il arbitre en faveur d'une mainmise théorique de la ville de Paris sur des liaisons interbanlieues.

    2° il évalue l'investissement nécessaire à 35 milliards d'euros, estimation d'autant plus approximative qu'échelonnée sur 15 ans. Mais de façon précise il considère que ces mêmes transports rapporteront 73 milliards. Si cette hypothèse se vérifiait, cette très belle opération attirerait puissamment le secteur privé. Elle ne devrait donc requérir aucun financement public.

    Soulignons à titre d'exemple que le modèle du Métro parisien, plutôt jusqu'à sa nationalisation en 1936, par le Front Populaire, faisait une part essentielle à ce qu'on baptise aujourd'hui, de manière ambiguë, partenariat public-privé. On ne déplora aucun exercice déficitaire. Aujourd'hui encore à Tokyo, plusieurs compagnies privées exploitent le réseau, et ceci dans des conditions qui peuvent servir d'exemple au monde entier.

    Malheureusement on doit considérer la projection gouvernementale comme très fragile.

    Le financement reposera donc en fait sur une nouvelle vague de taxes, taxe sur les bureaux, taxe sur tout ce qui bouge encore à Paris, en Ile-de-France et ailleurs. On peut toujours sur ce terrain faire confiance aux innovants qui nous gouvernent.

    Dans un entretien publié le 6 mars (3)⇓, le Premier ministre avait donné le ton. Il dévoile même l'intention de l'État de passer outre aux prérogatives régionales et à faire payer l'addition à tous les Français.

    Il déclare en effet qu'il a "décidé de prendre à bras-le-corps le dossier du Grand Paris". Cette démarche lui ressemble assez peu ; mais on ne s'interrogera pas longtemps sur son caractère insolite : l'ancien maire de Nantes assure en effet, d'abord, que "ce projet considérable [...] nous permettra de retrouver de la croissance, des emplois, mais aussi des recettes nouvelles". Et comme, à suivre le raisonnement d'Ayrault "l'Ile-de-France représente 30 % de la richesse nationale", et que d'autre part, "c'est aussi une région où se concentrent énormément de difficultés de la vie quotidienne, en particulier pour se déplacer", ainsi que "beaucoup d'inégalités" entre les départements, inutile de rêver que ce projet trouve d'autres sources de financements que celles résultant de l'inépuisable appel à la solidarité nationale.

    Autrement dit : encore plus d'impôts.

    JG Malliarakis http://www.insolent.fr/

    Apostilles :

    1. On peut retrouver l'entretien sur divers sites, réalisé en partenariat avec Public-Sénat, y compris sur Youtube où il est daté par erreur du 6 mars.
    2. Le Point N° 2112, daté du 7 mars 2013
    3. cf. Aujourd’hui en France/Le Parisien du 6 mars 2013
  • Le Spectacle du Monde consacre son dernier numéro aux « Guerres franco-françaises »

    De siècle en siècle, la hantise de la guerre civile n’a cessé d’obséder notre pays, entretenue par les convulsions, séditions, fractures et luttes intestines dont il semble s’être fait une spécialité. Mais comment passe-t-on de ces dernières à la guerre civile proprement dite ? En quoi celle-ci se distingue-t-elle de la guerre internationale ?

    En voulant imposer le mariage homosexuel et ses conséquences, François Hollande a créé un nouveau clivage, une nouvelle ligne de fracture entre les Français tels que le pays n’en avait pas connu depuis la querelle de l’école libre, en 1984. Prenant ainsi le risque de raviver la flamme d’une nouvelle « guerre franco-française ». Mais au-delà de l’opposition virulente entre partisans et adversaires du « mariage gay », force est de constater que, depuis quelques années, l’idée de guerre civile refait surface en France.

    En 2006, l’historien Jacques Marseille publiait Du bon usage de la guerre civile en France (Perrin), essai dans lequel il montrait que l’affrontement entre Français est une véritable passion nationale qui « s’opère autant dans le sang, les déchirures que dans les mises en scène de la refondation ». Plus récemment, l’économiste Nicolas Baverez lançait cet avertissement : « Les décennies de déclin tranquille appartiennent au passé. Sa poursuite entraînerait une brutale chute du niveau de vie qui déboucherait inéluctablement sur la violence politique et une guerre civile froide. » (Réveillez-vous ! Fayard, 2012.) Et lors de la dernière campagne présidentielle, Jean-Luc Mélenchon prédisait « un énorme tumulte », appelant de ses voeux une « insurrection citoyenne ».

    Au début du XIXe siècle, le grand théoricien de la guerre Carl von Clausewitz ne parle pas de « guerre civile », mais de « dissensions civiles » ou de « discordes intérieures », ce qui n’entre pas dans le champ de la guerre stricto sensu. Celle-ci désigne, en effet, comme l’a montré Rousseau, les conflits qui opposent un Etat à un autre et dont le moteur est la « volonté de puissance », alors que dans la guerre civile, il s’agit d’antagonismes religieux ou politiques (idéologiques). Ce ne sont pas deux pays qui s’affrontent, mais deux partis ou deux idéologies, partageant « en deux camps les sujets d’un même Etat ; la guerre est intestine, ne concerne que les membres de la cité » (Marie-Danielle Demélas-Bohy, « La notion de guerre civile en question ».

    En 1871, Karl Marx publie la Guerre civile en France, pamphlet en défense et illustration de la Commune de Paris, qui venait d’être vaincue par les troupes versaillaises. Cet épisode tragique de notre histoire est évoqué dans le livre de Jean-Claude Caron Frères de sang. La guerre civile en France au XIXe siècle (Seyssel, Champ Vallon, 2009), dans lequel l’auteur s’efforce de définir le concept de guerre civile à travers l’histoire, la philosophie et le droit. Selon lui, il faut, notamment sur le plan juridique, la distinguer de la rébellion, de la sédition ou de l’insurrection. On peut parler de guerre civile lorsqu’il y a « intolérance absolue envers un autre construit comme une menace pour l’unité de la Communauté ». Il s’agit donc d’un affrontement violent qui vise à l’« anéantissement » de l’adversaire. Au XIXe siècle, la guerre internationale est encadrée, depuis les traités de Westphalie (1648), par le droit de la guerre, tandis que la guerre civile est une guerre sans droit. Pour nombre de penseurs allemands (Fichte, Hegel, Nietzsche) et français (Maistre, Cousin, Renan), les guerres extérieures sont « bonnes » et les guerres intérieures « mauvaises ». Proudhon exalte « le triomphe de la vertu par la guerre entre les nations », mais estime que la guerre civile, « de citoyen à citoyen », constitue un abandon moral.

    Pour sa part, le politologue Julien Freund, dans un article posthume intitulé « Aperçus sociologiques sur le conflit » (Krisis, « La guerre ? » n° 33, avril 2010), distingue deux types de conflit : « le conflit non belliqueux et le conflit belliqueux ». Le premier implique « une intention hostile », mais sans « volonté délibérée au départ d’anéantir physiquement l’autre ». Le second « se caractérise par l’usage de la violence » ; il s’agit alors de la guerre, qu’elle soit « interétatique » (guerre étrangère) ou « intra-étatique » (guerre civile). Le conflit belliqueux est « celui du tiers exclu, car il se réduit à la relation duale de l’ami et de l’ennemi ». Ainsi, « les guerres civiles peuvent commencer avec une pluralité de camps, mais très rapidement elles se développent selon le schéma de la dualité ami/ennemi ». On assiste alors à la montée aux extrêmes et au déchaînement de la violence.

    Ces phénomènes ont été évoqués dès 1615 par le poète italien Giambattista Marino, protégé de Louis XIII, connu en France sous le nom de Cavalier Marin, qui écrit : « La France est toute pleine de contradictions et de disproportions, lesquelles cependant forment une discorde concordante, qui la perpétue. Des coutumes bizarres, des fureurs terribles, des mutations continuelles, des extrêmes sans demi-mesures, des tumultes, des querelles, des désaccords et des confusions : tout cela, en somme, devrait la détruire et, par miracle, la tient debout. » Par-delà le constat final plutôt optimiste, on constate l’emploi d’une série de mots (discordefureurs,tumultesquerelles…) qui caractérisent des situations de « guerre franco-française ».

    La formule apparaît pour la première fois, en 1950, sous la plume de Louis-Dominique Girard, ancien chef de cabinet du maréchal Pétain et auteur d’un livre au titre éponyme, la Guerre franco-française. Si l’expression est nouvelle, ce qu’elle recouvre ne l’est pas. Dans l’introduction à l’ouvrage collectif les Guerres franco-françaises (Vingtième Siècle, revue d’histoire, n° 5, janvier-mars 1985), on lit que « la plupart des crises profondes qui ont divisé les Français peuvent être assimilées à des failles géologiques ».

    LES FAILLES répertoriées ici sont les guerres de Religion, la Révolution française, l’affaire Dreyfus, les affrontements des années 1930, Vichy, la guerre d’Algérie et la guerre scolaire de 1984. Un des auteurs de ce recueil, Michel Winock, a publié ultérieurement la Fièvre hexagonale : les grandes crises politiques de 1871 à 1968(Points histoire, 2009), ouvrage dans lequel il décrit les convulsions et les spasmes du siècle qui va de la fin de la Commune aux événements de Mai-68. Ces crises, ces poussées de fièvre ponctuent non seulement ce siècle, mais jalonnent la longue marche de notre histoire nationale. « De leurs ancêtres les Gaulois, dont César, déjà, avait noté la propension aux luttes intestines, les Français ont hérité le goût de la guerre civile. Il n’est pas de siècle, dans leur longue histoire, qui n’ait eu la sienne. » (André Fontaine, le Monde, 9 novembre 1981.)

    De fait, Armagnacs et Bourguignons, catholiques et protestants, jésuites et jansénistes, frondeurs et monarchistes, Montagnards et Girondins, Bleus et Blancs, communards et Versaillais, dreyfusards et antidreyfusards, cléricaux et laïcs, gaullistes et pétainistes, résistants et collaborateurs, partisans de l’Algérie française et soutiens du FLN, soixante-huitards et antisoixante-huitards, mitterrandistes et adversaires des « socialo-communistes », défenseurs de l’école privée et partisans de l’école publique ont laissé dans la mémoire nationale la trace de leurs « épidémies psychiques » et de leurs « convulsions historiques » (Sigmund Freud).

    Dans son maître ouvrage le Mal français (Plon, 1976), Alain Peyrefitte note que « l’histoire de France est celle d’une longue guerre civile, pleine d’assassinats, de charges de police et de déraison ». Ces conflits, dit-il, « naissent, vivent et meurent avec une brutalité d’orage ». Souvent cruelles et sanglantes, les guerres franco-françaises furent toujours des guerres de religion ou des guerres idéologiques. De son côté, Pierre Chaunu, dans son magistral essai la France (Robert Laffont, 1982), met l’accent sur cette exception française qu’est l’« aptitude à la déchirure et à la déchirure idéologique ». Il en explique les raisons par le fait que « la France est une terre de fractures » qui sont « purement affectives, cérébrales, parfois spirituelles ». Ces fractures sont d’autant plus graves qu’elles sont « inexpiables, [qu’] elles vivent profondément dans la mémoire, [qu’] elles se régénèrent inlassablement ».

    Avec l’avènement de la Ve République, dont la Constitution cristallise la bipolarisation du pays, l’antagonisme des deux France demeure vivace et marqué par des périodes de forte tension. Celles des dernières années de l’Algérie française, avec le putsch des généraux et les combats de l’OAS, ou celle de Mai-68, avec les barricades du Quartier latin, la grève générale et la grande manifestation sur les Champs-Elysées de ceux qui refusent la « chienlit ».

    Treize ans plus tard, le 10 mai 1981, François Mitterrand, au soir de son élection, distingue « une France sociologique » et « une France politique », tandis que son Premier ministre, Pierre Mauroy, oppose « le peuple de gauche » à « ceux du château » et affirme qu’« il y a deux lectures de l’Histoire, de l’avenir, de la politique ». Cette double lecture apparaît notamment dans le discours d’investiture de François Mitterrand, le 21 mai, lorsqu’il fait commencer l’histoire de France en 1792, évoque ensuite ses « grandes dates » (1830, 1848 et 1870) et glorifie « le peuple » qui l’a « façonnée ». Lecture de gauche à laquelle répond la lecture de droite du maire de Paris, Jacques Chirac, qui, accueillant le nouveau Président à l’Hôtel de ville, invoque des personnages historiques comme sainte Geneviève, Jeanne d’Arc et Henri IV. Pour l’histoire contemporaine, là où Chirac cite l’Appel du 18 juin 1940, Mitterrand se réfère à la libération de Paris, le 25 août 1944.

    Pour Alain Peyrefitte, les Français semblent condamnés à se débattre « dans le cauchemar de querelles sans fin », une partie d’entre eux étant toujours tentés «d’imposer à une autre sa volonté, et même sa vérité. Mais comme l’adversaire n’est jamais anéanti, une solution de cet ordre porte en germe de nouvelles luttes. Car elle ravive la mentalité dogmatique qui ne supporte pas la contradiction. Elle transforme les désaccords qui auraient pu nourrir un dialogue en conflit. Elle ronge jusqu’au sentiment de l’identité nationale, faute duquel une société malade ne saurait retrouver la voie d’un consensus ».

    Si les conflits qui ont opposé les Français ont souvent été, au fil de leur histoire, des guerres « chaudes », ils ont souvent pris naissance, au XXe siècle, sur ce que Jean-Marie Domenach (Regarder la France, Perrin, 1997) appelle « le terrain du symbolique et de l’imaginaire ». Désormais, note-t-il, « on a affaire à des revendications quasi ontologiques mêlées à la défense d’intérêts catégoriels » : pour ou contre le Pacs, pour ou contre le « mariage homosexuel », d’un côté ; pour ou contre la retraite à soixante ans, pour ou contre la taxation à 75 % des plus hauts revenus, de l’autre. C’est peut-être cette évolution qui a incité Pierre Chaunu à conclure sa réflexion sur la France en se demandant si les discordes qui déchirent les Français « les séparent moins qu’elles ne les unissent dans ces tensions complémentaires qui sont, tout ensemble, notre difficulté d’être et notre richesse ».

    Constat optimiste auquel d’aucuns opposeront les craintes exprimées par d’actuels acteurs et observateurs de la société française, qui laissent à penser que le spectre de la guerre civile ne cesse de hanter notre pays, « ce vieux pays […] accablé d’Histoire, meurtri de guerres et de révolutions » (Charles de Gaulle).

    Alain KIMMEL http://theatrum-belli.org

    Source : Le Spectacle du Monde

    Le dossier comprend :

    • L’éternelle guerre franco-française, par Alain Kimmel
    • La spirale infernale des guerres de Religion, par Christian Brosio
    • La Fronde, entre guerre et anarchie, par François Bousquet
    • La guerre des Camisards, par Jean-Joël Brégeon
    • Vendée, de la guerre au populicide, par Claude Jacquemart
    • Le sang de la Commune, par Christian Brosio
    • La guerre de la laïcité, par Philippe Maxence
    • Les drames de l’épuration, par Régis Constant
    • L’OAS, le sursaut de désespoir, par Claude Jascquemart
    • L’amnistie nécessaire, par Christian Brosio
    • Eric Werner : « Les dirigeants gèrent l’avant-guerre-civile », propos recueillis par François Bousquet
  • [Paris] Dimanche 24 mars : TOUS à La Manif pour Tous !

    Grande manifestation unitaire avec le collectif « Manif pour tous »

    Le 24 mars, un seul impératif : manifester. Un seul mot d’ordre : le retrait pur et simple du projet de loi !

    Contre le projet de loi de Taubira, pour défendre le mariage traditionnel, pas un nationaliste ne doit manquer à l’appel. Les militants et sympathisants d’Action Française sont invités à rejoindre les équipes de soutien à la manif.

    Signez notre manifeste pour la défense du mariage et faites un don pour aider notre campagne contre le mariage homosexuel et l’homoparentalité

    http://www.actionfrancaise.net

  • Le lobby LGBT sous perfusion de l’Etat

     

    Minute dénonce les énormes subventions délivrées à des associations qui ne représentent quasiment personne :

    M"Le tour d’horizon des économies à réaliser ne serait pas complet sans un petit examen des subventions gé néreusement pompées par le lobby gay. Act Up a ainsi reçu 233750 euros en 2010; les lesbiennes du groupe Gaies, 640 000 ! Sans parler, parce qu’on pourrait finir par s’énerver, d’« Unité réflexion action communautés Afrique », un bidule qui a raflé 30000 euros pour sensibiliser les Africains au VIH et – c’est joliment dit – « pour aider à appréhender certaines problématiques spécifiques des migrants originaires d’Afrique subsaharienne. » De leur côté, les régions Lorraine, PACA et Bretagne versent des milliers d’euros à la « Sexothèque » des Petits Débrouillards, qui donnent des cours de sexualité dans les écoles. Et les khmers roses d’Act Up et SOS Homophobie s’en mettent plein les fouilles grâce à la générosité de nos élus, à tous les niveaux de l’appareil d’Etat. Pour palper des subventions, SOS Homophobie a notamment creusé le filon de la lutte contre « l’homophobie ». Depuis 2006, ce lobby touche chaque année 10000 euros de la Mairie de Paris. Sans compter les subventions exceptionnelles, comme les 2000 euros accordés en décembre 2012, pour le projet « Interventions dans les établissements parisiens » – alors même qu’en novembre, SOS Homophobie a perdu l’agrément du ministère de l’Education nationale pour intervenir dans les collèges et les lycées, suite à une décision du tribunal administratif de Paris!

    Un dernier pour la route? Parlons de Prochoix, « la revue pour le droit de choisir », co-fondée par Caroline Fourest. Alors qu’elle ne paraît plus depuis novembre 2011, que son blog n’a publié que dix billets en un an, elle a reçu en 2012 la somme de 12000 euros d’argent municipal, comme chaque année… Et encore un, pour ne pas rester sur sa faim. Le Paris Foot Gay a reçu 30000 euros de la Ville de Paris en 2011. Et 40000 en 2012. Pourquoi cette augmentation? Mieux vaut éviter de se poser trop de questions. Qui, à part des associations de citoyens, ose dénoncer ce scandale des subventions publiques? Pas grand monde. L’UMP joue profil bas, puisque les subventions affichées dans le « jaune » 2013 ont été accordées… par le gouvernement de Nicolas Sarkozy (au moins en ce qui concerne les subsides des ministères). Marine Le Pen, elle, estime que l’on pourrait, au strict minimum, économiser 500 millions d’euros en cessant de subventionner ces lobbys communautaristes. La présidente du FN juge qu’il faudrait rediriger l’argent « vers des associations sportives, de sécurité civile, du troisième âge, du handicap ou de l’enfance ». Or, ce sont justement les grandes oubliées des concours d’arrosage public 2010/2011! Ne dites pas que ça vous étonne…"

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