Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 57

  • Pourquoi faut-il être anti-américain ? par Robert Steuckers

     

    rimland.jpg

    1. Parce que l'Amérique est l'ennemi géopolitique:

    Quand l'Amérique a proclamé la Doctrine de Monroe en 1823, elle souhaitait chasser les puissances européennes hors du Nouveau Monde et les remplacer en Amérique latine. C'était de bonne guerre. Mais elle n'a pas poursuivi cette politique de domination de l'hémisphère occidental, où un nord développé entendait organiser un sud moins développé. Infidèle à la Doctrine de Monroe, elle n'a cessé d'intervenir en Extrême-Orient et en Europe, pour empêcher les processus d'unification continentale à l'¦uvre dans ces régions du monde. D'isolationniste, l'Amérique est devenue interventionniste, mondialiste, globaliste. Elle a cassé les axes de développement nord-sud, créant en chaîne des conflits est-ouest. Or toutes les oppositions est-ouest de l'histoire génèrent des conflits insolubles, des guerres civiles au sein des unités civilisationnelles. Pour nous, l'avenir réside a) dans une collaboration nord-sud eurafricaine, où la Russie est partie intégrante de l'Europe et où les flux migratoires s'écoulent vers le sud, et b) dans une synergie pacifique nippo-centrée où les flux migratoires et culturels s'écoulent également vers le sud, sans interférences américaines.

    2. Parce que l'Amérique est l'ennemi intérieur:

    L'Amérique est en nous, parce que le parti américain détermine la gestion de nos Etats et influe leur diplomatie. L'Amérique parie toujours sur les strates sociales corruptibles pour installer son pouvoir. C'était évident au Sud-Vietnam comme ce l'est depuis toujours en Amérique latine. Mais, à regarder de près, cette règle ne vaut-elle pas pour l'Europe aussi? Lutter contre l'Amérique signifie lutter contre les strates sociales qui hissent l'économisme au rang de valeur cardinale, oubliant que les règles de la politique nécessitent d'autres vertus, non matérielles, et que la "plus-value de légitimité" repose sur la mémoire historique et non sur le présentisme de la jouissance. Le parti américain regroupe ceux qui ont perdu le sens de l'Etat, du devoir politique, pour poursuivre des objectifs lucratifs, toujours axés sur le court terme. A ces politiques à court terme, nous opposons le long terme de la mémoire historique.

    3. Parce que l'Amérique est l'ennemi culturel:

    Les Etats-Unis véhiculent une culture purement individualiste et dépourvue de racines pluriséculaires voire plurimillénaires. Cet individualisme et cette absence de mémoire ont un effet dissolvant sur les cultures périphériques, ne disposant pas d'emblée d'un "marché" de 250 millions de consommateurs. Sur l'ensemble de la planète, la culture léguée par les ancêtres fait peu à peu place à une culture artificielle, construite à l'aide d'affects psychologiques, de lambeaux de mythe, de fiction minable, collés bout à bout. Cette culture artificielle n'est pas arrivée en Europe et en Asie de manière fortuite: elle y a été sciemment greffée. Rappellons que la France a été mise au pied du mur en 1948: ou elle acceptait sans restriction l'importation massive de produits culturels et cinématographiques américains ou elle était rayée de la liste des bénéficiaires du Plan Marshall. L'Amérique, en tant que puissance dominante, pratique l'ethnocide culturel; quand les peuples auront perdu leur mémoire, ils seront archi-mûrs, c'est-à-dire suffisamment pourris, pour accepter le super-ersatz offert par Washington. Mais cette éradication à l'échelle planétaire des mémoires recèle le danger de l'uniformité: elle ôte quantité de potentialités à l'humanité, quantité d'alternatives, qui auront été gommées irrémédiablement.

    4. Parce que l'Amérique est l'ennemi du genre humain:

    L'Amérique a réintroduit dans la pratique politique et diplomatique la notion d'"ennemi absolu", c'est-à-dire d'un ennemi qu'il ne s'agit plus seulement de vaincre mais d'exterminer. Tous les peuples de la planète peuvent devenir, au gré des circonstances, ennemis de l'Amérique. Ils risquent l'extermination, à l'instar des populations amérindiennes, liquidées par des couvertures vérolées, de l'alcool frelatée, les balles de la cavalerie, etc. Le XVIIIième siècle et l'Europe du XIXième, régie par la Pentarchie (France, Angleterre, Prusse, Autriche, Russie), avaient tenté d'humaniser la guerre, de traiter correctement les prisonniers, de soigner les blessés, de mettre les populations civiles à l'abri des conflits. L'irruption de l'Amérique dans les conflits du monde, surtout à partir de la dernière guerre mondiale, a conduit à la destruction massive d'objectifs civils (Dresde, Hiroshima, Hanoï, villages vietnamiens, Panama), au pilonnage de colonnes en retraite (Koweit/Irak), au meurtre collectif des prisonniers de guerre (les "morts pour raisons diverses", dont a parlé l'historien canadien James Bacque). Cette déshumanisation de la guerre dérive en droite ligne de l'idéologie messianique américaine: quand une personne, un pouvoir ou une puissance politique croit détenir la Vérité Ultime, elle ne tolère plus la moindre déviation idéologique, la moindre entorse à sa volonté. Et elle frappe. Cruellement. Sans égard pour autrui. Parce qu'il incarne le Diable. Aux guerres messianiques, réintroduites par les Etats-Unis, nous entendons substituer un nouveau jus publicum qui redonnera à la guerre une dimension moins absolue.

    The_Faces_of_Capitalism_by_Pit_Kuruma.jpg5. Que faire ?

    A l'heure où le capitalisme américain semble triompher, où il est de fait la dernière idéologie économique en lice, des lézardes strient déjà l'édifice. Au sein de l'économie-monde capitaliste, des contradictions apparaissent; ses pôles accusent des divergences entre eux parce que des mémoires culturellement déterminées les agissent en dépit de l'arasement que Washington avait voulu. Incontournable demeure la solidité des communautés japonaises et de l'épargne allemande, soit autant de signes que les peuples non-américains, même largement américanisés, ont le sens de la durée et ne se contentent pas de jouir de l'instant. Qu'ils privilégient le long terme et ne s'abandonnent pas entièrement à l'"individual choice", indice économique de l'American Way of Life. Et que ce pari pour le long terme, amorcé depuis plusieurs décennies déjà, en dépit de Reagan et de Thatcher,engrange désormais de formidables succès. L'éducation japonaise, le taux d'épargne nippon, scandinave et germanique, la formation des apprentis allemands en tous domaines, la plus-value que donnent tous les enracinements, battent à platte couture la permissivité américaine, l'économie basée sur le crédit, l'absence d'investissements pour la formation du personnel, l'absence de racines stabilisantes. Les Etats-Unis battent de l'aile parce que leurs écoliers demeurent analphabètes, ne maîtrisent même plus un anglais simplifié, parce que leurs ménages dépensent plus qu'ils ne gagnent, parce que l'angoisse de vivre, dû à l'absence de racines solides, conduit à la toxicomanie. Les rodomontades de Panama ou du Golfe n'y changeront rien.
    Nous Européens devons adopter le modèle rhénan du capitalisme (comme nous l'enjoint Michel Albert dans Capitalisme contre capitalisme), car ce modèle, malgré ses insuffisances, porte quand même en lui la volonté de parier sur l'éducation, d'investir dans la recherche et dans la formation, parce qu'il
    lie le passé au futur grâce à l'épargne de ses citoyens. En germe, cette forme incomplète de capitalisme génèrera la puissance,précisément parce qu'elle conserve des formes qui ne sont pas libérales: rigueur de l'enseignement et de la formation, qui ne sont possibles que si l'on ne se laisse pas aveugler par le profit à court terme, tare du libéralisme. Concrètement, lutter contre l'américanisme aujourd'hui, c'est soutenir toutes les politiques qui visent le renforcement de l'épargne des ménages, l'investissement massif dans la recherche et dans l'éducation, l'euro-centrage de nos énergies. Car alors nous aurons les armes qu'il faudra pour contenir les folies américaines au-delà de l'Atlantique. Et pour laisser, là-bas où le soleil se couche, l'anomalie historique américaine imploser, lentement mais sûrement.

    Robert Steuckers

    Source: http://robertsteuckers.blogspot.fr/2012/09/pourquoi-faut-...

    Note du C.N.C: Bien que nous soyons plutôt favorable au socialisme qu'à n'importe quelle forme de capitalisme, y compris rhénan, nous jugeons secondaire cet aspect du texte de M. Steuckers dont la pertinence est totale sur la question "américaine".

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com

  • B. Gollnisch Entretien du 7 août 2013 : « l’affaire » Rihan-Cypel, Act-Up, DSK et Taubira

  • Valeurs actuelles a enquêté sur l'incarcération de Nicolas : retour sur un scandale d'Etat

    A lire en intégralité

    "[...] Pour la première fois depuis la loi Dati de 2009, une peine de moins de deux ans de prison sera exécutée alors que le juge d’application des peines conclut systématiquement à la remise en liberté des condamnés. Pour la première fois, la justice de ce pays emprisonnera pour délit d’opinion un jeune inoffensif, alors que près de 100 000 peines de prison ferme ne sont pas exécutées chaque année… [...]

    [...]Le silence commence à se rompre au sujet des conditions déplorables de sa garde à vue : brimades, policiers qui le prennent en photo avec leur téléphone comme un trophée de chasse, promiscuité forcée avec des transsexuels alors que des cellules restent vides, premier repas servi au bout de vingt-quatre heures, renversé à même le sol, officier de police judiciaire qui propose de jouer sa relaxe au « bras de fer », changement fréquent de commissariat pour détruire les repères, provocations, moqueries… [...]

    [...]  Pour ses juges, le déroulement de l’audience est accablant. Les chefs d’accusation varient : Nicolas est finalement, dans les dernières minutes de sa garde à vue, accusé de “rébellion”, “fourniture d’identité imaginaire” et de “refus de prélèvement des empreintes digitales et photographiques”. La rébellion repose, sans preuves, sur les seuls témoignages de deux policiers qui affirment [...].

    [...]

    La sentence tombe. La magistrate prend soin de lire les peines infligées dans l’ordre le plus cruel : « 1 000 euros d’amende sans sursis. » « Assortis de deux mois de prison avec sursis. » « En complément d’une peine de prison ferme de deux mois. » Tout s’effondre. Le mandat de dépôt, qui vaut enfermement immédiat, n’est pas prononcé tout de suite. Nicolas est menotté. Dernière salve : « Compte tenu de la dangerosité de l’incriminé, nous assortissons cette peine à un mandat de dépôt à effet immédiat et exécutoire à l’instant. Il devra être conduit dès ce soir à la prison de Fleury-Mérogis. »

    http://www.lesalonbeige.blogs.com/

  • Hommage à Jean Mabire

    Il est des articles que l’’on voudrait n’’avoir pas à écrire et les hommages posthumes que l’’on rend à un ami font d’’abord souvenir de son départ, le rendant, si possible, un peu plus irréversible. Jean Mabire s’’en est allé le 29 mars au soir, discrètement, dans l’’invraisemblable silence des médias, oublieux de ses grands succès littéraires de jadis pour ne plus voir que “le réprouvé” qu’il était devenu en demeurant fidèle jusqu’’au bout aux choix politiques de sa jeunesse. Il eût jugé leur attitude avec tout le dédain qui s’’impose, lui qui tenait pour péchés capitaux la sottise, l’’étroitesse d’’esprit, le manque de cœœur et de générosité. Ces défauts, il est vrai, lui étaient étrangers et il s’’étonnait toujours de les découvrir chez autrui. Jean Mabire est parti, sans mobiliser la presse, les radios et les télévisions qui avaient choisi, depuis quinze ans et plus, de l’’ignorer. Sa mort, pour ceux qui l’’aimaient, est un crève-cœœur ; reste son œœuvre, foisonnante, ses livres, cent trente, pour porter témoignage de l’’homme qu’’il fût, et du combat qu’il mena. C’’est plus, définitivement, que n’’en laisseront à eux tous les petits personnages qui avaient décidé de l’’ostraciser. Jean ne se destinait pas au métier des Lettres ; il avait entamé une carrière de graphiste, déjà marquée par son immense amour de la Normandie, lorsque l’’occasion de devenir journaliste s’’était offerte à lui. Il l’’avait saisie. Son premier livre, il le rapporta d’Algérie, où, officier de réserve, il avait servi dans un commando de chasse, en 1961, et c’’était, paradoxe qui résumerait toute son œœuvre, la confrontation d’’un écrivain, Pierre Drieu La Rochelle, aux grandeurs et servitudes du combat et aux drames de son temps. Que Drieu fût normand ajoutait, évidemment, à la fraternité spirituelle que s’’était découverte avec lui un Mabire soupirant dans le djebel après les pluies cherbourgeoises.
    Le rêve européen
    Drieu parmi nous, récemment réédité, était un livre fondateur, et Jean y tenait. C’’était aussi un livre ambitieux qui mêlait analyses biographique, littéraire, critique, politique, destiné à démontrer comment un romancier compromis, suicidé le 15 mars 1945, pouvait avoir encore quelque chose à dire aux générations suivantes et pourquoi. Ce qui comptait aux yeux de Jean, et de beaucoup de garçons de sa génération, adolescents à la libération, c’’était une tentative pour concilier la patrie blessée, méconnaissable même, et un rêve européen, promesse d’’équilibre et de liberté face à l’’U.R.S.S. et aux États-Unis. C’’était la défense d’’un patrimoine commun, d’’une sagesse commune, et des racines propres à chaque peuple, à chaque patrie, à chaque province. Cette Europe-là n’’avait rien à voir avec le monstre que l’’on nous concocta de Maastricht à Bruxelles et que Mabire détestait comme une trahison insane d’un meilleur idéal. Bien au-delà d’’une vision politique qui, quarante-cinq ans après, apparaît périmée, cet essai témoigne avec passion des espoirs et des échecs d’une génération. Jean ne les avait pas reniés.
    Ce n’’était pas un hasard si son premier livre était un essai critique ; ses goûts le portaient vers ce genre. Il devait y revenir plus tard, entre autres à travers Rêve d’’Europe, une étonnante galerie d’’écrivains confrontés à leurs conceptions européennes, mais à travers, malheureusement, l’’Occupation dans laquelle ils crurent trouver une occasion prodigieuse de réalisation. Ce qui ressort de ces brèves études, c’’est d’’abord une extraordinaire impression de confusion intellectuelle et de sentimentalisme mal géré, une remarquable capacité à prendre les vessies pour des lanternes. Mabire le disait, avec un mélange d’’amusement et de tristesse.
    L’’historien militaire
    Mais le succès lui vint d’’ailleurs : d’’ouvrages d’’histoire militaire innovants, audacieux, précis qui, en abordant la question délicate des volontaires français sous l’uniforme allemand, sut traiter le sujet avec un tact et une intelligence rares. La trilogie consacrée aux Waffen SS français ne visait ni l’’apologie ni la condamnation et cherchait à saisir un phénomène et à l’’expliquer, en donnant, autant que possible, la parole aux survivants. Les chiffres de vente atteints prouvèrent que le public avait compris les intentions de Mabire. Triomphe éditorial chez Fayard puis en poche dans les années 70, La Brigade Frankreich, La division Charlemagne et Mourir à Berlin s’intéressaient à l’’itinéraire d’’hommes qui s’étaient trompés de combat, mais l’’avaient payé en sachant périr. Il fallut attendre le politiquement correct triomphant pour que d’’aucuns s’’avisassent de voir dans ces livres on ne sait quelle douteuse exaltation du nazisme et même d’’accuser Jean d’’avoir lui-même porté l’’uniforme honni, sans penser à vérifier sa date de naissance… propos qui valurent à leurs auteurs une condamnation méritée pour diffamation. Devenue introuvable dans sa première édition, la trilogie fut reprise chez Grancher, en une édition certes corrigée de quelques minimes erreurs, mais surtout abrégée, ce dont ni Mabire ni ses lecteurs ne devaient se consoler. Un sort identique attendait son Histoire de la L.V.F., écrite en collaboration avec Éric Lefèvre, dont le premier tome parut en 1985. Là encore, au nom de mystérieuses nécessités éditoriales, la réédition, sous le titre Par -40° devant Moscou, fut amputée d’une première partie passionnante, et très éclairante puisque’’elle s’’attardait sur les parcours politiques et les évolutions qui devaient conduire des anti-communistes primaires et viscéraux, presque tous patriotes et bons catholiques, sur le front de l’’Est, au nom d’’une croisade contre le bolchevisme, hélas initiée par l’’occupant…  Une très abondante iconographie compense un peu, sans le racheter, ce massacre du texte initial qui navrait Mabire.
    En parallèle de ces grands cycles qui s’intéressaient à un contexte et des personnages français, et s’inscrivaient dans une étude des idées et du militantisme, de droite ou de gauche, car nombre de ces hommes venaient, via le P.P.F. de Doriot, du Parti communiste, au cours des années 30, Mabire poursuivit aussi, par goût parfois, par nécessité quotidienne souvent, des études consacrées aux principales unités de prestige de la Seconde Guerre mondiale, allemandes, britanniques ou américaines. L’’une des dernières d’’un genre qui finissait par le lasser considérablement concernait les Panzers de la Garde Noire, cette division blindée redoutable issue de la garde personnelle de Hitler. Dans tous ces récits, Jean savait comme nul autre s’’intéresser aux destinées individuelles et aux idées qui avaient conduit tant de jeunes gens à des engagements souvent hasardeux mais toujours héroïques, choix qui, pour lui, rachetait le reste. Mis bout à bout, ces livres forment une prodigieuse revue des troupes d’’élite de l’’époque et une somme inégalable d’’informations.
    La résistance des Occidentaux
    L’’été rouge de Pékin, paru en 1978 et dont il attendait impatiemment la réédition qu’il ne devait pas voir, s’il s’inscrit dans cette veine de l’étude militaire, est cependant d’un esprit très différent. En le relisant, Jean s’’en était inquiété, à tort, car cette étude chronologique du siège des légations européennes, à l’’été 1900, par les Boxeurs insurgés que soutenait la cour impériale xénophobe est un très grand récit, digne de ces aventures coloniales d’’autrefois propres à ravir des générations auxquelles l’’on n’’avait pas encore expliqué combien on devrait avoir honte de pareilles entreprises. Cela ne signifiait pas, au demeurant, que Mabire fût insensible à la position des Chinois et de l’’impératrice Tseu Hi ; même, il l’a comprenait, voire la justifiait, car il était trop attaché à son pays et à sa culture pour ne pas saluer des sentiments identiques chez autrui.
    Toutefois, ce qui le fascinait et l’’émouvait, dans cette histoire, c’’était la résistance opiniâtre de ce millier d’’Occidentaux, civils pour la moitié, qui, dans l’’attente de secours, avaient tenu deux mois et demi face à deux millions de Chinois décidés à massacrer les « diables blancs étrangers ». Français, Italiens, Russes, Britanniques, Autrichiens, Allemands, plus quelques Américains, très en retrait quoique Hollywood en ait raconté ensuite, auquels il convient d’ajouter des Japonais remarquables, avaient découvert, dans le péril et la souffrance partagés, une fraternité des armes et des sentiments inattendue. Sans rien renoncer de leurs traditions et de leurs points de vue respectifs, ces hommes avaient connu une entente neuve, qui aurait pu, si les gouvernements en avaient tiré la leçon, donner au siècle naissant un visage différent. Cependant, et ce n’’était pas le moins surprenant pour ceux qui ne le connaissaient pas, les pages les plus belles du livre, Mabire les consacrait à l’’extraordinaire archevêque de Pékin, Mgr Favier, à son clergé, à l’’enseigne de vaisseau Paul Henry, et à la poignée de matelots bretons et italiens qui, enfermés dans la cathédrale pékinoise, luttèrent pour épargner une mort atroce aux milliers de catholiques chinois réfugiés sous leur protection. Un sacrifice que l’’Église a préféré oublier… …Des livres « qui font agir »
    Ce sens du récit, cette psychologie, cette capacité à mettre une histoire en scène sans en travestir ni trahir la vérité historique, Jean les avait appris à bonne école, auprès des meilleurs écrivains, parmi lesquels il comptait à bon droit ceux que les snobs, les pseudo-intellectuels et les imbéciles appellent « les auteurs populaires ». Longtemps avant que l’’on commence à rendre leurs lettres de noblesse à ces genres littéraires jugés inférieurs, Mabire en possédait une connaissance encyclopédique. S’’y ajoutait une parfaite maîtrise des classiques, évidemment, des penseurs, des politiques, et de tous ceux qui, depuis deux siècles, dans le grand mouvement des idées, avaient choisi de s’’engager et de combattre pour leur terre et leur idéal. Cela au niveau mondial. Vers 1990, il eut l’’idée de mettre tout cela à la disposition de ses lecteurs, d’’abord chaque semaine, dans sa chronique de National-Hebdo, puis en volumes. Il travaillait aux notices qui composeraient le neuvième quand la mort interrompit cette besogne inlassable. Sous le titre générique Que lire ?, Jean dressait un panorama inégalé, rassemblant notices biographiques, étude critiques, et bibliographies de sept cents écrivains, de Chateaubriand à nos jours, de toutes langues et de tous pays, même si les Français, et, dans une moindre mesure, les Britanniques, les Irlandais, les Italiens, les Allemands, les Flamands et les Scandinaves, se taillaient la part du lion.
    ŒŒuvre de référence irremplaçable, prodigieuse, énorme, qui eût tendue à l’’exhaustivité si le temps lui avait été accordée, cette somme ne rencontra pas le public qu’’elle méritait, injustice stupide qui obligea Jean à errer d’’éditeur en éditeur, afin de pouvoir coûte que coûte en poursuivre la publication. La forme de la chronique hebdomadaire n’’était sans doute pas la plus propice au travail littéraire et stylistique, mais Mabire savait que l’’essentiel n’’était pas là. Il le disait : « Ce qui compte, ce n’’est pas l’’art pour l’’art comme l’’affirment certains, mais l’’influence que les écrivains exercent, même à leur cœœur défendant, sur leurs contemporains. L’’important, à mes yeux, ce sont les lecteurs tout autant que les auteurs. Il est des livres qui témoignent et des livres qui éveillent. Il est des livres qui sont des armes. Il n’’est pas de combat politique sans un projet culturel. […] les bons livres, ce sont sans doute ceux qui font rêver. Mais les meilleurs, ce sont ceux qui font agir. »
    Faut-il préciser dans quelle catégorie, toute sa vie, Mabire a travaillé à inscrire ses livres ? De cela, il faudra bien, un jour ou l’’autre, que la France lui soit reconnaissante.
    Anne BERNET L’Action Française 2000 du 18 au 31 mai 2006
    * Drieu parmi nous, Irminsul, 185 p., 23 euros (150,87 F).
    * Rêve d’Europe, Irminsul, 125 p. le volume, prix non communiqué.
    * La division Charlemagne, Grancher, 340 p., 22,71 euros (149 F).
    * Par -40 ° devant Moscou, Grancher, 395 p., 24 euros (157,43 F).
    * Les Panzers de la Garde Noire, Grancher, 320 p., 22,71 euros (149 F).
    * L'’été rouge de Pékin, Le Rocher, 460 p., 19,90 euros (130,54 F).
    * Que lire ? Sept volumes parus, en cours de réédition chez Dualpha, environ 300 p. le volume, prix non communiqué.

  • Lucien Rebatet : Un destin fracassé...

    En publiant les Lettres de prison qu'écrivit Lucien Rebatet entre 1945 et 1952 à son ami Roland Cailleux, la jeune maison d'édition qui porte le joli nom de Dilettante ne se soucie certes pas de rouvrir quelque procès posthume. Rien de commun avec le scandale attendu qui devait suivre la parution récente du Journal de Drieu La Rochelle, autre écrivain maudit. Ici, il n'est pas question de politique, mais de littérature.
    C'est peut-être le plus grand intérêt de ce petit livre de nous révéler un Rebatet inconnu. Certes toujours aussi violent et abrupt dans ses jugements. Mais celui qui fut sans nul doute le plus grand polémiste des « années noires » apparaît, au delà même de tout réflexe de défense, comme foncièrement obsédé par des problèmes artistiques.
    Toujours haï de ses ennemis et souvent critiqué par ses amis, c'est d'abord un écrivain et même un grand écrivain, auteur de deux chefs-d'œuvre aussi incontestables que Les Décombres et Les deux étendards, quoi que l'on pense de ses parti-pris politiques et religieux. Son savoir en peinture comme en musique était immense et il créa un genre nouveau : la critique cinématographique. En dépit de ses engagements et de ses foucades, il fut aussi, avec quelque huit mille articles à son actif, un prodigieux journaliste, lié à Je Suis Partout pour le meilleur et pour le pire.
    Même si certains voudraient séparer son œuvre proprement littéraire des violentes prises de position que devait prendre le plus talentueux et le plus extrémiste des journalistes partisans de la collaboration avec l'Allemagne nationale-socialiste, on doit reconnaître que Lucien Rebatet est tout d'une pièce.
    Après avoir été le pamphlétaire le plus en vue du clan des «ultras» pendant l'Occupation, il a cru que même ses adversaires rendraient un jour hommage à son talent littéraire, qu'il plaçait pour sa part très haut. Parti de rien, il se crut promis à tout et accueillit défaites et échecs avec une hargne grinçante, entrecoupée de fulgurantes trouvailles, qui font de ce romantique impénitent un classique de l'imprécation.
    Fils du notaire de la bourgade, il naît le 15 novembre 1903 à Moras-en-Valloire, dans la Drôme. Il se sent d'emblée plus Dauphinois que Provençal, même si sa mère, née Tampucci, avait des ascendances poitevines, parisiennes et italiennes. Il se singularisera d'ailleurs par une horreur quasi physique de la province et de tout ce qui peut ressembler au penchant régionaliste, se moquant toujours des velléités autonomisantes des Félibres et autres Occitans.
    Ses études chez les Pères Maristes et son service militaire dans un régiment d'infanterie lui laissent de solides notions de théologie et un goût prononcé pour le folklore militaire et toutes ses gaillardises.
    Passionné de musique et de peinture
    Etudiant à Lyon, dont il saura rendre toute la brumeuse atmosphère, puis à Paris, il ne vit que pour la musique et la peinture, dans une exaltation artistique qui évoque les engouements les plus passionnés de la jeunesse du siècle précédent. Employé d'assurances au plus bas salaire, il se soucie peu de ces années de misère, puisqu'il réside à Montparnasse, copinant avec les artistes les plus cosmopolites de ce qu'on appellera un jour « les Années folles ».
    S'il lit L'Action Française, ce n'est pas tellement qu'il partage les idées de Maurras et de Daudet, c'est qu'il estime ce quotidien monarchiste le seul journal bien écrit. Il rejoint pourtant cette équipe et va tenir la rubrique des concerts, avant de prendre, sous le nom de François Vinneuil, la critique cinématographique.
    Il se lie dès le début des années trente avec les jeunes royalistes de sa génération, comme Brasillach ou Maulnier, et va devenir un des piliers de l'hebdomadaire Je Suis Partout, que dirige alors Pierre Gaxotte, futur académicien.
    Cet itinéraire sera évoqué d'une manière fort alerte dans Les Décombres, contrepoint tonitruant à l'aimable Notre Avant-Guerre de son ami Brasillach.
    De ce torrent de près de sept cents pages, il ressort certes plus une attitude que des idées. Rebatet a écrit quelque part qu'il n'est pas de problème qui ne puisse se régler avec un caporal et quatre hommes ...
    Derrière cette boutade, on découvre un fascisme élémentaire et caricatural, un fascisme tel que le voient les antifascistes, fort éloigné de la construction maurrassienne qui devait vite paraître bien trop intellectuelle à quelques jeunes gens impatients.
    La défaite, vécue au cours d'une courtelinesque expérience militaire le trouve bien décidé à jouer un rôle à sa mesure dans le Paris de l'Occupation, où reparaît Je Suis Partout, en mars 1941. L'hebdomadaire, qui tirait à 50 000 exemplaires avant la guerre, connaît un incroyable succès et va atteindre les 300 000 en 1943, parvenant à naviguer entre Jacques Doriot et Marcel Déat sans être inféodé directement à aucun parti et se contentant de devenir, au fil des semaines, l'organe agressif du fascisme français le plus extrême.
    La parution des Décombres, chez Denoël en juillet 1942 est un prodigieux succès de librairie, le plus grand peut-être de la guerre, avec ses cent mille exemplaires en quelques jours, malgré la crise du papier. Rebatet va vite devenir prisonnier de son personnage de vedette polilico-littéraire du petit monde collaborateur. Avec Cousteau, Laubraux, Lesca et quelques autres, il proclame qu'il s'agit de ne pas « se dégonfler  », même si le communiqué militaire devient de jour en jour plus favorable aux Alliés.
    Tout cela ne peut que se terminer par l'exil en Allemagne, une condamnation à mort et plus de quatre mois aux chaînes, en attendant chaque matin le poteau et ses douze fusils. Ce sera la grâce et le bagne de Clairvaux.
    Comparé à Stendhal
    Rebatet est libéré en juillet 1952, après plus de sept ans de prison. Depuis longtemps, il travaille à un énorme roman, qu'il nomme d'abord Ni Dieu, ni Diable, puis La Théologie lyonnaise, avant de lui donner son titre définitif : Les Deux Etendards.
    Le livre paraît au début de l'année 1952, peu avant sa libération. C'est, une fois encore, une œuvre «colossale», en deux tomes d'un demi-millier de pages chacun. Si l'on y rencontre les trois personnages de tout drame amoureux, on constate vite que tout l'intérêt de l'entreprise se situe sur un plan plus religieux que romanesque.
    Roman-thèse de l'antichristianisme le plus virulent, il a du moins le mérite essentiel de poser les vrais problèmes des fins dernières et de la foi. Le livre aura ses admirateurs, fanatiques, qui se laisseront emporter par une démarche allègre qui gomme les inévitables longueurs de cette confrontation, passant de l'inquiétude spirituelle à des élans charnels d'une verdeur peu commune. Certains tiennent ce livre pour le plus grand roman du siècle et crient au Stendhal comme on crie au génie.
    Cet auteur, sur lequel on ne peut plus faire tout à fait silence, publie encore un bref roman, Les Epis mûrs, et une monumentale Histoire de la Musique. Il garde dans ses tiroirs d'énormes manuscrits qui ont pour titre Margot l'enragée et La Lutte finale, inachevés et sans doute inachevables. Il a naguère rédigé plusieurs centaines de pages qui seraient une suite des Décombres et tenu un Journal, de sa sortie de prison à sa mort, le 24 août 1972, dans son village natal.
    « Vingt ans de choses vues » !
    Sont-elles publiables ? Certains l'espèrent. Beaucoup l'attendent. Quelques-uns le redoutent ; Mais il faut encore patienter pour savoir si le Rebatet de la paix sera aussi scandaleusement insolite et insolent que le Rebatet de la guerre.
    Jean Mabire National Hebdo du 4 au 10 février 1993
    Lucien Rebatet ; Lettres de prison, 1945-1952, adressées à Roland Cailleux. Edition établie par Rémy Perrin, 286 pages. Le Dilettante.

  • Tourisme : Léon Bloy contre la tour Eiffel

    Je ne sais pas ce que des millions de touristes - des dizaines de millions ? - vont chercher chaque année sur la tour Eiffel, mais je peux au moins évoquer ce qu’en pensait Léon Bloy de cette tour Eiffel.

     

    Catholique désespéré, Léon Bloy cherche des signes à son époque qui est aussi la nôtre. Il se voit commentateur de la Fin des Temps et tente d’interpréter les manifestations eschatologiques à son entour : la guerre des Boers (abattre la puissance impériale et commerciale anglaise), la Grande Guerre et la Prusse (le meurtre du monde), les Cosaques et le Saint-Esprit (à la veille de la révolution russe !), les progrès de la médiocrité bourgeoise et les progrès aussi de la mécanique, de la médecine et de l’industrie qui mettent fin à une civilisation agricole vieille de plusieurs millénaires. Les images qu’utilise Jésus sont toutes issues de l’agriculture et de la terre : aussi l’Evangile, qui est le code des sociétés, compare perpétuellement le royaume à la famille agricole, dit Bonald. Or ce vieil ordre prend fin, et l’on retombe dans le monde antédiluvien de Babel et de Tubal Caïn, le monde d’une énorme industrie créant un nouveau type d’être vivant. Les grands romans initiatiques de Tolkien, cet autre catholique inspiré, illustrent aussi ce passage d’un type de monde à un autre. Les guerres mondiales avec leur 80 millions de morts ou plus, en seront une belle manifestation.

    Bloy verra dans le métro, ouvert en 1900, une descente aux enfers (on dit bien subway en anglais !) ; et sur la tour Eiffel il écrit ces lignes magnifiques et outrancières, si dignes de son inspiration. Pour lui cette tour Eiffel annonce la mondialisation et elle incarne le rapprochement des peuples (La Babel de fer, dans "Belluaires et Porchers", écrit en février 1889) :

     

    « En attendant, n’est-il pas permis de conjecturer que la Tour de fer est prédestinée comme un signe d’accomplissement et de dénouement au drame lugubre de la Dispersion des peuples dont la Tour de briques fut le "prodigieux témoin" ? »

     

    C’est une nouvelle coagulation purement matérielle ; la fin des nations remplacées par les masses anonymes de producteurs et consommateurs. Comme s’il voyait déjà les hordes de touristes venus de tous pays se battre pour monter dans les ascenseurs de cette tour infernale, Bloy célèbre dramatiquement et ironiquement un concile des nations :

     

    « Les plus imbéciles, d’ailleurs, ne sont pas sans s’apercevoir que l’époque de ce concile des nations est infiniment singulière. Elles vont venir se bousculer et s’envisager sous les arches démesurées du Léviathan, dont les nues leur cacheront quelquefois la cime visitée par les orages, comme un Sinaï. »

     

    Construite lors de l’Exposition internationale de 1889, consacrée avec ses 1789 marches à la République éternelle et toute nouvelle, la tour Eiffel a certainement vocation à rassembler les masses de ce nouvel et populaire âge de fer marqué par la fraternité très médiatique de nos si modernes troupeaux :

     

    « Toutes les langues de la Dispersion seront parlées en ce jour et chercheront à se reconnaître. On s’applaudira, on se congratulera d’être ensemble. On se pourléchera, réciproquement, de peuple à peuple, du bout des orteils au sommet du crâne. On entrera les uns dans les autres, fraternellement et même conjugalement. »

     

    Mais là, le génie prophétique frappe ; en 1889 Bloy voit la mondialisation marchande mais il voit aussi le choc des civilisations se produire et les guerres mondiales arriver avec leurs troupes innombrables, qui inspireront ses Orcs à Tolkien. Ce n’est pas un hasard non plus si ce sont des tours (jouer sur la polysémie de ce terme inquiétant) qui seront abattues - ou plutôt effondrées - le 11 septembre de notre début de siècle :

     

    « Puis, sans trop savoir pourquoi, mais parce qu’une certaine heure aura sonné, on se divisera, comme autrefois, mais pour peu de temps. On s’en ira à deux pas, se préparer aux tueries, sous les horizons prochains, où se tiendront tapis les millions de soldats de vingt armées que l’affinité métallique aura tirées vers un seul point, de tous les gisements d’égorgeurs. »

     

    Bloy voit même se gonfler des Méditerranée de sang.

     

    Mais la tour est un objet de fascination paradoxale. Y monter devient une expérience spirituelle, comme le verra l’écrivain italien Dino Buzzati dans une très belle nouvelle. Et là, Bloy connaît une autre grande, catastrophique et luciférienne intuition : l’extase industrielle peut remplacer l’extase religieuse.

     

    « J’ai tenu à faire l’ascension de ce tabernacle du vertige avant qu’il fût achevé, et, je l’avoue, ma stupeur a dépassé mon attente. J’ignorais jusqu’alors et j’aurais eu quelque peine à croire que l’épanouissement, l’expansion totale de la force brute asservie et disciplinée par la mathématique la plus impeccable, pût atteindre l’âme au même endroit et avec la même énergie que l’Art lui-même. »

     

    Trotski le dira d’ailleurs, le cinéma doit remplacer les églises (heureusement pas complètement...). C’est la facilité et la vulgarité de cette extase industrielle et donc facile qui imprègne Léon Bloy.

     

    « La tranquillité de cette besogne d’escaladeur d’empyrée finit par angoisser le témoin, comme l’obsession d’un prestige de l’Esprit déchu. »

     

    Bloy ne va pas jusqu’au bout de son impression : ce serait de la science-fiction, et on sait qu’elle est bonne pour d’autres rêveurs de son temps, H.G. Welles, Jules Verne ou bien Herzl. Il termine plutôt sur une autre constatation ronchon :

     

    « Et puis, cette tour, on ne la sent pas fraternelle comme les autres monuments de Paris.

     

    Elle ressemble à une étrangère d’Orient et on devine bien qu’elle n’aura jamais pitié de nos pauvres. »

     

    Le monde moderne ne connaîtra plus les vrais pauvres, de toute manière assistés et nourris par la machine de Cochin - la machine administrative et subversive -, le monde moderne connaîtra ses cols bleus, ses chômeurs et ses classes moyennes industrielles. Fermez le ban et relisez Kojève qui dans un esprit très similaire à celui de Bloy, écrit notre futur de démocrates :

     

    « Les animaux de l’espèce Homo sapiens réagiraient par des réflexes conditionnés à des signaux sonores ou mimiques et leurs soi-disant "discours" seraient ainsi semblables au prétendu "langage" des abeilles. Ce qui disparaîtrait alors, ce n’est pas seulement la Philosophie ou la recherche de la Sagesse discursive, mais encore cette Sagesse elle-même. »

     

    Kojève aussi décrit très bien cette petite humanité de la Fin de l’Histoire, que voit Bloy de sa Tour, Fin de l’Histoire dont on devine alors chez les plus éclairés des chrétiens qu’elle a un générique interminable. On laisse le grand illuminé terminer :

     

    « J’attends les cosaques et le Saint-Esprit. »

     

    C’était en 1915. Il a eu les bolcheviques et le communisme.

    Nicolas Bonnal http://www.france-courtoise.info

  • La dangeureuse dérive de la « démocratie » américaine

    Depuis 1945, nous avons pris l’habitude de considérer des Etats-Unis comme la première des démocraties, par la taille comme par l’exemplarité. Si cette appréciation a longtemps été juste, elle n’a malheureusement plus lieu d’être aujourd’hui, tant la situation a changé outre-Atlantique et ne cesse de s’éloigner des critères qui fondent ce système politique.

    Par Eric Denécé

    En effet, de nombreuses évolutions, consécutives à la nouvelle législation adoptée suite aux attentats du 11 septembre 2001, afin de renforcer la sécurité du pays par tous les moyens, ont progressivement éloigné les Etats-Unis du modèle démocratique qu’ils revendiquent. Sur le plan intérieur, les nouvelles lois antiterroristes adoptées sont attentatoires aux libertés civiles et confèrent à l’Amérique, par de nombreux aspects, les caractéristiques d’un Etat policier. Sur le plan extérieur, l’unilatéralisme et le mépris du droit international de Washington expriment un égoïsme et une tendance hégémonique de plus en plus préoccupants.

    Une société surveillée

    Fin juin 2013, Edward Snowden, ancien cadre de la CIA et consultant pour la NSA – via le cabinet Booz, Allen & Hamilton – révèle à la presse, documents à l’appui, que l’agence américaine développe depuis plusieurs années un programme de surveillance et d’accès aux données personnelles des internautes stockées sur les serveurs des grands groupes de communication américains – fournisseurs d’accès ou de messagerie – Microsoft, Yahoo, Facebook, Google, AOL, Skype, YouTube et Verizon.

    Ce programme, qui a pour nom de code Prism, correspond à une véritable mise sous surveillance de la population américaine et de tous les étrangers, vivant, séjournant ou échangeant avec les Etats-Unis. Il collecte, au nom de la lutte antiterroriste, les métadonnées (numéro appelé, durée de l’appel, etc.) de communications de centaines de millions d’individus avec l’autorisation d’une cour secrète. A travers Prism, et contrairement aux dénégations de pure forme des autorités de Washington, tous les citoyens américains sont traités comme des terroristes potentiels. 100% des communications sont enregistrées – y compris les contenus – quels que soit les médias (téléphonie fixe et mobile, internet, etc.) et, en cas de besoin, les autorités vont piocher dans ces données.

    Or Prism n’est qu’une des multiples facettes du programme de surveillance interne mis en place par la NSA. En effet, les Etats-Unis disposent de moyens colossaux, financiers et techniques, pour scruter les activités de leurs citoyens.

    Ainsi la police américaine amasse des millions de données numériques sur les déplacements des véhicules qui circulent dans le pays dans d’immenses bases de données. Elles sont obtenues grâce à des dizaines de milliers de scanners automatisés, installés sur des véhicules de police ou répartis un peu partout sur le territoire américain, sur des ponts ou des édifices. Dans un rapport publié mercredi 24 juillet 2013, l’American Civil Liberties Union (ACLU) affirme qu’ils permettent d’enregistrer la plaque d’immatriculation et des images des véhicules qui passent ou qui sont garés. Les polices envoient ensuite ces informations dans des banques de données qui peuvent être consultées des semaines, voire des années plus tard. Cette surveillance, permet notamment aux autorités de savoir où une personne s’est rendue durant une journée précise, même si cette personne n’a commis aucun acte illégal. Les responsables de l’application de la loi affirment que cette pratique est légale et qu’elle permet d’appuyer les policiers dans leur travail. Cela laisse songeur. 

    Autre exemple : le Pentagone a récemment décidé d’exploiter deux ballons espions au-dessus de Washington DC à des fins de surveillance permanente. Dotés des technologies dernier cri, ils sont capables de couvrir des milliers de kilomètres de la Caroline du Nord jusqu’aux chutes de Niagara et de « screener » des millions d’Américains ; ces ballons peuvent rester dans le ciel pendant un mois sans avoir besoin d’être ravitaillés.

    Si l‘on ajoute à cela que, depuis quelques années, l’utilisation des drones à des fins de surveillance intérieure se développe et que, surtout, les données personnelles des citoyens (fichiers bancaires, de santé, de sécurité sociale, universitaires, données fiscales et judiciaires, etc.) sont très peu protégées outre-Atlantique, force est de reconnaître que la société américaine une est devenue une société surveillée. Ce que George Orwell prévoyait pour 1984 est finalement en train de devenir réalité, 40 ans plus tard.

    Un « habillage » pseudo-démocratique

    Depuis plus de dix ans, les autorités politiques se sont donc peu à peu arrogé tous les pouvoirs et ont considérablement réduit la sphère privée. Comment de telles dérives sont-elles légalement possibles ? Pourquoi la population les accepte-t-elle sans broncher ? Le gouvernement fédéral procède de deux façons complémentaires :

    - d’une part, il « vend » à la population cette démarche comme étant indispensable à sa sécurité face aux terroristes. Il sur-communique sur la menace – certes bien réelle – mais en l’amplifiant largement. Par ailleurs, il vante l’efficacité de son système et en annonce, de temps à autre, les « succès ». Cette démarche fonctionne, notamment parce que dans les sociétés de consommation post-industrielles en crise, les citoyens ont été remplacés par des consommateurs lobotomisés, préoccupés d’abord de leur propre bien-être (consommation et sécurité). Et en ce domaine, les Etats-Unis sont en avance sur l’Europe.

      – d’autre part, les autorités s’attachent à donner « habillage » légal à leurs transgressions de la constitution[1] et des libertés civiles, ce qui est le premier signe d’un Etat policier. Pour pratiquer sa surveillance intrusive sans entrave ni risque de poursuite pénale, la NSA s’appuie sur les lois de 1978 et sur la législation adoptée en octobre 2001 (Patriot Act) et 2008 sous George W. Bush, et qui a été reconduite par Barack Obama en décembre 2011.

    Ainsi, lors de la révélation du programme Prism, le président Obama et les représentants du Sénat chargés de contrôler les activités les services de renseignement, ont justifié ces pratiques au nom de la sécurité nationale. Plus grave, la Chambre des représentants américaine a rejeté à une courte majorité, mercredi 24 juillet 2013, un amendement déposé par un jeune élu républicain du Michigan, Justin Amash. Ce texte visait à mettre un terme au financement du programme de surveillance de la NSA aboutissant à la collecte de données téléphoniques de millions d’Américains. Cet amendement était soutenu par une coalition hétéroclite d’élus allant des conservateurs du Tea Party aux démocrates les plus à gauche. Il a été rejeté par 217 voix contre et 205.

    Que penser de Snowden : traître ou héraut ?

    S’il a clairement transgressé les règles de confidentialité qui lui étaient imposées, Edward Snowden n’a rien d’un traître. A la différence de Bradley Manning[2], les révélations qu’il a faites et les documents qu’il a transmis à la presse ne sont pas encore dommageables pour la politique étrangère américaine, car tous les milieux spécialisés internationaux étaient au courant de cette boulimie d’écoutes de la NSA, sur son propre territoire comme à l’étranger. La motivation principale de Snowden n’est ni la vengeance, ni la recherche de la notoriété, et les risques qu’il a pris sont énormes. Son but, c’est la dénonciation des dérives qu’il a observées et dont il ne veut pas être complice. A ses yeux, le système américain est en train de devenir fou et doit être repris en main. Sa transgression a donc été utile, à la différence de celle de Manning, qui a commis un acte bien plus grave pour la sécurité nationale des Etats-Unis en révélant une quantité très importante de documents confidentiels, avec l’évidente volonté de nuire.

    De plus, la démarche de Snowden met en lumière un second fait connu généralement des seuls spécialistes : depuis l’intervention en Afghanistan (2002) et l’invasion de l’Irak (2003), les prestataires privés (Contractors) ont prospéré dans tous les domaines relevant traditionnellement des armées et des services spéciaux. En confiant de nombreuses tâches de renseignement intérieur et extérieur à des sociétés et des individus sans liens autres que contractuels avec le gouvernement, l’administration a perdu une partie du contrôle sur leurs activités. Surtout, en créant, un immense secteur économique dépendant des programmes de sécurité américains, cela a donné naissance à de nouveaux acteurs qui semblent bien avoir remplacé le lobby militaro-industriel américain comme premier influenceur de la politique de sécurité nationale… et ses dérives.

    Quelle est l’efficacité du système ?

    Au-delà des questions de violation du secret, une question demeure : ce système gigantesque et intrusif est-il efficace ?

    En premier lieu, il convient de rappeler que l’une des raisons du développement d’un programme de surveillance intérieure par la NSA vient du fait que les Etats-Unis ne disposent pas, à la différence des Etats européens, d’un véritable service de renseignement domestique, à l’image de la DCRI française, du MI 5 britannique, du BND allemand ou de l’AISI italienne. En effet, le FBI s’est opposé à la création d’un tel organisme qui lui aurait fait concurrence. Les tâches de surveillance du territoire ont donc été réparties entre le bureau fédéral – qui est surtout une police judiciaire – et la NSA.

    En second lieu, si ce système a certes pu déjouer plusieurs complots terroristes – c’est là l’argument avancé par les autorités pour justifier la surveillance électronique tous azimuts – personne ne parle des très nombreuses erreurs qu’il a engendrées et qu’ont eu à subir des citoyens innocents, ni de la réduction considérable de la sphère privée qu’il a provoqué.

    Enfin, il est intéressant de comparer le rapport coût/efficacité. Ainsi, on peut considérer qu’en matière de renseignement, Washington dépense à peu près 100 fois plus (budget) que ne le fait Paris et dispose de 50 fois plus de personnel dédiés au renseignement (fonctionnaires civils et militaires, Contractors). Or le système américain est-il 50 fois ou 100 fois plus efficace que celui de la France ? Evidemment non. Il ne l’est même pas 5 à 10 fois. Tout juste pouvons-nous considérer qu’il est un peu plus efficace. Cela  ne justifie donc en aucun cas les incroyables budgets accordés aux services et la restriction de la sphère privée.

    Une puissance sans aucun scrupule

    Parallèlement à la mise sous surveillance électronique de la population et du territoire américain, Snowden a confirmé que la NSA écoutait tous ses alliés, même les plus proches, en recourant à une gamme de moyens d’interception très variée. La presse européenne, puis les leaders politiques du vieux continent, ont aussitôt réagi, dénonçant ces pratiques qu’ils jugent déloyales, inadmissibles, et qu’ils semblaient découvrir.

    Pourtant, ces pratiques sont vieilles comme le monde, ou tout au moins comme la NSA créée en 1952. Ce second sujet est pourtant un faux problème et l’on ne peut légitimement pas reprocher aux Américains d’écouter leurs partenaires, même si ce n’est pas Fair Play. Ce type d’espionnage existe depuis la nuit des temps. Même s’il est toujours plus désagréable de se savoir écouté par un allié que par un ennemi, c’est une grande tradition du renseignement et des relations entre Etat et la NSA nous écoute depuis sa création, comme le fit avant elle l’AFSA[3].

    D’ailleurs rappelons-nous ce qui disait Churchill dans ses mémoires : « nous n’avons pas assez espionné l’armée française avant 1940, car elle était notre alliée. Si nous l’avions fait, nous n’aurions pas été surpris par sa déroute face à l’Allemagne et par les conséquences qu’elle a eu sur notre sécurité ». Ce en quoi, il avait entièrement raison. Ainsi, début 2003, la France, qui a été surprise par la déclaration commune de la quasi totalité de ses partenaires européens soutenant la décision américaine d’envahir l’Irak – ce qui fut un camouflet pour notre diplomatie – aurait mieux fait d’écouter ses partenaires de l’Union afin de déceler leur duplicité.

    Au demeurant, les écoutes et intrusions américaines dans nos communications et nos systèmes d’information stratégiques se font en partie avec notre collaboration ! Dès lors, que nous achetons logiciels, expertise et conseil à des entreprises américaines, que nos serveurs internet et Cloud Computing sont hébergés outre-Atlantique, et que nous leur confions le cryptage ou les tests de sécurité de nos systèmes d’information et de nos communications, il ne faut pas s’étonner que les Américains lisent en permanence ce que souhaitons protéger. Ce n’est donc pas eux qu’il convient de fustiger en la matière, mais au contraire l’inconséquence des dirigeants européens qui n’ont pas su développer des offres nationales concurrentes ou interdire la signature de tels contrats.

    Les arguments fallacieux des Américains

    Pour autant, dès lors qu’ils se trouvent en position d’accusés en raison des interceptions illégales à l’étranger, les Américains s’empressent de rétorquer que « tous les pays du monde font de même ». Ils ciblent en particulier la France en évoquant le dispositif mondial d’écoutes de la DGSE qu’ils ont baptisés Frenchelon. Or une telle argumentation est à la fois fausse et fallacieuse. Pourtant, certains journalistes français, totalement ignares en la matière et croyant détenir quelque scoop, se font les meilleurs avocats de cette désinformation américaine.

    Il faut d’abord rappeler que le réseau Frenchelon n’existe pas et que c’est une invention américaine. Nos « alliés » appellent ainsi les quelques stations d’écoute de la DGSE dans le monde depuis qu’ils ont été attaqués en 2003 par les Européens qui avaient dénoncé les écoutes de leurs communications et celles découvertes au siège de l’Union européenne. Certes, la DGSE dispose bien d’une dizaine de petites stations d’écoute dans le monde – en métropole, outre-mer et en Afrique – mais cela ne peut en aucune façon être comparé avec le dispositif américain. En France, approximativement 2 500 personnes se consacrent aux interceptions des communications internationales. Les Etats-Unis, eux, ont des centaines de stations d’écoute à la surface du globe, opérées par près de 100 000 personnes – incluant leurs alliés anglophones et les sous-traitants privés. Donc le rapport est de 1 à 50, voire plus entre le monde anglo-saxon et la France. Aussi, lorsque Washington recourt à l’argument de Frenchelon, c’est pour se dédouaner de leurs pratiques discutables aux yeux de l’opinion internationale.

    Sur le plan intérieur, il convient de rappeler que, la France est le pays européen qui dispose de la loi la plus restrictive en matière de protection des données personnelles, sous l’autorité de la Commission nationale informatique et liberté (CNIL). De plus, dans notre pays, depuis les dispositions de 1994 – préparées par Michel Rocard, suite aux dérives de François Mitterrand au cours de son premier mandat[4] – l’interception de correspondances privées fait l’objet d’un encadrement très strict. Ainsi, la loi est très scrupuleusement respectée. Certes, les dispositions antiterroristes dans le cadre de la loi Perben 2 autorisent à conserver les traces des appels, mais non les contenus, ce qui ne porte pas atteinte aux libertés privées.

    Surtout, la France ne dispose pas d’arrangements comparables à ceux qui lient l’administration américaine aux entreprises de téléphonie ou autres fournisseurs d’accès internet. L’Etat français, dans la majorité des cas, ne s’affranchit pas des règles de droit. Notre législation permet certes, qu’à partir du moment où un attentat de grande ampleur se prépare, que les juges anti-terroristes puissent mener des enquêtes très approfondies. Leurs moyens ont été accrus en ce sens depuis 2001, mais leurs investigations restent basées sur des suspicions raisonnables. Alors qu’aux Etats-Unis, point n’est besoin de suspicions ou d’un magistrat pour déclencher une surveillance. La France surveille les groupes et individus dangereux, mais dans les limites constitutionnelles. Notre pays réussi « endiguer » la menace terroristes sans entraver les libertés civiles.

    Les autres dérives condamnables

    Les pratiques de la NSA révélées au grand public par Edward Snowden ne sont pas l’unique signe de la préoccupante dérive des Etats-Unis. Elles ne font que venir s’ajouter aux autres mesures adoptées par Washington depuis la fin de la Guerre froide et illustrent l’inexorable dérive unilatérale de l’unique superpuissance planétaire :

    • développement de l’espionnage économique à partir du début des années 1990, ayant pour conséquence une perversion des mœurs commerciaux internationaux. A travers l’ingérence croissante des pratiques du renseignement dans les affaires, la loi de l’offre et de la demande s’applique de plus en plus imparfaitement ;
    • extraterritorialité du droit américain et de ses sanctions en matière commerciale[5] ;
    • refus de voir des militaires américains jugés par la Cour pénale internationale ;
    • instauration d’une « Guerre contre le terrorisme » (GWOT), inappropriée à la manière dont il convient de lutter contre ce qui est d’abord un phénomène de nature criminelle ;
    • rejet des lois de la guerre et des conventions de Genève à travers la création extralégale du camp de Guantanamo ;
    • multiplication des arrestations et des enlèvements extrajudiciaires (Renditions), en contravention avec le droit international et le droit local des pays dans lesquels ont eu lieu les opérations ;
    • transfert de prisonniers dans des prisons étrangères afin de pouvoir les interroger dans un cadre « non démocratique » ;
    • justification et légalisation de la torture dans le cadre de la guerre antiterroriste ;
    • traitement arbitraire et excessif des passagers aériens et des visiteurs étrangers lors des contrôles aux frontières ;
    • invasion illégale de l’Irak en 2003, malgré l’opposition des Nations unies, en s’appuyant sur des arguments erronés ou construits de toute pièce pour justifier leur action (mensonges et Spin Doctors) ;
    • multiplication des frappes de drones et des exécutions sommaires dans le monde, afin de démanteler les infrastructures terroristes, y compris au prix d’importants dommages collatéraux sur les populations civiles. Ces opérations ne font qu’augmenter le ressentiment à l’égard de Washington – et de l’Occident – et fournissent sans cesse de nouvelles recrues aux groupes djihadistes. Au demeurant, dans le cadre de ces actions, les Etats-Unis ont éliminé en toute illégalité plusieurs de leur propres ressortissants ayant rejoint Al-Qaida ;
    • acharnement démesuré contre Bradley Manning, certes totalement coupable d’avoir divulgué des secrets portant atteinte à la sécurité nationale de son pays. Mais le Pentagone et  et le gouvernement, le considérant comme « l’un des plus grands traîtres de tous les temps », s’acharnent sur lui d’une manière incompatible avec la démocratie[6] ;
    • soutien aux Frères musulmans et aux salafistes dans tout le Moyen-Orient et notamment en Syrie, dans le cadre des pseudo révolutions arabes ;
    • refus initial d’intervenir au Mali et de soutenir la France considérant que la sécurité des Etats-Unis n’était pas concernée par ce pays… avant de soutenir médiocrement l’action de Paris.

     Mise sous surveillance de la population, écoutes accrues des alliés comme des concurrents étrangers, transgression du droit international, politique étrangère hasardeuse… force est de constater la dangereuse dérive des Etats-Unis. En raison de leurs comportements de plus en plus arrogants et unilatéraux, ils sont en train de devenir un véritable « Etat voyou », terme qu’ils ont inventé pour  discréditer certains de leurs adversaires ou des régimes totalitaires.

    Pourtant, cette idée a encore du mal à être acceptée par les observateurs, qui vivent toujours avec l’image des Etats-Unis « champions du monde libre et de la démocratie », comme ils furent face au totalitarisme soviétique. D’ailleurs Washington met en œuvre une très active campagne de communication pour que cette image perdure et pour justifier toutes ses transgressions au nom de la liberté et de la démocratie.

    Et cela fonctionne ! Ainsi, Barack Obama, a été lauréat du Prix Nobel de la paix après avoir été à peine élu et il dispose d’une image beaucoup moins négative que celle de son prédécesseur, G.W. Bush, que les medias prenaient plaisir à caricaturer. Or, sous les deux mandats d’Obama, les Etats-Unis ont été encore plus étroitement autoritaires, interventionnistes et violateurs des libertés civiles que pendant la période 2000-2008. Non seulement l’actuel président a poursuivi la politique de son prédécesseur – c’est-à-à dire la stratégie élaborée par les néoconservateurs – mais il l’a même accrue ! Guantanamo n’a pas été fermé, les frappes de drones ont considérablement augmenté et la surveillance électronique de la population n’a cessé de se développer.

    C’est pourquoi il y a des raisons d’être inquiet : la première puissance politique, économique, militaire et culturelle mondiale, « phare » de l’Occident, est en train de déraper. Les Etats-Unis étaient censés incarner l’essence même des valeurs occidentales de liberté, de progrès, de démocratie et donner l’exemple. Mais plus rien de tout cela n’est vrai, depuis 2001. L’image d’Epinal que nous avons de l’Amérique et de plus en plus profondément en décalage avec un réalité bien moins reluisante et beaucoup plus inquiétante.

     Peut être est-ce la plus grande victoire posthume de Ben Laden : avoir poussé les Etats-Unis sur une voie qui est dangereuse pour le monde et pourrait leur être funeste. Quand la première démocratie mondiale n’en est plus une, ce sont la paix et la sécurité mondiale qui sont menacées. Mais, bien évidemment, une telle analyse nous fera accuser d’antiaméricanisme…

    • [1] A partir du moment où une affaire est considérée comme liée au terrorisme, la Constitution ne tient plus.
    • [2] Jeune caporal de l’US Army à l’origine des fuites de Wikileaks.
    • [3]Armed Forces Security Agency : ancêtre de la NSA.
    • [4] Affaire de écoutes de la cellule élyséenne.
    • [5] Depuis la fin des années 1980, Washington a développé un arsenal législatif répressif afin de lutter contre l’expansion économique de ses concurrents. Les autorités américaines ont adopté une législation leur permettant de sanctionner certains comportements des concurrents des Etats-Unis, jugés injustes et déraisonnables par eux, et de prendre des mesures unilatérales de rétorsion. Ce sont les fameux articles 301, super 301 des Trade Acts et les lois sur les embargos.
    • [6] Ses conditions de détention sont abjectes : confinement 23 heures sur 24 pendant cinq mois, puis enfermement dans une cage ; obligation de dormir nu hormis le port d’une robe dite « anti-suicide » (alors qu’il n’a jamais parlé de se suicider !) ; réveil trois fois par nuit. Le rapporteur spécial de l’ONU, Juan Ernesto Mendez, parle d’un « traitement cruel, inhumain et dégradant ». Les États-Unis passent pour une nation de droits et de lois mais, pour Bradley Manning, ce n’est manifestement pas le cas.

    CF2R   http://fortune.fdesouche.com

  • Entrevue du C.N.C #1: Hold Fast

     

    1) Pour commencer, peux-tu nous présenter Hold Fast et ses motivations ? Quelles ont été les réactions quant à votre premier album, Chute Libre, jusqu’à maintenant ?

    Tout d'abord merci au Cercle Non Conforme de nous offrir l'opportunité de nous présenter et de nous exprimer. HOLD FAST est tout simplement le projet hardcore de 2 membres du groupe HAIS & FIERS, le guitariste et le chanteur. Après avoir enregistré le mini cd d'Hais & Fiers: Timebomb, nous avons eu l'idée d'un projet plus violent, plus brutal (musicalement) que Hais & Fiers. Nous avons donc commencé à répéter et à composer des chansons. Nous pensons que la brutalité du hardcore est en parfaite équation avec les thèmes que nous abordons et l'époque "sombre" que nous traversons...

    Jusqu’à présent les critiques sont plutôt bonnes. Nous avons des retours positifs de France, mais aussi des 4 coins de l'Europe (Allemagne/Russie/Grèce...). Je pense que ça va nous pousser à continuer ;)

    2) Que signifie concrètement le nom du groupe : Hold Fast ? Y-a-t-il un rapport avec la chanson du même nom d’Hais et Fiers ?

    HOLD FAST est une expression anglo-saxonne qui signifie "ne jamais lâcher/tenir bon". D'ailleurs, il existe un nœud de marin qui porte ce nom et qui est connu pour justement ne jamais lâcher.

    Est-ce qu'il y a un rapport avec la chanson du même nom d'Hais & Fiers ? Oui et non. Ça colle tout simplement très bien à l'idée du groupe. Ne rien lâcher face au système...

    3) Vous jouez du Hardcore et vous avez sorti votre album chez Black Shirts Records. La scène Hardcore italienne actuelle vous a-t-elle inspiré ? Sinon, quelles sont vos influences ? A l’écoute de l’album, on peut dire Métal, Hardcore et RAC…

    Personnellement j'adore la scène hardcore fasciste italienne. C'est du très lourd avec des groupes comme Hate for Breakfast (qui n'existe plus malheureusement), Blind justice, Still Burnin’ Youth, Green Arrows, No Prisoner et j'en passe etc... très pro et très productive. J'en profite pour remercier Sandro de Black Shirts Records pour nous avoir produits. Ça a été assez compliqué de trouver un label.

    Quant aux influences, nous jouons simplement la musique que nous aimons et que nous écoutons : Rac/punk/metal/hardcore. Nous ne sommes pas vraiment influencés par telle ou telle scène ou tel ou tel groupe.

    4) Que penses-tu de la scène musicale actuelle en France ? Sachant que la musique est un facteur mobilisateur très important, penses-tu que notre scène est suffisamment mobilisatrice de par son activité et ses groupes ?

    Nous avons quelques bons groupes Français comme Frakass qui doivent sortir un nouvel album bientôt si je ne me trompe pas et il y a aussi nos amis de Lemovice, Bordel boys...etc Mais il faudrait vraiment de nouveaux groupes, du sang neuf et peut être un son différent (hardcore ? et même, pourquoi pas Rap si c'est bien foutu ?). Ça commence à vraiment manquer en France. Mais plus que le style de musique jouée, le plus important est d'essayer d’être professionnel, d'avoir un bon son, des bonnes partitions. Il faut essayer de se rapprocher des productions "à la mode" de MTV, mais avec notre message, qui, lui, signifie quelque chose... Comme tu l'as souligné, la musique est un très bon moyen de véhiculer nos idées et de motiver les troupes. Personnellement, j'ai d'ailleurs commencé à me politiser au son de groupes RAC des années 80.

    5) Peux-tu nous éclairer sur l’imagerie que vous utilisez et en particulier sur la très belle pochette de l’album qui a un lien, nous semble-t-il, avec les paroles de la chanson « Chute Libre »…

    On a essayé de se créer une image qui colle à la musique et aux textes de Hold Fast, une image enragée, la rage de toute cette merde qui nous entoure. Le concept du gars au masque de hockey avec son flingue vient de la chanson « Chute libre » (qui est aussi le titre de l'album) c'est la descente aux enfers d'un petit blanc qui habite en cité avec tout ce que ça peut engendrer comme embrouilles et qui trime pour s'en sortir financièrement. Malgré sa volonté, le système ne lui laisse pas la chance de s'en sortir et l'écrase de tout son poids (combien d'Européens de souche dans ces situations ? et combien d'allogènes qui vivent sur le dos des bons petits blancs ?). Il ne voit plus alors que la vengeance ultime comme échappatoire. Le masque de Hockey aussi car je suis fan de films d'horreur. Jason Voorhees (Vendredi 13) : uno di noi ;)

    6) Quels sont selon toi les fondements sur lesquels se baserait la société pour laquelle tu combats ?

    Je suis très loin d’être un politicien et il y a tellement de choses à changer, à commencer par nous-mêmes… Quelques idées qui me semblent essentielles : Remettre à l’ordre du jour le droit du sang et non le droit du sol. Essayer d’en finir avec le profit à tout prix et le capitalisme. Promouvoir et obliger à produire tout ce qui peut l’être, chez nous. Remettre en place la peine de mort pour les violeurs, assassins d’enfants etc. dès lors que des preuves irréfutables sont trouvées (ADN…etc.). Mettre en place des lois écologiques vraiment efficaces…etc. Mais comme je l’ai dit la politique n’est pas ma fonction, je préfère faire de la musique.

    7) Les paroles de la chanson « Esprit Guerrier » célèbrent le dépassement personnel. Peux-tu nous dire pourquoi cela est si important pour toi ?

    Les jeunes blancs, aujourd'hui, pour la plupart, ont perdu cet esprit guerrier qui est pourtant dans nos veines. Combien de jeunes se laissent totalement faire lorsqu'ils sont aux prises avec des bandes ethniques ? Nous sommes descendants de peuples européens, de peuples guerriers : celtes, romains, slaves, spartiates...etc. Le sport et le dépassement de soi doivent être promus. De nombreux jeunes activistes des pays de l'est et d'ailleurs en Europe ont compris qu'il faut redonner le goût du sport, l'esprit guerrier aux jeunes blancs (voir l'organisation de MMA "White Rex" en Russie qui fait un très bon boulot dans ce sens). Il le faut, surtout avec les temps sombres qui approchent...

    8) Nous ne pensons pas nous tromper en disant que le thème général de Chute Libre est la résistance au système. Comment y résister efficacement selon toi ? Quelles actions (de la part de mouvements politiques ou autres) te semblent actuellement aller dans la bonne voie ?

    A chacun de mettre ses compétences propres au service de nos idées. Il y a tellement de choses à faire… au niveau urbain (faire face à nos ennemis dans la rue et ailleurs), au niveau social (aider les nôtres qui se retrouvent dans la merde et/ou en prison), au niveau sportif (promouvoir le dépassement de soi, organiser des tournois entre blancs, des randonnées, organisations de type White Rex), au niveau écologique (manger local, protection de la nature, actions coup de poings) niveau militant (dénoncer les mensonges du système, collage, tractage, bombage), niveau musical (monter un groupe engagé, organiser des concerts…etc.). Très important aussi et qui sera de plus en plus une forme de résistance : fonder une famille saine. Bref être là et penser différemment.

    9) Le futur, tant de la France que de l’Europe, comment le vois-tu ?

    Très "sombre", dans tous les sens du terme... métissage, immigration, capitalisme, catastrophe écologique, répression qui se fera de plus en plus dure contre ceux de notre camp. Sans compter les crises sociales qui se feront elles aussi de plus en plus sentir. Tous ces problèmes ne feront que s'accentuer... jusqu'au point de non-retour ? J'espère que les nôtres se réveilleront avant qu'il ne soit trop tard...

    10) Merci d’avoir répondu à nos questions. A quoi peut-on s’attendre de la part de Hold Fast dans un futur plus ou moins proche ?

    On devrait se remettre à bosser sur de nouvelles compos durant l'année. Quelques idées naissent déjà. Peut-être aussi une surprise pour dans pas très longtemps... qui vivra verra. Merci encore pour cette entrevue les gars.

     

    Note du C.N.C.: Toute reproduction éventuelle de ce contenu doit mentionner la source.

    Voir notre chronique de l'album "Chute Libre" ici.

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com