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  • Les liens France-Qatar-Espagne-Arabie Saoudite

    Joachim Véliocas analyse les liens France-Qatar-Espagne-Arabie Saoudite pour le quotidien polonais Nasz Dziennik, article du 27 septembre 2014,

    « La mansuétude de nombreux politiciens français, et non des moindres, envers les prétentions des Etats orientaux ayant l’islam pour religion officielle se lit à la lumière des enjeux économiques et des partenariats géostratégiques. Si la France n’a pas de liens aussi étroits que les Etats-Unis avec l’Arabie Saoudite, ses grandes entreprises y sont fortement implantées et la dimension des contrats impressionne. »

    « L’Arabie Saoudite demeure notre premier client sur la période 2003-2012 », indique le dernier rapport au Parlement sur les exportations d’armement de la France. Sur les dix dernières années, elles se sont élevées à 7 milliards d’euros. Depuis la déstabilisation de la région suite aux révolutions arabes, les commandes n’ont jamais été aussi élevées. Ainsi, six frégates vont être vendues ces prochaines années au royaume wahhabite pour un montant de 15 milliards d’euros, et une aide de 3 milliards au Liban va pouvoir permettre à ce dernier de moderniser ses équipement dans un contexte de tensions avec ses voisins.

    On comprend donc à cette lumière l’engagement matériel de la France aux côtés de l’Armée syrienne libre (ASL), officialisé cet été par François Hollande alors que la presse internationale avait depuis longtemps évoqué ce partenariat. Loin d’être islamiquement modérée, l’ASL comprend des brigades jihadistes avérées, s’appelant Muawiya, Yazid, Abou Ubayda Jarrah, Ibn Taymiyya, Ibn Kathir, la brigade turkmène « Yavuz Sultan Selim » du nom du sultan-calife ottoman qui, au XVIe siècle, massacra alévis, alaouites et chiite. La plus grosse composante de l’ASL est la brigade al Farouq, dont la cruauté n’a rien à envier au Jabhat al Nosra.

    La France siège à une operation room confidentielle en Jordanie, dirigée par les Saoudiens, avec les Etats-Unis, coordonnant l’appui matériel aux djihadistes de l’ASL, selon le reporter du Figaro sur place Georges Malbrunot.

    C’est dans ce contexte de pluie de contrats potentiels que Nicolas Sarkozy reçut, le 8 octobre 2002, le secrétaire général de la Ligue islamique mondiale, Abdallah Turki, qui vint Place Beauvau pour obtenir un feu vert sur le financement de mosquées en France. Peu importait apparemment que cette Ligue soit le bras financier et prosélyte de l’Arabie Saoudite, où le wahhabisme d’Etat est la mouture la plus extrême de l’islam. Nombreuses mosquées sont financées par l’état wahhabitte en France ; Lyon et Evry sont les plus monumentales. Celle de Cannes, inaugurée cet été par le maire UMP sur un terrain municipal, a été financée par le propriétaire de la chaîne islamique Iqraa, Saleh Abdullah Kamel. Iqraa (lire en arabe) est  le nom donné à la mosquée inaugurée par le maire David Lisnard entre un drapeau saoudien et algérien.

    L’Espagne a encore des meilleures relations que la France avec l’Arabie Saoudite. « J’entretiens une profonde et forte amitié avec le roi Juan Carlos », affirma le prince héritier Bin Abdulaziz al Saud durant son voyage en Espagne en 2006. Ainsi, Alstom encaissa un coup dur quand le consortium hispano-saoudien Talgo/Renfe emporta le projet de TGV la Mecque-Médine, obtenu en octobre 2011 par le truchement du roi d’Espagne. Un projet à 6,7 milliards d’euros.

    En mai 2014, Juan Carlos alla voir son ami en Arabie Saoudite et accéléra la vente de plus de 250 chars de combat Léopard fabriqués en Espagne.

    On comprend mieux pourquoi la monumentale mosquée Omar de Madrid n’eut aucun encombre à édifier son imposant minaret avec des fonds saoudiens. Elle fut inaugurée par le roi Fadh (1923-2005) et le roi Juan Carlos en 1992. Wahhabite, elle est considérée comme trop radicale par nombre de musulmans maghrébins de la ville. Pour la petite histoire, ma femme de ménage marocaine refuse d’y mettre les pieds pour cette raison, et préfère fréquenter la mosquée syrienne du quartier Lavapies (1).

    Nicolas Sarkozy, lui, privilégia le Qatar à l’inverse de son prédécesseur Jacques Chirac. Ce pays a obtenu un véritable tapis rouge pour ses investissements en France. Non seulement ses OPA et prises de participation dans les sociétés stratégiques françaises n’ont jamais été contrecarrées, mais il bénéficie d’exemptions fiscales notamment sur les plus-values, sur décision de Sarkozy.

    Le fonds souverain du Qatar Investment Autority (QIA), doté de 210 milliards d’euros, est actionnaire de groupes stratégiques comme Lagardère (13% des parts, Lagardère possède elle-même 7,5% d’EADS), Veolia environnement (4,7%), Suez Vinci (5,5%), Total (3%). Le fonds Qatar Sports Investments détient 30% du club de foot PSG, et Qatar Luxury Group détient 1% de LVMH ainsi qu’une participation dans Le Tanneur.

    Il faut dire que les grandes entreprises françaises Total, GDF-Suez, EDF, Veolia, Vinci, Air Liquide, EADS, Technip ont raflé des contrats importants au Qatar.

    Ce tableau économique impressionnant étant posé, on comprend comment le bras armé du Qatar concernant l’investissement dans les mosquées françaises, la Qatar Charity Foundation, s’en donne à cœur joie. Principal soutien des Frères musulmans dans le monde, l’émirat a sans surprise orienté ses fonds vers les mosquées de l’UOIF, branche des Frères musulmans en France. Ainsi, les mosquées de Mulhouse, Reims, Nantes ont reçu des financements directs, et les projets des Grandes Mosquées de Bordeaux et de Marseille sont en passe de recevoir leur contribution. La fondation contribue même au budget de fonctionnement de l’historique mosquée de Paris à hauteur de deux millions d’euros.

    Nombre de politiciens français défilent à Doha. Tous les ministres de Sarkozy s’y pressèrent. Côté socialiste, nombreux y ont été reçus, de Manuel Valls à Ségolène Royal qui fut reçue en 2007 dans le cadre d’un « voyage d’étude » pour un « Forum sur la démocratie » (intitulé assez incongru dans cette dictature islamiste) accompagnée à l’époque par Najat Vallaud-Belkacem. Cette dernière, actuellement ministre de l’Education nationale, pourtant en pointe sur le féminisme, affirma lors d’une émission sur LCP en 2012 :

    « A propos du Qatar, il y a des inquiétudes que je ne comprends pas. L’investissement du Qatar c’est du business et rien d’autre », à propos des subventions qatari aux banlieues musulmanes, dont les représentants associatifs reçus à Doha en novembre 2011 rappelèrent que leur hôte, l’émir en personne, les invita à créer des écoles coraniques car elles sont les « meilleures institutions pour apprendre correctement l’arabe littéraire et l’histoire du monde (2) ».

    L’ambassade du Qatar à Paris cible depuis 2003 les populations issues de l’immigration musulmane, et cherche à se constituer un fichier d’affidés manipulables. Une tentative de doubler le Conseil français du culte musulman, trop lié au Maroc et à l’Algérie, prit forme en 2009 avec la création du Conseil représentatif des institutions musulmanes, sur le modèle du Crif pour les juifs. La main ouvrière du projet fut Malika Benlarbi, à l’époque sous-préfète et ancienne du cabinet de Brice Hortefeux alors ministre de l’Intérieur. Ce projet avorta faute de représentativité, et surtout car Nicolas Sarkozy, annoncé pour le gala de lancement, changea d’avis à la dernière minute. Le Qatar adore lancer des dîners et forums en France ; en mars 2008, le ministre de l’Education nationale Xavier Darcos lança les Assises de l’enseignement de la culture et langue arabes, au sein même de l’Assemblée nationale, événement parrainé par le Qatar.

    « Partenaire principal » (3) des révolutions arabes selon le chef des Frères musulmans tunisien Rached Ghannouchi, le Qatar ne se contente pas de financer les partis politiques liés à la confrérie, mais arme aussi les djihadistes en Syrie et en Libye. La guerre de Libye a d’ailleurs été entreprise par la France sous pression du Qatar. Sur le dossier syrien, les hommes politiques français les plus liés à l’émirat réclamèrent des frappes contre Damas en soutien aux djihadistes : en 2013, Alain Juppé réclama une ingérence sur le modèle du Kosovo en 1999, alors que Nicolas Sarkozy, rapportent ses proches au Figaro, aurait souhaité frapper Damas sans même l’aval de l’Assemblée nationale (4) !

    Affaiblie économiquement, la France n’ose pas fragiliser son partenariat stratégique avec les royaumes wahhabites orientaux, l’industrie de l’armement en France étant un des rares secteurs encore florissant, dont les exportations ont augmenté de 40% pour la seule année 2013.

    Cependant, l’extrême radicalité de l’islam diffusé par ces pays choque l’opinion et donc les sympathisants des partis politiques. Ainsi, Nicolas Sarkozy fut contraint de décrocher son téléphone en mars 2012 pour demander à l’émir du Qatar de retenir le cheikh Yussuf al Qaradawi, invité du congrès annuel de l’UOIF (branche française des Frères musulmans) : ses déclarations concernant le châtiment des apostats, des homosexuels et des juifs avaient du mal à passer inaperçus à l’ère des réseaux sociaux et des médias internet. Six autres conférenciers étrangers invités pour l’occasion virent leur autorisation de séjour suspendue, un mois après la tuerie de l’école juive de Toulouse par Mohamed Merah ; les options idéologiques antisémites de ce petit monde faisait désordre. D’autant que l’élection présidentielle se déroula en mai de la même année !

    Pour autant, localement, les maires UMP continuent de soutenir les mosquées de l’UOIF. A Beauvais, Metz, Nice, Bordeaux, Cannes, les élus de droite soutiennent activement leur implantation en trouvant parfois eux-mêmes les terrains, toujours au nom de la laïcité et de la liberté religieuses, notions pourtant clouées au pilori par la doctrine des Frères musulmans !

    Dans les prochaines décennies le maillage territorial des islamistes, tant au niveau des mosquées qu’au niveau des écoles, aggravera le communautarisme déjà bien enkysté dans les grandes agglomérations françaises.

    L’Europe de l’Ouest vieillit et a depuis longtemps baissé la garde quant à la défense de ses valeurs traditionnelles. Le « changement de civilisation », réclamé par la gauche française dans une vision post-chrétienne et nihiliste d’un homme nouveau déraciné, est mis en place par tout l’arc politique français. C’est aussi en ce sens qu’il faut comprendre le succès du Front national dans les urnes, et plus généralement celui des autres partis national-conservateurs d’Europe.

     Joachim Véliocas, 30/09/2014

    Joachim Véliocas est directeur de l’Observatoire de l’islamisation de Paris et auteur de Ces Maires qui courtisent l’islamisme (éditions Tatamis, 2010).

    SourcesNasz Dziennik, Sobota, 27 wresnia 2014 et L’Observatoire de l’islamisation,30/09/20

    Notes :

    (1)  L’auteur de ces lignes vivait encore récemment à Madrid.

    (2)  Propos rapportés dans le livre de Nicolas Beau et Jacques-Marie Bourget, Le Vilain Petit Qatar,, Fayard, 2014, p. 210.

    (3)  Interview au journal qatari Al Arab du 31 décembre 2012.

    (4)  « Syrie : ce que Sarkozy pense mais ne dit pas », Le Figaro, 5 septembre 2013.

    http://www.polemia.com/les-liens-france-qatar-espagne-arabie-saoudite/

  • Zemmour écrase les tristes…

    Samedi soir, très grand moment de télé sur France 2. À n’en point douter, les historiens du futur s’en serviront dans leurs cours magistraux ! « On n’est pas couché » accueillait, en effet, Éric Zemmour à l’occasion de la sortie de son opus « Le Suicide français ». De suicide, il en fut en effet question : celui d’une caste politico-médiatique aux abois, gonflée à l’hélium de son importance low cost.
    On le savait, on allait se régaler. Parce que Ruquier n’a pas fait les choses à moitié : Zemmour a été la star d’une émission fleuve ! Et face à l’essayiste réactionnaire, une armada bigarrée, réunissant quasiment tous les stéréotypes de boboland. Des journalistes englués dans la moraline, des potiches gay, un animateur venu vendre sa daube en boîte, et un politicard verdâtre pour le fun…
    Revue de troupe. Le fantastique Haineric Coran, tout d’abord. Respect, man. Un automate no steak dont il faut conserver précieusement chaque intervention. Un jour de déprime, repassez-le, et vous recevrez une décharge d’adrénaline pour vous remonter. Pour paraphraser Baldur von Schirach, quand je vois Haineric, je sors mon revolver. Mais avant de tirer, je lui ferai bouffer ses sources, histoire de. Le gaillard a pris une déculottée sur l’affaire de la « Ligne Azur ». Tête basse, il passa à un autre sujet.
    Léa Salami, ensuite. La jolie bécasse a pris du galon. Enfin, elle fait comme si. Brandissant son Paxton, genre étudiante en histoire diplômée du Monoprix Institute, elle attaque le polémiste sur Vichy : « Vous voulez réhabiliter Pétain, vous, le juif ? » Léa n’a pas pu s’en empêcher, elle relègue Zemmour à ses origines, lui qui ne les revendique jamais, lui qui se sent « fanatiquement français », selon la belle sentence de Las Cases. Argument Bonux machine, à hauteur de talon compensé. Et alors Zemmour se fait l’hallucinant avocat du maréchal : « Oui, il a sauvé des juifs ! » Défendre le viol des fillettes aurait été plus facile de nos jours. « Vous votez Marine, avouez-le. » Zemmour n’appuiera pas sur le bouton nucléaire.
    Requiem for a Dream. Descente aux enfers de la caste salamisée… Cohn-Bandit sur le fauteuil. « Vous êtes le roi de l’époque », sort Zemmour. Beaucoup ne comprennent pas. Et Denisot l’insipide qui se braque. Caméra plongeante sur l’actrice québécoise qui se dit « choquée » d’entendre un tel discours. À côté d’elle, un jeune réalisateur gay, blanc comme un linge. L’écrivain déconstruit la propagande homo depuis 40 ans. Pédagogue et imparable !
    Zemmour invoque de Gaulle, Napoléon, compare le rapport à la mystique des époques successives. Américanisés, canal plusisés, ils ne peuvent pas comprendre. Haineric insulte, Léa est grossière, Ruquier joue les idiots, l’actrice caquette son indignation, Cohn-Bandit surjoue, le gay blanchit encore. Zemmour est zen, il sait qu’il est désormais la voix de la France éternelle. Ironie de l’Histoire. Fabuleux destin pour ce fils de juif d’Algérie. N’en déplaise à toute l’anti-France.

    Joris Karl

    Source : Boulevard Voltaire :: lien

    http://www.voxnr.com/cc/tribune_libre/EuEkZplZyuKoNRUACE.shtml

  • LMPT : le plus important est de retirer la loi Taubira

    Le général Bruno Dary, ancien gouverneur militaire de Paris, présentait ce matinaux côtés de Ludovine de La Rochère, présidente, Tugdual Derville, porte-parole, et Albéric Dumont, coordinateur général, les pistes que le mouvement allait désormais explorer. Le plus important pour le mouvement reste de retirer la loi Taubira et de s’opposer à la gestation pour autrui (GPA), et à tout ce qui atteindrait la famille. Les manifestations ne sont pas la seule arme du mouvement.

    L’action politique pour l’abolition internationale des mères porteuses reste une priorité. Le mouvement va continuer à rencontrer des élus nationaux et européens pour agir de concert au sujet de la GPA.

    En France, LMPT compte bien peser sur les primaires de l’UMP et à se faire entendre par la majorité. Le mouvement est « à demi satisfait » que Nicolas Sarkozy propose la réécriture de la loi Taubira. « C’est un bon début, mais nous attendons de voir concrètement ce qu’il veut retoucher », nuance Ludovine de La Rochère.

    Par ailleurs, un rendez-vous a été demandé à Manuel Valls.

    LMPT entend également promouvoir des actions judiciaires contre les entreprises étrangères qui sollicitent sur le sol français des personnes pour qu’elles aient recours aux mères porteuses.

    Enfin, le mouvement entend poursuivre ses propositions pour la famille et l’enfant. Il va tenter de peser contre l’éducation des enfants à qui on apprend à l’école « l’indifférenciation homme/femme en guise d’égalité » et une éducation sexuelle qui laisse à désirer.

    Michel Janva

  • Guerre au PS : Martine Aubry ne recevra pas Manuel Valls !

    C’est un bruit qu’on entend résonner avec beaucoup d’insistance ces temps-ci : le PS pourrait bien ne pas survivre au mandat Hollande. Ni même au prochain congrès du PS dont la date est attendue par certains comme le condamné attend celle de son exécution.

    Les plus contestataires, d’ailleurs, accusent Cambadélis – leur nouveau patron – de « jouer la montre », soit tenter d’atteindre 2016 pour faire taire la bronca à un an des présidentielles… en espérant en reprendre pour un tour puisque c’est tout ce qui compte !

    M’étonnerait que ça dure jusque là… Entre un Montebourg que plus rien ne retient et dont la mégalomanie explose en vulgarité gouailleuse, des frondeurs ficelés sur leur machine à remonter le temps, des éléphants que rien ne peut déloger et un président-girouette qui passe son temps à défaire aujourd’hui ce qu’il a fait hier, les Français n’en peuvent plus. Les socialistes non plus, quel que soit leur courant.

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  • André Bercoff : sortie de son nouveau livre « Bernard Tapie, Marine Le Pen, la France, et moi »

    À l’occasion de la sortie le 9 octobre de son nouvel ouvrage – Bernard Tapie, Marine Le Pen, la France, et moi – aux éditions First, André Bercoff chronique l’implosion qu’il annonce en 8 épisodes. Ci-dessous, épisodes 1 et 2.

    Voir aussi sur LeFigaro.fr

    http://fr.novopress.info/176343/andre-bercoff-sortie-nouveau-livre-bernard-tapie-marine-pen-france/

  • Sarkozy, Hollande : pourquoi les Français ne veulent plus d’un président «authentique»

    Pour Vincent Coussedière, les Français attendent désormais une vraie politique plutôt que des postures d’authenticité et de sincérité.

    La conférence de presse de François Hollande, comme le retour de Nicolas Sarkozy sur France 2, apparaîtront, dans quelques années, lorsque le miroir du Spectacle se sera complètement brisé en dévoilant un réel qui le fonde et désormais ne le soutient plus, comme le sommet atteint par les élites françaises dans le renoncement à la politique. Comme le sommet aussi de la nullité du commentaire journalistique, ajoutant son propre néant au néant qu’il commente, espérant ainsi lui redonner un peu de réalité.

    Alors que tous les ressorts du Spectacle, si bien identifiés par Guy Debord, mais surestimés par lui dans leur pouvoir de se soumettre un peuple, sont aujourd’hui, aux yeux de ce même peuple, usés jusqu’à la corde, il n’y a plus que les «journalistes», titre encore trop noble dont on les honore, disons les «médiatiques», pour en être les croyants et les serviteurs, entretenant l’idée d’une quelconque opposition entre messieurs Hollande et Sarkozy. Ce qui crevait l’écran pourtant, pour qui voulait bien voir et entendre, sans s’en remettre aux précieux commentaires d’avant et d’après les deux prestations, c’est la profonde unité d’un monde qui s’effondre, et auxquels appartiennent pourtant nos deux hommes, s’accrochant à une promesse illusoire d’«authenticité», comme à une bouée de sauvetage.

    Ce monde, c’est celui de l’individu roi, l’individu auquel on croit s’adresser, l’individu qu’on entend être soi-même, en étant le Président authentique, qui, par un effort de sincérité et de voyage au plus profond de soi, retrouvera l’authenticité de tous les individus que sont désormais les français. Dans cette concurrence des authenticités, il n’est pas sûr que Nicolas Sarkozy soit celui qui s’en soit le mieux sorti. Au contraire, l’ancien président, désormais nouveau candidat, a eu du mal à effacer la position de force dans laquelle le plaçait désormais la déconfiture de Hollande. On aurait pu penser qu’il jouerait au contraire une autre carte que celle de l’authenticité, en comprenant que son échec de 2012 avait montré que les français attendaient autre chose, qu’ils attendaient une politique. Ce qui a lassé les français, ce n’est pas la personnalité de Nicolas Sarkozy, qui a bien des égards leur est plutôt sympathique. Ce qui a lassé les français, c’est qu’on les pense suffisamment naïfs pour leur faire croire qu’une personnalité puisse, à elle seule, tenir lieu de politique.

    C’est ce qu’avait compris François Hollande, en construisant sa victoire sur une soi-disant politique tout autant que sur le rejet de la constante mise en avant de la personnalité de Nicolas Sarkozy. Hollande a construit sa victoire sur une demi-habileté: celle du président normal. Les français ont cru que le président normal serait celui qui réintégrerait la normalité de la fonction présidentielle. Ils ont cru qu’on cesserait de les accabler avec la personnalité du président et que la personne privée s’effacerait de nouveau derrière une action au service de l’Etat. Ils n’ont pas compris qu’en plaçant sa campagne autour de l’enjeu du «président normal», Hollande montrait qu’il était totalement dominé par le tour authentique que Sarkozy avait donné à sa présidence. Car ce que Hollande entendait par «président normal», ce n’était pas le retour à la normalité de la fonction présidentielle, c’est-à-dire à son exceptionnalité. Il entendait opposer sur le plan de l’individualité son individualité normale à l’individualité exceptionnelle de Sarkozy. De ce fait, il montrait doublement sa soumission à Sarkozy. En reconnaissant d’une part, l’exceptionnalité de celui-ci, puisqu’il lui opposait sa propre normalité d’ «individu», en acceptant d’autre part, la réduction de la fonction présidentielle à la psychologie de l’individu qui l’incarne.

    Dans la logique commune qui est celle des deux présidents, consistant en une identification à la souffrance des français, sur fond de renoncement à la transcendance d’un bien commun, qui exigerait peut-être au contraire souffrances et sacrifices de ceux-ci, François Hollande possède désormais une longueur d’avance incontestable. Car Nicolas Sarkozy, malgré les coups subis lors des affaires judiciaires, malgré les atteintes dont il a argué devant Laurent Delahousse envers son «honneur», malgré aussi sa défaite de 2012, ne peut plus prétendre rivaliser avec les stigmates reçus par François Hollande. La conférence de presse de celui-ci en était l’image impressionnante: il est celui qui a le plus souffert et qui a décidé d’en faire son atout. Car rien ne rend authentique comme la souffrance. Il est le président carbonisé, le président au bord de la dépression. Mais il est alors du coup, si l’on pense que l’attente des français est l’attente d’être représentés dans leur «être» même, celui qui «représente» le mieux ceux-ci, celui qui, du fond de la souffrance et de la dépossession de soi, retrouve la souffrance et la dépossession des français. Comme il l’a dit lui même dans son entretien au Nouvel Observateur, chargé de dissiper l’épisode désastreux des «sans dents»: «je suis le président de ceux qui souffrent».

    Quant aux français, qui croyaient passer de la politique de l’authenticité à l’authenticité d’une politique, ils en sont pour leurs frais. Croyant s’être enfin débarrassés de la confusion entre privé et public, ils découvrent un Hollande dépouillé par la souffrance de sa raideur technocratique, capable d’une authenticité égalant celle de Sarkozy. Un boulevard reste donc ouvert pour celui ou celle qui aura compris que les français se font une idée beaucoup plus haute de la fonction présidentielle. Car ce que requiert l’ exceptionnalité de la fonction ne tient pas à la psychologie – exceptionnelle ou pas – d’un individu, mais au fait que celui-ci s’oublie comme individu, pour accéder à quelque chose qui le dépasse, quelque chose comme la France, par exemple

    Vincent Coussedière, 30/09/2014

    Vincent Coussedière est agrégé de philosophie et auteur d’Eloge du populisme (Elya éditions).

    Source : FIGAROVOX/TRIBUNE
    http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2014/09/30/31001-20140930ARTFIG00239-sarkozy-hollande-pourquoi-les-francais-ne-veulent-plus-d-un-president-authentique.php

    Voir : Non, Nicolas Sarkozy n’a pas changé
    http://www.polemia.com/non-nicolas-sarkozy-na-pas-change/

    http://www.polemia.com/sarkozy-hollande-pourquoi-les-francais-ne-veulent-plus-dun-president-authentique/