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  • Soumis et imprévoyants

    Nous l’avons souvent dit ici,  les Etats-Unis  défendent farouchement  leurs intérêts et on ne saurait le leur reprocher.  Mais ce n’est certainement pas une raison pour que nos gouvernements successifs acceptent sans broncher  que notre pays soit traité comme une République bananière, trahissant ainsi   de nouveau le mandat que leur a confié le peuple souverain. Nouvelle illustration de l’attitude  de dhimmitude qui est celle de la gauche atlantiste devant l’hyperpuissante américaine,  l’ahurissante affaire du refus de la France, comme d’autres pays de l’UE, de survol de l’avion du président bolivien Evo Morales. Au motif que son  appareil était soupçonné d’abriter l’ex agent de la NSA Edward Snowden,  à la recherche d’un asile politique,  celui-ci a été contraint d’atterrir à Vienne (Autriche).

    L’Equateur  le Venezuela, l’Argentine, le Chili,  le Brésil ont exprimé  par la voie diplomatique leur mécontentement et leur solidarité avec leur homologue bolivien. L‘Union des nations sud-américaines (Unasur, qui regroupe 12 pays), a fait part de sa « solidarité » et de son « indignation » , indique un communiqué du ministère des Affaires étrangères du Pérou qui exerce la présidence tournante de l’organisation. Depuis Caracas, l’Alba (Alliance bolivarienne pour les peuples, qui compte huit membres autour du Venezuela) a critiqué « une situation grave due à l’impérialisme nord-américain et ses alliés européens ».

    Les partisans du président Evo Morales, nationaliste indigéniste campant sur des positions plutôt altermondialistes, partisan  de la décroissance et lié aux  régimes vénézuélien et cubain par une même opposition aux Etats-Unis,  ont organisé hier  une manifestation devant ambassade de  France à La Paz. Des drapeaux   français ont été brûlés, des pierres ont été jetées sur fond de slogans hostiles  à notre pays.

    Le quotidien Le Monde l’a relevé, « l’autorisation d’accès au territoire national fait partie des droits régaliens des Etats. Mais une interdiction après décollage d’un avion transportant un président et qui a fait approuver son plan de vol au préalable semble sans précédent. »

    Avec une hypocrisie toute socialiste, Laurent Fabius  « a téléphoné à son homologue bolivien pour lui faire part des regrets de la France suite au contretemps occasionné pour le président Morales par les retards dans la confirmation de l’autorisation de survol du territoire par l’avion du président », a indiqué le porte-parole du ministère, Philippe Lalliot.

    Car depuis BerlinFrançois Hollande  a vendu la mèche.  Il a confirmé qu’il était  suspendu au feu vert de Washington interdisant tout départ de Edward Snowden. Il a ainsi  avoué avoir « immédiatement donné l’autorisation de survol de la France à l’avion transportant le président bolivien, Evo Morales », uniquement quand il a appris que ce dernier était à bord de l’appareil sans l’ancien agent américain, car « Il y avait des infos contradictoires sur les passagers qui étaient à bord ».

     Bref,  M. Hollande  joue aussi bien le rôle de féal  de Washington que ne le fit en son temps M. Sarkozy,  accusé en septembre 2006   par un Laurent Fabius alors dans l’opposition d’être « le futur caniche du président des Etats-Unis »…Le changement c’est pas maintenant.

    La dernière réaction un peu digne et virile  face aux activités d’espionnages récurrentes des Américains  à notre endroit fut celle de Charles Pasqua en 1995, alors ministre de l’Intérieur . Considérant que les Etats-Unis avaient eu un «comportement inamical, venant de services alliés», cinq Américains (notamment  quatre diplomates, dont le chef de poste de la CIA à Paris) qui «se livraient à des activités incompatibles avec le statut sous lequel ils résidaient en France» avaient été expulsés. Ils étaient accusés d’espionnage militaro-économique, notamment dans le domaine des télécommunications.

    A contrario,  en mai 2012, quelques jours avant le second tour de l’élection présidentielle, le piratage des réseaux informatique de l’Elysée par les Etats-Unis n’avait entrainé aucune réactions,  alors même que des notes secrètes des plans stratégiques avaient été récupérés sur des disques durs, que  des ordinateurs  de proches conseillers de Nicolas Sarkozy avaient été fouillés rapportait l’Express…

    Sur cette  question   plus générale de l’espionnage électronique dont la France fait l’objet,  il s’agit  de rappeler quelques vérités. Car si l’espionnage  militaro-économique entre « bons alliés » a toujours été de mise,  il existe toute de même des méthodes pour  s’en prémunir, malgré les moyens colossaux dont disposent les services de renseignements américains comparés aux nôtres.

     D’abord cette évidence : Il ne faut pas s’étonner  que les agences yankees   piochent, analysent et fouillent  dans  les données sensibles électroniques   émanant de nos pays…quand elles sont  hébergées  stockées par les grands groupes américains qui sont en position ultra dominante et quasi hégémonique. Elles n’ont qu’à demander pour se  servir.

     Il s’agirait aussi  d’avoir une production de composants logiciels/électroniques franco-françaises… afin de ne pas devoir les acheter à l’étranger ! 

     Autre constat, la  nécessité de la mise sur pied d’un chantier national consistant à  sécuriser  les WAN/MAN Français. Il est impératif  de de dresser une digue  solide capable de résister aux attaques informatiques internationalisées  auxquelles ce livrent régulièrement la Chine, les États-Unis mais aussi d’autres Etats.

     Bref, là encore constate Bruno Gollnisch,  tout est question d’autorité, de souveraineté, de volonté politique ; toutes choses dont sont singulièrement dépourvues les politiciens de l’UMPS. Les enseignements de l’Histoire sont impitoyables : malheur aux peuples dont les  chefs  ont la main molle et qui comptent sur les autres pour assurer la sécurité des nations dont ils ont la charge.

    http://www.gollnisch.com

  • Que reste-t-il de la démocratie et de l'Etat de droit dans le régime de l'Union européenne ?

    Notre régime politique ne présente plus ni hiérarchie des normes claire, ni vraie séparation des pouvoirs, ni stabilité institutionnelle, ni égale représentation des citoyens, ni vraie responsabilité politique, ni intelligibilité du pouvoir, ni neutralité constitutionnelle. On ne rendra service ni à la démocratie, ni à l’Etat de droit, ni à la construction européenne, en refusant, au prétexte que les intentions et promesses de l'Europe sont merveilleuses, de procéder à l'indispensable "examen critique" auquel nous invitait Hannah Arendt face à la menace totalitaire que porte la dégénerescence des démocraties en technocraties.

    par Christophe Beaudouin, docteur en droit public

    S’exprimant devant le Président de la République à l’Elysée à l’occasion des vœux des corps constitués le 8 janvier 2013, le vice-président du Conseil d’Etat, Jean-Marc Sauvé, ne mâcha pas ses mots : « Matrice de la Nation, à laquelle, de la monarchie à la République, il est consubstantiellement lié, l’Etat répond de son héritage, il défend ses intérêts et ses valeurs, il porte ses espoirs. Par-delà les péripéties de notre histoire, aussi douloureuses fussent-elles, l’Etat est aussi le garant de la continuité de la vie de la Nation et de l’expression démocratique de la souveraineté » Ce préalable posé, le vice-président de la haute juridiction administrative s'inquiète alors : «Mais l’Etat, comme l’administration qui le sert, sont aujourd’hui remis en cause par des mutations profondes : la globalisation ; l’intégration européenne ; la dévolution interne des pouvoirs (…) Alors même qu'il est limité, encadré, contourné, exposé à toutes sortes d'injonctions, le besoin d'Etat n'a jamais été aussi pressant.»
    L’Europe est en effet désormais le cadre économique, juridique, politique et culturel dans lequel nous devons vivre. Ainsi sommes nous réputés en avoir décidé souverainement, à travers nos représentants successifs et un référendum, depuis une trentaine d’années. Dont acte.
    Ce cadre nouveau n’est pas né dans la brutalité sanglante d’une guerre, d’une révolution ou d’un coup d’Etat militaire, mais de différents traités consentis, librement et à l’unanimité par des Etats initialement démocratiques. Cependant, ce constat épuise-t-il la question de savoir si, dans cet ensemble politique nouveau qu’ils constituent, les Etats membres ont effectivement conservé les qualités qu’ils avaient atteintes distinctement au niveau national ? Bien sûr que non.
    Que l’Europe intégrée soit la fille légitime des nations démocratiques qui la composent ne suffit pas à présumer le consentement des peuples souverains aux quelques 38.000 règlements, directives, décisions et arrêts aujourd’hui en vigueur, et plus généralement aux politiques européennes menées en leur nom.
    Derrière la question du caractère démocratique du régime européen se pose rien de moins que celle, éternelle, de savoir « par qui ou par quoi sommes-nous aujourd’hui gouvernés, de quelle manière et à quelles fins ? » 
    « Supprimez le droit et alors, qu’est-ce-qui distinguera l’Etat d’une vaste bande de brigands ? » Lorsque Saint-Augustin pose cette question, il annonce ni plus ni moins ce qui se produit lorsque le pouvoir se sépare du droit. Lorsque le pouvoir n’est plus commandé, à travers la règle de droit, par la raison humaine. L’Europe ne le sait que trop bien. Lorsque le pouvoir n’est pas ou plus reconnu, il ne peut s’exercer durablement et s’épuise vite dans la violence. Et se transforme en tyrannie. Il n’est pas d’allégeance durable sans reconnaissance. On n’obéit pas longtemps à un pouvoir que l’on ne reconnait pas. C’est cette leçon simple qu’entend l’étudiant de première année de droit : seule la règle perçue comme légitime mérite obéissance. Sans sentiment de légitimité, pas de sentiment de justice et sans justice point d’obéissance. Et il n’est pas de règle perçue comme légitime par les gouvernés,  qui ne soit émise par une autorité elle-même perçue comme légitime : légitime par son origine, légitime sa sagesse, légitime par les buts d’intérêt général qu’elle poursuit.
    C’est donc peu dire que le maintien des qualités démocratiques et de l’Etat de droit dans cette Europe unifiée est la condition première de la paix dans les sociétés européennes.
    L’Europe c’est la paix oui mais si et seulement si le pouvoir y est demeuré démocratique, donc légitime, reconnu et auquel les gouvernés consentiront à obéir.
    Tel est l’enjeu et donc également la problématique, vaste et passionnante, que pose notre régime européen d’intégration : le nouveau corps institutionnel constitué d’un réseau d’organes supranationaux à Bruxelles, Francfort et Luxembourg, prolongé sur tout le continent par vingt-sept, bientôt vingt-huit, démembrements étatiques, peut-il être qualifié de « démocratique » ?
    Crise économique, crise de légitimité, crise d’identité : il ne faut pas être grand devin pour voir que nous ne nous trouvons pas devant un simple « déficit » démocratique, qu’une énième révision des traités contribuerait à combler.
    Pour reprendre l’expression de la Cour constitutionnelle de Karlsrhue dans son arrêt "Lisbonne" du 30 juin 2009 : nous sommes devant un « déficit structurel » de démocratie, autrement un vice de conception, un abysse : le vide de demos européen, c’est-à-dire de peuple continental suffisamment homogène pour y puiser un consentement à gouverner.
    Le grand déni européen de la France
    Combien de temps allons-nous ainsi contourner l’obstacle en nous contentant de concepts ambigus ou étrangers au droit constitutionnel : l’Europe serait un « objet politique non identifié », une « union sui generis », une « fédération d’Etats nations »… L’intégration européenne inflige à nos concepts juridiques et représentations classiques des démentis, et il faut nous demander pourquoi. Et ce n’est pas faire injure à l’Europe, berceau de la démocratie, que de se soucier de la légitimité démocratique de ce régime de l’Europe unie.
    Après quelques années passées à Bruxelles au sein d’une institution européenne, je crois mesurer un peu mieux ce qu’il faut bien appeler le grand déni français sur l’affaire européenne.
    Il suffit de porter le regard sur les élites européennes, d’écouter ce qu’elles disent, d'observer la façon dont elles avancent leur projet d'intégration :
    Entendre, par exemple, la virulence des réactions au sein de la « commission des affaires constitutionnelles » – oui c’est bien son titre - du Parlement européen, dans les deux ans qui ont suivi les « non » massifs français et néerlandais au traité constitutionnel en 2005.
    Relire Jean Monnet qui avait prévenu les avocats de la souveraineté nationale : « Nous ne coalisons pas des Etats nous unissons des Hommes »
    Relire Walter Hallstein, le premier président de la Commission européenne qui annonça en 1962 la « suppression de la frontière sémantique entre Economie et Politique »
    Relire les grands Présidents de la Cour de Luxembourg que furent Robert Lecourt et Pierre Pescatore évoquant ouvertement la charge explosive de leur jurisprudence au service d’un « nouvel ordre européen ».
    Relire avec le recul les Attendus des arrêts de 63-64 Van Gend en Loos et Costa, pour comprendre comment, une fois encore dans l’Histoire, un coup de bluff cachait un coup de force juridique, annonçant une révolution politique.
    Réécouter Jacques Delors parlant d’une : « construction à l’allure technocratique et progressant sous l’égide d’une sorte de despotisme doux et éclairé ».
    Entendre encore le Président Barroso rangeant pertinemment l’Union dans la catégorie des « empires ».
    Si un doute subsistait quant à la pertinence de la question posée, ce rapide inventaire eût suffit à le lever.
    Au terme de la thèse* que je viens d'achever, les traits du régime européen d'intégration peuvent être présentés de la manière suivante :
    1) Le passage du gouvernement représentatif à la gouvernance supranationale, que traduisent les transferts de souveraineté des États vers l'Union, réduit la souveraineté effective du peuple et du citoyen. L’intégration européenne n’a été rendue possible qu’au prix d’une asphyxie certaine des démocraties nationales, proportionnelle aux abandons de souveraineté consentis traités après traités ou arrachés par les institutions de Bruxelles et Luxembourg, sans que cette perte de démocratie ne soit compensée, d’une façon ou d’une autre, au niveau européen.
    2) Cette « technocratie de marché », qui semble se substituer peu à peu à la République se caractérise par l’abandon de la démocratie au sens politique du « gouvernement de soi », le « peuple en corps » exerçant sa souveraineté, au profit d’une oligarchie technicienne – équivalent public du « Manager » qui prolifère dans la sphère privée – laquelle tire sa légitimité non du suffrage universel mais de sa compétence, mise au service de la déréglementation de l’économie et du droit prescrites par les traités.
    Ces autorités de gouvernance mettent en œuvre, en l’adaptant à peine, le droit de la mondialisation dans son versant économique pur – avec les quatre libertés de circulation - et dans son versant culturel avec les multiples droits à la non-discrimination distribués aux individus et minorités.
    3) Dans cet ensemble, l’Etat membre et à travers lui le Politique, n’a pas complètement disparu. Il lui prête le bras séculier et la légitimité qui lui font défaut.
    Son bras d’abord, en mettant ses moyens administratifs, budgétaires, humains et son expérience de puissance publique au service de la transposition, l’exécution des normes, du prélèvement des recettes et de l’application des politiques de l’Union.
    Mais l’Etat membre a un autre rôle qu’on oublie souvent : il recouvre ces normes et ces politiques européennes du manteau de sa propre légitimité, sans quoi elles serait ressenties comme une pure violence. 
    4) La révolution européenne provoque deux ruptures inédites : entre l’autorité et le pouvoir d'une part, entre la politique et le droit d'autre part. Elle dissocie d'abord l’autorité (qui décide) et pouvoir (de l'action), contribuant à une dilution de la responsabilité politique et permettant au passage aux gouvernements de faire souvent de l’Europe le bouc émissaire bien commode de leurs renoncements. Elle contribue aussi à rompre le lien entre la volonté majoritaire et la loi : pour la première fois dans l’Histoire le droit n’est plus formulé par le Politique.
    5) Notre régime politique ne présente plus ni hiérarchie des normes claire, ni vraie séparation des pouvoirs, ni stabilité institutionnelle, ni égale représentation des citoyens, ni vraie responsabilité politique, ni intelligibilité du pouvoir, ni neutralité constitutionnelle. Les Etats réaffirment pourtant à travers les traités européens, la Charte des Nations Unies et imposent aux pays candidats à l’UE, ces principes auxquels l’Union et ses Etats membres tournent aujourd’hui le dos et qui sont pourtant le minimum constitutionnel pour toute démocratie.
    6) L’Union apparaît comme un laboratoire régional de la gouvernance globale. L’Union peut être en effet sans réserve classée parmi les nouvelles autorités de l’ordre global en gestation – sans doute l’une des plus importantes, avec le FMI, la Banque Mondiale ou l’OMC, parmi les 2000 organisations administratives de niveau mondial produisant de la norme transnationale. Elle fait même figure de prototype quant aux formes  futures d’administration recherchée au niveau mondial.
    En définitive, le passage à l’Europe intégrée ne traduit-il pas l’achèvement du cycle démocratique – achèvement au double sens d’accomplissement et de terminaison – annoncé depuis les Grecs ?
    On ne peut ignorer davantage les préventions émises par plusieurs juristes ou acteurs européens, les cours constitutionnelles allemande et italienne ou la Chambre des Lords britannique.
    Pourquoi la méthode choisie pour « faire l’Europe » menacerait-elle la démocratie en Italie, en Allemagne, au Danemark, en Irlande ou au Royaume-Uni, mais jamais en France ?
    Pourquoi par exemple s’interdire de bâtir un bloc supra-constitutionnel absolument inviolable et suprême, protégeant du pouvoir de révision les dispositions inhérentes à la souveraineté,  à la démocratie, à la « forme républicaine du gouvernement » interdite de révision par l’article 89 alinéa 5 de la Constitution ?
    Et puisqu’on aime à vanter le « modèle allemand » en économie, pourquoi ne pas s’inspirer du modèle constitutionnel démocratique développé à Karlsrhue ? Car s’il est une langue qu’Allemands et Français pourraient parler ensemble, et avec leurs partenaires européens, c’est peut-être justement la langue constitutionnelle…
    Pourquoi aussi ne pas instaurer, comme au Danemark, un mandat de négociation pour les ministres allant à Bruxelles ? Un droit d’opposition ou de non-participation à telle législation européenne, voté par le Parlement national ?
    Être eurocritique : un devoir démocratique, un sursaut de l’intelligence
    Au milieu des années 1970, la philosophe du totalitarisme Hannah Arendt, nous mit en garde contre « l’effrayante mutation en bureaucraties » qui guettent toutes les démocraties : après le « règne des Hommes et du droit », celui de « bureaux anonymes et d’ordinateurs qui menacent de dépérissement et d’extinction toutes les formes de gouvernement. » ; « Une fois de plus, expliquait-elle, tout commencerait par un rêve et un projet nourri des meilleures intentions, mais dont les conséquences cauchemardesques ne seraient décelables qu’au prix d’un examen critique. »
    On ne rendra service ni à la démocratie, ni à l’Etat de droit, ni à la construction européenne, en refusant, au prétexte que les intentions et promesses de l'Europe étaient merveilleuses, de procéder à un tel examen critique. La mort de l’esprit critique, c’est la mort de la raison humaine, la mort de l’intelligence, la mort de l’esprit tout court.
    Camus écrivait : « La logique du révolté est ... de s'efforcer au langage clair pour ne pas épaissir le mensonge universel » ("L'Homme révolté"). Puissions-nous par tous les canaux qui nous sont offerts – académiques, médiatiques, politiques - contribuer un peu à mieux nommer les choses, et aider au renouvellement de la pensée critique européenne.
    ChB http://www.observatoiredeleurope.com
    * Christophe Beaudouin : « La démocratie à l’épreuve de l’intégration européenne. Redistribution des lieux de pouvoirs, nouvelles manières de dire le droit et légitimité démocratique dans l’Union européenne », Thèse de doctorat en droit public de l’Université Paris V (dir : Recteur Armel Pécheul), mai 2013, à paraître.

  • La Puissance : Histoire, Etats et souveraineté

    Dans le domaine de la pensée, un des actes fondateurs de l’Occident est la rédaction de la Guerre du Péloponnèse. Laissant les dieux à leurs amourettes de nymphes entre les lauriers roses, Thucydide analyse les actes, les évènements, les rapports de forces. Il étudie les impératifs d’un Etat continental, les atouts d’une cité maritime. Il décrypte la volonté ou la démesure des hommes et s’incline devant l’imprévu. Il invente l’histoire. Or, celle-ci n’est qu’un nom de muse pour désigner le choc des puissances projeté dans le temps. La puissance n’a pas bonne presse en Europe. Elle évoque au mieux une époque révolue, au pire le souvenir des Grandes Guerres avec leur cortège de massacres, de misère et de destructions. C’est une erreur et nous voulons le démontrer. Une réflexion sur l’histoire s’impose en préalable, nous l’avons vu. Mais qui sont les acteurs de la puissance ? Les Etats-nations sont-ils encore des référents valables à l’heure de la globalisation ? Voilà qui pose la question de la souveraineté. Pour un pays comme la France, une stratégie de puissance autonome est-elle souhaitable ou même viable dans un monde de réseaux ? Surtout, l’impasse ne peut être faite sur la question de la légitimité qui conditionne toute action dans les sociétés démocratiques contemporaines. Nous tâcherons alors de définir la puissance avant d’en dégager les domaines d’application privilégiés. Quelles sont les conditions de la puissance et, enfin, comment un Etat peut-il accroître sa puissance ?

    Puissance et Histoire

    Puissance et arbitraire
    Le prince disait « je veux ». Il était obéi. En fonction de ses intérêts, des opportunités ou de son caractère, il libérait ses énergies dans telle ou telle direction. Le fait du prince, c’est la force à l’état sauvage. Elle n’élevait de constructions politiques que de sable. Ainsi, à la mort de Clovis son œuvre disparut-elle dans d’interminables guerres successorales.
    Certaines construction politiques solidement enracinées dans une terre donnée, appuyée sur un peuple ayant une vague conscience de lui-même étaient appelées à durer. Le passage d’une domination patrimoniale au sentiment d’un destin commun préparait l’avènement des nations. Un frémissement connu en est la bataille de Bouvines où milices bourgeoises et chevaliers combattirent l’étranger aux côté de leur souverain.
    Lorsque Louis XIV agonisant déclare « je m’en vais mais l’Etat demeure » (Bluche) il annonce le temps où la Nation devient autonome, irréductible à la volonté du souverain, mais doit suivre ses intérêts propres dans un contexte stratégique et de valeurs particulier. (Drevillon) Cette mutation est globalement achevée sous Louis XVI où le discours stratégique français s’élabore sur la base de la liberté de circulation, sur les droits des nations, sur, enfin, un véritable ordre international fondé sur l’équilibre des forces et la concurrence économique (Poussou). La guerre même contre l’Angleterre ne se veut pas totale, elle n’est qu’un rééquilibrage. La dialectique de la liberté des mers permet de mobiliser les flottes européennes contre la Navy au nom du droit des gens. Les jeux de puissances interdisent l’idée liberticide d’empire.

    La puissance comme bien commun
    Après la Révolution et tout au long des deux siècles suivants, l’idée de droit des gens étendue aux relations internationales va déboucher sur celle de guerre juste. La conflictualité doit se justifier et les nations refusent de verser leur or et leur sang pour une cause qui n’en vaille pas la peine.
    La politique de puissance des nations est dès lors subordonnée au bien commun, ou du moins à sa représentation collective. La nation exige des comptes. La politique de puissance d’un Etat de droit n’est ainsi que l’expression de la prise en main de son destin. « La liberté implique de se risquer au déploiement de la puissance. » (Forget).

    L’histoire a-t-elle un sens ?
    Le drame de la pensée européenne contemporaine vient de sa passion des modélisations qui parfois la distrait du réel. Depuis qu’elle a rejeté Dieu hors des limites du monde, elle lui cherche un remplaçant pour signifier le monde, lui donner un sens.
    Le siècle des Lumières a inventé le culte de la Raison. Il s’est imaginé que le progrès des sciences et techniques se ferait au bénéfice de l’homme. Hegel a formalisé ce rêve en imaginant l’histoire sous forme d’ascension. La conscience de l’homme franchirait des étapes et s’éveillerait progressivement.
    Marx, enfin, a cru mettre à jour le ressort de l’histoire qui serait la lutte des classes.
    Toutes ces théories et leur postérité se fondent en une seule : celle d’une main invisible guidant la destinée de l’homme.
    L’historien intervient ici avec sécheresse. Il voit des facteurs, des bouleversements, des Révolutions parfois. Des données nouvelles à assimiler, des contraintes inconnues à surmonter, des constantes lourdes à maîtriser. Mais la marche de l’histoire est un mythe. Poursuivant une fin, l’homme en atteint souvent une autre, c’est ce que Jules Monnerot nommait l’hétérotélie.
    L’homme est capable de s’affranchir des facteurs rationnels et même des conditions de son bien propre. Les ressorts psychologiques des individus et des peuples confinent parfois à l’irrationnel, ainsi de la guerre suicidaire du Paraguay contre la coalition du Brésil, de l’Argentine et de l’Uruguay où elle perdit héroïquement et sans profit les deux tiers de sa population de 1865 à 1870. Des individus, parfois, provoquent des ruptures. Alcibiade changeait, au gré de ses voltefaces, le destin de la guerre entre Athènes et Sparte plus sûrement qu’une flotte de trières en armes. Le génie de Napoléon valait 100 000 hommes. Un évènement anodin, parfois, met en branle les grandes tectoniques sociales et politiques. Il a suffi qu’un camelot désespéré s’immole par le feu en Tunisie pour bouleverser toute la sous-région.
    L’histoire est donc constituée d’évènements prévisibles et de ruptures qui sont autant d’opportunités, exploitées ou non. S’il fallait lui donner un sens, ce serait celui de l’action, de l’interaction des communautés humaines. Il n’est d’autre destin que celui que l’on forge.

    La fin de l’histoire ?
    L’écroulement de l’URSS ouvrait l’ère de l’hégémonie américaine. En attendant que le monde nouveau se mette en place, les Etats-Unis n’avaient plus de compétiteur. La terre était appelée à devenir un immense marché où s’entendraient les démocraties. Les récalcitrants, dont Saddam Hussein fournit l’archétype, seraient punis. A la recherche de puissance succédait la coopétition économique. Francis Fukuyama pouvait avancer sa thèse de la « fin de l’histoire ». En France, Bertrand Badie le relayait à sa manière en proclamant  «l’impuissance de la puissance ». Leur songe brumeux s’est évaporé au soleil de la réalité. Le « Grand échiquier » s’est remis en place. La Chine s’est réveillée. La Russie est redevenue une puissance. La crédibilité militaire occidentale s’est émoussée en Afghanistan. Le déclin européen s’est poursuivi tandis que le pivot du monde a basculé de l’espace Atlantique à l’arc Pacifique. La compétition est plus que jamais rude entre les individus, les peuples, les puissances.
    Certes, l’histoire est tragique, c’est un lieu commun que de le rappeler. Vouloir en sortir c’est pourtant quitter le domaine de la liberté humaine. C’est délaisser l’action et entrer de plein pied dans l‘Age du renoncement (Delsol).

    Intérêt de milieu et intérêts de possession : la fin de la guerre ?
    La puissance a longtemps été territoriale. Les bâtisseurs d’empires rassemblaient des terres et entraient dans l’histoire. La puissance territoriale était aussi un enjeu de prestige. Meurtrie par la perte de l’Alsace-Lorraine, la France de la IIIe République fit preuve d’une véritable boulimie, conquérant à peu près tout ce qu’elle pouvait. Les terres, les montagnes et les déserts. Nous savons depuis les travaux de Jacques Marseille que l’empire colonial français fut un gouffre financier. Il fut aussi un formidable multiplicateur de puissance, véritable assurance-vie de la nation. Si la France n’avait pas eu Dakar et Alger, elle n’aurait jamais siégé à la table des vainqueurs du second conflit mondial. Elle disposait grâce à l’empire d’une certaine marge de manœuvre, d’une liberté de mouvement relative.
    Tout cela est passé. Les enjeux territoriaux ont perdu leur valeur. Les intérêts de milieu ont relégué les intérêts de possession en marges des vecteurs de puissance. Les rivalités s’articulent autour de flux et de réseaux. Il est vain de contrôler un territoire.  Au temps de la globalisation, le coût impérial est devenu prohibitif en termes financiers et de légitimité.
    Certes, on trouve de remarquables exceptions, en Afrique notamment, et quelques tensions sporadiques en mer de Chine. Globalement, les grandes puissances ne s’affrontent plus pour une province. Elles se déchirent sur le terrain de l’économie. « Dans la mesure où la conquête géographique n’a plus vraiment de sens, n’étant plus la manifestation adéquate de la puissance et la mesure réelle du pouvoir, ces deux champs d’affrontement (l’économie et l’opinion) constituent en quelque sorte un autre moyen de faire la guerre […], d’imposer sa volonté aux autres – ce qui définit très exactement la puissance écrivait Raymond Aron » ( Delbecque).  Pour être devenue économique, la guerre n’en est pas moins acharnée entre les peuples. Les friches industrielles sont le pendant moderne des ruines de guerres. Les batailles perdues ne laissent plus de morts sur le terrain mais des cohortes de chômeurs sans avenir. Perdre un marché, une compétence ou un avantage concurrentiel est plus lourd de conséquences sur la collectivité qu’un revers lors des campagnes d’antan. Eric Delbecque a pu avancer que « L’histoire de la guerre se définit donc comme le récit des métamorphoses de la contrainte ».  Le monde contemporain est celui de la compétition tout azimut. Economique certes. Militaire, toujours. Mais aussi scientifique, sportive, culturelle…

    À suivre http://www.infoguerre.fr/france-europe-puissances/puissance-histoire-etats-souverainete/

  • La Croatie intègre l’UE, une mauvaise nouvelle pour l’économie croate ?

    La Croatie devient ce lundi 1er juillet le 28e Etat-membre de l’Union européenne. Mais c’est un pays en crise qui rejoint une UE elle-même en mauvais état. Et l’intégration n’aura pas de conséquence positive immédiate. Au contraire, elle risque même de fragiliser encore plus la chancelante économie croate.

    Dans un pays en récession, où le chômage touche officiellement 22% de la population et au moins 40% des jeunes, la perspective de l’intégration européenne ne suscite plus guère d’enthousiasme. D’après des enquêtes récurrentes, les Croates anticipent le fait qu’ils vivront plus mal après l’intégration de leur pays qu’aujourd’hui. C’est une première absolue, tous les élargissements ayant été associés à une promesse de vie meilleure -certes, pas toujours tenue, notamment dans le cas de la Roumanie et de la Bulgarie, qui ont rejoint l’Union en 2007.

    Cette morosité de l’opinion publique est confirmée par les économistes, qui estiment que la Croatie ne devrait pas tirer le moindre bénéfice de son entrée dans l’UE, au moins au cours des deux années à venir. Conséquence de son adhésion à l’UE, la Croatie va devoir quitter l’Accord de libre-échange d’Europe centrale (CEFTA) qui réunit les États des Balkans occidentaux ainsi que la Moldavie.

     

    Les produits croates vont donc perdre de leur compétitivité sur les marchés régionaux, où ils sont traditionnellement bien implantés (en particulier en Bosnie-Herzégovine, au Monténégro ou en Serbie), sans espoir sérieux, en contrepartie, de pouvoir percer sur ceux de l’UE. Certaines entreprises croates envisagent même de se délocaliser en Bosnie ou en Serbie pour demeurer au sein de la zone CEFTA.

    « La Croatie condamnée à achever sa désindustrialisation »

    « Nous ne pouvons pas avoir le beurre et l’argent du beurre, tempère Ivo Josipovic, le président croate. L’Union européenne constitue une réponse à la mondialisation de l’économie. Il serait illusoire de penser que la Croatie puisse réussir dans cette compétition mondiale sans être intégrée au sein du marché européen. L’intégration européenne est le gage de notre future prospérité. »

    Et le chef d’Etat de continuer : « En négociant avec l’Union et nos voisins, nous allons essayer d’adoucir les conséquences de notre retrait du CEFTA, pour nous et pour nos partenaires. À terme, l’adhésion de la Croatie permettra de rapprocher de l’Union nos voisins d’Europe du Sud-Est et d’alléger les barrières douanières. »

    La Croatie a « bénéficié » des plus longues négociations d’adhésion de l’histoire de l’UE, puisque celles-ci ont débuté il y a dix ans, en 2003. « En réalité, déplore Kresimir Sever, le président des Syndicats indépendants croates (NHS, l’une des principales confédérations), le seul point sur lequel l’UE a véritablement insisté au cours de la dernière période était le chapitre VIII, celui qui concerne la libre concurrence. Au nom de ce principe, la Croatie est condamnée à achever sa désindustrialisation. »

    « Le tourisme, une usine à fabriquer des estropiés »

    L’UE a exigé que Zagreb cesse toute aide publique aux chantiers navals et procède à leur « restructuration » -c’est-à-dire à leur privatisation- avant le 1er juillet. La construction navale constitue la dernière spécialité industrielle du pays et représente des dizaines de milliers d’emplois directs et indirects. Le chantier de Kraljevica a fermé ses portes, faute de repreneur, tandis que 3.000 des 3.200 employés de celui de Split ont été licenciés fin mai. Pour l’instant, les chantiers de Pula, Rijeka et Trogir s’en sortent un peu mieux, mais leur avenir à moyen terme reste très incertain. Les exigences européennes passent d’autant plus mal que la France ou l’Italie continuent de subventionner la construction navale.

    Un seul secteur peut espérer tirer un profit immédiat de l’intégration, celui du tourisme, qui représente déjà près du quart du produit national brut (PNB). Cependant, les régions littorales peuvent-elles vivre uniquement du tourisme, qui ne propose guère que des emplois saisonniers mal payés et fréquemment non déclarés ?

    Le chômage est supérieur à la moyenne nationale dans toutes les régions littorales, qui ont vu disparaître les grandes compagnies de navigation qui faisaient leur gloire et leur richesse à l’époque yougoslave, et dont les chantiers navals sont désormais menacés. Certains promoteurs verraient d’ailleurs d’un bon œil la disparition des chantiers, perçus comme une « gêne » pour le tourisme, comme ceux de Pula, qui occupent l’îlot d’Uljanik, au cœur de la ville, en face des arènes romaines…

    « La Croatie sera un pays de seconde zone »

    Les conditions de travail sont particulièrement difficiles dans le tourisme : le plus souvent, les salaires ne dépassent pas 1.500 kunas, soit quelque 200 euros par mois, auxquels s’ajoutent les éventuels pourboires, et la saison se concentre sur deux mois à peine. Pour Bruno Bulic, président du syndicat de la très touristique région d’Istrie, « le tourisme est une usine à fabriquer des estropiés, une nouvelle forme d’esclavage ».

    L’agriculture croate a également été mise à mal depuis des années par l’ouverture du pays aux importations européennes, et le secteur de la pêche est également menacé, notamment du fait de la raréfaction de la ressource halieutique, conséquence directe de la surpêche et de l’absence d’une véritable politique de la mer.

    Pour Branko Segvic, le président du syndicat des chantiers navals de Split, la Croatie entre dans l’Union européenne « sans préparation réelle ». « Notre économie a été dévastée et nous n’avons rien d’autre à offrir que des services aux pays de la riche Europe du Nord, déplore-t-il. Dans l’Union, la Croatie sera un pays de seconde zone, comme tous les Etats d’Europe du Sud ».

    RFI  http://fortune.fdesouche.com

  • Mensonge et désinformation sont les deux mamelles du Pouvoir

    Plus précisément, désinformation, intoxication, subterfuge, mensonge, tromperie ou machination sont les outils de la ruse, une très vieille histoire. Souvenons-nous du cheval de Troie.
    Plus près de nous, on se rappellera que le 3 avril 1943, à Katyn, les militaires allemands exhument les corps d’officiers polonais exécutés en 1940 par le NKVD sur ordre de Staline et du Politburo du Comité Central du Parti Communiste d’Union Soviétique, daté du 5 mars 1940. Trois commissions d’enquête et un film tourné entre le 10 avril et le 3 juin 1943 attestent de ce crime communiste. La désinformation anglo-américano-franco-soviétique tourne à plein régime et ce crime imprescriptible, selon la convention sur le génocide adopté par l’ONU en 1948, ne sera largement publié et porté à la connaissance du grand public qu’à  la fin des années 90.
    Intox encore, fin mai 1944 : opération FORTITUDE dans le Kent avec faux camions, faux chars, faux canons et des milliers de tentes et de réchauds de cuisine, destinés à tromper les armées allemandes vers un faux débarquement dans le Pas-de-Calais (juste en face).  Bingo, Hitler tombe dans le panneau !
    Désinformation permanente toujours, organisée et mise en œuvre par le Parti Communiste Chinois du 1er Octobre 1949 à aujourd’hui, mais plus particulièrement durant le règne de Mao-Tsé-Toung : « La longue marche » en 1934-35, la campagne des « Cent Fleurs » en 1956, le « Grand Bond en avant » en 1958, la « Révolution Culturelle » en 1966, avec la promotion du petit Livre Rouge, sont autant d’épisodes sanglants, vantés hier à la gloire du « Grand Timonier » avec la complicité des intellectuels collaborateurs-bourgeois de la caste politico-médiatique européenne. Aujourd’hui, les LAOGAIS (1.447 camps dans 33 provinces chinoises) continuent à être utiles au régime pour y parquer les « déviationnistes » et les « brigands ». RIEN n’a changé dans l’Empire du Milieu et à lui tout seul, le P.C.C est coupable de plus de 60 millions de victimes !
    En décembre 1989, après la destitution de Nicolas Ceausescu, le monde entier sanglote en voyant les images du « charnier de Timisoara » et le chiffre de 4.632 victimes est avancé : grossier mensonge ! En vérité, il n’y en a pas une cinquantaine. Plus fort, on nous a montré les images d’un homme et les cadavres d’un nourrisson et d’une femme : l’homme qui pleure sur le corps du bébé, n’est pas son père et l’enfant est décédé de mort subite ; la femme mise en scène n’est pas l’épouse de l’homme, ni la mère du bébé et elle est morte d’une cirrhose du foie ! ! !  MANIPULATION et MYSTIFICATION ! !
    Quelques mois plus tard, l’armée irakienne envahi le Koweït, le 2 août 1990 (territoire libéré en Février 1991). Le 10 octobre, une prétendue Nayirah déclare devant le Congrès américain qu’elle a vu les soldats irakiens entrer dans la maternité, arracher les bébés des couveuses et leur écraser la tête contre les murs… En réalité, le témoin est la fille de l’ambassadeur du Koweït à Washington et RIEN n’est vrai dans tout ce qu’elle raconte pour une campagne de désinformation qui a coûté 10 millions de dollars et destiné à tout mettre en œuvre pour une future intervention militaire américaine.
    Durant la 2ème guerre du Golfe, la tromperie s’est encore surpassée. Le 5 février 2003, le show devant le Conseil de Sécurité de l’ONU est assuré par Colin Powell, secrétaire d’État  américain et ancien chef d’état-major de l’US Army. Tout y passe : les arguments « irréfutables » fondés sur des informations « sûres et fiables » et aussi des renseignements  de « première main ». Et le clou de la représentation est un tube d’anthrax utilisé par les terroristes, brandi par Colin Powell, avant la projection de l’image d’un tube d’aluminium prouvant que les irakiens enrichissent de l’uranium en vue de fabriquer un jour une bombe atomique… Les honorables représentants au Conseil de Sécurité en restent bouche bée. Mais ne croient pas un mot de ce qu’ils viennent d’entendre : l’Amérique n’arrivera jamais à rassembler les 9 voix nécessaires pour une résolution sous chapitre 7 autorisant à utiliser la force.

     Car l’exposé de Colin Powell est un pur montage de bric et de broc. TOUT EST BIDON, les « preuves » en carton-pâte. Les fameux camions labos « bactériologiques » ne sont que des véhicules logistiques de ballons-sondes météos. Les bases « d’armes chimiques » ne sont que des déchetteries. Et le comble est que le fameux rapport « accablant » de 19 pages, distribué aux parlementaires 2 jours auparavant, n’est qu’une thèse de 3ème cycle publiée en 1991 par un irako-américain Ibrahim Al-Marashi, mais présentée comme un rapport britannique « irréfutable ». Le pot aux roses est dévoilé dès le 7 février et Tony Blair a dû  s’en excuser.  Précisons que  Colin Powell avait déjà lu quelques jours avant son intervention devant le Conseil de l’ONU, le rapport rédigé par Lewis Libby, (directeur de cabinet du vice-président Dick Cheney) et avait conclu : « C’est de la merde » ; c’est pourquoi il a exigé que George Tenet -patron de la CIA- soit à ses côtés, pour ne pas porter seul le chapeau…TOUT EST FAUX ! Car ces va-en-guerre mentent, cyniquement, délibérément ; ils estiment que la fin justifie les moyens. Et après les attentats du 11 septembre 2001, Paul Wolfowitz, numéro 2 du département de la Défense, avait déjà créé une officine chargée de recueillir toutes les dépêches d’agences pour ne retenir et diffuser que celles qui pouvaient amener les naïfs à croire que l’IRAK possédait des armes de destructions massives, malgré les centaines d’inspections de l’ONU qui prouvaient le contraire.

    Paul Wolfowitz a d’ailleurs reconnu, bien plus tard : « Ce thème des armes de destruction massive a été retenu, parce que c’était le seul sur lequel nous pouvions tous tomber d’accord » ! ! !
    Alors, méfiez-vous du poids des mots et du choc des photos ! TOUT se manipule, se travestit et se transforme… selon les intérêts en jeu.
    Avec le « Printemps arabe », la « Révolution de Jasmin », les manifestations  en Tunisie, en Égypte, en Libye, au Yémen, à Bahreïn, la guerre au Mali, et maintenant la rébellion en Syrie, la « propaganda-staffel » américano-sioniste déverse ses mensonges grâce à la complicité des medias aux ordres.
    En France, au mois de  juin, l’Assemblée Nationale a observé une minute de silence à la mémoire de Clément Méric, « tué par le fââââchisme »… alors même que la réalité des faits oblige aujourd’hui la classe politique, médiatique et culturelle à reconnaître que ce militant gauchiste était l’agresseur et qu’il est mort accidentellement. En état de légitime défense, Estéban, la cible de Méric, croupit injustement dans les geôles de la gueuse. Une fois encore, le Pouvoir a utilisé la désinformation pour tromper le public.
    Comme l’écrivait Paul VALERY : « Le mensonge et la crédulité s’accouplent pour former l’opinion ».
  • Politique politicienne à l'Elysée

    Valeurs Actuelles révèle :

    V"il existe pourtant bien un “cabinet noir” à l’Élysée, chargé de veiller à la mise hors circuit de l’ancien chef de l’État et d’orchestrer le rythme des “affaires” qui ternissent son image. À sa tête : le commandant militaire de l’Élysée, le colonel de gendarmerie Éric Bio-Farina, au profil autrement plus compatible avec la gestion d’un cabinet noir. Au mois d’avril 2013, le colonel Bio-Farina vient trouver le chef du service des transmissions et de l’informatique de l’Élysée, un contractuel en poste depuis le précédent mandat. Il lui demande d’accéder, dans le réseau informatique de la présidence, à l’ensemble des données du quinquennat de Sarkozy afin d’y récupérer des documents “sensibles” — invoquant de potentielles demandes de la justice. Problème : cette requête, en plus d’être gênante, est irrégulière. À la fin de chaque mandat présidentiel, le chef de l’État signe un protocole d’accord avec les Archives nationales pour qu’y soit versé l’ensemble des documents du quinquennat. Ces archives n’appartiennent qu’à ceux qui les ont produites, lesquels en conservent le bénéfice exclusif d’exploitation. Malgré plusieurs scènes de “menaces”, le chef du service informatique refuse de violer le protocole. Il s’arrange même pour que les archives 2007-2012 de la présidence soient mises à l’abri, sous scellés. La sentence tombe immédiatement : l’homme est mis au placard, rétrogradé au rang d’adjoint de son service. Un licenciement de fait. Le colonel Bio-Farina agit-il sur ordre contre Sarkozy ? Fonctionnaire zélé, c’est en tout cas lui qui s’est empressé, quelques semaines plus tôt, de livrer à la justice la liste des personnes venues à l’Élysée entre 2007 et 2012 en passant par la grille d’honneur, dont Bernard Tapie — lequel ne s’en cachait pourtant pas…

    On entend déjà le pouvoir socialiste crier au fantasme — qui peut croire Hollande capable de donner de tels ordres ? —, offrir un sourire de complaisance et invoquer le zèle d’un fonctionnaire. Un détail, néanmoins, attirera l’attention : avant de prendre ses fonctions à l’Élysée, le colonel Bio-Farina dirigeait depuis trois ans le groupement de gendarmerie de Corrèze, basé à Tulle, fief du président… Celui-ci n’est pas pour autant un intime de Hollande, mais il est arrivé à l’Élysée par l’intermédiaire d’Alain Zabulon, préfet de… Corrèze avant de devenir directeur de cabinet adjoint du président. « Bio-Farina est connu pour être un homme de cabinet, il n’agit que sur ordre », nous confie un haut cadre de la gendarmerie. Quant à Zabulon, Hollande vient de lui confier le poste ultra-sensible de coordonnateur national du renseignement : la tour de contrôle du président."

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  • Roland Dumas dans l’œil du phénix

     

    Personnage aux multiples facettes, Roland Dumas vient de publier un livre où il passe en revue les rencontres majeures de sa tumultueuse vie d’avocat, de député et de chef de la diplomatie du président François Mitterrand.

     

    De gauche à droite : Jean-Marie Le Pen, Me Elie Hatem et Roland Dumas

    Infatigable, lucide, jovial, fin analyste et diplomate - dans tous les sens du terme -, Roland Dumas me surprend avec son énergie débordante, ses projets et ses idées qu’il lance courageusement, à quatre-vingt-neuf ans. Charmant et charmeur, notamment de la gente féminine, qualité indispensable en politique, il multiplie les interventions sur les plateaux télévisés, les rendez-vous, les voyages et les aventures de toute sorte... Le suivre est un défi permanent.

    Question syrienne

    Fin juriste – avocat, mais aussi président d’honneur du Conseil constitutionnel -, il nourrit sesréflexions de son expérience politique et diplomatique. Rationnel et objectif, il s’insurge contre toute aberration, surtout quand sont en jeu les intérêts de notre pays. C’est ainsi qu’il rejoint, par exemple, la position de Marine Le Pen sur la question syrienne : « Ce n’est pas parce que Marine Le Pen le déclare que c’est mauvais de le penser ! [...] Je ne comprends pas la logique de notre diplomatie qui veut armer les rebelles en Syrie dont un grand nombre est constitué d’islamistes liés notamment à Al-Qaïda. Ce sont ces mêmes mercenaires qu’on veut armer en Syrie qui iront attaquer nos soldats au Mali ! »

    L’intérêt supérieur de la nation et la défense du pays réel sont ancrés dans le subconscient de ses objectifs politiques. Il le rappelle dans cet ouvrage, notamment dans les deux chapitres consacrés à François Mitterrand, un personnage lui aussi complexe à placer sur l’actuel échiquier politique républicain. Est-il de droite ou de gauche ? L’origine du clivage droite-gauche remonte à la Révlution, où les partisans de la royauté se rangèrent à la droite du président de l’Assemblée nationale, et les républicains à sa gauche. Cette tradition est désuète aujourd’hui, la droite et la gauche étant toutes les deux républicaines... Au-delà de tout clivage, c’est la nation qui compte. C’est la raison pour laquelle, quand on l’interroge sur sa carrière politique et diplomatique, Roland Dumas répond : « J’ai servi la France. » Ce faisant, il reprend Talleyrand, qu’il considère comme « un homme exceptionnel » et auquel on l’a récemment comparé dans une émission de télévision. À l’instar de Talleyrand, il se défend d’avoir son propre style en politique mais surtout en diplomatie, marquant ainsi l’histoire contemporaine de notre pays. On disait que Mitterrand avait « deux amis avocats : Badinter pour le droit et Dumas pour le tordu ».

    Colloque à la Faco

    Cette énigme du personnage, mais surtout son intelligence, son sens de la réplique et sa rhétorique saisissante ont impressionné toute une assistance composée d’ancien présidents de la République, d’anciens ministres, de hauts diplomates, de personnages politiques, il y a quelques mois, lors d’un colloque que j’avais organisé à la Faculté libre de droit et d’économie de Paris. Il en a présidé la deuxième partie, tandis que la première l’avait été par M. Boutros-Ghali, ancien secrétaire général des Nations Unies - dont l’élection à cette fonction avait été manœuvrée par François Mitterrand et Roland Dumas.

    Dans l’assistance se trouvait Jean-Marie Le Pen. [...]

    Me Elie Hatem - La suite sur L’AF 2866

    http://www.actionfrancaise.net

  • Malgré la censure et la répression, la parole est encore aux Français (VIII)

    Chronique de Michel Geoffroy.
    François. Hollande avait promis, pour mobiliser la gauche, de taxer les contribuables les plus riches à hauteur de 75%. Mais, à la différence du mariage homosexuel, cette promesse a fait long feu.
    Par contre, F. Hollande est bien devenu Monsieur 75%… d’opinions défavorables ! Une première sous la Ve République. M.G.

    Plus de 75% des Français inquiets pour leur avenir
    79% : c’est le mauvais moral des Français mesuré par l’indicateur synthétique de confiance des ménages de l’INSEE, soit son plus bas historique depuis la création de l’indicateur en 1972 (Les Echos du 29 mai 2013).
    77% des personnes interrogées se disent « moins confiantes » concernant l’avenir économique de la France (baromètre de l’économie BVA/Axys Consultants des 28 et 29 mars 2013).
    66% des personnes interrogées estiment que la France ne sortira pas de la crise avant 2015 (sondage CSA/BFM TV des 23 et 24 avril 2013).
    72% des personnes interrogées estiment que leurs enfants à leur âge vivront moins bien qu’elles (sondage européen Ipsos/CGI/Publicis du 14 mars au 7 avril 2013).
    76% des personnes interrogées disent ne pas faire confiance « au gouvernement pour assurer l’avenir des retraites » et 71% se déclarent inquiètes pour leur niveau de vie (sondage Ipsos /Union mutualiste retraite /Liaisons sociales des 12 et 13 avril 2013) ; 83% des personnes interrogées et 76% des 18 à 24 ans se déclarent inquiets pour leur retraite (institut CSA /L’Humanité, Les Echos du 21 juin 2013).

    Une défiance croissante vis-à-vis du Système institutionnel
    77% des personnes interrogées estiment que le personnel politique est corrompu ; le sentiment de « dégoût » vis-à-vis de la classe politique a progressé de 13 points en 3 ans (sondage Opinion Way/LCI/Le Figaro des 4 et 5 avril 2013).
    75% des personnes interrogées jugent l’Union européenne inefficace (enquête BVA/Le Parisien/IRIS des 14 et 15 février 2013).
    Seules 29% des personnes interrogées trouvent F. Hollande « compétent » mais 54% ne regrettent pas N. Sarkozy pour autant (sondage CSA/RTL des 26 et 27 mars 2013).
    84% des personnes interrogées sont opposées au port du voile ou du foulard islamique travaillant dans des lieux privés accueillant du public (sondage Ifop/Dimanche Ouest France des 19 et 21 mars 2013, soit après l’annulation par la Cour de cassation du licenciement d’une employée voilée de la crèche Baby Loup).

    François Hollande, le second tant pire
    74% des personnes interrogées sont « mécontentes » de l’action de F. Hollande (enquête Opinion Way/Le Figaro/LCI des 16 et 17 avril 2013).
    26% seulement des personnes interrogées se déclarent satisfaites de F. Hollande (baromètre Ipsos/Le Point des 5 et 6 avril 2013) ; 24% selon le baromètre TNS Sofres/Le Figaro Magazine du 24 au 27 avril 2013, soit un record de faiblesse au bout d’un an de mandat ; 26% selon le baromètre Ifop/Le Journal du dimanche du 14 au 22 juin 2013.
    73% des personnes interrogées ne perçoivent pas de changement en France depuis l’élection de F. Hollande (baromètre Clai-Métro-LCI /Opinion Way du 2 au 7 mai 2013).
    67% des personnes interrogées déclarent ne pas faire confiance à F. Hollande pour « affronter efficacement les principaux problèmes » (baromètre CSA/Les Echos des  2 et 3 avril 2013). Dans le même baromètre sa cote de confiance s’établit à 29%, soit un score inférieur au plus mauvais de N. Sarkozy en mars 2011.
    Seules 15% des personnes interrogées se déclarent favorables à une augmentation de 10% des impôts et taxes (sondage Ipsos/CGI Business consulting du 15 au 20 mars 2013).
    Michel Geoffroy http://www.polemia.com
    1/07/2013

  • Panorama du Moyen-Orient

    George Corm, économiste libanais, est un des éminents spécialistes du Moyen-Orient et de la Méditerranée. Outre son statut de consultant économique et financier international, il est professeur depuis 2001 à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, dans le cursus des sciences politiques. Ses ouvrages les plus célèbres sont L’Europe et l’Orient (La Découverte) ; Orient-Occident, la fracture imaginaire (La Découverte) ; La question religieuse au XXIè siècle (La Découverte) ; Le nouveau gouvernement du monde, idéologie, structures, contre-pouvoirs (La Découverte) ; Pour une lecture profane des conflits (La Découverte) ; Le Proche-Orient éclaté 1956-2012, 2 volumes (Folio/histoire). Ils sont traduits en plusieurs langues.

    Le Moyen-Orient est en pleine recomposition. Comment expliquez-vous cette évolution ? Etait-elle en germe, et depuis quand ?
    Il y a beaucoup d’observateurs qui pensent en effet que nous sommes dans l’ère de la fin des accords franco-britanniques dits Sykes-Picot (1916) qui ont balkanisé ce qu’on appelait, au début du siècle passé, les provinces arabes de l’Empire ottoman. Ou d’autres qui parlent de période de transition de régimes autoritaires vers des régimes de type démocratique. Je pense que dans les deux cas, nous sommes loin de tels scénarios. En effet, la remise en cause des Etats existants paraît quand même assez difficile, sauf à généraliser des situations de chaos partout. Si nous prenons le modèle syrien, ou éventuellement le modèle libyen où il y a emploi massif d’armes venues de l’extérieur, à la limite on peut dire qu’il y a des zones d’influences qui se mettent en place sous l’égide des grands acteurs régionaux et internationaux. Mais enfin je ne vois pas d’Etats disparaître de la carte et de nouveaux Etats être créés et reconnus, comme cela a pu être le cas avec l’ex-Yougoslavie. Probablement si nous étions en contact géographique direct avec l’Europe, ceci aurait pu arriver, mais sur l’autre rive de la Méditerranée cela paraît quand même nettement plus difficile. D’un autre côté, pour ce qui est de la transition vers la démocratie, le problème qui se pose aujourd’hui est essentiellement celui de la nature des mouvances islamiques sur lesquelles les milieux européens et américains ont misé depuis bien des années. Ces mouvances, trop souvent idéalisées, ont désormais montré leur vrai visage, celui d’un autoritarisme et d’un désir de contrôle des libertés individuelles.
    Nous avons donc un problème aigu, important, qui va déterminer l’avenir : est-ce que les mouvances de type modernistes, laïques ou attachées aux libertés individuelles et qui refusent le référent religieux dans le fonctionnement d’un système politique vont pouvoir s’affirmer face aux mouvances islamiques ? On peut être inquiet si l’on prend en compte le fait que ces dernières jouissent jusqu’ici de l’appui total de l’Occident et qu’elles bénéficient en outre de très importants financements en pétrodollars, en provenance des royautés et émirats pétroliers alliés des Etats-Unis et de l’Europe. Ce sera donc une très longue bataille, très intéressante. C’est cette bataille qui va décider du sort du monde arabe et de la possibilité pour ces pays arabes d’établir non seulement de véritables règles démocratiques, mais aussi une véritable indépendance par rapport aux forces régionales et internationales.

    Concernant la crise syrienne, de nombreux acteurs sont impliqués (Qatar, Arabie Saoudite, Turquie, Israël). Pourquoi ?
    Mais vous avez oublié dans cette liste la France, l’Angleterre, les Etats-Unis ! J’ai eu l’occasion d’expliquer dans diverses interviews que dès le départ, il y a une différence fondamentale entre la révolte syrienne et ce qui s’est passé en Tunisie, en Egypte et au Yémen. En Syrie, vous aviez un malaise rural important depuis 2007, du fait d’une série d’années de sècheresse, puis du fait que le gouvernement a voulu faire plaisir au Fonds Monétaire International et aux pays occidentaux, et qui s’est mis à supprimer pas mal des subventions dont jouissait l’agriculture. Les observateurs de terrain en Syrie savaient que le monde rural, autrefois très privilégié par le régime et qui avait longtemps constitué sa base essentielle, commençait vraiment à connaître un état de mécontentement grandissant.
    Quand vous regardez où ont eu lieu les manifestations en Syrie, quelle était la composition sociale des manifestants et quel était leur nombre, on voit bien qu’ils étaient des ruraux pauvres dans des régions rurales pauvres périphériques, situées aux frontières avec la Jordanie et la Turquie. Les images parlaient d’ailleurs d’elles-mêmes. Elles contrastaient avec les grandioses manifestations de masse, tunisiennes, yéménites ou égyptiennes, où tous les groupes sociaux et toutes les classes d’âge étaient au rendez-vous. On a très vite assisté à l’arrivée d’armes aux mains des groupes d’opposants qui se sont constitués sur le terrain. De plus, il y a eu le déchaînement d’une guerre médiatique absolument spectaculaire contre le régime syrien. Or, les manifestations de masse en Syrie ont eu lieu en faveur du régime et contre l’opposition armée ; dans ces manifestations on a vu toutes les classes sociales, tous les groupes d’âge et de très nombreuses femmes…
    C’est donc une différence absolument fondamentale par rapport aux autres situations de révoltes dans le monde arabe. Par ailleurs, l’armée ne s’est nullement effondrée et elle a fait face avec de plus en plus de détermination et de violence à l’arrivée, de l’international, de combattants qu’on appelle à tort Djihadistes, parce que lorsque des musulmans tuent d’autres musulmans, cela n’est pas un djihad. On a donc eu en Syrie un scénario qui s’est mis en place qui est en train d’aboutir à une destruction systématique de la société syrienne et de sa richesse matérielle (infrastructures, habitations, potentiel industriel). C’est une répétition de ce que la communauté internationale a fait subir à l’Irak et demain nous verrons – comme cela s’est passé en Irak ou auparavant au Liban – que sous prétexte de reconstruction, le pays sera pillé par des grosses entreprises de BTP arabes ou turques ou internationales. On a déjà vu cela au Liban où, au sortir des quinze ans de violence entre 1975 et 1990, le pays a été enfoncé dans une dette invraisemblable et où après vingt-deux ans de reconstruction il n’y a toujours pas d’eau ou d’électricité courantes ! Et en Irak, malgré son énorme richesse pétrolière, les grandes infrastructures d’eau et d’électricité ne sont toujours pas complètement reconstruites. Il faut donc s’attendre à un même scénario en Syrie.
    Par ailleurs, il faut bien voir que les données internes syriennes sont tout à fait secondaires dans le conflit, car la Syrie est devenue un champ d’affrontement colossal entre, d’un côté les deux grandes puissances montantes, la Chine et la Russie, ainsi que l’Iran, et de l’autre les pays occidentaux, l’OTAN… dont le but est très clairement de faire sauter les derniers verrous anti-israéliens de la région, ces derniers verrous étant essentiellement constitués de l’axe Iran-Syrie-Hezbollah qu’on appelle, pour le dénigrer et pour donner dans le sensationnel, « l’arc chiite ». Beaucoup d’analyses se font à base de sensationnel communautaire qui est instrumentalisé pour faire croire que le conflit est entre chiites et sunnites à l’échelle régionale, alors qu’il s’agit d’un problème de géopolitique très profane. Il y a aussi des considérations pétrolières et gazières qui entrent en jeu.

    Pensez-vous qu’un embrasement régional pourrait avoir lieu dans le contexte de la crise syrienne, notamment au Liban ?
    Déjà en 2007, dans la revue Futurible, j’avais évoqué un scénario de troisième guerre mondiale éventuelle, déclenchée autour la question du développement de la capacité nucléaire iranienne. Car les passions anti-iraniennes étaient déjà d’une virulence peu commune qui n’a pas baissé de registre. Le reproche fait à l’Iran étant sa rhétorique anti-israélienne et surtout son aide au Hezbollah libanais passant par la Syrie. Aussi, l’axe Iran, Syrie, Hezbollah est-il considéré depuis des années comme à abattre dans les milieux de l’OTAN. Or, il faut bien voir que même si cet axe est réduit ou affaibli ou disparaît, il rebondira ou sera reconstitué différemment, et ceci tant que l’Etat israélien continuera de se comporter comme il se comporte vis-à-vis des Palestiniens qui continuent d’être dépossédés de ce qu’il leur reste de terre, mais aussi vis-à-vis des Libanais qu’ils ont énormément fait souffrir entre 1968 (date du premier bombardement contre le pays) et 2000, lorsque l’armée israélienne est forcée de se retirer du pays après 22 ans d’occupation, puis tente en 2006 de supprimer le Hezbollah par une série de bombardements massifs qui durent 33 jours.
    On a déjà assisté, à plusieurs reprises, à l’espoir d’avoir « débarrassé » le Moyen-Orient des forces hostiles à la domination israélo-américaine de la région. Ils ont tous été déçus. Cela a été le cas lors de la seconde invasion du Liban par Israël en 1982, qui a abouti à l’exil de l’OLP en Tunisie et dans d’autres pays loin des frontières israéliennes. Puis, cela a été le cas avec la conférence de Madrid et les accords israélo-palestiniens d’Oslo en 1993. Enfin cela a recommencé avec l’invasion de l’Irak en 2003 qui a fait penser que le Moyen-Orient serait en paix grâce à l’élimination de Saddam Hussein. C’est pour cela que je parle des « passions » américaines et européennes en faveur d’Israël, qui empêchent toute possibilité raisonnable de rendre aux Palestiniens leurs droits. Tant que cette situation n’est pas réglée conformément aux lois internationales, et non pas par la force, le Moyen-Orient va rester en ébullition avec tous ces risques d’affrontements dont nous parlons, et qui peuvent effectivement s’embraser.
    Ceci dit, il faut bien voir que dans ces passions, la folie n’est pas totale, c’est-à-dire que les Etats-Unis, après des déploiements militaires qui leur ont coûté énormément (Afghanistan et Irak) et où curieusement ils ne sont pas venus à bout de Al Qaïda, n’ont plus envie d’aventures militaires extérieures. Ce qui est une bonne chose. Maintenant, ils ont trouvé des relais régionaux qui sont notamment la Turquie, qui avait l’air prête à se battre jusqu’au bout contre la Syrie, quatre ans seulement après avoir signé des accords de coopérations, d’amitiés, de fraternité, de libre échange avec ce pays. Ils ont trouvé également les pétrodollars qui financent les armées de combattants venus de l’extérieur.
    L’on s’attendait, dans ces Etats intervenants extérieurs, à ce que l’armée syrienne s’effondre rapidement et tout le régime avec. Mais cela n’est pas arrivé, à la surprise générale de tous ceux qui connaissaient très mal le contexte syrien. Et aujourd’hui, l’armée semble reprendre le dessus militairement. Toutefois, tant que le gouvernement syrien ne pourra pas contrôler ses frontières, qui sont très longues avec la Turquie, l’Irak, la Jordanie et le Liban, les combats et la destruction de la Syrie vont continuer. Quant à ce projet de conférence à Genève, ce n’est qu’un mauvais théâtre. Il me rappelle celui d’il y a quarante ans, lorsque les soviétiques réclamaient une conférence internationale sur la Palestine à laquelle ils se seraient associés. Or, il n’y a eu qu’une seule séance orpheline d’apparat, les Américains et les Israéliens ne souhaitant pas accorder de l’influence à l’URSS dans ce conflit. Donc je suis très sceptique face à ce projet de conférence. Jusqu’ici, nous voyons des rencontres américano-russes sur la Syrie pour organiser une conférence entre les parties au conflit, mais sitôt la réunion terminée, les déclarations des parties au conflit contredisent la volonté d’apaisement.
    Concernant les retombées sur le Liban, elles sont très intéressantes. Le gouvernement libanais a prétendu sagement vouloir rester neutre dans le conflit syrien. Ceci en application du slogan qui existe depuis des années : « le Liban d’abord ». Il s’agit d’ailleurs d’un slogan que même l’OLP avait adopté après sa sortie de Beyrouth en 1982 en vertu duquel « la Palestine d’abord ». On le trouve aussi en Irak après l’invasion américaine et on l’entend dans les milieux de l’opposition syrienne. Or, l’on a vu combien ce slogan a abouti à affaiblir les dirigeants de l’OLP qui sont impuissants devant la colonisation, mais à affaiblir aussi l’Irak.
    Au Liban, ceux qui ont porté ce slogan ne l’appliquent pas, puisqu’ils sont les premiers à s’impliquer militairement par l’envoi de combattants dans la situation syrienne, de même que le Hezbollah le fait, l’arrivée de son armement dépendant largement de la survie du régime syrien, et donc aussi à terme sa propre survie. C’est pourquoi je pense que l’insécurité va demeurer sur toutes les zones géographiques libanaises limitrophes à la Syrie, puisque les combattants vont et viennent. Tout cela alors que l’armée israélienne est toujours surpuissante et a vraisemblablement des velléités d’intervenir à nouveau au Liban dans l’espoir de réussir à faire disparaître le Hezbollah. Cependant, je ne pense pas que l’insécurité va se propager sur tout le territoire. Certes, il y a à Saïda ce cheikh salafiste, radical et anti-Hezbollah qui veut faire le coup de feu contre ce parti. Il est brusquement apparu sur la scène libanaise depuis un an, vraisemblablement financé par les pétrodollars saoudien ou Qatari. La ville de Saïda connaît donc une période troublée, mais dans l’ensemble, la population de la ville est calme, à l’inverse de la ville de Tripoli, qui peut se laisser gagner par le radicalisme islamique. Par contre, plus inquiétant est le délitement des institutions de l’Etat. Mais le Liban sait s’autogérer.

    Que pensez-vous de la situation du pouvoir hachémite en Jordanie ?
    Je crois que les Israéliens doivent continuer à se gratter la tête : faut-il essayer de faire un Etat palestinien en Transjordanie, ce qui est un vieille idée d’Ariel Sharon pour régler le problème palestinien, et ce qui permettrait du même coup d’expulser les Palestiniens restés dans ce qui est devenu le territoire d’Israël. Ou bien faut-il mieux conserver cet allié fidèle des Etats-Unis qu’est la monarchie jordanienne, qui garantit la sécurité de la frontière avec Israël. Mais comme je ne suis pas dans le secret de la pensée stratégique israélienne, je n’ai pas de réponse.

    Après le deuxième mandat de Barack Obama, voit-on un repositionnement de la politique américaine concernant le Moyen-Orient ?
    Non, quand on regarde les Etats-Unis et qu’on cherche à déterminer leurs objectifs principaux, on constate ceci : un, la sécurité d’Israël, et donc qu’Israël puisse continuer de coloniser comme elle le fait depuis 1967. Deux, empêcher l’Iran d’avoir l’armement nucléaire. Dans le sillage évidemment, démanteler l’axe Iran-Syrie-Hezbollah, et ce toujours pour la sécurité d’Israël. Et puis, le contrôle des routes d’approvisionnement pétrolier, et le maintien de l’hégémonie que l’Europe a eu puis que les Etats-Unis ont de concert avec l’Europe sur toute cette zone hautement stratégique pour l’économie et la géopolitique mondiales. C’est très simple à décrypter. Quand Barack Obama a fait son célèbre discours au Caire en 2009, il était dans la droite ligne de la politique américaine traditionnelle, il n’en a pas bougé d’un iota. Ce n’est pas le fait d’inclure la citation de deux versets du Coran dans le texte du discours qui exprime un changement de politique, ce que peut être certains ont naïvement pensé ! Mais simplement les Etats-Unis, comme je disais, sont aujourd’hui beaucoup plus prudents, et cet Etat n’a pas envie de nouvelles aventures militaires extérieures, ce qui est le facteur qui calme le jeu. En tous cas, entre la politique du président George W. Bush et celle de Barack Obama, les mêmes constantes sont affirmées. Lors de son récent voyage en Israël, ce dernier a prononcé des paroles inconditionnellement favorables à l’Etat d’Israël et à sa politique, comme l’ont fait tous les présidents successifs, à l’exception d’Eisenhower et plus accessoirement George Bush père et son ministre des Affaires étrangères, James Baker, qui a protesté énergiquement contre la continuation de la colonisation et a même annulé des aides américaines à l’Etat d’Israël.
    George Corm et Sixtine de Thé http://www.voxnr.com

  • Varennes, 20-25 juin 1791. La fuite de la famille royale et la fin de la monarchie

    La fuite de Louis XVI et de sa famille dans la nuit du 20 au 21 juin 1791 n’est pas qu’un des multiples rebondissements de la période révolutionnaire. Ses conséquences en font un des épisodes cruciaux de la Révolution. Un événement charnière qui va ternir l’image du roi et contribuera au renversement de la monarchie.

    Après son installation forcée aux Tuileries, le 6 octobre 1789, la famille royale n’est plus vraiment libre de ses mouvements. Surveillée de près, ses sorties sont contrôlées.

    Le 19 février 1791, le départ pour Rome des tantes de Louis XVI, inquiètes des lois anti-religieuses, jettent la suspicion sur la famille royale. Comme l’année précédente, Louis XVI souhaite passer la Semaine Sainte puis la belle saison avec sa famille au château de Saint-Cloud. Il fixe le départ au 18 avril. Aussitôt connue la nouvelle de ce projet, les milieux révolutionnaires affirment que le Roi veut quitter Paris pour faire ses Pâques avec un prêtre non assermenté. Au moment du départ, une foule hostile entoure le carrosse et l’empêche de partir. La famille royale doit donc rentrer aux Tuileries. En montant les marches du perron, Marie-Antoinette lance aux grenadiers : «Vous avouerez à présent que nous ne sommes pas libres !»

     L’arrestation de Louis XVI et de sa famille à Varennes chez l’épicier et procureur Jean-Baptiste Sauce

    Comme le lui avait conseillé Mirabeau, décédé le 2 avril 1791, et encouragé par le comte suédois, Axel de Fersen, Louis XVI décide de rejoindre le quartier général du marquis de Bouillé, à Montmédy, près de la frontière du Luxembourg. Il sait que les troupes du marquis lui sont fidèles.

    Un plan est échafaudé : il consiste à se faire passer pour l’équipage de la baronne de Korff (la marquise Louise-Elisabeth de Croÿ de Tourzel, gouvernante des enfants de France), veuve d’un colonel russe qui se rend à Francfort avec deux enfants (le Dauphin et Marie-Thérèse), une gouvernante, Mme Rochet (la reine), un valet de chambre (le roi) et trois domestiques (des gardes du corps du roi). Une berline est spécialement commandée pour cette équipée. La fuite est d’autant plus délicate qu’une domestique fait courir des rumeurs sur une éventuelle fuite de la famille royale. La surveillance est renforcée, des gardes dorment à même le sol devant les portes des appartements royaux. Malgré toutes ces précautions la famille royale parvient à sortir des Tuileries. La berline passe la Barrière Saint Martin (actuelle rotonde de la Villette) vers 1h20.

     

    Commence alors un voyage qui doit se conclure par la prise en charge de la famille par les troupes du marquis de Bouillé mais qui ne sera qu’une longue suite de contretemps et de malentendus. La berline royale prend beaucoup de retard sur l’horaire prévu. Dans la soirée, elle arrive à Sainte-Ménehould, en Champagne, où un détachement de hussards envoyé par le marquis de Bouillé doit assurer sa protection. La berline repart sans son escorte mais le maître de poste, Drouet, qui a reconnu Louis XVI, devance la berline par des chemins de traverse et parvient à l’étape suivante à Varennes-en-Argonne. Il alerte les habitants et le procureur de la commune, l’épicier Sauce. Ce sera la fin de l’équipée.

    La même nuit, le comte de Provence, futur Louis XVIII, quitte la France en suivant un autre itinéraire qui le conduit aux Pays-Bas autrichiens sans incident.

    La découverte du départ du roi à Paris

    Dès la découverte de la fuite du roi, c’est l’effervescence mais également l’inquiétude à Paris. Lafayette, Bailly et Alexandre de Beauharnais (le mari de Joséphine et président de l’Assemblée), se concertent et se mettent d’accord pour affirmer que le roi avait été «enlevé». L’annonce du départ de la famille royale est faite en début de séance. M. de Laporte, intendant de la liste civile, apporte à l’Assemblée un document (le «testament politique de Louis XVI», retrouvé en 2009) que le roi a rédigé et dans lequel il explique les raisons de son départ. Le 22 juin à 22 h, on apporte la nouvelle de l’arrestation du roi. Trois commissaires sont nommés pour ramener la famille royale à Paris : Barnave, Pétion et Latour-Maubourg.

    Le 23 juin, commence le retour de la famille royale à Paris. Un trajet long et difficile, ralenti ou interrompu par des manifestants qui lancent aux fugitifs injures et quolibets. A Paris, on avait affiché dans les rues : «Quiconque applaudira Louis XVI sera bâtonné ; quiconque l’insultera sera pendu». C’est donc dans un lourd silence que le roi retrouve la capitale dans la soirée du 25 juin. Le cortège passe au milieu d’une haie de gardes nationaux portant leurs crosses de fusils à l’envers.

     Le retour du roi à Paris

    Le prestige du roi ébranlé

    La fuite manquée du roi marque un tournant dans la Révolution. La confiance dans sa sincérité et son acceptation de la Révolution sont mises en doute. Cette situation pose un redoutable problème politique aux partisans de la monarchie constitutionnelle car l’on soupçonne le roi de collusion avec l’étranger, voire de trahison. Le roi est suspendu et l’Assemblée va admettre la théorie de l’«enlèvement» du roi pour sauver ce qui peut l’être. Mais l’histoire va s’emballer.

    Alors que la majorité de l’Assemblée tente de minimiser les conséquences du départ du roi, le principe monarchique commence à être remis en cause et certains parlent même ouvertement de République, une idée jusque-là très minoritaire. Mais les clubs commencent à s’agiter, sur fond d’agitation sociale engendrée par la loi le Chapelier du 14 juin interdisant toute association d’ouvriers et tout mouvement de grève.

    Le 16 juillet, suite à une pétition du Club des Cordeliers demandant la déchéance du roi, les modérés du club des Jacobins font une scission et fondent le club des Feuillants. Seule, une dizaine de députés, dont Robespierre, reste au club. Le 17 juillet alors que la foule afflue au Champs-de-Mars pour signer la pétition, un incident provoque une fusillade qui fera plusieurs dizaines de victimes. Le fossé entre les classes populaires et l’Assemblée ne fera, dès lors, que s’agrandir.

    La Constitution, discutée pendant tout l’été, est votée le 3 septembre et acceptée par le roi le 14, qui vient prêter serment devant l’Assemblée. L’Assemblée constituante considérant sa tâche comme achevée décide de se séparer le 30 septembre en précisant que ses membres seraient inéligibles à la nouvelle Assemblée législative. Pour beaucoup, la Révolution est terminée. La monarchie constitutionnelle semble bien installée, l’idée de République oubliée. Du moins le croit-on.

    La chute de la royauté

    Les mois qui suivent vont pourtant conduire à l’effondrement de la monarchie. La déclaration de guerre au «roi de Hongrie et de Bohême» (l’empereur d’Autriche), votée le 20 avril 1792, est souhaitée ouvertement par les Girondins, secrètement par le roi et combattue par Robespierre. Les défaites successives des armées françaises, les émigrés regroupés près des frontières, les rumeurs de trahison, vont créer une véritable ambiance de psychose. Une première journée insurrectionnelle a lieu le 20 juin. Les sans culottes parisiens investissent l’Assemblée législative et les Tuileries pour forcer le roi à retirer son veto sur la déportation des prêtres réfractaires et la formation d’un camp de fédérés à Paris. Louis XVI accepte de coiffer le bonnet phrygien et de boire à la santé de la nation mais ne cède pas.

     L’assaut des Tuileries

    Le 5 juillet, l’Assemblée déclare la nation «en danger». Les volontaires et fédérés affluent à Paris pour rejoindre l’armée. La Commune de Paris décide d’en finir avec la monarchie. Le palais des Tuileries est pris d’assaut dans la matinée du 10 août par 15 à 20 000 insurgés. 950 gardes suisse, 200 gentilshommes et 2000 gardes nationaux assurent sa défense. Le roi et sa famille se réfugient à l’Assemblée. Louis XVI ordonne le cessez-le-feu. 600 gardes suisses seront massacrés, le chef des gardes nationaux, Mandat, est assassiné par ses propres troupes.

    Le roi est suspendu, la famille royale est installée au palais du Luxembourg puis transférée au Temple le 13 août. Début septembre, sans-culottes et populace massacrent plus de mille détenus à Paris, des centaines en province. Une nouvelle Assemblée, la Convention, est élue au suffrage universel masculin à deux degrés. Elle proclame la République le 21 septembre. C’est la fin de la monarchie.

    Bibliographie :

    Mona OZOUF. Varennes. La mort de la royauté. 21 juin 1791. Trente journées qui ont fait la France, Gallimard, 2005.
    Marcel REINHARD, La Chute de la Royauté. 10 août 1792. Ces journées qui ont fait la France, Gallimard, 1969.
    Timothy TACKETT, Le Roi s’enfuit. Varennes et l’origine de la Terreur, La Découverte, 2004.

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