Dans les années 85-86... les juifs de France défendaient les immigrés musulmans en faisant le pari qu'ils se protégeaient eux-mêmes en défendant les immigrés. C'était l'époque de SOS Racisme qui flamboyait avec Harlem Désir et Bernard-Henri Lévy. Actuellement on peut se demander si avec le conflit israëlo-palestinien, la communauté juive se sent protégée par la présence d'une importante communauté musulmane qui ne fait que croître. Les Juifs de France ont aussi joué avec le feu sur l'immigration. On annonce sans cesse des incendies de synagogues dans les banlieues sans que cela ne mette la France entière dans la rue alors qu'avant, il suffisait qu'un skinhead dessine une croix gammée sur une synagogue pour que tous les médias s'emparent de l'affaire, avec manifestations dans les rues, et interventions politiques et syndicales dans les écoles...
Dans la série chère à Bernard Stasi « l'immigration : une chance pour la France », on s'aperçoit qu'à chaque conflit existant sur la planète cela donne prétexte à toutes sortes de communautés de s'étriper sur la place publique devant des Français ébahis.
Le conflit israëlo-palestinien est aussi riche en enseignements pour la France. Lorsque 20 % d'une population (pourcentage des Palestiniens en Israël) ne fait pas corps avec le pays dans lequel elle vit cela se retourne toujours contre ce pays. On est hélas en France dans une situation similaire. Les Palestiniens peuvent difficilement se sentir chez eux en Israël dans un pays fait uniquement par des Juifs pour des Juifs. Les Palestiniens de Gaza et de la Cisjordanie ont naturellement été solidaires de leurs frères.
En France, vue la juxtaposition de communautés différentes, le service militaire n'a plus de sens et on l'a donc supprimé. On ne pouvait pas apprendre pendant le service militaire à tuer et à saboter dans les commandos de l'armée française et instruire ainsi de jeunes islamistes de banlieues. On a donc stoppé le service pour tous, jugé trop dangereux.
Certains à juste titre ne croient pas à la guerre entre Israël et les Palestiniens car le rapport de forces est trop disproportionné (lance pierres et quelques pétoires contre une armée organisée avec chars et hélicoptères blindés). Pour se battre, il faut être deux partenaires de force comparable ce qui n'est pas le cas. Il faudrait alors qu'un pays arabe puissant accepte d'envoyer ses soldats mourir au service de la Palestine. Le conflit ne pourra donc qu'être un harcèlement perpétuel dans le but de gêner Israël et de faire pression sur ce pays et la communauté internationale. La seule force «guerrière» des Palestiniens est d'être (très) pauvres et de n'avoir donc rien à perdre. Cette situation de guérilla pourrait exister en France dans les banlieues. Au lieu d'attaquer les droites nationales et de voir la main de l'extrême droite partout, ce qui est commode, les dirigeants français feraient mieux de réfléchir et prévoir, plutôt que de nous servir une fois de plus un discours bêlant. Comme si le vocabulaire creux et vide de Chirac « indignation, actes inacceptables, valeurs républicaines... » changeait le cours des événements et avait la moindre prise sur les jeunes Arabes des banlieues.
La culpabilité vis à vis de la seconde guerre mondiale ne joue absolument pas.
Le général Sharon a compris que la paix est plus dangereuse pour son pays que la guerre. Car vue l'évolution démographique, un peuple riche et embourgeoisé comme le sont devenus les Israéliens ne peut être qu'appelé à disparaître. Sharon a donc décidé de casser le processus de paix pour de nouveau aguerrir son peuple. La petite promenade sur l'esplanade des mosquées a été bien calculée. La similitude avec la France existe. Dans un contexte où l'on parle sans cesse de construction européenne qui garantit la paix et de prospérité économique, le peuple français engraissé et totalement anesthésié disparaît à petit feu. Depuis cinquante ans la paix sur le sol français a infiniment plus détruit le peuple français et même les peuples européens que n'importe quelle guerre. Selon les démographes, il y a environ six millions de musulmans en France, chiffre qui double tous les vingt ans. Donc au milieu du XXIe siècle, la religion musulmane sera la première religion de France. On ne peut que souligner la lâcheté des dirigeants français qui cachent la vérité aux Français. Le réveil s'il existe sera d'autant plus brutal. Il faut souhaiter que l'homme blanc finisse par se réveiller au bord de la tombe.
par Patrice GROS-SUAUDEAU 2000
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Edito de L'AF 2866 : L'Amérique à l'écoute
L’ébullition politique, tant au plan national qu’européen, entourant les prétendues révélations du Spiegel sur la portée des écoutes américaines, aurait été du plus haut comique si elle ne confirmait pas l’état de vassalité dans laquelle les Etats-Unis tiennent les pays européens et singulièrement la France...
...depuis au moins 1945 et plus exactement même depuis la fin de la Première guerre mondiale, dont nous commémorons le centenaire de la déclaration l’an prochain. Il faut en effet toujours prendre du recul et dépasser l’effervescence d’une phénomène pour en extraire le précipité et comprendre sa nature profonde.
Les accusations du Spiegel, fondées sur des documents confidentiels transmis par l’ancien consultant de la NSA Edward Snowden, ne font que confirmer ce que, il faut du moins l’espérer, les Etats européens et la Commission européenne savaient depuis toujours : oui les Américains nous écoutent, oui, il nous espionnent, et ils le font parce qu’il y trouvent leur intérêt. Aussi convient-il, plutôt que de le leur reprocher — nous devrions pour notre part consacrer à des écoutes réciproques davantage de moyens — de prendre les déclarations indignées de nos dirigeants nationaux et européens pour ce qu’elles sont : du théâtre en direction des peuples. Dès 1980, l’affaire Echelon avait révélé au grand public la surveillance au niveau planétaire, opérée par les Américains, avec déjà, pour l’Europe, la complicité des Britanniques, des communications téléphoniques, de télécopie, puis, à leur apparition, des messageries électroniques transitant par les satellites de communication, voire les communications diplomatiques par ondes courtes, un logiciel étant dédié au filtrage des messages en fonction d’un lexique pré-choisi. Or jamais l’Europe n’a conditionné la bonne qualité de ses rapports avec les Etats-Unis à la loyauté de l’Oncle Sam. Pourquoi ? C’est là que nous revenons à l’histoire. Parce que les Etats-Unis ont commencé d’imposer à l’Europe à la faveur de la Première guerre mondiale une mainmise à la fois idéologique et politique qui est devenue, à la faveur de la Seconde — nous écrivons bien « à la faveur » car du point de vue américain, ces deux guerres ont été une aubaine — une hégémonie culturelle et économique (plan Marshall) que d’aucuns ont justifiée jusqu’en 1989 par le danger communiste. Et s’ils n’ont pu forcer la planète, après la chute du Mur de Berlin, à accepter leur hyperpuissance unilatérale — version américaine de la fin de l’histoire —, ils n’en ont pas continué d’imposer leur cadre à un « projet européen », qui n’a jamais été conçu par ses promoteurs, notamment français (qu’il s’agisse de Jean Monnet, de Robert Schuman ou de Léon Blum) indépendamment de la « protection » des Etats-Unis, c’est-à-dire de la soumission à leurs intérêts. Comme le prouve suffisamment la servilité continue avec laquelle les Européens s’empressent, sans jamais exiger de réciprocité, de satisfaire les exigences américaines, s’agissant notamment du transfert des données des passagers aériens européens aux autorités américaines ou, tout simplement, de l’ouverture, qui sera peut-être simplement retardée par décence [1], d’un traité de libre-échange transatlantique, qui permettra au renard américain d’entrer désormais en toute liberté dans le poulailler européen, l’arbre de la question culturelle dissimulant la forêt des abandons bientôt consentis par les Européens, tant en termes économiques, qu’en matière de propriété intellectuelle et de préservation de la qualité des produits et d’un mode de vie étranger au tout-consumérisme outre-atlantique.
C’est pourquoi lorsque Michel Barnier, seul commissaire européen français, tweete : « Clarté, vérité et transparence : c’est ce qu’on peut et doit attendre de nos amis et alliés. Les explications américaines sont nécessaires et urgentes », il continue de prendre les Français et les Européens pour des imbéciles : nous ne vivons pas au pays des Bisounours, et si les Américains ont pu apparaître au cours de l’histoire comme nos alliés — au même titre, et certainement pas plus, que les Russes puis les Soviétiques —, ils ne sont certainement pas nos « amis », comme le sait, du reste, fort bien Barroso qui se contente de son rôle de valet d’Obama — un rôle qu’il a maladroitement surjoué à propos de la question de l’exception culturelle. Il n’en reste pas moins — et ce serait le seul effet heureux de cette affaire des écoutes — que l’icône du « premier-président-noir-des-Etats-Unis » pourrait enfin être sérieusement écornée auprès d’une opinion publique qui, en Europe, et à la suite de la propagande de media gardiens de l’ordre américain, s’était majoritairement retrouvée sur l’image d’un Obama nouveau messie d’une Amérique de paix et d’amour... — en quelque sorte une résurrection mais en mieux, puisque issue de la « diversité », du président Wilson... alors qu’il s’agit précisément de la version la plus dangereuse de l’impérialisme américain.
Hollande, en déplacement à Lorient, a patriotiquement déclaré le 1er juillet : « Nous ne pouvons pas accepter ce type de comportement entre partenaires et alliés. Nous demandons que cela cesse immédiatement », ajoutant que « les éléments sont déjà suffisamment réunis pour que nous demandions des explications ». Quant on sait que François Hollande est le premier « Young Leader » de la FAF — ... pour French American Foundation, groupe de pression chargé de promouvoir les intérêts américains dans le monde —, à être devenu président de la République française (promotion de 1996) et que son gouvernement en comprend quatre autres — Pierre Moscovici, Arnaud Montebourg, Marisol Touraine, Najat Vallaud-Belkacem —, sans oublier son conseiller Aquilino Morelle, on peut être certain de la détermination de notre vénéré Geôlier pour tous à défendre l’intérêt national.
Geôlier pour tous ? Plus encore que la condamnation, qui pouvait être sans lendemain, la mise en détention immédiate de Nicolas Bernard-Buss restera une tâche indélébile sur le mandat de Hollande. Taubira, pour justifier la séquestration de ce pacifique veilleur, interpellé sans aucune base légale par la police politique de Valls, a osé invoquer les lois répressives adoptées sous le quinquennat de Sarkozy. Comment expliquer dans ces conditions que ces mêmes lois épargnent la prison aux délinquants ? Une justification mensongère est un aveu de culpabilité : Nicolas Bernard-Buss est bien un prisonnier politique. Hollande avait déclaré en 2012 qu’il ferait de la jeunesse la priorité de son mandat. Voilà une promesse tenue... mais en renouant avec la triste pratique des prisonniers politiques. En visant délibérément un jeune étudiant brillant, dans le seul but de « terroriser » une jeunesse généreuse et pacifique, mais déterminée à refuser le monde inhumain que l’idéologie totalitaire au pouvoir veut lui imposer, Hollande a montré son vrai visage : celui d’un apprenti-dictateur entouré de fanatiques — Taubira, Belkacem, Peillon pour ne citer que les plus caricaturaux et les plus haineux — et déterminé à violer les libertés publiques si c’est le prix à payer pour traduire en acte une volonté morbide de changer de force la société et les comportements. Le dernier projet en date : imposer le congé parental aux hommes et la lutte contre les « stéréotypes sexués » à la télévision... Imposer, imposer...
Face à une élite politique, qui redouble la désagrégation économique par la désagrégation sociétale et qui est, par ailleurs, complètement discréditée par son haut niveau de corruption, les Français ont commencé à montrer, eux aussi, qu’ils n’hésiteraient pas, en cas de besoin, à entrer en résistance.
François Marcilhac - L’AF 2866 http://www.actionfrancaise.net
[1] : La décision de Hollande de refuser le survol du territoire français au président bolivien soupçonné de ramener dans son pays Snowden et celle d’ouvrir finalement les négociations sur le traité transatlantique à la demande de Merkel ne font que confirmer la profonde vassalité de notre "Young leader" Hollande.
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Hervé Ryssen nous parle du dernier clip de la Licra :
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Les combattants de Verdun (1916) Première Guerre Mondiale
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Affaire Snowden : les médias suivent la voix de leur maître
Tribune de Michel Geoffroy.
La façon dont les médias rendent compte actuellement du scandale du système d’écoute mondial américain Prism révèle une nouvelle fois leur grande indépendance et nous éclaire aussi sur les rouages de la désinformation ordinaire.
Michel Geoffroy fait le point pour Polémia.
Un nouveau scandale mondial
En effet, le scandale porte non seulement sur les écoutes en elles-mêmes, mais aussi sur le fait que les majors de l’Internet et de la « société de l’information » américains ont, – en application, au surplus, « d’injonctions judiciaires secrètes » – remis au gouvernement américain toutes leurs données en provenance de l’étranger. Les révélations d’E. Snowden montrent aussi que tous les pays anglo-saxons ont été mobilisés dans ces écoutes et au premier chef en Europe nos chers amis anglais.
Au moment où l’Union européenne négocie un énième traité commercial avec l’Oncle Sam, ces révélations tombent évidemment bien mal.
Mais, comme par enchantement, voici que nos braves médias décident de nous « éclairer » sur cette ténébreuse affaire. A leur façon.
Tout le monde complice ?
D’abord, l’argument se répand que finalement ce ne sont pas des révélations car tout le monde « savait » depuis l’affaire du réseau Echelon. C’est par exemple le sens de la tribune de Michel Riguidel dans le Monde du 26 juin 2013 (« Edward Snowden n’a révélé qu’un secret de Polichinelle »). Voilà un argument plaisant. Le fait que l’on « sache » que des voleurs et des criminels existent suffit-il à légitimer le vol et l’assassinat ? A les banaliser, peut-être, mais sûrement pas à les légitimer.
Tout le monde ferait pareil ?
Une seconde approche consiste à expliquer que finalement tout le monde écoute tout le monde. Telle est, par exemple, l’analyse éclairante d’André Glucksmann dans sa tribune « Le cyber-espionnage nous projette dans une ère de confrontation sans limites » (le Monde du 3 juillet 2013).
Que nous dit finalement, en effet, notre « philosophe » ? Que les écoutes américaines ne doivent pas nous faire oublier l’espionnage chinois ni « les sorties kaguébistes de Poutine » (sic). Le Monde du 5 juillet publie d’ailleurs un article sur les « grandes oreilles » mondiales de la DGSE.
Semer la confusion
On connaît bien ce type de désinformation par confusion. Il consiste à mettre sur le même plan des données de portée différente afin de relativiser le fait principal.
Ainsi, par exemple, les médias nous entretiennent périodiquement de la montée « des » intégrismes religieux : ce qui permet de mettre sur le même plan les traditionalistes catholiques et les islamistes. Et donc de banaliser ces derniers.
Dans le cas de Prism l’idée sous-jacente est, bien sûr, de relativiser ce réseau mondial : finalement tout le monde écoute tout le monde, et il se trouve seulement que les Américains font cela en grand. Quoi de plus normal en effet pour cette grande nation ?
Curieusement, en outre, nos commentateurs ne vont pas au bout de leur argument : car si tous les gouvernants espionnent les citoyens d’une façon totalitaire, c’est que les libertés régressent partout, et notamment en Occident.
Ah bon ? Vous croyez ?
Les sondages en renfort
Une autre désinformation intéressante consiste à commenter gravement des sondages qui montreraient, par exemple, que 62% des Américains se déclarent favorables à l’interception des communications afin de lutter contre le terrorisme (sondage effectué du 6 au 9 juin) ; ou, comme le fait Die Welt dans son édition du 13 juin, que 40% des Allemands y seraient également favorables. Des sondages français vont certainement sortir bientôt sur le même thème.
Ah les braves gens ! Voilà la désinformation sociologisante à grand renfort de commentateurs experts !
Mais on ne nous dit pas si ces sondages portent effectivement sur les révélations faites par E. Snowden ou si des questions plus génériques ont été posées. En outre, en quoi 62% d’opinions positives des Américains devaient-elles modifier l’opinion des Européens sur un système dont on nous dit, par ailleurs, qu’il a justement pour objet d’espionner les communications de ceux qui… ne sont pas américains ?
Il s’agit là encore, bien sûr, de brouiller les perspectives.
De nous faire voir la dure réalité au travers d’un prisme, justement.
Michel Geoffroy 3/07/2013 http://www.polemia.comLien permanent Catégories : actualité, géopolitique, international, magouille et compagnie 0 commentaire -
JACQUES BAINVILLE Un maître de l’Action française
Au fur et à mesure que sa vie avançait, Jacques Bainville a vu grandir sa notoriété personnelle comme journaliste politique, chroniqueur littéraire et artistique, économiste, et, bien sûr historien. Il ne collaborait pas seulement à L’Action Française, mais aussi au Capital, à la Liberté, et à la Revue Universelle, etc. La précision de son information, la sûreté de son le faisaient apprécier d’un très vaste public bien au delà des disciples de Charles Maurras.
D’où la tentation de certains de présenter Bainville comme un écrivain indépendant qui se serait forgé lui-même sans se soumettre à une quelconque influence extérieure. Certains admirent volontiers Bainville et goûtent ses écrits mais rejettent Maurras, trop compromettant avec son Action française.
Pourtant Jacques Bainville est demeuré royaliste toute sa vie durant. Malgré ses nombreuses relations parmi le personnel républicain, il a été jusqu’au bout aussi royaliste que Maurras. Et puis, après son élection à l’Académie française, le 28 mars 1935, il a rendu cet hommage à Maurras : « Hormis le jour, je lui dois à peu près tout ». L’expression est forte ! Il n’est pas permis de séparer Jacques Bainville de l’Action française. Il fut et demeure aujourd’hui l’un de ses maîtres.
Une illumination
Comment Jacques Bainville a-t-il rencontré Maurras ? Au printemps 1899, il a vingt ans. Revenant d’Allemagne, il achète à la gare frontière d’Igney-Avricourt, en Lorraine annexée, la Gazette de France. Il y découvre un article de Maurras qu’il lit ardemment. En effet, il vient d’effectuer son second séjour en Allemagne où il a recueilli des informations pour l’ouvrage qu’il prépare sur Louis II de Bavière. Il est attiré par la vie de ce monarque qui a mal supporté la centralisation prussienne qui s’est abattue sur son pays après la proclamation de l’empire allemand en 1871. Le roi s’est réfugié dans la musique en soutenant son ami Richard Wagner qui compose à cette époque ses grands opéras inspirés de la mythologie allemande et il s’est mis à construire des châteaux fantastiques. Inquiet de ses dépenses, le gouvernement bavarois lui retira ses pouvoirs jusqu’à ce qu’il mourût dans des circonstances mystérieuses en 1886. Il n’empêche, les châteaux du roi Louis II font aujourd’hui la fortune touristique de la Bavière !
Bainville publie son ouvrage sur Louis II de Bavière en 1899. Il s’est plu en Allemagne.
La vie à Berlin, notamment, lui a paru agréable. Cependant, alors que d’autres jeunes Français se rendent outre-Rhin comme dans la patrie de la philosophie, Jacques Bainville, lui, est frappé par le contraste politique entre l’Allemagne et la France. L'Allemagne monarchique bénéficie d’un régime d’ordre qui contraste avec la République française secouée au même moment par l’Affaire Dreyfus et qui laisse se développer une campagne de dénigrement de l’Armée. Bainville revient donc royaliste en France, alors qu’il a été élevé dans une famille républicaine radicale installée à Vincennes.
L’Action française vient alors de se fonder autour d’Henri Vaugeois et Charles Maurras. Depuis juillet 1899, elle possède sa revue à laquelle Bainville envoie des chroniques bibliographiques. Il a découvert chez les bouquinistes du théâtre de l’Odéon Trois idées politiques publiées par Maurras en 1898 et sa lecture lui fait l’effet d’une révélation. Il y trouve la condamnation du romantisme politique, de la perversité de Chateaubriand et de Michelet et l’exposé de l’empirisme organisateur, que Maurras a puisé chez Sainte-Beuve et qu’il préconise d’appliquer à l’analyse des faits politiques. C’est une illumination pour Bainville, comme c’en sera une pour beaucoup de jeunes de l’époque. Maurice Pujo a raconté la révolution mentale que provoqua Maurras chez les intellectuels de sa génération. Maurras faisait découvrir le réel à leur esprit embrumé par l’idéalisme allemand et le romantisme. Les fondateurs de l’Action française dépassaient la droite et la gauche par une nouvelle façon de concevoir et de traiter les problèmes politiques.
Cependant Bainville tardait à rencontrer Maurras. L’occasion s’en présente fin mars 1900
Naissance d’une amitié
Lucien Moreau, ami de Maurras, donne une conférence au café « Le Procope » sur l’empirisme organisateur. Maurice Barrès y a invité Jacques Bainville. Après la conférence, Henri Vaugeois entraîne Bainville au Café de Flore où Maurras a ses habitudes et qui a vu la naissance de l’Action française l’année précédente. Maurras est frappé de la jeunesse et en même temps, de la maturité de la nouvelle recrue de l’A.F. Maurras, qui fait le récit de cette rencontre dans son ouvrage Au signe de Flore, ajoute : « C’est par Henri Vaugeois que commencèrent six grands lustres de collaboration incessante et, à travers les biens et les maux de la vie une amitié vive et fidèle entre Bainville et moi. »
Entre Maurras et Bainville, il n’existe pas pourtant d’affinités naturelles. Maurras est provençal. Il a commencé son engagement politique par la Déclaration des Félibres fédéralistes en 1892. Il est venu à la Monarchie par le souci de retrouver et de défendre les libertés locales et provinciales. Bainville, lui, est un homme du Nord de la France. Ses attaches familiales sont dans le Valois et la Lorraine. Il est avant tout conscient du rôle de l’État dans la formation de la nation française. Il se rallie néanmoins à la formule maurrassienne : « l’Autorité en haut, les libertés en bas ».
Par ailleurs, Maurras et Bainville sont de tempéraments très différents. Bainville n’est pas un polémiste et ne sera jamais un militant. Il laisse parler les faits lesquels, pour lui, ont une charge de conviction suffisante. Il ne désavouera pas pour autant les actions des Camelots du Roi.
Tous au service de la France
En 1900, Jacques Bainvillle vient donc agrandir le cercle des fondateurs de l’Action française. Comme ils sont divers ! Divers par les tempéraments et, aussi par la formation intellectuelle. Charles Maurras, c’est le dialecticien implacable, formé à la philosophie de saint Thomas d’Aquin. Henri Vaugeois, lui, est venu de la philosophie idéaliste allemande qu’il a rejetée en même temps qu’il se déclarait contre le clan dreyfusard. C’est un homme exalté qui a la passion de convaincre ; il a entraîné avec lui Maurice Pujo, de huit ans son cadet, imprégné lui aussi de philosophie allemande et en réaction contre les menées dreyfusardes. Maurice Pujo est de tempérament placide mais obstiné. Il y a aussi Léon de Montesquiou, venu du positivisme, dialecticien rigoureux, Frédéric Amouretti, provençal, historien, confident de Fustel de Coulanges. Amouretti est l’auteur de la meilleure démonstration des bienfaits de la monarchie capétienne : « Citoyens, on vous a raconté que nos rois étaient des monstres. Il y eut parmi eux, il est vrai, des hommes faibles, peu intelligents, plusieurs médiocres, débauchés, et peut-être deux ou trois méchants. Il y en eut peu qui fussent des hommes remarquables. La plupart furent des hommes d’intelligence moyenne et consciencieux. Regardez leur œuvre : c’est la France ». Ce propos sera illustré par l’Histoire de France que Bainville publiera en 1922. Frédéric Amouretti mourut dans la force de l’âge en 1903. Il avait transmis à Bainville le message de Fustel.
Parmi les fondateurs de l’A.F., il y a encore Lucien Moreau, venu du protestantisme ; c’est-à-dire de l’un des « quatre États confédérés » qui, selon Maurras tenaient la République. Il appartient à la famille qui possède la Librairie Larousse.
Léon Daudet ne rejoindra l’A.F. qu’en 1905 avec sa forte personnalité, son tempérament chaleureux et truculent, sa verve de polémiste.
Tous ces jeunes hommes, dans leur diversité, auraient pu former un mélange détonnant et le groupe des fondateurs de l’.A.F. aurait alors éclaté rapidement. Il n’en fut rien. Leur collaboration dura des décennies, et seule la mort y mit fin. La supériorité intellectuelle de Maurras ne suffit pas à expliquer le maintien de leur cohésion. Chacun d’entre eux, quels que fussent ses origines, son tempérament, n’avait qu’une pensée directrice : le service de la France en diffusant la seule doctrine qui pût assurer son avenir. Ils avaient tous un esprit d’abnégation qui les faisait s’effacer devant l’œuvre de salut public qu’était l’Action française.
Vers le Roi
À ce moment, les fondateurs de l’Action française n’ont pas encore rallié la Monarchie, même Henri Vaugeois, qui est le directeur de l’A.F. Seul Maurras est royaliste. Il accueille avec enthousiasme Jacques Bainville qui, lui, l’est déjà.
Bainville répond en août 1900 à L’Enquête sur la Monarchie que Maurras a lancée dans La Gazette de France. Il est d’accord avec Maurras sur le caractère de salut public que représente l’institution d’une monarchie héréditaire, traditionnelle, antiparlementaire et décentralisée. Mais il estime que les Français ne sont plus royalistes et que pour les convertir au royalisme il faut leur montrer comment la Monarchie pourrait leur apporter la réforme judiciaire et décentralisatrice qui leur rendrait leurs libertés confisquées par la République au nom d’une Liberté abstraite.
Dans son commentaire, Maurras souligne le prix fort attaché à l’adhésion de Bainville au projet monarchique :
« M. Jacques Bainville personnifie pour moi, écrit-il, l’une des toutes premières fleurs du vaste, lent et profond travail opéré dans la sève philosophique française, depuis la Révolution, contre la Révolution. L’esprit critique, les méthodes pensives de la science, un naturalisme dépouillé de tout dessein antireligieux, en même temps que de tout dessein religieux, voilà les causes essentielles des derniers événements intellectuels. » Et Maurras estime que bientôt la concordance entre « les traditions mystiques » et « la tradition positive » devra se manifester car elle est dans la logique des choses.
Maurras va confirmer Bainville dans son royalisme. Bainville avouera publiquement trente ans plus tard qu’il était royaliste avant de l’avoir rencontré, « mais sans vous je ne le serais pas resté. À l’âge que j’avais, expliquait-il, on s’emballe facilement. Le tout est de tenir. Maurras m’a maintenu. »
La communion d’esprit entre Charles Maurras - qui a trente-deux ans - et son cadet - qui en a vingt et un ñ se fonde sur leur commune adhésion à la méthode de l’empirisme organisateur et aux idées positives que Bainville a commencé à découvrir en lisant Trois idées politiques. Ce qui intéresse Bainville, c’est de découvrir les rapports nécessaires qui découlent de la nature des choses. Il s’attachera dans ses articles et ses ouvrages à souligner les relations de causes à conséquences, les enchaînements entre les faits. Cependant, il ne pratique pas un déterminisme sans réserves. Il admet, comme Maurras, que la volonté d’un homme, ou un sursaut national, peuvent empêcher un pays d’être plongé dans le malheur. Ce sera tout l’effort de l’Action française d’entreprendre d’« inverser la mécanique de nos malheurs ». Et, à la fin de son discours de réception à l’Académie française, en novembre 1935, alors qu’il est dans l’antichambre de la mort, Jacques Bainville proclame : « Pour les renaissances il est encore de la foi ».
Pierre PUJO LAction Française 2000 du 2 au 15 mars 2006 -
Avec vos impôts, la France finance les lobbies LGBT en Côte d'Ivoire
Lu ici :
"La Coopération française a octroyé une somme de 30 millions FCFA à une ONG ivoirienne pour la promotion de l’homosexualité. Une importante somme d’argent destinée à encourager les efforts fournis par ce pays dans le cadre de l’intégration des homosexuels dans sa société. Un modèle de référence qui vaut aujourd’hui à la Côte d’Ivoire l’appellation de « terre d’asile des homosexuels »
30 millions FCFA (45.735 euros), tel est le montant dégagé le 25 juin par la Coopération française pour promouvoir et vulgariser les droits des homosexuels en Côte d’ivoire. Selon La dépêche d’Abidjan, la convention a été signée au siège de l’ONG Alternative Côte d’Ivoire, sis à Cocody-Angré entre cette ONG, présidée par Touré Claver, lui-même homosexuel, et la France.
Selon le journal, le financement des activités des homosexuels de Côte d’Ivoire n’est pas nouveau. Le programme d’urgence du programme des États-Unis pour la lutte contre le sida (Pepfar) finance déjà les activités des minorités sexuelles".
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La loi salique : une mystification
Si la parité peine à progresser, c'est parce que la France a toujours refusé le pouvoir aux femmes ? En raison d'une loi du Ve siècle, léguée par les Francs saliens, qui a écarté la gent féminine de la succession au trône ? Élire une femme à la présidence de la République mettrait donc fin à 1500 ans d'ostracisme ? Faux, faux et faux ! Des vérités sont à rétablir d'urgence.
Une femme au pouvoir, ce serait nouveau, prometteur ou renversant. Et ce serait justice après des siècles d'obscurantisme et de patriarcat misogyne... Et bien non, car invoquer la loi salique pour expliquer la faible représentation féminine dans le corps politique aujourd'hui revient à accréditer un mensonge colossal. Et à effacer d'un trait reines et régentes qui exercèrent réellement le pouvoir sur nos terres, sans craindre la comparaison avec leurs homologues masculins.
Las ! la légende de la loi salique, une création du XVe siècle, soit mille ans après les premiers Francs saliens, a prospéré. Elle alimente encore aujourd'hui l'analyse politique et le discours sur la parité : « Cette situation s'explique [...] par des raisons historiques : la loi salique a écarté les femmes de la succession au trône de France » (Corinne Deloy, Les Femmes en politique, Fondation pour l'innovation politique) ; « Mon hypothèse est que fonctionne encore la loi salique, cette loi française, d'abord française, qui interdit la transmission de la couronne à une femme » (Geneviève Fraisse, colloque La Démocratie « à la française » ou les femmes indésirables).
Un texte conçu à des fins purement militaires
Au moyen d'une scrupuleuse enquête, Eliane Viennot, professeur à l'université de Saint-Etienne et présidente de la Société internationale pour l'étude des femmes de l'Ancien Régime, vient heureusement claquer le museau aux lieux communs. Son ouvrage, La France, les Femmes et le Pouvoir- L'invention de la loi salique (Ve - XVIe siècle), paru en octobre chez Perrin, met pour la première fois en perspective, sur le long terme, l'existence d'un partage du pouvoir entre hommes et femmes.
Car, soulève-t-elle d'entrée, « dans un contexte où la doxa présentait la rupture révolutionnaire comme un "grand commencement" (certes difficile) pour les femmes, c'est bien plutôt les preuves de leurs pouvoirs au cours de la période précédente et l'ambiguïté (pour le moins) de la Révolution qui paraissent devoir être mises en lumière. [...] Non seulement nos ancêtres durant près de dix siècles n'ont pas connu de règle écartant les femmes du pouvoir, non seulement ils n'ont jamais vu d'inconvénient majeur à mettre l'une d'elles à leur tête, mais ils l'ont fait longtemps après l'invention de la "loi salique" [...]. A l'aune de cette histoire fort longue, les trois derniers siècles apparaissent comme une anomalie. »
Suivons l'historienne dans son procès en réhabilitation. La « loi salique » a bel et bien existé. Elle fait partie de l'un des « codes barbares », dont les peuples germaniques (férus de droit, inventeurs des assemblées égalitaires d'hommes libres et bâtisseurs de royaumes) se dotèrent de concert à la fin du Ve siècle, c'est-à-dire peu après leur installation en Europe de l'Ouest sur les ruines de l'Empire romain.
Burgondes, Bavarois, Wisigoths, Lombards, Francs ripuaires, Alamans et les fameux Francs saliens (sis entre Meuse et Escaut) couchèrent donc sur parchemin des ensembles de procédures pénales et civiles. Autrement dit, des textes relevant du droit privé, qui n'ont jamais rien eu à faire, et la nuance est importante, avec une constitution politique.
L'article de loi qui servit plus tard à bâtir la fable de l'exclusion des femmes du trône de France traite des « alleux », terme qui désigne les biens propres. Voici ce qu'il indique : « concernant la terre salique, qu'aucune portion de l'héritage n'aille aux femmes, mais que toute la terre aille au sexe masculin. »
Chez les Francs, la femme valait deux hommes !
Non seulement il n'est pas question ici d'une quelconque transmission du pouvoir, mais l'adjectif « salique » ne désigne qu'une portion de l'héritage, celui de la terre ancestrale. Or, au Ve siècle, les premières terres « ancestrales » des Francs saliens à l'ouest du Rhin étaient des tenures militaires, concédées par le fisc impérial aux soldats frontaliers pour leur service armé, et donc, C.Q.F.D., réservées aux hommes. Conclusion sur le premier épisode de l'affaire, selon la formule d'Eliane Viennot : la « masculinité » invoquée dans l'article « n'est pas germanique mais militaire ».
A l'occasion, l'historienne trouve bon de rappeler que les Francs eurent « sûrement une société plus égalitaire que celles qui suivirent », avec des coutumes qui favorisaient largement les femmes. « Non seulement, rappelle Jean-Pierre Poly (Le Chemin des amours barbares, Perrin), le sexe féminin n'est pas exclu de la succession descendante, mais lorsque les biens remontent, il est privilégié : la succession échoit à la femme la plus proche, la mère suivie de ses enfants, frères et sœurs du défunt, puis la tante maternelle, fille de la grand-mère... »
Pour autre exemple, le « prix de la vie » (« le wergeld ») d'une femme, tel qu'il était alors réglementé, était toujours le double de celui d'un homme. Pour illustration encore, ces figures de reines des premières dynasties, qui furent épouses influentes - le rôle de Clotilde dans la conversion de Clovis au christianisme est attesté -, mères souveraines dans la minorité de leurs enfants - fracassantes Brunehilde et Frédégonde mais conformes à leur époque sans tendresse -, ou veuves héritières du royaume, comme Nanthilde, Bathilde, Bertrade, première reine carolingienne, ou Judith de Bavière, qui exercèrent seules le pouvoir suprême.
Quelques siècles plus tard, l'âge des seigneurs et des dames ouvre la merveilleuse époque des lignages, quand se développent la mystique du sang et de l'héritage familial, portés par les femmes, et celle de l'amour courtois. Georges Duby s'était attaché à mettre en lumière la puissance féminine d'alors, qu'on pense simplement à Héloïse, Aliénor d'Aquitaine ou Marie de France, dans les trois tomes de ses Dames du XIIe siècle : « Au terme de l'enquête, écrivait-il, [elles] m'apparaissent plus fortes que je n'imaginais, si fortes que les hommes s'efforçaient de les affaiblir par les angoisses du péché. »
Un faux en écriture pour conforter les Valois
En effet, peut-être par un renversement de tendance, tout n'ira plus aussi bien pour les dames par la suite. La thèse que développe Eliane Viennot porte sur le rôle de la clergie, à partir du XIIIe siècle, comme véritable ennemie des femmes. La clergie, à ne pas confondre avec l'Église, désigne les savants, les clercs des universités, cohortes masculines en constante recherche d'ascension sociale et d'influence. Cette internationale d'intellectuels, abreuvée à des pères de l'Église violemment misogynes, imbue de son savoir, se met peu à peu au service des Etats - en clair, elle envahit les « administrations centrales » pour y imposer sa loi.
La collusion entre le discours qu'elle diffuse pour saper l'ordre féodal et l'image de la femme à son seul profit - par tous les moyens de communication alors disponibles : disputatio publiques, pamphlets, romans... - et le pouvoir acquis par les ordres mendiants, bras armé de l'Inquisition, conduira aux bûchers des sorcières.
Puis sa stratégie d'écrasement s'étendra à tous les rivaux gênants : « bonnes femmes » pratiquant la médecine et l'obstétrique, religieuses et monastères féminins trop indépendants, Juifs, Templiers qui étaient aussi les banquiers de la Couronne, sans oublier de réécrire l'histoire en occultant les reines de France ou en les traînant dans la boue - amnésie ou opprobres qui perdureront dans l'enseignement de la République...
Cette prise de pouvoir de la clergie n'est pas spécifique à la France, mais à partir du moment où le royaume capétien fait ouvrir au XIIe siècle l'Université de Paris, notre pays devient pour plusieurs centaines d'années le centre de gravité de ce nouvel ordre technocratique,
C'est dans ce contexte qu'un membre de la clergie, Jean de Montreuil, produit, en 1408 ou 1409, le faux en écriture : la loi salique nouvelle version, Elle lui permet de conforter la légitimité des Valois - contestée depuis qu'ils se sont emparé du trône au détriment de Jeanne de France, fillette de 5 ans et unique héritière en droite ligne de la Couronne. Et d'écarter juridiquement les femmes du pouvoir. En changeant simplement, dans le texte original, le mot « terre », par le mot « royaume » pour signifier que la disposition avait bien un sens politique. Puis, pour finir, d'imposer aux souverains une loi qui leur préexiste, sur laquelle ils n'ont donc pas prise.
A partir de cette date lien n'arrêtera plus la légende en marche, même si son officialisation prendra encore du temps. Car la grande noblesse conservera, à la fois un mépris indicible pour la clergie et son estime pour ses femmes et ses reines. Comment aurait pu être acceptée, sans cela, la présence au pouvoir des Blanche de Castille, Anne de France, Louise de Savoie ou Catherine de Médicis ?
L'ironie de l'histoire est que l'on doit à la Révolution française d'avoir, pour la première fois, avec sa première Constitution, paraphé la « loi salique » du XVe siècle. Un enregistrement que les monarques successifs avaient pris garde d'éviter. Et d'avoir écarté les femmes de la vie publique pour cent cinquante ans, en en faisant civilement des citoyennes mais en oubliant leurs droits politiques.
Eléonore Pasquet Le Choc du Mois Janvier 2007 -
La place de la Russie dans l'histoire de la diplomatie européenne
Intervention de Robert Steuckers lors du 1er Colloque de l'Atelier régional d'Ile-de-France de Synergies Européennes, le 8 mars 1997
On ne peut évaluer la place et l'importance de la Russie dans la tradition diplomatique européenne que sur base des textes existants. Les premiers textes valables pour juger l'émergence de la Russie dans la réalité politique européenne datent de l'époque de Pierre le Grand. Ce Tsar a manifesté durant son règne la volonté de faire de la Russie un Etat organisé à l'européenne, participant pleinement au concert des Etats européens. Cette volonté peut se concrétiser dès l'effondrement de la puissance polono-lithuanienne qui conduira aux partages successifs de la Pologne, achevés tout à la fin du XVIIIième siècle.
Cependant, en dépit de la volonté de Pierre le Grand, la Russie ne se laissera jamais appréhender par les mêmes concepts politiques et géographiques que le reste de l'Europe. Cette différence est due à la qualité, aux dimensions et à l'immensité de son territoire, qui fait charnière entre l'Europe et l'Asie. Dès le départ, dès les premiers textes rédigés en Europe sur la Russie et destinés aux chancelleries, on perçoit la dimension eurasienne de la Russie, malgré la volonté de Pierre le Grand de s'aligner exclusivement sur l'Europe.
Aujourd'hui, les cercles politiques et culturels européens, toutes tendances confondues, font désormais face à une Russie complexe, immense, tout à la fois européenne et asiatique, échappant aux règles des idéologies occidentales. Ils ne font plus face à une URSS à l'idéologie monolithique, parfois plus aisée à comprendre, encore que les arcanes peu déchiffrables de la soviétologie ont souvent induit en erreur des soviétologues patentés comme Alain Besançon ou Hélène Carrère d'Encausse... Récemment, pendant l'été 1993, la presse à sensation de Paris a parlé d'une alliance entre “rouges” et “bruns”, de l'émergence inquiétante d'un bloc “national-communiste”, en embrayant sur des phénomènes somme toute superficiels et sans tenir nullement compte de la longue histoire des rapprochements et des ruptures entre la Russie, d'une part, et les autres puissances européennes, d'autre part. La phobie du complot “rouge-brun” a fait long feu car les connaissances historiques lacunaires des quelques journalistes fort prétentieux et très braillards qui ont déclenché le scandale étaient bien maigres. Leur bricolage n'était qu'un jeu médiatique. Quant à ceux qui se sont déclarés “rouges-bruns” dans la foulée, pour entrer dans le jeu des hystéries médiatiques et faire parler de leurs personnes, on décèle aisément chez eux une volonté d'apparaître comme de “grands scandaleux”, de “grands méchants loups”, additionnant toutes les rigueurs des totalitarismes stalinien et hitlérien de ce XXième siècle.
Pour éviter la répétition malheureuse de telles sensations médiatiques, pour échapper aux hyper-simplifications de la presse parisienne, il m'apparaît nécessaire de retourner à l'histoire de la diplomatie européenne et de voir comment le rapport Europe/Russie est perçu dans les chancelleries et comment il transcende et chevauche les étiquettes de “gauche” et de “droite”. Il convient d'examiner comment les concepts de la géopolitique sont nés il y a près de 300 ans, au départ de réflexions sur l'immensité du territoire russe, ensuite de voir comment ils ont été articulés dès l'époque napoléonienne. Il convient de déceler quelles polarités ont été mises en exergue dans le contexte tourmenté des guerres de la Révolution et de l'Empire, de voir comment les conflits ont été explicités.
Accusé d'avoir fait partie de ce complot “rouge-brun” pour avoir participé à un débat avec Ziouganov, président du PCFR, et Volodine, son ajoint et conseiller, à Moscou en avril 1992, débat portant sur une alternative éthique au néo-libéralisme (!), sur l'œuvre de François Perroux, sur l'anti-utilitarisme, débat retransmis ensuite dans la presse russe (Dyeïnn) et serbe (Duga), j'étais redevable d'une explication, non pas aux ignares de la presse parisienne mais à mes lecteurs et à mes abonnés. Je m'étais déjà expliqué par bribes dans un interview (cf. NdSE n°2; versions portugaise et néerlandaise également disponibles). J'entends, dans cette allocution qui deviendra très prochainement texte, être plus exhaustif. J'avais le devoir d'approfondir la question pour confondre les piteux, médiocres et minables journalistes parisiens du Monde et d'autres gazettes de bas étage qui se sont donnés en spectacle pendant l'été 1993. J'avais le devoir intellectuel de retourner au réel pour réduire à néant les simplifications esthétisantes des néo-droitistes et nationaux-révolutionnaires parisiens, relevant de la même engeance journalistique que leurs adversaires, qui n'ont pas de projets cohérents ni de discours étayés, mais qui aiment à répéter “je suis un grand méchant” ou un “grand-pervers-qui-pense-tout-ce-qui-est-interdit-de-penser”. Afin, bien sûr, de ne plus jamais se laisser embarquer dans un jeu médiatique aussi stérile que celui de l'été 1993.
Les spéculations sur la nature politique et géographique de la Russie commencent dans l'œuvre de Leibniz, qui a cumulé les positions de philosophe, de mathématicien, de conseiller du Prince et de diplomate. Pour la première fois, Leibniz livre à ses lecteurs européens une réflexion politique profonde sur la Russie. Leibniz a forgé des concepts instrumentalisables pour faire face à la nouvelle réalité géographique et politique qui se présentait aux portes de l'Europe. Pierre le Grand venait en effet d'annoncer qu'il ferait de la Russie un Etat européen, participant au concert des nations européennes. En 1669, Leibniz réagit face à la question polonaise. La Pologne, voisine de la Russie, était, avant l'émergence de celle-ci, la puissance la plus “orientale” de l'Europe. Cette Pologne était une “république aristocratique”, tolérante sur le plan religieux, fantaisiste sur le plan culturel et littéraire, brillante dans les arts, fébrile et mobile sur le plan militaire, avec sa cavalerie portée par un “mythe sarmatique”, où l'aristocratie polonaise se décrivait comme la descendante de cavaliers sarmates venus d'Iran, du Caucase et des régions pontiques. La monarchie de cette Pologne était élective. Avant l'élection du nouveau monarque, l'Allemand Leibniz donne son avis: il est alors “russophobe”, se méfie de cet immense pays dont on connaît finalement peu de choses, et espère la défaite du candidat qui a les faveurs de la Moscovie. Sinon, dit-il, le “rempart polonais” qui protège l'Europe va tomber, ce qui amènera les “barbares asiatiques” au centre de notre sous-continent et aux frontières du Reich. Ceci est la première position de Leibniz et elle est anti-russe.
Mais très vite, cette position se juxtaposera à une deuxième: il faut inclure la Russie dans une grande alliance européenne anti-turque («Quid si ergo posset Moscus quoque in anti-turcicum foedus pellici»). En effet, avant sa longue désagrégation, la Pologne était forte. Rappelons l'intervention des troupes de Jan Sobiesky et du Hongrois Janos Hunyadi lors des Croisades anti-ottomanes dans les Balkans et lors de la défense de Vienne aux XVième et XVIième siècles. La Russie de Pierre le Grand devra reprendre à son compte la fonction de cette puissante Pologne de Sobiesky. Telle est la seconde position de Leibniz.
Dans la troisième position qu'il adopte face à la Russie montante, Leibniz jette les bases de ce qu'il est convenu d'appeler l'“eurasisme”. Dans son texte de 1697, Novissima Sinica, Leibniz écrit que la masse continentale euro-asiatique compte deux anciennes civilisations: 1. Rome/Europe (le Reich); 2: La Chine. La Russie, poursuit-il, doit faire le lien entre ces deux civilisations en organisant son propre territoire. L'Europe acquerra un avantage si c'est elle qui communique à la Russie les recettes de la “bonne” organisation politique, territoriale, administrative, etc.
Dans sa quatrième position, Leibniz parle de la Russie comme d'une tabula rasa, comme d'un espace vierge, où l'on pourra tester toutes sortes d'expériences. La Russie est un pays qui offre des milliers de possibilités (comme on le dira plus tard des Etats-Unis). Il permettra d'absorber une immigration paysanne allemande.
Dans sa cinquième position, prise en 1712 lors de la guerre entre la Suède et la Russie pour la maîtrise de l'axe fluvial “gothique”, joignant la Baltique à la Mer Noire, afin d'assurer la translation de l'héritage polono-lithuanien. Leibniz, Allemand, s'oppose à toute expansion de la Russie vers le Nord, mais favorise toute expansion vers le Sud. Cette position allemande est une constante: on l'a vu se manifester lors de l'indépendance des Pays Baltes (en 1919 comme en 1991), de la Finlande, dans les intentions lisibles en filigrane dans les clauses du Pacte germano-soviétique de 1939, dans les concessions accordées en théorie par Jirinovski aux Suédois et aux Allemands dans son projet de “grande avancée vers le Sud”. Symptomatique est le fait que Jirinovski insiste si fortement en Allemagne et en Suède sur l'orientation méridionale des hypothétiques efforts de “sa” future Russie.
Dans sa sixième position, Leibniz approfondit sa réflexion sur la qualité de tabula rasa du territoire russe. La Russie est vierge, dit-il, on peut y importer tant les vices que les vertus de l'Europe. Mais Leibniz est pessimiste, conservateur. Pour lui, l'Europe décadente est travaillée et minée par ses vices. Il raisonne binairement en opposant une Europe décadente à une Russie pure. Adepte de l'idéologie des Lumières à ses débuts, Leibniz poursuit un objectif pédagogique: si la Russie est pure, vierge et “mineure”, elle peut devenir l'objet d'une pédagogie vertueuse et éviter ainsi d'entrer directement en décadence à cause de ses nouveaux contacts avec l'Europe malade.
En résumé: l'Europe, par la voix de Leibniz, est favorable à la Russie quand elle avance ses pions vers le Sud contre les Turcs, vers la Mer Noire, mais pas encore vers les Balkans, territoire réservé à l'époque aux Hongrois et aux Autrichiens, protecteurs des Serbes, après la libération de Belgrade en 1717/18. En revanche, l'Europe se montre hostile à la Russie quand elle avance ses pions vers le Nord. Comme Leibniz, elle se montre pro-suédoise, pro-polonaise (puis pro-ukrainienne), car, pour elle, l'axe gothique est un espace intermédiaire entre la Russie et l'Europe, qui a une logique propre qu'il convient de conserver, tandis que l'espace balte est un indispensable espace de transition entre Russes, Suédois et Allemands
Herder précisera cette vision d'un espace balte d'échange culturel. Herder est le père des nationalismes germaniques et slaves, le théoricien de la relativité culturelle, des différences, de la valorisation des origines de toute culture au détriment des époques plus tardives, jugées déclinantes. En 1769, dans le journal qu'il a écrit au cours de son voyage de la Livonie (en Lettonie actuelle) à Nantes, Herder écrit que l'Europe est vieillie, décadente, qu'elle a épuisé ses potentialités. Face à elle, la Russie possède encore des atouts, des potentialités. Il faut travailler la Russie, dit Herder, pour en faire un modèle pour le reste de l'humanité. La pensée de Herder est à la fois liée aux Lumières car elle est pédagogique, elle veut étendre au monde entier des idées européennes qui ne sont ni le rationalisme occidental ni le césaro-papisme catholique. Mais si cette pensée de Herder est liée aux Lumières, elle est en même temps critique à leur égard. La critique de Herder s'articule surtout autour de l'optimisme et de la prétendue unicité du modèle des Lumières. Pour Herder, théologien protestant, toute culture est une manifestation voulue par Dieu et celui-ci se manifeste de multiples façons, donc seule la pluralité des cultures est légitime, est œuvre de Dieu. L'histoire d'un peuple particulier est simultanément l'histoire d'un possible humain, universellement valable.
Sur base de ces principes, Herder énonce des projets pour l'Europe orientale et la Russie. Il privilégie les Pays Baltes, dont il est issu, comme espace d'échanges entre l'Europe germanique et la Russie. Mais il concocte également des projets séduisants pour l'Ukraine, la Crimée et la rive septentrionale de la Mer Noire. La mission de la Russie, à ses yeux, est de recréer un nouvel hellénisme sur le pourtour de la Mer Noire et de faire de la Crimée sa capitale. En énonçant ce grand projet, il reprend l'idée allemande d'un “Drang nach Süden” russe et souligne l'importance capitale de la Crimée sur le plan géopolitique (pendant la guerre civile entre Blancs et Rouges, la Crimée, sous le Général Wrangel, a été un enjeu majeur du conflit; le IIIième Reich concoctait également des plans germanisants/hellénisants pour la Crimée et le conflit russo-ukrainien d'aujourd'hui rappelle l'importance géopolitique de cette presqu'île). Le “Projet grec” de Herder sera repris par Catherine II et instrumentalisé contre l'Empire ottoman que la fougueuse Tsarine chassera des rives septentrionales de la Mer Noire.
Le jugement que porte Herder sur l'œuvre de Pierre le Grand est également fort intéressant. Herder reproche au Tsar Pierre d'avoir négligé la culture “naturelle” de la Russie, de ne pas avoir tablé sur ses atouts nationaux et surtout d'avoir fait de la Russie une “pyramide inversée” qui risque de s'effondrer tôt ou tard dans la catastrophe. Herder prédit ainsi pour la première fois la révolution russe de 1917.
De 1789 à 1820, c'est-à-dire de la Révolution française à l'avènement de la Monarchie de Juillet, la réflexion sur la Russie va s'articuler autour de trois oppositions:
1. L'opposition entre liberté et despotisme, où l'Ouest est la liberté et la Russie, le despotisme (Marx reprendra cette dichotomie russophobe, et, dans le marxisme, on parlera parfois de “despotisme oriental”).
2. L'opposition entre légitimité et révolution, où la Russie est le bastion de la contre-révolution. Nous avons là ante litteram une dialectique Est-Ouest, où la droite légitimiste est pro-orientale et anti-occidentale, contrairement à ce que nous avons connu pendant la guerre froide. Dans l'Allemagne de la “révolution conservatrice”, Moeller van den Bruck, traducteur de Dostoïevski, réfléchit sur l'itinéraire de ce dernier: révolutionnaire dékabriste, il deviendra légitimiste, en percevant l'insuffisance des idées occidentales. Moeller et, à sa suite, les diplomates allemands conserveront l'espoir légitimiste-conservateur en la Russie, en dépit de la révolution bolchevique.
3. L'opposition Terre/Mer ou Russie/Angleterre. Ces réflexions ont annoncé la géopolitique de McKinder et de Haushofer, ainsi que l'œuvre de Carl Schmitt. Face à cette dualité Terre/Mer, notons la position intermédiaire prise par la France. La France est une “civilisation équilibrée” entre Terre et Mer, elle s'oppose également au “navalisme anglais” et au “despotisme exclusivement tellurique” de la Russie. Quand, sous Napoléon, la France s'identifie à l'Europe, comme l'Allemagne s'y identifiera pendant les deux guerres mondiales, les Continentaux percevront l'Europe comme le centre du monde et de l'histoire mondiale.
La période qui s'étend de 1789 à 1830 est une période de grande effervescence. Pour reprendre la terminologie de Carl Schmitt, c'est la fin du jus publicum europæum. L'idée révolutionnaire veut se planétariser, ne connaît ni repos ni mesure. Au cours de cette période, les diplomates écrivent une quantité impressionnante de rapports dont la teneur est proprement géopolitique. Nous allons examiner ceux qui concernent notre propos d'aujourd'hui: la Russie.
En 1791, un rapport anglais anonyme, intitulé Russian Armament, jette les bases de l'hostilité anglo-saxonne à l'encontre de la Russie. La Russie est désignée clairement comme l'ennemi car elle vise l'élimination de la présence ottomane en Mer Noire et dans les Balkans. Nous avons là le premier indice de l'alliance réelle et tacite entre Londres et la Turquie, entre la thalassocratie anglo-saxonne et la Sublime Porte. Le rapport poursuit: l'avancée de la Russie vers Constantinople menace 1) l'Egypte (on prévoit déjà en Angleterre le percement du Canal de Suez) et 2) le commerce du Levant. Donc, pour les diplomates anglais, l'existence de l'Empire Ottoman, y compris sa présence dans les Balkans, garantit l'équilibre européen (l'argument sera repris lors de la Guerre de Crimée); l'Empire Ottoman est un barrage contre la Russie qu'on soupçonne vouloir s'emparer des Indes (en 1800-1801, effectivement, le Tsar Paul I, allié de Napoléon, projette l'invasion des Indes). Dans d'autres manifestes anonymes parus entre 1792 et 1793, des observateurs anglais envisagent une alliance entre la France, l'Angleterre et la Turquie, pôle de la liberté, contre l'Autriche, la Prusse et la Russie, pôle du despotisme.
Cette tentative de rapprochement, en pleine guerre, de l'Angleterre avec la France révolutionnaire peut s'expliquer clairement si l'on a lu le livre de l'historien français Olivier Blanc, Les hommes de Londres. Histoire secrète de la Terreur (Albin Michel, 1989). Blanc nous y démontre les mécanismes d'organisation de la guerre civile en France, mis en œuvre depuis Londres, afin de venger la bataille de Yorktown (1781) qui avait donné la victoire aux insurgés américains avec l'appui de troupes et de vaisseaux français. Par ailleurs, l'Angleterre visait à détruire les ressorts de la politique navale de Louis XVI, qui avait connu quelques succès militaires. Les manifestes anonymes réclamant une alliance avec la France demandent implicitement l'arrêt de cette politique secrète d'organisation de la guerre civile en France, d'autant plus que les troupes autrichiennes et prussiennes avancent dans le Nord et en Lorraine, risquant d'affaiblir définitivement la France et de souder au Nord et au centre de l'Europe un bloc germanique et impérial solide. L'Angleterre, au nom de l'équilibre continental, cherche à changer d'alliés et à se ranger du côté du plus faible. Mais, coup de théâtre, la France est victorieuse à la bataille de Fleurus en 1793: elle devient la plus forte puissance européenne, s'installe en Brabant et à Anvers, ce qui, pour Londres, est intolérable. L'Angleterre, pour respecter sa politique d'équilibre, doit lui faire la guerre, de concert avec les Prussiens et les Autrichiens. Quand l'Allemagne, après Bismarck, sous Guillaume II et avec la politique navale de von Tirpitz, deviendra la plus forte des puissances européennes, l'Angleterre fera la guerre contre elle, en utilisant les ressources humaines de la France.
C'est sur cet arrière-plan que Wilhelm von Byern en 1794 propose une alliance germano-russe contre la France révolutionnaire et E. von Zimmermann une alliance germano-franco-anglo-russe contre le challengeur qui pointe à l'horizon, l'Amérique. Mais le théoricien le plus pointu qui a esquissé les grandes lignes d'une politique générale pour vertébrer l'Europe, pendant cette époque de troubles et de désorientements, reste le Français Bertrand Barère de Vieuzac. En 1798, il rédige un manifeste intitulé La liberté des mers ou le gouvernement anglais dévoilé; ce texte fondamental annonce et anticipe véritablement le noyau central des doctrines géopolitiques allemandes de ce siècle (Haushofer) et les positions telluriques et anti-thalassacratiques de Carl Schmitt. Pour Barère de Vieuzac, le véritable principe dissolvant n'est pas tant la révolution que le “principe industriel”, générateur de flux incontrôlables. L'industrie anglaise, dit Barère de Vieuzac, découle de la navigation, dès lors les flots générés par la production de marchandises correspondent aux flots océaniques, sur lesquelles rien ne peut se construire. L'industrie induit une démonie de la technique, qui abolit toutes les barrières, frontières, etc. Elle abolit le principe traditionnel de la famille avec son ancrage dans la Terre. C'est au départ de ce texte de Barère de Vieuzac que le poète Rudolf Pannwitz (cf. NdSE n°19) chantera son apologie de la Terre et de l'Imperium Europæum et que le Carl Schmitt d'après 1945 élaborera son anti-thalassocratisme fondamental (cf. Terre et Mer & Glossarium). Pour Barère de Vieuzac, l'Europe est une terre de civilisation et d'enracinement qui s'oppose tout naturellement à l'Angleterre, qui domine l'espace fluide de la mer sur lequel aucune civilisation ne peut éclore, et à la Russie, qui domine un espace mouvant de terres non travaillées. Son disciple Eschasserieux propose dès lors une alliance franco-prussienne contre l'Angleterre et la Russie. C'est dans les travaux de Barère de Vieuzac et d'Eschasserieux qu'on trouve l'origine des rapprochements franco-allemands, depuis le napoléo-gaullisme de Pannwitz jusqu'à la réconcialisation préconisée par Adenauer et De Gaulle en 1963 et à la présence d'un Ernst Jünger lors de la visite de Kohl et Mitterand à Verdun.
Chez les nationalistes allemands de la première génération, nous trouvons d'autres approches, qui, elles aussi, ont connu une postérité. Pour Ernst Moritz Arndt, auteur de Deutsche Volkswerdung, l'analyse est plus subtile: l'opposition fondamentale, pour Arndt, n'est pas tant la révolution ouest-européenne contre la contre-révolution russe, ou la civilisation française, allemande et européenne contre la barbarie russe (comme le voulaient les russophobes napoléoniens), mais l'opposition entre pays fermés non organisés et pays ouverts à la mer (sans pour autant être thalassocratiques). Arndt préfigure là la géopolitique de Ratzel.
Quant au poète Jean-Paul en 1810, il se moque de la russophobie qui décrit les Russes comme des “barbares”, mais reste attaché à l'idée pédagogique de l'Aufklärung (que l'on a repérée de Leibniz à Herder). Selon cette idée laïque et missionnaire, la Russie est certes encore “barbare” mais elle se civilisera sous l'influence européenne. Remarquons que la russophilie de Jean-Paul n'est pas encore celle des narodniki russes: il ne rejette pas l'intellectualisme de l'Aufklärung mais ne parie pas sur les ressorts naturels du peuple russe, qu'il juge encore “inférieurs” et “mineurs”.
Heinrich von Kleist, dans son essai Über das Marionettentheater (1810) décrit un monde futur totalement technicisé et rationalisé, mais, dans ce monde figé, tout à coup, un ours déboule sur la scène; il est le symbole de l'Est, de la Russie; il représente la force de l'instinct qui domine toute technique. Contre l'instinct, inutile de se battre, il ne faut attendre aucune victoire. L'Ouest, c'est Napoléon, l'ours, c'est la Russie. Cette argumentation sera reprise par Niekisch dans ses articles “nationaux-bolcheviques” de la revue Widerstand.
En France, c'est le traditionalisme anti-révolutionnaire qui développera des réflexions intéressantes sur la Russie. Pour Louis de Bonald (1754-1840), dans ses Discours politiques sur l'état actuel de l'Europe (1802), la Russie est, depuis la chute de l'Empire romain, la plus grande force d'expansion à l'œuvre en Europe. Mais, ajoute-t-il, son christianisme est “byzantin”, donc, du point de vue catholique de Bonald, il est un mélange de “superstitions” d'“idolâtrie” et de “morceaux de christianisme”. Dans les droites catholiques et françaises, Bonald introduit un ferment russophobe d'anti-byzantinisme, contre lequel s'insurgera le Russe Leontiev (cf. Vouloir n°6/1996). A cet anti-byzantinisme, Bonald ajoute un jugement sur l'œuvre de Pierre le Grand: il estime qu'avoir voulu l'européanisation de la Russie est une bonne initiative, mais, déplore Bonald, “il a introduit la corruption avant de former la raison”. Bonald veut dire par là que Pierre le Grand a d'abord favorisé le commerce et l'industrie avant d'établir des lois. Il aurait dû favoriser les classes rurales, puis assurer le primat de la chose militaire, de la souveraineté et de la paysannerie sur les fonctions de négoce. Bonald développe une critique conservatrice de l'idéologie marchande, vectrice de corruption, mais souhaite la conversion de la Russie au catholicisme. Il introduit ainsi un motif de russophobie récurrent dans la pensée politique conservatrice en France.
Joseph de Maistre (1753-1821) critique à son tour l'œuvre de Pierre le Grand, qui s'est laissé entraîner par “l'esprit de fabrication”. Comme cet esprit de “fabrication” (on dirait aujourd'hui: ce “constructivisme”) s'est insinué dans la vie politique russe dès l'origine de son européanisation, il est appelé à s'accentuer en dépit des barrières traditionnelles et provoquera une révolution (avec la critique de Herder qui voit dans la Russie de Pierre le Grand une “pyramide inversée” prête à basculer, la critique de J. de Maistre est la seconde prédiction de la révolution russe, un siècle avant les faits).
La fin de l'aventure napoléonienne se déroule sous le règne du Tsar Alexandre I. Celui-ci fournit le gros des troupes de la coalition anti-napoléonienne, si bien qu'il acquiert le titre de “Libérateur de l'Europe”. Il est forcément peu perçu comme tel en France mais bien en Allemagne ou en Belgique (où le souvenir de “Pietje le Cosaque”, à Gand, au moment des premières manifestations flamingantes, reste dans les mémoires). L'idée motrice d'Alexandre I était de constituer une “Sainte-Alliance” en Europe. La mission de la Russie est de donner corps à cette initiative, visant à terme la “monarchie universelle”, que ses adversaires déclareront bien vite “despotique”. Cette idée du Tsar Alexandre I provient de deux sources:
1) La “pansophie” de Louis-Claude de Saint-Martin, qui visait à transcender les clivages religieux en Europe entre orthodoxes, protestants et catholiques.
2) Le “Mouvement du Réveil” de l'Allemand Jung-Stilling.
Jung-Stilling (1740-1817) veut fusionner le piétisme et la mystique protestante. Il élabore le concept de “nostalgie” (Heimweh, également titre d'un roman). La nostalgie est toujours nostalgie de la patrie céleste, de l'Empire de Dieu à construire. Pour Jung-Stilling, cet empire commencera à l'Est. Le christianisme s'est développé d'Est en Ouest et a décliné. Il faut faire le chemin inverse. Son disciple Johann Albrecht Bengel voit dans la Russie l'instrument de Dieu pour punir les nations : Napoléon est l'Antéchrist, Alexandre I, l'Ange de l'Apocalypse. En 1817, quand une famine éclate en Allemagne du Sud, les paysans adeptes du “Mouvement du Réveil” (catholiques et protestants confondus) émigrent vers la Russie, afin de s'installer dans l'antichambre du futur paradis et de fuir l'Europe qui allait subir une punition méritée.
Franz von Baader (1765-1841) recueille l'héritage de la mystique allemande de Jakob Boehme, de Louis-Claude de Saint-Martin, de Jung-Stilling et de Görres. Son objectif se confond avec celui d'Alexandre I: réconcilier catholiques et protestants dans l'orthodoxie, raviver la dimension religieuse eschatologique et mystique, faire de la Russie le site de la synthèse de ce renouveau religieux et de son armée l'instrument destiné à sauver l'Europe de la dissolution révolutionnaire.
Les idées traditionalistes, la coalition anti-napoléonienne, le “Mouvement du Réveil” poursuivaient un même objectif. D'où la théocratie chrétienne et pansophique, l'utopie tirée du “Mouvement du Réveil”, l'“entremission organique” (organische Vermittlung) participent du “Principe d'Etat” qui s'oppose à l'Etat mécanique des révolutionnaires (procédant de l'“esprit de fabrication”) et au “Dieu mécanique” des philosophes. Mais la grande différence entre, d'une part, Baader et les catholiques pansophiques et pro-orthodoxes et, d'autre part, et Bonald, de Maistre et les catholiques stricto sensu, c'est que Baader est moniste (il veut façonner le futur et affirme que la bonne politique organique adviendra) tandis que Bonald et de Maistre sont dualistes et prétendent que la bonne politique est une chose définitivement passée. Face à la position pro-orthodoxe de Baader, de Maistre avance que l'orthodoxie est figée. Baader lui répond que cela la rend imperméable aux idées révolutionnaires. Pour Baader en revanche, c'est le “papisme” qui est figé car il jette le soupçon sur l'intelligence et le savoir (selon l'adage: “point trop de science”). Le protestantisme selon Baader laisse libre cours au savoir et l'accumulation de “science” désoriente les hommes, incapables de maîtriser les flux de la connaissance. Pour Baader, science et foi ne doivent pas être distinctes: telle est la mission d'Alexandre I, de la Sainte-Alliance, du “Mouvement du Réveil”, de la Russie et de l'orthodoxie, face à l'“Ouest pourri” (gniloï zapad). Mais les forces les plus conservatrices de l'Eglise orthodoxe russe refusent la démarche d'Alexandre, jugé trop ouvert aux Catholiques et aux Protestants, les “Réveillés” sont expulsés de Russie, de même que Baader, qui ne peut plus s'y rendre et tire les conclusions de sa tentative avortée: «Le retour à une politique ecclésiale conservatrice va provoquer l'expansion du matérialisme en Russie et, sous le manteau d'une Eglise d'Etat, les tendances anti-chrétiennes pourront agir plus secrètement, donc plus destructivement». Troisième prévision de la révolution bolchevique...
Autre figure-clef de l'époque, l'Abbé Dufour de Pradt (1759-1837), archevêque et confesseur de Napoléon. Pour Dufour de Pradt, le monde contient “deux zones de principes et de langage”, la zone de l'“ordre absolu” et la zone de l'“ordre constitutionnel à des degrés divers”. Ces deux zones se livreront une lutte à mort. Dufour de Pradt annonce au fond la bipolarité de la guerre froide... L'Europe n'a plus le choix qu'entre devenir un protectorat anglais et devenir un protectorat russe. En 1819, Dufour de Pradt prévoit que l'Amérique remplacera l'Angleterre sur mer, avant même que le Président Monroe ne proclame sa célèbre “doctrine” en 1823. Pourquoi? Parce que tant la Russie que l'Amérique disposent d'espace. Dufour du Pradt écrit: «La Russie jouit de tous les avantages dont sont privés les anciens Etats de l'Europe, dans lesquels les espaces sont occupés par la population et par les cultures destinées à la subsistance. On a calculé l'époque à laquelle les Etats-Unis d'Amérique possèderaient une population de cent vingt millions d'habitants, la progression a même dépassé les prévisions. Pourquoi, dans un temps donné, la Russie ne s'élèverait-elle pas au même degré, car elle possède des éléments parfaitement semblables et égaux à ceux qui promettent aux Etats-Unis ce rapide accroissement? La faculté de nourrir sa famille est la limite de la population; c'est elle qui, dans les Etats peuplés, réduit les mariages à un si petit nombre. Mais il faut un long cours de siècles pour que cette limite sera atteinte en Russie, comme en Amérique; elle se peuplera donc à l'infini...».
Aux Etats-Unis, le diplomate Alexander H. Everett (1790-1847) constate que tous les mouvements politiques de son époque sont les conséquences de la Révolution, cherchent à poursuivre la Révolution. L'Europe, dit-il, doit s'unir sinon elle subira le sort des cités grecques, face à la puissante machine militaire et administrative romaine. Mais pour que cette unification ait lieu dans l'équilibre des forces, il faut en exclure la Russie, parce qu'elle a beaucoup d'espace et rompt cet équilibre. Néanmoins, elle va sauver l'Europe en l'unifiant de force: c'est alors que prendra fin l'ère révolutionnaire.
En Allemagne le Baron von Haxthausen (1792-1866) écrit que l'atout slave/russe majeur dans le concert politique européen de l'époque est le sens intact de la communauté (mir/obchtchina). Haxthausen influencera directement la pensée populiste russe, tant dans l'expression qu'elle s'est donnée chez Alexander Hertzen que dans celle des narodniki (les slavophiles) ou des marxistes russes. Entre les uns et les autres, face à cette revendication de la “communauté”, il y tout de même des différences d'approche: les “progressistes” voient dans le mir une condition sociale favorisant l'avènement du socialisme, tandis que les narodniki y voient une suprématie morale. Pour Haxthausen, les “communautés” russes sont le fondement de l'ordre social car elles empêchent l'émergence d'un prolétariat. Haxthausen était conscient de la différence entre démocrarie organique et démocratie atomisée.
Vu d'Europe, voici donc un vaste éventail de réflexions sur la Russie qui inspirent toujours les chanceleries. Elles apparaissent limpides dans leur simplicité et continuent à structurer toute la pensée géopolitique, même si les noms de leurs auteurs sont aujourd'hui tombés dans un oubli non mérité.
Il nous reste à dire quelques mots sur l'Eurasisme. Les Anglais ont un mot pour désigner la lutte planétaire pour le contrôle de l'Asie Centrale et himalayenne: “The Great Game”, “le Grand Jeu”. ce “Grand Jeu” consiste à contrôler les espaces vides entre les grands pôles civilisationnels de l'Inde, de la Chine et de l'Europe. Car la maîtrise de ces espaces assure la domination de la planète. Leibniz s'en était déjà confusément aperçu en rédigeant sa Novissima Sinica en 1697. Dès la fin du XVIIIième siècle, en 1796-97, les Anglais devinent que l'Europe (allemande ou française) et la Russie vont un jour ou l'autre contester ses positions en Inde. Pour les Anglais, il y avait des signes avant-coureurs, comme la conquête de Sébastopol par les troupes de Catherine II en 1783, qui devient port russe en 1784, prélude à l'annexion complète de la côte pontique entre le Dniester et le Boug à la suite de la Paix de Jassy en 1792. La Mer Noire devient un lac russe, tandis que les Pays-Bas méridionaux tombent aux mains des hordes révolutionnaires.
Napoléon, lui, se rend compte du désastre que constitue pour la France la perte de ses comptoirs indiens. D'où son plan de couper la route des Indes en s'installant en Egypte. Avant de se lancer dans cette entreprise, il dévore tous les livres sur l'Egypte: «J'étais plein de rêves. Je me voyais fondateur d'une nouvelle religion, marchant à l'intérieur de l'Asie monté sur un éléphant, avec un turban sur la tête et à la main le nouveau Coran que j'aurais écrit pour répondre à mes besoins». Le 19 mai 1798 une armada française, avec 40.000 hommes, quitte Toulon et Marseille pour se diriger vers l'Egypte. Aussitôt les Anglais envoient tous leurs navires du Cap et de Calcutta pour bloquer la Mer Rouge. Nelson détruit la flotte française en mouillage à Aboukir (1 août 1798).
En 1801, le Tsar Paul I suggère à Napoléon d'envahir l'Inde par la terre et met 35.000 cosaques à la disposition de ce projet. Pour les appuyer, il demande à Napoléon de lui envoyer une armée française par le Danube, la Mer Noire et la Caspienne. Napoléon juge le projet irréalisable. Le 24 janvier 1801, 22.000 cosaques et 44.000 chevaux quittent le sud de la Russie pour se diriger vers l'Asie centrale. Mais le 23 mars 1801, Paul I est assassiné et Alexandre I monte sur le trône. Les Anglais réagissent en envoyant au Moyen-Orient le jeune John Malcolm, un orientaliste, spécialiste de la Perse, nommé officier dès l'âge de 13 ans. Malcolm a pour mission de forger une alliance avec l'Iran, pour bloquer sur le “rimland” toute avancée française (ou russe ou européenne ou, plus tard, allemande) dans la zone s'étendant de la Syrie au Béloutchistan. La réaction russe est immédiate: le Tsar annexe la Géorgie en septembre 1801. En juin 1804, les Russes sont en Arménie, mettent le siège devant Erivan et engagent la guerre contre la Perse pour forcer le passage vers les Indes.
En 1804, les Perses appellent les Anglais au secours. Mais 1804 est également l'année où Napoléon devient “empereur”, provoquant un renversement des alliances et un rapprochement entre Russes et Anglais. Les Anglais ne font plus pression sur le Tsar pour qu'il rende à la Perse la Géorgie et l'Arménie. Le Shah n'a plus d'autre alternative que de se tourner vers la France. De 1804 à 1807, les tractations entre le Shah et Napoléon sont ininterrompues, la Perse devant servir de tremplin pour une reconquête française des Indes. L'armée persane est entraînée par des instructeurs français. En 1807, à Friedland, Alexandre se rapproche à nouveau de Napoléon et participe au blocus continental; Français et Russes sont à nouveau alliés contre les Anglais. A Tilsit, la France et la Russie envisagent de bouter les Ottomans hors d'Europe, de s'allier avec la Perse pour marcher de concert sur les Indes, mais la France ne peut plus demander aux Russes de rendre la Géorgie et l'Arménie, poussant les Perses dans une nouvelle alliance anglaise!
Tels ont été les préludes du “Grand Jeu”. L'affrontement Terre/Mer entre la Russie et l'Angleterre se poursuivra pendant tout le XIXième siècle, véritable épopée avec, de part et d'autre, des héros sublimes et des aventuriers extraordinaires. Parmi les autres facettes du “Grand Jeu”, il y a eu la volonté de contrôler le Tibet (et surtout les sources des grands fleuves chinois, indochinois et birmans), de maîtriser la “Route de la Soie” et surtout le Turkestan chinois (ou Sinkiang). Des missions allemandes tenteront de forger une “alliance diagonale” entre le Reich, l'Empire Ottoman, la Perse, l'Inde et l'Indonésie. Le pantouranisme sera instrumentalisé par les Allemands en 1914, par les Britanniques après 1918. Pendant la guerre civile russe, les Anglais ont tenté de détacher le Caucase de la Russie, en incitant au massacre des commissaires communistes arméniens. Le Japon y participera en soutenant Koltchak et Unger-Sternberg en Asie. Aujourd'hui, avec la tentative de souder à la Turquie, alliée des Etats-Unis, toutes les républiques musulmanes de l'ex-Union Soviétique, le “Grand Jeu” est loin d'être terminé. Pour nous, il s'agit d'en étudier tous les mécanismes, d'en connaître l'histoire jusqu'en ses moindres détails.
Robert STEUCKERS. http://robertsteuckers.blogspot.fr -
Rejet des comptes de campagne de Nicolas Sarkozy : pour l’UMP, est-ce (vraiment) la fin des haricots ?
PARIS (NOVOpress via le Bulletin de réinformation) – En décembre dernier, la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques avait invalidé les comptes de campagne de l’ancien président pour l’élection présidentielle de 2012, estimant qu’il avait dépassé de 2,1 % le plafond autorisé, soit quelque 360.000 €. Saisi le 10 janvier dernier par Nicolas Sarkozy, qui contestait le chiffrage de la Commission, le Conseil constitutionnel, juge suprême de l’élection présidentielle, a confirmé jeudi le rejet des comptes de campagne 2012 de l’ancien président de la République.
Ce rejet, définitif, prive l’UMP, qui a avancé les fonds, de la subvention de onze millions d’euros de l’Etat au titre du remboursement des frais de campagne de son candidat. En outre, selon le communiqué du Conseil, Nicolas Sarkozy devra à titre personnel restituer l’avance forfaitaire qui lui a été versée, soit 150.000 €. Il devra également verser au Trésor public le montant arrêté à quelque 360.000 € par la Commission, correspondant au dépassement du plafond des dépenses.
Nicolas Sarkozy annonçait jeudi soir dans un communiqué sa démission immédiate du Conseil constitutionnel « Devant la gravité de la situation et les conséquences qui en résultent pour l’opposition et pour la démocratie ». En fait il s’agit d’un”coup” médiatique de N. Sarkozy, il ne peut pas démissionner du Conseil, il en fait partie de droit à vie comme tous les anciens présidents de la république, il peut seulement s’abstenir d’y siéger au coup par coup.
De son côté, Jean‑François Copé, élu président de l’UMP dans les conditions que l’on sait, s’est exprimé jeudi soir en direct sur les chaînes de télévision.
C’est la mine sévère et le verbe grave que M. Copé a admis que son parti était « Etranglé financièrement », et qu’il a annoncé le lancement d’une « Grande souscription nationale ». On relèvera un argument pour le moins curieux dans la bouche d’un avocat : un dépassement de 400 000 € n’en est pas vraiment un. C’est vrai, ça, quoi, pour 400 000 euros, de nos jours, t’as p’us rien…
Mais il faut relativiser les malheurs financiers de l’UMP. La vente de son siège permettrait à l’ex‑parti présidentiel de dégager quelque dix millions d’euros, auxquels s’ajouteraient les vingt millions annuels de subventions publiques. De quoi voir venir… Plus inquiétant pour l’UMP est l’hémorragie sans précédent d’adhérents, déçus par l’absence d’opposition véritable de l’UMP à l’Etat‑PS et écœurés par la pitoyable guerre des chefs de fin 2012 — une guéguerre semble‑t‑il toujours d’actualité avec le départ en quasi‑campagne en France de François Fillon.
Marine Le Pen a estimé hier que « Si l’UMP meurt demain, ce ne sera pas par manque d’argent, mais par manque d’idées », « Plaie d’argent n’est pas mortelle a‑t‑elle ironisé, en revanche, plaie d’idées l’est ». La présidente du Front national a fait valoir que son parti « Confronté, en 2007, à des difficultés financières bien plus graves que celles de l’UMP au regard de son actif a su rebondir plus haut que jamais parce qu’il a un projet politique solide à proposer aux Français, des idées patriotes que personne d’autre ne défend dans la classe politique française ».
Commentant la prestation télévisuelle de Jean‑François Copé, Marine Le Pen a fustigé « Un bas exercice de victimisation », poursuivant : « L’UMP doit prouver qu’elle apporte encore quelque chose au débat d’idées pour espérer subsister ; et sur ce point, c’est mission impossible, tant la voix de l’UMP se confond avec celle du Parti socialiste ».