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  • Attaque chimique en Syrie : des rebelles de la Ghouta avouent l’avoir causée

    Des miliciens syriens dans la banlieue est de Damas dans la Ghouta orientale ont admis qu'ils étaient responsables de l'incident d'armes chimiques de la semaine dernière, imputé par les puissances occidentales aux forces de Bachar Al-Assad.

    Ces aveux ont été faits pour la correspondante de l’agence américaine Associated Press au Moyen Orient, Dale Gavlak, dont la crédibilité est impressionnante. Elle a aussi travaillé pour National Public Radio (NPR) et écrit des articles pour la BBC News.

    Elle assure que des miliciens syriens lui ont rapporté que l’accident a été causé en raison d’une mauvaise manipulation des armes chimiques qui leur avaient été fournies par l'Arabie saoudite. "Dans de nombreux entretiens avec des médecins, des résidents de la Ghouta, des combattants rebelles et leurs familles,... beaucoup affirment que certains rebelles ont reçu des armes chimiques par l'intermédiaire du chef du renseignement saoudien, le prince Bandar bin Sultan, et sont responsables de la perpétration de l'attentat au gaz (mortel)," ajoute Gavlak.

    Les rebelles dévoilent aussi pour Gavlak qu'ils n'ont pas été correctement formés sur la façon de manipuler les armes chimiques ou même informés de ce qu'ils étaient. Il semble que les armes étaient initialement censées être données au front al-Nosra, une émanation d’al-Qaïda.

    «Nous étions très curieux au sujet de ces armes. Malheureusement, certains des combattants les ont manipulées de façon inappropriée déclenchant les explosions », assure un chef de milice nommé J., sous le couvert de l’anonymat. Il rapporte aussi que « les miliciens du front al-Nosra ne coopèrent pas avec les autres rebelles, sauf dans les combats sur le terrain. Ils ne partagent pas les informations secrètes. Ils ont simplement utilisé des rebelles ordinaires pour transporter et utiliser ce matériel ».

    Ces conclusions sont reprises par un autre combattant nommé «K», qui dit Gavlak : «Ils ne nous ont pas dit comment manier ces armes ou comment les utiliser. Nous ne savions pas que c’étaient des armes chimiques. Nous n'avions jamais imaginé qu'ils s’agissait d’armes chimiques ».

    Abou Abdel-Moneim, le père d'un rebelle de l'opposition, a également dit à Gavlak : «Mon fils est venu me voir il y a deux semaines, demandant ce que je pensais des armes qu'il avait été invité à réaliser», les décrivant comme ayant une structure en forme de tube, tandis que d'autres se présentaient sous forme d’énormes bouteilles de gaz.

    Révélant que le milicien saoudien qui a fourni les armes est connu sous le sobriquet Abou Ayesha, Abdel- Moneim assure aussi que les armes ont explosé à l'intérieur d'un tunnel, tuant 12 rebelles dont son fils.

    Dans son article, Gavlak assure aussi que plus d'une douzaine de rebelles interrogés ont indiqué que leurs salaires proviennent du gouvernement saoudien.

    Le site sur lequel l’histoire est apparue à l’origine est Mint Press , une organisation médiatique légitime fondée dans le Minnesota. Il est signalé sur ce site que l’article a été rédigé avec la collaboration de Yahya Ababneh, un freelancer journaliste jordanien qui écrit pour Amman net, Saraya news, Gerasa News et autre.

    Le site rappelle que le rôle présumé de l'Arabie saoudite dans la fourniture d’armes chimiques aux rebelles n'a rien d’une surprise, étant donné les révélations faites plus tôt cette semaine que les Saoudiens ont menacé la Russie d’attaques terroristes aux Jeux Olympiques d'hiver à Sotchi l'an prochain, à moins qu'ils abandonnent soutien le président syrien . " Je peux vous donner une garantie pour protéger les Jeux olympiques d'hiver de l'année prochaine. Les groupes tchétchènes qui menacent la sécurité des jeux sont contrôlés par nous, " aurait dit le prince Bandar au président russe Vladimir Poutine, rapporte The Telegraph.

    Quant au site Infowar qui a repris l’article, il a indiqué que l’agence Associated Press l’a contacté pour confirmer que Dave Gavlak est correspondante chez elle mais que son histoire n'a pas été publié sous sa bannière.

    Source

    http://www.oragesdacier.info/2013/09/attaque-chimique-en-syrie-des-rebelles.html

  • L'œil du cyclone; Julius Evola, Ernst Jünger

    (extrait d’un livre à paraître)
    « Comme Jack London, et divers autres, y compris Ernst Jünger à ses débuts, des individualités isolées se vouèrent à l'aventure, à la recherche de nouveaux horizons, sur des terres et des mers lointaines, alors que, pour le reste des hommes, tout semblait être en ordre, sûr et solide et que sous le règne de la science on célébrait la marche triomphale du progrès, à peine troublée par le fracas des bombes anarchistes. »
    Julius Evola
     « Ta répugnance envers les querelles de nos pères avec nos grands pères, et envers toutes les manières possibles de leur trouver une solution, trahit déjà que tu n'as pas besoin de réponses mais d'un questionnement plus aigu, non de drapeaux, mais de guerriers, non d'ordre mais de révolte, non de systèmes, mais d'hommes. »
    Ernst Jünger
    On peut gloser à l'infini sur ce qui distingue ou oppose Ernst Jünger et Julius Evola. Lorsque celui-là avance par intuitions, visions, formes brèves inspirées des moralistes français non moins que de Novalis et de Nietzsche, celui-ci s'efforce à un exposé de plus en plus systématique, voire doctrinal. Alors que Jünger abandonne très tôt l'activité politique, même indirecte, la jugeant « inconvenante » à la fois du point de vue du style et de celui de l'éthique, Evola ne cessera point tout au long de son œuvre de revenir sur une définition possible de ce que pourrait être une « droite intégrale » selon son intelligence et son cœur. Lorsque Jünger interroge avec persistance et audace le monde des songes et de la nuit, Evola témoigne d'une préférence invariable pour les hauteurs ouraniennes et le resplendissement solaire du Logos-Roi. Ernst Jünger demeure dans une large mesure un disciple de Novalis et de sa spiritualité romane, alors que Julius Evola se veut un continuateur de l'Empereur Julien, un fidèle aux dieux antérieurs, de lignée platonicienne et visionnaire.
    Ces différences favorisent des lectures non point opposées, ni exclusives l'une de l'autre, mais complémentaires. A l'exception du Travailleur, livre qui définit de façon presque didactique l'émergence d'un Type, Jünger demeure fidèle à ce cheminement que l'on peut définir, avec une grande prudence, comme « romantique » et dont la caractéristique dominante n'est certes point l'effusion sentimentale mais la nature déambulatoire, le goût des sentes forestières, ces « chemins qui ne mènent nulle part » qu'affectionnait Heidegger, à la suite d'Heinrich von Ofterdingen et du « voyageur » de Gènes, de Venise et d'Engadine, toujours accompagné d'une « ombre » qui n'est point celle du désespoir, ni du doute, mais sans doute l'ombre de la Mesure qui suit la marche de ces hommes qui vont vers le soleil sans craindre la démesure.
    L'interrogation fondamentale, ou pour mieux dire originelle, des oeuvres de Jünger et d'Evola concerne essentiellement le dépassement du nihilisme. Le nihilisme tel que le monde moderne en précise les pouvoirs au moment où Jünger et Evola se lancent héroïquement dans l'existence, avec l'espoir d'échapper à la médiocrité, est à la fois ce qui doit être éprouvé et ce qui doit être vaincu et dépassé. Pour le Jünger du Cœur aventureux comme pour le Julius Evola des premières tentatives dadaïstes, rien n'est pire que de feindre de croire encore en un monde immobile, impartial, sûr. Ce qui menace de disparaître, la tentation est grande pour nos auteurs, adeptes d'un « réalisme héroïque », d'en précipiter la chute. Le nihilisme est, pour Jünger, comme pour Evola, une expérience à laquelle ni l'un ni l'autre ne se dérobent. Cependant, dans les « orages d'acier », ils ne croient point que l'immanence est le seul horizon de l'expérience humaine. L'épreuve, pour ténébreuse et confuse qu'elle paraisse, ne se suffit point à elle-même. Ernst Jünger et Julius Evola pressentent que le tumulte n'est que l'arcane d'une sérénité conquise. De ce cyclone qui emporte leurs vies et la haute culture européenne, ils cherchent le cœur intangible. Il s'agit là, écrit Julius Evola de la recherche « d'une vie portée à une intensité particulière qui débouche, se renverse et se libère en un "plus que vie", grâce à une rupture ontologique de niveau. » Dans l'œuvre de Jünger, comme dans celle d'Evola, l'influence de Nietzsche, on le voit, est décisive. Nietzsche, pour le dire au plus vite, peut être considéré comme l'inventeur du « nihilisme actif », c'est-à-dire d'un nihilisme qui périt dans son triomphe, en toute conscience, ou devrait-on dire selon la terminologie abellienne, dans un « paroxysme de conscience ». Nietzsche se définissait comme « le premier nihiliste complet Europe, qui a cependant déjà dépassé le nihilisme pour l'avoir vécu dans son âme, pour l'avoir derrière soi, sous soi, hors de soi. »
    Cette épreuve terrible, nul esprit loyal n'y échappe. Le bourgeois, celui qui croit ou feint de croire aux « valeurs » n'est qu'un nihiliste passif: il est l'esprit de pesanteur qui entraîne le monde vers le règne de la quantité. « Mieux vaut être un criminel qu'un bourgeois », écrivit Jünger, non sans une certaine provocation juvénile, en ignorant peut-être aussi la nature profondément criminelle que peut revêtir, le cas échéant, la pensée calculante propre à la bourgeoisie. Peu importe : la bourgeoisie d'alors paraissait inerte, elle ne s'était pas encore emparée de la puissance du contrôle génétique et cybernétique pour soumettre le monde à sa mesquinerie. Dans la perspective nietzschéenne qui s'ouvre alors devant eux, Jünger et Evola se confrontent à la doctrine du Kirillov de Dostoïevski: « L'homme n'a inventé Dieu qu'afin de pouvoir vivre sans se tuer ». Or, ce nihilisme est encore partiel, susceptible d'être dépassé, car, pour les âmes généreuses, il n'existe des raisons de se tuer que parce qu'il existe des raisons de vivre. Ce qui importe, c'est de réinventer une métaphysique contre le monde utilitaire et de dépasser l'opposition de la vie et de la mort.
    Jünger et Evola sont aussi, mais d’une manière différente, à la recherche de ce qu'André Breton nomme dans son Manifeste « Le point suprême ». Julius Evola écrit: « L'homme qui, sûr de soi parce que c'est l'être, et non la vie, qui est le centre essentiel de sa personne peut tout approcher, s'abandonner à tout et s'ouvrir à tout sans se perdre: accepter, de ce fait, n'importe quelle expérience, non plus, maintenant pour s'éprouver et se connaître mais pour développer toutes ses possibilités en vue des transformations qui peuvent se produire en lui, en vue des nouveaux contenus qui peuvent, par cette voie, s'offrir et se révéler. » Quant à Jünger, dans Le Cœur Aventureux, version 1928, il exhorte ainsi son lecteur: « Considère la vie comme un rêve entre mille rêves, et chaque rêve comme une ouverture particulière de la réalité. » Cet ordre établi, cet univers de fausse sécurité, où règne l'individu massifié, Jünger et Evola n'en veulent pas. Le réalisme héroïque dont ils se réclament n'est point froideur mais embrasement de l'être, éveil des puissances recouvertes par les écorces de cendre des habitudes, des exotérismes dominateurs, des dogmes, des sciences, des idéologies. Un mouvement identique les porte de la périphérie vers le centre, vers le secret de la souveraineté. Jünger: « La science n'est féconde que grâce à l'exigence qui en constitue le fondement. En cela réside la haute, l'exceptionnelle valeur des natures de la trempe de Saint-Augustin et de Pascal: l'union très rare d'une âme de feu et d'une intelligence pénétrante, l'accès à ce soleil invisible de Swedenborg qui est aussi lumineux qu'ardent. »
    Tel est exactement le dépassement du nihilisme: révéler dans le feu qui détruit la lumière qui éclaire, pour ensuite pouvoir se recueillir dans la « clairière de l'être ». Pour celui qui a véritablement dépassé le nihilisme, il n'y a plus de partis, de classes, de tribus, il n'y a plus que l'être et le néant. A cette étape, le cyclone offre son cœur à « une sorte de contemplation qui superpose la région du rêve à celle de la réalité comme deux lentilles transparentes braquées sur le foyer spirituel. » Dans l'un de ses ultimes entretiens, Jünger interrogé sur la notion de résistance spirituelle précise: « la résistance spirituelle ne suffit pas. Il faut contre-attaquer. »
    Il serait trop simple d'opposer comme le font certains l'activiste Evola avec le contemplatif Jünger, comme si Jünger avait trahi sa jeunesse fougueuse pour adopter la pose goethéenne du sage revenu de tout. A celui qui veut à tout prix discerner des périodes dans les œuvres de Jünger et d'Evola, ce sont les circonstances historiques qui donnent raison bien davantage que le sens des œuvres. Les œuvres se déploient; les premiers livres d'Evola et de Jünger contiennent déjà les teintes et les vertus de ceux, nombreux, qui suivront. Tout se tient à l'orée d'une forte résolution, d'une exigence de surpassement, quand bien-même il s'avère que le Haut, n'est une métaphore du Centre et que l'apogée de l'aristocratie rêvée n'est autre que l'égalité d'âme du Tao, « l'agir sans agir ». Evola cite cette phrase de Nietzsche qui dut également frapper Jünger: « L'esprit, c'est la vie qui incise elle-même la vie ». A ces grandes âmes, la vie ne suffit point. C'est en ce sens que Jünger et Evola refusent avec la même rigueur le naturalisme et le règne de la technique, qui ne sont que l'avers et l'envers d'un même renoncement de l'homme à se dépasser lui-même. Le caractère odieux des totalitarismes réside précisément dans ce renoncement.
    La quête de Jünger et d'Evola fond dans un même métal l'éthique et l'esthétique au feu d'une métaphysique qui refuse de se soumettre au règne de la nature. Toute l'œuvre de Jünger affirme, par sa théorie du sceau et de l'empreinte, que la nature est à l'image de la Surnature, que le visible n'est qu'un miroir de l'Invisible. De même, pour Evola, en cela fort platonicien, c'est à la Forme d'ordonner la matière. Telle est l'essence de la virilité spirituelle. Si Jünger, comme Evola, et comme bien d'autres, fut dédaigné, voire incriminé, sous le terme d'esthète par les puritains et les moralisateurs, c'est aussi par sa tentative de dépasser ce que l'on nomme la « morale autonome », c'est-à-dire laïque et rationnelle, sans pour autant retomber dans un « vitalisme » primaire. C'est qu'il existe, pour Jünger, comme pour Evola qui se réfère explicitement à une vision du monde hiérarchique, un au-delà et un en deçà de la morale, comme il existe un au-delà et un en deçà de l'individu.
    Lorsque la morale échappe au jugement du plus grand nombre, à l'utilitarisme de la classe dominante, elle paraît s'abolir dans une esthétique. Or, le Beau, pour Jünger, ce que la terminologie évolienne, et platonicienne, nomme la Forme (idéa) contient et réalise les plus hautes possibilités du Bien moral. Le Beau contient dans son exactitude, la justesse du Bien. L'esthétique ne contredit point la morale, elle en précise le contour, mieux, elle fait de la résistance au Mal qui est le propre de toute morale, une contre-attaque. Le Beau est un Bien en action, un Bien qui arrache la vie aux griffes du Léviathan et au règne des Titans. Jünger sur ce point ne varie pas . Dans son entretien séculaire, il dit à Franco Volpi: « Je dirai qu'éthique et esthétique se rencontrent et se touchent au moins sur un point: ce qui est vraiment beau est obligatoirement éthique, et ce qui est réellement éthique est obligatoirement beau. »
    A ceux qui veulent opposer Jünger et Evola, il demeure d'autres arguments. Ainsi, il paraît fondé de voir en l'œuvre de Jünger, après Le Travailleur, une méditation constante sur la rébellion et la possibilité offerte à l'homme de se rendre hors d'atteinte de ce « plus froid des monstres froids », ainsi que Nietzsche nomme l'Etat. Au contraire, l'œuvre d'Evola poursuit avec non moins de constance l'approfondissement d'une philosophie politique destinée à fonder les normes et les possibilités de réalisation de « l'Etat vrai ». Cependant, ce serait là encore faire preuve d'un schématisme fallacieux que de se contenter de classer simplement Jünger parmi les « libertaires » fussent-ils « de droite » et Evola auprès des « étatistes ».
    Si quelque vertu agissante, et au sens vrai, poétique, subsiste dans les oeuvres de Jünger et d'Evola les plus étroitement liées à des circonstances disparues ou en voie de disparition, c'est précisément car elles suivent des voies qui ne cessent de contredire les classifications, de poser d'autres questions au terme de réponses en apparence souveraines et sans appel. Un véritable auteur se reconnaît à la force avec laquelle il noue ensemble ses contradictions. C'est alors seulement que son œuvre échappe à la subjectivité et devient, dans le monde, une œuvre à la ressemblance du monde. L'œuvre poursuit son destin envers et contre les Abstracteurs qui, en nous posant de fausses alternatives visent en réalité à nous priver de la moitié de nous-mêmes. Les véritables choix ne sont pas entre la droite et la gauche, entre l'individu et l'Etat, entre la raison et l'irrationnel, c'est à dire d'ordre horizontal ou « latéral ». Les choix auxquels nous convient Jünger et Evola, qui sont bien des écrivains engagés, sont d'ordre vertical. Leurs œuvres nous font comprendre que, dans une large mesure, les choix horizontaux sont des leurres destinés à nous faire oublier les choix verticaux.
    La question si controversée de l'individualisme peut servir ici d'exemple. Pour Jünger comme pour Evola, le triomphe du nihilisme, contre lequel il importe d'armer l'intelligence de la nouvelle chevalerie intellectuelle, est sans conteste l'individualisme libéral. Sous cette appellation se retrouvent à la fois l'utilitarisme bourgeois, honni par tous les grandes figures de la littérature du dix-neuvième siècle (Stendhal, Flaubert, Balzac, Villiers de L'Isle-Adam, Léon Bloy, Barbey d'Aurevilly, Théophile Gautier, Baudelaire, d'Annunzio, Carlyle etc...) mais aussi le pressentiment d'un totalitarisme dont les despotismes de naguère ne furent que de pâles préfigurations. L'individualisme du monde moderne est un « individualisme de masse », pour reprendre la formule de Jünger, un individualisme qui réduit l'individu à l'état d'unité interchangeable avec une rigueur à laquelle les totalitarismes disciplinaires, spartiates ou soviétiques, ne parvinrent jamais.
    Loin d'opposer l'individualisme et le collectivisme, loin de croire que le collectivisme puisse redimer de quelque façon le néant de l'individualisme libéral, selon une analyse purement horizontale qui demeure hélas le seul horizon de nos sociologues, Jünger tente d'introduire dans la réflexion politique un en-decà et un au-delà de l'individu. Si l'individu « libéral » est voué, par la pesanteur même de son matérialisme à s'anéantir dans un en-deçà de l'individu, c'est-à-dire dans un collectivisme marchand et cybernétique aux dimensions de la planète, l'individu qui échappe au matérialisme, c'est-à-dire l'individu qui garde en lui la nostalgie d'une Forme possède, lui, la chance magnifique de se hausser à cet au-delà de l'individu, que Julius Evola nomme la Personne. Au delà de l'individu est la Forme ou, en terminologie jüngérienne, la Figure, qui permet à l'individu de devenir une Personne.
    Qu'est-ce que la Figure ? La Figure, nous dit Jünger, est le tout qui englobe plus que la somme des parties. C'est en ce sens que la Figure échappe au déterminisme, qu'il soit économique ou biologique. L'individu du matérialisme libéral demeure soumis au déterminisme, et de ce fait, il appartient encore au monde animal, au « biologique ». Tout ce qui s'explique en terme de logique linéaire, déterministe, appartient encore à la nature, à l'en-deçà des possibilités surhumaines qui sont le propre de l'humanitas. « L'ordre hiérarchique dans le domaine de la Figure ne résulte pas de la loi de cause et d'effet, écrit Jünger mais d'une loi tout autre, celle du sceau et de l'empreinte. » Par ce renversement herméneutique décisif, la pensée de Jünger s'avère beaucoup plus proche de celle d'Evola que l'on ne pourrait le croire de prime abord. Dans le monde hiérarchique, que décrit Jünger où le monde obéit à la loi du sceau et de l'empreinte, les logiques évolutionnistes ou progressistes, qui s'obstinent (comme le nazisme ou le libéralisme darwinien) dans une vision zoologique du genre humain, perdent toute signification. Telle est exactement la Tradition, à laquelle se réfère toute l'œuvre de Julius Evola: « Pour comprendre aussi bien l'esprit traditionnel que la civilisation moderne, en tant que négation de cet esprit, écrit Julius Evola, il faut partir de cette base fondamentale qu'est l'enseignement relatif aux deux natures. Il y a un ordre physique et il y a un ordre métaphysique. Il y a une nature mortelle et il y a la nature des immortels. Il y a la région supérieure de l'être et il y a la région inférieure du devenir. D'une manière plus générale, il y a un visible et un tangible, et avant et au delà de celui-ci, il y a un invisible et un intangible, qui constituent le supra-monde, le principe et la véritable vie. Partout, dans le monde de la Tradition, en Orient et en Occident, sous une forme ou sous une autre, cette connaissance a toujours été présente comme un axe inébranlable autour duquel tout le reste était hiérarchiquement organisé. »
    Affirmer, comme le fait Jünger, la caducité de la logique de cause et d'effet, c'est, dans l'ordre d'une philosophie politique rénovée, suspendre la logique déterministe et tout ce qui en elle plaide en faveur de l'asservissement de l'individu. « On donnera le titre de Figure, écrit Jünger, au genre de grandeur qui s'offrent à un regard capable de concevoir que le monde peut être appréhendé dans son ensemble selon une loi plus décisive que celle de la cause et de l'effet. » Du rapport entre le sceau invisible et l'empreinte visible dépend tout ce qui dans la réalité relève de la qualité. Ce qui n'a point d'empreinte, c'est la quantité pure, la matière livrée à elle-même. Le sceau est ce qui confère à l'individu, à la fois la dignité et la qualité. En ce sens, Jünger, comme Evola, pense qu'une certaine forme d'égalitarisme revient à nier la dignité de l'individu, à lui ôter par avance toute chance d'atteindre à la dignité et à la qualité d'une Forme. « On ne contestera pas, écrit Julius Evola, que les êtres humains, sous certains aspects, soient à peu près égaux; mais ces aspects, dans toute conception normale et traditionnelle, ne représentent pas le "plus" mais le "moins", correspondent au niveau le plus pauvre de la réalité, à ce qu'il y a de moins intéressant en nous. Il s'agit d'un ordre qui n'est pas encore celui de la forme, de la personnalité au sens propre. Accorder de la valeur à ces aspects, les mettre en relief comme si on devait leur donner la priorité, équivaudrait à tenir pour essentiel que ces statues soient en bronze et non que chacune soit l'expression d'une idée distincte dont le bronze ( ici la qualité générique humaine) n'est que le support matériel. »
    Ce platonisme que l'on pourrait dire héroïque apparaît comme un défi à la doxa moderne. Lorsque le moderne ne vante la « liberté » que pour en anéantir toute possibilité effective dans la soumission de l'homme à l'évolution, au déterminisme, à l'histoire, au progrès, l'homme de la Tradition, selon Evola, demeure fidèle à une vision supra-historique. De même, contrairement à ce que feignent de croire des exégètes peu informés, le « réalisme héroïque » des premières œuvres de Jünger loin de se complaire dans un immanentisme de la force et de la volonté, est un hommage direct à l'ontologie de la Forme, à l'idée de la préexistence. « La Figure, écrit Jünger, dans Le Travailleur, est, et aucune évolution ne l'accroît ni ne la diminue. De même que la Figure de l'homme précédait sa naissance et survivra à sa mort, une Figure historique est, au plus profond d'elle-même, indépendante du temps et des circonstances dont elle semble naître. Les moyens dont elle dispose sont supérieurs, sa fécondité est immédiate. L'histoire n'engendre pas de figures, elle se transforme au contraire avec la Figure. »
    Sans doute le jugement d'Evola, qui tout en reconnaissant la pertinence métapolitique de la Figure du Travailleur n'en critique pas moins l'ouvrage de Jünger comme dépourvu d'une véritable perspective métaphysique, peut ainsi être nuancée. Jünger pose bien, selon une hiérarchie métaphysique, la distinction entre l'individu susceptible d'être massifié (qu'il nomme dans Le Travailleur « individuum ») et l'individu susceptible de recevoir l'empreinte d'une Forme supérieure (et qu'il nomme « Einzelne »). Cette différenciation terminologique verticale est incontestablement l'ébauche d'une métaphysique, quand bien même, mais tel n'est pas non plus le propos du Travailleur, il n'y est pas question de cet au-delà de la personne auquel invitent les métaphysiques traditionnelles, à travers les œuvres de Maître Eckhart ou du Védantâ. De même qu'il existe un au-delà et un en-deçà de l'individu, il existe dans un ordre plus proche de l'intangible un au-delà et un en-deçà de la personne. Le « dépassement » de l'individu, selon qu'il s'agit d'un dépassement par le bas ou par le haut peut aboutir aussi bien, selon son orientation, à la masse indistincte qu'à la formation de la Personne. Le dépassement de la personne, c'est-à-dire l'impersonnalité, peut, selon Evola, se concevoir de deux façons opposées: « l'une se situe au-dessous, l'autre au niveau de la personne; l'une aboutit à l'individu, sous l'aspect informe d'une unité numérique et indifférente qui, en se multipliant, produit la masse anonyme; l'autre est l'apogée typique d'un être souverain, c'est la personne absolue. »
    Loin d'abonder dans le sens d'une critique sommaire et purement matérialiste de l'individualisme auquel n'importe quelle forme d'étatisme ou de communautarisme devrait être préféré aveuglément, le gibelin Julius Evola, comme l'Anarque jüngérien se rejoignent dans la méditation d'un ordre qui favoriserait « l'apogée typique d'un être souverain ». Il est exact de dire, précise Evola, « que l'état et le droit représentent quelque chose de secondaire par rapport à la qualité des hommes qui en sont les créateurs, et que cet Etat, ce droit ne sont bons que dans le mesure où ils restent des formes fidèles aux exigences originelles et des instruments capables de consolider et de confirmer les forces mêmes qui leur ont donné naissance. » La critique évolienne de l'individualisme, loin d'abonder dans le sens d'une mystique de l'élan commun en détruit les fondements mêmes. Rien, et Julius Evola y revient à maintes reprises, ne lui est aussi odieux que l'esprit grégaire: « Assez du besoin qui lie ensemble les hommes mendiant au lien commun et à la dépendance réciproque la consistance qui fait défaut à chacun d'eux ! »
    Pour qu'il y eût un Etat digne de ce nom, pour que l'individu puisse être dépassé, mais par le haut, c'est-à-dire par une fidélité métaphysique, il faut commencer par s'être délivré de ce besoin funeste de dépendance. Ajoutées les unes aux autres les dépendances engendrent l'odieux Léviathan, que Simone Weil nommait « le gros animal », ce despotisme du Médiocre dont le vingtième siècle n'a offert que trop d'exemples. Point d'Etat légitime, et point d'individu se dépassant lui-même dans une généreuse impersonnalité active, sans une véritable Sapience, au sens médiéval, c'est-à-dire une métaphysique de l'éternelle souveraineté. « La part inaliénable de l'individu (Einzelne) écrit Jünger, c'est qu'il relève de l'éternité, et dans ses moments suprêmes et sans ambiguïté, il en est pleinement conscient. Sa tâche est d'exprimer cela dans le temps. En ce sens, sa vie devient une parabole de la Figure. » Evola reconnaît ainsi « en certains cas la priorité de la personne même en face de l'Etat », lorsque la personne porte en elle, mieux que l'ensemble, le sens et les possibilités créatrices de la Sapience.
    Quelles que soient nos orientations, nos présupposés philosophiques ou littéraires, aussitôt sommes-nous requis par quelque appel du Grand Large qui nous incline à laisser derrière nous, comme des écorces mortes, le « trop humain » et les réalités confinées de la subjectivité, c'est à la Sapience que se dédient nos pensées. Du précepte delphique « Connais-toi toi-même et tu connaîtras le monde et les dieux », les œuvres de Jünger et d'Evola éveillent les pouvoirs en redonnant au mot de « réalité » un sens que lui avaient ôté ces dernières générations de sinistres et soi-disant « réalistes »: « ll est tellement évident que le caractère de "réalité" a été abusivement monopolisé par ce qui, même dans la vie actuelle, n'est qu'une partie de la réalité totale, que cela ne vaut pas la peine d'y insister davantage» écrit Julius Evola. La connaissance de soi-même ne vaut qu'en tant que connaissance réelle du monde. Se connaître soi-même, c'est connaître le monde et les dieux car dans cette forme supérieure de réalisme que préconisent Jünger et Evola: « le réel est perçu dans un état où il n'y a pas de sujet de l'expérience ni d'objet expérimenté, un état caractérisé par une sorte de présence absolue où l'immanent se fait transcendant et le transcendant immanent. » Et sans doute est-ce bien en préfiguration de cette expérience-limite que Jünger écrit: « Et si nous voulons percevoir le tremblement du cœur jusque dans ses plus subtiles fibrilles, nous exigeons en même temps qu'il soit trois fois cuirassé. »
    Foi et chevalerie sont les conditions préalables et nécessaires de la Sapience, et c'est précisément en quoi la Sapience se distingue de ce savoir banal et parfois funeste dont les outrecuidants accablent les simples. La Sapience advient, elle ne s'accumule, ni ne se décrète. Elle couronne naturellement des types humains dont les actes et les pensées sont orientés vers le Vrai, le Beau et le Bien, c'est-à-dire qu'elle vibre et claque au vent de l'Esprit. La Sapience n'est pas cette petite satisfaction du clerc qui croit se suffire à lui-même. La Sapience ne vaut qu'en tant que défi au monde, et il vaut mieux périr de ce défi que de tirer son existence à la ligne comme un mauvais feuilletoniste. Les stances du Dhammapada, attribué au Bouddha lui-même ne disent pas autre chose: "« Plutôt vivre un jour en considérant l'apparition et la disparition que cent ans sans les voir."
    Le silence et la contemplation de la Sapience sont vertige et éblouissement et non point cette ignoble recherche de confort et de méthodes thérapeutiques dont les adeptes du « new-age » parachèvent leur arrogance technocratique. « L'Occident ne connaît plus la Sapience, écrit Evola: il ne connaît plus le silence majestueux des dominateurs d'eux-mêmes, le calme illuminé des Voyants, la superbe réalité de ceux chez qui l'idée s'est faite sang, vie, puissance... A la Sapience ont succédé la contamination sentimentale, religieuse, humanitaire, et la race de ceux qui s'agitent en caquetant et courent, ivres, exaltant le devenir et la pratique, parce que le silence et la contemplation leur font peur. »
    Le moderne, qui réclame sans cesse de nouveaux droits, mais se dérobe à tous les devoirs, hait la Sapience car, analogique et ascendante, elle élargit le champ de sa responsabilité. L'irresponsable moderne qui déteste la liberté avec plus de hargne que son pire ennemi ( si tant est qu'il eût encore assez de cœur pour avoir un ennemi) ne peut voir en la théorie des correspondances qu'une menace à peine voilée adressée à sa paresse et à son abandon au courant d'un « progrès » qui entraîne, selon la formule de Léon Bloy, « comme un chien mort au fil de l'eau ». Rien n'est plus facile que ce nihilisme qui permet de se plaindre de tout, de revendiquer contre tout sans jamais se rebeller contre rien. L'insignifiance est l'horizon que se donne le moderne, où il enferme son cœur et son âme jusqu'à l'a asphyxie et l'étiolement. « L'homme qui attribue de la valeur à ses expériences, écrit Jünger, quelles qu'elles soient, et qui, en tant que parties de lui-même ne veut pas les abandonner au royaume de l'obscurité, élargit le cercle de sa responsabilité. » C'est en ce sens précis que le moderne, tout en nous accablant d'un titanisme affreux, ne vénère dans l'ordre de l'esprit que la petitesse, et que toute recherche de grandeur spirituelle lui apparaît vaine ou coupable.
    Nous retrouvons dans les grands paysages intérieurs que décrit Jünger dans Héliopolis, ce goût du vaste, de l'ampleur musicale et chromatique où l'invisible et le visible correspondent. Pour ce type d'homme précise Evola: « il n'y aura pas de paysages plus beaux, mais des paysages plus lointains, plus immenses, plus calmes, plus froids, plus durs, plus primordiaux que d'autres: Le langage des choses du monde ne nous parvient pas parmi les arbres, les ruisseaux, les beaux jardins, devant les couchers de soleil chromos ou de romantiques clairs de lune mais plutôt dans les déserts, les rocs, les steppes, les glaces, les noirs fjords nordiques, sous les soleils implacables des tropiques- précisément dans tout ce qui est primordial et inaccessible. » La Sapience alors est l'éclat fulgurant qui transfigure le cœur qui s'est ouvert à la Foi et à la Chevalerie quand bien même, écrit Evola: «  le cercle se resserre de plus en plus chaque jour autour des rares êtres qui sont encore capables du grand dégoût et de la grande révolte. » Sapience de poètes et de guerriers et non de docteurs, Sapience qui lève devant elle les hautes images de feu et de gloire qui annoncent les nouveaux règnes !
    « Nos images, écrit Jünger, résident dans ces lointains plus écartés et plus lumineux où les sceaux étrangers ont perdu leur validité, et le chemin qui mène à nos fraternités les plus secrètes passe par d'autres souffrances. Et notre croix a une solide poignée, et une âme forgée dans un acier à double tranchant. » La Sapience surgit sur les chemins non de la liberté octroyée, mais de la liberté conquise. « C'est plutôt le héros lui-même, écrit Jünger, qui par l'acte de dominer et de se dominer, aide tous les autres en permettant à l'idée de liberté de triompher... »
    Dans l'œil du cyclone, dans la sérénité retrouvée, telle qu'elle déploie son imagerie solaire à la fin de La Visite à Godenholm, une fois que sont vaincus, dans le corps et dans l'âme, les cris des oiseaux de mauvais augure du nihilisme, L'Anarque jüngérien, à l'instar de l'homme de la Tradition évolien, peut juger l'humanisme libéral et le monde moderne, non pour ce qu'ils se donnent, dans une propagande titanesque, mais pour ce qu'ils sont: des idéologies de la haine de toute forme de liberté accomplie. Que faut-il comprendre par liberté accomplie ? Disons une liberté qui non seulement se réalise dans les actes et dans les œuvres mais qui trouve sa raison d'être dans l'ordre du monde. « Libre ? Pour quoi faire ? » s'interrogeait Nietzsche. A l'évidence, une liberté qui ne culmine point en un acte poétique, une liberté sans « faire » n'est qu'une façon complaisante d'accepter l'esclavage. L'Anarque et l'homme de la Tradition récusent l'individualisme libéral car celui-ci leur paraît être, en réalité, la négation à la fois de l'Individu et de la liberté. Lorsque Julius Evola rejoint, non sans y apporter ses nuances gibelines et impériales, la doctrine traditionnelle formulée magistralement par René Guénon, il ne renonce pas à l'exigence qui préside à sa Théorie de l'Individu absolu, il en trouve au contraire, à travers les ascèses bouddhistes, alchimiques ou tantriques, les modes de réalisation et cette sorte de pragmatique métaphysique qui tant fait défaut au discours philosophique occidental depuis Kant. « C'est que la liberté n'admet pas de compromis: ou bien on l'affirme, ou bien on ne l'affirme pas. Mais si on l'affirme, il faut l'affirmer sans peur, jusqu'au bout, - il faut l'affirmer, par conséquent, comme liberté inconditionnée. » Seul importe au regard métaphysique ce qui est sans condition. Mais un malentendu doit être aussitôt dissipé. Ce qui est inconditionné n'est pas à proprement parler détaché ou distinct du monde. Le « sans condition » est au cœur. Mais lorsque selon les terminologies platoniciennes ou théologiques on le dit « au ciel » ou « du ciel », il faut bien comprendre que ce ciel est au coeur.
    L'inconditionné n'est pas hors de la périphérie, mais au centre. C'est au plus près de soi et du monde qu'il se révèle. D'où l'importance de ce que Jünger nomme les « approches ». Plus nous sommes près du monde dans son frémissement sensible, moins nous sommes soumis aux généralités et aux abstractions idéologiques, et plus nous sommes près des Symboles. Car le symbole se tient entre deux mondes. Ce monde de la nature qui flambe d'une splendeur surnaturelle que Jünger aperçoit dans la fleur ou dans l'insecte, n'est pas le monde d'un panthéiste, mais le monde exactement révélé par l'auguste science des symboles. « La science des symboles, rappelle Luc Benoist, est fondée sur la correspondance qui existe entre les divers ordres de réalité, naturelle et surnaturelle, la naturelle n'étant alors considérée que comme l'extériorisation du surnaturel. » La nature telle que la perçoivent Jünger et Evola (celui-ci suivant une voie beaucoup plus « sèche ») est bien la baudelairienne et swedenborgienne « forêt de symboles ». Elle nous écarte de l'abstraction en même temps qu'elle nous rapproche de la métaphysique. « La perspective métaphysique, qui vise à dépasser l'abstraction conceptuelle, trouve dans le caractère intuitif et synthétique du symbole en général et du Mythe en particulier un instrument d'expression particulièrement apte à véhiculer l'intuition intellectuelle. »écrit George Vallin. Les grandes imageries des Falaises de Marbre, d'Héliopolis, les récits de rêves, des journaux et du Cœur aventureux prennent tout leur sens si on les confronte à l'aiguisement de l'intuition intellectuelle. Jünger entre en contemplation pour atteindre cette liberté absolue qui est au cœur des mondes, ce moyeu immobile de la roue, qui ne cessera jamais de tourner vertigineusement. Dans ce que George Vallin nomme l'intuition intellectuelle, l'extrême vitesse et l'extrême immobilité se confondent. Le secret de la Sapience, selon Evola: « cette virtu qui ne parle pas, qui naît dans le silence hermétique et pythagoricien, qui fleurit sur la maîtrise des sens et de l'âme » est au cœur des mondes comme le signe de la « toute-possibilité » . Tout ceci, bien sûr, ne s'adressant qu'au lecteur aimé de Jünger: « ce lecteur dont je suppose toujours qu'il est de la trempe de Don Quichotte et que, pour ainsi dire, il tranche les airs en lisant à grands coups d'épée. »

    Luc-Olivier d’Algange http://www.voxnr.com/cc/dt_autres/EFZlFVkVyuWqJIztwf.shtml

  • CMRDS 2013 : Objectif : sauver la France.

    L’Action française redémarre sur les chapeaux de roue : Après une année particulièrement chargée, les vacances furent courtes, car dès le 24 août commençait le CMRDS qui fut un succès comme en attestent les reportages sur le site notamment.

    Une première action réussie de l’année fut également la manif de Lyon avec le Printemps Français. Remercions-en nos amis lyonnais qui en furent les organisateurs.

    Une partie de la salle lors d’une conférence

    La formation a ça de bon que nos militants savent bien désormais à quoi s’en tenir vis à vis du président « normal » et de ses étranges ministres, ainsi que du « système » qui les a hissés jusqu’au pouvoir. Si ce n’était une politique de gribouille menée par une équipe incompétente, dépassée par les événements et une crise économique trop difficile à juguler, nous serions un peu plus compréhensifs. Les pauvres, dirions-nous, ils se sont crus plus malins que les autres et finalement ils ne sont pas à la hauteur.

    Mais c’est malheureusement plus grave que ça. Infiniment plus grave. Ceux qui sont au pouvoir aujourd’hui, n’aiment pas la France et travaillent cyniquement à sa disparition. C’était déjà, encore que plus confusément, le cas des acteurs du quinquennat précédent qui n’étaient essentiellement préoccupés que par leur carrière.

    A présent, il convient d’ajouter à cette carence déjà fort préoccupante, un volontarisme idéologique des plus funestes.

    Quelques exemples peuvent illustrer cet état de fait :

    Chômage : Achèvement de la destruction du parc industriel sans aucun projet de remplacement ; acceptation passive (malgré les cris de Montebourg) par idéologie libérale et par désir de se conformer aux règles du marché édictées par Bruxelles, des délocalisations qui tuent l’emploi.

    Immigration : accueil de 180 000 immigrés par an avec une facilitation accrue des accès à la nationalité, pour recréer un fonds électoral favorable à la gauche passablement ébréchée ces dernier temps. La plus grande partie de ces immigrés venant bien sûr grossir les chiffres des demandeurs d’emplois.

    Famille : On se rappelle encore la bataille antifamiliale menée par la « Hollandie » avec le mariage homosexuel et toutes les dérives qui vont suivre. Curieusement, personne dans ce milieu bobo n’a envisagé l’encouragement de la natalité pour sauver les retraites…

    Politique étrangère : Rien de nouveau depuis Sarkozy. On attend les ordres de l’oncle Sam pour faire la guerre n’importe où et contre n’importe qui pourvu qu’il soit désigné par Washington comme faisant partie de l’axe du mal. Parfois même on joue les premiers de la classe en poussant au crime de façon tapageuse et grotesque.

    Défense : Pour rester cohérent avec sa politique belliciste, le gouvernement prévoit de ramener notre armée au niveau de celle du Bénélux. Ainsi nos soldats se sentiront-ils plus efficaces armés de frondes et de lance-pierres au Moyen-Orient.

    Libertés : Inutile de s’étendre sur la répression policière contre les opposants à la pensée officielle. On l’a vu au sein de la manif pour tous et tout récemment avec la mobilisation policière contre les veilleurs pacifiques, tandis que dans nos quartiers comme à Marseille, qui voient éclater des fusillades, les policiers se font curieusement rares. Et je ne parle pas de la liberté de la presse, dont les journalistes eux-mêmes, installés dans le consensus, sont largement responsables de sa disparition selon Robert Ménard.

    Bilan « globalement négatif » en somme : Plus de souveraineté économique ni monétaire ; plus de souveraineté politique, ni de défense ; plus de stratégie géopolitique ; immigration massive et chômage en augmentation (et je ne parle pas de l’insécurité) ; libertés, et plus particulièrement celle de penser, réprimées ; familles attaquées dans leurs fondements. Consentirons-nous à laisser la France, construite en mille ans, être saccagée par une bande de pieds nickelés perclus d’idéologie socialo-libérale ?

    Beaucoup de français patriotes s’insurgent contre ce qui ne doit pas être une fatalité. A l’Action française, nous savons que cette déchéance n’est pas fortuite et qu’elle constitue l’aboutissement logique de deux siècles d’agitation républicaine, ponctués de régimes parfois monarchiques et impériaux, mais le plus souvent anarchiques, oligarchiques et autoritaires, la révolution jacobine ayant laissé partout son venin. Nous devons, c’est notre devoir, aller au devant des patriotes français, comme le fit Maurras en son temps, pour montrer que c’est le régime dans sa substance , qui est nocif à la France et que c’est ce régime que nous devons abattre et remplacer. Il n’est pas trop tard.

    Olivier Perceval, secrétaire général de l’Action française

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?CMRDS-2013-Objectif-sauver-la

  • Frigide Barjot vs La Manif pour Tous

    Suite aux attaques à répétition de Frigide Barjot à l'encontre de LMPT et à ses tentatives de créer la zizanie, et suite à une tentative de conciliation hier soir qui a échoué, LMPT communique :

    "Frigide Barjot avait annoncé en direct à la télévision, le 26 mai dernier, que « La Manif Pour Tous a fait son temps », au moment même où des centaines de milliers de personnes manifestaient pour dire NON à la loi Taubira. Elle ne s’est pas rendue, par ailleurs, aux invitations ultérieures de La Manif Pour Tous (Conseil d’administration et Assemblée générale de l’association, proposition de rencontre informelle « au vert » au cours de la 2e quinzaine d’août). Une discussion a simplement eu lieu ce jeudi 5 septembre, dans un climat de confiance et de franchise.

    Nous constatons que des points de convergences importants existent entre La Manif Pour Tous et L’Avenir Pour Tous (mouvement fondé par Frigide Barjot fin mai 2013), en particulier le refus de l’ouverture de la PMA aux couples de même sexe et de la légalisation des mères porteuses.

    Nous constatons également des points de divergences significatifs dans les nouvelles prises de position publiques et médiatiques de Frigide Barjot. Outre sa volonté répétée de promouvoir une union civile pour les couples de même sexe – pourtant écartée lors du débat parlementaire et qui n’est pas d’actualité compte tenu de l’absence de tout dialogue et du mépris affiché par le gouvernement –, elle se disait favorable à l’adoption simple et déterminée à garantir les droits pour les couples de personnes de même sexe à l’éducation des enfants ou « homo-éducation. » Ces interventions marquent ainsi une rupture avec le positionnement de La Manif Pour Tous depuis son lancement il y a près d’un an.

    La Manif Pour Tous regrette par ailleurs les critiques injustifiées dont elle a été la cible de la part de Frigide Barjot au cours de l’été, dans la presse ou sur les réseaux sociaux. La Manif Pour Tous précise notamment que son ancienne porte-parole, Frigide Barjot, n’a jamais été « virée », contrairement à ce qu’elle a pu affirmer, mais qu’elle a librement décidé de poursuivre son action en dehors de La Manif Pour Tous et ce, dès le 26 mai. La Manif Pour Tous regrette d’ailleurs aussi les critiques de Frigide Barjot sur le mouvement des Veilleurs auquel La Manif Pour Tous renouvelle toute sa sympathie et son soutien.

    La Manif Pour Tous, qui n’a pas changé dans ses objectifs et messages depuis sa création, continue et continuera à se mobiliser contre la loi Taubira, dont elle demande toujours l’abrogation, contre son fondement qu’est le concept du genre, contre ses conséquences logiques - l’ouverture de la PMA aux couples de même sexe, la légalisation des mères porteuses - et contre l’absence de reconnaissance de l’objection de conscience pour les officiers d’état civil forcés de célébrer des mariages Taubira.

    La Manif Pour Tous rappelle que le mariage ne peut être conclu qu’entre un homme et une femme. Elle réaffirme, en rappelant qu’elle condamne toute forme d’homophobie, qu’un enfant ne peut qu’être reconnu issu d’un homme et d’une femme et que, dans la mesure du possible, il a le droit d’être élevé par un père et une mère (Convention internationale des droits de l’enfant). Il ne peut être délibérément privé de père ou de mère, de racines familiales, ni d’altérité sexuelle dans son éducation.

    La Manif Pour Tous est profondément reconnaissante à Frigide Barjot pour l’immense travail qu’elle a réalisé et le rôle qu’elle a joué pour contribuer à l’émergence d’un grand mouvement, aux côtés des autres initiateurs, porte-parole, volontaires et sympathisants de La Manif Pour Tous. Unis dans leur diversité, ils poursuivent tous ensemble leur action commune au service de l’homme, de la femme, de l’enfant, de la famille et du bien commun.

    Au regard des points de convergences importants qui existent, nous proposerons volontiers à Frigide Barjot de s’associer aux événements de mobilisation que La Manif Pour Tous organisera dans le futur contre les projets contraires au bien commun tels que, par exemple, celui de l’ouverture de la PMA aux couples de même sexe."

    http://www.lesalonbeige.blogs.com/

  • Erckmann-Chatrian : leçons de la bataille de Leipzig en 1813

    « Maintenant tout l’univers est contre nous, tous
    les peuples demandent notre extermination...
    ils ne veulent plus de notre gloire !
     »

    On a beaucoup parlé de la retraite de Russie et de la Berezina, mais c’est la bataille de Leipzig et l’année 1813 qui sont importantes pour bien comprendre la chute du napoléonisme. Je n’ai aucune envie de faire une leçon d’histoire, mais en feuilletant sur <ebookgratuits.com> les petits classiques d’Erckmann-Chatrian que je n’avais faits qu’en dictée à l’école, je suis tombé sur le très bon roman "Histoire d’un conscrit de 1813", un de ces pauvres Français qui servirent de chair à canon pendant vingt ans à la Révolution et à l’Empire.

    En une phrase, nos pacifistes et républicains alsaciens, qui écrivent pourtant sous le second empire, justifient l’impossible résistance à l’ogre napoléonien et à son culte :

    « Ceux qui n’ont pas vu la gloire de l’Empereur Napoléon dans les années 1810, 1811 et 1812 ne sauront jamais à quel degré de puissance peut monter un homme. »

    L’empereur est ce pourquoi il faut mourir, un nouveau pharaon en quelque sorte.

    La peur est sur toutes les lèvres : finir conscrit et en chair à canon, d’autant que l’on se rend compte que, comme pour l’Allemagne plus tard, il y aura des comptes à rendre après la défaite finale de l’empire branlant :

    « Oui, je savais cela, dit-il tristement, mais ce n’est que le commencement de plus grands malheurs : ces Prussiens, ces Autrichiens, ces Russes, ces Espagnols, et tous ces peuples que nous avons pillés depuis 1804, vont profiter de notre misère pour tomber sur nous. »

    Certains tentent de résister à la conscription par la mutilation ; voilà qui tranche avec le culte impérial et la Grandeur de la France :

    « En cette année beaucoup de jeunes gens refusèrent de partir : les uns se cassaient les dents, pour s’empêcher de pouvoir déchirer la cartouche, les autres se faisaient sauter le pouce avec des pistolets, pour s’empêcher de pouvoir tenir le fusil ; d’autres se sauvaient dans les bois, on les appelait les réfractaires, et l’on ne trouvait plus assez de gendarmes pour courir après eux. »

    Un personnage plus lucide explique que maintenant ce sont les Allemands et les peuples d’Europe qui ont le Droit pour eux (même s’ils ne savent pas encore qu’ils ne font que servir un Ancien Régime qui mettra encore cent-cinquante ans - selon l’historien contemporain Arno Mayer - à disparaître complètement - c’est du reste aussi ce que pense Kojève) :

    « Aujourd’hui, c’est bien différent ; toute l’Allemagne va marcher, toute la jeunesse va se lever, et c’est nous qui parlerons de Liberté, de Vertu, de Justice à la France. Celui qui parle de ces choses est toujours le plus fort, parce qu’il n’a contre lui que les gueux de tous les pays, et parce qu’il a pour lui la jeunesse, le courage, les grandes idées, tout ce qui vous élève l’âme au-dessus de l’égoïsme, et qui vous fait sacrifier la vie sans regret. »

    Un vieux soldat, Zimmer, est lui partisan de la manière forte pour soumettre ce qui reste de l’Europe occupée :

    « Au lieu de nous ordonner de respecter les populations, on devrait nous laisser pleins pouvoirs sur le monde ; alors tous ces bandits changeraient de figure et nous feraient bonne mine comme en 1806. La force est tout..., et alors les gens vous donnent tout par force : ils vous dressent des arcs de triomphe et vous appellent des héros, parce qu’ils ont peur. Voilà ! »

    Le napoléonisme aura abouti comme on le sait à la naissance du sentiment national en Allemagne. On en est parfaitement conscient en Alsace :

    « Vous croyez avoir pour vous les Saxons, les Bavarois, les Badois et les Hessois ; détrompez-vous : les enfants de la vieille Allemagne savent bien que le plus grand crime et la plus grande honte, c’est de se battre contre ses frères. »

    Pourtant, même sans trop de convictions idéologiques, il faut se battre. Le conscrit explique très bien pourquoi avec ses mots à lui :

    « Moi, je ne pensais plus à rien qu’à me venger. J’étais devenu pour ainsi dire fou de colère et d’indignation contre ceux qui voulaient m’ôter la vie, le bien de tous les hommes, que chacun doit conserver comme il peut. J’éprouvais une sorte de haine contre ces Prussiens, dont les cris et l’air d’insolence me révoltaient le coeur. »

    C’est l’hormone de la rage et de la mort. Le livre est écrit dans les années 1860, mais la haine du Prussien et du Boche est déjà bien là :

    « Les Prussiens étaient déjà sur nous, que nous les voyions à peine avec leurs yeux furieux, leurs bouches tirées et leur air de bêtes sauvages. On aurait dit qu’ils voulaient nous manger... C’est une vilaine race... »

    Mais certains soldats Français ne valent guère mieux, ceux surtout qui furent employés lors de la déshonorante guerre d’Espagne :

    « L’arrivée des vétérans d’Espagne, des hommes terribles, habitués au pillage et qui montraient aux jeunes à vivre sur le paysan. »

    On dénote un certain ras-le-bol dans ce bouquin, qui n’est pas sans annoncer Céline et les passages belliqueux-pacifistes du "Voyage". Voyez ces descriptions écoeurées d’une campagne vouées aux destructions de la Guerre :

    « Nous revoyions au bout du village, la grande route s’étendre à perte de vue, les nuages gris se traîner sur les champs dépouillés, et quelques maigres corbeaux s’éloigner à tire d’aile en jetant leur cri mélancolique. »

    Ici je cite Céline, le début du "Voyage" :

    « Moi d’abord la campagne, faut que je le dise tout de suite, j’ai jamais pu la sentir, je l’ai toujours trouvée triste, avec ses bourbiers qui n’en finissent pas, ses maisons où les gens n’y sont jamais et ses chemins qui ne vont nulle part. »

    La dimension surnaturelle et eschatologique de la guerre n’échappe pas non plus à notre valeureux (et chanceux) soldat :

    « Cela me paraissait quelque chose d’épouvantable et pour ainsi dire de surnaturel ; l’air était plein de fumée de poudre, la terre tremblait sous nos pieds ; les vieux soldats comme Pinto disaient qu’ils n’avaient jamais rien entendu de pareil. »

    C’est que la bataille de Leipzig valait le déplacement. Tout l’héroïsme français contre l’Europe toute entière liguée :

    « Ainsi notre armée, après avoir livré trois batailles en un seul jour, et réduite à cent trente mille combattants, allait être prise dans un cercle de trois cent mille baïonnettes, sans compter cinquante mille chevaux et douze cents canons ! »

    L’excitation guerrière, la légendaire Furia Francese, guettent alors nos preux soldats, surtout après la trahison fameuse des Saxons :

    « Cette trahison, au lieu de nous abattre, augmenta tellement notre fureur que, si l’on nous avait écoutés, nous aurions traversé la rivière pour tout exterminer. »

    A l’heure du bilan, notre narrateur, qui attend impatiemment lui aussi la Fin de l’Histoire (pour se marier et ouvrir son commerce) se montre très lucide :

    « Ainsi, tant de souffrances, tant de larmes, deux millions d’hommes sacrifiés sur les champs de bataille, tout cela n’avait abouti qu’à faire envahir notre patrie !... »

    A comparer avec le bilan de la dernière guerre pour l’Allemagne, censée récupérer des champs de blé en Ukraine ! Napoléon, nous apprend cet ouvrage de qualité, aurait pu discuter et s’en tirer à bonne enseigne :

    « Mais ne parlons pas de ces choses, l’avenir les jugera : il dira qu’après Lützen et Bautzen, les ennemis offraient de nous laisser la Belgique, une partie de la Hollande, toute la rive gauche du Rhin jusqu’à Bâle, avec la Savoie et le royaume d’Italie, et que l’Empereur a refusé d’accepter ces conditions - qui étaient pourtant très belles -, parce qu’il mettait la satisfaction de son orgueil avant le bonheur de la France ! »

    Mais, finalement, qu’est-ce que cela aurait changé ?

    On frémit en pensant à tout ce sang versé en vain pendant des siècles, alors que de nos jours nous n’avons plus les nerfs ou cette inspiration pour nous défendre d’un envahisseur autrement plus dangereux que le Russe d’alors.

    On aura compris que je parle bien sûr du racisme.

    N. Bonnal http://www.france-courtoise.info/?p=1489#suite

  • Non, Robespierre n’était pas un aimable tendron !

    Malgré son passé de collaborateur à L’Humanité, j’aime beaucoup monsieur Cardoze. Sa plume est alerte, vivace, parfois primesautière mais toujours bien guidée par un français de bonne souche aquitaine. C’est aussi un historien érudit (ils ne le sont pas tous), et je lui ai largement pardonné une erreur de jeunesse après la lecture de son livre sur Jeanne d’Arc...

    ...où il nous livre un beau poème de Christine de Pisan, écrit du vivant de Jeanne.

    En revanche, et après avoir grandement apprécié son évocation d’Olympe de Gouges dans sa dernière livraison « Ça se bouscule au portillon du Panthéon », j’ai sursauté en lisant ce qu’il dit de Robespierre. Je le cite : « Ce pauvre Robespierre mérite mieux, par exemple, que la haine commode dont il fait l’objet souvent (c’est plus commode de lui mettre tout sur le dos et d’en faire le précurseur de Staline. Quelle blague ! [...]). »

    Paul Véglio - La suite sur Boulevard Voltaire

    http://www.actionfrancaise.net

  • Espagne : une société au bord de la crise de nerfs

    Après des années de croissance rapide, l’économie ibérique a brutalement chuté. Entre 2008 et 2012, son PIB a baissé de 5% et devrait encore décliner de 1,4% cette année. Les effets conjugués du krach immobilier et des plans de rigueur à répétition ont plongé le pays dans une profonde détresse sociale. 

         Tout d’abord, le secteur de la construction s’est arrêté net avec l’éclatement de la bulle immobilière. Après des années de surproduction, le pays de Cervantès est passé de 700 000 constructions par an à moins de 150 000 en 2012. Des villes fantômes inachevées attendent des acheteurs qui ne viendront plus. Près de 3,5 millions de logements seraient vacants. Malgré cela, 350 000 ménages, incapables de payer leurs traites, ont été expulsés de leur logement depuis 2008. Ces expulsés (les desahuciados) ne voient cependant pas leur dette effacée pour autant grâce à la vente du logement qu’ils occupaient, car les prix de l’immobilier ont chuté entre-temps. Beaucoup se retrouvent donc sans logement et surendettés. Face à cette hémorragie, le gouvernement a annoncé un gel pour deux ans des saisies dans les cas « d’extrême nécessité ».

    Six millions de sans-emploi 

    Le taux de chômage a quant à lui triplé depuis 2008 : 6 millions de personnes sont sans emploi. Après quatre ans de crise, de plus en plus de chômeurs arrivent en fin de droits et ne reçoivent plus que le revenu minimum de 421 euros créé en 2010. Le taux de pauvreté s’est accru et, dans un pays où l’Etat social restait encore peu développé, les plus démunis ne peuvent se tourner que vers l’assistance des réseaux de l’Eglise catholique (l’organisation Caritas aide trois fois plus de ménages qu’avant la crise), l’économie informelle et la solidarité familiale. 
    Avec un taux de chômage de 52%, les jeunes forment une génération sacrifiée. Le salut pour nombre d’entre eux passe par l’exil en Allemagne ou en Amérique latine. Pour les autres, chômage et précarité sont synonymes de maintien chez les parents. Les salaires des fonctionnaires ont baissé de près de 15%, l’âge de départ à la retraite a été repoussé de 65 à 67 ans, les pensions de retraite gelées, la TVA augmentée à 21%, les aides de l’Etat aux handicapés ont fondu de 480 millions en deux ans et les médicaments sont moins remboursés. Quatre plans de rigueur se sont succédés depuis 2009 pour un montant cumulé de plus de 100 milliards d’euros. 
    Les deux grands partis, les socialistes du PSOE et les conservateurs du Parti populaire au pouvoir, sont discrédités par leur échec face à la crise et les scandales de corruption à répétition. Mais pour l’instant, l’extrême droite ne profite pas de la crise. Ce sont plutôt des mouvements de citoyens comme les Indignés, nés le 15 mai 2011, qui organisent la résistance notamment face aux expulsions de logement. Avec la crise, les revendications indépendantistes se renforcent, notamment en Catalogne, entraînant un risque important de déstabilisation de l’Etat espagnol.

    Le tour d’Europe de la crise sociale Alternatives économiques n°323

    http://www.oragesdacier.info/

  • Quelle hypocrisie ! par Alain de CHARENTE

    La communauté internationale s'est émue d'apprendre que dans le conflit qui oppose pro et anti Assad, des armes chimiques ont été utilisées contre une population innocente et désarmée puisque bien entendu il a été décidé d'office que le responsable de ce massacre était forcément le dirigeant Syrien.
    Avec pour « preuve » des images largement diffusées et présentées comme étant irréfutables pour accuser le pouvoir en place, mais qui ne convaincront cependant que les plus naïfs, car insuffisantes pour attribuer sans risque d'erreur une quelconque responsabilité, certains ayant bien compris que la guerre par l'image, même fabriquée de toute pièce, peut être autrement plus efficace que des échanges de tir pour convaincre les plus crédules, ceux qui ne demandent qu'à se laisser berner par la propagande.....
    La France par la voix de son chef des armées, notre « Rambo » national a donc décidé de « punir » le responsable de cette attaque chimique en engageant notre pays dans une guerre de représailles pour sanctionner cet acte « inqualifiable » que la France et les États-Unis ont défini comme étant une « ligne rouge » qui aura été franchie par le président Syrien, acte répréhensible qui ne peut rester sans réponse.....
    Devant cette attitude va-t-en-guerre précipitée, basée sur des éléments dont il est possible de mettre en doute l'objectivité, deux questions se posent qui d'ailleurs n'ont pas été abordées par les médias complices qui ont déjà désigné et condamné l'agresseur :
    1)  Dans le groupe « d'experts » dépêchés par l'ONU pour établir la responsabilité de l'utilisation d'armes chimiques, y avait-il des Chinois, des Russes, des Iraniens..., bref, les alliés de la Syrie de Bachar !...
    2)  Si il devait être formellement prouvé que c'est finalement l'opposition au régime qui a utilisé ces armes, le président Français aurait-il eu la même réaction émotionnelle et larmoyante et aurait-il décidé de bombarder les positions tenues par les rebelles afin de les « punir »......., la réponse est bien entendu NON puisque à l'évidence, il faut que le coupable soit obligatoirement Bachar-El-Assad qui est le méchant loup, les opposants au régime étant de paisibles agneaux en route vers l'abattoir…..
    Mais, pour en revenir à l'utilisation de ces armes dites « chimiques », il faut en déduire que pour supprimer son adversaire en respectant une bienséance de bon aloi, admise et autorisée, il est possible de le cribler de balles de kalachnikov, de le déchiqueter à l'aide de roquettes, de le carboniser au lance-flammes, de l'égorger à l'arme blanche, de le démembrer, de l'éviscérer, de le pendre, de l'écarteler, de le découper en rondelles..., mais surtout pas de l'éliminer via un gaz neurotoxique car ça, c'est formellement prohibé et la preuve d'un manque d'élégance caractérisé car non reconnu dans l'art de la guerre telle qu'elle est conçue dans les salons feutrés des cabinets ministériels... Il y a donc là une incontestable hypocrisie qui ne semble pas chagriner outre mesure ceux qui s'en  rendent complices…..
    C'est vraiment prendre les gens du pays France pour des imbéciles que de laisser croire que l'utilisation d'armes chimiques serait le seul motif de notre implication dans cette guerre, alors que ce conflit ne nous concerne en rien, qu'il s'agit d'un pays souverain, indépendant, qu'il doit être assez grand pour régler seul ses problèmes de cohabitation, et que, au pire, si engagement d'une force armée il devait y avoir, ce devrait être exclusivement dans le cadre d'une résolution du conseil de sécurité de l'ONU, chaque État membre étant dûment mandaté sur la base d'un consensus ultra majoritaire, ce qui est loin d'être le cas…..
    Que les États-Unis souhaitent s'accoquiner avec les opposants au pouvoir en place est bien sûr compréhensible car un engagement militaire en Syrie servira d'écran de fumée et d'alibi pour dissimuler le véritable objectif des Américains qui est de bombarder l'Iran, ce qui deviendra possible et légitimé lorsque Téhéran en réponse aux frappes occidentales sur Damas prendra parti et soutiendra militairement Bachar El Assad, mais par contre, la position de la France reste incompréhensible et irraisonnée car nous le savons, notre pays a choisi une fois de plus de se ranger du côté de la rébellion au système en place, malgré que l'on sache pertinemment que si le président Syrien doit être éliminé, ce sont les religieux musulmans fondamentalistes, intégristes, radicaux, hostiles à l'Occident qui prendront la direction du pays pour le ramener vers le moyen-âge et créer toutes les conditions pour qu'une guerre civile, ethnique et religieuse s'installe durablement dans toute cette région et s'étende comme une tache d'huile aux pays voisins avec le risque quasi-certain d'un embrasement généralisé même au-delà du proche et moyen orient…..
    Il est ahurissant de constater que malgré des précédents pourtant récents qui auraient dû amener à une plus grande réflexion et surtout beaucoup moins de précipitation, avec le résultat calamiteux et même catastrophique du bilan des « Printemps Arabes » qui ont fait long feu, nos dirigeants, qu'il s'agisse de l'actuel ou de celui qui l'a précédé, persistent et signent pour éradiquer toute présence laïque et moderne dans cette région au profit de régimes intégristes, obscurantistes, pires encore que ceux qu'ils ont évincés.....
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