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  • Iran : les raisons cachées d’un conflit annoncé

    [article du journaliste Laurent Glauzy]

    Le peuple iranien, très fier de son héritage culturel, tolère mal la domination anglo-américaine imposée par des gouvernements à sa solde provoquant des guerres, des crimes et des coups d’Etat. Et cela dès 1908. D’importants gisements de pétrole sont découverts. La dynastie des Pahlavi, mise au pouvoir en 1925, reste sous le contrôle des Anglo-américains. En 1941, le pays est subitement occupé par les troupes anglaises et le Shah est alors contraint d’abdiquer en faveur de son fils Mohammed Reza. La même année est créé le Toudeh, parti proche des positions communistes.

    La Grande-Bretagne exploite le pétrole iranien par le biais de l’Anglo-Persian Company. Cette société réalise des profits gigantesques, tandis que l’Etat n’en perçoit que les maigres dividendes. La situation du peuple est effroyable : 80 % de la population souffrent de dénutrition, la durée de vie moyenne est de quarante ans et la mortalité infantile atteint 51 %. En 1953 éclate une crise entre le Shah et le premier-ministre Mohammad Mossadegh. Intellectuel de haute volée et influencé par les courants maçonniques, il nationalise les puits de pétrole, en accord avec l’opinion publique qu’exprime le Toudeh. Mossadegh reste encore aujourd’hui la personnalité favorite des Iraniens. Il est destitué par un coup d’Etat de la CIA qui en revanche finance le Shah à hauteur de 45 millions de dollars pour renforcer un pourvoir personnel répressif. Ce dernier met hors-la-loi presque tous les partis, y compris le Front National de Mossadegh qui s’organise clandestinement. Beaucoup de membres du Toudeh sont arrêtés et assassinés. Malgré cela, il reste un des mouvements populaires les plus forts, recouvrant un rôle plus important en amenant le peuple à la révolution de 1978. A partir de 1977, l’opposition socialo-communiste devient encore plus forte. Elle obtient un plus grand soutien dans les classes populaires malgré la « Révolution verte » menée par le régime impérial et ayant pour ambition d’améliorer la vie des paysans et de moderniser le pays.

    Le tournant de 1979

    Ces objectifs auront été assez largement atteints quand, en 1979, le Shah, en butte à la « révolution des bazars » (la nouvelle bourgeoisie) et abandonné par les Anglo-américains, doit fuir. La population accueille avec ferveur le chef religieux exilé, Ayatollah Ruhollah Khomeiny. Après un premier moment de simulation démocratique, le nouveau régime emprisonne, torture les opposants. Des milliers de personnes disparaissent.

    En septembre 1980, l’Iran est attaqué par Saddam Hussein, dont les troupes sont armées et entraînées par les élites américaines et européennes qui visent à affaiblir les deux pays. Malgré les persécutions féroces conduites contre les dissidents, les Ayatollahs poursuivent la modernisation du pays, mènent une campagne d’alphabétisation et améliorent les conditions économiques des ménages. Aujourd’hui, la population est alphabétisée à 80 %, l’école est obligatoire de 6 à 14 ans et le taux de mortalité infantile est descendu à 25 ‰. Le système électoral de l’Iran peut se vanter de mobiliser un fort taux de participation, bien supérieur à celui des pays occidentaux. Par ailleurs, ce pays possède 10 % des réserves mondiales de pétrole, 15 % des réserves en gaz et compte 69 millions d’habitants. Son revenu par habitant est d’environ 7 000 dollars par an. Ses universités sont d’un très bon niveau et les ingénieurs sont demandés dans tout le Moyen-Orient.

    Dans les années 1990, une loi restreignant la liberté de la presse est promulguée. En 1999, les manifestations étudiantes sont durement réprimées. L’Iran est un pays jeune. 70 % de sa population a moins de trente ans. Elle ne supporte pas les restrictions religieuses imposées par le gouvernement. 52 % des étudiants universitaires sont des femmes et ne partagent pas non plus l’orthodoxie religieuse, comme l’explique Shirin Ebadi dans son livre Iranienne et Libre. Beaucoup d’Iraniens veulent se libérer de l’emprise tyrannique même s’ils craignent le pouvoir anglo-américain qui ramènerait le pays à des conditions semi-coloniales.

    L’objectif de l’Oncle Sam : affaiblir le pays

    Les tentatives de contrôle des Etats-Unis sur l’Iran n’ont jamais cessé, et ce pour une raison simple : la crainte d’être exclus de l’exploitation des ressources naturelles. Diverses stratégies ont été utilisées pour affaiblir économiquement le pays. Le 30 avril 1995, le président Bill Clinton commence à parler de l’interdiction du programme nucléaire iranien. Il impose un embargo commercial. Les Etats-Unis accusent l’Iran de vouloir mettre en œuvre un programme nucléaire belliciste et de financer le terrorisme. Le 18 juin 2003, le Président George W. Bush déclare que les Etats-Unis ne toléreront pas la construction d’une arme nucléaire par l’Iran. L’administration américaine qualifie ce pays d’« Etat voyou ». Les rapports diplomatiques sont suspendus. Depuis le 11 septembre 2001, la situation empire. Profitant du climat de terreur, l’administration américaine oblige le congrès à approuver l’Authorization for Use of Military Force Resolution du 14 septembre 2001 qui permet l’utilisation de la force armée contre les Etats soupçonnés d’organiser ou de soutenir le terrorisme comme l’Afghanistan, la Syrie, l’Iran. Le journaliste de CBS David Martin, citant ainsi des fonctionnaires américains déclare « avoir la preuve que des bombardements en Arabie Saoudite et d’autres attaques ont été directement planifiés par des agents d’Al-Qaïda, ayant trouvé refuge en Iran ».

    Toujours en 2003, le vice-président Dick Cheney affirme que l’Iran « a pour objectif la destruction d’Israël. Les Israéliens pourraient donc se décider à agir en premier quitte à laisser aux autres pays le soin de remettre en ordre cet imbroglio diplomatique ». Par ailleurs, les Etats-Unis possèdent un arsenal nucléaire d’au moins 10 600 têtes rénovées ces dernières années par des têtes de dernière technologie. Elles représentent un potentiel de destruction sans précédent. Plusieurs de ces armes nucléaires sont secrètement positionnées en Europe et ne sont pas soumises à l’approbation des parlements. Il n’est donc pas étonnant que l’Union européenne ait préféré rejoindre les Etats-Unis pour demander très docilement à Téhéran d’accepter sans conditions l’additif au traité de non-prolifération prévoyant des inspections inopinées. Ajoutons que dans ce club très fermé des puissances nucléaires, se trouvent également la Russie (10 000 têtes), la Grande-Bretagne (200 têtes), la France (350 têtes), la Chine (400), Israël (200 à 400), le Pakistan (24 à 48), l’Inde (30 à 35). Ces derniers à l’exception somme toute de la Chine, sont des alliés de Washington et de proches voisins de l’Iran. De quoi accentuer le sentiment d’encerclement des dirigeants de l’Etat perse !

    Quid du nucléaire et du pétrole iraniens ?

    La question du nucléaire iranien présente bien des aspects ambigus, comme l’aide apportée par les services secrets pakistanais (ISI), entièrement contrôlés par la CIA. L’ISI est impliqué dans des opérations militaires, collabore avec les services secrets du Moyen-Orient et de l’Asie centrale, a des contacts avec les autorités iraniennes. D’autres contradictions sont relevées. Une dizaine d’années sont nécessaires pour monter un arsenal nucléaire. Les nations détentrices de cette haute technologie auraient pu depuis fort longtemps procéder à la destruction du programme nucléaire iranien. De plus, les menaces de guerre du gouvernement américain incitent les autorités iraniennes à poursuivre leurs projets nucléaires. Washington cherche un prétexte pour occuper l’Iran, s’approprier ses réserves pétrolières et défendre le dollar. Saddam Hussein avait accepté le paiement de son pétrole en euros. Et quand l’armée américaine a occupé l’Irak, le règlement en dollar du pétrole a tout de suite été rétabli.

    Depuis quelques années, les autorités iraniennes ont prévu la création d’une bourse du pétrole iranien qui utiliserait l’euro au lieu du dollar, constituant une menace inacceptable pour l’économie américaine. Cette place financière permettrait la vente et l’achat du pétrole et du gaz iraniens, comme à l’International Petroleum Exchange (Ipe) de Londres et au Mercantile Exchange de New York (Nymex), sociétés contrôlées par les autorités américaines. La création d’une troisième place boursière créerait une compétition et redimensionnerait le pouvoir que Washington a sur le prix du pétrole. La suprématie américaine serait endiguée et le dollar perdrait son hégémonie. Les pays européens diminueraient ainsi leurs dépenses sur le prix du pétrole et pourraient se renforcer économiquement, être moins dépendants de Washington. La Chine et la Russie y verraient des avantages pour leur développement économique. La création d’un commerce fondé sur des pétro-euros entraînerait beaucoup d’investisseurs à retirer leurs placements du marché américain ; ils opteraient pour des valeurs européennes. Nous assisterions à l’écroulement du dollar. L’utilisation de l’euro serait appréciée par la Russie. Ses échanges commerciaux se font surtout avec l’Europe. Dans le cadre des relations commerciales, la Chine et le Japon seraient désireux de transformer en euros leurs importantes réserves en dollars dont ils sont les deux principaux détenteurs. Les dirigeants saoudiens, dont la population éprouve une aversion croissante à l’égard des Etats-Unis, apprécieraient aussi l’adoption de l’euro. Tant que les nations seront contraintes d’acquérir des dollars (68 % des réserves mondiales sont dans cette devise), l’économie américaine sera prospère. D’après Krassimir Petrov, docteur en économie de l’Université de l’Etat de l’Ohio, la bourse pétrolière iranienne représente un important danger pour les Etats-Unis : « D’un point de vue strictement économique, si la bourse iranienne attire avec succès les forces économiques et mondiales, cela signifie l’abandon accéléré du dollar. La chute du dollar augmentera de manière dramatique l’inflation américaine, faisant monter les intérêts américains à long terme (…), ce qui provoquera une dépression économique grave, avec l’implosion des obligations, des actions et des marchés des produits dérivés, c’est-à-dire un krach financier intégral ».

    L’Iran extrait 4,1 millions de barils de pétrole par jour ; 2,5 millions sont exportés. Dans les années 1990, nous assistons à un rapprochement avec les pays occidentaux et asiatiques pour conclure des contrats avantageux dans le cadre de la vente du pétrole. Pour contrecarrer cela, en 1996, le Congrès américain approuve l’Iran-Lybia Sanctions Act (Ilsa). Cette loi qui permet de sanctionner les pays qui investissent annuellement plus de 20 millions de dollars dans l’importation du pétrole iranien ou libyen. Mais si elle suscite une si grande clameur en Europe, l’Ilsa ne sera pas appliquée. Le gouvernement américain impose en contrepartie un embargo contre l’Iran pour empêcher que soient fournies les technologies pour le raffinement du pétrole, ce qui obligera le gouvernement iranien à avoir besoin du nucléaire civil.

    En Iran, un litre d’essence coûte seulement huit centimes d’euros. Ce prix dérisoire ne peut être maintenu si les Américains empêchent le raffinement de l’or noir et étranglent l’économie avec des embargos. La propagande contre l’Iran devient de plus en plus envahissante. Le président Ahmadinejad est décrit comme l’ennemi juré de l’Occident. La traduction de ses déclarations est altérée, et sur des affiches montre son visage des affiches en anglais incitent à la guerre. Une des plus connues et déformées est : « Imam ghoft een rezhim-e ishghalgar-e qods bayad az safheh-ye ruzgar mahv shavad » ne traduit aucune intention belliqueuse. Ahmadinejad dénonce seulement les crimes d’Israël comme le firent dans les années 1940 Hannah Arendt et Albert Einstein. La périphrase « ezhim-e ishghalgar-e qods » signifie « le régime qui gouverne Israël ». Il est clairement fait référence au régime et non au pays, et le président iranien n’a par conséquent jamais parlé de rayer Israël de la carte, comme le prétend malhonnêtement la demokratische Propaganda.

    Le cynisme de Washington et d’Israël

    L’objectif est de diaboliser l’Iran avec des montages, des mensonges pour faire accepter l’agression. Dans son discours de mars 2006, George W. Bush dit devoir protéger Israël contre la « menace iranienne » ayant pour « objectif déclaré de détruire notre allié, Israël ». Le secrétaire d’Etat à la Défense, Robert Gates, a aussi affirmé qu’Israël n’a jamais menacé personne d’anéantissement. C’est oublier qu’Israël prépare des missiles et finance des bandes terroristes pour affaiblir et déstabiliser le gouvernement iranien. Dans ce même but, les Etats-Unis soutiennent les Moudjahiddin du peuple qui organisent des attentats à la bombe. Comme l’Irak, l’Iran a aussi été accusé d’un prétendu trafic illégal de matériels radioactifs acquis au Niger et ayant disparu au Congo.

    Discrètement et de manière très organisée, les Anglo-américains et les autorités israéliennes préparent leur offensive. Le développement du potentiel militaire à Vicenza, sur la côte adriatique italienne, n’est pas un hasard. Depuis mars 2007, les forces armées américaines situées à proximité de l’Iran ont crû fortement. Le général Leonid Ivachov, vice-président de l’Académie russe des Sciences politiques, a annoncé que le Pentagone est en train de préparer une attaque aérienne contre les infrastructures militaires de l’Iran, et a positionné dans le Golfe un porte-avion avec 3 200 soldats et 80 avions, des bombardiers F/A-18 Hornet et Superhornet, 8 navires d’appui et 4 sous-marins nucléaires présents depuis décembre 2006. Michel Chossudovsky, professeur d’Economie à l’université d’Ottawa, auteur du best-seller international The Globalization of Poverty et de dossier contredisant la version officielle du 11-Septembre, explique que, déjà en mai 2003, a été mis au point le plan « Tirannt », qui prévoit d’importantes opérations contre l’Iran pouvant requérir des armes nucléaires. Le Monde du 30/5/07 écrit que « les Etats-Unis viennent d’envoyer neuf navires de guerre et 17 000 hommes dans les eaux du Golfe, soit la plus importante armada réunie à quelques kilomètres des côtes iraniennes depuis des années ».

    Lors de la conférence de Herzliya tenue du 21 au 24 janvier 2007 en Israël, a été dévoilée la stratégie contre l’Iran (Herzliya, université privée qui s’occupe des questions politiques, est liée aux services secrets israéliens). L’ancien premier-ministre israélien Benjamin Netanyahu y a déclaré qu’il fallait « diffuser dans les médias l’idée que l’Iran est sur le sillon du Reich Nazi et s’apprête à exterminer les juifs. Il faudra ensuite faire juger le président Ahmadinejad par un tribunal international d’instigation au génocide, convaincre les Etats occidentaux d’adopter unilatéralement des sanctions économiques contre l’Iran pour le mettre à genoux sans passer par le Conseil de sécurité de l’ONU. Il faudra également le bombarder avec efficacité, rapidité pour infliger des dommages lourds sur les bases nucléaires. Les bombardiers B2 et les missiles de croisière peuvent le réaliser. Israël devra le faire s’il est clair qu’il y a une menace ; Israël devra le faire et le Président [Bush] s’y ralliera ».

    Dans une logique d’isolement, le Trésor américain, qui influence les gouvernements, les banques et les entreprises du monde entier, a durci le ton en ordonnant d’interrompre tout échange avec l’Iran. Les autorités américaines reprochent aux gouvernements européens, à l’Allemagne, à l’Italie, à la France, à l’Espagne et à l’Autriche, d’avoir consenti à l’Iran un prêt de 18 milliards de dollars en 2005. Ces dix dernières années, l’Iran est devenu un important partenaire commercial pour l’Europe, commercialisant son pétrole contre de l’équipement industriel. Washington veut empêcher tous les liens commerciaux avec l’Iran. Quand en 1999, les autorités iraniennes signent des accords avec Eni et Total, dont une petite part de la production constitue la réserve des pays investisseurs, Washington exerce des pressions pour que ces accords ne soient pas conclus. Les Etats-Unis menacent de sanction ceux qui investissent plus de 40 millions de dollars dans le pétrole iranien, alors que 90 % des richesses de ce pays proviennent de l’exportation de l’or noir. Depuis plusieurs années, les Etats-Unis ont essayé d’affaiblir économiquement l’Iran par le biais de sanctions. En novembre 1979, puis en 1987, 1995 et 2000, ils interdirent les importations des biens iraniens. Malgré cela, l’Iran réussit à stabiliser ses rapports commerciaux et attire les investissements de pays européens et asiatiques. En 2005, la Chine, non concernée par les pressions américaines, passe des accords commerciaux avec Téhéran pour un contrat d’importation de gaz et de pétrole supérieur à 100 milliards de dollars. Plusieurs compagnies pétrolières russes ont même signé des contrats avec l’Iran pour extraire le pétrole de ses gisements.

    Le 23 mars 2007, dans les eaux de Shatt El Arab, quinze soldats britanniques ont été arrêtés. Sunday Times, sans expliquer que les soldats de la « Couronne » avaient violé les eaux iraniennes, a adopté le point de vue américain et a parlé d’une vendetta des Iraniens à l’égard des sanctions contre le nucléaire proposées par le Conseil de sécurité de l’ONU. Le Ministre des Affaires étrangères iranien affirme que les marins britanniques sont entrés illégalement dans les eaux territoriales. Est-ce que ces quinze soldats avaient pour mission de contrôler l’équipement et la production militaire de l’Iran ?

    Un plan machiavélique

    Le général iranien Ali Reza Asgari avait été torturé dans les cellules de la CIA pour qu’il livre de précieux renseignements sur les stratégies et le potentiel de son armée. Un volet oublié par la presse occidentale. Sunday Times écrit :

    « Le 7 février [2007], quatre jours après son arrivée à Damas et s’étant assuré que sa famille était en sécurité, Asgari a pris un vol pour Istanbul. Un nouveau passeport lui a été fourni et il a quitté la Turquie en voiture pour que l’on perde sa trace. » En réalité, le général Asgari est disparu le 9 décembre 2006. Des sources iraniennes révèlent à l’agence Fars qu’il avait été amené en Turquie par des agents de la CIA. Ahmad Soghami, directeur chargé des Amériques au ministère iranien des Affaires étrangères, a récemment déclaré que « la République islamique d’Iran a identifié et démantelé plusieurs réseaux d’espionnage liés aux forces d’occupation en Irak, ayant pour objectif de mener des actions de sabotage dans l’ouest, le sud-ouest et le centre du pays ». L’opération de Shatt El Arab ne pourrait être alors qu’une mise en scène organisée par les autorités anglo-américaines ayant pour but de provoquer l’Iran.

    Une guerre contre l’Iran permettrait aux Etats-Unis d’augmenter le prix du pétrole et de montrer leur incontestable suprématie, pour dans un second temps affaiblir des pays qui, comme la Syrie, la Corée du Nord ou la Chine, résistent au Diktat de Washington. Il s’agit d’un plan faisant suite à la période de la « Guerre froide » prévoyant l’appauvrissement et la recolonisation de nombreux pays en vue de l’instauration d’une dictature mondiale. L’Iran est le pays qui figure dans la ligne de mire des Etats-Unis et de ses banquiers occultes. Mais il est militairement plus fort que l’Irak. Téhéran bénéficie aussi de l’appui des membres de l’Alliance du Nord. Un conflit impliquerait tout le Moyen-Orient et pourrait entraîner la Chine et la Russie, indépendantes de Washington.

    Quant à l’Union Européenne, son silence démontre qu’elle est à la remorque des Etats-Unis.

    Laurent Glauzy http://www.contre-info.com
    octobre 2007

    Extrait de l’Atlas de Géopolitique révisée (Tome I)

  • Le gouvernement contraint d’annuler le Congrès du Parlement

     

    Le gouvernement a décidé jeudi d’annuler l'examen par le Parlement de la réforme du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) faute de majorité prévisible lors d'un Congrès du Parlement prévu initialement le 22 juillet.
    Comme toute révision de la Constitution, le projet de loi doit être d'abord voté dans les mêmes termes par l'Assemblée et le Sénat puis, pour son adoption définitive, soit soumis à référendum -une solution exclue par l'exécutif-, soit soumis au vote du Parlement réuni en Congrès, où la majorité requise est des trois cinquièmes des suffrages exprimés.
    Les groupes UMP et UDI (centriste) ayant décidé de voter contre cette réforme, il manquait une quarantaine de voix au gouvernement pour faire entériner cette réforme à Versailles.
    "Les conditions n'étaient pas remplies pour que l'on convoque un Congrès le 22 juillet. À partir de là, on suspend la réforme et on la reprendra ultérieurement", a déclaré un proche d'Alain Vidalies, le ministre chargé des relations avec le Parlement.
    Les députés avaient adopté ce projet de loi constitutionnelle le 4 juin par 303 voix contre 222. L'opposition de droite avait voté contre.
    Le Sénat l'a adopté à son tour le 4 juillet après l'avoir profondément modifié, ce qui a entraîné les groupes PS et écologistes à s'abstenir et l'opposition de droite à voter pour.
  • L'Université d'été pour Tous

    Après le soulevement populaire et spontané des derniers mois, il est temps de se former en profondeur afin de répondre aux nouveaux enjeux politiques et sociaux qui s'annoncent. Une semaine de formation du dimanche 25 août au dimanche 1er septembre est organisée à Lignières dans le Cher (18160). L'Université d'Été Pour Tous est un moment d'amitié, où une jeunesse animée d'une même conviction va se retrouver, échanger et tisser des liens durables.

    Parmi les intervenants : Gérard Leclerc, Béatrice Bourges, Frédéric Pichon, Philippe Ariño, François-Marin Fleutot, Robert Ménard, Philippe Champion, Samuel Lafont, Gabrielle Cluzel, Henri Hude...

  • Chiffres de la délinquance : un mensonge d’Etat

    Chiffres de la délinquance : un mensonge d’Etat

    PARIS (NOVOpress) – L’insécurité relèverait-elle d’un phantasme chez les Français puisque les chiffres sont formels : on compte 670.000 délits de moins depuis 2002 et le taux d’élucidation des infractions est en hausse de douze points ? Problème : ces chiffres sont faux !

    Dans son ouvrage « Un mensonge d’Etat, l’imposture sécuritaire » (photo), Jean-François Impini consacre notamment son enquête aux outils de manipulation de la statistique. Le lecteur découvre « l’affligeant spectacle d’un appareil statistique transformé en telle machine à dénaturer la réalité, ici sous-estimant l’activité criminelle et là surestimant l’efficacité policière, que l’on peut pratiquement parler à son sujet de mensonge d’Etat », souligne l’auteur.

    Qui paie cash ce trucage des statistiques par le ministère de l’Intérieur ? Les Français, à qui on transmet des données ne correspondant pas à la réalité qu’elles étaient censées décrire ; les victimes directes de la délinquance, bien sûr, souvent dissuadées de se faire connaître. La police et la justice, « déconsidérées par l’inévitable décalage entre le triomphalisme officiel et la perception citoyenne quotidienne ». Le tout prend la forme d’une « faillite démocratique n’ayant d’égale que celle des élites à qui il appartenait de la dénoncer ».

    Et il n’y a pas d’espoir de renouveau avec le laxisme de l’Etat socialiste…

    http://fr.novopress.info

  • La pression intolérable exercée par le ministre de l’Intérieur

    Madame Clotilde Lebreton, maire de Challain la Potherie dans le Maine-et-Loire, a été saisie d’une demande de « mariage », en application de la « loi » Taubira. La paire concernée avait poussé le militantisme et la manipulation jusqu’à demander une messe (des défunts) le jour de leur « union » civile, logiquement refusée par le diocèse d’Angers (communiqué du 17 juin).

    Madame Lebreton a lu hier publiquement un communiqué dans lequel elle donne les raisons de sa revendication de l’objection de conscience et de son refus de « célébrer » une parodie de mariage. Le communiqué a été lu en présence d’une foule nombreuse venue soutenir madame Lebreton, des représentants LMPT 49 et 44, d’un représentant de l’association Objection et de nombreux officiers d’état civil (dont neuf maires) : Messieurs Michel Villedey maire de Thorigné d’Anjou (49), Jean-Yves Clouet maire de Mésanger (44), Jean-Daniel Lécaillon maire de  St Sulpice des Landes (44), Daniel Gendry maire de Niafles (53), Stéphane Belley, maire de Peuton (53), Marcel Pichavant de Bécon les Granits (49), Hubert Derouet  maire de Chazé sur Argos (49), Christian Baron maire de St Augustin des bois (49)  accompagné d’une adjointe, monsieur Stéphane Bouillé, adjoint de Challain la Potherie et monsieur Eric Gilles conseiller municipal d’Angrie (49) et madame Maryline Boivin maire de La Jaille-Yvon (49), empêchée.

    Communiqué du maire :

    "Le 17 juin 2013, un dossier a été déposé à la mairie, en vue d’obtenir des officiers d’état civil de notre commune une « célébration de mariage », selon les nouvelles dispositions prévues par le texte promulgué le 17 mai dernier. Cette demande est régulière au regard des conditions fixées par la « loi Taubira ». Elle me pose cependant en ma qualité d’officier d’état-civil un douloureux problème de conscience. Je pourrais me taire mais je me sens redevable, vis-à-vis de vous, mes concitoyens, et de vous tous aujourd’hui présents, d’une explication transparente que vous méritez, sur mon objection de conscience s’agissant d’une telle union, que je ne peux consentir à célébrer. Je veux rester fidèle aux principes les plus fondamentaux de ma conscience, que le Président de la République avait, devant les maires de France, officiellement promis de protéger. Il ne s’agit pas là d’une simple opinion ou d’émotions passagères et encore moins d’un jugement sur les personnes qui ont déposé la demande. Il s’agit de justifications rationnelles et objectives qui me conduisent à réaffirmer aujourd’hui ma fidélité au mariage, union d’un homme et d’une femme, qui a pour première finalité l’accueil et l’éducation d’enfants, dont la conception relève naturellement de l’altérité sexuelle des époux.

    Parmi les élus régulièrement présents en conseil municipal aucun n’a pu ou n’a souhaité célébrer ce mariage. La liberté de conscience est garantie par notre Constitution. Cette liberté devrait donc me permettre aujourd’hui d’user de mon droit inaliénable à l’objection de conscience. Pour la demande du 13 juillet, c’est finalement l’un de mes adjoints, à son initiative et pour m'éviter des sanctions, opposé lui-même à la « loi Taubira », qui accepte de « célébrer » cette union, compte tenu de la pression intolérable exercée par le ministre de l’Intérieur. Cela n’empêchera pas les officiers d’état-civil de continuer à revendiquer résolument la liberté d’objection de conscience. Pour ma part, et avec tous les officiers d’état civil qui partagent mes opinions, je continuerai à prendre une part active aux actions qui seront organisées afin que la liberté d’objection de conscience soit reconnue pour tous, dans le respect des opinions de chacun. Par respect pour le mandat qui m’a été confié, cette communication m’a paru indispensable pour que ma position soit connue et comprise de tous."

    Michel Janva  http://www.lesalonbeige.blogs.com/

  • Les charmes de la diversité culturelle…

    Le commissaire européen Michel Barnier a déclaré récemment sur LCI : « Quand on défend la diversité culturelle, [...] on est dans un combat d’avenir. » Corollaire : quand on critique la diversité culturelle, on est dans un combat du passé. Cela s’appelle la dialectique…

    Il se trouve que la seule diversité culturelle palpable consiste en un brassage forcé et subi de populations européennes et extra-européennes dans le cadre d’une « construction » européenne elle-même inscrite dans une « mondialisation », le tout agrémenté de flux migratoires notoirement hors de contrôle. Sous couvert de diversité culturelle, cette idéologie vise à forcer les cultures « d’accueil » à renoncer à toute exigence d’intégration ou d’assimilation à l’égard des cultures « arrivantes », faute de temps, d’argent et surtout de courage politique. [...]

    Silvio Molenaar - La suite sur Boulevard Voltaire

    http://www.actionfrancaise.net

  • Les bons conseils du Père Ubu : Vive ta Démocrassie ! (8)

    François, on te rabaisse, si on te croit un président « normal ». En réalité, de par ma chandelle verte, tu es un inventeur. Tu as génialement conçu, tu appliques tout aussi génialement un régime politique d’un type nouveau. Appelons ça, entre nous, la démocrassie. Mais, pour ceux qui ne sont pas nos copains et nos complices, nous garderons le t. Ne désespérons pas les contribuables. Où irions-nous chercher la phynance ?

    La démocrassie, ça rime avec « démocratie », ça maintient la façade de la démocratie, des foultitudes de naïfs prennent ça pour la démocratie, mais ça n’est pas la démocratie. C’est beaucoup plus rigolo. Pour toi et pour moi. Et pour nos potes. C’est tellement une gouvernitude de ton invention que j’appellerai ça ta démocrassie. Rendons à Tyrannichou ce qui est à Tyrannichou, Cornegidouille !

    Ta démocrassie, c’est l’art de réprimer sans que ça se voye. La dictature soft, la tyrannie bon-enfant, l’autoritarisme sympa. Dans l’histoire universelle, aucun despote n’a cumulé comme toi un sourire béat qui désarme tout le monde, un aspect rondouillard qui n’effraie personne, des froncements de sourcils qui ne feraient pas peur au moindre marmot de la maternelle, et des lapsus publics (tiens, pas mal, celui de Tunis !) qui, en te rendant opportunément ridicule, te préservent durablement de paraître odieux.Ajoute à ça que tu es censé être de Gôche, donc un zentil par définition. Alors, tu peux laisser le petit Nicolas croupir dans sa petite cellule ; tu peux employer contre des zozos non-violents des matraqueurs-gazeurs trois fois supérieurs en nombre ; tu peux, dans un autre registre, couler d’un seul coup le navire de la blonde Delphine – bref, tu peux multiplier les vilenies sans avoir l’air d’un vilain. Tu es un autocrate sans la gueule de l’emploi. Une chance inestimable pour toi, Cornephysique !

    Ta démocrassie, c’est une magnifique manière de te payer la tête des petits, des prolos et des pauvres. Officiellement, tu es socialiste. Moi, je sais que tu es sociétaliste. Nuance ! Tu as compris que les ouvriers ne sont plus à la mode. Les masses laborieuses, ç’a eu payé, mais ça paye plus. Les héros du travail, c’est fini. Dans ta démocrassie, il n’y a plus de héros (ils seraient encombrants), et pas beaucoup de travail non plus. Plutôt que de tenir tes promesses à de candides trimardeurs des usines et des chantiers (z’avaient qu’à être banquiers, merdre !), plutôt que de passer tes nuits à chiader des plans contre la désindustrialisation (y a déjà le petit Arnaud qui se monte le bourrichon avec ça : tu pourras le pousser un jour dans la trappe-à-ministres), tu sais qu’il vaut mieux faire plaisir au Père Berge-Hait et à ses copains. Le social est mort, vive le sociétal ! Tant pis pour les prolos, pensons aux zomos (enfin, à ceux qui ont de la phynance, et en abondance, pas vrai ?). En chœur, toi et moi, nous disons merdre au Père Hugo, merdre à Marx, à Jaurès, à toute la pensée socialiste des deux siècles derniers, et merdre à toute l’interminable philanthropie judéo-chrétienne. Sabre à finances, ça fait du bien !

    Ta démocrassie, c’est une sublime politique des pulsions en tout genre. Toi et moi, nous disons merdre à Montesquieu, qui liait la démocratie à la vertu, ce raseur. La vertu est morte, vive le caprice ! Le principe de réalité est ringard, vive le principe de plaisir, bougre de merdre ! Laisse-les jouir sans entraves, tes sujets, et ils sentiront moins d’autres entraves, ils oublieront que les grands médias t’obéissent, ils ne feront plus attention au phoutage de gueule généralisé, ils ne penseront plus que tes anaphores étaient du bidon, ils te rééliront les yeux fermés. Quand des gonzesses écrivent sur des murs de Paris « Ni Dieu ni mec », elles ne savent pas de quel maître (z’ont peut-être oublié le mot) elles se font les esclaves. Quand les mêmes défilent dans les rues en hurlant qu’elles veulent un zizi (si, si, je les ai entendues de mes oneilles), c’est autant d’heures qu’elles ne passent pas à se battre pour leurs salaires. Quand des mouvements d’une Gôche un peu moins décolorée que la tienne manifestent pour le droit à changer de sexe comme de culotte, ils ne peuvent pas gueuler en même temps des slogans pour les retraites, pour la justice sociale ou pour la liberté d’expression.On peut pas tout faire à la fois ni penser à tout. Le plaisir, François, c’est encore plus efficace que la matraque. Tes sujets, tiens-les par le sexe comme d’autres monarques tiennent les leurs par la vodka. Tu as bien commencé. Ton règne pourra durer longtemps, Cornegidouille !

    Le Père Ubu http://www.printempsfrancais.fr

  • Un récit parvulesquien par Georges FELTIN-TRACOL

    Arnaud Bordes anime avec brio les excellentes éditions Alexipharmaque dont la production d’ouvrages constitue toujours une belle administration de contre-poison idéologique aux toxines mortifères installées dans nos esprits. On sait moins que c’est aussi un écrivain de grand style, un romancier influencé par l’ambiance fin-de-XIXe siècle et le romantisme gothique. Déjà auteur de quatre romans, le voici qui vient de publier chez Auda Isarn, la maison d’édition du camarade Pierre Gillieth, Pop Conspiration.

    Le faible nombre de pages de cette histoire n’en fait pas un roman. S’agisserait-il plutôt d’une nouvelle ? Pas exactement, à moins que cela soit une longue nouvelle… C’est en réalité un kaléidoscope de points de vue, d’impressions instantanées, de personnages à différentes dates (le récit délaisse toute chronologie stricte). La plupart se préoccupent d’une jeune fille de mère normande et de père roumain, ancien militant de la Garde de fer de Codreanu, Annemarie Pop, née sous le signe du Scorpion, qui se révèle être une terrifiante meurtrière.

    Oui, Annemarie Pop tue, mais en service commandé, car elle obéit à une très antique organisation secrète, Murcie, à laquelle appartinrent jadis Jeanne d’Arc, Rabelais, le duc de Guise, Henri IV, Louis XIV, Simon Bolivar, Louis-Auguste Blanqui, Charles de Gaulle… Depuis des temps lointains, Murcie affronte une autre organisation secrète, Morvan, dont les membres les plus brillants s’appellent les Albigeois, Jean Calvin, Ulysse S. Grant, Léon Trotski, Winston Churchill ou Nikita Khrouchtchev. Ces deux entités cachées, qui combattent pour le contrôle du monde, sont parfois désignées sous le terme générique de Ménestrels.

    Après un Moyen Âge dominé par Murcie, Morvan « en ce XXe siècle, l’emporte. En deux guerres mondiales, il a réussi à liquéfier – à tous les sens du terme – l’Europe, lui substituant l’Occident, qui en est le spectacle, la hantise (pp. 47 – 48) ». Pis, dans ce recul général, Murcie doit aussi compter avec la défection de l’agent d’élite Pop ! Si elle n’a pas rallié Morvan, ce qui aurait été impensable, elle préfère suivre son propre destin, fatal à coup sûr parce qu’elle devient un obstacle qu’il faut éliminer.

    En ces quelques lignes brièvement résumées, on relève l’ascendance intellectuelle marquée du théoricien de la guerre occulte, Jean Parvulesco, sur Arnaud Bordes. Jean Parvulesco ! Après avoir longtemps intégré dans ses romans les personnes réelles qu’il rencontrait, il était justifié que ce partisan de l’Empire eurasiatique de la Fin devînt lui aussi un personnage de fiction. Il apparaît donc dans un des courts chapitres du livre, en pleine opération hautement clandestine à visée géopolitique majeure…

    Dans Pop Conspiration, l’ami Bordes montre qu’il ne mésestime pas la géopolitique mystique du Puy-en-Velay, carrefour géomancique entre l’antique château solaire voisin des Polignac, La Chaise-Dieu, l’énigmatique massif du Mézenc et l’étrange plateau du Vivarais – Velay. La préfecture de Haute-Loire célèbre, une fois par an fin septembre, le Roi de l’Oiseau. C’est aussi l’un des points de départ du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle. Elle possède enfin une magnifique cathédrale romane de style byzantin qui accueille une mystérieuse Vierge noire. Non loin de la basilique se dresse sur un piton d’origine volcanique l’église Saint-Michel d’Aiguilhe dont les couloirs inconnus conduiraient à une des écoles de formation de Murcie. Or, pendant les Guerres de religion, la cité ponote résista longtemps avant de reconnaître la légitimité d’Henri IV…

    Dans une atmosphère de polar gothique cadencée par des groupes musicaux de la Cold Wave des années 1980, le lecteur est à son insu plongé au milieu de quelques arcanes (légèrement) dévoilés. Coruscant Arnaud Bordes !

    Georges Feltin-Tracol http://www.europemaxima.com/

    • Arnaud Bordes, Pop Conspiration, Auda Isarn, 2013, 62 p., 12 €.

  • Homophobie ? Non, prudence. (archive 2008)

    Article d'Yves Chiron dans Présent - 20 décembre 2008
    Dès que la France, en septembre dernier, a rendu public son projet de faire voter, par l’Assemblée générale de l’ONU, une déclaration sur les droits des homosexuels, l’observateur permanent du Saint-Siège à l’ONU, Mgr Migliore, a dit son opposition au projet. Il y voit, à juste titre, un moyen de pression politique : si une telle déclaration est votée, « les Etats qui ne reconnaissent pas l’union entre deux personnes de même sexe comme un mariage, seront mis au pilori et feront l’objet de pressions. »
    Comme l’a justement dit Jeanne Smits en publiant le texte du projet français, la « décriminalisation universelle » de l’homosexualité serait une voie ouverte à l’ « imposition universelle » des droits des homosexuels au mariage et à l’adoption (cf. Présent, 13 décembre 2008).
    La France a été, avec les Etats-Unis, pionnière dans cette voie. En 1973, l’American Psychiatric Association a exclu l’homosexualité de la liste des maladies mentales ; l’OMS prendra une position similaire en 1991. Entre temps, la France, aux premiers temps de la présidence Mitterrand, aura œuvré à la normalisation de l’homosexualité par diverses lois et dispositions : le 11 juin 1981, le ministre de l’Intérieur demande aux services de police de « renoncer aux fichages des homosexuels » ; le lendemain, le ministre de la Santé déclare que l’homosexualité ne sera plus considérée comme une psychopathologie. En 1982, est votée une loi qui dépénalise l’homosexualité « entre personnes consentantes à partir de 15 ans ».
    Il n’est pas nécessaire de rappeler les étapes suivantes, notamment la création du PACS et la loi du 30 décembre 2004 qui a institué la HALDE (Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité) et qui a créé un délit d’homophobie (même si le terme n’est employé tel quel).
    Pris dans son sens littéral, le mot « homophobe » ne veut pas dire grand chose : « la peur du même ». Le néologisme a désigné dès son origine, en 1971, autre chose : l’hostilité à l’égard des homosexuels. Dans ce sens péjoratif, l’homophobie a la même portée que la xénophobie.
    L’Eglise n’est pas homophobe au sens du néologisme, elle n’est pas « hostile » aux hommes et femmes qui ont une tendance homosexuelle. Le Catéchisme de l’Eglise Catholique demande : « Ils doivent être accueillis avec respect, compassion et délicatesse. On évitera à leur égard toute marque de discrimination injuste. » (CEC, 2358). Mais l’Eglise ne peut être ni « homophile » ni indifférente face aux diverses « orientations sexuelles ».
    L’inclination particulière à l’homosexualité n’est pas « en elle-même un péché », mais elle est « objectivement désordonnée ». Les actes homosexuels sont, en tous les cas, condamnables. Toute la Tradition de l’Eglise – de la Bible aux enseignements du Magistère – le dit. La Congrégation pour la doctrine de la Foi, à deux reprises ces dernières décennies, a rappelé cet enseignement. Le 29 décembre 1975, dans la déclaration Persona humana, « Sur certaines questions d’éthique sexuelle », et le 1er octobre 1986, dans la Lettre pastorale à l’égard des personnes homosexuelles.
    « Selon l’ordre moral objectif, les relations homosexuelles sont des actes dépourvus de leur règle essentielle et indispensable. Elles sont condamnées dans la Sainte Ecriture comme de graves dépravations et présentées même comme la triste conséquence d’un refus de Dieu » (Persona humana, 8). Les actes homosexuels « sont contraires à la loi naturelle. Ils ferment l’acte sexuel au don de la vie. Ils ne procèdent pas d’une complémentarité affective et sexuelle véritable. Ils ne sauraient recevoir d’approbation en aucun cas » (CEC, 2357).
    Les justes discriminations
    Quand l’Eglise demande d’éviter toute « discrimination injuste » à l’égard des homosexuels, elle ne pose pas un principe absolu de non-discrimination. Elle considère que certaines discriminations sont justes parce que nécessaires et relèvent de la vertu de prudence.
    Le 23 juillet 1986, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, dirigée par celui qui allait devenir un jour Benoît XVI, avait rendu publiques des « Observations » sur la non-discrimination des personnes homosexuelles qu’il est utile de relire aujourd’hui.
    L’orientation homosexuelle de certaines personnes, rappelle le document, « fait naître une préoccupation morale particulière ». « Il y a des domaines dans lesquels ce n’est pas une discrimination injuste de tenir compte de l’orientation sexuelle, par exemple dans le placement ou l’adoption d’enfants, dans l’engagement d’instituteurs ou d’entraîneurs sportifs, et le recrutement militaire. »
    L’Eglise ne peut accepter la promotion de l’homosexualité ni non plus sa protection légale. « Il y a un danger qu’une législation qui ferait de l’homosexualité le fondement de droits puisse en réalité encourager une personne ayant une orientation homosexuelle à la déclarer publiquement ou même à chercher un partenaire afin de profiter des dispositifs de la loi. »
    Yves CHIRON http://yveschiron.blogspot.com/

     

  • Délire logique

    Comprendre l'univers est une tâche que Dieu n'a pas explicitement assignée à l'homme mais qui l'occupe depuis un certain temps (d'après les meilleures sources). Cet effort incessant pour illuminer la nuit est une aventure formidable, d'autant que chaque avancée épistémologique, depuis les constructions mythiques jusqu'à l'astrophysique contemporaine, se double systématiquement d'une face sombre, l'histoire curieuse et navrante des aberrations scientifiques, des fausses voies, des physiciens désespérés et des mathématiciens fous.
    La quête d'un sens purement rationnel aboutit forcément à l'irrationnel, depuis Platon exigeant que tout soit construit sur la forme du cercle (déclenchant des siècles de délires astronomiques) jusqu'à Russell croyant pouvoir asseoir la vérité mathématique sur un fondement absolu - avant que Gôdel et son théorème d'incomplétude ne prouve la radicale inanité de l'entreprise. Koestler retraçant l'histoire de l'astronomie des Grecs à Newton dans Les Somnambules et Logicomix, bande dessinée exposant l'histoire de la logique contemporaine (du XIXe au XXe siècle, en tout cas), nous proposent à chaque fois un voyage fascinant (les deux livres se lisent "comme un roman") dans l'histoire des sciences mais surtout dans l'imaginaire des scientifiques, aussi fous en fait que les poètes ou les tyrans. Résumer l'un ou l'autre ouvrage n'aurait pas de sens mais on est frappé (et les auteurs le soulignent avec force) par le côté proprement délirant de la recherche, par l'inévitable folie monomane qui double chaque entreprise scientifique, depuis la franche démence de ceux qui ont essayé de penser l'infini (comme le mathématicien Cantor), les divers stades de paranoïa et de dépression des grands mathématiciens (y compris Russell et Gôdel). Cette quête si nécessaire, échouant toujours à élucider simplement* son objet, a la grandeur tragique d'une épopée, surtout quand on confronte la vie parfois misérable des grands éclaireurs avec la hauteur, la profondeur et la largeur de leurs vues. On reste confondu par l'ingéniosité de l'esprit humain comme par les péripéties admirables ou grotesques des vies des chercheurs : Russell vivant avec les amants de sa femme au nom d'on ne sait quelle avant-garde ou Kepler rédigeant l'Harmonie des mondes pendant que sa mère est accusée de sorcellerie (en Allemagne protestante), c'est presque aussi surprenant que le Tractatus de Wittgenstein ou la mécanique newtonienne.
    Les auteurs de Logicomix, bande dessinée inclassable redoutablement bien construite, comme Koestler, dans son essai magistral, concluent de la même façon : « ce mélange d'inspiration et d'illusion, de prophétique clairvoyance et d'aveuglement dogmatique, d'obsessions millénaires et de dédoublement de la pensée, dont j'ai essayé de retracer l'histoire, nous préviendra peut-être contre l'hybris de la Science, ou plutôt de la conception philosophique que l'on fonde sur elle. »
    HC le Choc du Mois
    *Car c'est cette simplicité élégante qui est le Graal de la recherche : inventer une théorie qui paraisse aussi évidente que le monde.
    » Arthur Koestler, Les Somnambules - Essai sur l'histoire des conceptions de l'Univers, Les Belles lettres, 2010.
    » A. Doxiadis et C. Papadimitriou (scén.), A. Papadafos (dessin), Logicomix, 352 p., Vuibert.