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  • Hollande contre les travailleurs

    Le capitalisme et la mondialisation frappent notre peuple dans sa chair.

    Tandis que les medias et la classe politique s’affolent pour savoir si oui ou non on doit renvoyer une rom sans papier, ou pour les aléas de la campagne du PS à Marseille, Van Genechten, une entreprise belge, a décidé, sous prétexte de liquidation judiciaire, de délocaliser l’imprimerie de Marcq-en-Baroeul en Pologne. Des travailleurs se retrouvent dans la nécessité de menacer de faire exploser leur lieu de travail, certains en sont réduits à faire une grève de la faim. Encore une fois, le capitalisme mondialisé et la destruction des frontières conduisent à des drames humains.

    On nous avait promis la mondialisation heureuse. On nous avait promis l’Europe protectrice des peuples, par la libre circulation des hommes, des marchandises et des capitaux. Qu’en pensent les travailleurs de Marcq-en-Baroeul ? Que pensent-ils de la politique libre-échangiste de Bruxelles ?

    La classe politique n’est pas à la hauteur. Le Front de Gauche, et Mélenchon, qui devraient se retrouver aux côtés des travailleurs, ont préféré profiter des manifestations lycéennes pour rappeler indûment une rom sans-papier. Là où une imprimerie menace d’exploser ; là où la Bretagne est à quelques pas de la grève insurrectionnelle (et doit faire ces pas décisifs) ; là où le pays en colère souffre, la classe politique préfère jouer une sinistre pièce de théâtre, pour défendre « sa République », c’est-à-dire elle-même, ses privilèges, ses profits et ceux de ses amis.

    A cela s’ajoute le dévoiement de l’écotaxe, qui de l’idée légitime du pollueur-payeur s’est muée en taxe supplémentaire. Comme la CSG et la CRDS en leur époque ont trahi leur idée initiale. Pour nourrir un budget sans fin du gouvernement, c’est-à-dire pour payer la dette. Donc les banques et les fonds de pension.

    Un mouvement populaire et social se lève, et ne sera porteur qu’en convergeant contre un pouvoir corrompu tenu par des réseaux.

    C’est bien la mondialisation qu’ils ont permise et encouragée qui est en cause, à Marcq-en-Baroeul comme en Bretagne. C’est bien la dette, ce hold-up capitaliste, qui est en cause dans le matraquage fiscal. C’est bien la destruction progressive et calculée de nos acquis sociaux depuis près de 10 ans, ANI, retraites, « flexibilité » du marché du travail…par le pouvoir et ses partenaires socio-traîtres (y compris les hauts responsables de la CFDT) qui aujourd’hui dévaste le paysage social de notre pays.

    Quand donc les politiciens et les partis accepteront-ils enfin de protéger ceux qu’ils disent protéger ? Quand donc abandonneront-ils le pouvoir des lobbies et du CAC40, de Bruxelles et du FMI, pour se mettre enfin au service de ceux qu’ils doivent servir, c’est-à-dire les citoyens ?

    Ceci est une trahison.

    Nous soutenons les travailleurs de Marcq-en-Baroeul dans leur combat courageux. Nous soutenons les grévistes de Bretagne. Nous appelons enfin à la restauration de l’autorité de l’Etat, à un gouvernement social, à un ordre juste, sans lesquels il ne peut y avoir de combat efficace des travailleurs face au pouvoir capitaliste mondialisé.

    Pour le peuple en souffrance, face au capitalisme, à la technocratie, à Bruxelles et au grand patronat,  face à l’austérité la seule réponse est sociale, nationale, radicale.

    Hélas, les perspectives politiques et populaires semblent encore peu matures. Là où des lycéens capricieux peuvent descendre par milliers dans la rue, là où les réseaux épiscopaux peuvent réunir plus d’un million de personnes à Paris, les convergences des luttes populaires sont encore difficiles. Gouverner par le chaos. Nos « élites » ont tout fait pour diviser le pays, pour l’empêcher d’unir ses forces, pour empêcher chacun de se sentir concerné par le malheur des autres, jusqu’à ce qu’il soit enfin touché dans sa vie.

    Notre rôle est donc non pas d’encadrer ces forces, mais soutenir et éveiller, afin de rendre possible cette grande convergence. Lutter. Et triompher.

    Le Cercle Non Conforme

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/archive/2013/10/20/hollande-contre-les-travailleurs-5200626.html

  • FRAKASS - 732

  • Berlin croule sous… les recettes fiscales !

    Alors que la France peine à boucler son budget, l’Allemagne engrange des recettes fiscales dépassant les attentes des prévisionnistes les plus optimistes.

    En septembre, la République fédérale a encaissé 54,7 milliards d’euros d’impôts divers et variés, soit un pactole 7,8 % supérieur à celui enregistré un an plus tôt. Si les recettes des impôts sur le revenu ont progressé de 6,1 %, ce sont surtout les impôts sur les sociétés qui ont littéralement explosé de 93,6 % à la suite d’une année 2012 bien morose. Depuis janvier, les rentrées fiscales ont dépassé de 3,2 % le montant de l’année précédente, soit la bagatelle de 416,4 milliards d’euros. Le ministère fédéral des Finances pense que cette spirale positive devrait continuer de se développer, car ses prévisions de croissance pour l’économie allemande sont bonnes. Le gouvernement table ainsi sur une hausse du produit intérieur brut (PIB) de 0,5 % en 2013 et de… 1,6 % un an plus tard. Ces chiffres sont proches de ceux récemment révisés à la baisse des principaux instituts économiques allemands (0,4 % et 1,8 %). “L’économie allemande est face à une reprise, portée par la demande intérieure, résument dans un communiqué les instituts Ifo à Munich, DIW à Berlin, IW à Halle et RWI à Essen. L’environnement économique mondial qui s’améliore et une moindre insécurité stimulent les investissements. La consommation privée profite (quant à elle) de perspectives d’emploi et de revenu favorables.” Le Rhin n’a jamais semblé aussi large qu’aujourd’hui…
    Berlin rit, Paris pleure

    Car, si en Allemagne l’État voit ses revenus gonfler de mois en mois, en France la tendance est inverse. En juin, le gouvernement a ainsi dû réduire de… huit milliards d’euros ses prévisions de recettes budgétaires pour l’année 2013 par rapport à la loi de finances votée par le Parlement.(…)

    Le Point

    http://fortune.fdesouche.com/329183-berlin-croule-sous-les-recettes-fiscales

  • Et la France se réveilla, de Vincent Trémolet de Villers et Raphaël Stainville

    par Claude Wallaert

    Depuis l’automne 2012 jusqu’à l’été 2013 compris, la France a été le théâtre d’une contestation d’une espèce inédite et d’une ampleur sans précédent.

    A la stupéfaction du gouvernement et des prétendues « forces de progrès », des millions de Français bien tranquilles sont descendus dans la rue, dans leur ville et à Paris, prenant sur leur temps de repos, et soutenant généreusement une organisation ne bénéficiant d’aucun soutien financier officiel. Ce fut une belle aventure, avec de l’enthousiasme, de l’anxiété, de la colère, des déceptions, et aussi des prises de conscience inattendues pour beaucoup, de ce qui ne doit pas être touché, de ce qui n’est pas négociable, fût-ce avec les plus hautes instances de l’Etat. Ces manifestations auront rassemblé des hommes, des femmes, des enfants de tous les milieux, de toutes les générations, et sous toutes les espèces possibles, dont certaines inédites : dons en argent, bénévolat, cortèges géants, pétition réunissant 700 000 signatures en un temps record, « guérilla » contestataire moqueuse et omniprésente, opérations coup de poing, slogans, offensives par réseaux sociaux, veilles de sentinelles méditatives... Et tout cela sans violence, dans le respect des personnes et des biens, malgré l’injustice, la brutalité grossière et la haine de l’adversaire.

    Dans ce combat, des figures apparaissent, s’allient, se brouillent, s’invectivent ; des politiques experts en opportunisme manœuvrent, se poussent du col, ou au contraire se gardent bien d’intervenir ; des militants révèlent leur charisme, galvanisent les foules, se dévouent sans compter, ou « craquent » et disparaissent.

    Et pourtant, tous ces Français enthousiastes, si attachés à la famille de toujours, à tout cet immémorial patrimoine humain, sur le terrain du droit de Créon, ils ont perdu la partie : la loi Taubira est votée, les sectateurs de l’égalité - équarrissage et du progrès faisandé triomphent ; une fois de plus, Antigone est humiliée. [...]

    La suite sur Politique Magazine

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Et-la-France-se-reveilla-de

  • La métaphysique du chaos

    La philosophie moderne européenne a débuté avec le concept de Logos et d'ordre logique de l'existence. En plus de deux mille ans, cette vision du monde a été complétement épuisée. Toutes les potentialités et les principes issus de cette pensée logocentrique ont désormais été explorés de manière exhaustive, exposés puis abandonnés.
    La figure du Chaos et la problématique qu’il représente ont été négligées, mises de côté depuis la naissance de cette philosophie. L'unique philosophie que nous connaissons aujourd'hui est la philosophie du Logos. C’est un concept opposé à celui du Chaos, son alternative absolue.
    Depuis le XIXème siècle, par la voix des philosophes les plus importants et les plus brillants comme Friedrich Nietzsche, Martin Heidegger, jusqu'aux penseurs post-modernes contemporains, l'homme Européen s'est mis à affirmer que le Logos approchait de sa fin. Certains ont même avancé que nous vivions la fin de la philosophie logocentrique, que nous approchions maintenant autre chose.
    La philosophie Européenne, basée sur le logocentrisme, correspond aux principes d'exclusion, de différenciation, le dihairesis des grecs. Toutes ces attitudes sont strictement masculines, exprimant l'autorité, la verticalité, l'ordre hiérarchique de l'existence et de la connaissance.
    Cette approche masculine de la réalité impose partout un ordre et un principe d'exclusivité. Cela a été parfaitement exprimé dans la logique d'Aristote où principes d'identité et d'exclusion et façon de penser normative, sont placés au centre. A est égal à A, et non égal au non-A. L'identité exclut la non-identité (l'altérité) et vice-versa. C'est le règne du mâle, celui qui parle, pense, agit, combat, divise, commande.
    De nos jours, cette philosophie logocentrique tirant à sa fin, nous devrions réfléchir à une possibilité qui ne soit ni logocentrique, ni phallocentrique, ni hiérarchique et ni exclusive.
    Si le Logos ne nous satisfait , ne nous fascine, et ne nous mobilise plus, nous sommes amenés à essayer autre chose, à s'adresser au Chaos.
    Pour commencer, il existe deux concepts différents du Chaos. La physique moderne et la philosophie évoquent des systèmes complexes, des bifurcations ou équations et des processus différentiels, le concept de "chaos" désignant ces phénomènes. Ils entendent par-là, non pas l'absence d'organisation mais un type d'ordre qu'il est difficile de percevoir comme tel : il s'agit d'un ordre très complexe, qui n'en semble pas un, mais qui, en essence, en est un. Un tel "chaos", ou une telle "turbulence", est, dans la nature, prévisible par calcul, mais avec des moyens et procédures théoriques et mathématiques très sophistiqués comparés aux instruments utilisés par la science naturelle classique.
    Le terme "chaos" est employé ici comme métaphore. Dans la science moderne, nous explorons la réalité d'une manière essentiellement logocentrique. Ce "chaos"-là n'est rien de plus qu'une structure dissipée du Logos, le dernier produit de sa décadence, de sa chute, de sa décomposition. La science moderne est donc basée sur le Logos, mais une sorte de post-Logos, d'ex-Logos, de Logos à un stade ultime de dissolution et de régression. Le processus de destruction final et de dissipation du Logos est donc pris ici pour un "chaos".
    En réalité, cela n'a rien à voir avec le vrai Chaos, avec le Chaos au sens original grec du terme. C'est plutôt un genre de confusion extrême. René Guénon a appelé l'ère dans laquelle nous vivons jusqu'à maintenant, une ère de Confusion. La Confusion signifie la phase qui apparait juste après l'ordre et qui le précède également. Nous devons faire une distinction claire entre deux concepts différents. D'un côté, nous avons le concept moderne de chaos qui représente un post-ordre ou un mélange de fragments contradictoires d'éléments sans aucun ordre ou aucune unité, liés entre eux par des correspondances post-logiques hautement sophistiquées et des conflits. Gilles Deleuze a nommé ce phénomène un système non-compossible composé d'une multitude de monades (empruntant le concept de monades et de compossibilité introduit par Leibniz) qui deviendront avec Deleuze "les nomades". Deleuze décrit la postmodernité comme une somme de fragments non-compossible qui ne peuvent coexister. Ceci n'était pas possible dans la vision de la réalité de Leibniz basée sur le principe de compossibilité. Mais avec la postmodernité, nous constatons que des éléments s'excluant entre eux coexistent. Les bouillonnantes non-compossibles monades-nomades non-ordonnées peuvent paraitre chaotiques, et c'est dans ce sens que nous employons habituellement le mot chaos dans le langage courant. Mais à strictement parler, nous devrions faire une différence.
    Nous devons donc distinguer deux types de chaos : le "chaos" postmoderniste équivalant à une confusion, un genre de post-ordre, et un Chaos grec, comme pré-ordre, quelque chose qui existe avant que ne naisse la réalité ordonnée. Seul le deuxième peut être considéré comme Chaos au sens propre du mot. Ce second sens (en fait, l'original) devrait être examiné avec attention d'un point de vue métaphysique.
    La vision épique de l'avènement et de la chute du Logos au cours du développement de la philosophie et de l'histoire Occidentale a été exposée par Martin Heidegger ; celui-ci expliquait que dans le contexte de la culture Européenne, ou Occidentale, le Logos n'est pas seulement le principe philosophique principal mais aussi la base des attitudes religieuses formant le cœur du christianisme. Notons que le concept de kalam ou intellect est au centre de la philosophie et de la théologie islamiques. On retrouve aussi ce concept dans le Judaïsme (au moins chez Philon), dans la vision (du monde) juive et surtout dans le Judaïsme médiéval et la Kabbale. Ainsi, dans la haute modernité dans laquelle nous vivons, nous assistons à la chute du Logos, accompagnée naturellement par la chute de la culture gréco-romaine classique et de la religion monothéiste. On rencontre tous ces processus de décadence dans toute la culture Occidentale. Martin Heidegger en identifiait l'origine dans une erreur, difficilement perceptible, commise dans les premiers temps de la pensée grecque. Quelque chose n'allait pas dès la naissance de l'histoire occidentale et Martin Heidegger situe précisément ce point noir dans la mise en avant de la position exclusiviste du Logos. Ce point noir a été le fait d’Héraclite, Parménide mais surtout de Platon. L'erreur venait de ce qu'ils considéraient la philosophie comme l’instauration d'une vision du monde à deux niveaux où ce qui existe est perçu comme la manifestation du caché. Plus tard, ce « caché » fut reconnu comme le Logos lui-même, l'idée, le paradigme, l'exemple. C'est à ce moment-là que cette théorie fut élevée en vérité. Cette vérité consiste à dire qu'il y a correspondance entre le donné immédiat et cette essence présumée invisible ("La nature qui aime à se cacher" selon Héraclite). Les présocratiques sont les initiateurs de la philosophie. La formidable explosion de la technique moderne est son produit logique. Heidegger appelle cela le "Gestell" et considère que c'est la cause de la catastrophe, l’annihilation du genre humain qui approche inévitablement. Considérant que le seul concept de Logos était faux , il proposa donc de réviser radicalement notre attitude vis-à-vis de l'essence de cette philosophie, de ce processus de pensée et de trouver une autre voie qu'il a appelée "un autre commencement" .
    Le Logos apparut d'abord avec la naissance de la philosophie occidentale. La philosophie des premiers grecs naquit donc comme quelque chose qui déjà excluait le Chaos. Précisément au même moment, le Logos se développa, révélant une rude volonté de puissance et une absolutisation d'une attitude masculine devant de la réalité. Le développement de la culture logocentrique anéantit ontologiquement le pôle opposé au Logos lui-même - i.e. le Chaos féminin. Le Chaos étant quelque chose qui précède le Logos et qui est abolie par lui, la prééminence du Chaos se manifesta et fût chassée en même temps. Le Logos masculin a évincé le Chaos féminin, l'exclusivité et l'exclusion ont abattu l'inclusivité et l'inclusion. Ainsi le monde classique est né en étirant ses limites pendant deux mille cinq cent ans, jusqu'à la Modernité et l'ère scientifique rationaliste. Ce monde tend à sa fin. Nous vivons cependant encore dans sa périphérie. En même temps, dans le monde post moderne dissipant, toutes les structures ordonnantes se dégradent, se dispersent, deviennent confuses. C'est le crépuscule du Logos, la fin de l'ordre, le dernier souffle de la domination exclusiviste masculine. Mais nous sommes tout de même encore à l'intérieur de cette structure logique, et non à l'extérieur.
    Ayant établi cela, nous avons quelques solutions de base pour l’avenir. La première : le retour du règne du Logos, de la Révolution Conservatrice, la restauration de la domination totale du principe masculin dans tous les domaines de la vie – philosophie, religion, vie quotidienne. Cela peut être établi spirituellement et socialement, ou techniquement. Cette voie, où technique et ordre spirituel se rencontrent, a été explorée et étudiée par Ernst Jünger, un ami de Martin Heidegger. Le retour du classicisme faisant appel au progrès technique. C’est l’effort pour sauver le Logos déclinant, la restauration de la société traditionnelle. Le nouvel Ordre éternel.
    La seconde voie consiste à accepter les tendances actuelles et à suivre la direction de la Confusion, à s’impliquer davantage dans la dissipation des structures, dans le poststructuralisme, et tenter d’éprouver le plaisir d’un glissement confortable dans le rien. C’est l’option choisie par la gauche ou les représentants de la postmodernité. C’est le nihilisme moderne à son apogée – identifié pour la première fois par F. Nietzsche et exploré en profondeur par M. Heidegger. Le concept du rien, potentiellement présent dans le principe du Logos lui-même, n’est pas ici la limite du processus de la chute de l’ordre logique mais plutôt un domaine rationnellement construit sur l’expansion illimitée de la décomposition horizontale, l’incalculable multitude des fleurs de la putréfaction.
    Cependant, nous pourrions choisir une troisième voie : tenter de transcender les frontières du Logos et rester au-delà de la crise du monde post-moderne, le Post-Moderne, au-delà de la Modernité, où la dissipation du Logos atteint ses limites. La question de cette dernière limite est cruciale. Du point de vue du Logos en général, même le plus décomposé, il n'y rien au-delà du domaine de l’ordre. Traverser les frontières de l’être est donc ontologiquement impossible. Le rien n’est pas : voilà ce qu’affirme, à la suite de Parménide, toute l’ontologie logocentrique occidentale. Cette impossibilité révèle l’infinité de la périphérie du Logos et admet le déclin à l’intérieur du domaine de la continuité de l’ordre éternel. Rien ne se dresse au-delà des frontières de l’existence et le mouvement vers cette limite est analytiquement infini (l’aporie de Zénon d’Elée est ici pleinement valide). En fait, personne ne peut franchir la frontière vers le non-être non-existant, qui simplement n’est pas.
    Si nous insistons néanmoins pour franchir cette frontière, nous devrions faire appel au Chaos au sens original grec, quelque chose qui précède l’être et l’ordre, quelque chose de pré ontologique.
    Nous sommes face à un problème vraiment crucial. Beaucoup de gens aujourd’hui ne sont pas satisfaits de ce qui se passe autour d’eux ; de la crise absolue des valeurs, des religions, de la philosophie, de l’ordre politique et social, des conditions de la postmodernité, de la confusion et de la perversion, de cet âge d’extrême décadence.
    Mais si nous considérons aujourd'hui le sens essentiel du devenir de notre civilisation, on ne peut considérer les phases précédentes de l’ordre logocentrique et de ces structures implicites sans admettre que c’est précisément le Logos, portant en lui-même les germes de la présente décadence, qui nous a mené en l’état actuel des choses. Avec une grande crédibilité, Heidegger a identifié les racines de la technique dans la solution pré-socratique du problème de l’être (par les moyens du Logos) . En fait le Logos ne peut nous sauver des conditions instaurées par lui-même. Le Logos n’est plus maintenant d’aucune utilité.
    Seul le Chaos pré-ontologique peut nous indiquer la manière d'aller au-delà du piège de la post modernité ; ce Chaos mis de côté depuis la création de la structure logique de l’existence comme pierre angulaire. C'est maintenant à son tour d’entrer en jeu. Sans cela, nous serons condamnés à accepter cette Post-modernité post-logique dissipée qui, parce qu'elle annihile le temps, se prétend pour ainsi dire éternelle. La Modernité a tué l’éternité, la Post-Modernité est en train de tuer le temps. L’architecture du monde Post-Moderne est complétement fragmentée, perverse et confuse. C’est un genre de labyrinthe sans sortie, plié et entortillé comme le ruban de Möbius. Le Logos, qui garantissait la fermeté de l'ordre, sert désormais à dessiner les courbures du labyrinthe, alors qu’auparavant il préservait l’impossibilité, pour les intrus éventuels, de traverser la frontière ontologique.
    L’unique façon de nous sauver, de sortir l’humanité et la culture de ce piège est de faire un pas au-delà de la culture logocentrique et de s’adresser au Chaos.
    Nous ne pouvons pas restaurer le Logos et l’ordre en s’adressant à eux-mêmes, parce qu’ils sont porteurs de leur destruction éternelle. En d’autres termes, pour sauver le Logos exclusif, nous devrions en appeler à l’alternative inclusive, c'est à dire au Chaos.
    Mais comment user du concept de Chaos et en faire la base de notre philosophie si celle-ci a toujours été pour nous, par définition, quelque chose de logique ?
    Pour résoudre cette difficulté, je propose d'appréhender le Chaos non pas du point de vue du Logos mais du point de vue du Chaos lui-même. Cela peut être comparé à la vision féminine, à la compréhension féminine de la figure de l'autre ; non pas celle qui exclue mais celle qui, au contraire, inclut dans la dimension du même.
    Le Logos se considère lui-même par rapport à ce qui lui est égal ou pas. Il ne peut accepter les différences à l’intérieur de lui-même, il exclut l’autre à l’extérieur de lui. Il y a alors volonté de puissance. La loi de la souveraineté. Au-delà du Logos, de l’affirmation du Logos, il n’y a rien, rien n’existe. Donc le Logos excluant tout ce qui est autre que lui-même, exclut aussi le Chaos. Le Chaos utilise des stratégies différentes : il inclut en lui à la fois le même et le différent. Le Chaos inclusif accepte donc aussi ce qui n’est pas inclusif comme lui, et plus encore : ce qui exclut le Chaos. Le Chaos ne perçoit pas le Logos comme autre que lui ou n’existant pas. Le Logos en tant que principe d’exclusion est inclus dans le Chaos, présent en lui, enveloppé par lui et a sa place acquise à l’intérieur de lui. C’est comme la mère qui porte le bébé en elle. Le bébé est une part d’elle-même et en même temps il ne l’est pas. L’homme voit la femme comme un être extérieur et cherche à la pénétrer. La femme considère l’homme comme quelque chose d’interne et cherche à le mettre au monde.
    Le Chaos donne éternellement naissance à l’autre, et donc aussi au Logos.
    Pour résumer, la philosophie chaotique est possible puisque le Chaos inclut le Logos en tant que possibilité interne. Il peut librement l’identifier, l’entretenir et reconnaitre son exclusivité incluse dans sa vie éternelle. Nous en arrivons donc à la figure très particulière du Logos chaotique, un Logos complètement et absolument frais, éternellement revivifié par les eaux du Chaos. Ce Logos chaotique est à la fois exclusif (c’est pourquoi il est Logos), et inclusif (en étant chaotique). A la différence du Logos, il s'adapte au même et à l'autre.
    Le Chaos peut penser. Il pense. Nous devrions lui demander comment il pense. Nous avons demandé au Logos. C’est maintenant au tour du Chaos. Nous devrions apprendre à penser avec le Chaos, depuis l'intérieur du Chaos.
    Je pourrai suggérer, comme exemple, la philosophie du penseur japonais Kitaro Nishida, qui a élaboré « la logique de Basho » ou " logique du Lieu", à la place de la logique d’Aristote.
    Nous devrions explorer des cultures différentes de celles de l’Occident, pour essayer de trouver d'autres exemples de philosophie inclusive, de religions inclusives et ainsi de suite. Le Logos chaotique n’est pas qu’une construction abstraite. En cherchant bien, nous trouverons les formes authentiques d’une telle tradition intellectuelle. Dans les sociétés archaïques, la théologie orientale et les courants mystiques.
    En appeler au Chaos est la seule manière de sauver le Logos. Le Logos a besoin d’un sauveur, il ne peut se sauver lui-même ; dans la situation critique de la Post-Modernité, il a besoin de quelque chose d’opposé à lui pour être restauré . Nous ne pouvons transcender la Post-Modernité. Elle ne peut être surmontée qu'en faisant appel à quelque chose qui est antérieur à la raison de sa décadence. Nous devrions donc recourir à d’autres philosophies que celles de l’Occident.
    En conclusion, je voudrai dire qu’il n’est pas juste de considérer le Chaos comme appartenant au passé. Le Chaos est éternel, a éternellement coexisté avec le temps. Le Chaos est donc toujours absolument nouveau, frais et spontané. Il pourrait être vu comme la source de tout type d’invention et de fraîcheur parce que son éternité comprend toujours plus que ce qui a été, que ce qui est ou que ce qui sera. Le Logos lui-même ne peut exister sans le Chaos, comme un poisson ne peut vivre sans eau. Si l’on sort un poisson de l’eau, il meurt. Si le poisson insiste excessivement sur le fait qu’il est autre chose que l’eau autour de lui (même si c’est vrai), il s’échoue sur le rivage et y meurt. C’est une espèce de poisson fou. Puis si nous le remettons dans l’eau, il y sautera de nouveau. Alors laissons-le mourir s’il le veut. Il y a d’autres poissons dans les profondeurs. Suivons-les.
    L’ère astronomique qui tire à sa fin est l'ère de la constellation du poisson. Celle du poisson agonisant sur le rivage. Nous avons vraiment besoin d’eau.
    Seule une pensée complètement nouvelle, une nouvelle ontologie et une nouvelle gnoséologie peuvent sauver le Logos qui a quitté l’eau, qui est sur le rivage, dans le désert qui s’accroit (comme le prévoyait Nietzsche).
    Seul le Chaos et la philosophie alternative basée sur l’inclusivité pourraient sauver l’homme moderne et le monde des conséquences de la dégradation et de la décadence du principe exclusiviste appelé Logos. Le Logos a expiré et nous pouvons tous être ensevelis sous ses ruines si nous ne faisons pas appel au Chaos et à ses principes métaphysiques. Utilisons ces principes comme la base de quelque chose de nouveau. Voilà peut-être « l’autre commencement » dont parlait Heidegger.

    Alexandre Douguine http://www.voxnr.com/cc/d_douguine/EFlkFEuypuWeHLnByw.shtml

  • UN DE NOUS : Ta voix compte pour sauver l'embryon

    http://www.undenous.fr/

  • L'UMP, complice de la guerre éclair menée au Parlement européen contre la Vie et "l'un de nous"

    L'affaire est importante et se jouera dans les 24 heures. Zenit publie cet article complet qui montre la fallacieuse manoeuvre dénoncée ci-dessous par le président de la Fédération des Associations Familiales Catholiques en Europe et qui cherche à s'opposer à l'action trop forte pour les détracteurs de la Vie, l'un de nous, que nous vous invitons à rejoindre si ce n'est pas encore fait.

    L'UMP une fois encore, joint ses voix à cette avancée de l'anti-culture de mort qui veut non seulement  instituer un droit fondamental à l'avortement, mais tente d'ouvrir cette voix à la PMA. Lecture :

    "Le président de la Fédération des Associations Familiales Catholiques en Europe (FAFCE), Antoine Renard, dénonce une "guerre éclair" au Parlement européen contre le respect de la vie humaine. Il proteste: "en soutenant une résolution au Parlement européen", certains membres du Parlement "neutralisent l'initiative citoyenne européenne en faveur de l'embryon humain "Un de Nous"." Voici ses explications.

    ***

    Le Parlement européen s’apprête à voter, mardi 22 octobre prochain à Strasbourg, une résolution sur « la santé reproductive et sexuelle ». Ayant exprimé leur soutien pour ce texte, les députés européens de l'UMP soutiennent la neutralisation politique de l'initiative citoyenne européenne "Un de Nous" (soutenue par plus de 1.3 million de citoyens de l’UE). Leur position sera vraisemblablement identique à celle de l'UDI, du Modem, des Socialistes, des Verts et des Communistes. La jurisprudence de l’Union européenne qui constitue la base de cette initiative sera ainsi bafouée, ce dont les lobbies pro-avortement s'en félicitent. Un projet de résolution alternative a été déposé pour offrir une vraie alternative au projet initial, faisant respecter le droit communautaire et "Un de Nous".

    Déni de bon sens

    La volonté de certains membres du Parlement européen de neutraliser politiquement le succès de l'initiative citoyenne européenne "Un de Nous" se manifeste par le chiffre A7-0306/2013. Ce projet de résolution déclare l'avortement un droit fondamental, demande une garantie de financement aux associations promotrices de l'avortement, se déclare favorable à la PMA pour célibataires ou lesbiennes, portant ainsi atteinte au droit des enfants de connaître, dans la mesure du possible, leur père et leur mère.

    En revanche, les droits des parents en matière de choix éducatif et de l'avortement des adolescentes, ainsi que le droit à l'objection de conscience devraient être mieux régulés pour empêcher leur mise en œuvre, selon ce texte. Un déni du bon sens que le Parlement européen se plaît souvent à constater chez les autres. Par la voix de Jean-Pierre Audy (Conseiller municipal de Meymac, circonscription du Centre - Massif central), l'UMP a officiellement annoncé soutenir cette résolution malgré l'opposition au sein du groupe PPE, et s'est ainsi isolée au sein de sa famille politique.

    Une initiative conforme au droit

    La situation juridique est pourtant sans appel : La Grande Chambre de la Cour européenne de Justice a déclaré pour droit (C-34/10) que l'Homme existe à partir de la fécondation et que l'embryon humain représente un stade précis du développement du corps humain. C'est pourquoi l'embryon humain est investi de la pleine dignité humaine, et protégé par les instruments communautaires et internationaux à cet égard. "Un de Nous" demande la mise en œuvre de cette jurisprudence, là où la vie et la dignité de l'embryon humain sont mises en péril : la recherche ; l'avortement et la santé reproductive et sexuelle dans la coopération au développement. La Commission européenne, politiquement et juridiquement responsable des initiatives citoyennes au niveau communautaire, a déclarée « Un de Nous » conforme aux règles prévues par la législation, et l’a autorisé.

    L'avortement ne fait l'unanimité dans aucune instance décisionnelle. C'est pourquoi fut inventé le concept technique "santé reproductive et sexuelle et les droits y afférant". Son contenu inclusif se découvre à l'image d'une poupée russe: la santé reproductive contient la "régulation de la fertilité" qui à son tour contient la terminaison de grossesse (avortement). Par cette approche inclusive, les institutions nationales et internationales peuvent promouvoir et financer des programmes d'avortement sans même prononcer le mot mal aimé, avec un budget-cadre de plusieurs centaines de millions d’euros offert par l’UE" (suite).

    http://www.lesalonbeige.blogs.com/

  • Hier on marchait à Paris contre la christianophobie

    Retrouvez ici les photos de ce succès et les interventions de Jeanne Smits, Vivien Hoch, Daniel Hamiche, Laetitia Karen, Louis-Marie Resseguier, Isabelle Mouroux, Xavier Dor, Luc Perrel et Alain Escada.

    Mc

    pma,gpa,manifestation du 20 octobre

    http://www.lesalonbeige.blogs.com/

  • L’imposture Leonarda : la grande arnaque au droit d’asile

    Tribune de Jean-Yves Le Gallou.
    Accorder l’asile politique a longtemps été l’honneur de la France au XIXe et dans la première partie du XXe siècle : il s’agissait alors d’accueillir provisoirement un petit nombre d’hommes ou de femmes, engagés politiquement et persécutés dans leur pays, souvent en raison de leur combat pour les libertés.
    Les gouvernements actuels ont abandonné cette belle tradition : nul n’a songé à proposer d’accueillir en France Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks, reclus à l’ambassade d’Equateur à Londres depuis près de deux ans. Et le gouvernement français n’a pas hésité à annoncer préventivement qu’il refuserait l’asile politique à Edward Snowden, l’esprit libre et courageux qui a dénoncé le flicage mondial de la NSA. Ainsi, c’est à Moscou et non à Paris que le dissident Snowden a trouvé refuge. Quelle leçon !
    Dans le même temps, des dizaines de milliers d’escrocs au droit d’asile bénéficient, chaque année, de la générosité française. La recette est simple : dès vos valises posées sur le territoire français, vous racontez une histoire à dormir debout (sur vos origines, sur les persécutions que vous pourriez subir comme femme, comme « gay », comme membre de telle ou telle ethnie, comme victime du SIDA, c’est selon la mode du moment) ; nul dans l’administration n’aura le droit ou les moyens de vérifier vos dires ; et dans la semaine, vous aurez droit à un logement (éventuellement à l’hôtel), à des allocations et à la gratuité des soins. Formidable, non ? Si la préfecture ne vous accorde pas tout ça rapidement, vous pourrez assigner l’Etat devant le tribunal administratif. Des avocats payés par des associations subventionnées par les contribuables vous défendront. L’Etat, lui, se défendra tout seul car ses fonctionnaires ne disposent pas de crédits pour payer des avocats… Et puis il suffit, en toute mauvaise foi, d’accumuler contestations et procédures pour tenir cinq ans ; et au bout de cinq ans, vous deviendrez régularisable, ce qui vous permettra de continuer à nous enrichir de vos différences ; encore quelques petites années d’attente et vous pourrez ensuite devenir français. Pourquoi s’en priver ?
    Voilà la réalité. Cela coûte des milliards d’euros chaque année à la France. Mais curieusement, les libéraux et les patrons qui poussent des cris d’orfraie pour dénoncer les excès fiscaux font preuve d’un silence de violette lorsqu’il s’agit d’évoquer ce type de dépenses.
    Il faut bouleverser la donne. Il ne faut pas seulement changer les règles du droit d’asile ni même établir des quotas. Il faut s’affranchir des règles du politiquement correct imposées par de pseudo-« sages » résidant dans les beaux quartiers.
    Allons plus loin : il faut changer de paradigme. Bien sûr, il faut respecter les droits individuels ; mais il faut prendre aussi en compte les droits collectifs du peuple français : droit à la souveraineté, droit à l’identité, droit à la sécurité, droit au respect civilisationnel, droit à l’équilibre budgétaire. Fût-ce au détriment des parasites qui détournent un droit généreux. Et si on faisait un référendum ?
     Jean-Yves Le Gallou, Président de Polémia, 21/10/2013
    Source : Boulevard Voltaire
    http://www.polemia.com/limposture-leonarda-la-grande-arnaque-au-droit-dasile/

  • Qui se souvient de 14 ?

    Jamais peut-être la Première Guerre mondiale n’’a fait l’’objet d’’autant d’’études, de publications, de commémorations. Cependant, plus le conflit entre dans le champ de la recherche historique, plus il semble perdre son sens et, si l’’on déplore légitimement le sacrifice du million et demi de jeunes Français “couchés froids et sanglants sur leur terre mal défendue”, tout comme celui de millions d’’autres jeunes gens, nos contemporains se révèlent en majorité incapables de comprendre les raisons d’’un holocauste jugé définitivement vain……

    Correspondance de guerre
    Voici quelques années, les hasards d’’un achat immobilier mirent Madeleine et Antoine Bosshard en possession d’’un trésor : la correspondance de guerre échangée entre les époux Papillon, de Vézelay, leur fille, domestique à Paris, et quatre de leurs fils sur le front, dont l‘’un, Joseph, ne devait pas revenir. Étonnant document car conservé presque dans son intégralité qui offrait, sur les événements, de précieux regards croisés, complémentaires et révélateurs dans leur subjectivité même. Quoique fils de cantonnier, Marcel, l’’aîné, l’’intellectuel, était clerc de notaire et, si son style se révèle supérieur à celui de ses frères, les études avaient aussi développé chez lui une sensibilité dont ses cadets, plus frustes, étaient en partie dépourvus. Ce fut lui qui, très vite, au Bois-le-Prêtre, souffrit le plus de ce qu’’il appelait « non une guerre mais une extermination d’’hommes ».
    Au-delà d’’un apport supplémentaire à l’’étude du conflit, racontée sur le terrain et par la base, ces lettres, publiées et commentées par Rémy Cazals et Nicolas Offenstadt sous le titre, Si je reviens, comme je l’’espère, donnent, des rapports sociaux et familiaux, une image assez neuve, à croire que la peur trop tangible de ne jamais se revoir avait soudain fait céder d’’antiques pudeurs paysannes et d’’ancestraux non-dits, obligeant à confesser des tendresses réelles mais inavouées, phénomène favorisé par l’’alphabétisation de ces classes d’’âge, désormais susceptibles d’’écrire et de livrer leurs sentiments les plus intimes. Mais l’’essentiel, dans ce courrier, reste un patriotisme fort, qui, même dans les pires instants, empêcha ces gens, en première ligne ou à l’’arrière, en dépit de leurs souffrances confessées, de douter de leur devoir.
    Choix effroyable
    Robert Desaubliaux aurait dû rester dans la mémoire et la littérature au même titre que Dorgelès, Cendrars ou Genevoix. Plus qu’’eux peut-être car le récit qu’’il laissa, La Ruée, journal d’un Poilu, publié en 1919, n’avait pas été retouché, réécrit, romancé et constituait un document brut mais d’’une qualité littéraire étonnante.
    Jeune ingénieur agronome de la bonne bourgeoisie, catholique fervent, patriote intransigeant, Desaubliaux avait vingt-quatre ans et effectuait son service militaire dans les cuirassiers avec le grade de maréchal des logis quand la guerre éclata. Il y partit le cœœuf léger, rêvant de charges héroïques mais victorieuses qui vengeraient Reichshoffen. En fait de triomphes, il ne connut que les marches et contremarches qui épuisèrent pour rien la cavalerie française et se retrouva sur l’’Yser sans avoir compris à quoi il avait pu servir. Il venait d’’assister, et il le savait, à la fin d’’une tradition glorieuse qui avait perdu toute raison d’’être en cette aube du XXe siècle. Il avait eu aussi le temps de constater combien l’’infanterie avait souffert et combien les cavaliers se révélaient, désormais, inutiles mais privilégiés. Beaucoup eussent aimé être à sa place et jouir d’’une relative sécurité. Au bout de quelques mois, non sans angoisse car il était conscient du risque pris, il demanda sa mutation et rejoignit les tranchées avec le galon de sous-lieutenant. Choix effroyable qu’’il assuma animé d’’un amour de la France et d’’une indéracinable confiance en ses destinées providentielles, jusqu’à la terrible blessure reçue à Verdun qui devait l’’éloigner définitivement du combat. Il faut lire ce témoignage, à tort oublié, où l’’absurde le dispute au sublime, et l’’horreur à l’’espoir.
    Batailles de géants
    Georges Blond dut une grande partie de son succès à son idée d’’offrir au public des récits de guerre mêlant la rigueur de l’’historien aux procédés journalistiques qui les rendaient plus attrayants. C’’était l’’époque où les journalistes se piquaient encore de savoir écrire. Parus dans les années soixante, pour le cinquantenaire de la guerre, La Marne et Verdun devaient faire date avant de s’’imposer comme des classiques du genre. Blond avait exploité toutes les sources et les archives disponibles, tant en France qu’’à l’’étranger, et il est frappant qu’’il ait choisi de commencer à relater les événements de 1916 du point de vue allemand, ce qui ne manquait pas d’’audace. Il avait aussi, et c’’était sans prix, rencontré autant de survivants et de témoins des deux camps qu’’il l’’avait pu, gardant ainsi trace de leur expérience, à laquelle il mêlait ses propres souvenirs d’’enfance, dès les premiers jours de la mobilisation. La collection Omnibus en propose une réédition, toujours bienvenue, propre à familiariser de nouvelles générations avec ces batailles de géants qui, en leur temps, sidérèrent le monde.
    Modernité
    Pourtant, les premiers jours de la guerre n’’avaient pas été favorables à nos armes, en dépit du prodigieux effort consenti depuis 1871 à la préparation de la revanche. La faute en était en partie imputable à des stratèges certes désireux de faire au mieux mais qui appartenaient, sans le voir, à une époque révolue. Desaubliaux et d’’autres en avaient été les parfaits exemples, avec l’’utilisation aberrante d’’une cavalerie qui n’’avait plus sa place sur les nouveaux champs de bataille. Au vrai, l’’armée française de 1914, malgré ses réformes, était un admirable outil du XIXe siècle, qui en était resté aux grandes heures des deux empires. Cela faillit nous coûter la victoire aux premières heures du conflit, car les Allemands, eux, n’’avaient pas cultivé les mêmes nostalgies.
    Ce qu’’analyse Michel Goya dans une étude universitaire, La chair et l’’acier, ou l’’invention de la guerre moderne, sans doute un peu ardue par certains aspects, mais pleine d’’enseignements. Essuyés et réparés les échecs initiaux, grâce à la qualité des hommes, qui tinrent et arrachèrent à l’’ennemi des satisfecit consternés, le haut état-major eut le courage de se remettre en cause, et de chercher à comprendre et réparer ses fautes. L’’arrivée du futur maréchal Pétain au commandement fut, en ce sens, déterminante. S’’opéra alors une véritable révolution qui fit passer en quatre ans notre armée à la modernité, remplaça les chevaux par les chars et l’’aviation, privilégia l’’artillerie, et fit de nos unités les plus avant-gardistes d’’Europe. Si les questions techniques peuvent paraître parfois rebutantes, les chapitres concernant la formation et l’’esprit des officiers, ou le moral d’’une troupe confrontée, pour la première fois, à des techniques industrielles propres, en industrialisant la guerre, à la déshumaniser tout à fait, sont d’un profond intérêt.
    Les héros de l’’Ouest
    A-t-on volontairement poussé en première ligne les régiments de l’’Ouest, et plus spécialement les Bretons, sans considération pour les pertes humaines effarantes qu’’ils allaient subir, et dans un souci politique d’’affaiblir une fois pour toutes ces provinces catholiques toujours hostiles à la République ? Jean-Pascal Soudagne et Christian Le Corre, qui publient un bel album, Les Bretons dans la guerre de 14-18, ne posent pas si directement la question, car elle demeure gênante. Ils y répondent pourtant indirectement en citant des chiffres, au demeurant incomplets car le bilan total des pertes ne put jamais être complètement établi. On a avancé, et il y a hélas quelque raison d’’y souscrire, le chiffre de 300 000 morts pour les cinq départements de Bretagne, auxquels on pourrait encore ajouter les Vendéens, les Angevins, les Mainiaux et les Normands, ce qui donnerait un total terrifiant… La Bretagne de 1914 comptait un peu plus d’un million d’’habitants… Si l’’on compare à d’’autres régions, également agricoles, le résultat est accablant, pour ceux qui utilisèrent sans vergogne ces garçons en guise de chair à canons. Procédé facilité par la méconnaissance, alors encore importante, de la langue française, et par l’’endurance et la ténacité proverbiales de ces hommes. Or, en dépit du procédé, les unités bretonnes furent les seules qui ne se laissèrent jamais aller au moindre mouvement d’’insoumission et ne se laissèrent pas gagner par les mutineries de 1917.
    Voilà ce que rappelle ce livre, souvent trop bref, à grand renfort d’’illustrations d’’époque. Son autre mérite est de remettre en mémoire des héros qui connurent leur heure de gloire, mais ont sombré ensuite dans un tragique oubli, tel Jean-Corentin Carré, qui tricha sur son âge pour s’’engager à quatorze ans, fut le plus jeune soldat de France, et mourut à dix-huit ans, en combat aérien. Tel aussi Yann-Ber Calloc’h, le poète bretonnant, qui, en 1912, se prétendait « nullement français », mais s’’engagea quoique réformé, et laissa, après sa mort au champ d’’honneur en 1917, pour testament ces vers : « La France m’’appelle ce soir ; je garde son honneur : elle m’a ordonné de continuer sa vengeance. Je suis le grand veilleur debout sur la tranchée. Je sais ce que je suis et je sais ce que je fais. L’’âme de l’’Occident, sa terre, ses filles, ses fleurs… C’’est toute la beauté du monde que je garde cette nuit. »
    Anne Bernet L’’Action Française 2000 du 16 novembre au 6 décembre 2006
    * Rémy Cazals et Nicolas Offenstadt : Si je reviens, comme je l’’espère, Perrin-Tempus, 400 p., 9,50 euros.
    * Robert Desaubliaux : La Ruée, Presses de la Renaissance, 320 p., 20 euros.
    * Georges Blond : Verdun, précédé de La Marne, Omnibus. 730 p., 22 euros.
    * Michel Goya : La chair et l’'acier, Tallandier, 480 p., 25 euros.
    * Jean-Pascal Soudagne et Christian Le Corre : Les Bretons dans la guerre de 14-18, Ouest-France, 128 p., 15 euros.