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  • L'entretien que François Hollande aurait voulu censurer.

    DAMAS, Syrie- Hier, 2 Sept. 2013, le président syrien Bachar al-Assad a accordé une interview au journal français Le Figaro, au cours de laquelle il a affirmé que la stabilité dans la région dépend de la situation en Syrie.
    - LE FIGARO : LES AMERICAINS ET LES FRANÇAIS VOUS ONT ACCUSE D’AVOIR DECLENCHE UNE ATTAQUE A L’ARME CHIMIQUE LE 21 AOUT DANS LA REGION DE GHOUTA CE QUI A FAIT DES CENTAINES DE MORTS. POUVEZ-VOUS NOUS FOURNIR UNE PREUVE QUE VOTRE ARMEE N’A PAS COMMIS CETTE ATTAQUE.
    Bachar al-Assad : premièrement, quiconque accuse doit donner la preuve. Nous les avons défiés d’avancer une seule preuve ; ils en ont été incapables. Nous les avons défiés de donner une seule preuve à leurs peuples. Puisque les politiques extérieures se décident au nom des peuples et de leurs intérêts. Mais, ils n’ont pas pu le faire.
    Deuxièmement, parlons de la logique de cette accusation, si elle est raisonnable ou pas. A présent, je vous pose la question suivante : nous combattons depuis deux ans, et je peux dire que notre situation sur le terrain est aujourd’hui bien meilleure qu’elle ne l’était l’année dernière par exemple. Comment une armée, dans n’importe quel Etat, peut-elle utiliser des armes de destruction massives, au moment même où elle réalise un progrès moyennant des armes conventionnelles ? Soyons très précis : Je ne dis nullement que l’armée syrienne possède ou non de telles armes. C’est une question qu’on ne discute pas. Mais supposons que cette armée souhaite utiliser des armes de destruction massive, si elle en possède; est-il possible qu’elle le fasse dans une zone où elle se trouve elle-même ?!! Où en est la logique ?
    En plus, est-il possible d’utiliser des armes de destruction massive dans la banlieue de la capitale sans tuer des dizaines de milliers de personnes, car ces matières se transportent par le vent ?

    - DES ELEMENTS DE L’ARMEE SYRIENNE ONT-ILS ETE ATTEINTS PAR DE TELLES ARMES ?
    Bachar al-Assad : Oui dans la région d’al Baharieh dans la banlieue de Damas. Le comité d’enquête a rencontré les soldats hospitalisés.

    - CERTAINS DISENT QUE L’ARMEE A SANS DOUTE REALISE CERTAINS PROGRES. MAIS VOUS VOULIEZ AUSSI, EN FIN DE COMPTE, EN FINIR DEFINITIVEMENT AVEC CETTE OPPOSITION, QUI PROGRESSE DANS D’AUTRES ENDROITS.
    Bachar al-Assad : Encore une fois, les zones dont on parle sont des zones peuplées. Y utiliser des armes de destruction massive signifie des dizaines de milliers de morts. Toutes les accusations se fondent sur les allégations des terroristes et sur des images vidéo arbitraires diffusées sur internet.
    - LES AMERICAINS DISENT AVOIR CAPTE UN ENTRETIEN TELEPHONIQUE ENTRE UN DE VOS RESPONSABLES ET UN ELEMENT DE L’ARMEE, LUI DONNANT L’ORDRE D’UTILISER CES ARMES…
    Bachar al-Assad : si les américains, les français ou les britanniques disposaient d’une seule preuve, ils l’auraient annoncée dès le premier jour. Nous ne discutons pas des rumeurs, ni des allégations. Nous ne discutons que les faits. Si ce qu’ils disent est vrai, qu’ils en donnent la preuve.
    - SERAIT-IL POSSIBLE QUE CERTAINS RESPONSABLES, OU CERTAINS ELEMENTS DE L’ARMEE SYRIENNE, AIENT PRIS CETTE DECISION SANS VOTRE AVAL.
    Bachar al-Assad : Encore une fois… j’affirme que nous n’avons jamais dit posséder de telles armes. Votre question insinue des choses que je n’ai pas dites, et que nous n’avons ni confirmées ni niées en tant qu’Etat… mais normalement, dans les pays qui possèdent une telle arme, la décision est centrale.
    De toute manière, vous évoquez une question que nous ne discutons avec personne en tant qu’Etat, car c’est une question purement militaire.
    - MAIS JIHAD MAKDISSI L’A BIEN DIT ?
    Bachar al-Assad : Non… à l’époque, Jihad a dit : « si nous possédons une telle arme, nous ne l’utiliserons pas ». Le faite de la posséder ou non est une affaire purement syrienne et ne concerne que nous.
    - LE PRESIDENT OBAMA A REPORTE LES FRAPPES MILITAIRES SUR VOTRE PAYS. COMMENT EXPLIQUEZ-VOUS CETTE DECISION ?
    Bachar al-Assad : Certains estiment que le président Obama a fait preuve de faiblesse en temporisant l’agression, ou en la reportant pour quelques jours ou quelques semaines… Certains ont vu en lui le chef fort d’une grande puissance, parce ce qu’il a menacé de déclencher la guerre contre la Syrie. Quant à nous, nous estimons que l’homme fort est celui qui empêche la guerre, et non celui qui l’enflamme…
    L’homme puissant est celui qui reconnait ses erreurs. Si Obama était fort, il aurait dit publiquement : « Nous ne disposons pas de preuves sur l’usage de l’arme chimique par l’Etat syrien ». Il aurait dit publiquement: « La seule voie est celle des enquêtes onusiennes. Par conséquent, revenons tous au conseil de sécurité ». Mais à mon avis, il était faible parce qu’il a subi les pressions intérieures et a menacé de déclencher la guerre. C’est notre opinion. Je vous ai dit que par la force des choses le fort est celui qui empêche la guerre et non celui qui la déclenche et l’attise.

    - QUE DIRIEZ-VOUS AUX MEMBRES DU CONGRES AMERICAIN QUI DOIVENT VOTER POUR OU CONTRE CETTE FRAPPE ?
    Bachar al-Assad : Quiconque souhaite prendre cette décision doit, avant de voter, se poser la question évidente suivante : les guerres qu’ont-elles apportées aux Etats-Unis ou même à l’Europe ? Le monde qu’a-t-il gagné de la guerre contre la Libye ? Qu’a-t-il gagné du support apporté au terrorisme en Libye ? Qu’a-t-il gagné de la guerre en Irak et ailleurs ? Que gagnera-t-il du renforcement du terrorisme en Syrie ?
    La tache de tout membre du congrès consiste à servir l’intérêt de son pays. Avant de voter, il doit agir en fonction de l’intérêt de son pays… Quel serait l’intérêt des États-Unis dans la croissance de la perturbation et de l’extrémisme au Moyen Orient ? Quel serait leur intérêt à poursuivre ce que Georges Bush avait commencé, à savoir répandre les guerres dans le monde…
    S’ils raisonnent logiquement et en fonction de l’intérêt de leur propre pays, ils ne verront aucun intérêt dans de telles guerres. Mais vous savez que, dans beaucoup de cas, leurs positions politiques n’émanent pas toujours du bon sens.

    - COMMENT ENTENDEZ-VOUS RIPOSTER A CETTE ATTAQUE, AU CAS OU ELLE AURA LIEU ?
    Bachar al-Assad : Aujourd’hui, vous parlez d’un tonneau de poudre qui est le Moyen Orient.
    Le feu s’approche énormément de ce tonneau. Il ne s’agit pas seulement de la riposte syrienne, mais bien de ce qui pourrait se produire après la première frappe…
    Celui qui élabore aujourd’hui le plan de la guerre peut vous répondre en ce qui concerne le premier pas seulement, c’est-à-dire sur ce qu’il va faire lui-même. Mais après… Personne ne peut savoir ce qui se passera. Tout le monde perdra le contrôle lorsque le baril de poudre explosera… Personne ne dispose d’une réponse sur ce qui se passera en fin de compte. Ce qui est certain c’est qu’il y aura partout le chao, la guerre, l’extrémisme et ses répercussions.

    - LE DANGER D’UNE GUERRE REGIONALE SE POSE T-IL ?

    Bachar al-Assad : Bien sûr. Ce risque vient même au premier plan. La question ne relève pas seulement de la Syrie, mais de toute une région intégrée, étroitement liée sur le plan social, politique et militaire. Il est dons normal que les défis soient régionaux et non seulement syriens.
    - PAR EXEMPLE, ISRAËL SERAIT-IL UN DE VOS OBJECTIFS ?
    Bachar al-Assad : Vous ne vous attendez quand même pas que je révèle quelle sera notre riposte ?!! Il n’est pas logique d’annoncer notre plan, mais comme je viens de le dire, puisque les acteurs sont nombreux, parler d’un seul acteur minimise l’importance de ce qui se produira.
    - QUE DIRIEZ-VOUS A LA JORDANIE OU DES HOMMES ARMES SE SONT ENTRAINES. AU CAS OU LES EXTREMISTES REALISENT UNE AVANCEE, QUEL SERA, A VOTRE AVIS, LE DANGER QUI MENACE LA JORDANIE ?
    Bachar al-Assad : Notre politique consiste à ne pas exporter nos problèmes aux pays voisins. Nous traitions donc avec des milliers de terroristes déjà venus de la Jordanie, et nous les frappions à l’intérieur même de la Syrie … La Jordanie, par ailleurs, a déjà annoncé qu’elle ne servira de base à aucune opération militaire contre la Syrie.
    Mais si nous ne parvenons pas à frapper le terrorisme en Syrie, il passera tout naturellement dans d’autres pays. L’extrémisme et le chao se répandront davantage.

    - VOUS METTEZ DONC EN GARDE LA JORDANIE ET LA TURQUIE ?

    Bachar al-Assad : Nous l’avons dit à plusieurs reprises, et nous leur avons envoyé des messages directs et indirects. Je pense que la Jordanie en est consciente, malgré les pressions qui s’y exercent pour qu’elle devienne un lieu de passage pour le terrorisme. Quant à Erdogan, je ne pense pas du tout qu’il est conscient de ce qu’il fait…
    L’important aujourd’hui pour la Syrie est de frapper le terrorisme sur son territoire.

    - QUELLE SERA LA REACTION DE VOS ALLIES… HEZBOLLAH ET L’IRAN, AU CAS OU UNE ATTAQUE EST PERPETREE CONTRE LA SYRIE ? COMPTEZ-VOUS LE CAS ECHEANT SUR LEUR SOUTIEN ?

    Bachar al-Assad : Je ne veux pas parler à leur place. Cependant, leurs déclarations étaient claires. Puisque nous avons dit que la question était régionale, personne ne saurait dissocier les intérêts de la Syrie de ceux de l’Iran ; ni les intérêts de la Syrie, de l’Iran et du Hezbollah de ceux d’autres pays qui nous soutiennent.
    Aujourd’hui la stabilité de la région dépend de la situation en Syrie. La Russie en est consciente, aussi ne défend-elle pas le président ni l’Etat syrien mais bien la stabilité dans la région… car cela aura aussi des effets sur la Russie. Voir les choses sou l’angle d’une coalition entre la Syrie et l’Iran serait superficiel et limité.La question en est beaucoup plus grande.

    - LES RUSSES VOUS ONT-ILS RASSURE QU’ILS MAINTIENNENT DES CONTACTS AVEC LES AMERICAINS POUR ATTENUER LA FRAPPE ?

    Bachar al-Assad : Je ne pense pas qu’on fasse confiance aux américains. Aucun Etat au monde ne peut garantir à quiconque que les américains engageront ou non une action contre tel ou tel pays. Aussi nous ne cherchons pas de telles rassurances…Les américains disent une chose le matin, et le contredisent complètement le soir … Tant que les Etats-Unis ne suivent pas et n’écoutent pas les Nations Unies, nous ne devons pas être rassurés.
    - COMMENT PEUT-ON ARRETER LA GUERRE ET LA CRISE QUI DURE DEPUIS DEUX ANS ET DEMI EN SYRIE ? VOUS AVEZ PROPOSE UN GOUVERNEMENT D’UNION NATIONALE, LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE A PROPOSE GENEVE2… COMMENT PEUT-ON ARRETER LE BAIN DE SANG ?
    Bachar al-Assad : Lorsque la crise est à ces débuts et que vous parlez de solution, c’est totalement différent que lorsque vous parlez de solution à l’heure actuelle… J’ai dit dès le début que la solution devait avoir lieu par le dialogue… Le dialogue entraine des solutions et engendre des idées qui s’appliqueront à travers des mesures politiques.
    Aujourd’hui la situation est différente. Nous combattons des terroristes. 80 – 90 % de ceux que nous combattons appartiennent à al Qaeda. Ceux là ne s’intéressent pas à la réforme, ni à la politique, ni aux lois. Ceux là, le seul moyen de leur faire face est de les liquider. C’est alors que nous pourrions parler de mesures politiques. Pour répondre donc à votre question, la solution aujourd’hui consiste à arrêter de faire venir les terroristes en Syrie, de leur fournir des armes, et de leur apporter un soutien financier et autre…..

    - QUI LEUR APPORTE CE SOUTIEN ?
    Bachar al-Assad : L’Arabie Saoudite en premier lieu, la Turquie, la Jordanie (à travers l’infiltration des personnes armées), la France, le Royaume Uni et les Etats-Unis.
    - AVEZ-VOUS DES PREUVES QUE LA FRANCE A LIVRE DES ARMES AUX TERRORISTES ?

    Bachar al-Assad : Les positions politiques de la France, sa provocation qui met en exécution les politiques d’autres pays comme le Qatar et autres, en est la preuve pour nous.
    - ETES-VOUS PRET, M. LE PRESIDENT, A INVITER LES RESPONSABLES DE L’OPPOSITION A VENIR EN SYRIE, A SE REUNIR AVEC EUX, A LEUR PRESENTER DES GARANTIES SECURITAIRES, ET A LEUR DIRE ASSEYONS- NOUS ENSEMBLE POUR TROUVER UNE SOLUTION ?

    Bachar al-Assad : En janvier dernier, nous avons lancé une initiative qui comprenait tout ce que vous venez de dire, et même plus. Cependant, l’opposition dont vous parlez a été fabriquée à l’étranger. Elle est made in France, Qatar… mais certainement pas made in Syria. Elle suit donc forcement les ordres de ceux qui l’ont fabriquée. Il n’était pas permis aux membres de cette opposition de répondre favorablement à cet appel, ni donc aux solutions politiques. Par ailleurs, ils ne disposent d’aucune base populaire. Malgré tout, nous les avons invités mais ils n’ont pas répondu à cette invitation.
    - MAIS CERTAINS N’ONT PAS REPONDU PARCE QU’ILS CRAIGNAIENT POUR LEURS VIES. ILS CRAIGNENT QU’ILS NE SOIENT EMPRISONNES COMME CE FUT LE CAS AVEC ABDELAZIZ AL KHAYER. POUVEZ-VOUS LEUR DONNER DES GARANTIES ?
    Bachar al-Assad : Nous leur avons donné ses garanties, et moi-même j’ai évoqué ces points politiques y compris des garanties sécuritaires à toute personne qui vient en Syrie pour le dialogue. Mais ils ne sont pas venus, ou on ne leur a pas permis de venir. Dire qu’ils craignent être tués ou arrêtés, nous n’avons ni tué ni arrêté personne de l’opposition. Ils se trouvent en Syrie, les amis et les collègues d Abdelaziz Al Khayer … Vous pouvez les rencontrer ici même, en Syrie. Pourquoi agresser ou arrêter quelqu’un et laisser les autres ?! Où en est la logique ? Cela est insensé.
    - COMMENT EXPLIQUEZ-VOUS LA POSITION DE LA FRANCE AUJOURD’HUI A VOTRE EGARD ? VOUS ETES VENU PLUSIEURS FOIS EN FRANCE …
    Bachar al-Assad : Ce n’était pas une relation d’amitié… C’était une tentative de la part de la France de changer l’orientation de la politique syrienne, et ce à la demande des Etats-Unis. C’était une chose tout à fait claire pour nous. Même le virement positif vis à vis de la Syrie en 2008, s’est fait sous l’influence du Qatar… pour être clair, la politique de la France vis-à-vis de la Syrie dépendait totalement du Qatar et des Etats-Unis.
    - LES PARLEMENTAIRES FRANÇAIS SE REUNIRONT MERCREDI. AUJOURD’HUI, IL Y A UN GRAND DEBAT EN FRANCE. CERTAINS PENSENT QUE HOLLANDE EST ALLE TROP LOIN DANS CETTE AFFAIRE. QUEL DISCOURS ADRESSEZ-VOUS AUJOURD’HUI AUX PARLEMENTAIRES FRANÇAIS AVANT QU’ILS SE REUNISSENT ET VOTENT ?
    Bachar al-Assad : Il y a quelques jours, le Ministre français des affaires étrangères aurait déclaré : la participation de la France attend le congrès américain. Il n’a pas dit qu’il attendait la décision du parlement français. Je vous demande donc de qui dépend le Gouvernement français dans ses prises de décisions, du parlement français ou du congrès ?!!
    Depuis 2003, suite à l’invasion de l’Irak, la France a décidé de renoncer à son indépendance et est devenue la subalterne de la politique américaine. C’était vrai pour Chirac après la guerre, mais aussi pour Sarkozy, et aujourd’hui pour Hollande.
    La question est de savoir si la réunion du parlement français signifiera que les français retrouveront l’indépendance de la décision de la France. Nous souhaitons que la réponse soit positive. Je dirais à ce moment-là aux parlementaires français : que chacun décide en fonction de l’intérêt de la France. Les représentants du peuple français soutiendront-ils l’extrémisme et le terrorisme ? Se mettront-ils du côté de ceux qui ont perpétré les attaques du 11 septembre à New York, ou l’attentat du métro en Espagne ? Les députés du peuple français se mettront-ils du côté de ceux qui ont tué les innocents en France ??? Comment pourront-ils s’opposer à des gens comme Mohammad Marah en France, et les soutenir en Syrie !!! Comment la France peut-elle combattre le terrorisme au Mali et le renforcer en Syrie ? La France deviendra-t-elle un exemple de la politique des deux poids deux mesures promues par les Etats-Unis ? !!
    Comment les parlementaires français pourront-ils convaincre leurs concitoyens que la France est un état laïc, et en même temps appuyer ailleurs l’extrémisme et le confessionnalisme ; un Etat qui appelle à la démocratie mais dont l’allier principal c’est des Etats qui appartiennent au moyen âge comme l’Arabie Saoudite. Je dis aux parlementaires français : revenez aux principes de la révolution française dont le monde entier s’en est orgueilli : liberté, égalité, fraternité.

    - SI LA FRANCE INTERVIENT MILITAIREMENT, LES INTERETS NATIONAUX DE LA FRANCE SERONT-ILS AFFECTES EN SYRIE OU DANS LA REGION ?
    Bachar al-Assad : Cela dépend des répercussions de la guerre. Mais la France perdra certainement ses intérêts. Il y a une sorte de mépris vis-à-vis la politique de la France, cela est devenu clair et se reflète directement sur les intérêts. Il aura des répercussions, négatives bien entendu, sur les intérêts de la France. Surtout que des pays importants dans la région commencent à s’orienter vers l’Est, et non plus vers l’Europe comme auparavant. Les alternatives sont disponibles, ainsi que le respect mutuel entre nous et ces pays.
    - DONC VOUS APPELEZ A LA RAISON ET A LA SAGESSE.

    Bachar al-Assad : A la raison et à la morale.
    - ENTENDEZ-VOUS PRESENTER VOTRE CANDIDATURE L’ANNEE PROCHAINE AUX ELECTIONS PRESIDENTIELLES.
    Bachar al-Assad : Ca dépend, à ce moment là de la volonté du peuple syrien. Si je sens que le peuple le souhaite, je n’hésiterai pas à le faire, bien au contraire. A présent, nous n’avons pas de statistiques à ce sujet, mais nous avons des indices. L’indice principal c’est que lorsque vous combattez des terroristes qui viennent de plus de 80 pays et qui sont appuyés par l’Occident et par certains Etats Arabes, et que le peuple ne veut pas de vous, vous ne pouvez pas continuer. Puisque la Syrie a résisté pendant 2 ans et demi, c’est là un indice important quant à l’existence d’un soutien populaire.
    - DANS CETTE CRISE, M. LE PRESIDENT, JUSQU’OU VOUS ETES PRET A COMBATTRE ?

    Bachar al-Assad : Ce n’est pas nous qui a choisi de combattre. Nous avons deux choix : nous battre et défendre notre pays contre le terrorisme, ou capituler. L’histoire de notre région ne nous indique pas que nous ayons capitulé auparavant. Cette région a toujours vécu des guerres. Elle n’a jamais capitulé, et ne capitulera jamais.

    - DONC VOUS ALLEZ VOUS BATTRE JUSQU’A SACRIFIER VOTRE VIE POUR LA SYRIE ?

    Bachar al-Assad : Lorsqu’il s’agit d’une question patriotique tout le monde se bat, et tout le monde se sacrifie pour sa patrie…. Aucune différence entre président et citoyen… ce n’est pas une affaire personnelle. En quoi c’est utile si vous vous restez en vie alors que votre patrie est mourante ?

    - EST-CE QUE VOUS ASSUMEZ, M. LE PRESIDENT ; TOUTES LES ERREURS COMMISES ET TOUT CE QU’A FAIT VOTRE ARMEE ET LES FORCES DE SECURITE ? PENSEZ-VOUS QU’IL Y A EU DES ERREURS COMMISES ?
    Bachar al-Assad : Tout être humain risque de se tromper. Si vous ne vous trompez pas c’est que soit vous n’êtes pas humain, soit vous ne travaillez pas. Moi, je suis humain et je travaille… Mais lorsque vous voulez évaluez une erreur quelconque, vous devez prendre du recul. L’évaluation doit se faire après et non pendant la production de l’événement. Il faut bien attendre les conséquences de l’action. A présent, nous sommes au cœur de la bataille. Lorsqu’elle prendra fin, nous seront en mesure d’évaluer les résultats et nous dirons qu’on avait raison ici, ou qu’on s’est trompé là.
    - ETES-VOUS SUR QUE VOUS ALLEZ GAGNER LA BATAILLE ?
    Bachar al-Assad : L’histoire de notre région nous dit que lorsque les peuples se défendent, ils vaincront. Cette guerre n’est pas celle du président, ni celle de l’Etat. C’est la guerre de toute la patrie, et nous remporterons la victoire.
    - MALGRE TOUT, VOTRE ARMEE A PERDU CERTAINES REGIONS AU NORD, A L’EST, AU SUD… PENSEZ-VOUS QUE VOUS ALLEZ RECUPERER CES ZONES MILITAIRES ?
    Bachar al-Assad. : Notre problème n’est pas d’avoir la terre sous notre contrôle ou sous celui des groupes armés. Il n’y a pas un endroit où l’armée a voulu entrer sans pouvoir y pénétrer. Le vrai problème réside dans la poursuite du pompage des terroristes à travers les frontières. Il réside aussi dans le changement que les terroristes ont pu introduire sur le plan social dans les zones où ils ont pénétré.
    - VOTRE ANCIEN AMI MORATINOS M’A DIT IL Y A QUELQUES JOURS : QU’EST CE QUI SE PASSE DANS LA TETE DE BACHAR EL-ASSAD ? COMMENT PEUT-IL COMMETTRE DE TELS ACTES DE VIOLENCE DANS SON PROPRE PAYS ?

    Bachar al-Assad : Il faut plutôt se poser la question de savoir comment la France a permis de tuer des terroristes qui ont terrorisé les citoyens français chez eux ? Comment a-t-on fait face au désordre au Royaume Uni l’année dernière ? Pourquoi l’armée américaine est-elle descendue à Los Angeles dans les années 90 ? Pourquoi est-il permis aux autres pays de lutter contre le terrorisme, alors que cela n’est permis en Syrie ? Pourquoi n’est-il pas permis que Mohamad Marah se trouve en France pour tuer, alors qu’il est permis aux terroristes de se trouver en Syrie pour tuer ?
    - DEPUIS LE DEBUT DE LA CRISE, QUELS CHANGEMENTS Y-A-T-IL EU SUR VOTRE QUOTIDIEN EN TANT QUE DIRIGEANT DE L’ETAT ? APRES 2 ANS ET DEMI DE LA CRISE, CERTAINS DISENT QUE BACHAR EL-ASSAD DIRIGE SEUL LE PAYS.
    Bachar al-Assad : C’est bien ce que je vous ai répondu tout à l’heure. Si l’Occident était contre moi, mon peuple aussi, et que j’étais seul, comment pourrai-je alors être en mesure de diriger le pays ? C’est illogique. Je continue grâce à l’appui du peuple et à la puissance de l’Etat. Malheureusement, lorsqu’on nous regarde de l’occident, on ne voit pas les choses d’une manière réaliste.
    - PLUSIEURS JOURNALISTES FRANÇAIS SONT RETENUS EN SYRIE. AVEZ-VOUS DE LEURS NOUVELLES ? EST-CE LE POUVOIR QUI LES DETIENT ?
    Bachar al-Assad : Détenus chez nous ?
    - Ils ont été pris en otages au Nord.
    Bachar al-Assad : S’ils sont des otages chez les terroristes, c’est aux terroristes qu’il faut demander de leurs nouvelles. Si par contre l’Etat arrête quiconque pour être entré dans le pays de manière irrégulière, il sera traduit en justice. Il ne sera pas gardé en prison. Il sera jugé selon les lois syriennes, et tout le monde le saura.
    - SOUHAITEZ-VOUS ELABORER UNE COLLABORATION SECURITAIRE AVEC LA FRANCE, CE QUI SE PRODUISAIT D’AILLEURS DANS LE PASSE.
    Bachar al-Assad : Toute sorte de coopération, qu’elle soit sécuritaire, militaire ou même économique a besoin d’un accord politique. Nous ne pouvons pas avoir une collaboration sécuritaire avec n’importe quel Etat quand les intérêts politiques sont en contradiction.

    - LORSQUE VOTRE PERE EST DECEDE ET QUE VOUS ETES ALLE EN FRANCE, LE PRESIDENT CHIRAC VOUS A REÇU… VOTRE IMAGE A COMPLETEMENT CHANGE…

    Bachar al-Assad : La question est de savoir plutôt si la réalité de la personne a changée. L’image est modifiée par les médias à leur manière. Ma réalité n’a pas changé. Je suis quelqu’un qui appartient au peuple syrien. Je défends ses intérêts. Je suis indépendant, non soumis aux pressions extérieures. Je coopère avec les autres de manière à sauvegarder les intérêts de mon pays.
    Ils ont mal compris ces choses là. Ils ont pensé qu’un jeune président c’est quelqu’un à qui on peut dicter ce qu’il doit faire et ce qu’il ne doit pas faire. Ils ont pensé que si j’avais fait mes études en Occident, ça veut dire que j’ai perdu ma culture authentique… C’est une manière naïve et superficielle de voir les choses. Je n’ai pas changé. Mais dès le début ils m’ont vu autrement. Ils doivent accepter l’image du syrien attaché à l’indépendance de son pays.

    - LA FRANCE EST-ELLE DEVENUE UN PAYS ENNEMI DE LA SYRIE ?

    Bachar al-Assad : Quiconque contribue au renforcement financier et militaire des terroristes est l’ennemi du peuple syrien. Quiconque contribue à tuer un soldat arabe syrien est l’ennemi de la Syrie. Quiconque œuvre contre les intérêts de la Syrie et de ses citoyens est un ennemi.
    Je ne parle pas du peuple, car je vois que le gouvernement français va à l’encontre de l’intérêt e de la volonté de son peuple. Il faut faire la distinction entre peuple ennemi et Etat ennemi. Le peuple français n’est pas un ennemi, mais la politique de son Etat est hostile au peuple syrien.

    - DONC L’ETAT FRANÇAIS EST-IL AUJOURD’HUI UN ENNEMI DE LA SYRIE ?
    Bachar al-Assad : Dans la mesure où la politique de l’Etat français est hostile au peuple syrien, cet Etat sera son ennemi. Cette hostilité prendra fin lorsque l’Etat français changera de politique.

    http://www.voxnr.com/cc/etranger/EFZlVAuZpkjcmuQLAw.shtml

  • Faillite: Pourquoi la France est la prochaine sur la liste…

    Excellent article qui résume la situation financière française actuelle. N’oubliez pas que la hausse des taux français entraînera de facto comme en Grèce, une hausse massive des impôts et des coupes budgétaires massives, le tout pour la fin d’année ou début 2014.

    Article original: businessinsider.com

    3Le côté émotionnel du moi a tendance à imaginer la France, comme la princesse dans les contes de fées ou de la Madone dans les fresques, comme dédiés à un destin exalté et exceptionnel. Instinctivement, j’ai l’impression que la Providence l’a créée, soit pour des succès complets ou pour des malheurs exemplaires. Notre pays, car il est entouré par les autres tels qu’ils sont, doit viser haut et se tenir droit, sous peine de danger mortel. Bref, à mon sens, la France ne peut être la France sans grandeur3.

    - Charles de Gaulle, à partir de ses mémoires

    Récemment il y a eu une vague d’accidents de train horribles dans les nouvelles. Presque inévitablement, nous découvrons qu’il y avait une erreur humaine en cause. Il y a près de quatre ans, j’ai commencé à écrire sur l’accident de train économique qui était venu en Europe et plus particulièrement en Grèce. Il était clair à partir des chiffres que la Grèce aurait à faire un défaut, et je pensais à l’époque que le Portugal ne serait pas trop loin derrière. L’Espagne et l’Italie avaient besoin clairement une restructuration massive. Pour une partie du problème, j’ai souligné le déséquilibre significatif entre les exportations et les importations dans tous les pays ci-dessus.

    Dans la zone euro, il n’existait aucun mécanisme par lequel les taux de change pourraient être utilisés pour équilibrer les différences de coût du travail entre les pays de la périphérie et ceux de la partie nord. Et puis il y a la France. J’ai écrit dans cet espace depuis un certain temps que la France a le potentiel pour devenir la prochaine Grèce. J’ai passé beaucoup de temps à revoir la situation européenne, et je suis plus que jamais convaincu que la France est sur le point de devenir le plus important accident de train économique en Europe dans les prochaines années.

    Nous avons changé d’orientation au début de l’année au Japon en raison de la vraie crise qu’il se prépare. Au cours des prochains mois, je vais commencer à me recentrer sur l’Europe sur les trains qui menacent de sortir de leurs rails. Et fidèle à son habitude, cette épave sera entièrement due à une erreur humaine, couplée avec une grosse cuillère de l’orgueil.

      Cette semaine, nous allons jeter un bref regard sur les problèmes de développement en Europe et ensuite faire une série de plongées en profondeur entre maintenant et le début de l’hiver. La crise européenne à venir ne sera pas affichée la semaine prochaine, mais va commencer à jouer dans une salle de cinéma près de chez vous l’année prochaine. La lettre d’aujourd’hui se terminera par une petite spéculation sur la façon dont le conflit se développe entre la France et l’Allemagne et avec le reste de ses voisins.

    France: Sur le fil de la Périphérie

    Je pense que je dois d’abord reconnaître que le marché n’est manifestement pas d’accord avec moi. Le marché des OAT françaises (Obligations Assimilables du Trésor), de leurs obligations à long terme, ne voit pas de risque. Le tableau suivant est une comparaison des taux d’intérêt pour la plupart des pays développés, que je reproduis pour ceux qui sont intéressés par les détails comparatifs. Notez que les taux français sont inférieurs à ceux des États-Unis, au Canada et au Royaume-Uni. Maintenant, je comprends que les taux d’intérêt sont fonction de la politique monétaire, les anticipations d’inflation, et la demande de monnaie, qui sont tous liés à la croissance économique, mais encore ….

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    Les voisins de la France, l’Italie et l’Espagne, ont des taux qui sont environ le double de la France. Mais, comme nous allons le voir, les économies sous-jacentes ne sont pas tellement différentes pour les trois pays, et vous pouvez faire une bonne affaire si la trajectoire de la France est la pire.

    «Non: France n’est pas en faillite» – Vraiment?Nous allons commencer par un exemple remarquable de deux orgueils et ignorance économique publiée plus tôt cette année dans  Le Monde.  Sous le titre  « Non: France n’est pas en faillite  » par Bruno Moschetto, professeur d’économie à l’Université de Paris I et HEC,  qui a fait le cas suivant. Apparemment, il a écrit cela avec un visage impassible. Si vous n’êtes pas seuls, s’il vous plaît essayez de ne pas rire à haute voix et embêter les gens autour de vous.Non, la France n’est pas en faillite …. L’affirmation est fausse économiquement et financièrement. La France n’est pas et ne sera pas en faillite, car il serait alors en état d’insolvabilité. Un Etat ne peut pas être en faillite, dans sa propre monnaie, à des étrangers et résidents, puisque celui-ci serait invité à rembourser sa dette par une augmentation immédiate de la fiscalité. En résumé, l’État est à ses citoyens, et les citoyens sont les garants d’obligations de l’Etat. En dernière analyse, «L’Etat, c’est nous. » Pour être dans un état de cessation de paiement, un état devrait être endetté dans une monnaie étrangère, incapable de faire face aux engagements en devises dans cette monnaie….

    En fin de compte nos dirigeants ont tous les moyens financiers et politiques, à travers la perception des impôts, à faire face à nos échéances en euros. Et d’ailleurs, nos prêteurs renouvellent régulièrement leur confiance, et les taux n’ont jamais été aussi bas.Quatre choses sautent à l’esprit quand je lis cela. Tout d’abord, le professeur, en disant un pays n’est pas en faillite, car il serait alors insolvable est un peu comme dire à votre fille de ne peut pas être enceinte, car sinon elle va avoir un bébé. Dire que quelque chose est impensable ne signifie pas qu’il ne peut pas arriver.Deuxièmement, contrairement à votre compréhension apparente et la compréhension de vos partenaires de la zone euro, en particulier l’Allemagne, la France ne dispose pas de sa propre monnaie. Les Grecs, les Portugais, les Italiens et espagnols ont tous découvert qu’ils ne peuvent pas imprimer leur propre monnaie, peu importe combien ils aimeraient pouvoir. Vous êtes tous liés dans une expérience économique erronée appelé l’euro. Vous mourrez avec. Pour toutes fins utiles, vous êtes en effet redevable dans une monnaie étrangère. Sur votre chemin actuel, vous aurez bientôt vous rendre en Allemagne et dans le reste de l’Europe pour demander une dispense spéciale parce que vous êtes en France.

    Si cette évolution n’était pas si tragique potentiellement, avec des conséquences économiques terribles pour le monde entier, il serait un théâtre surtout amusant.Troisièmement, je trouve l’utilisation du terme  invité  dans l’expression «invité à rembourser sa dette par une augmentation immédiate de la fiscalité » être tout à fait une merveilleuse expression française. Votre taux d’imposition sont déjà parmi les plus élevés en Europe. À un taux d’imposition supérieur à 75%, vos entrepreneurs et hommes d’affaires quittent le pays en masse. Cette icône de l’éveil économique, la star du tennis Serena Williams, a récemment commenté dans  Rolling Stone  magazine «75% ne semble pas légal. » Gérard Depardieu et bien d’autres pas aussi célèbre sont d’accord et ont déjà quitté le pays. Vous allez recueillir moins, pas plus, les impôts des riches avec votre augmentation remarquable irréfléchie du taux d’imposition supérieure. Il suffit de regarder à travers le canal de l’Angleterre pour constater la fuites des capitaux.Quatrièmement, enfin, vous avez clairement pas fait vos devoirs sur les crises économiques. Le fait que les taux d’intérêt soient bas et que vos prêts se reconduisent  régulièrement signifie simplement que vous n’avez pas encore rejoint votre propre  Big Bang! .

    Chaque pays qui tombe dans une crise est en mesure d’obtenir du financement à des taux bas à droite jusqu’au moment où il ne peut pas. Il s’agit de la confiance des investisseurs, et j’avoue volontiers que maintenant vous l’avez. Mais à travers ses politiques que le gouvernement actuel fait tout ce qu’il peut pour détruire la confiance du marché obligataire aussi rapidement que possible. Et la France est particulièrement dépendant de sources non-françaises pour le financement de sa dette.Examinons quelques faits, le professeur Moschetto:1. Votre pays est en récession et a été pendant près de deux ans. Même le gouvernement commence à reconnaître que la croissance est et sera plate. Standard & Poor pense que votre taux de croissance peut être aussi bas que -1,5%. Jean-Michel Six de Standard & Poors a récemment fait remarquer, «Le déficit du compte courant croît mois après mois, et cela signifie qu’il dépend de plus en plus sur le reste du monde pour financer sa croissance.

    Selon moi, la France a obtenu seulement une année de sursis. « Une des façons de faire face à une crise de la dette est de faire croître votre moyen de s’en sortir. Vous ne faites pas ça. Le nombre de nouvelles installations industrielles créées par des étrangers a baissé de 25% l’an dernier, et la création d’emplois a chuté de 53%. Ernst & Young a déclaré le langage du corps anti-marché de la France était devenue presque « répulsif » à des investisseurs extérieurs, et une série de conflits de travail amères n’a pas aidé (source:  The Telegraph).

    La production industrielle française est toujours en baisse, et à la fois votre fabrication et de service PMI sont parmi les pires en Europe, bien pire encore que celles de l’Italie et de l’Espagne, qui sont tous deux clairement en déroute financière.Le graphique ci-dessous PMI est de Mars, mais Août était encore en territoire négatif (graphique gracieuseté de Josh Ayers de Paradarch Advisors).2. Votre croissance de la dette est insoutenable. La France connaît actuellement les plus bas taux d’emprunt effectifs qu’elle a eu pendant 30 ans, permettant d’assurer la totalité des augmentations de la dette. Les paiements d’intérêts et les intérêts exprimés en pourcentage du PIB sont au plus bas de tous les temps.Voici une analyse sommaire d’à peu près la meilleure équipe de recherche autour, à Bridgewater:La France aborde le point dans sa phase d’expansion de la dette dans lequel les coûts de service de la dette va augmenter plus vite que les revenus provoquant un squeeze. Les graphiques ci-dessous transmettre cet aperçu. Ils montrent les dettes de la France en hausse par rapport aux revenus tandis que les taux d’intérêt ont chuté de sorte que les frais de service de la dette ont diminué relativement malgré les dettes supérieures.

    Lorsque les frais de service de la dette tombent par rapport au revenu, qui laisse plus d’argent pour des dépenses, stimulant l’économie. Tant le taux sans risque et les spreads de crédit ont baissé à peu près aussi loin que possibles. En conséquence, le redressement net des paiements de service de la dette qui est venu de la baisse des taux d’intérêt sera supprimé. Si les taux augmentent, en particulier si les deux des taux sans risque et le crédit se propagent, le projet de service de la dette devra augmenter avec plus d’intérêt.Cela signifie que soit (a) les frais de service de la dette va augmenter en proportion du revenu, en serrant ainsi la consommation et en réduisant la croissance économique (b) il y aura une accélération de l’endettement pour payer à la fois les exigences accrues en matière de service de la dette et l’augmentation de la croissance de la consommation (ce qui est un signe certain d’une bulle insoutenable) ou (c) les revenus provenant d’autres sources doivent augmenter. Comme la croissance des revenus est fonction de la croissance de la productivité et de la compétitivité sur les marchés mondiaux, et la France ne fait pas beaucoup pour améliorer la productivité et la compétitivité, nous n’attendons pas de revenus au profit des variations de ceux-ci.

    Cela signifie que la croissance de service de la dette et la dette va accélérer jusqu’à ce que la bulle de la dette explose ou que la croissance de la dette augmente et la croissance économique ralentit. Puisque la croissance douloureuse lente n’est pas une option, il est plus probable que la croissance de service de la dette et la dette va accélérer jusqu’à la bulle éclate. Cela aura des conséquences importantes pour l’ensemble de la zone euro.La France se rapproche de la fin de sa capacité à jouer avec sa dette. Bien que la France a proposé une grande partie de sa dette à des comptes hors bilan pour ses programmes sociaux, la dette totale se développe tellement que les agences de notation devront commencer à prendre préavis.3. Le niveau de la dette française est à des sommets d’après-guerre et commence à se rapprocher de celle des pays périphériques. Notez dans le tableau ci-dessous à partir de Bridgewater qu’en Allemagne la dette non financière totale a diminué ces dernières années, la dette de l’Europe périphérique dans l’agrégat a augmenté à peu près stablement, mais la dette de la France augmente de façon spectaculaire. A ce rythme, la France fait face à l’accumulation de nouvelles dettes, il ne sera pas long avant que votre situation financière soit assez similaire à celle de vos voisins périphériques.

    Votre déficit budgétaire cette année est susceptible d’être bien plus que 4%, bien au-dessus du niveau spécifié dans vos engagements envers la zone euro. Le chien de garde du budget de la France, la Cour des Comptes, appelle à des coupes budgétaires beaucoup plus profondes que M. Hollande propose. Les syndicats et les employés du gouvernement, ainsi que beaucoup de parti de M. Hollande, sont en rébellion de communication. La France a besoin profondément de réformes du travail pour se rendre plus compétitif, mais il n’y a tout simplement pas de volonté politique ou la capacité de le faire.Votre budget sociale (dépenses sociales) est actuellement de 35% de votre PIB total. De mon ami Josh Ayers, curieusement appelé  Sex Drugs et la dette,  vient l’analyse suivante:Créé en 1945, ce système de protection sociale est entièrement capitalisé. Le schéma (leur mot, pas la mienne) a pris des proportions grotesques. Comme le montre le graphique 5, les dépenses de protection sociale française dépassent maintenant le reste du monde par une marge considérable.Mauldin Quelle est ce passif éventuel? Eh bien, les gouvernements sont un peu drôle au sujet de la transparence. Alors qu’ils convoitent les détails sombres de l’ensemble de votre histoire proctologique, ils n’aiment pas divulguer leurs propres obligations sociales en matière d’information, en particulier-capitalisation, bilan et hors bilan.

    En 2009, la BCE a commandé un rapport à partir du Centre de recherche pour les contrats générationnels qui ont cherché à quantifier la valeur actuelle des pensions du gouvernement et des régimes de sécurité sociale pour chaque membre UE. Alors que leurs données se termine à 2006, le rapport estime que la France a eu le plus grand passif total non capitalisé par rapport au PIB, à 362,2%, soit EUR 6,5 milliards de dollars.Comme les échecs des régimes de retraite américains l’ont prouvé, la solidarité est juste un autre mot pour système pyramidal. Le schéma reste solvant tant que les contribuables sont plus nombreux que les bénéficiaires. Mais tout va jackfu [note de John: C'est un terme d'économie technique] lorsque le pourcentage des contribuables commence à se contracter.En France, les pourcentages des deux payeurs et les bénéficiaires évoluent désormais dans le mauvais sens. Bien que le pourcentage des bénéficiaires intensifs aux cheveux blancs de la population totale a été en augmentation constante au cours des 25 dernières années, le pourcentage des contribuables a commencé à décliner. Est-il surprenant alors que les deux explosions majeures du déficit budgétaire français aient coïncidé avec le déclin à la fois de l’année-vieux démographique 30-49 au milieu des années 1990, puis plus tard avec le pourcentage d’accélération des 60 ans démographiquement dès la fin des années 2000?5. La France est dans une impasse économique profonde, et ce n’est pas la substance à partir de laquelle les récupérations importantes sont apportées.

    La confiance des consommateurs dans votre pays, était au plus bas depuis 40 ans en Juin. Une étude récente de la Fondation Pew a déclaré que le soutien français pour le projet européen est en panne de 60% à 40% au cours de l’année écoulée. Seulement 22% pensent maintenant que l’intégration économique de l’UE est positive.Le taux de chômage français est à un sommet en 15 ans de 11,2% et a augmenté pendant 26 mois consécutifs. Le chômage des jeunes français se situe à 25,7%. Le FMI a récemment publié un rapport qui suggère que les réformes économiques proposées par M. Hollande ne vont pas assez profondes et ne seront pas de nature à réduire le chômage par rapport aux niveaux à deux chiffres d’ici la fin de la décennie.La France a connu une érosion chronique de la compétitivité de la main-d’œuvre contre l’Allemagne en vertu de l’union monétaire en raison des accords salariaux plus élevés. De  53 % à  35 % en France et en Allemagne depuis 1999. Les coûts salariaux horaires français sont maintenant 5 % supérieurs à 36,40 €, alors même que la productivité allemande, c’est mieux. Le FMI a déclaré que la France a commencé à perdre du terrain face à l’Italie et à l’Espagne qui se serrent la ceinture ou réduisent les salaires. Le souci principal est « une perte constante de parts de marché, à la fois globalement et par rapport à ses voisins.»  (The Telegraph)6.

    Les avoirs étrangers de la dette française sont de 50% supérieurs à ceux de l’Italie et quatre fois plus élevés que ceux de l’Espagne. Alors que les investisseurs se sont inquiétés de la dette espagnole et italienne, ils tournaient en 1 milliards de dollars de la dette du gouvernement français sur l’hypothèse que la dette française était plus sûr. Le simple fait est que la France ne peut pas imprimer sa propre monnaie, il dépend donc de la bonté des étrangers. Bridgewater estime que si la France était jugée uniquement sur ses fondamentaux, sa propagation à l’Allemagne devrait être d’environ 3,5% plutôt que de 50 points de base en vigueur. Si ce genre de différentiel ont été réalisés par le marché, la France n’aurait pas d’espoir, sous le régime actuel, de faire passer son déficit sous les 3%, et encore moins au-dessous de la croissance du PIB nominal, qui est le nombre plus important.7. Comme les pays périphériques de la zone euro, la France a commencé à subir un important déficit commercial. Sans entrer dans le calcul, en termes très généraux, vous ne pouvez pas réduire votre dette et un déficit commercial en même temps. Cela a été l’un des principaux problèmes de la Grèce, le Portugal, l’Espagne et l’Italie. Restructuration et déficit commercial sont douloureux en ce qu’il nécessite un ajustement à la baisse de la monnaie ou une réduction des coûts de main-d’œuvre (ou une augmentation de la productivité du travail).

    Lorsque les dévaluations ne sont pas possibles, l’ajustement est généralement porté sur les épaules des travailleurs sous la forme de réductions de salaires et licenciements. Cela signifie bien sûr, une baisse des recettes fiscales et des déficits plus importants, venant à un moment où ils sont les plus difficiles à gérer. La France doit simplement devenir plus compétitive. Les nouvelles entreprises ne sont pas créés, et les entreprises existantes partent. Certes, Bruxelles n’a pas aidé, avec l’imposition d’une flopée de nouveaux mandats qui augmentent les coûts par rapport au reste du monde. Google « crise de poulet français» et «manifestations d’œufs françaises » pour voir pourquoi les exportations sont en baisse. Les exportations de volailles françaises ont chuté de 1,2 milliard € à moins de 200 M € sur 10 ans.8. Les dépenses du gouvernement français est déjà à 56% du PIB, et la dette au PIB est supérieur à 90%. À quel moment le marché va commencer à s’inquiéter d’un piège de la dette? Combien pouvez-vous payer d’impôt? Et vous voulez vraiment augmenter les impôts dans une période de faible croissance? Vous ne pouvez pas imprimer de l’argent sans l’accord de l’Allemagne et le reste de l’Union européenne. La réduction des dépenses de 4 à 5% au cours des prochaines années entraînera une récession beaucoup plus grave que ce que vous avez connu. (Il suffit de demander à la Grèce ou de l’Espagne.)Quand je regarde vos options en France, Professeur, je ne vois que de mauvais choix. Peut-être que vous pouvez parler à l’Allemagne pour signer un chèque pour couvrir vos déficits, mais pour ma part, je ne serais retenir mon souffle.

    Demandez à Chypre comment cela s’est passé. La seule façon pour obtenir le reste de l’Europe à signer des chèques est l’accord pour renoncer à votre souveraineté budgétaire.Compte tenu de l’état d’esprit de l’opinion publique française telle qu’elle est exprimée dans les sondages, quelle est la probabilité que la France acceptera de telles conditions? Mais alors, si vous ne voulez pas faire face à l’austérité forcée, quel choix avez-vous? Les créanciers étrangers ne vont pas continuer à accorder des prêts à la France tout simplement parce que c’est la France.Je dis tout cela avec un coeur lourd, parce que j’aime vraiment la France. J’aime la campagne française, l’histoire, l’art et de Paris. Mes nombreuses expériences en France ont toujours été agréables et ont créé de nombreux souvenirs agréables. Mais la réalité est ce qu’elle est. Vous avez rencontré des dettes, et maintenant le paiement est dû.

    Alors, quel est le catalyseur d’une crise française?

    Alors, pourquoi la France bénéficie-telle d’aussi faibles taux d’intérêt? La réponse simpliste est que le marché ne voit tout simplement pas le risque. Mais là encore, il n’a pas vu le risque en Grèce ou en Italie ou en Espagne avant leurs crises. Je pense que le catalyseur pourrait venir au cours de la dernière partie de l’année ou au cours du premier semestre de 2014. Il y a deux événements qui pourraient servir. Tout d’abord, quelque chose doit être fait très bientôt sur le Portugal. Les Portugais vont avoir besoin d’une autre injection de capitaux. Leur économie est à l’envers; leur dette par rapport au PIB continue de croître plus vite que les revenus, et en réalité ils ont besoin de faire défaut sur une partie de leur dette. Le Portugal va étouffer lentement dans les paiements d’intérêts massifs requis pour le service de sa dette.

    Le problème est que toute décote sur la dette mettrait les banques portugaises (qui sont les plus gros détenteur de la dette portugaise) dans l’insolvabilité. Le seul garant de banques portugaises dans la structure actuelle est le gouvernement portugais, ce qui signifie que, pour prendre annuler une partie de la dette qu’elle doit déjà aux créanciers, le gouvernement devra emprunter plus d’argent pour donner aux banques. Ils vont faire deux pas en arrière pour chaque pas en avant.

    Après Chypre, il est maintenant évident que l’UE et la BCE sont parfaitement disposés à voir de grands déposants et des créanciers obligataires subordonnés de banques assumer les pertes  plutôt que d’assumer une responsabilité mutuelle. Si les mêmes principes sont appliqués aux banques portugaises que celles  appliquées à ceux de Chypre, cela ferait une mauvaise situation financière du Portugal encore plus désespérée. Et pourtant, si la BCE renfloue les banques portugaises sous une fiction juridique, Chypre aurait une réelle justification pour d’éventuelles poursuites. Il n’y a tout simplement pas de bonnes solutions pour le Portugal sans que quelqu’un encourir beaucoup de douleur. Mais une crise bancaire portugais signifierait une ruée sur les banques italiennes et espagnoles. C’est vraiment aussi simple que cela.

    Tout le monde a dit, et le marché croit de toute évidence, que la Grèce était « one-off » et qu’aucun autre pays aurait besoin pour prendre une annulation de dette. Si le Portugal est le cas, alors le facteur de contagion que l’Europe s’inquiète de la Grèce va vraiment entrer en jeu. Si l’Allemagne et les autres pays du noyau dur permettent au Portugal à défaut d’une certaine manière, que feront-ils pour l’Italie et l’Espagne? Que va faire la France? Est-il soutenir davantage l’austérité pour le Portugal, ou sera le français qui va plaider pour le soutien des contribuables européens au Portugal (laissant ainsi entendre que la France devrait être en mesure d’accéder au même financement à un certain moment dans l’avenir)?

    Le Portugal a lui-même plongé dans ce qui peut seulement être appelé austérité sévère et souffre économiquement pour elle. Combien peut-on demandé aux Portugais de supporter? La réponse pourrait être, beaucoup plus, à moins que l’Allemagne et d’autres veulent signer un assez gros chèque. Italie, l’Espagne et la France seront à l’affût.

    Si les investisseurs privés dans des banques portugaises sont obligés de prendre des pertes, les déposants des banques italiennes et espagnoles deviendront nerveux. Toute personne faisant attention aux fondamentaux français va commencer à remettre en question le régime actuel des taux bas.

    Et puis il y a les tests européens de résistance des banques qui sont prévues pour le début de 2014. Celles-ci ont été reportées afin que la BCE puisse faire sa propre analyse, mais le temps pour eux se rapproche rapidement. Les régulateurs veulent avoir une méthodologie uniforme sur toute la zone euro pour le calcul des créances douteuses, ce qui permettra aux banques d’utiliser des «pratiques locales» pour masquer les mauvaises créances. En outre, il n’est pas encore clair comment les nouveaux tests de résistance des banques vont traiter la dette souveraine. Jusqu’à présent, la dette souveraine en Europe a été considéré comme sans risque, et les banques ont levier jusqu’à autant que 40 à 1 sur la dette souveraine. Les banques portugaises, par exemple, n’ont pas à réserver contre l’achat de la dette portugaise, pas plus que les banques italiennes ou espagnoles quand ils achètent la dette de leur propre pays. Toute modeste restructuration de la dette nationale entraînera des faillites bancaires massives, et pas seulement dans les pays périphériques, mais dans toute l’Europe.

    Il est question de commencer à exiger des réserves contre la dette souveraine, mais cela signifierait que les banques devront lever des capitaux importants dans le but d’apporter leurs ratios exigés Tier 1 en conformité. Bonne chance pour lever des dizaines de milliards d’euros qui seraient nécessaires dans l’environnement actuel du marché.

    Les tests de résistance des banques qui ont été administrés il y a quelques années étaient une blague, et tout le monde le sait. C’était tout un clin d’oeil. Afin de soutenir une quelconque crédibilité, la prochaine série de stress tests devra être beaucoup plus grave. Comment le nouveau régime réglementaire de la BCE traite-t-il la dette souveraine?. Ce sera dans une large mesure dire au monde comment ils sont sérieux au sujet des tests de stress. Après la Grèce, et après avoir examiné les problèmes actuels du Portugal et de l’Espagne (et en particulier les banques espagnoles), qui peut dire sans sourciller qu’il n’y a absolument aucun risque sur la dette souveraine? Mais s’il y a un risque, il doit y avoir des réserves en contrepartie?

    La France ne peut être la France sans grandeur

    Ces deux événements avec le Portugal et les stress test des banques européennes porteront l’attention des marchés retour sur les fondements de la dette européenne et l’euro. Il est fort possible que le déficit budgétaire français sera de plus de 5% en 2014. Dans un discours prononcé la semaine dernière, François Hollande a parlé de la façon dont la France aura le plein emploi, une troisième révolution industrielle, et le logement abordable d’ici 10 ans. La justice sociale sera atteint, et le changement climatique sera abordé. Il y avait beaucoup de belles paroles sur la façon merveilleuse dont l’avenir sera, mais pas beaucoup de détails sur la façon d’y arriver.

    À un certain moment, le marché ne pourra plus se contenter de belles paroles: il va exiger une action. Cette action va être difficile à produire, compte tenu de la politique intérieure de la France. Les décisions de la France fait, avec ceux de l’Allemagne, va déterminer l’avenir de l’expérience de l’euro. Et la situation n’est pas aussi simple que de demander si la France va obtenir ses finances en ordre ou si l’Allemagne va signer un chèque.

    Offrez-moi un instant et je vous offre un scénario très spéculative, mais intéressant. Les exportateurs allemands aimeraient voir un euro plus faible, mais l’Allemagne ne veut pas permettre à la Banque centrale européenne d’imprimer de l’argent. Cependant, les dirigeants allemands vont reconnaître qu’à un moment donné, si la zone euro doit maintenir une union monétaire, il doit également avoir une union fiscale. Un éclatement de la zone euro serait désastreuse cher pour tout le monde mais surtout pour l’Allemagne. Il y aura un effet  » live or die » par toutes les parties à maintenir l’euro. Si l’Allemagne et les autres membres financièrement sains de l’Union européenne peuvent persuader les pays périphériques d’adopter des règles qui exigent rigueur budgétaire en échange d’une mutualisation de la dette, alors que ce serait permettre à la BCE de monétiser les déficits dans l’intérim, et donc potentiellement affaiblir l’euro .

    Ce scénario nécessiterait l’accord des membres de la zone euro à renoncer à une grande partie de leur autonomie fiscale à Bruxelles. Cela va devenir la question centrale en ce qui concerne l’existence de l’euro d’ici quelques années. Dans une drôle de façon, la zone euro va entrer dans sa propre guerre des monnaies interne que les pays périphériques continuent d’avoir des problèmes d’endettement.

    La situation sera exacerbée par la crise budgétaire qui fera bientôt engloutir France. Il viendra précisément au moment où l’Allemagne devra permettre à la BCE pour accueillir le marché obligataire français, comme il l’a fait pour l’Italie et l’Espagne, et la France sera à son tour invité à entrer dans une période d’austérité, à la fois comme Italie et l’Espagne ont fait (très douloureusement).C’est à ce moment que la survie ultime de l’euro sera décidée.

    Bien que je ne pense pas que l’euro va survivre, je dois admettre que je ne suis pas très convaincu. L’euro n’a jamais été une monnaie véritablement économique; elle a été créée comme une déclaration politique, et est une monnaie politique. Le problème de l’Europe est que l’union monétaire nécessite finalement une union fiscale. Tout comme les différents états des Etats-Unis doivent équilibrer leurs budgets, c’est ce qui pourrait être exigé des pays qui font partie d’une union budgétaire européenne. Étant donné que la plupart de l’Europe a des problèmes du droit de dépenses tout aussi graves (ou pire!) Que ceux des États-Unis, il n’y aura pas une union budgétaire européenne sans beaucoup de controverse politique.

    L’Allemagne est-elle prête à payer la note pour le reste de l’Europe, compte tenu de la contrainte budgétaire sérieuse qui va s’imposer sur son propre budget? La France va être prêt à abandonner le contrôle de son processus budgétaire à Bruxelles? Telles sont les questions sur lesquelles reposent euro.

    Charles de Gaulle a déclaré que «la France ne peut être la France sans la grandeur. » Le chemin courant est que la France va emprunter  non la grandeur renouvelée, mais plutôt l’insolvabilité et la tourmente. La France est destinée à être groupé avec ses cousines périphériques méditerranéennes, ou pour être considéré comme faisant partie du solide noyau de l’Atlantique Nord? Le monde est bien mieux lotis avec une grande France, mais la France ne peut atteindre la grandeur que par ses propres actions.

    Article original: businessinsider.com
    Traduction Maître Confucius
  • NSA : Comment échapper à Big Brother ?

    Si l’agence américaine semble avoir la capacité de déchiffrer la plupart des échanges cryptés, il est possible de lui compliquer la vie…

    Chaque semaine amène son lot de révélations sur les capacités de surveillance de la NSA. La réaction du grand public est inlassablement la même, mi-cynique, mi-blasé : «On s’en doutait». La dernière en date : l’agence américaine serait capable de déchiffrer une grande partie du trafic Internet crypté, grâce à des standards qu’elle a affaiblis et des portes dérobées qu’elle force les équipementiers à installer.

    Ce dont est capable la NSA

    L’agence n’est pas plus forte que les mathématiques. Elle n’a pas, estime l’expert en cryptographie Bruce Schneier, trouvé de passe-partout universel. L’ordinateur quantique n’a pas encore, selon la plupart des chercheurs, suffisamment progressé pour cracker toutes les méthodes de cryptographie actuelles.

    En revanche, la NSA a fait du lobbying pour affaiblir, parfois directement, certains standards de chiffrement, installé de nombreuses portes dérobées, souvent avec la complicité des équipementiers, et même forcé les acteurs Web à lui fournir un accès à leur trafic avant qu’il soit encrypté. Analogie de l’activiste Keith Ng : l’agence n’a pas la capacité d’ouvrir toutes les portes ; mais elle oblige les propriétaires à lui donner la clé, à installer des serrures pas très solides ou à laisser la fenêtre ouverte.

    Comment échapper à sa surveillance

    C’est compliqué, contraignant, et pas efficace à 100%. «Si la NSA veut accéder à votre ordinateur, elle y arrivera», prévient Bruce Schneier. Le problème, c’est que de nombreux moyens pour sécuriser sa connexion semblent compromis (VPN, logiciel de cryptage commerciaux, etc.).

    Les conseils de l’expert, publiés dans une tribune sur le site du Guardian :

    • Anonymiser son réseau en utilisant le client TOR. Le FBI a, certes, réussi à exploiter un bug, mais une mise à jour a bouché la faille et c’est toujours mieux que rien.
    • Crypter ses communications avec les protocoles TLS et IPsec.
    • Se méfier des logiciels propriétaires, qui disposent sans doute de failles installées par la NSA. Schneier conseille GPG, Silent Circle, Tails, OTR, TrueCrypt et BleachBit et de vérifier les clés publiques utilisées.
    • Avoir un PC qui n’a jamais été connecté à Internet. L’utiliser pour crypter un fichier sensible, puis le transférer par clé USB vers une machine reliée au Web.

    Faut-il être parano ?

    «Je suis parano. Mais le suis-je suffisamment ?», se demande toujours le paranoïaque. «Ça ne dérange que ceux qui ont des choses à se reprocher (terroristes, pédophiles et j’en passe) alors de quoi nous plaignons-nous ?», réagit un lecteur de 20 Minutes. Sauf que le droit à la vie privée est inscrit dans la déclaration universelle des droits de l’Homme des Nations Unies de 1970. La plupart des pays le garantissent à différents niveaux : Code civil en France (art. 9), Bill of Rights aux Etats-Unis. Si des exceptions sont prévues sur ordre d’un juge, les analystes de la NSA ont le pouvoir de passer outre, selon les documents fournis par Edward Snowden.

    Du côté des objectifs, il ne s’agit pas que de lutter contre le terrorisme. L’internaute français qui télécharge illégalement la dernière saison de Game of Thrones sur BitTorrent n’a sans doute pas trop à craindre de la NSA. Mais l’agence a mis sur écoute des délégations de nations amies à l’ONU. Des informations recueillies par le programme Prism semblent avoir servi à monter un dossier contre Kim Dotcom pour fermer MegaUpload, sans même un procès. Washington aurait aidé les autorités néo-zélandaises à espionner un journaliste déployé en Afghanistan. Et plusieurs analystes ont également utilisé leurs outils pour surveiller leur conjoint ou leurs amants.

    Schneier estime que le gouvernement américain «a trahi Internet» et «compromis son intégrité» en transformant le réseau «en une vaste plateforme d’espionnage» sans aucun garde-fou. Il y a un risque, estime-t-il, que les portes dérobées et les standards affaiblis puissent être utilisés par des hackers mal intentionnés. L’expert réclame un grand coup de balai et appelle tous les ingénieurs à réparer Internet pour revenir à une démocratie plus saine. La question du poète romain Juvénal a presque 2.000 ans mais elle est plus que jamais d’actualité : qui surveille les surveillants ? (Quis custodiet ipsos custodes ?).

    20 minutes  http://fortune.fdesouche.com/321193-nsa-comment-echapper-big-brother

  • «Oui, Morsi et les Frères musulmans allaient céder 40% du Sinaï»

    «Oui, Morsi et les Frères musulmans allaient céder 40% du Sinaï» Samir Amin à Algeriepatriotique : «Oui, Morsi et les Frères musulmans allaient céder 40% du Sinaï»
    Algeriepatriotique : Trop d’hypothèses sont faites autour de l’éviction du président égyptien Morsi par l’armée. Quelles en sont les véritables raisons ?

    Samir Amin : La seule et véritable raison est que Morsi était rejeté par le peuple égyptien. La preuve en est donnée par la campagne de signature de Tamaroud qui avait réuni, avant le 30 juin, vingt-six millions de signatures demandant le départ de Morsi. Ces signatures n’ont pas été ramassées n’importe comment. Elles représentent un chiffre vrai. La manifestation du 30 juin était bel et bien attendue. Seulement, elle a dépassé tout ce qu’on pouvait imaginer. Les chiffres indiquent que dans toute l’Egypte, et non seulement à la place Tahrir, il y avait trente-trois millions de manifestants, le 30 juin. Pour un pays de 85 millions, si vous retirez les enfants, qui sont très nombreux, et les quelques vieillards qui sont moins nombreux, cela représente pratiquement tout le pays. Face à cela, évidemment, le commandement de l’armée a été très sage ; il a déposé Morsi et confié la présidence intérimaire à qui de droit, c’est-à-dire au président du Conseil constitutionnel, Adli Mansour, qui est un juge, mais pas un juge révolutionnaire ; c’est un homme conservateur, connu pour être parfaitement honnête et démocrate. C’est la seule raison. Il n’y en a pas d’autres.
    Quand on dit que l’armée en a profité pour faire un coup d’Etat, je dirai que si l’armée n’était pas intervenue, cela n’aurait pas été une bonne chose qu’on continue à voir Morsi qui se comportait comme un brigand et sans aucun respect des règles les plus élémentaires de la démocratie. Ayant armé des milices de Frères musulmans, ce n’était pas acceptable. L’alternative, c’est-à-dire la non-déposition de Morsi, n’aurait pas été acceptable non plus. Je dois ajouter – tout le monde le sait en Egypte, et c’est dit aujourd’hui avec beaucoup de force – que l’élection qui avait porté les Frères musulmans et Morsi au pouvoir a été une fraude gigantesque. Une fantastique fraude sur la fabrication des listes électorales, où les Frères musulmans se sont inventé neuf millions de voix supplémentaires.
    Algeriepatriotique. D’où tenez-vous ces chiffres ?

    Tout le monde le sait en Egypte. Et la preuve va être donnée par la justice bientôt. Nous ne l’avions pas appris hier ; nous le savions au lendemain de l’élection déjà. Nous connaissons des quantités d’exemples dans lesquels un même Frère musulman avait cinq cartes électorales, avec le même nom et inscrit dans cinq bureaux de vote dans des quartiers voisins. Et comme de surcroît cet électeur détenait les pouvoirs donnés par sa femme, ses enfants adultes ainsi que sa grand-mère, il pouvait voter cinq fois pour dix personnes. C’est comme cela que les choses se sont passées. D’autre part, les milices des Frères musulmans ont occupé les bureaux de vote et se sont donné, à eux seuls, le droit de voter et ont empêché, avec leur foule, les autres de voter, à tel point que les juges égyptiens qui généralement surveillent les élections et qui ne sont pas – je le dis encore une fois – des révolutionnaires, ont refusé en masse d’entériner ces élections. Le président de la commission électorale qui était un Frère musulman, par ordre de Morsi, a déclaré Morsi gagnant avant même que le dépouillement fût terminé. L’ambassade des Etats-Unis a proclamé Morsi vainqueur d’élections «démocratiques» et, évidemment, trois minutes après, les ambassades de Grande-Bretagne, de France et des autres pays européens ont suivi. La commission des soi-disant observateurs étrangers, principalement des Européens, a entériné ces élections-farce. Le régime ne bénéficiait, donc, d’aucune légitimité. Cependant, le fait qu’ils aient exercé le pouvoir pendant un an fut bien, parce qu’ils ont montré leur vrai visage. Ils ont poursuivi la même politique néolibérale que celle de Moubarak, dans une version encore plus brutale à l’égard des classes populaires et, d’autre part, ils ont violé toutes les règles les plus élémentaires de la démocratie. C’est pour cela que cette déposition n’est pas un coup d’Etat militaire et c’est pourquoi cette déposition et la chute de Morsi est une victoire du peuple égyptien. Cela va de soi que ce n’est pas une victoire finale. C’est une étape dans une longue bataille politique qui va continuer des mois, voire des années.
    Algeriepatriotique: Avec les graves débordements qui ont suivi la destitution de Morsi, pensez-vous que l’Egypte s’achemine vers une guerre civile ?

    Il n’y a pas de guerre civile et il n’y a pas de danger de guerre civile (en Egypte). Il y a eu trente-trois millions de manifestants au Caire contre Morsi, lequel avait le pouvoir de l’Etat et les milliards de dollars du Golfe. Seulement, il n’a même pas pu mobiliser deux millions de partisans. On parle de danger de guerre civile quand l’opinion est véritablement divisée et partagée. Ce n’est pas le cas en Egypte. Ce qu’il y a, par contre, ce sont des actions terroristes. En Egypte, tout le monde sait que les Frères musulmans sont au nombre de cinq cent mille à six cent mille. Parmi eux, il y a une centaine de milliers qui est armée. Ce sont ceux-là qui peuvent créer des troubles, non une guerre civile. D’ailleurs, dans les manifestations populaires, ceux qui arrêtent les Frères musulmans et les battent à plate couture, ce ne sont pas les forces policières, mais plutôt les manifestants eux-mêmes. Dans le quartier de Boulaq, quand une manifestation des Frères musulmans a voulu, le 30 juin, se déplacer, ce sont les gens de Boulaq qui leur ont barré la route et qui les ont véritablement, à coups de pierres, repoussés. Morsi avait menacé : «Si on me destitue, je vous promets la guerre civile !» Il n’y en aura pas. Les médias occidentaux, hélas !, répètent de leur côté : «L’Egypte est divisée.» Si nous voyions en France vingt millions de manifestants contre le Front National et cinq cent mille pour, dirait-on que l’opinion est divisée ? C’est grotesque de parler d’opinion divisée en Egypte et de risque de guerre civile. Concernant ces groupes djihadistes, ils viennent de deux endroits. De l’ouest de la Libye. Depuis que les pays occidentaux ont «libéré» la Libye et l’ont détruite, ce pays, aux mains de seigneurs de la guerre, est devenu la base de tout ce qu’on veut. D’ailleurs, les actions contre le Mali et l’Algérie sont venues de Libye. De la même manière, l’armée vient d’arrêter dans le désert occidental un groupe djihadiste venu de Libye, armé de missiles sol-sol. Alors, évidemment, avec cela, ils peuvent créer des incidents relativement graves. L’autre source d’attaque des djihadistes est le Sinaï. Parce que les accords malheureux, dits de paix entre l’Egypte et Israël interdisent une installation importante de l’armée égyptienne au Sinaï, elle a droit – je ne sais plus – à sept cents hommes, portés peut-être à deux mille. Ceci est un chiffre très petit pour une province désertique aussi vaste et montagneuse de surcroît. C’est un peu comme l’Adrar des Ifoghas. Venus avec le soutien financier de certains pays du Golfe et avec la tolérance – pour le moins qu’on puisse dire – d’Israël, ces groupes ont une existence au Sinaï. Ils l’ont d’ailleurs démontré immédiatement par une démonstration violente à Al-Arich, qui est la capitale du nord du Sinaï.
    Algeriepatriotique. Vous venez de parler des groupes djihadistes. Sachant le caractère transnational de la violence salafiste, pensez-vous que l’armée égyptienne a les moyens d’y faire face ?
    Nous, en Egypte, sommes comme vous en Algérie. L’islam politique n’a pas disparu. Il est un peu derrière nous parce qu’il a démontré sa vraie face. Chez vous, il a coûté 100 000 personnes assassinées par les terroristes. Et l’armée algérienne a fini par avoir raison d’eux. En Egypte, ça n’a coûté qu’un pouvoir civil d’une année, mais désormais l’opinion est très claire en Egypte. Bien sûr, la grande masse des Egyptiens, comme des Algériens, restent des musulmans croyants et même les coptes chrétiens en Egypte sont généralement croyants. Cependant, ils ne croient plus du tout à l’islam politique. Ce que nous entendons dans les rues du Caire – j’y étais récemment – sans arrêt, c’est : «Ihna mouch ayzin islam el baqala» «nous refusons l’islam d’épicerie». Mais, évidemment, il reste que nous sommes dans une société comme la vôtre, où il y a encore des gens qui n’ont pas encore compris. Et il y a, malheureusement, une base objective avec la misère et le désœuvrement des recrutements possibles. D’autant qu’ils peuvent recruter ailleurs, comme ce qui se passe en Syrie, où nous savons que tous ces groupes islamistes ne sont pas syriens et qu’il y a beaucoup de Tunisiens, d’Egyptiens, d’Afghans et de Turcs. De la même manière, ils peuvent toujours opérer. Je fais confiance aux forces de l’armée égyptienne qui sont capables de faire face avec succès à ces menaces, parce que, même si dans le haut commandement, certains peut-être qui ont été des alliés des islamistes ou qui avaient fait des calculs d’alliance avec eux dans le passé existent, une grande partie des officiers égyptiens sont avec le peuple égyptien contre Morsi. Pour ce qui est des moyens face à ce genre de situations, il n’est pas facile d’éradiquer d’un coup, d’autant, comme je le disais, qu’ils ont des bases objectives en Libye et dans les pays du Golfe.
    Algeriepatriotique. Les médias évoquent un deal conclu entre Morsi et les Américains qui consistait à céder 40% des territoires du Sinaï aux réfugiés palestiniens. En contrepartie, les Frères musulmans auraient empoché huit milliards de dollars. Qu’en est-il réellement ?

    Oui, cette information est exacte. Il y avait un deal entre Morsi, les Américains, les Israéliens et les acolytes riches des Frères musulmans de Hamas à Ghaza. Les Etats-Unis ont soutenu Morsi jusqu’au bout, comme ils ont soutenu Moubarak. Mais les pouvoirs politiques aux Etats-Unis sont, comme partout, réalistes. Quand une carte ne peut plus être jouée, ils l’abandonnent. Le projet de Morsi était de vendre 40% du Sinaï à des prix insignifiants non pas au peuple de Ghaza, mais aux richissimes Palestiniens de ce territoire, qui auraient fait venir des travailleurs de là-bas. C’était un plan israélien pour faciliter leur tâche d’expulsion des Palestiniens, en commençant par ceux de Ghaza vers le Sinaï d’Egypte de manière à pouvoir coloniser davantage et plus aisément ce qui reste de la Palestine, encore arabe de par sa population. Ce projet israélien a reçu l’approbation des Etats-Unis et, de ce fait, celle de Morsi également. Sa mise en œuvre avait commencé. L’armée est entrée en jeu et a réagi de manière patriotique, ce qui est tout à fait à son honneur, et a dit : «On ne peut pas vendre le Sinaï à quiconque, fussent-ils des Palestiniens et faciliter le plan israélien.» C’est à ce moment-là que l’armée est rentrée en conflit avec Morsi et les Américains
    Algeriepatriotique. Selon une étude récente, une gigantesque vague d’émigration d’Egyptiens aurait lieu vers les pays du Maghreb, dans les mois à venir. Y a-t-il des signes avant-coureurs d’un tel scénario ?
    Je ne sais pas d’où vient cette information. Il y a une pression migratoire très forte en Egypte comme dans tout autre pays arabe. En Egypte, il y a un chômage et une pauvreté qui sont énormes. Par conséquent, beaucoup de gens, surtout parmi les jeunes, mais pas seulement parmi les jeunes, quand ils ont l’occasion et la possibilité d’émigrer, partent n’importe où. Ils préfèrent par contre émigrer en Europe. Maintenant, les pays du Golfe, l’Irak et la Libye leur sont pratiquement fermés. Quant à la destination vers le Maghreb, je n’ai jamais entendu cette nouvelle et je ne sais pas ce que vaut cette étude.
    Interview réalisée par Mohamed El-Ghazi

    http://www.voxnr.com/cc/etranger/EFZlVuplAEwOyxxxWs.shtml

  • Manif du 14 septembre : le soutien de Philippe Randa

    « L’actuel Ministre de l’Intérieur multiplie les déclarations tonitruantes dans le seul but de capter des électeurs abusés par son apparence de fermeté, alors que son bilan aussi nul que son illustre prédécesseur à la tête des Forces de l’Ordre, est accablant pour la liberté d’expression et l’ensemble des libertés publiques.
    Alors que l’ancien Ministre de l’Intérieur Sarkozy s’était contenté de matraquer financièrement les « automobilistes-vaches à lait », l’actuel locataire de la place Beauvau dissout des mouvements politiques pour amuser la galerie médiatique et plus grave, embastille des « opposants politiques-boucs émissaires »…
    La manifestation organisée le samedi 14 septembre prochain à Paris est avant tout un acte de résistance à cette démocratie totalitaire qui étouffe dramatiquement la liberté d’expression autant que politique dans notre pays.
    Je ne peux que soutenir sans réserve cette salutaire initiative pour la défense des libertés publiques et assure ses organisateurs de toute ma sympathie ».
    Philippe Randa,
    écrivain et éditeur

  • Du cœur rebelle à l’âme insoumise. Le magistral présent de Dominique Venner

    Dans l’après-midi du 21 mai 2013, Dominique Venner se donnait la mort près de l’autel de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Des commentateurs peu avisés ont réduit ce geste ultime à une protestation contre la légalisation du « mariage » homosexuel. Ils n’ont rien compris à cet acte, car en homme méthodique, précis et rigoureux, Dominique Venner avait depuis longtemps pensé et arrangé son départ. Il a aussi tenu à préparer les esprits réceptifs à la sortie de son ouvrage capital, Un samouraï d’Occident. Le Bréviaire des insoumis.

     

    Dédié à son épouse Clotilde et terminé au solstice d’hiver 2012, ce livre paraît dès juin. Il comprend un prologue, six chapitres, un épilogue, une biographie succincte et une série de conseils pratiques destinés aux plus jeunes des lecteurs. Plus qu’un témoignage, cet essai se veut didactique. « Ce Bréviaire a été écrit par un Européen pour des Européens (p. 289). »

     

    La couverture reproduit la partie centrale de l’admirable gravure d’Albrecht Dürer Le Chevalier, la Mort et le Diable, un chef-d’œuvre devant lequel le fondateur de La Nouvelle Revue d’Histoire médita longuement. Entouré du Diable et de la Mort, le Chevalier n’en poursuit pas moins son chemin, ce qui fait de lui l’« incarnation d’une figure éternelle en cette partie du monde appelée Europe (p. 16) ». Nullement professoral ou sentencieux, le propos tranche par un solide optimisme parce que Dominique Venner croît au réveil des peuples albo-européens. Certes, il constate que l’Europe pour l’heure demeure « un ensemble veule, amnésique, informe et culpabilisé (p. 290) ». Tout semble perdu et pourtant il réside toujours dans le tréfonds de l’âme européenne le potentiel d’une renaissance historiale. Mais, pour cela, il importe à la fois d’examiner sans aucune complaisance le passé, plus ou moins immédiat, et de renouer avec un héritage délaissé.

     

    Faire son devoir : un savoir-être

     

    Fort logiquement, et ses fidèles lecteurs le savent, Dominique Venner insiste sur l’intemporalité des écrits d’Homère qui forment « nos poèmes fondateurs (p. 167) » et dont les thèmes traversent toute notre littérature. « Aux Européens, le poète fondateur rappelle qu’ils ne sont pas nés d’hier. Il leur lègue le socle de leur identité, la première expression parfaite d’un patrimoine éthique et esthétique qu’il tenait lui-même en héritage et qu’il a sublimé de façon que l’on dirait divine. Les principes qu’il a fait vivre par ses personnages n’ont pas cessé de renaître jusqu’à nous, montrant que le fil secret de notre tradition ne pouvait être rompu. Ainsi l’avenir prend-il racine dans la mémoire du passé (p. 232). » Il précise qu’« aux Européens de l’avenir, Homère a légué des modèles et des principes de vie sous forme d’une triade : la nature comme socle, l’excellence comme but, la beauté comme horizon. Les Européens modernes sont restés sensibles à la vision poétique de la Nature portée par Homère (p. 220) ». Moins éloigné que l’œuvre homérique, le stoïcisme représente « une école de vie très actuelle (p. 240) ». « Par le souci de la tenue, le stoïcisme s’apparente à une sorte d’idéal aristocratique (p. 270) » qui resurgit au fil des âges. Ainsi salue-t-il le néo-stoïcisme présent dans La Princesse de Clèves dédaigné par un médiocre président hexagonal originaire de Neuilly. Il découvre même du stoïcisme – un sens élevé du devoir – dans le film de Stephen Frears The Queen (2006).

     

    Sous d’autres formes, l’esprit stoïcien peut exister ailleurs, en particulier au Japon, pas celui des manga, des sushi et du karaoke, mais du Bushido, de l’Hagakure et de l’éthique samouraï. « Le comparatisme modifie l’angle de vue, il élargit la vision et donne à penser autrement (p. 97). » Comprendre l’altérité du Japon traditionnel lui permet de mieux saisir l’unité sapientielle européenne et ses spécificités. Dominique Venner pense en effet en Européen de langue française. Il n’oppose pas la France à l’Europe, il les intègre plutôt dans le même continuum. Afin de bien dépasser cette opposition faussée et fallacieuse, il préfère employer le néologisme boréen « pour éviter les équivoques sur le mot “ européen ”, mis parfois parfois à des sauces douteuses. “ Boréens ” désigne les Européens de souche ancienne. Ce terme a un sens plus ample que “ Indo-Européens ”, employé surtout en linguistique (p. 187) ».

     

    L’usage de ce néologisme n’est pas neutre. En habile combattant des idées qu’il fut toujours, Dominique Venner sait que « choisir le nom par lequel on désigne un adversaire, le nommer, c’est déjà s’imposer à lui, le faire entrer sans qu’il le sache dans son propre jeu, préparer son anéantissement ou, à l’inverse, se libérer de son emprise (p. 28) ». Employer le bon vocabulaire est déjà en soi un atout majeur dans la guerre culturelle dans laquelle les Boréens jouent leur avenir. « La fin de la guerre d’Algérie a fait sortir de la France de l’histoire. […] Dès la conclusion de cette petite guerre, ressentie par les Français comme la fin pour eux de toutes les guerres, le pays fut livré aux seules perspectives de l’économie marchande, du régime de l’argent, des loisirs de masse et de la consommation comme seul destin (p. 43). » Il s’en prend ouvertement à la « métaphysique de l’illimité » et développe des analyses proches de la décroissance. « Les sociétés modernes et techniquement développées ne sont pas seulement dépendantes des puissances financières. Elles sont prisonnières de leur croissance économique, condition de leur existence et aussi de leur survie dans la compétition des puissances. La croissance est une nécessité vitale pour ces sociétés, dont elle est le moteur. Sans croissance, perdant leur principal justification, ces sociétés s’effondreraient. Or la croissance est elle-même dépendante de la consommation de biens inutiles, autrement dit du gaspillage des ressources de chaque pays et de la planète en général (p. 61). » Loin d’un idéal viril, sobre et frugal d’existence authentique, la course échevelée à la production et à la consommation dans un cadre pacifié détraque les comportements traditionnels. « L’effacement de la guerre à l’horizon de notre histoire a entraîné la disparition de la masculinité dans les sociétés ouest-européennes (p. 44) » si bien qu’il considère le féminisme comme une régression notable de la féminité boréenne au profit de l’idéologie marchande. Quant à la fumeuse théorie du genre, il en pense le plus grand mal. Ajoutons pour notre part qu’il s’agit d’une incroyable escroquerie intellectuelle et d’un nouveau lyssenkisme venu, cette fois-ci, de l’Ouest.

     

    Décroissance et tradition

     

    La « métaphysique de l’illimité », la religion du progrès et l’impératif économiste ruinent les peuples et leur âme, et dévastent leur habitat naturel. Chasseur confirmé et promeneur dans les sous-bois et dans les forêts, Dominique Venner déplore la dénaturation du monde et tient le seul véritable discours écologiste qui vaille. Or les excès de la modernité risquent à moyen terme de provoquer une catastrophe gigantesque, voire une convergence des catastrophes. Le traumatisme des populations, suite à ces bouleversements, sera si fort que se produira alors chez les Boréens une révolution des esprits, des représentations mentales et des attitudes. Il en devine déjà les prémices tant au sujet de l’inique loi Taubira de 2013 que des conséquences effrayantes d’une immigration massive de peuplement extra-européenne sur notre sol.

     

    Dominique Venner pressent à moyenne échéance de grands événements qui pourront être salvateurs aux autochtones boréens à la condition toutefois qu’ils renouent enfin avec leur tradition. « La tradition telle que je l’entends n’est pas le passé, mais au contraire ce qui ne passe pas et qui revient toujours sous des formes différentes. Elle désigne l’essence d’une civilisation sur la très longue durée, ce qui résiste au temps et survit aux influences perturbatrices de religions, de modes ou d’idéologies importées (p. 122). » Il n’adhère pas à la vision du monde « traditionaliste-intégrale » de René Guénon ou « traditionaliste-radicale » de Julius Evola. Pour Venner, les Européens n’ont pas à se référer à des coutumes exotiques ou à une Tradition primordiale métaphysique occultée. Pour lui, « la tradition n’est pas une addition composite. La tradition est la source des énergies fondatrices. Elle est l’origine. Et l’origine précède le commencement (p. 25) ». Cette source régénératrice protégera les Boréens des inévitables bouleversements et leur assurera une base éthique pour la reconstruction d’une vraie communauté organique. Apparaît ici en filigrane les ombres de Shiva et de Dionysos. Il est inutile de conserver « l’actuel système cosmopolite [qui] est un produit du déclin européen, de l’hégémonie américaine et du capitalisme de marché. Il ne s’identifie en rien à notre civilisation pérenne (p. 122) ».

     

    Sur les pas de l’Italien Jean-Baptiste Vico, de l’Espagnol Juan Donoso Cortès, de l’Allemand Oswald Spengler et du Britannique Arnold Toynbee, Dominique Venner se fait philosophe de l’histoire. Revenant sur une distinction célèbre et hautement polémique, il énonce que « la culture est première dans l’ordre chronologique de la fondation. Elle se rapporte à la permanence des mentalités profondes. Elle est créatrice de sens. La civilisation est une culture qui a reçu une forme historique, créatrice d’un ensemble de qualités propres dans l’ordre matériel, intellectuel, artistique et moral. Le tradition est l’âme d’une culture et d’une civilisation (p. 127) ».

     

    Réfléchissant devant la superbe gravure de Dürer, Dominique Venner rappelle que « l’image du stoïque chevalier m’a souvent accompagné dans mes révoltes. Il est vrai que je suis un cœur rebelle et que je n’ai pas cessé de m’insurger contre la laideur envahissante, contre la bassesse promue en vertu et contre les mensonges élevés au rang de vérités. Je n’ai pas cessé de m’insurger contre ceux qui, sous nos yeux, ont voulu la mort de l’Europe, civilisation, peuple et puissance, sans laquelle je ne serais rien. Ma vie s’est en partie confondue avec une époque de régression pour les Français et les Européens, précipitée par les catastrophes du Siècle de 1914, les lendemains de la Seconde Guerre mondiale, ceux de la guerre d’Algérie, en attendant la globalisation américaine. En dépit des illusions fanfaronnes entretenues en France et ailleurs, il était déjà clair pour le très jeune homme que j’étais que les deux puissances hégémoniques réunies à Yalta en 1945, Amérique et Russie stalinienne, avaient arraché aux Européens la conduite de leur destin, ce qui se répercutait dans leur vie quotidienne et leurs représentations. Cela s’est amplifié au-delà de 1990, après la fin de l’U.R.S.S., quand les États-Unis, devenus hyperpuissants, ont imposé leur mondialisation financière aux autres nations et aux peuples transformés en consommateurs de produits inutiles et jetables (pp. 16 – 17) ». Il se refuse cependant à l’inéluctabilité du déclin. Cet esprit libre et altier salue le Prix Nobel de médecine 1913, le Dr. Alexis Carrel, auteur d’un ouvrage remarquable en 1934, L’homme cet inconnu, qui a été diabolisé par quelques larves humaines. Alexis Carrel personnifie au contraire « une sagesse supérieure (p. 284) ». Inspiré par ce précédent marquant, Dominique Venner s’arrache du pessimisme ambiant et affirme que « les dérives décadentes actuelles n’auront qu’un temps, comme toutes les utopies, y compris celle du communisme, pourtant la plus puissante et la plus meurtrière du XXe siècle. À l’inverse, les enseignements de Carrel conserveront une valeur constante (p. 287) ».

     

    Pourtant, la tâche, le défi est immense. L’historien Venner se doute bien que « la puissance […] n’est pas tout. Elle est nécessaire pour exister dans le monde, être libre de son destin, échapper à la soumission des impérialismes politiques, économiques, mafieux ou idéologiques. Mais elle n’échappe pas aux maladies de l’âme qui ont le pouvoir de détruire les nations et les empires (p. 22) ». Il sait en outre que « les Européens, contrairement à d’autres peuples, sont dépourvus de mémoire identitaire et de la conscience de ce qu’ils sont. Un vieux fond très enraciné de culture universaliste, religieuse ou laïque, les prédisposait à subir l’invasion comme une chose normale que les oligarchies dirigeantes ont elles-mêmes proclamée désirable et bienfaisante (p. 21) ». Que s’est-il donc passé dans leur psyché ? Dominique Venner apporte sa explication. « En réfléchissant à ce grand retournement qui s’accompagne d’une immigration de peuplement et d’une conquête islamique de l’Europe, j’en suis arrivé à la conclusion que, si les Européens avaient pu accepter si longtemps l’impensable c’est parce qu’ils avaient été détruits de l’intérieur par une très ancienne culture de la faute et de la compassion. C’est aussi pour avoir été culpabilisé au nom de péchés qu’on ne cesse de leur enfoncer dans la tête (p. 17). »

     

    Les mythes comme recours

     

    En homme réaliste et lucide, il ne fait pas mystère de son ethno-différencialisme, car « dans leur diversité, les hommes n’existent que par ce qui les distingue, clans, peuples, nations, cultures, civilisations, et non par ce qu’ils ont superficiellement en commun. Seule leur animalité est universelle (p. 292) ». Malheureusement, dans son histoire, l’Europe a souvent voulu effacer ces différences notables. « La croyance en notre vocation universelle est erronée et dangereuse. Elle est erronée parce qu’elle nie les autres cultures et les autres civilisations qu’elle voudrait anéantir au profit d’une prétendue culture mondiale de la consommation et des “ droits de l’homme ” qui ne sont que les droits de la marchandise (pp. 293 – 294). » À la suite de Georges Sorel, Dominique Venner perçoit la violence fondatrice, destructrice et restauratrice, inhérente, aux mythes qui « sont en fait les paroles de l’origine (arché), des images puissantes et des énergies, non des concepts. Ce sont des images polysémiques, incitant à une interprétation multiple du monde souvent plus riche et profonde que celle véhiculées par les philosophies (p. 243) ». Mais il faut au préalable briser la vieille gangue incapacitante qui enserre l’esprit européen, le christianisme. Il observe qu’il y a entre Athènes et Jérusalem « deux visions du monde en conflit (p. 92) » et assène avec raison que par ses prises de position répétées en faveur de l’immigration extra-européenne, l’Église catholique combat les Boréens. Et ce ne sont pas les joyeux participants aux J.M.J., rejetons de l’homo festivus, qui répondront aux enjeux civilisationnels de leur temps.

     

    Dans les jours qui suivirent la disparition de Dominique Venner, des sots à l’esprit étroit et rabougri s’offusquèrent de l’endroit de son suicide. Ils auraient souhaité qu’il le fît sous l’Arc de Triomphe près de la tombe du Soldat inconnu, symbole de cette folle guerre civile européenne – ils ignorent Le Siècle de 1914 -, aux Invalides, bâtiment érigé sous Louis XIV et aménagé par Napoléon Ier, deux grands étatistes alors que l’auteur de Baltikum avouait sa sympathie pour les peuples frondeurs de France, voire à l’Élysée (une fois le cordon de sécurité franchi, où aurait-il accompli son geste fatidique ? Dans la cour d’honneur ou dans le salon où mourut l’exquis Félix Faure ?) (1).

     

    D’autres eurent l’espoir qu’à l’instant final, il aurait rejoint la communauté chrétienne. Un samouraï d’Occident démontre tout le contraire. Dominique Venner convient que le christianisme est « l’héritière incongrue de l’ancienne Rome (p. 150) ». De ce fait, l’esprit européen est désormais double, schizophrène même. Son intérêt pour le Pays du Soleil levant se comprend aussi par le désir de cerner une société dont les racines essentielles, « les trois sources spirituelles […], shintoïsme, bouddhisme zen et confucianisme (pp. 110 – 111) », n’ont pas été tranchées ou en partie substituées par d’autres, plus délétères. « Au Japon, le shintô animiste et païen balaie [… la création, la vie, la mort] par son immanence. Il n’y a pas de principes transcendants, extérieurs à nous, écrit le géographe Philippe Pelletier. Il existe des déités, certes, mais agitées de passions, de désirs, de colères et de caprices, exactement comme les êtres humains, avec quelques pouvoirs en sus, mais pas davantage que cela. Le bouddhisme complique le schéma en s’attribuant la gestion des funérailles, mais le Bouddha ne peut être assimilé au Créateur des monothéismes et il n’est pas parvenu à supprimer le substrat dionysiaque du shintô. Découvrir qu’une société moderne peut fonctionner et se doter d’une éthique du vivre ensemble sans recourir à un Dieu omnipotent, omniscient et ubiquiste constitue une révolution (2). »

     

    Les méfaits du monothéisme

     

    Citant le philosophe espagnol Adolfo Muñoz Alonso, l’essayiste Arnaud Imatz écrit que « nier le christianisme, c’est […] renoncer à l’Europe historique et à l’Europe possible (3) ». Dominique Venner ne nie pas le christianisme. L’historien avisé qu’il est note que la « métaphysique de l’illimité » procède de cette religion et, pour le prouver, n’hésite pas à citer un prêtre catholique fort mal vu en cour vaticane, Eugen Drewermann. Venner n’ignore pas que le christianisme est ambivalent dans l’histoire et ce, jusqu’à nos jours. D’un côté, il y a le discours énergique de Benoît XVI à Ratisbonne en 2006 et, de l’autre, le pape François qui, pour le Jeudi saint, un 28 mars 2013, visite une prison de femmes à Rome et lave les pieds de quelques détenues dont une musulmane de Serbie. Outre cette action qui a sûrement ravi la Oumma ravie et dont le caractère scandaleux est bien plus grave que l’acte soi-disant profanateur de Dominique Venner, pourquoi le nouveau souverain pontife est-il allé dans ce centre de détention alors qu’il existe d’autres lieux de souffrances humaines (orphelinats, hôpitaux, maisons de retraite) ? Et puis, on est en droit d’imaginer que ces détenues n’ont pas été condamnées par les lois liberticides. Par cette visite, le chef de l’Église romaine a sciemment offensé les victimes de ces prisonnières. Le Saint-Siège a dorénavant sa Taubira, c’est le pape François.

     

    Dominique Venner admet volontiers que « le christianisme était lui-même profondément composite, mêlant de façon parfois conflictuelle l’héritage biblique et celui de la pensée grecque (p. 154) ». C’est une évidence : la religion chrétienne a bénéficié dans l’histoire des deux derniers millénaires d’une grande plasticité morphologique. Le christianisme orthodoxe oriental n’est ni le christianisme celtique malheureusement disparu, ni le catholicisme romain qui a lui-même régulièrement changé au cours des siècles. Le christianisme antique du Bas-Empire n’est pas le catholicisme puritain, rigoriste et bigot du XIXe siècle, le catholicisme de la théologie de la libération marxisante du XXe siècle ou le catholicisme romain solaire et syncrétique du Moyen Âge. À cette époque, « soutenue par le pouvoir politique qui lui était associé, l’Église s’était appliquée à raser ou à rebaptiser les anciens sites païens, inventant souvent de nouveaux saints pour supplanter les divinités archaïques. […] Les noms changeaient mais la dévotion populaire pour les sites sacrés était rarement abandonnée (pp. 161 – 162) ». L’Europe fut le creuset d’une riche fusion pagano-chrétienne qui, malgré les réformations successives, persiste encore à travers le culte mariale et la permanence des lieux de prière. « La construction des églises romanes ou gothiques répondait encore aux anciens symbolismes. Bâties sur d’antiques sites sacrés, elles en assuraient la perpétuation. Elles continuaient d’être “ orientées ” par rapport au soleil levant, et leurs sculptures étaient toutes bruissantes d’un bestiaire fantastique. Dans son impressionnant jaillissement, la futaie de pierre des nefs romanes et gothiques restait la transposition des anciennes forêts sacrées (p. 68) (4). »

     

    Dominique Venner ne rejette pas le christianisme, il souhaite simplement le dépasser, car le moment chrétien de l’Europe s’achève même si l’on relève une saturation d’idées chrétiennes sécularisées (5). Par ailleurs, l’Église catholique romaine œuvre désormais au service des ennemis de l’Europe. Que pensent donc les contempteurs de la mort volontaire de l’auteur du Blanc Soleil des vaincus des déclarations récents du pape Bergoglio sur ses « frères musulmans » (6) ? Quand vont-ils prononcer leur chahada ? Qu’on ne s’étonne pas ensuite des centaines de conversions par semaine d’Européens de souche désenchantés. Le concile Vatican II ne porte pas seul l’écrasante responsabilité de ces fuites. Le mal remonte au moins au concile de Trente et à la Contre-Réforme catholique ainsi qu’à la non-application des mesures prises au lendemain de la résolution du Grand Schisme d’Occident entre 1417 et 1422.

     

    Les ecclésiastiques sont en revanche guère diserts concernant les conditions de vie sordides des derniers Français d’origine boréenne dans les banlieues de l’immigration de l’Hexagone. Ce traitement discriminatoire pratiqué tant par des religieux que par des laïques a « fait de [Dominique Venner] un insoumis (p. 14) ». « J’ajoute aussitôt que j’ai bien d’autres motifs de révolte et d’insoumission dans ce monde que l’on nous a fabriqué : sex, fun and money. Je confesse mon dégoût pour l’imposture satisfaite des puissants et impuissants seigneurs de notre décadence, corrompus jusqu’à l’os, asservis aux vraies puissances et aux nouvelles mafias. Oui, les arrogants ou pitoyables seigneurs des médias et de la pub, des religions, de la politique ou de la finance m’inspirent plus de mépris que de vraie révolte. Se révolter serait leur reconnaître une épaisseur qui leur fait défaut. […] Aujourd’hui, devant ces nains prétentieux et malfaisants, je suis un insoumis (p. 14). » Le terme est important car, on l’a vu, « les mots sont des armes. Se donner à soi-même ses propres mots, et d’abord se donner un nom, c’est affirmer son existence, son autonomie, sa liberté. Ainsi pouvons-nous assumer le nom d’insoumis. En langage clair, je ne “ marche ” pas (p. 29) ».

     

    Avec de telles saillies, Dominique Venner ne retombe pas dans l’action politique, l’activisme qu’il pratiqua naguère avec ardeur et jubilation. Il prévient toutefois ceux qui seraient tentés par le militantisme qu’« une action politique n’est concevable sans le préalable d’une mystique capable de la diriger et de riposter au “ nous ne sommes rien ”. Quelle mystique ? Celle de clan, bien sûr, des sources et des origines, autrement dit de notre tradition et de notre identité (p. 25) », d’où la nécessité impérieuse de retrouver son identité propre. L’insoumission est un combat majeur, une quasi-« guerre sainte », d’abord en son for intérieur avant d’être extériorisée. « Exister c’est combattre ce qui me nie. Être un insoumis ne consiste pas à collectionner des livres impies, à rêver des complots fantasmagoriques ou de maquis dans les Carpates. Cela signifie être à soi-même sa propre norme par fidélité à une norme supérieure. S’en tenir à soi devant le néant. Veiller à ne jamais guérir de sa jeunesse. Préférer se mettre le monde à dos que se mettre à plat ventre. Dans les revers, ne jamais se poser la question de l’inutilité de la lutte. On agit parce qu’il serait indigne de baisser les bras, et mieux vaut périr en combattant que se rendre (p. 28). » Mais pourquoi insoumis ? Parce que « l’insoumis est en rapport intime avec la légitimité. Il se définit contre ce qu’il perçoit comme illégitime. Face à l’imposture ou au sacrilège, il est à lui-même sa propre loi par fidélité à la légitimité bafouée. L’insoumission relève d’abord de l’esprit avant de recourir aux armes (p. 29) ». Par conséquent, l’insoumission fermente l’insurrection qui est d’abord morale et intellectuelle avant d’être, dans une seconde phase, physique et militaire. Et les motifs d’insurrection ne manquent pas. « Dans nos pays d’Europe, notre époque est […] saturée de tyrannies masquées. Contre elles, je me suis insurgé (pp. 27 – 28). » Par ailleurs, Dominique Venner s’insurge « contre l’invasion programmé de nos villes et de nos pays, […] contre la négation de la mémoire française et européenne (p. 291) ».

     

    Une nouvelle pensée autochtone

     

    Contre ce délitement programmé, Dominique Venner en appelle au sursaut et à « une nouvelle Réforme (p. 294) » qui « donnerait toute leur place aux multiples visages de la Vierge protectrice, Notre Dame, la Madone, déjà présente dans l’Antiquité la plus ancienne, sous la forme apaisante des fées bienfaisantes du monde celtique ou des grandes figures d’Athéna ou d’Artémis dans la Grèce ancienne (p. 296) ». Il invite par conséquent les Européens réveillés, « différenciés » ?, à « une Antiquité vivante que nous avons pour tâche de réinventer. Ainsi avons-nous entrepris de recomposer notre tradition pour en faire un mythe créateur. Cela ne peut se faire seulement par des écrits et des paroles. L’effort intense de refondation doit être authentifié par des actes ayant une valeur sacrificielle et fondatrice (p. 298) », ce qui implique de payer de sa personne.

     

    « Sans la mort, il n’y aurait pas de vie, pas d’enfantement, pas d’éveil, pas de renouvellement, pas d’accomplissement (p. 222). » Déjà « chez Homère, la vie, cette petite chose éphémère et si commune, n’a pas de valeur en soi. Elle ne vaut que par son intensité, sa beauté, le souffle de grandeur que chacun – et d’abord à ses propres yeux – peut lui donner (p. 197) ». Dans l’ancien Japon, « le seppuku n’était pas seulement pour les bushi une façon d’échapper à un déshonneur. C’était aussi le moyen extrême d’afficher leur authenticité par un acte héroïque et gratuit (p. 113) ». Construire sa mort reste paradoxalement le plus beau témoignage de vitalité. « Seule la mort subie n’a pas de sens. Voulue, elle a le sens qu’on lui donne, même quand elle est sans utilité pratique (p. 115). » La gratuité tend souvent à l’héroïsme, ce que ne comprendront jamais bourgeois et frustrés de l’existence. S’« il n’y a que deux manières sérieuses de vivre, proclame José Antonio Primo de Rivera : la manière religieuse et la manière militaire, ou plutôt une seule, parce qu’il n’y a pas de religion qui ne soit une milice ni une milice qui ne soit animée par un sentiment religieux (7) », il existe une multiplicité de manières de mourir. Celle de Dominique Venner est probablement en temps de paix la plus digne.

     

    Un samouraï d’Occident. Le Bréviaire des insoumis prône la révolte tranquille des Boréens de notre temps. En attendant la révolution des jeunes mâles blancs, l’heure sonne pour l’insoumission. L’appel de Dominique Venner a déjà été entendu. Le 23 juin 2013, lors d’un grand rassemblement unitaire de soutien, place Dauphine à Paris, au prisonnier politique anti-« mariage pour tous » Nicolas Bernard-Buss, le député F.N. du Vaucluse, Marion Maréchal – Le Pen, concluait son discours par une invitation à l’insoumission. L’auteur du présent texte ne peut que s’en réjouir, lui qui lançait dès 1999 Insumisioa ! en basque (8). Par ce don magistral, Dominique Venner nous indique la voie libre, indépendante et souveraine d’un autre destin continental. En avant donc pour l’insoumission contre le monde moderne, ses robots et ses clones !

    Georges Feltin-Tracol http://www.europemaxima.com/

    Notes

     

    1 : Pour comprendre le choix déterminant de Notre-Dame de Paris, il faut se reporter à l’excellent article de Jean-Yves Le Gallou, « Dominique Venner. Pourquoi avoir choisi Notre-Dame de Paris ? », mis en ligne sur Polémia, le 23 mai 2013.

     

    2 : Philippe Pelletier, « Le dépouillement par le Japon », dans Libération, 17 juillet 2013, souligné par nous.

     

    3 : Arnaud Imatz, « Introduction » dans Juan Donoso Cortès, Théologie de l’histoire et crise de civilisation, introduction, textes choisis et bibliographie de Arnaud Imatz, Cerf, coll. « La nuit surveillée », Paris, 2013, p. 88.

     

    4 : Dominique Venner se réfère à la découverte sous le chœur de Notre-Dame de Paris en 1711 de quatre piliers païens celtiques, dits « des nautes ». Cf. le bel hommage de Robert Steuckers, « En souvenir de Dominique Venner », mis en ligne sur Euro-Synergies, le 1er juin 2013.

     

    5 : La théocratie totalitaire des droits de l’homme est une transposition flagrante, séculière et profane, de principes chrétiens « devenus fous » (G.K. Chesterton). Sur ce sujet, cf. Carl Schmitt, Théologie politique I et II 1922 – 1969, Gallimard, coll. « N.R.F. – Bibliothèque des sciences humaines », Paris, 1988, et Augusto Del Noce, L’époque de la sécularisation, Éditions des Syrtes, Paris, 2001, et du même auteur, « Le marxisme meurt à l’Est parce qu’il s’est réalisé à l’Ouest », pp. 124 – 129, dans Krisis, « Mythe ? », n° 6, octobre 1990.

     

    6 : Le 8 juillet 2013, le nouvel évêque de Rome se rend à Lampedusa, l’une des principales portes d’entrée de l’immigration extra-européenne, et déclare se « tourner en pensée vers les chers immigrés musulmans qui commencent le jeûne du Ramadan, avec le vœu d’abondants fruits spirituels. L’Église vous est proche dans la recherche d’une vie plus digne pour vous et vos familles », cité dans Le Figaro, 9 juillet 2013. À Lyon, le cardinal Philippe Barbarin a autorisé l’ouverture des locaux paroissiaux aux clandestins délinquants car sans-papiers… L’ethno-masochisme fait-il maintenant partie du dogme catholique ?

     

    7 : cité par Arnaud Imatz, op. cit., note 1, p. 133.

     

    8 : cf. Georges Feltin-Tracol, « Insumisioa ! », dans Roquefavour, n° 12, août 1999, repris ensuite dans Orientations rebelles, Les Éditions d’Héligoland, Pont-Authou, 2009.

     

    • Dominique Venner, Un samouraï d’Occident. Le Bréviaire des insoumis, Pierre-Guillaume de Roux, Paris, 2013, 317 p., 23 €.

  • Gironde : Les surprenants mécènes du Parti communiste

    BORDEAUX (NOVOpress via Infos Bordeaux) – A l’instar de tous les mouvements politiques, le Parti communiste possède un bulletin de liaison qui informe les adhérents des actualités du parti.

    Peu connu du grand public, et possédant un tirage confidentiel, « Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest », publie un numéro spécial à l’occasion de la fête de l’humanité.

    La lecture de ce journal dirigé par Frédéric Mellier réserve une surprise de taille. La publicité est y omniprésente. Mais pas celle de sociétés appartenant à des sympathisants communistes, souhaitant se faire connaître et apporter leur obole, mais celle d’institutions ou de sociétés telle que Régaz-Bordeaux (qui assure la gestion du réseau de distribution de gaz et dont un certain nombre de collectivités territoriales sont actionnaires) ! [En Une, l'une des 2 pleines pages de publicité de Régaz-Bordeaux ]

     

    Les villes de Bordeaux, Pessac, Ambarès, Lormont, Bassens et Floirac, la région Aquitaine, l’entreprise Régaz-Bordeaux, le château Haut-Marbuzet (également partenaire de la Licra), la CUB, Suez Environnement… sont fiers de s’afficher dans le journal local d’un parti qui a soutenu des régimes sanguinaires dans le monde entier.

    Contacté par Infos-Bordeaux, Eric Destarac, directeur de la communication de Régaz-Bordeaux, semble très gêné par les demandes d’explications, et apporte des réponses confuses. « Cet état de fait est historique et pratiqué depuis de nombreuses années, mais je comprends que cela puisse surprendre ».

    Quand on lui demande si Régaz-Bordeaux est prêt à acheter des encarts publicitaires dans l’hebdomadaire local de l’UMP et du Front national, celui répond tout d’abord par la négative, puis rajoute « C’est une très bonne question, mais il faudrait demander à nos dirigeants ». On imagine déjà la réponse !

    http://fr.novopress.info/141249/gironde-les-surprenants-mecenes-du-parti-communiste/#more-141249