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  • Les vautours communistes du désastre argentin


    La presse parisienne, et moins encore la presse quotidienne de l'Hexagone semblent,jusqu'ici n'avoir attaché que très peu d'importance à la venue à Buenos Aires du président de l'Assemblée nationale du Venezuela en la personne de Diosdado Cabello. Seule exception à ce jour, une publication que l'on ne cite jamais : le quotidien Présent qui voit en lui "probablement [le] véritable homme fort de Caracas. Il incarne officiellement, poursuit ce journal, l'aile militaire du chavisme." (1)⇓

    Empruntons, pour une fois, à Wikipedia, quelques détails biographiques qui peuvent éclairer ce jugement : "né en 1963… carrière dans les forces armées… rejoint Hugo Chavez qui le nomme vice-président de la République en janvier 2002… Ministre de la Défense de mai 2002 à janvier 2003… devient président de l'Assemblée nationale en 2012… devait assurer l'intérim de la présidence de la République à suite de la mort d'Hugo Chavez, le 5 mars 2013…"

    Or, ce n'est pas lui mais "c'est finalement le vice-président, Nicolas Maduro, qui prête serment comme président par intérim, ce qui constitue, pour l'opposition, une violation de la Constitution."  (2)⇓

    Ajoutons que l'intérimaire Maduro est devenu très rapidement la nouvelle figure de proue du régime.

    Compte tenu de ce que l'on sait, en Amérique latine, des réseaux militaires de Caracas il est infiniment probable que l'appareil "bolivarien" du "parti socialiste unifié du Venezuela" a préféré cette courte entorse à la loi fondamentale du pays, à une présence trop visible de ce personnage qui aurait pu se révéler encombrant sur la scène internationale.

    Qui en effet organise sa venue à Buenos Aires ? Qui prend la parole à ses côtés ce 3 septembre au Palais San Miguel en vue de "construire l'unité des peuples de l'Amérique latine" ? Il s'agit du député Edgardo Depetri issu du parti communiste argentin. Celui-ci a constitué un "front transversal" destiné à s'approprier, dans son pays, le mythe péroniste. On remarquera ainsi que le jeune fils de Maduro est venu en Argentine participer aux travaux du "mouvement Evita" dont la vocation ne trompe personne.

    À propos de la visite de Cabello, son interlocuteur Depetri affirme benoîtement que"cette visite n'implique aucune conséquence en politique intérieure." Il se contente d'évoquer ce qu'il appelle la "complémentarité" économique des deux pays :"L'Argentine partage avec le Venezuela les liens d'une économie complémentaire et la même compréhension politique de l'unité de l'Amérique latine… Le Venezuela nous a toujours soutenus dans nos revendications sur les îles Malouines et dans notre contentieux avec les fonds vautours"…

    Et puis la dialectique communiste ne s'arrête jamais en si bon chemin. On va profiter de l'expérience vénézuélienne pour s'en inspirer dans la rédaction d'une loi d'approvisionnement copiée sur le modèle du chavisme.

    Or tout ceci intervient à un moment où l’on cherche à instrumentaliser une situation financière très délicate.  (3)⇓ Celle-ci est occasionnée en grande partie par l'incurie du pouvoir démagogique des Kirchner. On remarquera ainsi que le gouvernement de Buenos Aires croit pouvoir y répondre en augmentant de 50 % la dépense publique, en imposant un cours forcé du peso à 8,20 dollars quand la valeur de la devise est passée de 11 à 14 sur le marché libre et en multipliant l'impression de billets de banques importés du Brésil… La catastrophe ne saurait donc tarder.

    Mais il est tellement plus rassurant d'en rendre responsables les fonds de sauvegarde. Qualifiés de "vautours", ils ne semblent certes pas s'embarrasser d'humanisme et ils sont présentés pour d'autant plus condamnables que la justice nord-américaine leur a donné raison. Pouah…

    En attendant, on remarquera aussi que les amis de l'Argentine étiquetés BRICS, qui eux sont mondialement considérés comme désintéressés, ne se précipitent pas à son secours…

    JG Malliarakis
    Apostilles

    1.  cf. Présent N° 8178 du 2 septembre 2014.
    2.  cf. notice Wikipedia en date du 3 septembre 2014.
    3.  cf. "L'Argentine s'enfonce dans la crise économique" in les Échos du 3 septembre.

    http://www.insolent.fr/2014/09/les-vautours-communistes-du-d%C3%A9sastre-argentin.html

  • Des vertus du couteau de cuisine

    Non, il ne s'agit pas d'une nouvelle rubrique culinaire sur votre blog favori, mais d'une réflexion qui vient à l'esprit après l'étude de faits récents dans le monde islamique : les deux journalistes américains qui ont été égorgés récemment l'ont été avec un couteau, genre couteau de cuisine, et un fait divers mis en ligne parle Parisien (édition de Lyon) relate qu'un homme en a poignardé un autre en marmonnant "Allah akhbar", armé d'un couteau de cuisine, ceci parce que le premier allumait tranquillement une cigarette dans la rue. Il va de soi qu'on a une fois de plus affaire à un "déséquilibré" en proie à "de sérieuses difficultés psychologiques", et que son appartenance à la religion de paix et d'amour n'a strictement rien à voir avec ses pulsions meurtrières. On soulignera au passage que le meurtrier était connu des services de police pour "cambriolages et outrages" et qu'il jouissait malgré cela de sa complète liberté. Des commentaires ?

    Marie Bethanie

  • Christian Harbulot : « Sabordage – Comment la France détruit sa puissance » (vidéo + audio)

    On serait tenté de dire qu’il attaque sabre au clair ! Son but vise à restaurer rien moins que la notion de «puissance», dit-il. La charge de Christian Harbulot prend la forme d’un essai intitulé «Sabordage». En ces temps de débats sur la place de la France dans le monde, l’auteur confie les raisons qui l’ont poussé à écrire ce livre.

    Il y décrit par le menu comment la France s’ingénie selon lui, depuis si longtemps, à détruire «sa» propre puissance. Il connaît le sujet. Dans les années 90, il a fondé l’École de guerre économique et rédigé de nombreux ouvrages où le passage à l’offensive est plus que préconisé aux services secrets comme à ceux qui les dirigent.

    Que va devenir la France?, s’interroge Christian Harbulot à la première ligne de son essai. Et de constater, comme d’autres, la régression de notre pays largement entamée à ses yeux, depuis le milieu du XXe siècle.

    Une spirale qui oblige maintenant «la France à réinventer sa puissance pour préserver l’avenir de son peuple et éviter de se saborder». Bref, cet essai dense, est aussi en forme de coup de gueule.

    Historiquement, et si l’on ne prend en compte que la période contemporaine, le général de Gaulle fut l’un des rares à être conscient du déficit de puissance de la France, affirme Christian Harbulot, selon qui «il tenta d’y remédier en réactivant l’idée d’indépendance nationale, par l’armement nucléaire ou le retrait de l’OTAN… mais aussi dans le domaine économique avec la création du groupe pétrolier Elf, par exemple.» 

    Cette période, précise l’auteur du livre, tranche avec l’habituelle ambivalence de l’approche de l’exercice du pouvoir : est-ce que le puissant agit pour la satisfaction d’une ambition personnelle ou pour la place du pays dans le concert des nations?

    La confusion française entre ces deux objectifs expliquerait le véritable tabou qui traverse ainsi notre pensée politique. La puissance serait ainsi par définition frappée de suspicion, puisqu’elle relèverait quasi exclusivement d’un désir de volonté de puissance certes, mais «toute personnelle». Il suffit de voir la référence permanente que nous faisons à Machiavel, assène l’auteur de l’essai. Ce «mal de puissance» ne daterait donc pas d’aujourd’hui.

    Alors comment répondre au réflexe du repli sur soi si souvent dénoncé y compris dans l’actualité la plus récente? Pour l’auteur de Sabordage, il est urgent de retrouver une autonomie de pensée. L’intérêt restauré de l’idée de puissance supposerait de raisonner maintenant à l’échelle européenne, en étant bien décidé à faire face aux États-Unis.

    Et de fait, le suzerain serait en position désormais affaiblie face à de nouvelles puissances telles que la Chine par exemple. Mais, précise Christian Harbulot, ce constat est réel pour le monde de l’industrie, le monde matériel. Pour ce qui est du monde virtuel, les USA sont en position plus que dominante.

    Pendant le second mandat de Bill Clinton, les autorités américaines ont clairement affirmé leur volonté d’être le pays leader du marché privé de l’information, précise l’auteur. L’avance prise en matière technologique est considérable et des enjeux sociétaux tels que la propriété intellectuelle ou la liberté d’expression sont au plus haut point à préserver, ajoute-t-il.

    Pour la première fois, conclut Christian Harbulot, on va voir en terme de puissance si le triomphe dans un monde (le numérique) peut compenser l’affaiblissement dans un autre (le matériel). Voilà qui pourrait servir au pays qui est le nôtre affirme l’essayiste qui souhaite aussi donner des pistes d’avenir, car «nous allons devoir nous battre sur plusieurs fronts en redéfinissant le périmètre de la souveraineté française».

    Géopolis


    Christian Harbulot était aussi invité de Max Lebrun dans le “Libre journal de l’identité” sur Radio Courtoisie le vendredi 5 septembre afin de présenter son dernier ouvrage : “Sabordage : Comment la France détruit sa puissance“.

  • Manifestation des "sans-dents" devant l'Elysée, VIOLENCE avec la POLICE

  • Trois reculades en une semaine


    Réinstallé le 26 août à la tête du gouvernement, Valls avait laissé se répandre une fausse rumeur. Pendant trois ou quatre jours on a distillé l'illusion que le pays allait enfin entrer en voie de réforme. Le 27 août par exemple, le chef du gouvernement allait se faire applaudir à l'université du Medef. Il "aime les entreprises" avait-il proclamé. Et le lendemain, 28 août, on apprenait même que le nouveau ministre de l'Économie, Emmanuel Macron passerait pour "favorable à des dérogations" pour "les 35 heures".

    Un vent de libéralisme échevelé soufflait-il sur le petit monde de François Hollande ? Certains l'ont cru. D'autres persistent à le laisser entendre. Ainsi François Rebsamen, ministre du Travail imaginait encore ce 2 septembre de mieux contrôler la qualité de chômeurs effectifs des allocataires de l'Unedic.

    Tollé bien sûr : chacun sait, ou du moins dans une certaine gauche chacun fait semblant de le croire, que les faux chômeurs n'existent pas et ne nuisent pas à l'indemnisation des véritables demandeurs d'emploi.

    Parmi les réactions indignées de la gauche "frondeuse" relevons en une, au moins, qui ne semble dépourvue ni d'une pointe d'humour ni même d'une part de pertinence. Le camarade Dartigolles porte-parole du parti communiste rétorque à ce sujet : "Il faudrait contrôler l'activité réelle de Monsieur Rebsamen François, recruté en avril dernier pour s'occuper de l'emploi". Depuis 28 mois que l'on nous promet l'inversion de la courbe du chômage les dirigeants socialistes pourraient en effet faire preuve d'un peu de modestie.

    Reste que la cohérence gouvernementale figurait en tête des raisons invoquées le 25 août pour le départ des Montebourg, Hamon, Filipetti et Cuvillier.

    De quelle cohérence parle-t-on quand, au moment même où le ministre du Travail exprime son désir de mettre de l'ordre dans les prestations de l'Unedic, en améliorant les contrôles, le premier secrétaire du parti socialiste Jean-Christophe Cambadélis, juge que la déclaration de M. Rebsamen n'est "pas pertinente".

    Il est intéressant de remarquer que le premier mouvement du rédacteur du Monde était de noter que "la CGT accuse François Rebsamen de vouloir sanctionner les chômeurs." Tel est en effet le lien de l'article initialement posté à 12 h 34 probablement sous ce titre. Or curieusement dans la version mise à jour à 17 h 18 la mention de cette accusation par la CGT avait disparu, enfouie sous les critiques de Force ouvrière"abasourdie" et de la Confédération française démocratique du travail (CFDT)"atterrée".

    Qu'on se le dise en effet : ce n'est pas la partie "frondeuse" de la majorité qui récuse l'illusion réformiste, c'est le parti socialiste lui-même.

    Certains s'étonnent en effet, et à juste titre, de l'incohérence consistant à laisser Christiane Taubira, poids lourd du gouvernement, s'afficher aux côtés des "frondeurs"socialistes à La Rochelle.

    Comment ne pas éprouver de malaise en entendant le Cambadélis charger contre une déclaration de Madame Merkel, affirmant lui-même que "l'emploi du mot 'véritable' [à propos des réformes françaises] "n'est pas supportable". N'est-ce pas, pourtant, ses grotesques tirades anti-allemandes qui ont aggravé le sentiment du perte du sens des responsabilités par le Montebourg ?

    Car la chancelière n'a pas tenu exactement les propos qu'on lui prête, sur la base de traductions douteuses: elle s'interroge si wirklich (véritablement) le gouvernement français entend procéder à des réformes de structures. J'avoue me poser les mêmes questions et les zigzags de nos ministres ne me rassurent pas, — et mes doutes n'ont guère d'importance,— mais ils ne sont pas de nature non plus à rassurer, au-delà des bureaucraties patronales les investisseurs réels, tant étrangers que français, — ce qui est infiniment plus préoccupant.

    Car comment, dès lors, ne pas juger plus grave encore le revirement de Valls lui-même affirmant le 31 août, 4 jours après sa déclaration d'amour applaudie au MEDEF et 3 jours après les rumeurs autour d'une critique des 35 heures par le "jeune et brillant" Macron, que "les 35 heures ne seront pas remises en cause".

    Idem sur l'encadrement des loyers, projet qui aggrave et aggravera la pénurie de logements.

    Combien de temps encore les Français, intoxiqués par les médias, se laisseront prendre aux faux-semblants des communicants politiques ?

    Que faut-il retenir du boniment de Cambadélis à La Rochelle le 31 août ? Que vaut ce"nouveau progressisme" que lui et ses camarades affirment avoir substitué à leur ancien, très ancien, trotskisme.

    Certes, si le réseau de pouvoir strauss-kahnien de Jean-Christophe Cambadélis gère le parti socialiste avec le brio dont ces gens ont fait preuve à la tête de la MNEF, pour sûr, la crédibilité de ce gouvernement n'a pas de souci à se faire.

    JG Malliarakis 

    http://www.insolent.fr/2014/09/trois-reculades-en-une-semaine.html

  • 3000 Occidentaux parmi les islamistes en Syrie

    Fin mai, au moins 3000 Occidentaux avaient rejoint les islamistes qui combattent en Syrie, selon le Soufan group, un organisme de renseignement basé à New York.
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    La France est la plus «représentée» en nombre de tous les pays occidentaux. Elle compte 700 ressortissants sur place. Une estimation plus basse que celle des services du ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, selon lesquels 900 Français étaient concernés à la mi-août. Vient ensuite la Grande Bretagne, avec 400 ressortissants actuellement en Syrie. Puis l’Allemagne (270 ressortissants), talonnée par les Belges, avec 250 ressortissants.jeunes

    Mais lorsqu’on regarde la proportion de combattants par rapport à la population de leurs pays d’origine, le classement est sensiblement différent :
    La Belgique arrive largement en tête, avec 22 ressortissants partis au djihad pour un million d’habitants.
    Le Danemark arrive en deuxième position, avec 17 ressortissants pour un million d’habitants.
    La France arrive en troisième position: on compte 11 Français partis en Syrie pour un million d’habitants.

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  • L'humanité de la guerre et la révolution technologique

    Au fil d'une bibliographie déjà riche d'une quinzaine d'ouvrages, Christopher Coker s'est imposé comme le théoricien de référence des questions militaires au Royaume-Uni. Ce professeur de la London School of Economics s'intéresse particulièrement à la "guerre post-humaine", c'est-à-dire au devenir de la guerre à l'heure où la révolution technologique bouleverse en profondeur les affaires militaires.

    L'originalité de l'approche proposée par Christopher Coker tient principalement au fait que ses travaux se situent à la croisée de trois champs disciplinaires rarement réunis sous une même plume : la stratégie, l'éthique et la philosophie. Le tout, mis en perspective par une vaste culture historique, anthropologique et sociologique, donne un résultat détonnant, sans guère d'équivalent dans la littérature pourtant foisonnante relative aux questions militaires.

    L'AVENIR DE LA GUERRE

    L'une des problématiques qui traverse, par-delà leur diversité, l'ensemble des recherches de Christopher Coker est celle de la place de l'humain et in fine de l'humanité, dans les guerres à venir : à trop vouloir robotiser et automatiser le combat et le combattant, ne court-on pas le risque de déshumaniser la guerre et le guerrier ?

         Une question à entendre dans toute sa polysémie, car bien plus que le recul de la place de l'humain sur le champ de bataille, Coker questionne le risque d'une déshumanisation de la guerre au sens d'une perte de sa dignité, de son humanité, voire de son humanisme. Une question qui surprendra nombre de nos contemporains pour qui la guerre apparaît comme une pure et simple barbarie, autrement dit, l'exact contraire de ce qu'ils considèrent comme constitutif d'un sentiment d'humanité. Christopher Coker en est bien conscient qui, en exergue de son dernier opus, se plaît à citer la définition que donnait la guerre Gustave Flaubert dans son Dictionnaire des idées reçues : "Tonner contre".

    ELOGE PARADOXAL DE LA GUERRE

    C'est précisément à revenir, envers et contre les idées reçues, sur le caractère profondément humain et nécessaire de la guerre que Christopher Coker s'est attelé dans son dernier livre intitulé La Guerre peut-elle être éliminée ? Une question à laquelle il répond non seulement que non, mais surtout, ce qui est le plus original, qu'il n'y a pas nécessairement lieu de s'en inquiéter. 

         Contre ceux qui considèrent la guerre comme une anomalie ou une pathologie de l'humanité, Christopher Coker affirme au contraire qu'elle constitue un ferment essentiel de sa formation, de son évolution et au final de ses progrès. Contre les théoriciens de la fin de la guerre et de la paix perpétuelle, de Kant à Horgan (auteur en 2012 d'une Fin de la guerre), Christopher Coker oppose les analyses d'Aristote qui, il y a plus de 2000 ans déjà, avait montré que la paix n'est pas le contraire de la guerre mais sa finalité : on fait la guerre en vue de la paix, d'une paix meilleure que celle qui prévalait avant le déclenchement des hostilités. 

         Autrement dit, la guerre est une réalité, et la paix une idée, ou un idéal, qui lui sert d'aiguillon. On ne peut pas échanger la guerre contre la paix car la seconde est la résultante de la première et n'est tout simplement pas concevable sans elle.

    LA GUERRE POST-HUMAINE

    Il serait donc illusoire de vouloir mettre un terme à la guerre qui apparaît comme un élément consubstantiel à l'humanité, mais il serait tout autant regrettable d'en négliger les évolutions. Si les hommes se sont toujours fait la guerre et ne sont pas près de ne plus la faire, ils ne l'ont toujours pas faite et ne la feront toujours pas pour les mêmes raisons ni de la même manière. Or les évolutions récentes de la guerre, liées notamment à la révolution des affaires militaires que constitue l'intrusion croissante des nouvelles technologies sur le champ de bataille, sont selon Christopher Coker des plus inquiétantes.

         Dans une série d'ouvrages parus depuis le début des années 2000 qui culmine avec la publication de Warrior Geeks en 2013, il s'est ainsi penché sur les implications non seulement opérationnelles, mais surtout éthiques, du rôle croissant de la technique dans l'affrontement guerrier. Dressant un parallèle entre les guerriers grecs (Greek Warriors) de l'Antiquité et les guerriers numériques (Warrior Geeks) que l'on nous promet pour le futur, il montre que la mutation qui s'opère aboutit à l'effet inverse de celui recherché par ses promoteurs. En retirant l'homme du champ de bataille pour le remplacer par des robots, voire en modifiant artificiellement l'humanité des soldats par des manipulations bio-technologiques, on pense renforcer l'humanité de la guerre en la rendant plus économe en vies humaines ; c'est négliger le fait qu'on lui fait perdre en humanité puisqu'un robot est précisément le contraire d'un humain et ne saurait faire preuve d'humanité.

         En protégeant l'humanité en tant qu'espèce, on dégrade l'humanité en tant que vertu. Plus on met de technologie dans la guerre, plus elle perd en humanité et, au final, plus l'humanité y perd : telle est en somme la thèse défendue par Christopher Coker. Contre les scientifiques qui prétendent pouvoir programmer un robot militaire afin de le rendre plus humain qu'un soldat, en excluant notamment les réactions jugées mauvaises de haine ou de vengeance, Christopher Coker défend les valeurs guerrières de courage et d'honneur qui sont au fondement de l'éthique militaire depuis l'Iliade et qu'on inculquera jamais à une machine. Des réflexions qui peuvent être rapprochées de celles développées par le philosophe français Grégoire Chamayou dans sa récente, remarquée et controversée Théorie du drone (Editions La Fabrique, 2013).

    LA GUERRE A L'EPOQUE DU RISQUE

    Le développement de la guerre technologique n'est pas le fruit du hasard. Elle répond aussi à un changement fondamental de sa forme même. Une évolution mise en exergue par Christopher Coker dans La Guerre à l'époque du risque, un ouvrage paru en 2009 : il y met en lumière le changement de paradigme à l'oeuvre dans les affaires militaires depuis la fin de la guerre froide.

         A une époque de confrontation interétatique ouverte, où les stratèges pensaient en termes d'attaque, de défense et de rapport de force, a succédé une époque de risque diffus mais généralisé qui implique des postures stratégiques renouvelées, axées sur la prévention, la préemption et la surveillance. Jadis affrontement entre puissances ennemies, la guerre, explique Christopher Coker, est aujourd'hui devenue "une gestion de risques" (risk management). Une évolution bien résumée par l'ancien secrétaire à la Défense américain Donald Rumsfeld lorsqu'il expliquait que la stratégie consistait désormais en la capacité à gérer "l'inconnu, l'incertain, le jamais vu et l'inattendu".

         Avec l'avènement de l'ère du risque - une notion reprise au sociologue allemand Ulrich Beck -, les sociétés contemporaines ne sont plus, comme au temps de la guerre froide, soumises à une logique de peur (d'une attaque nucléaire, par exemple) mais d'anxiété. Si la peur relève de la réaction rationnelle à une menace réelle et identifiée, l'anxiété est un phénomène plus diffus, une inquiétude latente liée au sentiment que quelque chose de grave peut nous arriver à tout instant, sans pour autant être en mesure d'expliquer précisément quoi. Or, si l'on peut se prémunir contre la peur en prenant des mesures pour se protéger de sa cause, on ne peut en faire de même face à l'anxiété permanente dans laquelle nous vivons dans la mesure où ses causes ne sont pas clairement identifiées. Les stratèges s'en trouvent ainsi réduits à échafauder des scénarios catastrophes afin d'anticiper les réponses à y apporter. Un exercice qui ne fait que renforcer l'anxiété ambiante sans offrir de garanties d'efficacité concrète le cas échéant.

         Dans la tendance actuelle à justifier la guerre par des motifs humanitaires, on peut ainsi, avec Christopher Coker, voir une pernicieuse tentative de masquer la profonde déshumanisation à l'oeuvre dans la conduite des affaires militaires. Elle révèle surtout, plus profondément, l'absence d'ambition du monde occidental qui tend désormais à réagir plus qu'à agir, à gérer des crises, perçues comme des risques, plutôt qu'à défendre une cause, ce qui suppose d'accepter de prendre... des risques.

    Thibaut Mardin pour Conflits n°2

    http://www.oragesdacier.info/

  • 5 septembre 1944 : Le Havre détruit par les bombardements alliés (vidéo)

    Le 5 septembre 1944 débutait le bombardement allié du Havre, qui fit plus de 2000 morts civils, afin d’en chasser l’occupant nazi. Les historiens s’interrogent sur son utilité militaire : 80% de la ville furent rasés. Près de 10.000 maisons sont détruites, 80.000 se retrouvent sans logement.

    Le 12 septembre, les troupes anglo-canadiennes entrent au Havre. Rien à voir avec les scènes de liesse, immortalisées dans le reste de la France. L’accueil de la population est glacial. La presse les surnomme ces les «libératueurs».

    Pour la quasi-totalité des villes françaises, la Libération par les Alliés en 1944, après 4 longues années d’Occupation, est synonyme de joie. L’occasion de commémorer un heureux souvenir. Il est une ville, cependant, pour laquelle le souvenir des premiers jours de septembre rime avec destruction: Le Havre.

    Le 5 septembre a enfin lieu le début de l’offensive alliée. Un déluge de bombes s’abat sur le centre-ville. Même chose le lendemain. Des milliers de tonnes d’explosifs sont largués sur la ville, dont les redoutables bombes au phosphore. Le bombardement dure jusqu’au 10 septembre. Sans trop que l’on sache pourquoi.

    Le Havre possédait bien un enjeu stratégique aux yeux des Alliés: le port. Cependant, celui-ci étant régulièrement bombardé depuis le début de la guerre, il était devenu inutilisable.

    La ville du Havre comptait une importante garnison allemande de 12.000 hommes qui entendait résister. Pourtant, ces derniers étaient situés sur les hauteurs. Quant à l’état-major, il était logé dans des villas cossues de «la côte». Loin du centre-ville.
    «Le bombardement des quartiers centraux pendant les deux premiers jours est incompréhensible, d’autant que les Alliés avaient toutes les informations à leur disposition, explique Jean-Baptiste Gastinne. Depuis le Débarquement, les politiques n’ont plus la main sur les opérations, les militaires ont tout pouvoir de décision. Sans doute les Britanniques ont voulu aller vite pour reprendre la ville.» [...]

    Le Figaro

    http://www.fdesouche.com/506477-le-5-septembre-1944-le-havre-detruit-par-les-bombardements-allies-video

  • Comment les banques centrales provoquent les crises financières

    Nous disons et écrivons très souvent que l’économie est largement financiarisée depuis plus de 15 ans. Nous vivons dans une économie de bulles d’actifs financiers. En fait, lorsqu’une bulle éclate sur un actif, on assiste généralement à la naissance d’une nouvelle bulle sur un autre actif car l’argent abondamment créé par les banques centrales ne peut, en général, être repris sous peine de provoquer d’énormes pertes en patrimoine chez les investisseurs privés ou de créer une crise bancaire.

    Nous sommes donc en plein aléa moral puisque certains acteurs financiers ne sont pas assez rigoureux dans l’analyse du risque de leurs investissements ; ils se reposent sur le fait qu’ils ont une capacité de nuisance systémique et qu’en conséquence il y aura toujours un prêteur/sauveur en dernier ressort (en l’occurrence la banque centrale de sa zone monétaire).

    C’est l’une des principales origines des crises financières que nous connaissons depuis les années 2000 : des politiques monétaires trop accommodantes pour ne pas dire laxistes avec un environnement de taux “anormalement” bas et donc de coûts de financement très avantageux (taux emprunts d’Etat de plus en plus ridicules, écarts de taux vis-à-vis des taux de swap ne rémunérant que très peu ou même pas du tout le risque bancaire ou d’entreprise).

    La crise financière est inévitable lorsque l’investisseur va chercher du rendement sur des classes d’actifs de plus en plus risquées parce que les actifs prétendus les plus sûrs — comme les emprunts d’Etat (Etats-Unis, Royaume-Uni et grands Etats de la Zone euro) — rapportent de moins en moins.

    La crise financière peut devenir particulièrement violente — comme en 2007-2008 — lorsque de surcroît les produits de placement classiques (y compris les plus risqués) rapportent moins alors même que les exigences de rentabilité restent inchangées ; d’où l’innovation financière pour fabriquer des produits structurés sophistiqués et complexes censés procurer du rendement avec un risque maîtrisé.

    La séquence de crise est la suivante

    Phase 1 : un investisseur institutionnel achète des titres d’Etat AAA (actifs refuge) à un taux moyen de 3% en empruntant à 1%, soit une marge nette d’intérêt de 2%. Sur les marchés financiers tout le monde fait la même chose en même temps avec peu ou prou les mêmes objectifs de rentabilité et les mêmes contraintes comptables et réglementaires.

    La demande sur ces titres d’Etat AAA reste très soutenue car les banques centrales les rachètent dans le cadre de leurs mesures non conventionnelles et la réglementation incite les banques commerciales à en avoir ; les prix s’envolent et les rendements baissent jusqu’à 2%. De nouveaux achats réduiraient donc la marge de transformation à 1% en supposant inchangées les conditions de refinancement. Problème : la rentabilité exigée par les clients ou actionnaires reste la même à 2% de marge.

    Phase 2 : ainsi, quels que soient son aversion au risque, son opinion des fondamentaux macroéconomiques, son jugement sur la solvabilité des émetteurs qu’il va rentrer en portefeuille, notre investisseur institutionnel doit rechercher des actifs qui rapporteront au moins 3%. Il pourra alors choisir d’investir sur de la dette souveraine moins bien notée (A voire BBB) et de la dette d’entreprise. Il prendra donc plus de risque pour maintenir sa marge.

    Vous commencez à comprendre pourquoi les emprunts d’Etat à 10 ans de pays tels que l’Espagne ou l’Italie rapportent aussi peu (respectivement 2,60% et 2,80% début août) ; pourquoi également les écarts de taux sont aussi resserrés.

    Les professionnels de l’investissement sur les marchés financiers vous expliquent qu’ils sont “benchmarkés”, c’est-à-dire comparés entre eux, et obligés d’aller investir leurs excédents de liquidité sur tout actif qui surperformerait les taux prétendus sans risque. On peut considérer aujourd’hui comme taux réellement “sans risque” le taux monétaire Eonia mais plus nécessairement une obligation d’Etat même à court terme. Seulement voilà, l’expérience prouve qu’investir de manière insouciante pour des raisons réglementaires, comptables ou psychologiques (faire comme tout le monde), crée justement des bulles dont l’éclatement aura vite fait d’anéantir le rendement attendu.

    Phase 3 : la poursuite de la course au rendement va provoquer une hausse continue des prix des actifs et donc une baisse de leurs rendements. Ainsi les titres d’Etat achetés à 3% dans la phase 1 et rapportant 2% dans la phase 2 vont se renchérir avec des rendements s’effondrant à 1%. Tandis que les obligations d’Etats (notées de A à BBB) et d’entreprises acquises à 3% de rendement durant la phase 2 ne rapporteront plus que 2% en phase 3.

    Au-delà de la surévaluation des actifs financiers, la course au rendement débouche sur des risques de course au levier et à l’endettement. C’est exactement ce qui s’est passé en 2006 et 2007. Nous sommes donc installés dans un système de crises financières successives parce que la course au rendement reste déconnectée du risque pris.

    Les fondamentaux économiques sont dans le meilleur des cas ignorés, dans le pire des cas méprisés ; ce qui crée des situations totalement délirantes sur l’évaluation de certains actifs financiers. Le risque est amplifié avec la persistance du recours à l’emprunt pour répondre aux contraintes de rentabilité.

    La BCE schizophrène

    La Banque centrale européenne (BCE) le dit ouvertement mais a mis en place de nouvelles mesures dites non conventionnelles lors de sa réunion mensuelle du 5 juin 2014 — ce qui conforte les investisseurs dans leurs choix dangereux.

    N’oublions pas le second visage de la BCE et son futur rôle de superviseur des banques de la Zone euro à partir du 4 novembre 2014. Ainsi dans la nouvelle édition de sa Revue sur la stabilité financière, la banque centrale met en garde contre l’éventualité d’une brusque inversion de tendance sur les marchés financiers.

    “En même temps que la recherche de rendement, les préoccupations concernant la formation de déséquilibres et la possibilité d’une remise en cause brusque et désordonnée des flux d’investissement récents s’intensifient“.

    Aussi les banques, assureurs et fonds de pensions devraient constituer “des coussins suffisants pour amortir une normalisation des rendements”. Oui la Banque centrale européenne schizophrène reconnaît officiellement l’anomalie des rendements.

    Et elle semble bien impuissante tant il est difficile de choisir entre l’éclatement brutal de bulles d’actifs financiers (générateurs de krachs sans précédent) et la persistance de l’inefficacité financière (une liquidité anormalement abondante qui ne sert économiquement et socialement à rien).

    Economie Matin

    http://fortune.fdesouche.com/353843-comment-les-banques-centrales-provoquent-les-crises-financieres#more-353843

  • Reconquista à l'envers

    Un article de Nouvelles de France relaie une menace de l'Etat islamique qui veut faire une "Reconquista à l'envers" en Espagne, considérée par les islamistes comme une terre historiquement musulmane (on (re)lira d'ailleurs avec profit le chapitre consacré au mythe d'al Andalus par Alexandre Del Valle dans son dernier livre, "Le complexe occidental - Petit traité de déculpabilisation"). Voici l'article de NDF :

    Nous rétablirons l’islam par la coercition, en vous rouant la face de coups et en vous coupant la tête».

    C’est ainsi que le sinistre «État islamique» menace l’Espagne, annonçant la reconquête de ce que ses partisans appellent la terre de leurs ancêtres, puisque la péninsule Ibérique a été sous domination musulmane de 711 à 1492. Au moins on peut dire qu’ils annoncent la couleur et ne cachent pas comment ils comptent s’y prendre pour convertir les «infidèles». Il est extrêmement curieux que les médias français ne parlent pas de cette annonce proférée en espagnol il y a quelque semaines dans une vidéo où l’on voit deux musulmans de l’EI dont l’un est un Franco-Marocain du nom de Salahedine Ghaitun, alias Abou Abdallah Guitone. Cette vidéo peut être vue par exemple sur le site du journal espagnol El Mundoici.

    En Espagne même, des musulmans font circuler sur les médias sociaux des photos de monuments connus avec des drapeaux de l’État islamique et des slogans du type «Nous sommes tous l’État islamique». De leur côté les autorités marocaines ont prévenu la police espagnole que certains des djihadistes partis commettre leurs exactions barbares en Syrie et en Irak sont sur le chemin du retour et pourraient chercher à pénétrer en Espagne par les frontières de Ceuta et Melilla, ces enclaves espagnoles en Afrique du Nord dont les clôtures sont régulièrement prises d’assaut par des groupes de plusieurs centaines de migrants. Un des auteurs des menaces à l’encontre de l’Espagne, un Marocain du nom de Mohamed Hamduch qui répond également au doux pseudonyme de «Kokito», marié à une Espagnole et ex-résident de Ceuta, s’est aussi distingué en postant sur les réseaux sociaux une photo où il pose avec cinq têtes de soldats syriens.

    Kokito[1]

    Dans une nouvelle vidéo signalée par le journal ABC comme ayant été repérée par les services antiterroristes espagnols après avoir été distribuées dans les forums djihadistes du monde entier et également sur les réseaux sociaux, les islamistes clament qu’ils ne cesseront pas de combattre tant qu’ils n’auront pas récupéré Jérusalem, conquis Al Andalus (les terres de la péninsule Ibérique qui ont été à un moment ou à un autre sous domination musulmane, avec aussi un petit bout de France près de la frontière espagnole) et pris possession de Rome.

    «Nous établirons l’État islamique avec des bombes et des explosions. Avec des soldats qui ne voient pas de difficultés dans la difficulté et qui dans la bataille sont des lions qui boivent le sang des infidèles. Le califat est de retour.»

    «L’État islamique, par la grâce d’Allah, s’étend de jour en jour. Nous ne nous arrêterons pas, par la volonté d’Allah. Les bombardements ne cesseront pas tant que la croix n’aura pas été détruite, les porcs assassinés et la loi islamique établie. Nous rétablirons l’islam par la coercition, en vous rouant la face de coups et en vous coupant la tête.»

    Pour revenir à cet Abou Abdallah Guitone, une recherche sur Google permet de tomber sur des forums musulmans hébergés en France et où l’on écrit en français, où l’on apprenait à la fin du mois de juillet que cet islamo-fasciste, «qu’Allah l’accepte», est mort en martyr."

    Marie Bethanie