Nicolas Sarkozy "annonce... qu'il n'a rien à annoncer". Le constat est sévère chez les éditorialistes après l'interview de l'ancien président. Revue de presse.
Qu'ils manient l'humour ou qu'ils fassent preuve de lassitude, les éditorialistes de la presse quotidienne sont évidemment tous convaincus du prochain retour de Nicolas Sarkozy sur le devant de la scène politique.
"Sarkozy, bientôt le retour ? La réponse va de soi, même si l'intéressé entretient un semblant de suspense", assure ainsi Yves Thréard, dans "Le Figaro". "Le marasme économique français, l'incompétence du pouvoir socialiste, l'impopularité de Hollande, l'incapacité de l'UMP à se trouver un chef incontesté, tout concourt à sa réapparition prochaine sur le devant de la scène. Y compris, bien sûr, la montée en puissance de Marine Le Pen."
"Revenir, mais pour faire quoi ?" s'interroge l'éditorialiste. "Sur le champ de notre économie, qui menace ruine, l'effort devra être le maître mot pour retrouver le chemin de la croissance. 'No pain no gain', disent les Anglais."
Et le journaliste de lister : "Cela passe par la suppression des 35 heures, la révision du régime d'assurance chômage et de l'âge de la retraite, la réduction de la fonction publique et des déficits. Sans oublier la refonte du Code du travail et de la fiscalité. Mais c'est aussi sur le front de la lutte contre l'insécurité et l'immigration clandestine, qui explosent toutes les deux, que la main ne devra pas trembler. Programme vaste qui requiert courage et détermination pour faire face aux sempiternelles indignations."
"Il ne parle que de lui"
"Trop fort Sarkozy", juge Philippe Palat du "Midi Libre". "A peine sent-il le terrain inoccupé, déserté, qu'il s'engouffre dans la brèche. Une couverture de 'Paris Match' par-ci, une interview carte postale par-là : pas question pour l'ex-président de se faire oublier. En politique, il faut exister."
Et tout ça pour quoi ? "Dans cette atonie politico-estivale, il surgit tel un Zorro hitchcockien. Pour annoncer... qu'il n'a rien à annoncer", tranche sans détour l'éditorialiste.
Pour Olivier Berger, de "La Voix du Nord", "cette stratégie de 'la carte postale' n'a jamais été aussi bien incarnée par un animal politique français"
"Quel insoutenable feuilleton !" s'amuse de son côté Philippe Marcacci dans "L'Est Républicain". "Quasiment chaque semaine, il livre un épisode à la Une d'un hebdomadaire. Hier, dans 'Valeurs actuelles', Nicolas Sarkozy a de nouveau manié l'art de l'ellipse pour évoquer un retour dont plus personne ne doute. [...] Tout cela sent le plan de communication."
"Qui ira croire qu'il n'est animé par aucun sentiment de 'revanche' et obéit seulement à son sens du 'devoir' vis-à-vis de son pays ?" s'interroge Jean-Michel Helvig dans "La République des Pyrénées".
"Si c'était aussi vrai, il éviterait ces interviews de complaisance et à répétition où, en fait, il ne parle que de lui. A-t-on lu, vu, entendu, de sa part, une seule analyse de fond sur la situation du monde, de la France, de la société qui prenne de la hauteur et dépasse le mépris envers son successeur ? Nicolas Sarkozy demeure fidèle au pire de lui-même en faisant de la mise en scène de soi, le fondement de l'action politique."
source : Le Nouvel Observateur
http://www.voxnr.com/cc/politique/EupZVFEpVuhJyTDTye.shtml