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  • « Choisis ton camp camarade ! »

     

    [Tribune libre d'un lecteur, initialement parue dans Rivarol, à propos des « forces de l'ordre ». Les commentaires sont ouverts.]

    « La manifestation de dimanche dernier fut une incontestable réussite. Réunir plus d’un million de personnes dans les rues de Paris, une deuxième fois, alors que le système médiatique avait organisé un silence quasi total sur cette manifestation relève du véritable exploit. Et cette réussite est bien moins due à l’insupportable Barjot et ses sbires UMP qu’au Peuple de France qui, ce dimanche 24 mars 2013, s’est levé contre un système voulant lui imposer par la force une nouvelle loi inique.
    Quelle était belle cette journée ! Les drapeaux de nos provinces flottaient au vent et cette immense foule venue de la France entière prenait possession du pavé parisien. Il y avait quelque chose de magique : déambuler dans les rues de Paris avec autour de soi des visages souriants, amicaux, joyeux… des visages qui nous ressemblent. Des femmes, des enfants, des adolescents, des anciens, des hommes d’âge mûr… un concentré magnifique de notre Peuple. Pour nous, Français de ce début de XXIème siècle qui sommes noyés quotidiennement dans le cosmopolitisme le plus noir, il était exaltant et fascinant de marcher au milieu d’un bon million de vrais Français, blancs et catholiques en plein Paris ! Ce jour-là, on pouvait sentir, on pouvait palper l’âme de la France éternelle !
    Voilà pour le côté positif de cette journée, explorons maintenant le côté sombre, la haine et la bêtise qui ont fait face au doux Peuple de France. Je sais que les lignes qui vont suivre choqueront certains mais elle doivent être dites. Il n’y a pas de mots assez forts pour condamner l’attitude violente et disproportionnée des forces de l’ordre républicain ce jour-là. Les policiers et les gendarmes, qui ont gazé des poussettes et des vieillards, matraqué à coups de tonfa des femmes et des enfants, sont des porcs ! Ces actes odieux appellent vengeance sur ceux qui les ont commis.
    Mais ce qui rend leur crime encore plus insupportable au nationaliste que je suis, c’est que je sais que la plus grande majorité de ces porcs appartiennent à ce que l’on appelle la « droite nationale ».
    Il fallait les voir, ces crétins au crâne rasé et au menton mussolinien, contents d’avoir tabassé de jeunes Français qui pourraient être leurs frères ou leurs cousins. Il fallait les voir, ces robocops hautains, expliquer à une vieille dame qu’ils avaient des ordres et que c’est pour cela qu’ils avaient gazé son pauvre mari. Il fallait les voir, ces jeunes gendarmes mobiles avec leurs gueules de fafounets, fiers de défendre la république maçonnique et sodomite… La Gueuse ne recrute pas ses gardes du corps chez Mélenchon ou à la LCR. Ainsi, ce sont de « bons fafs » et autres électeurs du Front National qui font le sale boulot du socialiste franc-maçon Valls !
    C’est pourquoi il est scandaleux et politiquement criminel que chaque année de jeunes militants nationalistes s’engagent dans la gendarmerie ou la police. Ce n’est pas leur place. Ce n’est pas à nous, nationalistes, de servir de bras armé à un régime que l’on combat. Les arguments alimentaires du style – il faut bien avoir un job – ou sécuritaires du style – il faut bien des policiers pour nous protéger – sont complètement ineptes. On n’accepte pas n’importe quel boulot sous prétexte de gagner sa croûte. Sinon, cela s’appelle de la prostitution. Et croire ou faire croire que la police protège la population française relève de la débilité la plus profonde. La police comme la gendarmerie ont comme mission première de sauvegarder cette odieuse république, pas de protéger les citoyens français. Ne parlons pas de l’argument de certains jeunes niais qui osent affirmer qu’en s’engageant ils changeront la police de l’intérieur (sic). Il est grand temps de dénoncer ce scandale permanent dans nos milieux. Il est grand temps de prendre conscience de l’importance politique de nos choix professionnels. L’intérêt personnel n’a pas le droit de primer sur l’intérêt de notre combat politique et de la France. Pas un natio dans la flicaille républicaine !
    Quand on discute avec des policiers ou des gendarmes dans nos milieux (et ils sont nombreux), ils vous jurent tous la main sur le cœur que le jour où ils auront des ordres qui iront vraiment contre leurs idées, ils démissionneront… Je sais que certains membres des forces de l’ordre présents ce dimanche liront ces quelques lignes. Alors toi que j’ai vu, avenue de la Grande Armée, que vas-tu faire ? Vas-tu démissionner et te retrouver au chômage comme des millions de nos compatriotes mais en préservant ton honneur ou vas-tu rester pour la gamelle comme une vulgaire petite tapette ?
    Peut-être que gazer des enfants et des vieillards n’est pas suffisamment grave pour toi ? Attends-tu que le gouvernement t’ordonne d’ouvrir le feu sur tes frères, comme en 1962 rue d’Isly, pour ouvrir les yeux ?
    Choisis ton camp camarade ! »

    Paul THORE http://www.contre-info.com

  • La jeunesse prête pour un Mai 68 à l’envers – par Ambroise Savatier

    La colonisation du champ politique par la gauche depuis les années 70 a fait son temps. Le vent tourne, le socialisme libertaire trouve ses limites, aucun soixante-huitard ne donnera plus le ton.
    Les innovations intellectuelles viennent aujourd’hui par la droite, ce que
    Guillaume Bernard analyse comme le mouvement dextrogyre. La droite redevient la droite, les langues se délient, le concept de « famille » est à nouveau audible. Sans extrapoler, il n’est pas impossible que la Manif pour Tous soit le creuset d’un véritable printemps idéologique.
    Ce renouveau, une certaine jeunesse entend l’incarner. On ne va pas se mentir, peu d’athées dans ses rangs. Par son brillant pontificat, Benoît XVI a donné du sens à leur foi. Prenant conscience d’elle-même, elle sait que la vérité a besoin d’éclaireurs. Lucide quant à la minorité qu’elle représente, elle aime mieux suivre un idéal que d’agréer au conformisme des générations qui la précèdent.
     
    C’est d’ailleurs ce qui la démarque d’autres jeunes vautrés dans la léthargie relativiste. Elle, au moins, n’a pas perdu son sens de l’engagement. Elle compte aujourd’hui sur le pape François pour vivifier la flamme. Aux âmes bien inspirées, la riposte n’attend pas le nombre des années.
    Cette jeunesse s’affranchit du prêt-à-penser des grands médias. Elle méprise la liberté sans morale, l’égalitarisme du genre, la dictature du relativisme « qui ne laisse comme ultime mesure que son ego et ses désirs » (cardinal Ratzinger). Récuser les vices du lieu commun pour entrer au service du bien commun.
    Le soulèvement spontané du Peuple réel contre le mariage gay lui offre la chance de s’illustrer. Sortie de son standing bourgeois, elle épouse une culture de militante, à faire pâlir le plus accompli des syndiqués. Les blogs et réseaux sociaux n’y sont pas pour rien dans cette conscription. Elle s’organise comme un seul homme et accompagne non sans panache les actions de la Manif pour tous. Consciente que la France n’est pas la Hollande, ses actes révèlent un attachement profond aux structures – pourtant si galvaudées – que sont la famille et l’Église, irréductiblement ancrées dans le réel.
    Cette jeunesse n’a peut-être pas à subir les répressions de la Stasi, mais il lui appartient néanmoins d’abattre un mur idéologique ! Elle ne lâchera rien ! Les séances d’hystérie de la part de sextrémistes topless ne l’impressionnent guère, elle vibre plus volontiers au souvenir de Jeanne d’Arc ! Jamais œuvre de propagande ne lui fera renier son passé. Animée de valeurs universelles qui lui fournissent les armes de la révolte, elle ne lâchera rien, prête à livrer son combat, sa croisade pour le réel, son Mai 68 à l’envers, son printemps français, celui dont les fleurs ne faneront pas de sitôt.
    « Avec le Christ, le cœur ne vieillit jamais », le pape François.

  • Opération tintamarre à Vannes

     Ce sont plus de 70 voitures et 200 personnes qui se sont rassemblées à Vannes lundi soir pour effectuer un tour de la ville de 21h00 à 22h00. Klaxons, sifflets, corne de brume, drapeaux étaient au rendez-vous. Le convoi a traversé la ville en passant devant la mairie, le conseil général et la préfecture où des policiers étaient présents. Ces derniers, avertis à la dernière minute, ont assurer en toute discrétion la sécurité de l'évènement.

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    Le maire de Vannes, David Robo, a quitté un dîner officiel pour rejoindre les manifestants sur le parking à l'arrivée se faisant prendre en photo entouré de jeunes et de plusieurs drapeaux de la Manif pour Tous. La presse locale en parle déjà.

    011      Roubo

    On ne lâche rien à Vannes ! Rendez-vous mercredi 17 avril à 18h00 sur le port.

    Philippe Carhon   http://www.lesalonbeige.blogs.com/

  • Le Chaos

    Le mot est grec à l'origine. Il signifie faille, béance. Le chaos précède l'origine du monde.
    « Au commencement fut le chaos... ». Il était une matière sans forme avant la création de la Terre.
    En politique, on l'associe au désordre. En mai 68, le général de Gaulle utilisait pour le mot chaos le terme chienlit. Kant dans sa vision de la morale définit le mal de façon universelle ainsi : « est mal ce qui crée le chaos si chacun agit de la même façon ».
    De nos jours, on ne peut plus utiliser ce terme sans faire référence à la théorie du chaos.
    •    La théorie du chaos
    Née dans les années 70, elle a été une nouvelle composante de la physique après la relativité et la mécanique quantique.
    À la fin du XIXème siècle, Poincaré avait déjà étudié ou plutôt abordé la question de la sensibilité aux conditions initiales avec son étude sur le problème à N corps (N> 3). Le problème à 3 corps consiste à l'étude du mouvement gravitationnel avec par exemple le système Soleil-Terre-Lune. Se pose alors la question de la stabilité. Un corps peut en percuter un autre ou une planète pourrait sortir du système solaire. On n'est plus dans la prévisibilité déterministe de Laplace. Le mouvement des planètes n'est plus réglé comme une horloge comme le laissait supposer la mécanique classique. On appelait Dieu le grand Horloger. Il fallait accepter l'idée d'indétermination. Trouver des lois de probabilités, c'est déjà mettre de l'ordre dans le désordre. Le chaos est sans lois de probabilités.
    On introduit dans cette théorie du chaos le temps caractéristique : temps au bout duquel les écarts sont multipliés par dix dus à des modifications initiales.
    Le mouvement des planètes de notre système suivant les calculs de Jacques Laskar est chaotique. La théorie du chaos enseigne aussi que la Terre sans la Lune pourrait même se trouver couchée sur sa trajectoire. Notre système est complet. Une autre planète le déstabiliserait.
    •    La météorologie
    La théorie du chaos avec comme application la météorologie a gagné en notoriété. Le nombre de facteurs intervenant est très grand. On relie toutes les variables par des équations connues et classiques comme les lois des gaz parfaits et les équations de Navier-Stokes (lois d'écoulement pour la mécanique des fluides). Edouard Lorenz a construit un modèle à douze variables. Il s'aperçut que les évolutions diffèrent avec des conditions initiales très proches. La météorologie est donc un système chaotique. Les conditions initiales variant parfois de façon infime donnent des évolutions très divergentes au bout d'un certain temps, ce qu'on a appelé plus communément l'effet papillon.
    •    L'attracteur de Lorenz
    C'est un système de trois variables soumises à trois équations différentielles. Le système est représenté par un point dans l'espace à trois dimensions. L'évolution du système en fonction des données initiales est déterminée par les équations de Lorenz.
    La trajectoire s'enroule autour de deux anses, l'une puis l'autre de façon aléatoire sans que l'on puisse prévoir laquelle des deux anses.
    Les trajectoires, quelles que soient les conditions initiales, vont vers une région limitée de l'espace.
    Il y a donc à la fois hasard et nécessité.
    •    Application de la théorie du chaos à un modèle de population
    On utilise la notion de suite pour ceux qui connaissent un peu les mathématiques.
    La population est donnée à un instant n en fonction de la population à l'instant n-1.
    Un = 4a Un-1 (1- Un-1)
    Pour des situations initiales très peu différentes, les évolutions divergent fortement. On a donc affaire à un système chaotique.
    Pour des valeurs de a différentes, les courbes sont aussi très différentes.
    La théorie du chaos, comme tout domaine de la physique, fait appel aux mathématiques. Elle s'est considérablement développée avec l'apparition des ordinateurs qui ont permis des simulations.
    Elle rassemble une somme de résultats mathématiques.
    En reprenant les modèles mathématiques de la physique établie, la théorie du chaos constate l'instabilité par rapport aux conditions initiales et l'existence d'attracteurs. On sort du pur déterminisme laplacien. Il y a de l'imprévisibilité. Ce déterminisme avait été appuyé par le théorème de Cauchy-Lipchitz qui énonçait une trajectoire bien établie une fois les conditions initiales données. Il existe de plus un temps T aux bornes de prévision. Au-delà de ce temps, on ne peut plus rien prévoir. Ce temps s'appelle temps caractéristique ou horizon de Lyapaunov. Cette théorie s'est développée grâce bien sûr à des modèles qu'on a pu faire tourner sur des ordinateurs de plus en plus puissants.
    Le Chaos en dehors de la théorie du chaos
    La théorie du chaos a imposé sa conception du chaos, mais nous allons voir chez Nietzsche une version du chaos hors de la physique.
    « Il faut encore avoir du chaos en soi pour pouvoir enfanter une étoile qui danse » (FN).
    Le chaos est propice à la création artistique. Le bouillonnement intérieur est la condition d'une gestation. C'est la genèse d'une œuvre. Le petit employé de bureau « bien ordonné » ne produira jamais rien.
    « Le préjugé foncier est de croire que l'ordre, la clarté, la méthode doivent tenir à l'être vrai des choses, alors qu'au contraire, le désordre, le chaos, l'imprévu n'apparaissent que dans un monde faux ou insuffisamment connu, bref, sont une erreur ; c'est là un préjugé moral, qui vient de ce que l'homme sincère, digne de confiance, est un homme d'ordre, de principes et a coutume d'être somme toute, un être prévisible et pédantesque. Mais il est tout à fait impossible de démonter que « l'en soi » des choses se comporte selon cette définition du fonctionnaire modèle ».
    Il est certain que parfois l'éducation des enfants est un étouffoir de l'imagination et de la créativité. Une réflexion souvent entendue de la part des parents et professeurs : « Il faut les cadrer ».
    Ce n'est que la mise en place de l'ordre qui stérilise. Trop d'interdits non seulement créent des névroses, mais empêchent toute création.
    Patrice GROS-SUAUDEAU

  • Cendrars, le forban littéraire

    Il y  a trois ou quatre ans, Miriam Cendrars publiait une «bio» de son père chez Balland. Une œuvre intéressante mais qui laissa un peu sur leur faim les admirateurs d'un aventurier littéraire qui s'appliqua - toute sa vie durant - à brouiller les pistes, mêlant le vrai au faux, le vécu au fantasme, la réalité à la fiction.
    Il faut avouer qu'avec sa tronche de boucanier, son bras amputé et ses appétances, Cendrars bouscule un peu la littérature - au moins la nôtre - plus accoutumée au style feutré des salons littéraires qu'aux coups de gueule des baroudeurs.
    Cendrars est né à Chaux-de-Fonds (Suisse) le 1er septembre 1887. Il s'appelle alors Frédéric Sauser. Son père a des activités commerciales qui bourlinguent la famille de Naples à Alexandrie, de Salonique à Brindisi, en passant par Paris et Bâle.
    En 1902, la famille Sauser se fixe plus ou moins à Neufchâtel. Le jeune Frédéric est inscrit à l'Ecole de Commerce. Mais il se fait plus remarquer par ses frasques (menées au rythme d'une moto qu'il conduit comme un fou) que par l'assiduité aux cours qu'il est supposé suivre.

    Le grand amour

    En 1904, il part pour la Russie. On lui a trouvé un vague emploi chez un joaillier-horloger de Saint-Petersbourg. Il y restera jusqu'en avril 1907. Participera-t-il à l'équipée sauvage du Transsibérien qui lui inspirera quelques-unes des plus belles pages de notre littérature ?  « Qu'importe, dira-t-il un jour, puisque je vous l'ai fait prendre à tous ce Transsibérien. »
    De retour en Suisse, il s'inscrit comme auditeur libre - à tous les sens du mot - à la faculté de philosophie de Berne. Il y remarquera surtout une superbe jeune fille polonaise : Fela Poznanka. Ce sera un amour à la Cendrars : fait de coups de cœur et de coups de tête, de passions et de dégoûts.
    En 1909, Cendrars écrit son premier texte: La légende de Novgorod. Tirage: quatorze exemplaires ... Un an plus tard, à Bruxelles où il séjourne (il y fait l'acteur dans un théâtre et le jongleur dans un music-hall), il fait une lecture décisive: Le Latin mystique de Rémy de Gourmont.
    À New York (où il est venu retrouver Fela), il signe pour la première fois un texte intitulé « Hic, Haec, Hoc » du nom de Blaise Cendrart. Le «Cendrart » avec un « T » ne deviendra Cendrars avec un «S» qu'un an plus tard, lors de la parution de Pâques à NewYork. Quant à l'origine de ce pseudonyme, Cendrars luimême nous la donne dans Une nuit dans la forêt : « Cendrars / Tout ce que j'aime et que j'étreins / En cendres aussitôt se transmue / ( ... ) / Et Blaise vient de braise. »

    Quand la Première Guerre mondiale éclate, Cendrars n'est plus un inconnu. Il a dirigé une revue, Les Hommes nouveaux (trois numéros), fréquenté Apollinaire, T'Serstevens, Max Jacob, Soutine, Modigliani. Il a surtout publié La prose du Transsibérien et de la petite Jeanne de France: « En ce temps-là j'étais en mon adolescence. »
    Le 3 août 1914 (la guerre a été déclarée le 2), Cendrars s'engage dans le 1er Régiment étranger de Paris. Avant de partir pour le front, il se marie avec sa compagne, Fela Poznanka. Nous sommes le 16 septembre.
    Le 28, alors qu'il participe à l'attaque de la ferme Navarin en Champagne, un obus lui arrache le bras droit. Il écrit dans La main coupéeUn bras humain tout ruisselant de sang, un bras droit sectionné au-dessus du coude et dont la main encore vivante fouissait le sol des doigts comme pour y prendre racine. » Le 27 novembre, il est cité à l'Ordre de l'Armée.
    Le 16 février 1916, Cendrars acquiert la nationalité française et, malgré son amputation, va mener sa vie avec autant de fougue que par devant. Il se lie avec Gustave Le Rouge et publie un recueil de poèmes : La Guerre au Luxembourg. Il se découvre une nouvelle passion : le cinématographe.
    Fin 1917, il a un petit rôle dans le J'accuse d'Abel Gance. Mais surtout, cette même année, il rencontre une jeune comédienne, Raymonde Duchâteau. Et lui, le baroudeur à la trogne et au corps couturés de dix cicatrices, lui, l'ancien légionnaire qui se croit revenu de tout, il va tomber amoureux. Un amour absolu. Qui durera jusqu'à sa mort.
    De son amputation, il n'en parle plus guère. Sinon pour s'en moquer. Barrès lui a offert un bras postiche et, pour faire plaisir à l'illustre écrivain, Cendrars le portera quelque temps. Il l'« oubliera » un jour dans la salle d'attente d'une gare ...
    L'année 1918 est une année de consécration pour Cendrars. Il se multiplie: écrivain (Le Panama ou l'aventure de mes sept oncles), éditeur, librettiste, scénariste, éditeur; il fait feu de tout bois. En 1923, il monte un ballet, La Création du monde (chorégraphie de Jean Borlin, décors de Fernand Léger, musique de Darius Milhaud) ; en 1924, il part pour le Brésil où il est fêté comme un roi. Cette même année, il écrit et publie L'Or, le livre qui contribuera à le faire connaître mondialement.

    Reportages

    De 1926 à 1929, il voyage en Amérique du Sud, bourlinguant sans répit au Brésil, en Argentine, au Paraguay. Mais il n'en oublie pas pour autant l'écriture.
    En 1934, avec Les gangsters de la Maffia, Cendrars entame une carrière de grand reporter. Pierre Lazareff, qui dirige alors Paris-Soir, l'engage et l'envoie sur des « coups » au Guatémala, au Mexique, au Honduras, et même en Californie, d'où il rapportera un passionnant Hollywood la Mecque du cinéma.
    En 36, il est de retour à Paris. En plein Front populaire. Cendrars, qui déteste les Rouges (et les « roses » : « Léon Blum est une catastrophe »), accepte de couvrir la guerre d'Espagne pour Gringoire. Pendant un mois et demi, il séjourne en Espagne, toujours aux avant-postes. Malheureusement, son style débridé ne convient pas à Horace de Carbuccia qui lui refuse les reportages commandés.
    En 1957, il est victime d'une hémorragie cérébrale qui lui ôte l'usage de son unique main. Contre toute attente - et à la stupéfaction des médecins - il lutte et gagne ce nouveau combat. La mort le trouvera, le 21 janvier 1961. Rue José-Maria de Hérédia, à Paris. Deux ans auparavant, en 1959, il avait réclamé d'être baptisé. Cette même année, il célébrait par un mariage religieux son union avec Raymonde. Pour la première fois, Cendrars cicatrisait son âme.
     Alain Sanders : National Hebdo octobre 1988

  • Tesson : Le peuple en a marre et va se fâcher !

    Pour Philippe Tesson, “la France désespère et le monde rigole“. L’incurie de la majorité accentue le malaise de nos concitoyens. Attention, (grand) danger !

    Par

     C’est lui, François Hollande, qui, lorsque éclata le scandale Cahuzac, en relativisa la portée en le réduisant à une affaire individuelle, et c’est lui, le même François Hollande, qui aujourd’hui provoque une affaire d’État en décidant d’un train de mesures propres à “moraliser la vie publique qui jette le trouble dans le pays.

    Ainsi fait le pompier incendiaire.

    La publication dès ce soir du patrimoine des ministres et de celui des élus dans la foulée est une initiative irresponsable. Elle va largement au-delà du symbole. Son caractère précipité est un aveu d’opportunisme démagogique. Elle est décriée par les amis politiques du président eux-mêmes (Bartolone), ridiculisée par certains d’entre eux (Montebourg). Nombreux parmi les élus y voient une humiliation, voire une insulte.

    Son efficacité est à juste titre réputée douteuse. Elle rejoint et justifie les discours populistes des extrémistes de droite comme de gauche. Elle flatte les instincts populaires les moins nobles. Elle introduit dans les esprits le soupçon d’une présomption de culpabilité. Elle participe d’un procédé de délation. Elle est un instrument de haine sous couvert d’une intention de vertu. Elle tire encore un peu plus la France vers le bas.

    Qu’il s’occupe donc de l’essentiel !

    Selon une étude Viavoice, citée samedi par Le Figaro, 50 % des jeunes Français de 18 à 24 ans souhaiteraient vivre dans un autre pays que le leur. 36 % d’entre eux seulement croient dans l’avenir de leur pays, alors que 75 % croient dans l’avenir de l’Allemagne et 67 % dans celui des États-Unis.

    Ces chiffres sont les plus affligeants jamais publiés sur l’état moral de notre pays. À ce tableau dramatique, qu’opposent Hollande et les siens ?

    Quelles raisons d’espérer offrent-ils à cette jeunesse-là dont il avait pourtant fait sa priorité ? Quel exemple lui donne-t-il ? Quelle décision audacieuse et positive ? Réponse : l’obligation faite aux élus d’afficher leur patrimoine ! Une compétition misérable : le concours du plus pauvre ! À quel prix ? Une semaine perdue pour concevoir cette facétie.

    Combien de chômeurs de plus pendant ce temps, combien de dixièmes de point de déficit, combien de parts de marché en moins ?

    Qu’il s’occupe donc de l’essentiel ! Quel aveu d’impuissance dans cette malfaisance ! La France désespère et le monde rigole. Qui donc est cet homme-là ? Quelle ligne politique est donc la sienne, quelle cohérence ?

    Finalement toutes les gauches se réunissent et se résument en lui, depuis la Révolution jusqu’à nos jours, il les touille dans une grande marmite où chacun des siens retrouve un jour un résidu de son courant pour le perdre de vue le lendemain. Il est l’homme de la synthèse, le dénominateur commun, c’est-à-dire la marmelade. Il l’était déjà “en tant que premier secrétaire du Parti socialiste”. Visiblement il l’est resté en tant que “moi, président de la République”.

    Or l’heure n’est plus à la synthèse. Elle est au choix. Il se dit social-démocrate. Alors qu’au moins il assume la social-démocratie ! Il n’a vraiment jamais assumé qu’en matière fiscale, et avec le talent que l’on sait ! Pour le reste, ce ne fut et ce n’est que bidon, défausse, frime, zigzag et compagnie.

    Le peuple en a marre de ces simagrées, de ce bricolage, de ces feintes perpétuelles ; il va se fâcher.

    Le Point   http://fortune.fdesouche.com/

  • Sur la territorialité (entretien avec Georges Feltin-Tracol)

     

    Il y a quelques mois, le Comité directeur du Carrefour des Acteurs Sociaux (C.A.S.) animé par Joël Broquet, en particulier son pôle « Territoires »,  proposait à un questionnaire d’enquête consacré à la question territoriale dans l’Hexagone. Georges Feltin-Tracol, rédacteur en chef d’Europe Maxima, a bien voulu y participer. Les réponses mises en ligne ci-dessous ont été largement développées par rapport à la version initiale envoyée au C.A.S.

     

    Cet entretien paraît approprié au lendemain du « non » alsacien qui ne résout rien et qui aggrave au contraire les problèmes territoriaux issus d’une décentralisation trop technocratique dès le départ. L’échec du référendum régional alsacien témoigne aussi de la nécessité pour les prochaines consultations locales d’affronter frontalement notables et élus locaux.

     

    Carrefour des Acteurs Sociaux : Selon vous, quelle organisation territoriale serait à préconiser pour optimiser les actions publiques ?

     

    Georges Feltin-Tracol : À mes yeux, le territoire administratif le plus optimal en matière d’actions publiques demeure la région. Toutefois, il est primordial de réviser en profondeur et d’une manière complète la carte administrative territoriale en s’appuyant sur des régions rectifiées (fusion des deux demi-régions normandes, rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne, création d’une région « Pays-Bas français » sur les régions Picardie et Nord – Pas-de-Calais, fusion de départements en Alsace, en Corse, en Savoie) et réduites en nombre (22, c’est trop).

     

    C.A.S. : Quel échelon actuel est-il, selon vous, pertinent aujourd’hui ?

     

    G.F.-T. : Outre la région, l’autre échelon pertinent me paraît être l’arrondissement rectifié. Mais attention ! La notion d’arrondissement est à modifier complètement. En effet, l’essor des modes de transport (voiture, train), l’implantation des centres commerciaux en périphérie des villes et l’étalement urbain sur les zones rurales proches (ce qui est un grave problème en soi) entraînent une véritable révolution territoriale administrative silencieuse. Face à l’effacement de la distinction rural / urbain, la région et l’arrondissement rectifié afin qu’il corresponde à un bassin de vie autour d’une ville-centre paraissent des échelons pertinents.

     

    C.A.S. : « L’abrogation » de la démarche Pays vous semble-t-elle justifiée ?

     

    G.F.-T. : Oui, dans le cadre actuel. En revanche, dans le cadre de l’arrondissement – bassin de vie, le « pays » pourrait renaître à la fois en tant que successeur de l’arrondissement actuel et qu’en espace optimal de proximité à la condition que ce nouvel arrondissement ou pays fusionne avec le canton, l’intercommunalité et l’actuel « pays ».

     

    C.A.S. : Comment la gouvernance territoriale devrait-elle être organisée ?

     

    G.F.-T. : D’abord, il faut sortir de la novlangue officielle en place. « Gouvernance » relève du jargon bureaucratique d’essence libérale-mondialiste. Le gouvernement idoine des territoires serait un recours massif et permanent à la démocratie directe.

     

    Il est important d’abandonner le régime d’assemblée en vigueur dans les collectivités municipales, départementales et régionales et l’omnipotence de l’exécutif territorial en appliquant une large démocratie directe. Outre le contrôle civique des élus par les droits populaires de surveillance, de veto et de proposition, les responsables territoriaux devraient être tirés au sort, ne cumuler aucun mandat, être révocables et détenir un mandat impératif. Une autre réforme de taille serait d’instaurer la responsabilité sur leurs biens propres de la gestion de la collectivité. En corollaire, le droit de vote serait obligatoire sous peine de lourdes sanctions. L’idéal serait aussi une réelle impartialité, c’est-à-dire une absence de partis politiques…

     

    C.A.S. : Les solidarités urbain/rural ont-elles un sens aujourd’hui ? Si oui, lesquelles  ?

     

    G.F.-T. : Il est clair, aujourd’hui, que les solidarités urbain / rural se distendent du fait de la disparition voulue de la paysannerie, de l’étalement urbain anarchique et de l’alignement des campagnes sur le mode de vie, les codes culturels et les goûts des citadins. La France est en train de se scinder en trois ensembles disparates : les métropoles, créatrices de richesses, leurs banlieues sur-subventionnées et les territoires péri-urbains (ou ruraux profonds) délaissés (fermeture au nom de la R.G.P.P. – réduction générale des politiques publiques – du bureau de poste, de l’école primaire, de la gare, non-desserte des transports en commun, etc.). Fuyant des zones urbaines en chaos ethnique et les fortes hausses d’impôts, les catégories populaires et intermédiaires qui s’installent « à la campagne » se sentent pénaliser : elles n’ont droit à rien et doivent payer pour des services inexistants.

     

    C.A.S. : Quel constat de la décentralisation faites-vous ?

     

    G.F.-T. : D’un point de vue fédéraliste, identitaire et régionaliste français et européen, la décentralisation est un fiasco total du fait de l’incompétence de son personnel politicien. L’État central a eu tort de faire confiance à la partitocratie, d’où l’explosion des effectifs de la fonction publique territoriale, du clientélisme et de la corruption, de conserver ses attributions ou de les déléguer sans accompagnement financier réel et d’empêcher l’autonomie réelle des collectivités en leur assurant une fiscalité propre.

     

    Plutôt que de relancer la décentralisation, l’heure est venue pour la régionalisation et la réduction draconienne des strates administratives et du nombre d’élus.

     

    C.A.S. : Selon vous, quelles orientations devraient prendre la politique européenne de cohésion territoriale (organisation spatiale du territoire européen) ?

     

    G.F.-T. : L’idéal serait un État fédéral européen dégagé de l’O.T.A.N. et de l’O.M.C. à vocation impériale grande-continentale. Plus concrètement, une vaste politique coordonnée de relance et de relocalisation de l’industrie, de l’agriculture (dans un sens bio et non productiviste) et des transports collectifs (avec le retour de l’aéro-train) donnerait enfin une véritable cohérence territoriale au continent sans omettre bien sûr une ambitieuse politique culturelle et scolaire authentiquement européenne et identitaire.

     

    C.A.S. : Quelle devrait être la place de « Paris » dans l’architecture urbaine mondiale et européenne ?

     

    G.F.-T. : L’anti-Parisien que je suis estime que ce n’est qu’une agglomération française parmi d’autres. Malheureusement, soyons réalistes. Paris et ses environs demeurent la première région de France en population et en production économique. La déconcentration de la Capitale prendra beaucoup de temps. En attendant, il importe de valoriser les autres villes et agglomérations afin de contrebalancer l’influence de plus en plus délétère de Paris.

     

    C.A.S. :  Quel périmètre devrait avoir « Paris », en tant que ville et en tant qu’agglomération ?

     

    G.F.-T. : Dans l’idéal toujours, il serait bien d’arrêter la croissance parisienne et de favoriser l’attrait de la « Province ». En pratique et dans la perspective voulue d’en faire une métropole mondiale, Paris doit franchir le Périphérique et étendre sa superficie à la « Petite Couronne ». En clair, il est nécessaire d’abolir le 75 et les départements périphériques et de tirer un trait définitif sur les conséquences de la Commune de 1871.

     

    C.A.S. : La structure de l’agglomération parisienne serait selon vous ?

     

    G.F.-T. : Une collectivité territoriale intégrant les compétences communales, départementales et régionales.

     

    C.A.S. : Selon votre réponse, quel devrait en être le périmètre ?

     

    G.F.-T. : Si Paris devient une collectivité territoriale, sa superficie devrait correspondre, nonobstant l’obstacle des départements à faire disparaître, à son aire urbaine, soit les « Petite » et « Grande Couronne » réunies. Un autre facteur entre en ligne de compte : les migrations tant internes qu’externes. Il faut arrêter les flux migratoires vers l’Île-de-France qui est devenue l’«Île-du-Monde ».

     

    C.A.S. : Quelles devraient être les compétences pour la structure de l’agglomération parisienne serait selon vous ?

     

    G.F.-T. : Le « Grand Paris » devrait détenir toutes les compétences ! À savoir la planification territoriale et l’urbanisme, l’emploi et la formation professionnelle, le développement économique, les transports, la préservation du patrimoine et l’essor culturel enraciné, l’écologie véritable et non le fumeux développement durable, ou les services sociaux à la population.

     

    C.A.S. : Quelle appellation souhaiteriez-vous pour l’entité de la structure de l’agglomération parisienne ?

     

    G.F.-T. : Cette collectivité territoriale avec une population moindre du fait d’un retour (imposé ? forcé ?) dans les provinces de nombreux résidents pourrait très bien s’appeler « Paris – Île-de-France ». Et puis, imaginons un changement de capitale en promouvant Lyon ou Clermont-Ferrand, voire en créant ex-nihilo une nouvelle sur les exemples de Brasilia ou d’Astana.

     

    • Propos recueillis par le pôle « Territoires » du C.A.S.

    http://www.europemaxima.com/

  • Un an de prison pour s’être opposé pacifiquement au "mariage" pour tous ? Flanby instaure un Etat policier !

    ˇˇSoixante-dix opposants au mariage pour tous en garde à vue

    Ils ont été interpellés dans la nuit de dimanche à lundi, alors qu’ils tentaient d’installer des tentes devant l’Assemblée nationale.ˇˇ

    Par AFP

    Soixante-dix opposants au mariage homosexuel se trouvaient lundi matin en garde à vue après avoir été interpellés vers 1 heure devant l’Assemblée nationale à Paris (VIIe) où ils s’apprêtaient à installer une dizaine de tentes, selon une source policière.

    Ces manifestants se réclamant de l’organisation « Camping pour tous », proche de la Manif pour tous qui multiplie les actions coups de poing contre le projet de loi, ont été maintenus en garde à vue pour « non dispersion après sommation », un délit passible d’un an d’emprisonnement et 15 000 euros d’amende.

    Les protestataires entendaient s’insurger contre l’agression crapuleuse samedi à Paris d’un jeune militant UMP connu pour son engagement contre le mariage homosexuel. De nombreux militants, partageant les positions de la victime, ont laissé entendre que cette agression ne devait rien au hasard. Deux rassemblements de soutien à Paris ont réuni plusieurs centaines de personnes ce week-end à Paris.

    A quelques jours de l’examen en seconde lecture du texte de loi sur le mariage homosexuel, les opposants au projet ont multiplié les opérations spectaculaires : ministres chahutés, « réveil » d’un député, TGV bloqué, confrontation avec les forces de l’ordre vendredi soir près du Sénat à Paris...

    Libération

    Les 67 militants ont enfin été libérés en fin d’après-midi. Plus de renseignement sur le Salon belge ici et

    http://www.actionfrancaise.net

  • L'ignominie du vote au Sénat sur le mariage

    L'ancien sénateur Bernard Seillier fustige le simulacre de vote au Sénat :

    "Le vote solennel du Sénat sur l’ensemble du texte modifiant le droit du mariage est intervenu vendredi matin 12 avril 2013 à main levée, c’est-à-dire selon un décompte visuel des mains levées des sénateurs et sénatrices présents en séance, constaté par les secrétaires et proclamé par le président du Sénat, conformément à son règlement. Cette procédure, courante pour les amendements et les articles d’un texte au fil de son examen, n’est généralement pas appliquée pour le vote final sur l’ensemble du texte, qu’on adopte par un scrutin public, c’est-à-dire nominatif pour l’ensemble des parlementaires (présents ou absents ayant laissé leurs consignes de vote).

    C’est un des piliers de la démocratie représentative, puisqu’il permet de connaître nominativement le vote de chaque parlementaire, contrairement au vote à main levée, qui reste clandestin. Un scrutin public est obligatoirement prévu pour certains textes en raison de leur importance. Il en est ainsi lors des votes sur l’ensemble des lois de finances, des lois organiques (à valeur quasi-constitutionnelle) et des projets ou propositions de révision de la Constitution. La loi modifiant le mariage dans le Code civil appelait à l’évidence un vote par scrutin public, compte tenu de son importance. La garde des Sceaux n’avait-elle pas dit que le texte modifiait notre civilisation ? Chaque parlementaire peut et doit ainsi assumer devant l’histoire la responsabilité de son vote.

    Soumettre l’ensemble du projet de loi à un scrutin public pouvait être facilement décidé. Il suffisait que le gouvernement le demande par la voix de Mme Taubira, présente, ou que le président du Sénat, Jean-Pierre Bel le fasse, ou encore un président de groupe réunissant au moins trente membres, ou la commission saisie au fond, ou trente sénateurs dont la présence doit être constatée par appel nominal (article 60 du règlement). Or le 12 avril, aucun de ceux-là qui avaient la capacité effective de soumettre le texte à un vote par scrutin public ne l’a demandé, alors que tout le monde en France l’attendait pour savoir comment chacun avait voté. C’est en entendant le président soumettre le vote du texte selon la procédure simplifiée et dissimulée de la main levée que cette dérobade historique est apparue. Aucun de ceux qui en avaient le pouvoir n’a demandé un scrutin public. Il est évident qu’une entente préalable entre toutes ces personnes était intervenue pour qu’il n’y ait pas de scrutin public susceptible de révéler le véritable vote de chacun et vraisemblablement l’absence de majorité pour adopter le texte.

    C’est une véritable ignominie, qui assujettit toujours plus nos institutions à la politique de la dissimulation, du mensonge et de la magouille. C’est l’insoutenable hypocrisie des détenteurs du pouvoir politique qui est flagrante. Quelle peur a saisi le gouvernement, le président du Sénat, tous les présidents de groupe (socialiste, UMP, Union des démocrates et indépendants-UC, communiste, républicain et citoyen ; rassemblement démocratique et social européen, écologiste) pour empêcher chacun d’entre eux de demander un scrutin public sur le texte. La demande d’un seul aurait suffi pour entraîner automatiquement le scrutin public. La procédure est simple : il suffit de lever la main, à l’instant même où le président de séance annonce « je vais soumettre le texte au vote », et de dire « je demande au nom du gouvernement, ou de mon groupe, qu’il soit procédé à un scrutin public» pour que la chose soit acquise. Personne n’a bougé ! Quelle belle connivence ! Ont-ils eu peur d’être désavoués par les sénateurs et les sénatrices, plus attentifs à la colère qui monte dans la conscience des citoyens ? Cette insoutenable hypocrisie du gouvernement et du Sénat s’est doublée, aussitôt acquis le vote clandestin à main levée, d’une incroyable surenchère dans la mystification. Le président d’un groupe sénatorial a aussitôt demandé que, compte tenu de l’opacité du vote à main levée, soit annexée au compte rendu du scrutin, pour publication au JO, la liste détaillée des votants et de leur vote tel qu’elle aurait figuré à la suite d’un scrutin public s’il avait eu lieu ! Tous les autres présidents de groupe ont aussitôt exprimé la même demande. Le président du Sénat a immédiatement répondu que l’intervention orale ainsi formulée entraînait automatiquement la publication de la liste théorique fournie séparément et après coup. C’est une grande première historique dans toute la vie parlementaire : « le scrutin public virtuel » publié au Journal officiel ! C’est un sommet de la politique du mensonge, de la dissimulation et de l’hypocrisie. La décadence de la vie parlementaire accélère celle de nos institutions. Peut-il y avoir encore demain un fondement à l’autorité politique ? Comment justifier encore l’obéissance des citoyens ?"

    Michel Janva     http://www.lesalonbeige.blogs.com/

  • Emmanuel Todd au secours de la réaction ? La terre ne ment pas

    En se livrant, dans leur nouvel ouvrage, à une exploration cartographique du « mystère français », l’historien Emmanuel Todd (à gauche sur la photo) et le démographe Hervé Le Bras (à droite), tout deux hommes de gauche, viennent au secours de… la droite. Décryptage des ressorts électoraux de la France profonde.

    La démographie est une des rares sciences sociales dont les prédictions se réalisent. Elève d’Emmanuel Leroy-Ladurie, Emmanuel Todd est un digne héritier d’Alfred Sauvy et de Pierre Chaunu. Si cet ancien membre du PC annonce, dès 1979, la chute à venir de l’URSS, il faut attendre 1995 pour qu’Emmanuel Todd éclate politiquement au grand jour en théorisant la fameuse « fracture sociale » qui permet à Jacques Chirac de l’emporter lors de l’élection présidentielle en éliminant Lionel Jospin et Edouard Balladur. En 1998, le succès de L’Illusion économique confirme une notoriété qu’il a conservée jusqu’à aujourd’hui.

    Son nouveau livre, écrit avec son vieux complice, le démographe Hervé Le Bras, et édité par Pierre Rosanvallon, est un commentaire de 120 cartes de France, propres à nous aider à mieux cerner le « mystère français », c’est-à-dire le fait que, malgré toutes les transformations profondes subies par notre pays durant le dernier demi-siècle, de l’exode rural à l’immigration de masse, la carte électorale reflète pourtant des comportements ancestraux qui guident le choix des électeurs. Pour Emmanuel Todd, c’est la méconnaissance des tréfonds anthropologiques et religieux français qui est l’une des causes de l’échec des gouvernements successifs, de droite ou de gauche, à mettre en place des politiques adaptées à notre pays. Les trente glorieuses et les trente piteuses ne sont pas parvenues à effacer des siècles de réflexes simplement humains.

    Coupure anthropologique

    Pour résumer ces travaux, on peut dire que deux types de structures familiales coexistent en France.

    D’un côté, la famille souche, très communautaire, présente en périphérie, dans des régions marquées par le catholicisme et l’habitat dispersé, comme la Bretagne, les Pyrénées (excepté le Roussillon) ou l’Alsace-Moselle; ou par le communisme et l’athéisme, comme le Limousin et le Bourbonnais (le conseil général de l’Allier est ainsi toujours détenu par le PC). De l’autre côté, voilà la famille nucléaire, celle du bassin parisien, d’habitat groupé, qui prospère dans des zones précocement et fortement déchristianisées.

    Emmanuel Todd au secours de la réaction ? La terre ne ment pas

    Le mystère français

    La France qui vote François Hollande est celle du christianisme et des zones holistes (communautaires): seule l’Alsace échappe à cette lecture imparable des cartes. La France qui vote Nicolas Sarkozy est celle de l’individualisme et de la sécularisation. En gros, la France révolutionnaire de 1789 est passée à droite, et la France contre-révolutionnaire vote socialiste (sauf la Vendée et l’Alsace). Les régions historiquement catholiques sont pro-européennes, les régions déchristianisées plus souverainistes, comme le montrent les résultats du référendum de 2005. Et Marine Le Pen dans tout cela? Pour Emmanuel Todd et Hervé Le Bras, « le Front national se dirige vers le vieil espace central déchristianisé de l’Hexagone, tout en se détachant de ses “bases antimaghrébines” originelles situées plus à l’Est. »

    Cela expliquerait ses scores importants dans la Marne, l’Yonne ou l’est du département de l’Eure, par exemple. Ou son reflux perceptible dans la région lyonnaise. A la lecture des cartes, pour les deux historiens, « l’hypothèse d’un glissement du communisme à l’extrême droite, fausse vers 1985, ne le serait plus tout à fait vers 2020. » Pour cela, il faudra que le FN se réconcilie avec l’habitat dispersé, le bocage, où il échouait souvent jusqu’à maintenant, car il a historiquement émergé en 1984 à cause « de la rupture du tissu social en région d’habitat groupé ». Historiquement, le vote FN exprime, en effet, « l’angoisse des pays de population groupée ». Angoisse face à l’immigration dans un premier temps, angoisse face à la crise économique aujourd’hui.

    Reconquérir la périphérie

    Pour les auteurs de ce livre, la France périphérique « a pris le contrôle du système national, non pas à la suite d’un complot, mais par l’effet inconscient, temporaire sans doute, d’un plus grand dynamisme culturel ». C’est à la périphérie que l’on observe depuis 40 ans les meilleurs résultats scolaires par exemple, que ce soit dans le midi socialiste ou dans les régions catholiques. Plutôt que de s’affronter, voire de se neutraliser, sur les territoires oubliés du Grand Bassin parisien, qui leur sont désormais idéologiquement acquis, l’UMP et le FN feraient mieux de s’employer à reconquérir les territoires dynamiques abandonnés à la gauche. Car les départements ruraux où la droite et le FN font des scores écrasants envoient évidemment peu de députés à l’Assemblée nationale…

    Une des solutions pour reconquérir les centres-villes, les diplômés et les classes moyennes? Renoncer à la génuflexion gaulliste ou mariniste permanente devant l’Etat-providence. Car, sur ce sujet, pour citer encore une fois les auteurs du Mystère français, « une comparaison avec les conservateurs britanniques ou les républicains américains ferait apparaître l’UMP, y compris la droite “forte”, comme un parti de centre gauche. »

    Les classes moyennes commencent à saturer des impositions nouvelles et de la situation catastrophique de leurs caisses de retraites. La droite doit user de ce levier pour revenir au pouvoir, si du moins on lit la conclusion de ce livre entre les lignes. Comme quoi, des historiens de gauche peuvent être involontairement d’excellent conseil pour la droite française…

    Jacques Cognerais

    - Hervé Le Bras, Emmanuel Todd, Le mystère français, ed. du Seuil, 322 p., 17,90 euros.

    Article de l’hebdomadaire “Minute” du 10 avril 2013 reproduit avec son aimable autorisation. Minute disponible en kiosque ou sur Internet.

    Crédit photos : DR.

    Emmanuel Todd au secours de la réaction ? La terre ne ment pas

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