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  • Génération Identitaire Lorraine rend hommage à Pascal, SDF mort dans sa

    Ce dimanche matin, une dizaine de militants de Génération Identitaire Lorraine se sont rendus dans la ville de Boulay (Moselle) afin de rendre hommage à Pascal. Pascal était SDF et vivait depuis le mois d’octobre dans sa voiture. Son corps a été retrouvé sans vie le lundi 25 février. C’était un travailleur français, et pourtant la rue l’a tué.

    Dans leur discours, les militants ont tenu à faire preuve de leur émotion quant à cette tragédie tout en exprimant leur souhait de continuer à venir en aide aux SDF français à travers leur campagne Génération Solidaire.

    Les jeunes de Génération Identitaire ont ensuite déposé une gerbe de fleurs là où Pascal est mort.

    Les militants ont également pu discuter et compatir avec la sœur de la victime, qui a tout notre soutien dans cette douloureuse épreuve.

    Génération Identitaire Lorraine dénonce le manque de volonté des pouvoirs publics et juge inacceptable que des clandestins puissent être relogés quand des SDF français sont laissés à l’abandon dans nos rues.

    Joint avant la cérémonie, le maire de Boulay nous avait assuré de sa présence, mais ce dernier n’est pas venu.

    Les nôtres avant les autres.

    Génération Identitaire, Génération Solidaire !

    3 mars 2013 http://www.generation-identitaire.com/

  • Préservons les valeurs de l'ancienne France – par Éric Muth

    À tous ces étrangers qui nous gouvernent, la vraie France vous exhorte à faire disparaître l'islam de notre pays. De Christiane Taubira  à Najat Vallaut Belkacem, tous les ministres socialistes manifestent une incompréhension, voire une aversion, de plus en plus grande pour le catholicisme, au profit de l'islam. 

    Manuel Valls, ministre de l'intérieur, lors d'une récente émission, revenant sur l'affaire Merah confiait vouloir combattre l'islam radical en France et laisser s'épanouir un islam modéré. C'est une imposture, car l'islam est une insulte à la Raison et à la Morale. L'islam n'est pas dans le prolongement du Christianisme. Les musulmans considèrent Jésus comme un prophète dont la mission fut d'annoncer la venue de Mahomet.
    L'ISLAM FORCE DU MAL
    Voir la réalité en face c'est admettre que Mahomet est l'antithèse du Christ, l'islam est l'antithèse du Christianisme. Le Dieu de l'Islam n'est pas le Dieu des Hébreux, bien au contraire, c'est un Dieu destructeur créé par un faux prophète. Le Christ avait mis en garde contre les faux prophètes reconnaissables à leurs actes. Si l'Islam ne disparaît pas, ce sont les sociétés occidentales qui tomberont. Les forces du mal se trouvent du côté des islamistes, le coran, livre de guerre et de haine, avec tous ses versets sataniques.
    Le développement actuel de la situation mondiale semble bien nous permettre de distinguer que ce temps approche à grand pas, l'Antéchrist : « Par tous les moyens, Allah est avec vous, tuez les résistants, puis devenez les dominateurs des peuples conquis », crie un imam. Bien sûr, nous sommes tout près d'une conquête de l'Islam en France et dans toute l'Europe.
    Et puis, c'est également la Franc-maçonnerie mondiale qui cherche à effacer le concept même de Dieu, elle a hélas contaminé une partie du clergé catholique en Europe et particulièrement en France. Il ne faut plus attendre et dénoncer ces scandales antichrétiens. Dernièrement encore les propos haineux d'un prédicateur salafiste égyptien, Ahmad Mahmoud Abdallah, dit Abu islam : « Je le jure devant Dieu tout puissant - et croyez-moi, je ne mens pas - que le culte de l'Église trouve ses origines dans le culte du pénis. Je le jure devant Dieu...Jetez un œil à l'image de Jésus, et vous verrez un pénis, juste ici. Ou est-ce de ce côté? Les chrétiennes vénèrent et élèvent des chats et des chiens comme substituts aux maris. Elles forment leurs chiens à jouer au mari. Je le jure devant Dieu. Je ne mens pas. Elles achètent des chiens à cet effet. Elles forment les chiens à faire les maris. Les chrétiennes font cela. » Encore un débile qui devrait être dans un asile psychiatrique.
    Et en Belgique, un habitant qui prend 4 mois de prison ferme pour avoir déchiré un coran en présence d'un musulman. De qui se moque-t-on ? Et ces faits nous prouvent encore une fois que la charia est en train de s'installer ! Condamné pour avoir déchiré un livre dont le tiers ne contient que des appels au meurtre et des incitations à la haine et à la violence contre les chrétiens, les juifs, ceux qui quittent l'islam, et ils sont nombreux heureusement.
    Voilà ce que Monsieur Hollande et toute sa clique protègent au nom des fameux droits de l'homme. C'est le monde à l'envers.

    http://www.francepresseinfos.com/

  • Mali : retour au point de départ ethnique

    Editorial de Bernard Lugan

    Militairement, les islamistes sont cernés dans un dernier réduit du massif des Iforas avec, au Nord et à l’Est, les Algériens, au Sud les Tchadiens en bouclage, à l’intérieur, les forces spéciales françaises et des Touareg. L’intensité des combats montre a posteriori à quel point la politique française qui mettait en avant l’idée de non intervention, mais de formation des contingents africains, n’était rien d’autre qu’une vue de l’esprit. En effet, s’il n’y avait pas eu l’opération Serval, les Iforas seraient toujours une base jihadiste…

    Maintenant que le nuage islamiste est dissipé, et en dépit d’attentats résiduels et d’actions terroristes à venir, le réel réapparaît avec force. Quel est-il ?

    1) Nous ne sommes pas face à une guerre de religion.
    2) Nous sommes en présence d’un classique conflit ethnique et même racial, un conflit ancré dans la nuit des temps entre « nordistes » et « sudistes ».
    3) Nous en revenons donc au début de la crise, c’est-à-dire à la revendication touareg. Tout le reste est secondaire, à commencer par la question islamiste qui est simplement venue se greffer sur la revendication touareg.

    Depuis le déclenchement de l’opération Serval, François Hollande a eu l’intelligence de laisser faire les militaires. Maintenant que le nettoyage des Iforas est entré dans sa phase finale, le relais politique ne va pas tarder à être pris par le Quai d’Orsay et la cellule africaine du parti socialiste. L’ idéologie va donc de nouveau prendre le pas sur le réel sahélien.

    Le président Hollande ayant une nouvelle fois déclaré que le but de l’intervention française est la restauration de l’intégrité du Mali, deux grandes questions vont se poser :

    1) Que va dire Paris à Bamako quand le Mali va vouloir exercer sa souveraineté sur la totalité du territoire reconquis par les Français et les Tchadiens ? De quel droit la France peut-elle continuer à interdire à l’armée malienne d’aller faire la « mouche du coche » à Kidal et dans les Iforas ?
    2) Que va dire Paris aux Touareg qui se sont battus à nos côtés, qui ont largement permis l’opération des Iforas et qui ne veulent pas d’armée malienne chez eux ?

    Comme il va bien falloir passer au règlement politique de la question malienne, la seule approche réaliste doit tenir compte des trois points suivants :

    1) Le soulèvement du mois de janvier 2012 qui est à l’origine de l’actuelle guerre du Mali s’est fait au nom de l’identité touareg et autour de la revendication de l’Azawad.
    2) Or, comme je n’ai cessé de le dire depuis le début du conflit, et comme l’ont découvert ceux qui lisent mes communiqués et qui ont amplement repris l’idée sans citer leurs sources, l’Azawad n’est qu’en partie touareg. Il existe en effet trois Azawad, l’Azawad Touareg à l’est, avec pour centre le massif des Iforas ; l’Azawad arabe vers l’ouest et vers le nord et enfin l’Azawad du fleuve avec des populations mélangées (Songhaï, Peul, Touareg etc.).
    3) La fiction d’un Etat malien « unitaire » est morte. Le régime de Bamako doit donc admettre qu’il est incapable de tenir deux des trois Azawad et qu’il doit donc penser à une profonde évolution fédérale ou même confédérale.

    L’Afrique Réelle N°39 (Mars 2013)

    http://fortune.fdesouche.com

  • Un nouvel Appel de la Forêt : l'American Third Position Party

    Dans le tohu-bohu des diverses mouvances de droite en Amérique, il est passionnant d'observer la récente naissance de l'American Third Position Party (A3P), un nouveau parti politique dédié à la préservation du patrimoine culturel et ethnique européen. L'A3P a récemment lancé un programme politique et culturel qui risque de faire pas mal de vagues lors des prochaines élections présidentielles en Amérique. La majorité silencieuse des citoyens américains en a assez ; elle est fatiguée du système à deux partis, des "banksters" qui ont ruiné le pays, ainsi que de l'idéologie multiculturaliste ambiante. Tout le monde veut quelque chose de neuf.
    L'A3P offre une alternative patriotique aux deux partis qui ont bel et bien, à l'instar des subprimes bancaires, hypothéqué l'avenir de l'Amérique. Au cours des derniers quarante ans, la politique américaine a été façonnée par le système ploutocratique et par des appareils politiques presque identiques, parti républicain d'une part et parti démocrate de l'autre. Toujours le Même et son Double mal mimé - s'il est permis d'emprunter quelques termes à Jean Baudrillard. Tous deux sont unis dans leur impitoyable dogme du rejet du tiers exclu et dans la diffamation de ceux qui rejettent la marée médiatique du « politiquement correct ».
    L'A3P a choisi pour candidat présidentiel, Merlin Miller, diplômé de West Point, vétéran de l'armée américaine et cinéaste accompli. Sa vice-présidente est Virginia Abernethy, une anthropologue de renom, professeur émérite à l'Université Vanderbilt. L'A3P est le seul parti politique qui représente les Américains de souche européenne et qui s'oppose fermement à la notion de l'Amérique-Empire. Au sein du conseil d'administration de l'A3P on trouve également quelques poids lourds tels que Don Wassal, rédacteur en chef du Nationalist Times, William Johnson, avocat connu de Los Angeles, le professeur Kevin McDonald, grand sociobiologue américain, James Kelso, un activiste connu dans les milieux nationalistes, et le Dr. Adrian Krieg, écrivain et savant. Aucun autre parti, dans le paysage politique américain, ne peut se targuer d'un tel nombre de savants de premier ordre.
    L'A3P dénonce le discours actuel de la classe politique américaine dont la langue de bois renvoie souvent à des vocables d'inspiration soviétique, comme « formation à la conscience ethnique », « politiquement correct », « discours de la haine », « discrimination positive », « diversité », etc. On s'en aperçoit quotidiennement sur toutes les longueurs d'onde lorsque l'on écoute ce genre de "novlangue" qui, au cours de ce demi-siècle, a transformé la politique et les média en hauts commissariats du politiquement correct, et dont l'objectif est de criminaliser l'héritage de l'homme blanc. Les Américains sont aujourd'hui dupés et trompés par le pouvoir et par les médias, de la même manière que les anciennes masses soviétisées et communisées de l'Europe de l'Est d'antan. Au moins l'ancienne nomenklatura communiste savait qu'elle vivait un mensonge historique. En revanche, les élites américaines actuelles pensent tout à fait sérieusement qu'elles vivent la vérité historique et que celle-ci doit être exportée de force aux quatre coins du monde.
    L'Amérique actuelle ressemble de plus en plus aux pays du Tiers Monde puisque 30 % de ses citoyens sont d'origine non-européenne. Les Américains blancs sont en train de devenir une minorité ombrageuse, ridiculisée et de plus en plus discriminée par l'appareil politico-médiatique. Sans une action politique, telle qu'elle est conçue par l'A3P, les Blancs américains risquent de devenir bientôt une population minoritaire, isolée dans de minuscules camps des saints destinés à leur tour à périr dans un processus d'auto-flagellation et de haine de soi. L'A3P se positionne contre la politique américaine actuelle qui exclut les Blancs américains de la middle class. En tant que nouveau parti politique, l'A3P est bien conscient qu'il représente l'Amérique profonde.
    Grâce à la manipulation de masse et au décervèlement médiatique, les "Republocrats" sont parvenus à se maintenir de façon permanente au pouvoir. Ils ont réussi à « diviser et conquérir » les rangs de la droite traditionaliste tout en répandant dans les média une image rocambolesque des divers groupuscules nationalistes, voire en projetant une fausse image caricaturale de toute la droite. Au cours des derniers cinquante ans, cette tactique de diffamation des partis patriotiques a énormément nui au réveil des sentiments nationaux. De sorte que la seule droite qui jouisse du droit de figurer dans le beau monde américain est celle qu'incarnent les néoconservateurs dont les mythes fondateurs tournent autour du Sacré nommé Israël. Le régime présidentiel actuel, par comparaison aux régimes précédents, a ruiné les idéaux et les institutions des pères fondateurs de l'Amérique. Si les politiques actuelles continuent à progresser, les Américains de souche européenne sont censés devenir une minorité dans leur propre pays d'ici à quelques décennies.
    L'esprit du peuple dépend de ceux qui le composent. De même, un État n'est que le produit de son peuple. Si l'on remplace la population européenne en Amérique par une autre population non-européenne, le caractère du pays va fatalement changer. L'A3P est persuadé que les temps sont venus pour un parti politique capable de défendre énergiquement les intérêts des Blancs américains. Toute nation a droit de maintenir et de sauvegarder l'identité sur laquelle elle est fondée. Voilà précisément le grand avantage de l'A3P, celui d'avoir su faire le choix de candidats qui sont moralement, éthiquement et intellectuellement au-dessus de ceux que soutiennent les Démocrates ou les Républicains. L'A3P propose un moratoire sur l'immigration et l'expulsion immédiate des immigrés clandestins. Certes, des plans similaires ont été promulgués par le président Roosevelt pendant la Grande Dépression (1930) et par le président Eisenhower dans les années 1950 - mais ils furent de courte durée. Ils devaient échouer suite aux pressions d'intérêts particuliers, à savoir le capital financier et la poussée des idéologies égalitaires. De plus, l'A3P insiste sur le « fair trade » et dit non au « free trade » ; oui à l'entreprise privée mais toujours au service du bien commun. Il se veut également garant de bonnes politiques environnementales ainsi que dans le domaine de l'énergie, tout en promouvant le « America First » en politique étrangère, ce qui implique, bien entendu, la cessation de toute intervention militaire et de toute aide économique à l'étranger.
    L'Amérique actuelle est devenue un système hautement balkanisé qui fonctionne de plus en plus comme l'ancien système soviétique et où les formes élémentaires de "survivalisme" de chaque groupe ethnique risquent de déclencher des guerres inter-raciales larvées. L'A3P est fort conscient que des temps orageux pointent à l'horizon et qu'il lui incombe donc de bien distinguer entre le vrai ennemi et le véritable ami. Là où il y a une volonté, il y a toujours un chemin !
    Tomislav SUNIC. RIVAROL 2 MARS 2012
    Tomislav Sunic est écrivain, ancien diplomate croate, et ancien professeur américain en science politique. Il est actuellement conseiller culturel de l'American Third Position Party. (http://american3rdposition.com/leadership/) Ses derniers livres publiés sont La Croatie, un pays par défaut ? (Avatar, 2010) et Homo americanus ; rejeton de l'ère postmoderne, préfacé par Kevin MacDonald, (Akribea, 2011).

  • Le gaz de schiste : bulle spéculative ou solution miracle ?

    Un peu partout dans le monde, des voix s’élèvent pour dénoncer le mythe du gaz de schiste. Outre la bulle spéculative qu’elle est en train de produire, cette escroquerie ne sera pas sans lourdes conséquences pour les États-Unis. En effet, l’Administration Obama s’est auto-persuadée que le pays se dirigeait vers une indépendance énergétique durable.

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    Avec un beau graphique, c’est très convaincant

    Il n’y a pas de débat sur le gaz de schiste ; s’agit-il d’un miracle de la technologie US, comme nous le crient sur tous les toits les médias anglo-saxons, ce qui relèverait d’un exploit prométhéen, ou bien d’une vulgaire bulle spéculative gonflée par les tenants de la gouvernance financière, thèse défendue par le centre de réflexion géostratégique DeDefensa.org, qui a son siège à Bruxelles [1] ?

    Or ce débat a tout lieu d’être, puisque c’est de sa conclusion que dépend la nouvelle place imprenable à laquelle aspirent les USA : puissance énergétique globale capable de rivaliser avec la Russie et l’OPEP, si la manne gazière se confirme, ou tentative publicitaire piteuse pour retarder la décadence de la jadis superpuissance unipolaire ?

    Un ami banquier haut placé qui demande à garder l’anonymat est d’avis que le fracking (la fracturation de la roche à 4 000 m de profondeur, grâce à une énorme quantité d’eau) est une autre opération d’intox, car ce n’est absolument pas viable. Il ajoute que les investissements en fracking sont un gouffre, et que les liquidités générées par la vente de pétrole ne suffisent pas à financer la croissance nécessaire à cette nouvelle industrie, parce que les puits ouverts par fracking s’épuisent très vite ; pour une production soutenue à un certain niveau, il faut ouvrir constamment de nouveaux puits. C’est indispensable et ne suffira guère qu’à maintenir un niveau de production donné.

    « Ce procédé n’offre pas les avantages de la production traditionnelle de pétrole, qui a été source prodigue de liquidités nettes, servant à l’expansion de la production ou à l’investissement dans d’autres secteurs. Non, le fracking dévore toutes les ressources ; il lui faut des emprunts gargantuesques, et un jour, cela provoquera une crise. Au final, cela s’avèrera être tout juste une nouvelle manœuvre de Wall Street pour attirer les petits investisseurs, qui cherchent désespérément des placements rentables, et se jetteront sur le miroir aux alouettes. »

    Le raisonnement est fort convaincant, d’autant plus qu’Aubrey McClendon, fondateur de Chesapeake Energy, le plus grand producteur de gaz naturel aux US, vient de se voir obligé de démissionner, par ses investisseurs, faute de produire des bénéfices, tandis que l’entreprise s’est gravement endettée ; c’est un effondrement financier qui découle de la chute des prix du gaz naturel, et du manque de liquidités [2].

    De son côté, le site DeDefensa.org annonce la fin du mythe de la révolution par le gaz de schiste d’ici à 18 ou 24 mois au grand maximum. Il a déjà créé une rubrique « shalegas-gate » et considère la production de puits comme « l’arme de destruction massive » [qui viendra à bout des USA], en revenant sur le retentissant échec de Chesapeaky Energy. Bref, les EUR (estimated ultimate recovery), dividendes finaux estimés, ont été très surestimés [3].

    Les pétrogéologues et géophysiciens indépendants qui ont dénoncé le mirage des EUR ont bien entendu été évacués des grandes conférences internationales sur le thème Pétrole et Gaz. Mais la chasse aux sorcières n’a pas suffi à faire taire les sceptiques, et le New York Times a été contraint d’avancer l’idée que peut-être les chiffres de l’industrie gazière étaient manipulés [4].

    On a assisté à une énorme production de gaz naturel aux États-Unis ces dernières années, ce qui a rendu possible une analyse affinée de la production des puits perforés, et l’on découvre que la production a été bien inférieure aux pronostics.

    Le géologue Arthur Berman, qui a travaillé pour Amoco (société pétrolière de Chicago, l’ex-Standard Oil) pendant 25 ans, a analysé trois domaines historiques : Barnett, Fayetteville et Haynesville ; il dévoile l’hyperinflation que connaissent les EUR, et que l’on cache aux investisseurs éblouis à souhait par les banquiers, et qui ne connaissent rien aux subtilités du gaz de schiste.

    Aux antipodes, on a un rapport de l’Agence Internationale pour l’Énergie — qui a été plusieurs fois surprise à mener des opérations de désinformation — qui annonce tout de go que les grandes exploitations de gaz associée au pétrole à Eagle Ford, Utica, Marcellous et Bakken doivent permettre aux USA de devenir le premier producteur de pétrole en 2017, avant l’Arabie saoudite [5].

    Mais DeDefensa cite à son tour l’ingénieur géologue texan Gary Swindell, qui divise par deux la production des fabuleux puits d’Eagle Ford [6].

    Et l’agence britannique Reuters quant à elle émet des doutes sur le fabuleux secret de l’Utah, les champs miraculeux d’Utica [7].

    Quoi qu’il en soit, et malgré les faits probants, l’industrie gazière dédaigne les experts isolés qui osent s’en prendre à l’infaillibilité de l’AIE.

    Pourtant, comme le souligne DeDefensa l’agence gouvernementale US Geological Survey a publié en août 2012 un rapport qui corrobore les découvertes des sceptiques, qui accèdent désormais au rang de réalistes [8]. En fait, DeDefensa, fort pessimiste, doute des capacités techniques à l’œuvre, et non plus seulement des chiffres allègrement empilés par le chef de l’AIE, Fath Birol, l’économiste discutable qui a annoncé le 12 novembre 2012 qu’en 2017 les US seraient le premier producteur mondial de pétrole.

    Le gaz de schiste fera donc sans doute partie du panier énergétique états-unien, mais ce ne sera pas un perturbateur du jeu géopolitique, car les USA n’exporteront pas de GNL (gaz naturel liquéfié). La Russie ne va pas se voir menacée sur le marché européen, et les projets australiens de gaz naturel liquéfié pourront être menés à leur terme.

    Qui plus est, le gaz de schiste ne sera pas bon marché, de sorte que ses prétentions à révolutionner la donne stratégique vont peut-être faire du Mexique néolibéral (représenté par un gouvernement incapable de recul) le dindon de la farce.

    Alfredo Jalife-Rahme http://www.egaliteetreconciliation.fr

    Traduction : Maria Poumier

    Source : La Jornada (Mexique)

    Notes

    [1] DeDefensa.org est le site internet de la revue DDE Crisis, disponible sur abonnement 22, rue du Centenaire, B-4624 Fléron, Belgique. Tél. : + 32 4 355 05 50, Fax : + 32 4 355 08 35.

    [2] « Breakingviews : SEC goes where Chesapeake board feared to tread », par Christopher Swann, Reuters, 1er mars 2013. « La SEC a assigné à comparaître l’ex-patron de Chesapeake », AFP, 1er mars 2013.

    [3] « Gaz de schiste : à la “bulle” nul n’échappera... », I, II, III, DeDefensa.org, 16 novembre 2012, 11 et 16 janvier 2013.

    [4] Le 26 juin 2011, le New York Times a mis en ligne quantité de documents officiels posant de sérieux doutes sur les espoirs mis dans le gaz de schiste.

    [5] World Energy Outlook 2012, Agence Internationale pour l’Énergie, 12 novembre 2012.

    [6] Cité in « $8 Natural Gas : We’re Right On Schedule », par Richard Finger, Forbes, 14 octobre 2012.

    [7] « Insight : Is Ohio’s "secret" energy boom going bust ? », par Edward McAllister et Selam Gebrekidan, Reuters, 22 octobre 2012.

    [8] Variability of Distributions of Well Scale Estimated Ultimate Recovery for Continuous (Unconventional) Oil and Gas Resources in the United States, U.S. Geological Survey Oil and Gas Assessment Team. Document téléchargeable.

  • RECONQUISTA OU MORT DE L’EUROPE, de René Marchand

    UN LIVRE INDISPENSABLE – L’alternative est claire. René Marchand, dans la conclusion de son dernier livre édité par Riposte Laïque, Reconquista ou Mort de l’Europe, pose les véritables enjeux : « Aux Européens de prendre les dispositions au plus tôt pour éviter que la tragédie ne se déclenche ou, si elle survenait, qu’elle ne se conclue pas à leur détriment ».

     

     

    Nous osons dire que ce double drame que connaît notre pays, ensauvagement et islamisation, n’est possible qu’à cause des traitres, de droite et surtout de gauche, islamo-collabos et immigrationnistes fous qui, en trente ans, ont, par une implantation massive d’une nouvelle population sans intégration, en période de chômage de masse, gravement menacé la vie quotidienne de millions de nos compatriotes, dans un pays où il y avait tout pour être heureux. Nous osons dire de ces traitres qu’ils sont les héritiers de ceux qui, il y a soixante-dix ans, ont livré la France à un autre type d’occupant, comme le rappellent férocement Éric Zemmour ou Michel Onfray, et ont collaboré avec lui sans vergogne, avant de jouer ensuite les grands résistants.

     

    Dans le dernier chapitre, René propose, concernant ceux-ci : « Les collabos de l’islam pendant la guerre par la taqiyya où à l’occasion d’actions violentes auront à rendre des comptes devant la justice. La suppression des droits civiques, la déchéance de la nationalité, la saisie des biens, figureront au nombre des sanctions prévues par la loi. »

     

     
    Concernant les nés-musulmans, là aussi, le discours est très clair : « Les biens acquis avec le concours de fonds étrangers pendant la période de guerre seront nationalisés ». Eh oui, il n’y a pas que Montebourg qui parle de nationalisation, un terme que l’islamo-collabo européiste Mélenchon n’ose même plus utiliser !

     

     

     

    POUR COMMANDER RECONQUISTA OU MORT DE L’EUROPE

     

    Vous pouvez adresser un chèque de 24 euros, frais de port compris, (promotion de lancement jusqu’au 10 mars) à l’ordre de Riposte Laïque, à l’adresse suivante : Riposte Laïque, BP 10001, 78570 Chanteloup-les-Vignes.

    Vous pouvez également le commander par Paypal, en cliquant ICI 

    http://www.francepresseinfos.com/

  • Pour en finir avec les Femen

    Fortes d’une notoriété croissante, les activistes du mouvement Femen prétendent incarner un féminisme d’un nouveau genre. Mais en dépit du bruit médiatique, des constantes demeurent...

    A l’approche de la journée de la femme, qui sera célébrée vendredi prochain (le 8 mars 2013), les activistes féministes du mouvement Femen bénéficient d’une exposition médiatique inédite. France 2 vient de diffuser un film qui leur était consacré, la veille du jour où devait paraître le livre signé de leurs fondatrices ukrainiennes. D’aucuns jugeront leur notoriété inespérée : dans l’Hexagone, elles ne compteraient qu’une quinzaine de militantes, si l’on en croit Menly.

    Complaisances Civitas n’a pas manqué de dénoncer la « collusion » que nos confrères entretiendraient avec cette « milice antichrétienne ». Il la dénonce sans relâche, depuis le jour où ses militants s’y sont heurtés. C’était le 18 novembre dernier, à l’occasion d’une manifestation organisée contre le "mariage homo". Très complaisante à l’époque, la classe politique s’est montrée plus réservée après que les "sextrémistes" se furent données en spectacle le 12 février dans la cathédrale Notre-Dame de Paris. « Les Femen ont probablement perdu leur aura dans cette provocation de trop », a commenté l’abbé Guillaume de Tanoüarn. Seuls 14 % des Français déclareraient approuver leur initiative, « tant sur le mode d’action choisi que sur les idées qu’elles y ont défendues », selon une étude Harris Interactive pour VSD. À l’inverse, 44 % s’y montreraient hostiles à tous points de vue. Confrontées à ce relatif désaveu, les Femen pointent les réactions schizophrènes de nos compatriotes : « Quand les Pussy Riot font un happening dans une église moscovite ou quand Inna coupe une croix orthodoxe à la tronçonneuse à Kiev, ça passe parce que c’est à l’étranger », a déclaré Éloïse Bouton, l’une de leurs militantes, citée par le quotidien Métro. « Ça choque parce qu’on touche à quelque chose qui pose problème », a-t-elle expliqué. Et d’affirmer que « la France n’est pas aussi laïque qu’elle le croit ». « Nous ne nous attaquons pas particulièrement à l’Église », nuance Elvire Duvelle-Charles, dans un entretien accordé à Menly. « Mais on a forcément une réticence envers l’Église parce qu’elle est sexiste, rétrograde, misogyne, en retard sur beaucoup de sujets comme le Pacs ou l’avortement. » De son point de vue, c’est la survivance d’un certain patriarcat qu’il s’agirait d’abattre.

    La suite sur le blog du Journal d’un Eurosceptique Désabusé

    Article publié dans L’Action Française 2000 n° 2858 du 07 mars 2013

    http://www.actionfrancaise.net

  • L’expérience politique africaine de Barack Obama

    À l’occasion de l’élection du président Kenyatta, nous publions la version française d’un article de Thierry Meyssan, paru il y a cinq ans dans des revues de sciences politiques en Russie et en Italie, sur le rôle du sénateur Obama en Afrique. Cette étude est particulièrement importante pour comprendre le trucage par les États-Unis de l’élection kenyane de 2006, et la signification pour Washington de la défaite d’Odinga.

    En août 2006, la presse états-unienne accordait un traitement de faveur à la tournée africaine d’un sénateur des États-Unis. L’événement aurait pu passer inaperçu, mais il contenait tous les ingrédients d’une « good story », telle que les affectionne la presse anglo-saxonne. Le jeune sénateur, étoile montante du Parti démocrate depuis qu’il a prononcé un discours à la Convention de 2004, est un brillant avocat diplômé d’Harvard. Il est noir —pas afro-américain, c’est-à-dire descendant d’esclaves—, mais immigrant kenyan de la seconde génération. Il a entrepris ce voyage à la fois pour visiter des œuvres sociales (lutte contre le sida et micro-crédit) et pour marcher sur la trace de ses ancêtres.

    C’était, pensez-vous, un événement sans grande importance, juste une occasion de célébrer les relations américano-africaines sans paraître condescendant. Nous avons pourtant deux bonnes raisons d’y revenir : d’abord, ce jeune sénateur a été élu deux ans plus tard président des États-Unis, mais surtout, il s’avère que son voyage parlementaire était une couverture pour conduire une opération de déstabilisation du Kenya. Dès lors, nous avons beaucoup à apprendre sur la politique africaine du président Barack Obama en nous remémorant cet épisode.

    Couverture

    Officiellement, le sénateur Obama est envoyé en mission par la Commission des Affaires étrangères dont il est membre. À ce titre, tous ses frais et ceux de son équipe sont pris en charge par le Congrès des États-Unis. Le politicien est accompagné de son épouse, de ses deux filles, de son attaché de presse Robert Gibbs et d’un conseiller politique Mark Lippert. Un avion spécial est mis à leur disposition pour se rendre dans le continent noir et pour le traverser.

    Selon le règlement du Congrès, des missions peuvent être décidées par le bureau de chaque Commission. Dans ce cas, elles sont composées à parité de démocrates et de républicains. Ils voyagent généralement ensemble, parfois séparément au risque d’étaler à l’étranger des divisions nationales. Or, ici, pas de républicain. La mission ne concerne que le démocrate Obama, qui n’en a pas rendu compte à ses pairs.

    Cependant, il arrive parfois que les services de renseignement requièrent l’aide d’un sénateur pour une mission à l’étranger. Le Congrès accepte souvent de leur fournir une couverture et organise alors un voyage parlementaire. Parfois, les élus du peuple n’apprécient pas le rôle qu’on leur demande de jouer, notamment lorsqu’ils subodorent des liens trop étroits entre un de leurs pairs et la CIA. Dans ce cas, un compromis bancal fait envoyer un sénateur sans son homologue du parti rival. Ce fut le cas du déplacement africain du sénateur Obama.

    Cette couverture étant assurée, les services de renseignement déployèrent une seconde équipe pour les besoins de l’opération. Avec la discrétion de l’éléphant dans le magasin de porcelaine, l’avion sénatorial fut suivi d’un autre avion spécial, cette fois affrété par l’US Army. À son bord, toute une équipe spécialisée dans les « révolutions colorées », sous la direction du général à la retraite J. Scott Gration. L’homme est un bon connaisseur de l’Afrique. Ses parents, missionnaires protestants, l’ont élevé au Congo où il a appris le swahili (langue nationale au Kenya, en Tanzanie et au Congo). Surtout, il a été directeur de la planification à l’US European Command en 2004-05, c’est-à-dire pendant la phase de gestation de l’Africa Command.

    Le convoi aérien doit arriver par l’Afrique du Sud, passer en RDC, au Kenya et au Tchad. Mais le programme sera allégé pour cause de troubles au Congo. Dommage, car avant de partir, le sénateur Obama a eu le temps de présenter un amendement budgétaire accordant une subvention de 52 millions de dollars à la RDC.

    Le sida en Afrique du Sud

    Le sénateur Obama arrive avec son escorte officielle et son escorte officieuse en Afrique du Sud, le 21 août 2006. Il visite le Treatment Action Campaign, une association de lutte contre le sida subventionnée par le CDC (l’agence fédérale US de Santé publique), connue pour entretenir une polémique avec le gouvernement. Là, il reprend à son compte les déclarations incendiaires tenues quelques jours plus tôt à Ottawa par l’ambassadeur Sephen Lewis, envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU pour la lutte contre le sida en Afrique (et par ailleurs beau-père de la journaliste Naomi Klein). Il dénonce les théories « conspirationnistes » du président Thabo Mbeki, selon lequel le sida aurait été créé dans les laboratoires US de guerre biologique. Il déplore les traitements traditionnels préconisés par le ministre de la Santé, Manto Tshabalala-Msimang. Pédagogue, il explique qu’il ne choisit pas les remèdes des blancs contre ceux des noirs, mais que la science nous apprend l’utilité des traitements anti-rétroviraux.

    En bon communiquant, le sénateur Obama apparaît comme un homme moderne et rationnel face à un ministre de la santé obscurantiste qui prétend soigner le sida avec de la betterave, de l’ail et du citron. Les choses sont un peu plus compliquées. Madame Tshabalala-Msimang est elle-même médecin, obstétricienne et gynécologue. Elle n’a jamais prétendu que la médecine traditionnelle pouvait guérir le sida, mais elle a expliqué que les laboratoires occidentaux pratiquant des prix prohibitifs, les Sud-Africains devaient apprendre à se soigner autrement qu’en attendant de coûteux anti-viraux. Après avoir échoué à l’Organisation mondiale du Commerce à modifier les règles de la propriété intellectuelle sur les médicaments, l’Afrique du Sud a tenté de développer la médecine traditionnelle. Dans ce cadre, la ministre a proposé des traitements nutritionnels pour renforcer le système immunitaire. C’est évidemment moins efficace, mais c’est à la portée de tous. Elle s’appuie sur un groupe de conseillers scientifiques incluant le professeur Luc Montagnier, lauréat du Prix Nobel de Médecine pour ses travaux sur le sida.

    Quoi qu’il en soit, le débat sud-africain portait sur l’accès des pays pauvres à la pharmacie. Barack Obama n’y a pas répondu et l’a transformé en une lutte de la science contre la sorcellerie. Ce glissement n’améliorera pas la santé des Africains, mais celle des multinationales de la pharmacie.

    Alors que la presse sud-africaine commente avec colère ces déclarations, le sénateur Obama rencontre les États-uniens expatriés lors d’un cocktail à l’ambassade US. Puis, il apaise la tension en visitant de musée de Soweto et en embrassant le prix Nobel de la paix Desmond Tutu.

    La révolution colorée au Kenya

    Les avions spéciaux conduisent le sénateur et ses accompagnateurs au Kenya, pays d’origine des Obama. Le pays est gouverné depuis 2003 par le président Mwai Kibaki. L’homme est brillant, un tantinet dilettante, souvent autocrate. Il est issu de la minorité Kikuyu, le plus important groupe ethnique du pays (22 % de la population). Il a été élu pour lutter contre la corruption, mais n’a pas entrepris grand chose dans ce domaine. Il a par contre obtenu des résultats économiques remarquables : la croissance annuelle est passée de 3,9 % à 7,1 % du PIB. La pauvreté a reculé de 56 à 46 %. C’est que Kibaki a trouvé un nouveau partenaire pour le développement : la Chine. Il a effectué, en 2005, une visite d’État à Pékin et Shanghai et a reçu, en avril 2006, le président Hu Jintao à Nairobi. Le Kenya achète des biens de consommations (notamment de l’électroménager) et des équipements publics (principalement des routes) en échange de matières premières (au premier rang desquelles des métaux récupérés).

    Londres et Washington, qui ne supportent pas cette intrusion chinoise en zone d’influence anglo-saxonne, se sont découvert une affection grandissante pour l’opposition kenyane.

    Celle-ci est conduite par Raila Odinga. Cet opportuniste a changé plusieurs fois de parti au gré de ses intérêts personnels. Il dispose d’un atout important : il est le fils de Jaramogi Oginga Odinga, le leader historique de la gauche (dont Barack Obama Père était conseiller), et en l’absence de successeur au leader pro-US Tom Mboya, il est le chef naturel des Luos (13 % de la population, mais formant une élite). Lors de la campagne présidentielle de 2002, il a soutenu Mwai Kibaki et l’a même remplacé dans des meetings lorsque celui-ci, accidenté, fut hospitalisé à Londres. Mais il est passé dans l’opposition lorsque Kibaki élu a refusé de le nommer Premier ministre. Avec le soutien financier de la National Endowment for Democracy (NED), il a formé une nouvelle coalition, le « Mouvement orange ». Excusez la dénomination qui marque un manque bureaucratique d’imagination.

    Lorsque Barack Obama Fils arrive à Nairobi, la campagne électorale pour les élections législatives et présidentielle de décembre a commencé. Contrairement à tous les usages diplomatiques, le sénateur ne se contente pas d’apporter par sa présence son soutien au candidat Odinga, il l’accompagne dans sa tournée électorale et prononce des discours à ses côtés. Le pays assure-t-il a besoin d’une révolution démocratique. La presse nationale assure, sans en apporter la preuve, que le général Gration qui l’accompagne a remis au passage une mallette contenant 1 million de dollars à Raila Odinga.

    Si les Kenyans voient l’ingérence politique, la presse états-unienne ne retient que les « grands moments d’émotion » du voyage. Le sénateur Obama est accueilli triomphalement dans le village de sa famille. Il embrasse sa grand-mère (la vieille dame qui révélera sans penser à mal qu’Obama est né au Kenya et non à Hawaï). Le sénateur et Madame se rendent dans un centre de prévention du sida pour subir un test de dépistage afin de montrer qu’il n’est pas stigmatisant.

    Le sénateur ne manque jamais un prix Nobel. Au Kenya, il y a l’environnementaliste Wangari Maathai. Le sénateur évite de lui parler de ses thèses « conspirationnistes » sur le sida (elle aussi, comme la plupart des leaders africains !) et lui propose de planter un arbre à Uhuru Park en mémoire des victimes de l’attentat de 1998. À cette occasion, il prononce un beau discours sur la liberté de la presse qui doit être entretenue tous les jours comme on cultive un jardin.

    L’attentat du 7 août 1998 a été perpétré en même temps qu’un autre à Dar es Salaam, Tanzanie. Dans les deux cas, une voiture piégée avait été lancée contre l’ambassade des États-Unis. Ces opérations avaient été revendiquées par une mystérieuse Armée islamique de libération des lieux saints, qui semblait ignorer où se trouvent La Mecque et Jérusalem, et ne savait pas viser. L’attentat de Nairobi coûta la vie à 12 États-uniens. Par erreur, il tua aussi 201 Kenyans et en blessa plus de 5 000. Il fut attribué par les autorités US à un de leurs agents qui se serait retourné contre eux, Oussama Ben Laden. Pour venger ses morts, le président Bill Clinton lança l’opération « Portée infinie » (Infinite Reach). Sur les conseils de son expert anti-terroriste Richard Clarke (celui du 11-Septembre), il fit tirer 75 missiles de croisière sur le territoire afghan, détruisant un camp d’entrainement des indépendantistes kashmiris et tuant leurs instructeurs pakistanais. Il fit également bombarder une usine à Al-Shifa (Soudan) en déclarant qu’elle servait au terroriste islamiste Ben Laden à fabriquer du gaz inervant pour le compte du dictateur laïque Saddam Hussein. L’usine appartenait au financier Salah Idriss, lequel n’est pas spécialement un terroriste : ses sociétés de vidéo-surveillance assurent la sécurité de nombreux bâtiments officiels britanniques, y compris le Parlement. Pour son malheur, Oussama Ben Laden venait d’acheter quelques actions dans son laboratoire. Une enquête ultérieure des Nations Unies montra qu’il s’agissait en fait d’une usine fabriquant de l’aspirine et des médicaments génériques contre la malaria. Elle produisait aussi des anti-rétroviraux pour lutter contre le sida, sans payer de royalties au laboratoire Gilead Science dirigé par l’ancien (et futur) secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld.

    Durant cette étape, le sénateur Obama multiplie les déclarations pour appeler les Africains à prendre leur destin en main. La pauvreté, leur a t-il dit, n’est pas une fatalité et les États-Unis seront à vos côtés pour accompagner vos efforts.

    La lutte contre le « génocide » au Soudan

    Sur ce, le convoi aérien du sénateur Obama le conduisit vers des camps de réfugiés du Darfour. Le but de la visite n’était pas de se rendre au Soudan et d’y rencontrer les protagonistes du conflit, mais de mesurer la détresse des réfugiés dans les pays riverains, au Tchad et en Éthiopie.

    Depuis 2003, un conflit déchire le Darfour. Selon Washington, il s’agirait d’une guerre d’extermination entreprise par le gouvernement arabe musulman de Khartoum contre les populations noires animistes du Darfour. Elle aurait déjà fait plus de 300 000 morts. En réalité, la plupart des Soudanais sont à la fois noirs (de peau) et arabes (de langue), le gouvernement de Khartoum est pluri-confessionnel et soutenu par l’Église catholique. Le conflit prolonge une guerre civile de 20 ans. Il n’oppose pas deux populations, mais porte sur l’exploitation du pétrole et son transit. Il a coûté la vie à 10 000 à 30 000 personnes et provoqué le déplacement de 250 000 autres. Loin de favoriser une solution pacifique, la multinationale Chevron-Texaco et le gouvernement US font tout ce qui est en leur pouvoir pour faire tomber le gouvernement de Khartoum et expulser la compagnie chinoise CNPC. Celle-ci a expatrié 20 000 Chinois (souvent des prisonniers de droit commun exemptés de peine) pour exploiter le pétrole au moyen de techniques rudimentaires et avec l’aide de la compagnie indienne ONGC Videsh. Alors que la communauté internationale feint d’ignorer toute ingérence étrangère et accuse le gouvernement d’Omar el-Béchir des pires exactions, l’armée états-unienne privée Dyncorp se vante auprès de ses actionnaires d’avoir réalisé de juteux contrats dans cette région en se déguisant en miliciens Jinjawid.

    Prolongeant l’action du secrétaire d’État afro-américain Colin Powell, le sénateur d’origine kenyanne Obama s’est épanché devant les caméras de télévision sur le « génocide » des populations noires et la nécessité d’intervenir pour les protéger afin que ne se reproduise la même tragédie qu’au Rwanda. Il avait été un fervent partisan du Darfur Accountability Act et du Darfur Genocide Accountability Act. Ces textes donnent carte blanche au président des États-Unis pour financer une force de maintien de la paix sous l’égide de l’Union africaine et pour traduire en justice les responsables du « génocide ».

    Le Obama Tour ainsi achevé, le sénateur et ses accompagnateurs firent un crochet à Camp Lemonier, la base états-unienne (et israélienne) de Djibouti, avant de rejoindre la méga-base militaire de Stuttgart (Allemagne) pour un débriefing avec le général James L. Jones (patron de l’European Command et commandeur de l’OTAN) et les officiers responsables de la création de l’Africa Command.

    Service après-vente

    Le sénateur Obama ne saurait être rendu responsable des événements qui ont surgi dans le sillage de sa caravane. Ceux-ci n’en sont pas moins le fruit issu de la semence qu’il a planté.

    Trois mois plus tard, en novembre 2006, l’ancienne secrétaire d’État Madeleine Albright se rend au Kenya en qualité de présidente du National Democratic Institute (le pseudopode de la National Endowment for Democracy chargé de la corruption des partis de gauche). Elle vient apporter une aide technique au parti frère, le Mouvement orange de Raila Odinga. Au passage, le chef de l’opposition donne un entretien à la BBC où il révèle qu’il est cousin du sénateur Obama, un secret bien caché jusque-là, ou plutôt une invention bien récente.

    Juste avant le vote du 27 décembre, un sondage aimablement financé par l’USAID donne Odinga vainqueur contre Kubaki. Un ami personnel du sénateur Obama, le sénateur John McCain, se rend à son tour à Nairobi, en qualité de président de l’International Republican Institute (le pseudopode de la National Endowment for Democracy chargé de la corruption des partis de droite). Il constate sans difficulté de nombreuses irrégularités électorales. Alors que d’autres observateurs estiment difficile d’en mesurer l’impact car elles ont été commises selon les régions par des partis différents, McCain déclare que les partisans du président Kibaki ont faussé les résultats pour le maintenir au pouvoir, mais que les électeurs ont choisi Odinga.

    Le 1er janvier, les Kenyans reçoivent anonymement des SMS sur leurs téléphones portables. Dans les districts où habitent des Luos, les messages indiquent « Chers Kenyans, les Kikuyus ont volé l’avenir de nos enfants… Nous devons les traiter de la seule manière qu’ils comprennent… la violence  ». Dans les districts à majorité Kikuyu, les messages indiquent « Le sang d’aucun Kikuyu innocent ne sera versé. Nous les massacrerons jusqu’au cœur de la capitale. Pour la Justice, établissez une liste de Luos que vous connaissez. Nous vous enverrons les numéros de téléphone où transmettre ces informations ».
    À ce jour, on ignore qui a envoyé ces SMS, bien que peu d’opérateurs aient les moyens d’une telle campagne.
    Le résultat ne se fait pas attendre. De vieux conflits ressurgissent. Le Kenya qui était cité comme exemple de stabilité en Afrique sombre soudainement dans la violence. En un mois, les émeutes inter-ethniques font plus de 1 000 morts et 300 000 déplacés. 500 000 emplois sont détruits.

    Madame Albright est de retour. Elle propose une médiation par un organisme indépendant, l’Oslo Center for Peace and Human Rights. Celui-ci délègue deux de ses administrateurs : l’ancien Premier ministre norvégien Kjell Magne Bondevik et l’ancien secrétaire général de l’ONU Kofi Annan (le Ghanéen est très présent dans les États scandinaves depuis qu’il a épousé la petite nièce de Raoul Wallenberg). En fait l’Oslo Center est une organisation jumelle du Carter Center et les frais des médiateurs sont tous pris en charge par l’Institut de Madeleine Albright.
    Pris en tenaille, le président Kibaki accepte de créer un poste de Premier ministre et de le confier à son rival Raila Odinga. Oduru Odinga, frère du précédent, est nommé ministre des Finances du gouvernement de coalition.

    Épilogue

    Le sénateur Obama a été élu président des États-Unis. Pour fêter sa victoire, son « cousin », le Premier ministre Odinga a proclamé trois jours de fête nationale au Kenya. En juillet 2009, le président Obama a tendu la main aux Africains à l’occasion d’un discours solennel prononcé devant le Parlement du Ghana. Il a développé le discours qu’il avait testé au Kenya : les Africains doivent cesser de se lamenter sur les malheurs du passé ; ils doivent se prendre en charge eux-mêmes et Washington les y aidera. Quelques esprits chagrins lui ont répondu que s’ils devaient tourner la page de l’esclavage et de la décolonisation, il appartenait aux Occidentaux de tourner celle de la dette qui est une conséquence des crimes passés. Mais le président ne les a pas entendu, son avion s’était déjà envolé.

    Robert Gibbs a suivi Barack Obama à la Maison-Blanche où il continue à être son attaché de presse.

    Après avoir siégé au conseil d’administration de Chevron, le général James L. Jones est devenu conseiller de sécurité nationale.

    Le conseiller stratégique Mark Lippert a d’abord rejoint les Navy Seals en Irak comme officier de renseignement. Il est aujourd’hui chef de cabinet du général James L. Jones, et suit particulièrement les dossiers afghan et irakien.

    Le général Scott Gration n’est plus à la retraite. Il a été nommé adjoint du général James L. Jones et envoyé spécial pour le Darfour. Il préconise de cesser de déstabiliser le Soudan pour obtenir la confiance des Africains et déployer l’Africa Command sur le continent. En distribuant des mallettes de dollars, il négocie l’unification des mouvements rebelles du Soudan, d’Éthiopie et d’Érythrée, de manière à les contrôler.

  • Soutien armé aux islamistes syriens : les Etats-Unis et l’Arabie Saoudite au cœur d’un vaste trafic

    Le journal croate Jutarnji (photo du site internet) vient de consacrer une enquête sur le financement des rebelles syriens. Selon notre confrère, Zagreb a été utilisée entre novembre et février comme « point de transit » pour le transport d’armes et de munitions destinées aux rebelles syriens, dans le cadre d’une opération organisée par les Etats-Unis. Ainsi, 75 avions de transports civils, turcs et jordaniens, ont décollé durant cette période de l’aéroport de la capitale croate. « On estime que quelque 3 000 tonnes d’armes et de munitions ont été transportées à bord de ces 75 vols », révèle le journal.

    Selon ce média, il s’agit d’armes vendues par la Croatie, mais aussi d’autres en provenance de plusieurs pays européens, dont la Grande-Bretagne, qui réclame une levée de l’embargo européen sur les armes à destinations des rebelles syriens. Jutarnji place l’administration Obama en chef d’orchestre de l’opération : « Des responsables américains ont engagé des partenaires – la Croatie, l’Arabie saoudite, la Jordanie et la Turquie dans cette opération d’armement des opposants du régime syrien », explique le journal. « Les Etats-Unis ont organisé la collecte des armes, l’Arabie saoudite les payait, alors que la Jordanie et la Turquie ont transporté ces armes, qui sont entrées en Syrie depuis le territoire jordanien », selon la même source.

    http://fr.novopress.info

  • Le retour en force du solidarisme par Georges FELTIN-TRACOL

    Le solidarisme est une notion tombée en déshérence depuis longtemps. En 1896, l’homme politique français, Léon Bourgeois, publia Solidarité qui jetait les bases de la première doctrine solidariste. Responsable radical-socialiste, républicain et laïque farouche, Bourgeois s’inquiétait du succès du socialisme « utopique », du catholicisme social et du marxisme et tâchait d’y répondre. Dès 1907, sur les traces de Bourgeois, Célestin Bouglé écrivait Le solidarisme tandis que le sociologue Émile Durkheim le reprenait à son compte. S’inscrivant dans le grand courant mutualiste, le solidarisme émerge aussi hors de France. Ainsi, préoccupé par le sort des ouvriers, l’ingénieur allemand Rudolf Diesel publie-t-il Solidarismus en 1903. Cependant le mot et sa signification demeurent confinés à des cercles restreints : le solidarisme de Bourgeois ne connut aucune notoriété.

     

    Une histoire française mouvementée

     

    Le mot de « solidarisme » est redécouvert dans les années 1930 en Belgique avec le Flamand Joris van Severen qui anime un mouvement « national-solidariste » lié à la Révolution conservatrice européenne. À la même époque, en Allemagne, en Autriche et en Italie, des militants formés par le catholicisme social et la démocratie chrétienne se disent « solidaristes ». Vers 1930, des étudiants de Belgrade en Yougoslavie issus des milieux de l’émigration russe fondent la N.T.S. (Alliance populaire des travailleurs solidaristes russes) sous le patronage de l’idéalisme, du nationalisme et de l’activisme (1).

     

    Les années 1960 sont propices à une renaissance du terme quand des membres de l’O.A.S. – Métro – Jeunes, animée par Pierre Sergent, lancent le Mouvement Jeune Révolution. Ils rejettent la tutelle des États-Unis et de l’U.R.S.S., récusent les systèmes capitaliste et communiste et prônent une troisième voie. Y militent Alain Boinet, Gérard Bouchet, Jean-Pierre Stirbois ou Bernard Anthony. Très vite apparaissent à la suite de divergences personnelles et de scissions successives un grand nombre de groupuscules solidaristes (Mouvement solidariste français, Groupe Action Jeunesse, Groupe d’action solidariste, etc.). En 1977, tandis que des solidaristes conduits par Stirbois se rallient au Front national et réduisent l’influence de François Duprat, Jean-Gilles Malliarakis, venu du nationalisme-révolutionnaire, rassemble les derniers solidaristes et les associent aux nationalistes-révolutionnaires radicaux au sein d’un Mouvement nationaliste révolutionnaire (M.N.R.). Jeune Nation solidariste en est sa tribune officielle. Dans les années 1980, le M.N.R. devient Troisième Voie et se dote d’une branche jeune, les Jeunesses nationalistes-révolutionnaires (J.N.R.) dirigées par Serge Ayoub. Au début de la décennie 1990, le solidarisme sort du champ idéologique. Seul alors le site Vox N.-R. lancé dès 2002 et animé par Christian Bouchet défend le concept en le liant étroitement au nationalisme révolutionnaire (2).

     

    En août 2009, Emmanuel Leroy, alors membre de la direction du Parti populiste, met en ligne sur ce site un article sur « Le solidarisme comme alternative à la crise ». Trois ans plus tard, Serge Ayoub, aujourd’hui à la tête d’un nouveau mouvement Troisième Voie, patron du Local 92 à Paris et directeur du mensuel Salut public, et Hugo Lesimple, son rédacteur en chef, viennent de se le réapproprier dans Doctrine du solidarisme. On doit s’en réjouir, car le mot conserve toujours une riche polysémie historique qui nuit à sa compréhension.

     

    Doctrine du solidarisme se veut pédagogique. Le livre se compose d’une longue introduction de Hugo Lesimple (pp. 3 – 43), du texte proprement dit de Serge Ayoub (pp. 47 – 76) et d’un « Manifeste » (pp. 79 – 86) qui récapitule et synthétise les fondements de ce nouveau solidarisme.

     

    Le solidarisme du XXIe siècle

     

    Ce néo-solidarisme exprime sa dette à l’égard du nationalisme français dont il se veut l’héritier, mais pas seulement, parce qu’il « accepte notre histoire en bloc (p. 17) ». « En tant que nationalisme d’émancipation, le solidarisme pose naturellement que le nom de Français n’est pas qu’une imposture verbale (pp. 13 – 14). » Que cela signifie-t-il ? « Formalisation théorique d’un effort profond, celui de lutter contre l’oppression de notre peuple (p. 13) », ce nouveau solidarisme se veut nationaliste et révolutionnaire. En effet, dans le contexte de la mondialisation ultra-libérale, « le nationalisme devient dialectiquement une force de justice sociale anticapitaliste. Anticapitaliste au sens où elle lutte contre la forme actuelle et par suite réelle du capitalisme dominant, financier et mondialisée (p. 26) ». Hugo Lesimple le conçoit même comme « la pensée du Français radical, du Français en guerre pour préserver ce qu’il est et ce qu’il a gagné ou hérité des combats de ses ancêtres. C’est la pensée du Français qui refuse de crever pour rien parce que le monde “ va ainsi ”. C’est la pensée du résistant qui ne croit pas en la grande Allemagne, la pensée du communard qui se moque des magouilles diplomatiques de Thiers, la pensée du poilu, de Cambronne et des sans-culottes (p. 13) ». Pourtant, sans généraliser, cette résistance populaire, voire populiste, se retrouve ailleurs, en Argentine par exemple avec le péronisme ou justicialisme.

     

    Les références revendiquées dans cet ouvrage sont le Conseil national de la Résistance (1943 – 1945), le gaullisme – qu’on pourrait affiner en précisant qu’il s’agit à la fois du gaullisme d’opposition du temps du R.P.F. (1947 – 1953), du gaullisme de gauche et du gaullisme orthodoxe défendu par la revue L’Appel -, le(s) bonapartisme(s) (3), Georges Sorel, Gustave Hervé et des socialistes nationaux français. On pourrait aussi y inclure les syndicats « jaunes » de la « Belle Époque », Blanqui l’« Insurgé » et Hébert l’« Enragé ». Il ne fait guère de doute que ce néo-solidarisme apprécie le temps de la Convention nationale, du gouvernement révolutionnaire et de la Terreur (1793 – 1794). « Il y a une identité profonde entre le nationalisme émancipateur de la Révolution française (et aussi son avatar napoléonien) et le solidarisme. Le solidarisme est un nationalisme d’émancipation populaire contre une hyper-classe encore plus puissante et parasitaire que sous l’Ancien Régime (p. 18). » Le solidarisme serait-il une émanation industrielle (ou industrialiste) de la « gauche réactionnaire » ? Peut-être (4). L’ancêtre immédiat du solidarisme de cette période ne serait-il pas Patrie et Progrès de Philippe Rossillon (5) ?

     

    Le solidarisme doit « continuer l’histoire de France (p. 14) », ce qui signifie l’appui de l’État, du peuple et de la nation dans une perspective mobilisatrice et unitaire. « Pour un solidariste la société est une union d’êtres conscients qui s’organise au sein d’une communauté (p. 47). » Les auteurs n’opposent pas la société à l’individu; ils préfèrent dépasser ce vieil antagonisme, car « le solidarisme a pour objectif de replacer l’individu à sa juste place dans la société. Les deux concepts d’individu et de société se sont longtemps opposés, le solidarisme a pour finalité de les unir (p. 47) ». Le solidarisme repose donc sur une cohérence sociale interne élevée, car c’« est une théorie morale et sociale fondée sur l’entraide issue de la coresponsabilité. En effet, la responsabilité n’est possible qu’entre hommes libres, capables et égaux en droits (p. 49) ». De là l’importance de la nation considérée comme « une communauté d’hommes consciente de partager un territoire, une histoire et un destin. Rajoutez une superstructure sociale de type étatique et on obtient une nation, c’est-à-dire un peuple capable d’agir comme un seul homme par le biais de ses institutions (p. 35) » ou comme « un peuple composé d’individus solidaires les uns avec les autres (p. 50) ».

     

    Pour l’Hyper-République

     

    Prenant acte qu’une « lutte des classes existe : celle des travailleurs contre l’hyper-classe mondialiste (p. 84) », le néo-solidarisme désigne clairement que « son ennemi est la Banque, soit l’ensemble des puissances financières parasitant les États et affaiblissant leur puissance pour canaliser le maximum de bénéfices vers les actionnaires de cette économie financière (p. 25) ». Hugo Lesimple estime que « face à cette hyper-classe, le solidarisme est la doctrine des sans-culottes modernes. Il est dans une lutte pour une égalité réelle, concrète, nationale, à mille lieues d’un égalitarisme d’imposture qui permet de payer le travailleur français et l’immigré au même salaire, pour le compte d’un actionnaire cent fois plus riche qu’eux (p. 19) ». Par conséquent, « le solidarisme est républicain, il met la res publica, l’intérêt public, au dessus des intérêts particuliers d’une élite, d’un groupe ou d’une région (p. 19) ».

     

    Les auteurs réclament une res publica originale qu’ils définissent comme une Hyper-République. Cette nouvelle république se veut le contraire de l’actuelle, minable et piteuse, parce que « les intermédiaires entre le pouvoir exécutif et les Français seront limités le plus possible (p. 51) ». La différence est essentielle puisque son principe « est celui de la république du peuple tout entier, l’État-nation. C’est-à-dire la recherche du bonheur pour le peuple par la puissance de la nation (p. 59) ». Sa définition et les références révolutionnaires de 1793 font inévitablement penser au concept voisin de république-site énoncé naguère par Philippe Forget et Gilles Polycarpe dans leur Homme machinal (6).

     

    L’Hyper-République néo-solidariste, palingénésie démocratique et populiste, de Sparte, exigera beaucoup de ses citoyens. Le vote sera obligatoire et tous devront « payer l’impôt sans exclusive, quel que soit son montant (p. 52) ». Si sont gardées une Assemblée nationale et une « Chambre du travail » compétente pour les affaires économiques et sociales, les décisions majeures reviennent aux citoyens à l’occasion de référendums qui « seront l’émanation de la volonté d’une génération et ne pourront être remis en cause autrement que par la décision populaire au bout d’une période minimum de trente ans (pp. 64 – 65) ». Le référendum d’initiative populaire ne serait pas que législative (proposer des lois); il devrait être aussi d’initiative populaire abrogatif (pour abolir des lois), d’opposition (un veto à la loi approuvée par le Parlement) et révocatoire (pour renvoyer les responsables politiques). Mais la démocratie directe et participative solidariste irait encore plus loin avec le mandat impératif, le remplacement de l’élection – facteur inévitable de divisions – par le tirage au sort et la suppression des partis politiques (7).

     

    Fidèle à une tradition « républicaine – syndicaliste » qui remonte au Georges Valois des années 1930, Serge Ayoub estime que les syndicats devraient mettre en œuvre dans les entreprises le principe gaullien de la participation qui se réaliserait dans une « économie […] nécessairement régulée, orientée par l’État, voire si c’est nécessaire, dirigée [… Mais] elle sera plutôt incitative que dirigiste et favorisera aussi l’initiative privée (pp. 53 – 54) ». Les « sociétés coopératives et mutualistes […] sont les structures de base par excellence de l’économie solidariste (p. 56) ». Mais comment alors répondre aux firmes transnationales ou aux grandes entreprises ?

     

    Le solidarisme envisage par ailleurs la réforme profonde des relations sociales au sein de l’entreprise. Outre l’établissement d’un protectionnisme national, voire d’une authentique autarcie (la France, deuxième domaine maritime au monde, dispose d’un Outre-mer peu exploité), il paraît indispensable de transformer les modes de production en délaissant le taylorisme, le fordisme et le toyotisme, et d’assurer un temps de travail minimal (trente heures par semaine) afin de permettre l’emploi de tous. La relocalisation des activités agricoles et industrielles nécessiterait une main-d’œuvre abondante provenant d’un tertiaire hypertrophié. La grande révolution solidariste consisterait à abattre le salariat au profit d’une co-gestion entre travailleurs tous pairs du destin de leur entreprise parce que « l’individu n’est que l’usufruitier de la civilisation qui est la sienne. Il a en charge de la conserver, de la pérenniser, de l’améliorer avant de la restituer aux générations suivantes (p. 74) ». Le solidarisme aurait tout intérêt à s’inspirer de l’action de Marcel Barbu (8) et des écrits de Hyacinthe Dubreuil (9)  et de Jacob Sher (10). C’est par des propositions sociales novatrices que le solidarisme pourra se faire comprendre du monde du travail violenté par la crise et l’arrogance oligarchique.

     

    Des facettes inattendues

     

    Favorable à la « rémigration » des populations étrangères extra-européennes, le solidarisme soutient l’indépendance nationale et condamne l’actuelle politogénèse européenne. « La France a sa place dans l’Europe, mais dans un autre Europe, celle des nations. Une Europe nouvelle, une Europe culturelle et une Europe puissance sont à bâtir sur les ruines de la sinistre Union européenne (p. 85) » en partenariat étroit avec la Russie !

     

    Outre ses aspects social et national, le solidarisme présente aussi une dimension internationale. Pour lui, « tous les peuples du monde ont le droit et le devoir de protéger leur histoire, que tous ont le droit à un gouvernement souverain qui œuvre pour le bien de son peuple et non pour une multinationale opportuniste, que tous les peuples du monde ont le droit de ne pas se mélanger aux autres et de conserver leurs particularités propres. Le solidarisme est l’universalisme des nations en lutte pour leur survie, leur bonheur et l’émancipation de leurs peuples, contre l’universalisme de l’indistinction et du métissage, contre l’individualisme standardisé en vue d’un consumérisme global (pp. 20 – 21) ». Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes constitue un point fondamental de sa réflexion. On peut même le préciser avec le combat francitaire naguère encouragé par Philippe Rossillon et Paul Sérant. Il s’agit de soutenir la lutte méconnue des peuples d’ethnie française en Amérique et en Europe (Québécois, Acadiens, Cajuns, Francos, Métis de l’Ouest canadien, Valdôtains, Wallons, Jurassiens…). La francité est plus que jamais ce cercle d’appartenance manquant entre la France et une francophonie un peu trop mondialiste.

     

    Le caractère francitaire du solidarisme s’inscrit dans la sauvegarde de l’esprit français qui « est d’abord un effort continu vers l’unité politique et territoriale du pays (p. 15) ». Or cette unité est désormais achevée et il serait bon – comme l’avait annoncé Charles de Gaulle lors d’un discours à Rennes en 1969 – de retrouver les racines populaires et vernaculaires de la France. Or, pour Hugo Lesimple, « le solidarisme est un nationalisme, un nationalisme unitaire et de sensibilité centraliste, parce que tel est l’esprit français, et que tels furent les moteurs politiques et civilisationnels de la grandeur française. Le solidarisme revendique la démocratie directe parce que la France est une nation, c’est-à-dire l’émanation d’un peuple historiquement constitué comme tel (p. 16) ». La France serait donc une entéléchie réussie. Or la Post-Modernité en cours fait muter les cadres existants et ce, à rebours du solidarisme qui reste « une aptitude à la modernité. Il n’est pas une simple mise à jour du nationalisme. Il est le nationalisme tel que les conditions actuelles imposent qu’il soit conçu et formulé (pp. 5 – 6) ». Logique quand on sait que le nationalisme est un individualisme collectif de l’ère moderne, mais il ne faut pas perdre de vue que la France, sous un carcan étatique homogène certain, a bénéficié d’une grande diversité culturelle dont seules quelques-uns sont parvenues à atteindre ce début de XXIe siècle. À l’heure où se déchaîne le Titan planétaire de l’arrasement de toutes les singularités, établir des solidarités tangibles avec tous ceux qui luttent pour le maintien de leurs identités est une priorité. « La Troisième Voie en est l’application concrète (p. 6) », car, derrière ce centralisme « jacobin » et moderne, Troisième Voie s’est entendu avec le Mouvement national-bolchevik français, les Cellules solidaires anarcho-royalistes (C.S.A.R. – clin d’œil à la fameuse Cagoule ?), éditrice de l’original Lys noir, et le Réseau-Identités qui réunit des mouvements identitaires attachés à l’enracinement régionaliste et européen. Cette coopération intelligente, cette mise en commun de bonnes volontés, change des groupes aux professions de foi fédéraliste et aux pratiques centralisatrices et ultra-parisiennes… L’unicité d’action et l’unité de réflexions s’imposent quand il s’agit de « détruire cet ancien monde, ce monde mesquin, ce monde de marchands, et construire un avenir d’hommes libres (p. 86) » parce que « nous sommes des révolutionnaires, mais des révolutionnaires conservateurs (p. 22) ».

     

    Saluons donc l’initiative de Serge Ayoub et de Hugo Lesimple de relancer le « solidarisme » en lui donnant via cet ouvrage une formulation plus rigoureuse. Pour notre part, le solidarisme remplace excellemment les concepts confus de « socialisme européen » et de « socialisme révolutionnaire » qui risquent de provoquer de nombreux quiproquos. Bien sûr, « solidarisme » est connu des spécialistes, mais force est de constater qu’il conserve une fraîcheur lexicale intacte auprès de l’opinion publique qui l’ignore même. Parler de « solidarisme » et non de « socialisme » auprès des populations en lutte témoignerait d’une détermination farouche d’opposition et de suggestions radicales. Pourquoi alors s’en priver ?

     

    Georges Feltin-Tracol http://www.europemaxima.com/

     

    Notes

     

    1 : Ana Pouvreau, Une troisième voie pour la Russie, L’Harmattan, coll. « Aujourd’hui l’Europe », Paris, 1996.

    2 : L’histoire du solidarisme en France (à distinguer du nationalisme-révolutionnaire) reste à faire. Malgré un apport théorique quelque peu négligeable, il sut se faire une place parmi les « marginalités » politiques au moyen d’un activisme souvent viril.

    3 : Sur l’histoire politique du bonapartisme, cf. Georges Feltin-Tracol, « Le bonapartisme. Examen d’une pensée politique évanouie » mis en ligne sur Europe Maxima, le 14 août 2005, repris par Le Magazine national des Seniors, n° 9, mai 2010, puis par L’Aigle, les Abeilles et les Léopards. Bulletin normand de Mémoires d’Empires, n° 3, septembre 2010, pp. 2 – 7.

    4 : Marc Crapez, La Gauche réactionnaire. Mythes de la plèbe et de la race, Berg International Éditeurs, coll. « pensée politique et sciences sociales », Paris, 1997.

    5 : À la fin des années 1950 et au cours de la guerre d’Algérie, un groupe de jeunes hauts-fonctionnaires (dont Jean-Pierre Chevènement) regroupés autour de Philippe Rossillon fonde le Cercle Patrie et Progrès dont la vision s’inspire à la fois du gaullisme de gauche, du nationalisme barrésien, d’un socialisme technocratique et d’influences kémalistes et nassériennes.

    6 : Philippe Forget et Gilles Polycarpe, L’homme machinal. technique et progrès : anatomie d’une trahison, Syros – Alternatives, Paris, 1990.

    7 : Simone Weil, Note sur la suppression générale des partis politiques, Climats, Paris, 2006 (1950 pour la première parution).

    8 :  On a oublié que Marcel Barbu, cantonné comme un candidat « folklorique » à l’élection présidentielle de 1965, proposait le référendum d’initiative populaire et forma pendant l’Occupation une communauté de travail près de Valence dans la Drôme qui voulait dépasser à la fois le capitalisme, le communisme et le néo-corporatisme de l’État français.

    9 : Sur Hyacinthe Dubreuil, lire Comité Hyacinthe-Dubreuil, Pour la connaissance de Hyacinthe Dubreuil. Ouvrier – syndicaliste – sociologue, Paris, 1971.

    10 : Jacob Sher, Changer les idées. Ergonisme contre socialisme et capitalisme, Nouvelles Éditions Rupture, Paris, 1982.

    • Serge Ayoub, Doctrine du solidarisme, introduction de Hugo Lesimple, Éditions du Pont d’Arcole (10, rue Primatice 75013 Paris), 2012, 89 p., 15 €.