Le débat sur l’immigration, avec la montée du Front National dans les scrutins électoraux, oblige de plus en plus les partis libéraux à se positionner dans un équilibre assez instable.
Quelques petites phrases bien dosées ici ou là laissent supposer une prise de conscience. Mais en réalité, il n’en n’est rien et ces saillies ne sont en général qu’à usage démagogique ou dues à un emportement passager, vite rappelé à l’ordre par les états-majors. La gauche, selon qu’elle soit extrême ou modérée, militera en faveur de toujours plus de droits aux étrangers avec quelques nuances de laïcisme plus ou moins radical, en fonction de l’héritage républicain que l’on revendique. A droite, un schéma un peu différent amènera à une posture de modération par rapport aux revendications orchestrées des étrangers pour que soient reconnus leurs « droits ». Mais, cette posture sera aussitôt assortie d’un discours fataliste sur le phénomène d’immigration qu’on ne peut endiguer à cause de la mondialisation. En conclusion, on nous donnera la petite note optimiste pour un avenir cosmopolite « où tout le monde s’aimera » ! On reconnait là, à gauche comme à droite, les fluctuations prudentes du personnel politique, circonscrites par la pensée libérale et les injonctions du MEDEF. Cette pensée libérale se caractérise, comme nous le rappelle Jean Claude Michéa dans « l’Empire du moindre mal » (1), précisément par une absence de pensée, de culture puisque ce sont les marchés qui doivent mécaniquement réguler la société des hommes en établissant la justice et que les cultures et religions ne sont plus que de décoratifs accessoires, des options dérisoires, sans impact sur les finalités de la société humaine qui consistent essentiellement au bien-être individuel. Nous avons pu assister récemment à la télé à un échange intéressant entre Marion Maréchal Le Pen et Alain Juppé. La première se disait favorable à l’assimilation tandis que le second défendait l’intégration. Nous savons bien à l’Action française combien ces mots sont piégés et que la vraie problématique n’est plus tant dans la « manière » d’accueillir que dans « quoi » on accueille. Quelle communauté historique, solidaire, culturelle ? La notion de choc des civilisations, invoquée par Samuel Hutington, repose sur un malentendu qui consiste à confondre la société « occidentale aux fondations chrétiennes » avec la société libérale, matérialiste, antisociale et jouisseuse qu’elle est devenue. Sans revenir sur les travaux de Renaud Camus, inventeur de la notion du « Grand remplacement », l’immigration sans discontinuer en France depuis un demi-siècle signifie aujourd’hui six millions de musulmans au bas mot. Pas seulement six millions d’immigrés ou de Français d’origine immigrée, mais six millions de personnes pratiquant une religion étrangère aux traditions et coutumes de ce pays, voire opposée pour ne pas dire ennemie dans l’histoire des peuples. Mais le plus stupéfiant est que la fracture ne se situe pas dans l’opposition historique entre le christianisme et l’Islam, mais entre la représentation que s’en font les musulmans à travers le prisme d’une société complètement sécularisée face à leur propre religion soumise à l’ordre d’un créateur. Camel Bechickh, Président du mouvement : « Fils de France », déclare qu’une vraie société française bien ancrée dans ses valeurs catholiques communiquerait mieux avec les ressortissants de confession musulmane. En effet, les valeurs de l’Islam, ne serait-ce que parce qu’elles placent l’Homme dans une perspective sacrée de créature appelée à retourner vers son créateur, sont plus proches des valeurs de la chrétienté que de celles de la société libérale athée et désespérément horizontale. (Je ne parle pas de cet Islamisme barbare qui se signale dans les pays livrés au chaos par la volonté de l’Oncle Sam et la veulerie des Européens) Il ressort donc que la première condition à remplir chez nous, en France fille ainée de l’Eglise, pour éviter le choc annoncé, est de revenir aux valeurs fondatrices de notre civilisation. C’est peut-être le rôle stimulant et providentiel de l’Islam, que de réveiller la chrétienté enfouie au cœur du peuple franc. Quand l’Action française proclame : « Rendons les Français à la France », nous ne disons rien d’autre. Cela ne veut pas dire, car je vois déjà se dresser les imprécateurs de l’apocalypse, qu’il ne faille pas traiter les aberrations de l’immigration continue, revenir sur la double peine, envisager la déchéance de nationalité pour les délinquants nouvellement naturalisés, créer les conditions diplomatiques et économiques d’un retour chez eux du plus grand nombre d’immigrés… Mais toutes ces mesures et bien d’autres encore, restent des mesures techniques qui ne sont possibles notamment que par un changement de régime, une restauration des prérogatives de l’Etat, sa sortie de l’UE et de toutes les organisations supranationales qui portent atteinte à sa souveraineté, le retour de la France vers une politique méditerranéenne indépendante… Pour autant, dans la situation factuelle que nous traversons, je ne vois pas d’autre digue face à l’Islam (qui peut aussi jouer le rôle de passerelle), que le retour de l’Eglise en force dans notre patrie, n’en déplaise aux disciples de Ferdinand Buisson.
Olivier Perceval
(1) Flammarion, collection champ d’essai.