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  • Lyndon Larouche : « Obama est l'homme politique le plus dangereux »

    Quelle que soit l'opinion que l'on professe sur Larouche et la fallacieuse réputation de "conspirationniste" dont l'affublent les journalistes du Media obèse qui, deux jours avant d'écrire sur lui, n'en avaient jamais entendu parler, il est considéré par les meilleurs spécialistes du renseignement - par exemple Norman Bailey, président de l'Institut pour la Croissance Economique Globale - comme dirigeant l'un des plus sérieux services de renseignement privés (« The Executive Intelligence Review »). Voici ce que Lyndon Larouche déclarait le 10 février à Alex Jones sur le site d'extrême-droite lnfowars : « Nous traversons la crise la plus grave qu'ait connue la civilisation. Dès à présent et en particulier dans la région nord-atlantique mais dans la région asiatique également. Donc nous nous trouvons à l'orée de ce qui pourrait rapidement devenir la 3e Guerre Mondiale, mais pas une 3e Guerre Mondiale banale. Celle-là serait nucléaire. Ce qui inquiète nos chefs militaires. Ils peuvent ne pas dévoiler la véritable histoire et c'est bien de leur part [...] À savoir que dès que vous avez commencé à jouer avec des armes nucléaires, comme les sous-marins de classe Ohio [...] et de nombreuses nations en ont aujourd'hui la capacité [...] le monde ne s'en remettra jamais [...] Par conséquent il faut arrêter ce président, le président des États-Unis [...] le Premier ministre britannique [...] Sarkozy […] Ces gens menacent d'extinction l'ensemble de l'humanité [...] Ce que la plupart des gens ne comprennent pas. Je sais que de grands responsables militaires ont connaissance de ces faits mais ne veulent pas en parler pour ne pas effrayer les populations [...]. Un jour, peut-être, verra les Israéliens lancer une attaque contre l'Iran. Ce qui caractérise une guerre nucléaire menée à partir de sous-marins de la classe Ohio depuis le Pacifique ou ailleurs, est qu 'elle libère la totalité des forces disponibles. La Russie et la Chine, en particulier, riposteront sur le champ à l'attaque des Etats-Unis et de l'Angleterre. La vérité est que lorsque vous avez déclaré une guerre nucléaire vous êtes obligé d'aller jusqu'au bout [...] Vous êtes condamné à tuer et à tuer totalement. C'est également ce que seront obligées de faire la Russie et la Chine. Or ce processus mène à une extermination totale de l'espèce humaine. Avec comme effet collatéral de rendre cette planète totalement inhabitable. Nos chefs militaires savent cela. Je ne leur demande pas de le dire. Ils ne le peuvent pas. Moi je le peux et je le dis. La seule façon, me semble-t-il, de nous sortir de cette situation de guerre nucléaire, cette année ou l'année d'après, serait d'expulser Obama de son poste pour incompétence mentale. Et il est mentalement incompétent. Sans la participation des États-Unis aucune autre nation n 'est en mesure de se lancer dans une guerre nucléaire planétaire. C'est la seule solution [...] Tout dépend d'Obama, si les Américains continuent à le soutenir […] Nous avons des Républicains qui peuvent le remplacer, malheureusement ils ne sont pas candidats. Il y a également des Démocrates mais ils ne veulent pas s'engager. Si Obama n'est pas flanqué dehors, vous pouvez dire adieu aux États-Unis ».
    Répondant à Jones qui l'interroge sur la possibilité émise par certains d'instruire une procédure d'impeachment contre Obama pour son usage répété, inconstitutionnel, à'executive orders, qui sont de véritables lettres de cachet, Larouche répond : « Il existe une tentative d'imposer une dictature mondiale. Et je pense que si Obama est réélu nous allons tous en être victimes ».
    On réitérera ici ce qui a été dit un peu plus tôt : Ron Paul est sur ces sujets exactement sur la même ligne que Larouche et, pour les mêmes raisons, traité de "conspirationniste". La véritable question est de savoir pourquoi Larouche - et son factotum, Cheminade - prennent avec autant de virulence leurs distances d'avec le seul homme politique américain d'envergure qui défende les mêmes points de vue qu'eux.
    J.R. Rivarol du 6 avril 2012

  • 2 octobre 741 : Charles Martel

    Carlus Magnus, « Charles le Grand » : ce surnom a donné Charlemagne. Pourtant, le qualificatif de «Grand» fut au moins aussi largement mérité par un autre Charles - le grand-père de Charlemagne, Charles Martel.
    À l'abbaye d'Echternach, le moine chargé de noter dans un Calendrier les grands événements écrit  : « Octobre 741, mort du roi Charles. » lapsus révélateur : le grand chef franc qui vient de mourir à Quierzy, dans la vallée de l'Oise, n'a jamais porté le titre de roi. Pourtant, sa dépouille est ensevelie à Saint-Denis, la nécropole des rois mérovingiens. C'est la meilleure preuve du fait que, sans porter la couronne, Charles Martel a bel et bien été un souverain, un chef du peuple.
    Il connut des débuts très difficiles. Fils de Pépin d'Herstal et d'une concubine nommée Alpaide, il a reçu le nom de «Carl», nouveau dans l'anthroponymie de la Gaule et qui signifie « brave, valeureux ». Il va, tout au long de son existence, montrer qu'il mérite amplement un tel nom (les Francs avaient l'habitude de donner à leur fils des noms à consonance guerrière : ainsi Clodo-wech, qui devait donner Clovis puis Louis, signifiait « combat de gloire »). À la mort de son père qui, avec le titre de maire du palais, détenait la réalité du pouvoir, au nom du roi mérovingien, Carl prend le contrôle de l'Austrasie (partie nord-est du royaume franc, où se trouvent les grands domaines patrimoniaux du clan familial pippinide, dont est issu par son père le jeune Carl).
    Carl ne veut pas se contenter de régner, comme ses aïeux, en Austrasie. Il veut aussi s'imposer en Neustrie. (la partie occidentale du royaume franc). C'est chose faite après de durs combats, qui soudent autour de lui une communauté guerrière composée de chefs de clans qui lui apportent la fidélité de combattants d'élite. Il sait s'attacher durablement ces hommes rudes en utilisant une institution, la vassalité, qui crée une solidarité entre guerriers et devait rester pendant de longs siècles un principe de base dans la société médiévale.
    En échange du service armé de son vassal, le seigneur doit lui apporter une rétribution digne de lui. Dans le monde des Francs, la richesse c'est la terre. Carl distribue donc à ses hommes des terres. Mais Carl ne veut pas amoindrir son patrimoine familial. Il «emprunte» donc des terres au plus riche propriétaire foncier de l'époque, c'est-à-dire l'Église. En échange de ce procédé cavalier, il apporte à l'Église son appui, total, dans l'œuvre d'implantation qu'elle a entreprise en Frise, en Thuringe, en Bavière - toutes régions restées très rétives à l'égard de la christianisation.
    Plus encore, Carl se fait le champion de la cause chrétienne face à l'Islam. Lorsqu'une armée arabo-berbère, venue d'Espagne, ravage l'Aquitaine, pillant et détruisant tout sur son passage, et vise la ville sanctuaire de Tours, Carl marche à sa rencontre et la détruit à Moussais, entre Poitiers et Tours. C'est, écrit un chroniqueur anonyme, la victoire des « gens d'Europe, des hommes du Nord » sur les envahisseurs musulmans.
    C'est surtout à ce titre que devait passer à la postérité celui qui allait recevoir, dans ces textes du IXe siècle, le surnom de «Martel». C'est-à-dire celui qui frappe comme un marteau. Est-ce un hasard si, dans la mythologie germanique, le dieu de la guerre Thor, a pour arme préférée un marteau ?
    P V National Hebdo du 16 au 22 octobre 1997
    Pour approfondir : Pierre Riche, Dictionnaire des Francs, Bartillat, 1996.

  • Quelques lieux communs…

    Léon Bloy tout d’abord… puis Jacques Ellul à sa suite, se sont attaqués aux « lieux communs » de la société bourgeoise. Si Léon Bloy a su parfaitement cerner l’hypocrisie de son temps, Jacques Ellul quant à lui a magistralement moqué les attitudes pseudo-révolutionnaires de ces contemporains.

    Je n’aurais nullement la prétention de me hisser à la hauteur de ses deux géants de la pensée, mais malgré tout, je ne peux m’empêcher de vilipender quelques lieux communs qui ont le don de me faire bouillir chaque fois que je les entends.

    I

    «Chacun fait ce qu’il veut ». Voila le lieu commun bourgeois par excellence. Cette sentence sert à tout justifier. Quand je dis tout, c’est tout et son contraire. Affirmation péremptoire sortie du tiroir, camouflée derrière le paravent de la lutte pour la liberté, quiconque oserait ne serait-ce que réagir à ces quelques mots serait immédiatement soupçonné d’être un odieux réactionnaire ! Et comme tout le monde le sait, être réactionnaire, c’est le mal. Léon Bloy moquait déjà un autre Lieu commun « il faut vivre avec son temps ». J’y reviendrai.

    Il est toujours amusant d’entendre dans la bouche d’un lycéen que « chacun fait ce qu’il veut », puisque l’adolescent peut ici y puiser l’ultime argumentation pour avoir la possibilité de faire la fête. Car « Chacun fait ce qu’il veut » fait souvent bon ménage avec homo festivus. « Chacun fait ce qu’il veut » est l’héritier de mai 68, la formulation longue et moins paradoxale de « Il est interdit d’interdire ». « Chacun fait ce qu’il veut » est hédoniste. Il est aussi totalement immature.

    Lorsque vous voyez cette dame, qui n’a rien de plus, rien de moins que la Française moyenne, les cheveux grisonnant de la retraite « bien méritée » déclamer à la télévision que « Chacun fait ce qu’il veut », c’est tout un univers qui s’écroule. Qu’un adolescent boutonneux et immature jette cela à la face de son interlocuteur comme un enfant jetterait une crotte de nez, soit, mais que cette sexagénaire y saute les pieds joints dedans, c’est le signe que la civilisation  s‘écroule. Bien sûr, un calcul rapide suffira pour comprendre qu’à 20 ans, elle faisait surement partie de la génération du rouquin de Nanterre, et là, en effet, ça n’étonnera plus personne puisque contrairement à une idée reçue, la sagesse ne vient pas avec la vieillesse, sinon les maisons de retraite seraient devenues les temples de l’ère Moderne…

    « Chacun fait ce qu’il veut » c’est le mariage homo autant que le grand patron qui s‘installe en Belgique ou en Suisse, puisqu’après tout, l’un est libre de se marier « avec qui il veut » et l’autre de s’installer « où il veut ». Car ce que les gens veulent, c’est avant tout leur intérêt personnel. Voila les deux faces de la médaille. La bourgeoise sociétale et la bourgeoisie d’affaire ne sont jamais très éloignées quant il s’agit de prôner ce libéralisme putride, ce libéralisme fossoyeur de toute société. Un libéralisme fossoyeur de la décence commune autant que de la civilisation.

    II

    Un autre lieu commun me défrise particulièrement c’est celui de la « représentativité » qu’on nous lâche à tout bout de champs comme on lâche des ballons à la fête foraine.

    La représentativité est encore un avatar du libéralisme. Le parlement « représente le Peuple », telle association représente les gays/handicapés/noirs/juifs/ musulmans/travailleurs/consommateurs… Mais est-ce qu’on vous a déjà demandé votre avis à vous ? Moi non.

    En réalité la représentativité est la plus grosse arnaque du système libéral. Quant un politique assène que « le Parlement représente la nation », qui peut vraiment y croire ?

    Allons, allons, soyons sérieux cinq minutes, un Parlement dominé majoritairement par les professions de la justice, de la médecine ou de l’enseignement ? Un Parlement où il n’y a aucun ouvrier ? Un Parlement où les partis politiques (déjà eux-mêmes fort contestables) siègent sans aucune proportion logique avec les résultats des différentes élections (elles-mêmes contestables) ? Un Parlement où les « représentants » sont parfois absents ? Où certaines lois sont débattues par vingt personnes….

    La guignolade continue lorsqu’on y ajoute que le Président a été élu « par les Français ». Ben voyons… Un peu plus de 50 % des votes, sans compter l’abstention, les votes blancs ou nuls, les non-inscrits… bref le Président doit être élu par un quart de la population en âge de voter… (Limite d’âge fixée arbitrairement, elle aussi). Mais certains continuent de vous dire que c’est le « jeu démocratique », qu’il faut le respecter, que si vous vous opposez à cette représentativité vous n’êtes vraiment pas un démocrate (le mot creux par excellence avec « liberté » et « bonheur »)… pire vous pourriez même devenir un « ennemi de la démocratie », ce qui correspond à peu près à une excommunication en règle. Circulez, il n’y a rien à voir !

    La démocratie a son modèle, lui aussi est sensé être « représentatif », je ne vous parle pas de l’Angleterre, génitrice du parlementarisme en même temps qu’elle générait le libéralisme, je vous parle du fils rebelle, les Etats-Unis. Le pays qu’on qualifie de « grande démocratie », c'est-à-dire un pays où quand vous votez pour un président, non pas ici directement mais via les grands électeurs, vous empochez tous les sièges de l’état où vous êtes majoritaire. Pour ceux qui auraient les yeux embrumés par la fatigue, cela signifie que si votre candidat obtient 52.5% dans un Etat comportant 40 sièges, vous ne remportez pas 21 sièges mais…40. C’est la démocratie. Et représentative en plus ! Donc ça va. En plus les Américains nous ont libérés. Et puis leur président est noir. Et puis ils ont des super séries télé et les fast-food. Voila. Ah oui, ne pas oublier. Si aux Etats-Unis on passe par les grands électeurs, c’est parce qu’on se méfie du peuple et qu’on veut éviter des formes de « populisme » plébiscitaire, comme en France, bien que je vous ai démontré que ce n’était pourtant pas le cas. Car ne pas oublier qu’une vraie démocratie se méfie du peuple, c’est parfaitement logique, ne cherchez pas.

    III

    « Il faut vivre avec son temps », n’est-ce pas ?

    Cette phrase va souvent de paire avec « Chacun fait ce qu’il veut ». Elle est absolument indémontrable, mais ici encore, si vous vous opposez, vous êtes un réactionnaire, ennemi de la démocratie et de la liberté. Et même, tenez-vous bien, de l’égalité. Même si « notre temps » n’est pas particulièrement égalitaire. Mais bon, ça, c’est un détail de l’histoire, hein ?

    Reprenons. « Il faut vivre avec son temps » signifie souvent inclure dans la loi tout ce que le lobbying et le formatage auront inculqué à grand coup de propagande dans le crâne des honnêtes gens jusqu’à faire apparaître cela comme « normal ». L’histoire démontre que quelque soit le modèle dominant au pouvoir, la société finit tôt ou tard par suivre. Les européens furent païens, puis chrétiens. Les Français furent royalistes, bonapartistes, républicains, pétainistes, gaullistes, libéraux, … Il ne faut absolument pas tenter de comprendre pourquoi. Les honnêtes gens veulent surtout éviter les problèmes, vivre paisiblement. Cette passivité des masses profite bien souvent aux minorités d’activistes, financés, médiatisés, ils donnent l’impression à la masse qu’elle est dans l’erreur. Ainsi, lorsque vous êtes étudiant, vous constatez très vite qu’une poignée de nervis de libéraux contrariés (on appelle ça des libertaires) peut tout à fait contrôler une université, en contrôler les élections et définir le Bien et le Mal. C'est-à-dire que « vivre avec son temps » c’est vivre en subissant en silence les agissements d’une poignée d’excités. Dans le domaine de la grande politique, on appelle ça des lobbies, ils sont représentatifs, si vous vous souvenez. C'est-à-dire qu’une association en carton, financée par un mécène de la grande bourgeoisie, soutenue par un acteur ou un chanteur sans talent faisant glousser les ados et dispensant sa morale à la population lors de grandes fêtes subventionnées par vos impôts, définit pour vous la loi et ce qui est de votre temps. Et vous qui n’êtes financé par personne, dont toute la bobocratie parisienne se tape, vous qui êtes la majorité silencieuse paisible, vous vous faites imposer des lois que vous réprouvez, mais dont on vous a persuadé que « la majorité des Français l’approuve » grâce à un sondage de 1060 personnes, c'est-à-dire jamais vous ni quiconque que vous connaissez.

    « Il faut vivre avec son temps » procède d’une vision de l’histoire totalement contestable. Une histoire qui irait dans le sens du progrès de l’humanité mais où en fait l’Antiquité c’était quand même plus développé que le Moyen Âge, malgré tout. Bien sur tout le monde ne s’accorde pas sur ce qu’est le progrès. Pour certains c’est le fait que « chacun fait ce qu’il veut » et qu’après tout on peut avoir des aventures sexuelles « comme on veut ». Pour d’autres ce sont des voitures volantes, même si je vois toujours pas de prototype de DeLorean par chez moi. Pour d’autre encore, c’est vivre en harmonie avec tous les êtres vivants, dans la paix et l’amour. Le progrès c’est le jour où il y’aura plus de guerre, même si ça n’aura échappé à personne que la société progressiste est belliqueuse envers ceux qui refusent son « progrès ». Encore une fois ce sont toutes les faces du libéralisme bourgeois. Vous pouvez piocher, c’est gratuit ! Moi j’ai l’impression que « vivre avec son temps », c’est un peu tourner le dos à tout ce qui se faisait avant, sauf bien sur les Droits de l’Homme de 1789.

    Car voyez-vous, le passé, c’est rance, ça sent la naphtaline, c’est totalement réac. Mais pas la DDHC de 1789 qui à l’instar des textes religieux est atemporelle. Son actualité ne fait aucun doute ! Que dis-je ? Elle est toujours plus d’actualité ! Prenez Bonaparte, ou plutôt Napoléon Ier, empereur des Français, ça c’est le passé, c’est un autre monde, on peut tripatouiller le code civil de 1804 comme on veut pour « l’adapter ». Mais par contre la DDHC qui lui est antérieure de 15 ans et qui fut le socle de la Première République de 1793, hé bien elle, si vous y touchez, vous êtes l’hérétique, vous mériteriez le bûcher. Mais alors c’est à n’y plus rien comprendre, si notre monde est rationnel, grâce à l’héritage des Lumières, alors pourquoi ce sentiment que la DDHC a été sacralisée et que tout atteinte relèverait du blasphème ? Etrange n’est-ce pas ? Etrange aussi de considérer que les Lumières, c’est «toujours dans l’ère du temps » alors que des penseurs du XIXe et du XXe siècles seraient devenu totalement has been.

    Bref ne vous triturez plus les méninges ! Ce qui est « de notre temps » c’est ce qu’en ont décidé les libéraux. L’énigme est résolue.

    Jean http://cerclenonconforme.hautetfort.com/

  • Réactions tous azimuts contre la modernité

    Philippe Baillet fait parti de ces auteurs qu'il est difficile de classer ou d'étiqueter dans la mesure où cette race d'écrivain n'éprouve nullement le besoin de poser, de se « donner un genre », ou d'appartenir par principe à cette catégorie clairement identifiable d'hommes d'un seul livre, pour exister. Italianiste brillant (on lui doit des traductions de plusieurs grands penseurs transalpins dont Julius Evola, Del Noce, l'analyste et contempteur de « l'irréligion naturelle », et l'adaptation en langue française de l'ouvrage, très complexe, de Roberto Fondi, La révolution organiciste), évolien au nom de la "tradition", nourri des thèses de la Nouvelle Droite mais catholique convaincu, Baillet, qui fut l'un des cofondateurs en 1977 de la revue Totalité, fuit la médiocrité d'une manière épidermique mais s'abreuve en faisant toujours abstinence de préjugés des œuvres et des penseurs qui fourbissent leurs armes dans le grand combat civilisationnel contre la modernité qu'il exècre congénitalement. Modeste, trop modeste, il se définit comme « docteur en rien » alors que sa plume est remarquable et que ses critiques sont toujours étayées d'arguments indéniables, d'illustrations pertinentes et de précisions toujours bienvenues qui n'alourdissent jamais son texte. À ce propos on appréciera la précieuse utilité de ses notes de bas de page qui apportent systématiquement une lumière nouvelle à ses écrits ou une ouverture vers d'autres contrées, vers d'autres idées mais bien sûr toujours en rapport avec les thèmes qu'il développe. Avec son nouvel ouvrage intitulé Pour la contre-révolution blanche, Philippe Baillet explique fort bien pour qui et pour quoi il écrit, pour ceux qui naissent actuellement des décombres de la société moderne, pour les Blancs ayant pleine conscience de l'extrême précarité de leur race, pour les surhommes précoces d'aujourd'hui et surtout pour ceux de demain qui sortiront nécessairement de terre à l'issue de la guerre civilisationnelle inéluctable, comme se sont naturellement métamorphosés en fascistes les survivants virils de la Grande Guerre fratricide. Pour ce faire, il a sélectionné une quinzaine d'articles provenant pour la moitié d'entre eux du Choc du mois "original" (sa première version) où il collabora brillamment à partir du onzième numéro à la toute fin des années quatre-vingt jusqu'à la disparition de la revue, mais aussi de la Nouvelle Revue d'histoire, de Catholica ou de La Nef. La première leçon formulée par l'auteur, exprimée parfaitement par l'exemple même de son travail, est l'importance des mots et des notions utilisés par l'écrivain ou par le journaliste réactionnaire. Si l'on devine aisément qu'un tel cerveau ne peut que mépriser la phraséologie, le verbiage et les énoncés approximatifs (comme tout bon traducteur qui doit exprimer d'une façon optimum, avec fidélité, la pensée subtile d'un auteur), il a surtout compris que les mots étaient des armes et les phrases des bataillons et qu'il ne fallait en aucun cas utiliser, en les adoptant, les termes de l'adversaire. C'est ainsi qu'il rejette le vocable "révolution" dont la connotation est moderniste au profit de l'expression "contre-révolution" qui évoque sans ambiguïté un retour réfléchi aux sources de l'enchantement, de la religiosité et de l'ordre. Mais, posons-nous d'emblée la question, Baillet croit-il réellement à l'ultime victoire du bien sur le mal ou pense-t-il que ce monde est à l'agonie et que les efforts, même surhumains, d'une cohorte de blancs régénérés intellectuellement et spirituellement, ne font et ne feront en fait que retarder les morts de l'esprit et des libertés humaines pour laisser intégralement place à une masse informe vile et servile soumise constamment à l'infâme médiocrité de sa propre image ? Cela n'aurait guère d'importance si à l'image de Donoso Cortès, ce contre-révolutionnaire espagnol qui apparaît dans une certaine mesure comme le précurseur de Carl Schmitt en tant que théoricien de « la situation d'exception » ou de la dictature (qui « a pour la jurisprudence la même signification que le miracle pour la théologie ») Philippe Baillet écrivait et agissait, comme cela semble être le cas, à l'instar de Donoso, en travaillant de toutes ses forces pour le renouveau ou la sauvegarde de la civilisation malgré la certitude de sa fin inéluctable ? « On peut très bien, écrit-il ainsi, jour après jour, faire ce qui doit être fait, remplir son devoir d'état, sur un fond de désespérance à peu près totale en ce qui concerne la possibilité d'inverser le cours des choses ».

    On comprend mieux, par ailleurs, pourquoi, en France en particulier, l'œuvre de Donoso et sa vision millénariste de la politique ne se diffusèrent que parcimonieusement, là où la tradition a été profondément rationalisée sinon "positivisée" par les théorèmes maurrassiens. Et nous pourrions nous demander sur ce point si la préparation de la dictature puis son organisation peuvent être correctement menées par des cerveaux ayant irrémédiablement fait le deuil d'une victoire finale, sensiblement irréversible, sur le plan mondain, et qui auraient été "vaccinés" contre tout enthousiasme né du sentiment du possible triomphe permettant souvent le dernier coup de rein paradoxalement fatidique... Les articles consacrés à Friedrich Nietzsche et surtout, selon nous, au poète et romancier Antonin Artaud (initialement paru en 1988 soit 40 ans après sa mort) ont certainement été motivés par ce même "mystère" constitué par la juxtaposition au sein d'une même cervelle d'un pessimisme concernant l'avenir de l'occident donc du monde voué à l'apocalypse et d'une volonté viscérale, instinctive, de lutter contre « l'insupportable », loin de tout dandysme jugé par l'auteur comme une posture impossible en notre temps. En effet, Artaud qui a tenté (malgré la maladie taraudeuse) de lutter contre « la putréfaction de la culture occidentale » en "littérature", au théâtre et au cinéma (Maurras écrivait dans Trois idées politiques que « le bon peuple veut des modèles, et l'on s'obstine à lui présenter des miroirs ») a été contraint pour survivre encore lors de ses dernières années pendant lesquelles la réalité lui était devenue insupportable de « devenir fou» du fait de sa faiblesse découlant peut-être d'un excès de lucidité, plutôt « que de forfaire à une certaine idée supérieure de l'honneur humain ». Ou la difficulté de rester soi dans un monde empoisonné...

    Cependant l'ouvrage de Philippe Baillet ne se limite pas à ces questions psychologiques et philosophiques liées à la plus pure métaphysique, au demeurant fort intéressantes, mais décrypte également les actions néfastes des penseurs du système dont l'imbécillité seule rivalise avec leur malhonnêteté et leur méchanceté. Ceux-là accompagnés de la justice (systémique) et des media ont créé un nouveau régime que le paléo-conservateur et racialiste Samuel Todd Francis (1947- 2005) a appelé (pour la première fois dans la revue Chronicles eu 1992) anarcho-tyrannie, système sociopolitique où les vrais criminels ne sont pas réprimés en même temps que le sont les citoyens innocents, Sur le sujet, Baillet offre à ses lecteurs un article inédit (et le plus long du recueil) d'une remarquable densité dans lequel sont présentés avec force précisions les courants conservateurs américains et où sont mises en exergue les spécificités et l'essence du paléo-conservatisme qui ne peut en aucun cas être comparé avec l'idéologie des néocons dont le postulat est le mondialo-sionisme. Ici le constat des agressions commises par le système à l'encontre des Blancs et résumé par un petit texte de Robert S. Griffin (que l'ami Jim Reeves connaît bien) est d'une magnifique limpidité : Ces agressions permanentes visent à faire adopter par les Blancs « trois opinions contradictoires dans le domaine racial. Premièrement, la race n'existe pas : deuxièmement, elle existe mais n'a pas d'importance : troisièmement, elle existe et importe, et, en ce qui concerne les Blancs, leur race est quelque chose dont ils doivent se sentir coupables et qu'ils doivent expier ». Et Baillet d'ajouter avec ironie que « tous les actes racistes de l'histoire, sans exception, ont été commis par des Blancs non juifs : et ces actes, bien sûr, ne pouvaient avoir pour seule et unique cause que la malignité profonde, la méchanceté viscérale des Blancs non juifs. » Tel est le miroir sur lequel se reflète en permanence l'image dénaturée de la masse blanche qui pour se faire pardonner (et la contrition doit être, semble-t-il, éternelle) ne possède qu'un moyen: Se saigner et fondre, humiliée, jusqu'à complète disparition.
    Valentin BARNAY. RIVAROL 29 OCTOBRE 2010

    Philippe Baillet, Pour la contre-révolution blanche, portraits fidèles et lectures sans entraves, Editions Akribeia (45/3, route de Vourles, 69230 Saint-Genis-Laval. « vww.akribeiafr », 188 pages, 18 euros (frais d'envoi = 5 euros ; 2 livres et plus = 6,5 euros).

  • Stéphane Hessel et les vertus du Bien


    Que ceux qui sont pour le Bien et contre le Mal lèvent le doigt. Hormis quelques brebis noires au bêlement dissonant et particulièrement louche, vous aurez pour réponse une majorité écrasante d’assentiments très corrects. Il ne faut pas creuser plus loin pour expliquer le succès d’opinion d’un Stéphane Hessel, le triomphe commercial, en 2010, de son opuscule à trois sous « Indignez-vous ! », vendu à plus de 2 millions d'exemplaires en France, traduit dans une trentaine de langues. La France, lisant ce brûlot ampoulé, aurait dû mille fois se soulever, coiffée de ce bonnet phrygien dont le « Grand homme » s’était affublé un jour, comme une sorte de Stroumpf sans culotte. Mais rien ne se passa, sauf les éternels embouteillages du week end…

    Il y avait bien eu pourtant des attroupements, en Europe ou à Nouillorque … très peu en France… Indignados d'Espagne, indigneti d'Italie, indies d'Occupy Wall. Mais on s’époumone, on s’indigne véhémentement, et le monde tourne toujours en écrabouillant les innocents... Sale Monde immonde ! Méchants riches ! …

    Le vieillard très digne de 95 ans a bien eu, le cabotin, son enterrement de première classe dans la Cour d’honneur des Invalides, avec trompettes et drapeau, garde d’honneur et discours ronflants. Pourquoi, au juste ? Certes, il fut Résistant, comme d’autres, et déporté, comme d’autres. Il fut diplomate, comme certains. Et militant.

    Voilà… Il fut courageux, sans doute. Mais cela suffit-il, soixante ans plus tard, à forger un prophète ?

    Que reconnaissons-nous en lui ? Ecoutons le chef de l’Etat : c’était donc «un homme qui fut une conscience, un grand Français, un juste», « un homme libre : libre de ses choix, libre de ses engagements, libre de sa vie». «La liberté, c’était sa passion, son idéal», «c’est en son nom qu’il fut un Français libre». Soit, voilà qui est bien. Mais tous ces mots emphatiques, cette répétition insistante sur le terme « libre », la connotation qui s’attache au substantif « juste », la formule quelque peu publicitaire qui inclut le vocable très affecté « passion », tout cela sent un peu la rhétorique de classe d’instruction civique de collège, vague à souhait, déclamatoire, un brin pompeux. En somme, de l’huile de moteur pour République un peu poussive. Certes, c’est la loi du genre, mais on aurait aimé un peu plus de précision, plutôt que le rappel ridicule qu’ « il lança à la face des fatalistes, des résignés, des frileux son slogan "Indignez-vous !"». Et cette précision : ce fut une invitation «non à la révolte mais à la lucidité». On n’est jamais trop prudent !

    Et quelle action proposer ? François Hollande a rappelé son engagement auprès de Pierre Mendès France puis de Michel Rocard, «dont il partageait la conception de la gauche ». La gauche américaine, quoi… Le Victor Hugo à la sauce hollywoodienne mis en comédie musicale (pensez-vous, il était gaillard, pour son âge ! Et comme il sautait comme un cabri, en compagnie de cet autre cabotin hargneux, Cohn-Bendit !).

    Hollande n’a pas enterré un nom bien dangereux ! Etait-il, du reste, notre « président normal », the right man pour ce faire ? On en doute, et l’amitié qui le liait à l’Indigné professionnel a de quoi surprendre. On lui passera, si l’on veut, l’intervention en Libye, mais que dire de sa participation au terrorisme perpétré par les très sanguinaires djihadistes, qui mettent actuellement la Syrie à feu et à sang, sans d’ailleurs que le Vieillard sublime y ait vu autre chose que le flash des photographes ? Que dire aussi de la précarité, de la misère programmée par un libéralisme cyniquement assumé, bien qu’enfumé par des réformes sociétales dilatoires ? On aurait aimé plus de « lucidité » de la part du patriarche !

    L’Ancien, on le sait maintenant, poussait l’amour de la gloriole jusqu’à mentir sur son pedigree, et il faut avouer que c’est là un bon lazzi dans cette Commedia ! Plusieurs fois, selon les mauvaises langues, il s’est vanté d’avoir « participé » « à la rédaction (…) de la charte des droits de l'homme ». Il aurait été « associé à la rédaction » de cette charte. Les médias, non démentis, se sont hâtés d’en faire un «  co-rédacteur ». Le gros mensonge ! Certes, en 2008, il a avoué à mi-mot la semi-supercherie. Mais en 2010, lors de la publication de « Indignez-vous », il a repris à son compte cette usurpation flatteuse.

    Mais que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre ! A 95 ans, il est normal d’anticiper sur les délices du paradis, même si c’est contre la vérité ! Et puis l’ivresse des plateaux, des micros, des grelots de la renommée… Il faut bien que vieillesse passe !

    Il y a eu bien sûr les jérémiades acrimonieuses du venimeux Prasquier, président du Crif, qui a accusé le héros d’être antisémite, un peu comme on avait osé le reprocher au Juif Edgar Morin. Pour mériter l’apothéose, il faut, pour le lobby sioniste érigé en tribunal, se mettre au garde-à-vous devant l’Etat d’Israël, et se taire, comme le font la plupart des intellectuels français et des médias, complices ou terrorisés, devant les crimes de Tsahal. On peut alors bien reconnaître à Stéphane Hessel un certain courage, qui lui interdira sans doute le Panthéon. Pensez-vous, un antisémite à côté des plus grandes gloires de la France (à l’exception des autres…).

    Mais bon, les méfaits d’Israël sont tellement gros que, si l’on bénéficie d’un brin d’honnêteté, on ne peut qu’en dire du mal. Pas de quoi casser la patte à un canard. Le Crif aurait mieux fait de se taire, car voilà une publicité supplémentaire dont les criminels de guerre israéliens se seraient bien passés.

    C’est du reste la faute inexpiable que les organes de propagande sionistes, dont l’éventail est considérable, condamnaient avec virulence chez Hugo Chàvez. Le hasard a voulu en effet que L’Indigné et l’Homme d’Etat mourussent à peu près au même moment. Les deux aimaient les mots. Mais le second prenait les risques que l’autre avait abandonnés depuis belle lurette. Et il se coltinait avec de la chair et de l’âme humaines, non avec le souffle éthéré des mots (bien que le mot, bien sûr, puisse être une arme), mais avec de l’action.

    A propos d’arme, le mot hessellien fait penser à une carabines à air comprimé, qui ne fait pas bien mal.

    Seulement, la vie, le combat politique, ce n’est pas seulement la lutte entre le Bien et le Mal, comme voudrait nous le faire croire cet autre phénomène de foire qu’est BHL. Bien sûr, d’une certaine façon, les intellectuels de cour, qui hésitent entre rôle de bouffon ou de clown triste, ont toujours quelque part un peu de sang sur les mains. BHL, lui, en est imprégné, du sang des innocents. Une éponge. Stéphane Hessel, pour sa part, c’est un peu le Capitan de la Commedia dell Arte, un antique soldat, qui eut son heure de prestige, mais dont l’épée flageole, et le nez hume un peu trop au vent les vapeurs du songe.

    Qui seront donc les « indignés » de demain ? Ces bobos phraseurs qui se la jouent dans la rue en ne voilant le sein qu’ils ne veulent pas voir ? Foin de cette réalité scandaleuse de la vie telle qu’elle est ! Il faut se salir les mains, parfois, dirait Sartre. Eh oui ! Les Grillini, qui veulent refuser la nationalité italienne aux fils d’immigrés nés sur la botte, tout « indignés » qu’ils sont, auraient-ils reçu la bénédiction du pape de l’ « Indignation » ? On peut en douter. Seront-ce les ouvriers licenciés qui vont « tout casser » pour protester, et peut-être interdire aux travailleurs immigrés de briser leur grève, comme on l’a vu à Peugeot Citroën ? Des « indignés » peu recommandables, loin des romans à l'eau de rose...

    Claude Bourrinet http://www.voxnr.com

  • Armée française : De jeunes officiers dénoncent la gabegie et le déclin

    Francetv info publie une tribune dans laquelle une dizaine de jeunes lieutenants de l’armée française, normalement soumis au devoir de réserve, épinglent sévèrement la gestion de la Grande Muette. Ils souhaitent interpeller sur “l’état critique de l’armée française“, qu’ils ont intégrée il y a en moyenne trois ans. Explications.

    Que dénoncent-ils ? De mauvais choix budgétaires

    Aujourd’hui, l’armée française est menacée de déclin”, attaquent d’emblée ces jeunes officiers. Ils pointent particulièrement la négligence de l’équipement individuel des soldats au profit de grands programmes d’armement. Et de citer le programme Félin, “censé faire du soldat une sorte de Robocop ou d’inspecteur Gadget“, mais qui a “alourdi d’une dizaine de kilos” les équipements.

    Un parachutiste dépense en moyenne 1.600 euros pour son équipement individuel, c’est près d’un mois de salaire“,confient-ils pour appuyer leur propos. Car le matériel de base fourni par l’armée est loin d’être optimal, comme le révèle ce témoignage publié sur le blog Secret défense. Mais ils épinglent aussi le lobby “du complexe militaro-industriel“, qu’ils accusent d’être responsable de certaines des orientations budgétaires qu’ils dénoncent, et auquel le Parlement doit “imposer des choix stratégiques“.

    Qui sont-ils ?

    Ils se réclament de Marc Bloch, historien et gradé de l’armée française qui a écrit en 1940 L’Étrange Défaite, où il décortique les raisons de l’échec français durant la Seconde Guerre mondiale. Défaite qu’il impute à des dysfonctionnements au plus haut niveau de l’armée.

    La “gabegie du pyramidage des officiers

    Des officiers supérieurs sont entretenus dans une inactivité de petits fours“, assène le mouvement Marc Bloch. Dans le viseur : 5.500 généraux officiellement à la retraite, mais maintenus en “2e section”. Mobilisables par l’armée, ils perçoivent à ce titre “une solde de réserve, dont le montant est équivalent à celui de la pension de retraite, mais qui est fiscalement considérée comme un revenu d’activité“. Ce qui permet notamment de bénéficier de la déduction de 10% pour frais professionnels dans le calcul de l’impôt sur le revenu selon la loi.

    Seule une petite centaine sont rappelés chaque année, tandis que les autres “sont jamais à la retraite, mais tranquilles“, note Rue89, qui rappelle que la solde moyenne de ces généraux, hors prime, est de 5.850 euros mensuels.

    De plus, nombre d’entre eux se reconvertissent dans le privé, et l’Association de défense des droits des militaires dénonçait déjà en 2008 le fait qu’”au mépris de la règlementation et à l’heure des restrictions budgétaires, des généraux cumulent soldes de réserve et solde d’activité“.

    Dans le même temps, 35.000 emplois de militaires et sous-officiers sont supprimés, et aucun d’officier“, déplorent les signataires de la tribune. Selon une étude de la Cour des comptes reprise par la reprise par la Fondation iFrap (un think tank français ultralibéral), sur les 22.000 postes supprimés entre 2008 et 2011, seulement six postes d’officiers généraux (toutes armées confondues) étaient concernés. Ils épinglent également le système de primes, notamment attribuées aux parachutistes, mais dont l’organisation est en passe d’être revue.

    Pourquoi parlent-ils ?

    S’ils manquent à leur devoir de réserve, “c’est parce que la hiérarchie n’a pas intérêt à dénoncer les abus dont elle bénéficie“. Ils assurent dénoncer uniquement des faits qui sont dans le “domaine public”, mais sur lesquels l’attention n’est, à leur sens, pas assez portée. Ils s’appuient notamment sur des chiffres de la Cour des comptes, du Conseil supérieur de la fonction militaire ou encore des données largement relayées sur les blogs et forum militaires.

    Par cette tribune, publiée avant la sortie avant la sortie du Livre blanc de la Défense pour 2014-2019, qui doit être rendu fin mars ou début avril, selon Marianne, ils souhaitent “interpeller l’opinion publique pour éviter que le recueil ne se trompe, délibérément ou non, de constat”. “Ce sont des faits qui scandalisent toute l’armée”, soulignent ces jeunes chefs qui se veulent porte-paroles de leurs troupes.

    Que veulent-ils ? Attirer l’attention de l’opinion publique

    Nous n’avons pas la prétention de tout bouleverser“, affirment-ils. Mais ils cherchent à prendre toute leur place dans un “débat national” qu’ils jugent nécessaire. Le mouvement Marc Bloch réclame également la création d’une commission parlementaire indépendante afin de réfléchir à toutes les questions qu’il soulève et notamment à révision des primes et indemnités des militaires.

    En guise de signal d’alarme, ils rappellent que le moral de l’armée “est en seuil d’alerte“, selon les mots du chef d’état-major des armées, l’amiral Edouard Guillaud, le 11 juillet 2012.

    Montrer que les efforts peuvent venir de l’intérieur

    Ils aimeraient “que les pouvoirs publics montrent qu’ils s’intéressent à l’armée en augmentant son budget et en s’occupant de ceux qui la plombent de l’intérieur“. Car l’autre objectif de ces jeunes cadres de l’armée est de “montrer que des efforts de l’intérieur sont également possibles”.

    En effet, au-delà du “manque de moyens donnés à l’armée par l’État“, ils souhaitent mettre en lumière “le conservatisme des officiers qui empêchent toute
    réforme d’ampleur
    “.

    France TV Info  http://fortune.fdesouche.com

  • Hommage à Maurice Ronet, le cinéma de la droite absolue

    Hydre absolue, ivre de ta chair bleue...

    Valéry

    Je participerai à une émission de Radio Courtoisie (le 12 mars prochain, à 21h30) consacrée à Maurice Ronet par mon ami Arnaud Guyot-Jeannin. J’en profite pour proposer ce petit texte en en-cas. Le sujet Ronet, un des plus aristocratiques qui soient, me poursuit tel une ombre rebelle depuis vingt ans ou presque. Même le bref hommage d’Eric Neuhoff n’y suffira pas...

    Maurice Ronet avait milité discrètement dans les années 70 au Parti des Forces Nouvelles de Tixier-Vignancour, donnant en quelque sorte raison à Jean Parvulesco qui affirmait quinze ans avant - d’Espagne dans la revue de la Phalange -, que la nouvelle vague était « fasciste ». Cette déclaration tempétueuse était bien sûr à tempérer mais il y aurait à dire sur Godard (qui fait d’ailleurs parler Parvulesco dans l’immortel A bout de souffle), Chabrol et Gégauff (revoir la scène très provo des Cousins, avec Brialy grimé en officier allemand) et sur Rohmer (deux amis se saluent bras tendu dans la collectionneuse en prononçant le cri de guerre Montjoie !). Ronet a tout en tout cas du beau ténébreux maudit, du dandy de droite, du guerrier maudit, du nihiliste caviar, même s’il vaut mieux que les héros parfois caricaturaux et ennuyeux du bon Drieu.

    Ronet excellait à se faire détester et tuer : pensez à la Piscine (il joue le rôle d’un Américain !) et bien sûr à l’extraordinaire Femme infidèle. Il se moquait de lui-même disant qu’il avait été tué une trentaine de fois au cours de sa carrière. Sa dernière mort, d’ailleurs abjecte, se produit dans l’horrible film la Balance, qui montre peut-être une transition terminale dans le cinéma français : on n’y sera effectivement plus en France, après. Le vieux fusil a changé d’épaule. Vogue la galère.

    Je fais un crochet par les studios américains. Ce n’est pas un hasard si le seul film d’extrême-droite du cinéma français se joue avec Delon et Ronet, sans oublier Anthony Quinn : c’est bien sûr les Centurions, hymne à la gloire de Bigeard et des paras d’Alger, provocation intenable dès l’époque puisque l’excellent film de Mark Robson, tourné d’ailleurs à Almeria, justifiant quelque peu la torture, fut ostracisé dix ans durant (quel honneur !).

    Au début des années 80, alors qu’il sait sans doute qu’il va mourir, notre grand homme (plus encore que grand acteur), marié à une très belle fille Chaplin (et petite-fille du prix Nobel irlando-américain O’Neill !) désire aussi adapter pour la télé encore française une vie du général Boulanger. Le sujet est important car si Boulanger n’avait pas flanché à l’époque, l’histoire de la France et de l’Europe aurait été changée (que ce serait-il passé en cas de chute de la république méprisée et de nouvelle défaite face à l’Allemagne ?). Cela montrait en tout cas que Maurice Ronet s’intéressait en tout cas aux sujets pointus, et qu’on le suivait : car il y avait encore une télévision et un cinéma nationaux, je le maintiens sans sourciller. De cette fin de carrière je recommanderai aussi l’étonnant Madame Claude, avec une Françoise Sagan géniale, film d’un chic vulgaire et racoleur. Ronet y joue un ami de la dame et essayeur dandy de belles espionnes. Le film traite aussi de l’affaire Lockheed qui défraya la chronique dans les années 70 quand une partie des Bilderbergs (la Trilatérale) décida de se débarrasser de l’autre en prétextant des achats militaires (les fameux avions défectueux)... Le cinéma français s’intéressait à de ces choses...

    Mais ce qui est surtout intéressant chez Maurice Ronet, c’est sa culture, sa recherche personnelle. Il a adapté les génies absolus de la littérature américaine, Poe et Melville, avant que l’Amérique - comme le cinéma français - ne soit plus l’Amérique. Ronet adapte deux fois Edgar Poe, l’excellent Scarabée d’or et l’extraordinaire Ligeia, un des plus beaux textes jamais écrits en hommage à la femme. Jugez-en en trois lignes traduites il est vrai par Baudelaire(1) :

    « Une intensité singulière dans la pensée, dans l’action, dans la parole était peut-être en elle le résultat ou au moins l’indice de cette gigantesque puissance de volition qui, durant nos longues relations, eût pu donner d’autres et plus positives preuves de son existence. »

    Ce film est introuvable. On peut par contre voir sur Youtube le prophétique Bartleby de Melville où l’éternel Michel Lonsdale adapte dans le Paris grisonnant des années 70 l’extraordinaire petit résistant à la matrice du maître de Moby Dick. Lonsdale traînaille autour du palais Brongniart comme si l’on pressentait que c’était à cet endroit que se jouerait la fin de notre histoire. Ici et à Wall Street naturellement. Je voudrais bien ne pas le faire, répète Bartleby d’une manière cyclique.

    Le grand opus est bien sûr celui sur les dragons de Komodo, que je cite comme joyau mythique dans ma "Damnation de stars"(2). Ronet les compare à des chevaliers, à des héros solaires aux armures brillantes (pensez à Excalibur) qui bataillent près du cratère du Krakatoa (je sais, ce n’est pas la même île !!!) au commencement du monde, mythologie éclatée, au commencement du temps et de l’espace. De ce moyen-métrage (j’allais écrire moyen âge) fantastique, Ronet avait tiré un livre publié dans la célèbre et formidable collection j’ai lu, l’aventure mystérieuse, qui nous a tant permis de rêver quand nous avions dix ans et que nous attendions la venue des soucoupes violentes et des tibétains télépathes ! Les années 70 sont aussi les années fastes de Pierre Kast, qui tourna les Soleils de l’île de Pâques et avec qui le feu follet de la droite absolue oeuvra. Je me suis souvenu qu’avec Jünger bien jeune j’ai regretté aussi que soixante-dix s’efface. Nous avions soixante ans d’écart mais nous savions qu’après cette décennie sauvage et décalée, libertaire et païenne, sur fond d’agonie de tout, nous ne reverrions plus rien. Et ça n’a pas manqué.

    On trouve ce bel extrait, qui explique si bien notre Ronet, dans le livre cité sur les dragons :

    « Beaucoup de gens de notre temps que la fortune a fait naître en pays développés, perdent, jour après jour, le besoin de leurs jambes et celui de la curiosité. Ces gens-là mettent des manteaux à leurs petits chiens, tiennent rigueur aux gouvernements de ne pouvoir empêcher la neige de tomber sur les divines autoroutes où ils se font prendre comme mouches sur le papier à glue, et, grâce à la télévision, se croient au fait de tout ce qui se passe dans le monde. Pourtant, qu’il est dérisoire le petit écran si l’on songe à l’infini des horizons où perpétuellement se transforme et se recrée l’univers. En vérité, l’homme qui cesse de lire et de voyager parce qu’il possède un poste de télévision est comparable à l’enfant qui se fait une idée suffisante du soleil en contemplant les rayons d’ostensoir dont l’embellit son livre d’images. »

    Et comme je n’ai pas envie d’en dire plus, me réservant pour la radio, je laisse Ronet conclure, ouvrir plutôt un débat supérieur, digne de mon "Voyageur éveillé"(3) :

    « L’existence de tout homme n’est que l’incessant combat contre ses propres dragons. »

    Nicolas Bonnal http://www.france-courtoise.info

    (1) <ebooksgratuits.com>
    (2) Filipacchi, 1997
    (3) Les Belles Lettres, 2002