20 juin 2013
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Tribune libre de Paysan Savoyard
Le régime en place, organisé au plan politique par le consortium UMP et PS, s’efforce de façon permanente de manipuler l’opinion. On peut dire même que la manipulation constitue pour lui un principe de fonctionnement.
La manipulation peut poursuivre des objectifs différents. Il s’agit tantôt de conduire l’opinion à partager les positions et les analyses de l’oligarchie. Tantôt de dissimuler les faits et gestes du régime, les mauvais résultats obtenus ou les conséquences catastrophiques des décisions prises. Tantôt encore de discréditer l’opposition. Tantôt enfin de créer un climat de menace et de tension destiné à dissuader le peuple de manifester son mécontentement ou son désaccord avec les orientations suivies.
Pour manipuler l’opinion, le régime dispose de tous les relais et vecteurs qui exercent une influence sur les différents secteurs de la société : les politiciens bien sûr, mais aussi les médias, le cinéma, le monde artistique, la publicité, les intellectuels organiques, l’université, les écoles, les groupes de pressions, les associations subventionnées…
Dans le cadre de l’affaire Méric, plusieurs de ces vecteurs ont été mobilisés.
Nous avons déjà eu l’occasion de mettre en évidence certaines des manipulations mises en œuvre par le régime (voir notamment la tribune libre précédente). L’affaire Méric constitue une illustration supplémentaire et significative, qui mérite que l’on s’y arrête.
Le régime a d’emblée diffusé dans tous les médias cette version : « un militant anti fasciste a été sauvagement assassiné par des skins d’extrême droite ».
Tout le Système s’y est mis, sans procéder à des vérifications préalables. Prenons l’exemple du Monde, le journal de référence de l’oligarchie. Sur son site internet, le journal fait défiler les Une suivantes : « Un jeune frappé à mort à Paris : la marque de l’extrême droite » (6 juin 10 h 54) ; « L’agression de Clément Méric ravive les tensions que le mariage pour tous a suscité » (6 juin 13 h 16) ; « Le militant antifasciste Clément Méric est mort » (6 juin 17 h 34) ; « Clément Méric, élève modèle, tué pour ses idées » (6 juin 18 h 00).
Les politiciens de tout bord (le FN excepté) ont été dans le même sens. Par exemple M. Delanoë a dénoncé « l’agression mortelle perpétrée par des militants d’extrême droite ». M. Désir : « c’est toute la république qui est meurtrie lorsqu’un jeune homme est lynché par des individus aux méthodes fascisantes ». M. Copé a condamné « avec la plus grande force l’agression barbare dont a été victime un jeune homme de 18 ans en plein Paris ». M. Valls a déclaré que l’agression de Clément Méric « porte la marque de l’extrême droite ». M. Ayrault Premier ministre a annoncé son intention de « tailler en pièces… ces mouvements d’inspiration fasciste et nazie ». Un élu UDI en est même venu à éclater en sanglots à la télévision.
Divers témoignages sont venus compléter le tableau : « Les agresseurs avaient des poings américains ; leurs tatouages étaient des croix gammées ; certains skins portaient un tee-shirt du Front national… ».
Moins de vingt quatre heures après la mort de Clément Méric (annoncée le 6 juin, au lendemain de la bagarre à Paris rue Caumartin), les éléments recueillis par les enquêteurs, tels que la presse elle-même a dû les signaler, ont montré que la thèse officielle était éloignée de la réalité des faits :
- Il paraît ainsi établi que la rencontre entre les deux groupes, les « skins » et les « antifas », était fortuite.
- Les skins prétendent avoir été provoqués d’abord verbalement et attaqués ensuite. Il semble qu’un témoignage important (celui du vigile du magasin) tende à confirmer la thèse des skins.
- Les skins nient avoir utilisé un poing américain.
- L’auteur des coups (1 m 80 pour 66 kg) n’est pas le colosse évoqué initialement par les médias.
- Il est établi que la victime faisait elle-même partie d’un groupe violent, qui cherchait le contact avec les skins. Ce groupe avait notamment provoqué un début de bagarre dans un cortège de « la manif pour tous » (Clément Méric était alors présent)
- Affirmant avoir été agressés, les membres du groupe antifa n’ont pourtant pas, au vu des informations disponibles à ce stade, porté plainte contre leurs agresseurs.
- Le juge a mis en examen le responsable présumé de la mort de Clément Méric pour « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». Il a écarté ce faisant la qualification d’« homicide volontaire » que le procureur réclamait.
L’enquête établira ce qu’ont été les faits. Les skins nient avoir été les agresseurs et affirment avoir au contraire été attaqués. Si la version des skins est exacte, s’il apparaît en outre qu’ils se sont battus à main nue et qu’ils ne se sont pas acharnés sur la victime, il faudra alors en conclure que les skins étaient en état de légitime défense et qu’ils n’ont rien à se reprocher.
Il semble en tout cas d’ores et déjà certain, en l’état actuel des informations diffusées, que la thèse officielle matraquée pendant deux jours par le régime ne correspond pas à la réalité au moins sur trois points essentiels :
- La victime n’a pas été assassinée ni même tuée intentionnellement (juridiquement le meurtre est un homicide volontaire ; l’assassinat est un homicide volontaire avec préméditation) : elle a été victime de coups échangés dans une bagarre ;
- La victime n’a pas été pourchassée par une horde fasciste : la bagarre résulte d’une rencontre fortuite.
- La victime n’est pas un agneau innocent : elle était un membre actif d’un groupe violent qui recherchait le contact avec ses adversaires.
Cette affaire fait apparaître sous plusieurs angles la malhonnêteté du régime et ses entreprises de manipulation de l’opinion.
Premier élément. Lorsque les témoignages incontestables (celui du vigile du magasin en particulier) ont fait apparaître au bout de vingt-quatre heures que la thèse officielle ne correspondait pas à la réalité, le régime a dû baisser d’un ton et interrompre le matraquage : l’affaire Méric a alors été brusquement reléguée au deuxième ou troisième rang.
Le régime n’a pas renoncé pour autant à la manipulation et a continué à distiller, mezza voce, des affirmations mensongères ou douteuses :
- Les médias continuent à parler de meurtre et d’assassinat. Par exemple le présentateur de France-culture parle lundi matin 10 juin, puis de nouveau mardi matin 11 juin, tantôt du « meurtre » tantôt de « l’assassinat » de Clément Méric.
-Le régime évoque sans discontinuer la nécessité de procéder à la dissolution des groupuscules d’extrême droite (voir notamment les déclarations du premier ministre). La décision de dissoudre le groupe JNR, dont les skins impliqués étaient proches, est semble-t-il acquise. La dissolution du groupe violent d’extrême gauche antifa n’est pas envisagée. Elle n’est même pas évoquée (voir notamment ce tweet de Mme Touraine ministre du gouvernement de M. Hollande).
Deuxième élément. Dans le traitement judiciaire de l’affaire, le régime a fait preuve jusqu’ici d’une partialité nette :
- Les activistes de gauche, qui sont accusés d’être à l’origine, n’ont été ni interpellés ni gardés à vue. La presse n’a pas fait état de ce qu’ils aient même pour l’instant été interrogés.
- Le procureur, qui applique les ordres du gouvernement, a requis une mise en examen pour « homicide volontaire », en contradiction avec les faits d’ores et déjà établis (il n’a d’ailleurs pas été suivi par le juge, qui, lui, est statutairement un magistrat indépendant du gouvernement).
Enfin troisième élément qui atteste la malhonnêteté du régime. Dans les heures mêmes où se déroulaient les faits conduisant à la mort de Clément Méric, deux autres tragédies similaires se sont produites.
A Châlons-en-Champagne, un jeune de 22 ans, élève ingénieur des arts et métiers, est mort le 4 juin après plusieurs jours de coma. François avait été frappé au visage, en marge d’une fête étudiante. Le parquet a évoqué d’abord « un différend amoureux » puis « une affaire de cigarette ». L’auteur des coups a été appréhendé : c’est un individu de type nord africain, sans emploi, connu des services de police, qui s’était incrusté dans la fête étudiante.
A Rennes un jeune de 25 ans est mort le 7 juin après plusieurs jours de coma là encore. Kylian, très connu dans le milieu des festivals culturels, avait été frappé au visage après avoir « demandé des explications » à celui qui, semble-t-il, venait de le bousculer. L’auteur des coups, qui a peut être employé un poing américain, est en fuite.
Le gouvernement, les politiques et les médias n’ont pas dit un mot de ces deux décès.
Ils présentent pourtant l’un et l’autre des similitudes fortes avec l’affaire Méric : dans les trois cas un décès, survenu aux mêmes dates, à la suite de coups au visage, après une période de coma. Certes les affaires de Châlons et de Rennes n’impliquent pas des militants politiques. Elles sont pourtant significatives parce qu’elles attestent d’une situation d’insécurité élevée. Elles illustrent également, au moins dans le cas de Châlons, le lien étroit qui existe entre immigration et délinquance.
Personne n’en a dit un mot. L’opinion a été chauffée à blanc à propos de l’affaire Méric : elle a été laissée dans l’ignorance concernant les morts de Châlons et Rennes. Nous sommes bien en présence d’une manipulation de l’opinion.
Il faut maintenant en venir à l’objectif majeur de la manipulation en cours à propos de l’affaire Méric. La manipulation a un objectif essentiel : atteindre le courant « d’extrême droite » et le parti qui le représente, le Front national.
Ce ne sont pas en effet les groupuscules qui sont en eux-mêmes les cibles du régime. Comptant quelques dizaines de membres et ne se livrant pas à des actes terroristes, ils ne constituent pas un danger. Le Front national, qui a réuni, il y a un an, 6 millions et demi d’électeurs, constitue en revanche une menace majeure pour l’oligarchie.
Le régime a utilisé l’affaire Méric, instantanément et avec l’intensité maximale, pour diffuser dans l’opinion les messages suivants :
- L’extrême droite est violente et dangereuse. Elle peut en outre s’attaquer à n’importe qui. L’étudiant tué était un jeune garçon au visage enfantin : tous les parents peuvent craindre que l’extrême droite ne s’attaque à leurs enfants.
- Second message. Il y a en France des fascistes et la France court un risque fasciste. Pour preuve le jeune était un anti fasciste et il en est mort. L’extrême droite menace la république : il est donc légitime d’interdire les groupes qui appartiennent à cette mouvance.
- Dernier message. Le Front national a une responsabilité dans la mort de Clément. D’abord parce qu’il a des liens avec les groupuscules. Ensuite parce que les idées dangereuses des skinheads sont partagées par toute l’extrême droite, des groupes activistes au Front national, en passant par les tenants de la manif pour tous (c’est ainsi qu’un ministre du gouvernement, Kader Arif, a déclaré qu’il craignait qu’il n’y ait un lien entre l’agression de Clément et la manif pour tous. De même M. Ayrault a estimé que le décès de Clément Méric rendait nécessaire la lutte contre « les mouvements racistes, antisémites et homophobes » ).
Pour faire bonne mesure, les médias ont diffusé pendant les premières heures un témoignage selon lequel l’un des agresseurs skin portait un tee-shirt du FN (ce témoignage est manifestement sans fondement ; pour autant il n’est pas envisagé semble-t-il de poursuivre son auteur). Dans le même registre le journal Charlie Hebdo vient de lancer une pétition pour la dissolution du Front national.
Le régime a sauté sur l’affaire Méric pour s’efforcer de ruiner l’entreprise de dédiabolisation initiée par Marine Le Pen. Il s’agit d’obtenir que l’opinion associe Front national et violence et qu’elle intériorise le message suivant : « Si vous votez Front national et que ce parti arrive au pouvoir, vous aurez la violence, les bandes fascistes et la peur s’installera pour tout le monde ».
Le régime constate en effet qu’il parvient difficilement à contrer le discours du Front national sur les sujets majeurs : immigration insécurité, mondialisation, les faits validant les analyses de « l’extrême droite ». Il reste à l’oligarchie la possibilité d’agiter la menace et la peur, peur du fascisme, peur de la violence, peur du chaos : « Attention ce n’est pas parce que les faits paraissent donner raison au Front national qu’il faut voter pour lui : avec le FN vous aurez une violence accrue et la situation sera pire encore ».
Marine Le Pen a beau déclarer qu’elle « s’associe à la peine de ceux qui ont milité avec (Clément Méric) » , qu’elle condamne la violence, que les groupuscules n’ont pas de lien avec le Front national, que les violents en ont été exclus, que le Front national a toujours participé aux élections, qu’il souhaite un recours accru au référendum, procédé démocratique par excellence, rien n’y fait : les attaques contre ce parti, accusé d’être potentiellement violent et fascisant, restent efficaces.
Le régime utilise la mort malheureuse de ce jeune militant Clément Méric pour manipuler l’opinion : il a diffusé délibérément des informations mensongères ; il persiste, alors même que leur caractère fallacieux est établi. Ces méthodes illustrent deux réalités.
D’abord elles indiquent la ferme volonté de l’oligarchie UMP et PS de conserver le pouvoir, par tout moyen. Mais on peut aller au-delà de ce constat banal et poser ce diagnostic : cette volonté de se servir du mensonge, en méprisant les faits, pour manipuler l’opinion est la marque des régimes totalitaires. Le régime en place, qui se réclame et se gargarise des « valeurs républicaines », est un régime à tendance totalitaire.
Il pense incarner le camp du Bien, être en charge des Valeurs supérieures, être l’acteur de la marche du Progrès. Confronté aux forces du mal que sont les idées réactionnaires, il s’estime moralement autorisé à utiliser tous les moyens pour éradiquer « la bête immonde ». Dans cet esprit, il lui est licite de recourir au mensonge et à la manipulation. Les « idées d’extrême droite » doivent être expulsées du débat public.
Dans le cas de l’affaire Méric, l’enquête montrera peut être que les antifas n’ont pas été agressés mais qu’ils étaient au contraire les agresseurs. Cela ne changera rien pour autant aux analyses du régime : même agresseurs, les antifas n’en seraient pas moins fondamentalement dans leur bon droit ; même agressés les skins resteraient dans leur tort et doivent être pourchassés.
Pourquoi ? Parce que les idées de « l’extrême droite », sans doute partagées par les skins, sont en soi illégitimes. Elles incarnent le mal. Elles sont les ennemis de la liberté et du vivre-ensemble. Dès lors il est justifié d’agresser des « fascistes ». On peut d’ailleurs penser que si un skinhead avait été tué dans la bagarre, non seulement on ne lui aurait pas rendu hommage, mais on l’aurait condamné, ses idées nauséabondes le rendant par nature coupable de la violence qu’elles engendrent.
On peut dans la même perspective souligner ce dernier point. On l’a vu, la mort des deux jeunes décédés en province à la suite de coups au même moment que Clément Méric a été passée sous silence. Faut-il en conclure que, dans l’esprit des oligarques, les vies de François et Kylian avaient moins d’importance que celle de Clément ? La question ne se présente pas de cette façon. La vraie dimension de l’affaire Méric est en effet la suivante.
Ce n’est pas Clément lui-même qui a fait l’objet de l’hommage unanime rendu par les politiciens et les médias. Ce devant quoi les oligarques et les serviteurs médiatiques du système se sont inclinés, ce n’est pas la personne de Clément mais l’idéologie qu’il défendait.
Si les coups portés à Méric révulsent les maîtres du régime en place, c’est avant tout parce que les skinheads ont attaqué des Idées, des Valeurs, les valeurs de la République et celles du Vivre ensemble. La quasi-totalité des politiciens qui ont condamné l’agression de Clément l’ont affirmé : « C’est la République qui est attaquée ». C’est la raison pour laquelle les morts de François et Kylian ne revêtent pas le même intérêt et ne méritent pas qu’on s’y arrête.
Dans leur cas, il s’est agit de morts ordinaires, malheureuses mais banales. Dans celui de Clément tout au contraire, les valeurs autour desquelles le régime s’est construit étaient en cause. C’est pourquoi François et Kylian resteront confinés au registre de la PQR, dans la rubrique des faits divers : Clément lui, tel un nouveau Guy Môquet, a accédé sans détour au Panthéon des militants de l’antifascisme et des héros de la république.
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Cette affaire illustre les méthodes et les principes d’action que mettent en œuvre depuis deux cents ans les tenants des conceptions « modernes », qu’elles soient républicaines ou communistes. La Fin comme justification des moyens employés. Les faits qu’il convient d’écarter s’ils s’opposent au sens de l’Histoire. Le primat des Idées, qui relèguent à l’arrière plan la vie des personnes concrètes. Le refus de la liberté pour les adversaires des Valeurs, désignés comme « ennemis de la liberté »…
Selon des témoignages, Clément Méric aurait en substance déclaré quelques minutes avant la rixe fatale que « les skins ne devraient pas avoir le droit de vivre »…
L’affaire Méric, nouvel épisode de la guerre civile française.
ANGERS (NOVOpress) — Le blanc-seing accordé aux groupuscules « antifas » par Valls et Taubira, suite au décès tragique de Clément Méric, aurait-il été perçu comme une autorisation de tuer ? On peut légitimement s’interroger suite à la violente agression dont a été victime un militant de Génération Identitaire à Angers ce vendredi 14 juin après midi dans le centre ville d’Angers.
Il est 18h30 lorsqu’un groupe de cinq jeunes militants patriotes sortent d’un immeuble dans une rue commerçante et animée du centre-ville, ils sont alors pris à partie par quatre personnes se revendiquant « antifas » pour les avoir reconnus à une soirée des Veilleurs à Angers. Un des jeunes militants présents sur les lieux témoigne : « Ils nous ont insultés : nous leur avons demandé qui ils étaient, ils ont refusé de nous répondre, l’échange en est resté là. Moins de deux minutes après, dans la même rue, une vingtaine de personnes nous sont tombées dessus, armées de planches à clous, de battes de base-ball, ainsi que de poings américains et de couteaux. » Le choc est bref et violent, le jeune identitaire qui tente de faire face est violemment frappé à la tête par un des antifas, armé d’un manche en bois hérissé de clous, par un coup porté à l’arrière du crâne, sa tête heurte la lunette arrière d’un véhicule en stationnement, brisant celle-ci.
Sonné, le militant tombe au sol et son agresseur le frappe encore à la tête. Par miracle, le jeune identitaire s’en tire sans trop de mal, il témoigne aujourd’hui : « Je m’en tire avec des douleurs aux côtes, deux impacts de planches de 5 cm de long : Un sur le crane et le deuxième sur la nuque (avec un trou de clou). En prenant le premier coup ma tête à heurté une vitre de voiture qui a éclaté sous l’effet du choc, je me suis retrouvé par terre, mon agresseur en a profité pour me mettre un autre coup sur la nuque. J’ai eu beaucoup de chance, je pense que ces coups auraient pu être mortels. »
Des coups mortels comme pour Clément Méric. Mais cette fois avec préméditation puisque tout laisse à penser qu’il s’agissait d’un guet-apens, les agresseurs étaient surarmés et les coups portés à la tête, y compris sur un homme à terre, témoigne d’une intention de tuer ou, tout du moins, de blesser gravement… La cible ce soir là semblait être Jean-Eudes, le responsable départemental FNJ, qui faisait partie du petit groupe d’amis pris à partie, et qui déjà été menacé à plusieurs reprises jusque chez lui !
Alertée par des témoins, la police intervenue rapidement sur les lieux a interpellé celui qui serait l’auteur des coups. Il est mineur, aurait déjà un passé judiciaire chargé et serait fils d’enseignant, comme Clément Méric… Au contraire de l’affaire Clément Méric, par contre, cette agression fait à ce jour l’objet d’un silence de plomb dans les médias locaux et bien sûr des autorités politiques locales.
Cette agression fait monter encore d’un cran la tension à Angers où les groupuscules gauchistes entretiennent un climat tendu depuis quelques semaines : soirées des Veilleurs perturbées, présence de manifestants masqués ou cagoulés, menaces de morts envers des militants nationaux. Face à cette apparente impunité des bandes armées gauchistes, militants du FNJ, jeunes de Génération identitaire, défenseurs de la famille font front commun avec calme et détermination.
François Hollande voulait une France apaisée, force est de constater que, même dans la ville du bon roi René, la légendaire douceur angevine n’est plus.
Crédit photo : DR Angers http://fr.novopress.info
Ludovine de La Rochère, présidente de « La Manif pour tous », est interrogée sur le blog de L'Homme nouveau. Extraits :
"[...] « La Manif pour tous » entend-elle prendre une dimension politique ?
Non, il ne s'agit pas de se constituer en mouvement politique, mais d'agir auprès des élus pour peser dans le débat public. Nous sommes convaincus, en effet, que c'est notamment notre indépendance qui fait notre force.
Justement, que comptez-vous faire pour les maires qui sont déjà et seront de plus en plus confrontés aux demandes de mariages homosexuels ?Nous mettons en place la structure nécessaire pour les aider, du point de vue juridique, de la communication, etc. Nos avocats travaillent en ce moment sur les textes de loi qui leur permettront de défendre les maires qui refuseront, en conscience, de célébrer le « mariage » de personnes de même sexe. Il ne faut pas oublier que la liberté de conscience est censée être l’un de nos fondamentaux, garanti par la Déclaration des droits de l’Homme !
Ne craignez-vous pas un essoufflement de la mobilisation pendant les vacances ? Que comptez-vous organiser ?
« La Manif pour tous » ne se bat pas seulement contre la loi Taubira, mais aussi contre ce qui est en est à l’origine, c’est-à-dire l’idéologie du Gender, et bien sûr contre la PMA (Procréation Médicalement Assistée) pour tous et la GPA (Gestation Pour Autrui ou mère porteuse). En fait, la tâche est immense pour nous tous qui voulons défendre le mariage et la filiation, c’est-à-dire l’enfant et la famille ! Nous allons annoncer et proposer trois types d’actions : informer et sensibiliser encore et toujours plus largement sur ce qui se joue actuellement, organiser des actions de rue, des actions juridiques et des actions auprès des politiques français et européens. Nous souhaitons aussi former sur ces sujets, car il y a urgence ! C’est dans cette optique que nous organisons une université d’été les 15 et 16 septembre en région parisienne. D’ici là, des actions sont bien sûr prévues, à commencer par la pétition pour la liberté de conscience des maires, très importante pour la suite, à signer sur le site officiel de « La Manif pour tous ». [...]
Publié initialement dans le magazine « Rébellion », n° 57, janvier/février 2013. Par Lucien C.
La doctrine du remodelage du Grand Moyen-Orient
À toutes les époques, des crises de toutes sortes ont eu lieu. L’état de crise n’était cependant pas la norme. Les crises du passé relevaient du courant faible qui vient se superposer à un état normal de stabilité en tant que courant fort. Des discontinuités venaient interférer avec une ligne de base continue mais sans remettre en question la dominance de cette dernière. Or, il semble que notre époque nous donne à voir une inversion des courants faible et fort. La crise deviendrait la règle et la stabilité serait l’exception. D’où vient cette inversion ? A-t-elle une cause naturelle ou procède-t-elle d’une intentionnalité, d’un dessein, d’un programme ?
Emmanuel Kant écrivait en 1795 son projet de « paix perpétuelle ». L’étude attentive de l’histoire des idées montre qu’il existe également un « Projet de guerre perpétuelle », ou de « crise perpétuelle ». En effet, l’observation des crises du passé a permis à quelques fins esprits de noter que les états de crise introduisaient toujours un changement. À partir de la deuxième moitié du 18ème siècle et de la montée en puissance du capitalisme, les mêmes fins esprits se sont alors demandé s’ils ne pouvaient pas s’emparer à leur avantage de ce mécanisme de crise productrice de changement. Ils se sont posé la question en ces termes : « Plutôt que d’attendre que les crises arrivent toutes seules, pourquoi ne pas les faire arriver artificiellement, d’une manière aussi contrôlée par nous que possible, de sorte à opérer les changements qui nous arrangent ? » Le principe « révolutionnaire », de 1789 au pseudo « printemps arabe », était né.
Expression par excellence de ce principe de chamboulement sous contrôle : le remodelage du Grand Moyen-Orient. C’est en 2003 que Georges W. Bush, alors président des États-Unis, expose officiellement cette doctrine dans des allocutions médiatisées. Pendant une quarantaine d’années, la « guerre froide » avait gelé les positions dans une guerre de tranchées aux limites relativement fixes. Les années 1990 constituèrent un round d’observation. Il fallut attendre les attentats du 11 Septembre 2001 pour que les vannes d’une nouvelle ère néocoloniale soient franchement ouvertes. On assista alors à un déchaînement de démagogie et de propagande de guerre usant d’éléments de langage stéréotypés, le fameux storytelling, atteignant les mêmes niveaux de désinformation, de déréalisation et de réécriture révisionniste instantanée de l’Histoire que pendant les deux guerres mondiales et poursuivant les mêmes objectifs de redéfinition des frontières et de l’ordre géopolitique préexistant.
Une nouvelle discipline apparaît dans les think-tanks de Washington : la transitologie, qui se donne pour mission de réfléchir aux « regime changes » (changements de régimes) et aux moyens de les provoquer artificiellement. Sous prétexte de la guerre aux dictateurs ou au terrorisme, les deux parfois confondus, et d’attaques préventives pour lutter contre les « rogue states » (États voyous), il s’agira en fait de prendre le contrôle de vastes zones géographiques qui vont du Maroc au Pakistan. Les concepts de « nation building » et de « shaping the world » (façonnage du monde) apparaissent aussi à ce moment. Ce programme impérial procédera par des « révolutions de couleurs » et des « guerres justes », en réalité de simples putschs, coups d’État et guerres d’invasion accomplis avec le soutien d’ONG complices et de plus en plus interventionnistes au nom du « droit d’ingérence », de sorte à placer des hommes liges aux postes de pouvoir et de redessiner les frontières selon les intérêts de l’envahisseur.
Détruire l’ordre des choses existant pour le remplacer par un autre ordre que l’on a défini, voire par l’absence d’ordre tout court, en un mot la Révolution, telle est donc la méthode de travail du Pouvoir et du Capital. (Où l’on voit que le clivage droite/gauche n’a véritablement aucun sens et que l’abandonner est le préalable à toute pensée politique sérieuse.) Que le désordre soit un moyen ou carrément une fin en soi, il est troublant d’observer qu’il est ici considéré positivement, à rebours du sens moral commun. Cette capacité à considérer positivement un mal relève d’un profil psychologique qui est celui du sociopathe. La place nous manque ici pour développer cette piste et nous nous en tiendrons à l’aspect géopolitique des choses. Sous cet angle, comment identifier plus précisément l’auteur du chaos provoqué, l’acteur révolutionnaire par excellence ? À la suite de plusieurs penseurs, Toni Negri et Michael Hardt dans « Empire » (2000), Emmanuel Todd dans « Après l’Empire » (2002) ou Alain Soral dans « Comprendre l’Empire » (2011), nous l’appellerons l’Empire.
Les trois « têtes chercheuses » de l’Empire
En 1997, Zbigniew Brzezinski publiait son « Grand échiquier », sous-titré « American Primacy and Its Geostrategic Imperatives », pour y exposer sans fard un programme néocolonial dirigé contre la zone eurasiatique. On y lit entre autres ce genre de déclaration : « Il est impératif qu’aucune puissance eurasienne concurrente capable de dominer l’Eurasie ne puisse émerger et ainsi contester l’Amérique. La mise au point d’un plan géostratégique relatif à l’Eurasie est donc le sujet de ce livre. » Mais Brzezinski était loin d’être isolé et son livre n’est que la partie visible de l’iceberg. En 1998, une publication française résumait sur une centaine de pages les tenants et les aboutissants de cette politique étrangère des États-Unis en montrant qu’elle obéissait à un dispositif infiniment plus large que le seul individu Brzezinski. Au travers d’une dizaine d’articles, un collectif de chercheurs en géopolitique coordonné par Alain Joxe et Maurice Ronai, exposait les tendances les plus agressives et impérialistes de l’Oncle Sam, les tendances isolationnistes étant bien réelles dans le peuple américain, mais malheureusement minoritaires dans les élites.
Le Groupe de sociologie de la défense de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS) titrait ainsi son Cahier d’Études Stratégiques n°21 : « Le débat stratégique américain, 1997. Contrôler l’Eurasie. » Les pays de la zone eurasiatique étaient donc prévenus ! Au cas où une ambiguïté aurait subsisté, la quatrième de couverture du document récapitulait les impératifs de cette stratégie militaire états-unienne en ces termes : « La recherche de la supériorité opérationnelle absolue, dans le présent et dans l’avenir, demeure le mot d’ordre. » Les choses étaient ainsi clairement posées : moins de dix ans après la chute de leur rival communiste, les USA s’inscrivaient dans une logique d’expansion globale visant à prendre le contrôle de l’Eurasie.
De son côté, le lobby israélien aux États-Unis avait déjà produit le manifeste intitulé « A clean break : a new strategy for securing the realm » en 1996. Quelques années plus tard, les néoconservateurs sionistes enfonceraient le clou avec un autre texte du même acabit, « Program for a New American Century », le célèbre PNAC et ses espoirs catastrophistes de nouveau Pearl Harbour visant à détourner définitivement les USA de toute tendance isolationniste et à les transformer en une sorte de Golem au service exclusif des intérêts israéliens.
Point d’orgue de ce coup d’État élaboré sur des années, les attentats du 11 Septembre 2001, dont le véritable cerveau semble plutôt être Benjamin Netanyahu que « Photoshop » Ben Laden, et qui devaient permettre à Tel-Aviv de prendre le contrôle de la politique étrangère de Washington par la désignation schmittienne d’un ennemi commun : le « terrorisme islamiste ».
Enfin, à la faveur de la crise syrienne et de la transformation de la France en zone d’influence et parc d’attraction, on vit nettement l’émergence d’un nouvel acteur hyperactif : les pétromonarchies du Golfe persique, Arabie Saoudite et Qatar en tête, nourrissant des projets d’expansion et fourbissant leurs armes depuis longtemps en attendant d’avoir atteint la taille suffisante pour se lancer dans la bataille contre le monde shiite et ses alliés.
De cette accumulation de couches et de strates d’intérêts convergents allaient sortir en 2007 les révélations fracassantes du général Wesley Clark, de l’US Army, lequel rapportait à l’occasion d’un talk-show télévisé la feuille de route impériale dont on lui avait fait part au Pentagone à la fin 2001 : envahir sept pays, nommément l’Afghanistan, l’Irak, la Libye, la Syrie, l’Iran, la Somalie et le Soudan. Si l’on récapitule les acteurs du programme impérial actuel, on en découvre donc trois :
http://www.egaliteetreconciliation.fr
1. l’empire anglo-saxon, déjà existant, élaboré entre Londres pour la branche franc-maçonne et Washington pour la branche WASP,
2. l’empire juif, en gestation depuis la composition de la Torah et l’invention de l’idée d’une race supérieure « élue » pour dominer le monde,
3. l’empire pétro-monarchique sunnite, qui ne rêve que d’en finir avec ses rivaux shiites et nationalistes laïcs arabes (baasistes).
Un journaliste est témoin d'arrestations violentes samedi soir dans le quartier latin de jeunes qui venaient de manifester au Conseil constitutionnel. Il raconte :
"Il est 20h30 samedi, je rentre de dîner avec un ami dans un restaurant du carrefour de l’Odéon. Nous marchons rue Saint-Sulpice quand, derrière nous, des cris, deux motos de la police à fond, une personne, un homme très jeune, court sur le trottoir. Il s’arrête fait demi-tour, reprend sa course. La première moto pile, fait demi-tour à son tour, monte sur le trottoir et fonce. La seconde la suit. On se dit, avec mon ami, qu’il s’agit d’un voleur de sac. Et que les policiers ont l’air très énervés.
Sur le même trottoir, courent vers nous deux autres jeunes hommes et une jeune femme puis ils s’arrêtent tous essoufflés. On leur demande ce qui se passe.
- « Une manif anti-mariage gay », nous dit un garçon, genre propre sur lui, souriant, pas du tout l’air d’un casseur.
Je lui demande pourquoi les flics… mais il n’a pas le temps de répondre, deux voitures de police, puis trois, foncent dans notre direction, bloquent le croisement avec la rue Mabillon. Tout va très vite.
Les policiers sortent des voitures, sautent sur un des jeunes, le ceinturent, le poussent brutalement vers une voiture. La fille sort son portable pour prendre une photo. Elle est immédiatement ceinturée et emmenée à son tour. D’une voiture banalisée sortent deux hommes, qui foncent sur un autre jeune, et le jettent par terre avec violence.
D’autres voitures passent à fond, freinent à mort, des policiers en sortent, attrapent d’autres jeunes.
Les passants s’émeuvent de ces comportements de cowboys. Je montre ma carte de presse, m’approche des voitures demande : « pourquoi les arrêtez-vous ? Qu’ont-ils fait ? ». Pas de réponse. Je brandis ma carte devant les yeux du motard qui semble un peu le chef avec ses trois galons, mêmes questions.
Il s’approche très près, me parle les yeux furieux : « demandez au service de presse de la préfecture, nous n’avons rien à vous dire ». J’insiste, demande s’ils ont cassé quelque chose… « Demandez au service de presse» et comme je me retourne pour essayer de poser les mêmes questions à d’autres, il me poursuit, sans me repousser et ni me toucher, mais avec un ton qui monte' (suite).
L’Europe paiera. C’est ce que pensent très fort et que disent – pas si bas que cela – les responsables de la négociation sur le futur accord de libre-échange transatlantique aux Etats-Unis. Avec un argument de base : l’Europe a désespérément besoin de croissance. Plus que les Etats-Unis, où la situation est meilleure sans être néanmoins brillante. L’Europe est demandeuse et doit donc payer, c’est-à-dire faire davantage de concessions.
Et nos amis américains de faire la preuve par neuf et de demander des gages que la Commission n’a été que trop heureuse et prompte à donner dans le domaine agricole en particulier : les Etats-Unis ont posé un ultimatum en décembre, exigeant que l’Europe prouve sa bonne foi en acceptant, par exemple, la viande de bœuf d’animaux élevés et abattus dans des conditions sanitaires indescriptibles, mais nettoyés à l’acide lactique avant envoi aux consommateurs. Les prétendues contreparties que la Commission affirmait exiger de leur partenaire américain n’ont toujours pas été mises en œuvre.
À lire les remerciements enthousiastes qui ont accompagné l’annonce du lancement des négociations par le Président américain dans son discours sur l’état de l’Union, en provenance des différents chefs de gouvernement européens, à voir l’empressement servile de la présidence irlandaise à faire avancer le mandat de négociation, on comprend que l’exercice est moins un dialogue d’égal à égal qu’un rapport de vassal à suzerain.
S’il fallait une preuve supplémentaire, elle vient d’être donnée. En décembre dernier, le régulateur financier américain, la Réserve Fédérale, a publié de nouvelles exigences à l’encontre des banques étrangères – et européennes en particulier – qui ont deux conséquences : réduire mécaniquement le champ d’activités des banques européennes aux Etats-Unis, et rompre avec la tradition de dialogue avec les régulateurs européens. Deux conséquences qui s’inscrivent directement contre l’esprit de l’accord de “partenariat”, mot choisi par l’administration américaine, manteau de Noé pour couvrir un accord de libre-échange que le parti démocrate ne saurait voir.
À ceux qui espéraient que le sujet pourrait être évoqué dans le cadre des négociations transatlantiques le négociateur américain a apporté un démenti cinglant devant le Sénat : il y aura, a-t-il assuré, une “exception prudentielle” pour les services financiers, et la question sera placée hors du champ des négociations. Une délégation de cinéastes européens a posé la question de cette exclusion à José Manuel Barroso, le président de la Commission européenne n’obtenant pour réponse qu’un silence édifiant.
C’est dans ce contexte que la question de l’exception culturelle prend tout son sens. Il en va bien sûr de la question du rapport entre commerce et culture, de la volonté – ou non ? – de l’Europe d’échapper au “tout marchandise” qui est la règle américaine, de défendre une identité et une diversité à l’opposé du monde hollywoodien. Mais il en va aussi, au-delà, du premier test de la volonté et de la capacité européenne d’échapper à l’oukase américain.
Si, pour des raisons qui sont les leurs (un président de la Commission qui a déjà démontré sa capacité à rentrer dans la “coalition of the willing” chère à George W. Bush ; un commissaire – plus libéral tu meurs ; un français à la tête de la DG Commerce – on n’est jamais trahi…), la Commission met son drapeau dans sa poche, les citoyens français et les citoyens européens ont du souci à se faire.
Demain, ce sont les lobbies agricoles américains qui exigeront l’ouverture des frontières européennes aux produits OGM. Le blé Monsanto, qui n’avait, parait-il, pas quitté les laboratoires pousse actuellement gaiement dans l’Oregon.
Après demain, les multinationales de l’Internet exigeront que les Européens respectent les règlementations américaines en matière de protection des données. Autant dire que l’Agence de sécurité nationale américaine (NSA) aura un accès plus facile encore à nos conversations téléphoniques, nos échanges de courriels, et notre intimité.
Non, l’exception culturelle n’est pas négociable. Car avec elle c’est l’art de vivre européen, ce sont les valeurs de notre continent qui seraient mises à l’encan.
Les élections iraniennes viennent de se dérouler, et de témoigner de la calme détermination des Iraniens à rester maîtres chez eux. Ni turbulences symptomatiques de nervosité au sommet de l'État, ni abstentionnisme massif signifiant la perte de légitimité du système, ni votes hystériques: juste une alternance bien élevée, comme cela se pratique en Occident. La qualité de ce vote ressort particulièrement sur le fond que constitue la volonté bien réelle d'Israël de déstabiliser et de dévitaliser durablement l'Iran.
M Fabius veut faire payer les Français, en morts et en sacrifices matériels, pour s'offrir le plaisir d'envahir et de démembrer la Syrie, avant d'en faire autant en Iran; il y a deux semaines, il a essayé de faire classer la branche militaire du Hezbollah dans les organisations terroristes, en dépit de l'avis de plusieurs diplomaties européennes.
En fait, c'est depuis la victoire de la révolution khomeyniste, qu'Israël se démène pour faire accuser l'Iran de terrorisme d'État, sans parvenir à dépasser le stade de l'imprécation médiatisée. Nouvel épisode ficelé par les services français de propagande israélienne, le 29 mai dernier, plusieurs jours avant que l'info soit reprise par d'autres, RFI avait annoncé que le procureur argentin Alberto Nissman avait découvert un réseau monté par le Hezbollah pour commettre des attentats et couvrant toute l'Amérique latine. Bien entendu, Cuba s'en est trouvée aussitôt accusée de complicité de terrorisme.(1) Il s'agissait simplement d'amplifier la presse israélienne (2) et argentine(3) , qui prennent la chose très au sérieux, quoique cette accusation contre le Hezbollah soit éculée, et soit reprise régulièrement depuis plus de dix ans dans les mêmes media. Un nouveau coup de couteau dans l'eau, pour Israël et pour la bande à Fabius?
L'exception argentine
En fait, les media argentins qui ont prêté un grand sérieux à la déclaration creuse du procureur Nissman livrent une bataille sur tous les fronts contre la présidente argentine Cristina Fernandez, laquelle tente de mener à bien des réformes sociales, économiques, et de limiter la nuisance de ces mêmes media hégémoniques, tout en pratiquant une ouverture diplomatique sans précédent en direction de l'Amérique latine. Ce faisant, elle emprunte de façon décidée la voie ouverte par le président Chavez, et elle est au coude à coude avec le président Correa, avec un projet d'envergure, ce qui lui vaut un acharnement médiatique tout à fait comparable à celui qu'a subi Chavez. La reprise en main des richesses nationales, l'alliance sur ces bases-là avec les autres pays d'Amérique latine, le renforcement de l'axe du BRIC contre celui de l'OTAN, voilà les enjeux réels. Il s'agira ici d'évoquer le rôle de pivot de l'Argentine, dans la grande confrontation Israël Iran, où chaque autre pays a un rôle par procuration.
La campagne d'intoxication contre le Hezbollah, avec extension au continent latinoaméricain, relancée par Israël ces jours-ci est bien sûr une réponse à l'offensive du Hezbollah en Syrie, et à celle du président Bachar el Assad. Mais elle se heurte à plusieurs obstacles en Argentine.
Cristina Fernandez a pour ministre des Affaires étrangères Hector Timmerman, fils du célèbre Jacobo Timmerman connu pour avoir été sauvé par une campagne internationale des geôles du général Videla, expulsé en Israël, devenu ensuite extrêmement critique du terrorisme israélien, et frère de Daniel Timmerman, israélien et néanmoins objecteur de conscience. Et le Timmerman actuellement ministre de Cristina Fernandez a déjà déclaré publiquement que Tel Aviv n'a pas à donner d'ordres au gouvernement argentin (4) .
L'Argentine et l'Iran ont bouclé au mois de mai un accord historique de coopération. Il s'agit de reprendre l'enquête embourbée depuis bientôt vingt ans sur l'attentat de 1994, contre le centre mutualiste AMIA (5), qu'Israël impute à l'Iran. Voilà ce qui fait enrager toute la zionolande. En toute logique sioniste, le gouvernement argentin -Timmerman Jr. inclus - est donc accusé de complicité avec l'Iran, cet "État terroriste qui nie la Shoah". C'est l'anathème censé clouer le bec à chacun.
Parmi les coups de bluff successifs d'Israël concernant cet attentat, il faut rappeler le déclenchement de poursuites internationales - par proxy argentin - contre 8 Iraniens, dont l'ancien président Rafjansdani, Mm. Mohsen Rezai et Ali Akbar Velayati , tous deux candidats à la présidence pour les élections du 17 juin 2013, l'ancien ambassadeur d'Iran et son conseiller culturel, Mm Baharvand Rabbani, et M. Soleimanpour, autre ancien ambassadeur en Argentine. Ce dernier fut effectivement arrêté par Interpol à Londres en 2006, mais la justice britannique le relâcha, parce que le dossier d'accusation transmis par le procureur argentin était ... vide. Pour cet ordre de détention arbitraire, l'Argentine dut verser une indemnisation colossale, et payer tous les frais.
Ce que même les Argentins ignorent généralement, c'est que l'Argentine a toujours été le principal partenaire commercial de l'Iran en Amérique latine, et de loin. Depuis l'époque du shah, et ce, avec les encouragements des USA et d'Israël au départ. L'Argentine a fourni à l'Iran technologie, matière premières et conseillers dans le domaine nucléaire, outre du blé, de la viande et des armes.
De l'usage israélien du terrorisme
L'attentat de 2012 en Bulgarie, contre un autobus de touristes israéliens, a été immédiatement imputé au Hezbollah par Israël. Mais en quelques semaines, il s'est avéré que c'était impossible. Le gouvernement bulgare a refusé de se prêter à l'opération de propagande israélienne, une réaction rapide, saine, et rare (6). Cet attentat s'inscrit probablement dans la liste des attentats sous faux-drapeau dont Israël est spécialiste. Or c'est à Buenos Aires qu'avait eu lieu le premier du genre : un attentat contre l'ambassade d'Israël, faisant une vingtaine de morts, en 1992. Après cela, le président Menem, en fonction à l'époque, qui, malgré ses origines et sa famille syriennes, avait choisi de faire son premier voyage officiel à Tel Aviv, ne modifia en rien ses relations avec l'Iran, au grand dam d'Israël, qui avait accusé aussitôt l'Iran de cet attentat "antisémite". Bizarrement, lorsqu'il s'avéra que les enquêteurs israéliens mentaient comme des arracheurs de dents sur le terrain, Israël renonça à toute exigence ou poursuite, et il n'y eut plus de suite judiciaire du tout au sujet de cet attentat trop étrange (voiture piégée inexistante, explosifs placés à l'intérieur de l'ambassade, multiples tentatives israéliennes pour introduire de fausses preuves sur les lieux, etc) !
En 1994, rebelote, le deuxième attentat "antisémite" secouait Buenos Aires; AMIA est une institution culturelle et mutualiste argentine, fleuron de l'intégration juive en Argentine. Comme dans le cas précédent, les victimes (80 au moins) en furent des employés modestes et de nombreux non juifs, mais aucun dirigeant juif. Comme dans le cas précédent, la commission d'enquête israélienne fit effectivement répandre par les media la certitude qu'il y avait eu une camionnette piégée conduite par un militant suicidaire du Hezbollah. Mais le juge qui suivit aveuglément cette piste fut quelques années plus tard destitué, parce qu'il payait (sur ordre, avec des sommes provenant d'Israël) un voleur de voitures inculpé dont on espérait qu'il validerait la thèse de la camionnette piégée. Un autre inculpé, syrien d'origine, s'avéra aussi innocent que le premier, et la piste syrienne ne fut jamais sérieusement envisagée. L'expertise de Renault confirma qu'il n'y avait pas eu de camionnette piégée, et le kamikaze supposé fut ... abattu par les Israéliens au Liban l'année suivante.
Le procureur Nissman, qui prend régulièrement et de façon officielle ses ordres auprès du Jewish Committee de Washington (7), base depuis des années ses accusations contre les dirigeants iraniens sur les dires d'un Iranien opposant au gouvernement, membre des Moudjahiddine du peuple, organisation reconnue comme terroriste même par les USA, et dont les déclarations sont aussi infondées qu'absurdes : il aurait reçu les aveux de certains des inculpés, hauts dignitaires du régime iranien !
En tout état de cause, on voit mal selon quelle logique l'Iran organiserait des attentats dans le pays avec qui il a les échanges commerciaux les plus dynamiques, depuis les années 1960. Le président Menem, qui n'avait jusque là guère écouté les vociférations israéliennes, avait capitulé, et, à la suite de l'attentat de 1994, il avait mis fin au partenariat dans le domaine du nucléaire. Depuis, l'enquête avait continué de s'enliser, de scandales en irrégularités diverses.
Le virage diplomatique argentin
Brusquement, donc, et contrairement à tout pronostic, le gouvernement argentin a provoqué la fureur d'Israël en proposant au gouvernement iranien de créer une commission d'enquête mixte, à laquelle participeraient 5 autres États agréés par les deux parties. C'était en février 2013. Le projet a été validé par le Congrès argentin, malgré le courroux du représentant argentin des intérêts israéliens, qui menaça publiquement la présidente d'un "troisième attentat", à quoi Cristina répondit: "Ah bon, et comment le savez-vous?"(8). Puis le projet de commission a également été validé par le gouvernement iranien. Quelques mois plus tard, de nombreux journalistes juifs argentins prennent ouvertement position contre les ingérences israéliennes dans la politique argentine, et critiquent férocement le procureur Nissman(9).
En quoi consistent les intérêts israéliens en Argentine? Les terres de la Patagonie, fertile et vide, sont depuis longtemps convoitées et méthodiquement achetées par des citoyens israéliens, qui y plantent fièrement le drapeau israélien à l'occasion, et les hôteliers font dans ces contrées leur réclame en hébreu, tout simplement. Banques, organes politiques, culturels et media, comme partout, sont on ne peut plus liés aux intérêts israéliens, d'autant plus que ce pays tempéré, naturellement riche, et insuffisamment peuplé peut constituer une zone de repli massif en cas de nécessité. Le dernier scandale est celui de la concession à la société israélienne Mekorot de la distribution de l'eau dans la capitale, par le gouverneur de la province de Buenos Aires, ennemi juré de la présidente. Les antisionistes s'en sont émus, tous les traités signés par l'Argentine stipulant qu'on ne signe pas avec les pays qui bafouent les droits de l'homme, qui pratiquent la torture, etc.(10) L'extrême sud, avec ses glaciers, constitue la grande réserve naturelle d'eau que les Israéliens entendent bien contrôler.
Traditionnellement, l'Argentine considère la Grande Bretagne comme le pays impérialiste qui la menace directement. Cristina Fernandez a relancé les discussions afin de faire reconnaître la souveraineté argentine sur les îles Malouines (Falkland), dans le sillage de la guerre de 1982.(11) L'enjeu est énorme: ce sont les immenses réserves en matières premières diverses dans les eaux territoriales argentines que l'OTAN veut garder sous son contrôle. Tous les gouvernements latino-américains soucieux de multipolarité, ainsi que leurs alliés, pays du BRIC et autres, suivent attentivement le dossier, qui ne concerne pas seulement les extrême gauches locales, ni les nationalistes utopiques habituellement appelés néo-nazis. Il s'agit de rouvrir un nouveau front dans la guerre anti-impérialiste(12).
Israël, avec M. Fabius, renforce ses opérations de propagande sur fond d'élections: présidentielles à Caracas en mai, à Téhéran en juin, législatives à Buenos Aires en octobre, présidentielles à Damas en 2014. Les campagnes mensongères autour de l'élection du président Maduro au Venezuela ont donné le ton : il n'y a plus de limites à l'outrance. Il faut souhaiter que l'extrême gauche française, qui a bien soutenu le président Chavez, et qui lui doit également beaucoup, sache échapper aux chantages israéliens, et reconnaître que la diplomatie argentine d'ouverture à l'Iran est un facteur d'équilibre indispensable pour contrer les visées impérialistes Otanosionistes. Ce n'est pas le moment de donner un coup de poignard dans le dos à la dynamique bolivarienne(13). Le changement d'équipe gouvernementale à Téhéran permettra aux forcenés de la laïcité de ne pas perdre la face, et de faire efficacement front au lobby pro-israélien français.
Maria Poumier http://www.voxnr.com
Notes :
1 http://www.clarin.com/politica/Timerman-Interpol-volvio-defender-Iran_0_929307118.html Cet article résume bien l'affaire; on notera le dernier paragraphe: " Nisman entre tanto, recibió total apoyo de la DAIA, y la AMIA. Ayer, del Comité Judío Americano, de la representante estadounidense Ileana Ros-Lehtinen (republicana), y en la Argentina, de los diputados opositores Eduardo Amadeo y Gustavo Ferrari." : Le procureur Nissman a reçu un appui total de la Délégation d'Associations Israélites en Argentine etc... de Ileana Ros-Lehtinen, ...etc.
2 http://www.haaretz.com/news/world/iran-set-up-terrorist-networks-in-latin-america-argentine-prosecutor-says-1.526822
3 La grande presse argentine (Clarîn, et son rival La Naciôn) se borne généralement à développer les points de vue israéliens officiels, voir : http://www.daia.org.ar/Site2009/nota.php?id=4697
4 http://www.youtube.com/watch?v=MZUQ8LfwYb0 ; http://mounadil.wordpress.com/2013/03/09/argentine-le-chef-de-la-diplomatie-hector-timerman-dit-ses-quatre-verites-a-lentite-sioniste/
5 Voir "L'Argentine se retourne contre le Mossad, le destin de l'Occident pourrait basculer" http://www.plumenclume.net/articles.php?pg=art1446
6 http://www.egaliteetreconciliation.fr/Attentat-contre-des-touristes-israeliens-en-Bulgarie-Aucune-preuve-formelle-impliquant-le-Hezbollah-18519.html
7 http://www.youtube.com/watch?v=unAZMzDXz1A
8 http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=Lf7e-lgWuYA
9 Causa AMIA, se abre el juego, por Daniel Schnitman, La Voz y la Opinion, periodismo judeo argentino independiente, junio-julio 2013. Raul Kollman dans le quotidien Página 12, etc.
10 http://www.noticiaspia.com.ar/protesta-en-argentina-contra-empresa-de-agua-israeli/#sthash.ImMs23or.dpuf
11 http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2013/03/13/malouines-l-argentine-denonce-une-parodie-de-referendum_1846970_3222.html
12 Voir le dossier: La guerre des Malouines aura-t-elle lieu? http://www.plumenclume.net/articles.php?pg=art1333
13 "Riposte laïque" définit à sa façon des deux camps en présence; l'enjeu est bien la main mise d'Israël sur chaque mouvance, dans chaque pays: http://ripostelaique.com/je-ne-pleure-pas-la-mort-de-lantisemite-chavez-ami-de-melenchon-et-du-hezbollah.html
Tous les indicateurs pointent vers une détérioration profonde de la situation
Un certain nombre de déclarations semblent accréditer l’idée d’une lente, mais réelle, sortie de crise dans les pays du « sud » de la zone Euro.
Elles reposent avant tout sur le constat d’une forte réduction du déficit commercial de ces pays, voire de leur capacité à dégager un excédent commercial. Mais cette vision des choses est marquée par un court-termisme évident accompagné d’une myopie redoutable quant aux effets réels de la crise.
En effet, si l’on regarde les chiffres des importations et des exportations, on constate que les importations ont été très fortement réduites en Grèce et au Portugal, et qu’elles sont en baisse en Espagne et en Italie. Les exportations ont aussi très fortement chuté en 2010 et, sauf en Espagne, n’ont toujours pas retrouvé leur niveau de 2008. C’est donc bien par contraction très forte de la demande interne que la balance commerciale s’est améliorée. [...]
Jacques Sapir - La suite sur Causeur