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  • Pourquoi nous manifestons contre le centre de recherches en nanotechnologies Minatec

    Le 1er juin 2006, l’inauguration de Minatec, premier centre de recherche européen en matière de nanotechnologies, a été le théâtre d’importantes manifestations et actions (violemment réprimées par la police), visant à combattre l’établissement d’un centre pourvoyeur de « nécrotechnologies » en plein cœur de l’agglomération grenobloise. Dans toute la France, une campagne d’information et de mobilisation avait précédé le contre-rassemblement. 

    Contre l’invasion des mouchards électroniques 

    Puces à radio-fréquence lisibles à distance (RFID) dans tous les objets quotidiens et les papiers d’identité, sous la peau des animaux et des hommes ; micro-capteurs disséminés dans l’environnement et sur les personnes ; poussières de surveillance (« smart dust ») ; capteurs biométriques ; caméras « intelligentes » : ces outils de surveillance sont en grande partie conçus dans les laboratoires grenoblois. Bientôt, nous ne pourrons plus faire un pas, dire un mot, acheter un produit sans être tracés et fichés. Un monde totalitaire où l’idée même de contestation sera obsolète. 

    Nous ne voulons ni des OGM ni des OAM (organismes atomiquement modifiés) 

    Après les manipulations génétiques, les manipulations atomiques : les nanotechnologies s’attaquent à notre alimentation et à l’agriculture. Des chercheurs utilisent les nanoparticules pour introduire de l’ADN étranger dans les cellules de végétaux et produire des protéines aux caractéristiques nouvelles. Les agriculteurs seront bientôt contraints d’utiliser pesticides nano-encapsulés, nanoparticules vétérinaires, et de pucer leurs animaux. On sait pourtant produire de la nourriture saine avec des méthodes simples. L’industrie une fois de plus s’emploie à nous l’interdire. 

    Nous refusons la gadgetterie électronique 

    Outre les nanomatériaux et les nanoparticules, l’industrie compte sur les « objets communicants » pour doper ses ventes. Stylos, frigos, vêtements, électroménager, téléphones : tous les objets seront connectés. On appelle ça « l’intelligence ambiante ». Un concept marketing pour nous faire consommer toujours plus de gadgets inutiles, polluants à fabriquer et à éliminer. Vous n’en avez pas besoin ? Si, répondent les « sociologues des usages » de l’IDEAs Lab à Minatec, payés pour nous faire gober la pacotille nano-fashion. 

    Contre les nanoparticules, « amiante bis » 

    Faites inhaler des nanotubes de carbone à des rats : leurs poumons ressemblent à ceux des victimes de l’amiante. Faites nager des perches dans un bain de fullerènes : elles développent de multiples anomalies cellulaires. Les nanoparticules sont déjà dans les crèmes solaires, les verres autonettoyants ou certains pneus. Des toxicologues ont montré que leur petite taille leur permet de circuler partout dans le corps, le sang ou la barrière de protection du cerveau. A votre avis, pourquoi les assureurs refusent-ils d’assurer les risques sanitaires et environnementaux des nano ? 

    Nous refusons (aussi) les armes du futur 

    Les nanotechnologies servent aussi à faire la guerre. La Délégation générale pour l’armement a signé un accord avec le Commissariat à l’énergie atomique (CEA), qui lui donne accès aux dernières avancées de Minatec, lui permet de choisir des sujets de thèse et d’orienter les recherches. Déjà, les chercheurs conçoivent obus « intelligents », microdones, textiles camoufleurs et communicants, capteurs chimiques et biologiques, micro-sources d’énergie, armes à visée infrarouge, micro-capsules pour produits toxiques, exosquelettes, et autres outils de la mort. 

    Nous ne voulons pas de l’homme-machine 

    Nous refusons le projet des « technologies convergentes » (biotech, nanotech, informatique et sciences cognitives) qui consiste à créer une race d’hommes « amélioré » à l’aide d’implants et de prothèses électroniques, et qui aboutira beaucoup plus sûrement à l’automatisation de l’espèce humaine : des robots. 

    Nous refusons la dictature du système technicien 

    « Les nanotechnologies vont révolutionner nos vies », promettent chercheurs et industriels, comme ils l’ont déjà fait pour les OGM et le nucléaire. Investissements, infrastructures, contrats, chercheurs, tout est en place pour la révolution. Une fois les décisions prises, à Paris comme à Grenoble, ont lieu de vastes débats démocratiques pour parler au grand public d’expertise et de gestion des risques : « Nanotechnologies : quels enjeux ? » à la Cité des sciences, cycle de conférences à la cité universitaires, etc. Au fond, quoi de plus efficace que la politique du fait accompli ? 

    Des opposants de Grenoble et d’ailleurs aux nanotechnologies

    http://www.oragesdacier.info/

  • Hongrie: une grande révolution conservatrice en marche

    Y a-t-il un modèle hongrois de résistance à l’ordre mondial ? Le point de vue de l’essayiste espagnol Javier Portella.

    « Non, la démocratie n’est pas du tout menacée en Hongrie. Aussi bien les libertés publiques que les règles du jeu démocratique sont parfaitement respectées par cette véritable « révolution conservatrice » (…) dirigée par le Fidesz de Viktor Orbán. »

    Face à la perte de toutes sortes de racines : culturelles, historiques, spirituelles, face à l’évanouissement de l’identité de nos peuples plongés dans la vulgarité de l’homme-masse – cet être à la fois individualiste et grégaire pour qui seules les questions immédiates comptent et seules les choses plaisantes importent –, la nation hongroise est en train de suivre un chemin profondément différent qui, depuis 2010, l’a conduite à s’écarter résolument de la voie libérale. Dans tous les domaines. Non seulement dans la sphère économique : dans les domaines culturel, spirituel, politique aussi.


    Si le peuple magyar s’écarte du libéralisme, serait-ce pour renier la démocratie et tomber dans les griffes d’une dictature d’extrême droite, « fasciste » même, comme les oligarques de la Nouvelle Classe, burocrates de Bruxelles en tête, ont accusé les dirigeants hongrois ? C’est même d’un « nouveau Mussolini » que la presse anglo-saxonne a parlé à propos du premier ministre Viktor Orbán (1).

    Non, la démocratie n’est pas du tout menacée en Hongrie. Aussi bien les libertés publiques que les règles du jeu démocratique sont parfaitement respectées par cette véritable « révolution conservatrice » (faisons un clin d’œil à la Konservative Revolution allemande des années 1920) dirigée par le Fidesz de Viktor Orbán, le parti qui, après avoir remporté avec une majorité absolue les élections de 2010 (52,73% des voix et deux tiers des sièges), a réussi à faire sortir la Hongrie de la débâcle où des années d’incurie socialiste l’avaient plongée. Dans la mesure où, loin de limiter les libertés publiques, c’est le pouvoir de la banque qui a été restreint, et, donc, sa capacité d’influencer les grands groupes médiatiques (nationalisation du Magyar Kereskedelmi Bank, MKB, avec achat de 99% de ses parts à la banque allemande Bayerische Landesbank), les règles de la pluralité démocratique se trouvent bien mieux respectées que sous la dictature de la pensée unique que la Nouvelle Classe financière et médiatique impose partout.

    Une Nouvelle Classe qui doit bien trembler en entendant des proclamations comme celles que fait le gouvernement de Viktor Orbán :

    « Nous proclamons que nous incombe l’obligation générale d’aider les plus vulnérables, les plus démunis. Nous proclamons que l’objectif commun des citoyens et de l’Etat est d’atteindre le plus haut niveau possible de bien-être, ainsi que la sécurité, l’ordre, la justice et la liberté pour tous. Nous proclamons que la démocratie n’est possible que dans la mesure où l’Etat est au service des citoyens et administre ses affaires de façon équitable, sans abuser de son pouvoir et sans leur porter des préjudices. »

    Quelle horreur ! Des mesures d’intervention économique de la part de l’Etat ! Aïe, aïe, aïe ! vont s’exclamer les naïfs… ou les intéressés à la préservation du pouvoir ploutocratique qui nous gouverne. Ces pauvres Hongrois, vont-ils poursuivre, viennent de se débarrasser du communisme, et les voilà sur le point d’y retomber. Quel fiasco doit être leur économie !

    Aucun fiasco, bien au contraire. Les résultats économiques – compte tenu surtout de la déconfiture d’où vient le pays – sont excellents. La Hongrie a pu sortir de la situation de faillite où elle se trouvait en 2010, lorsque le pays était intervenu par le FMI et par la Commission européenne, le produit intérieur brut se trouvait en chute libre (-6,8% en 2009), la dette publique galopait jusqu’à 82% du PIB, et la Banque centrale annonçait une banqueroute imminente. Qui plus est, en rompant avec des politiques jusque-là soumises aux diktats du capitalisme international – une dépendance qui a été qualifiée de « coloniale » par Viktor Orbán –, le gouvernement du Fidesz a réussi à faire sortir le pays de la récession et à réduire l’inflation en 2013 à 1,3%, le PIB ayant augmenté entre 2010 et 2013 d’une moyenne annuelle de 1%. Et alors que l’économie des pays de l’Union européenne stagnait (croissance zéro au deuxième semestre de 2014), c’est au grand étonnement de tous que la Hongrie parvenait à croître de 3,9%, son taux le plus élevé depuis 2006.

    Ceci pour ce qui concerne les résultats économiques. Quant au risque de retomber dans le communisme, soyons sérieux ! Chat échaudé craint l’eau froide, comme on le sait bien. Or le pays, plus qu’échaudé, a été ébouillanté… deux fois, même, de surcroît. Car les brutalités du nazisme, la Hongrie les a connues aussi, même si leur durée a été bien plus courte (à l’occasion du 70anniversaire de l’occupation nazie de 1944, un monument consacré à la mémoire des victimes vient cette année d’être inauguré justement dans le centre de Budapest).

    Bref, il n’y a en Hongrie aucune sorte de nostalgie pour les deux grands épouvantails auxquels les tenants du libéralisme font sans cesse référence, partout, de façon compulsive, comme s’ils n’avaient pas de meilleur argument à faire valoir – et ils n’en ont pas, en effet. Ils peuvent continuer à pousser de hauts cris et à agiter à l’encontre de la Hongrie autant de fantômes dictatoriaux qu’ils voudront (Bruxelles a même brandi la menace d’une expulsion de l’Union européenne), ce qui est en jeu dans le pays magyar n’a rien à voir ni avec la momie nazie ni avec le fossile communiste. Ce qui est en jeu en Hongrie va bien au-delà des schémas, vieux, vides, usés jusqu’à la corde, de « droite » et de « gauche ».

    La question nationale

    Ecoutons de nouveau les naïfs ou les intéressés : « Bon, bon, mais que me dites-vous de ce nationalisme arrogant, asservissant, de cette chose poussiéreuse, d’un autre temps, que les Hongrois sont en train de déployer à l’encontre notamment des peuples voisins ? »

    Ça y est ! Nous voilà face à l’éternelle confusion (en partie voulue). Elle consiste à amalgamer le patriotisme et le chauvinisme, à mettre dans le même sac la défense de la nation et l’arrogance asservissante, bornée, du nationalisme. C’est vrai, les deux se sont dans le passé trouvées confondues, pour notre malheur, plus d’une fois. Est-ce le cas aujourd’hui en Hongrie ?

    On peut en douter. Voyons ce qui, avec des mots qui grincent d’ailleurs à l’oreille de l’homme apatride d’aujourd’hui, est proclamé par la Constitution de 2011 :

    « Nous, membres de la nation hongroise, conscients en ce début de millénaire, de notre responsabilité pour l’ensemble de tous les Hongrois, nous proclamons ce qui suit :

    « Nous sommes fiers que notre roi Saint-Etienne ait fermement constitué l’Etat hongrois, ayant réussi à faire en sorte que notre pays fasse partie depuis mille ans de l’Europe chrétienne.

    « Nous sommes fiers de nos ancêtres, qui luttèrent pour la survie, la liberté et l’indépendance de notre pays. […] Nous sommes fiers que, pendant des siècles, notre peuple ait défendu l’Europe les armes à la main [allusion au rôle joué par la Hongrie face à l’invasion musulmane] et qu’il ait enrichi les valeurs communes de l’Europe par son talent et par ses actions. »

    L’idée même de Nation est inconcevable sans la prégnance du passé, sans la marque de la tradition qui, comme le dit Dominique Venner, « n’est pas le passé », ce qui est révolu, « mais ce qui ne passe pas ». Or, la Nation serait également inconcevable si elle ne se tendait pas tout autant vers l’avenir. La Nation – ce tout organique, supérieur à l’addition des parties qui le composent – n’est rien d’autre, finalement, que le lien constituant un peuple à travers le lien qui tient unis les morts, les vivants et ceux à venir (2).

    C’est pourquoi la Constitution hongroise proclame avec une pareille fermeté :

    « Après les décennies qui nous ont plongés au cours du XXsiècle dans un état de délabrement moral, nous avons toujours besoin d’une renaissance spirituelle et intellectuelle. C’est avec espoir que nous envisageons un avenir qui nous concerne nous tous et très particulièrement les générations les plus jeunes. Nous sommes convaincus que, grâce à leur talent, leur persistance et leur force morale, nos enfants et petits-enfants parviendront à redonner à la Hongrie la grandeur qui lui appartient. Notre Loi fondamentale sera le socle de notre ordonnancement juridique : une alliance entre les Hongrois du passé, du présent et de l’avenir. C’est là un cadre vivant où se trouve exprimée la volonté de la nation et la façon dont nous voulons vivre. »

    Parler d’identité nationale implique de parler aussi des rapports avec d’autres identités nationales – des rapports qui, souvent, ne sont pas particulièrement calmes et paisibles… C’est pourquoi il convient de souligner ces mots de la nouvelle Constitution hongroise :

    « Nous proclamons que les nationalités qui vivent avec nous font partie de la communauté politique hongroise et sont parties constitutives de l’Etat. Nous nous engageons à promouvoir et à sauvegarder notre héritage et notre langue hongroise, ainsi que la culture, la langue et l’héritage des nationalités qui vivent en Hongrie, tout comme les biens naturels et les œuvres exécutées par la main de l’homme dans la vallée des Carpates.

    « Nous sommes responsables vis-à-vis de nos descendants. C’est pourquoi il nous faut protéger les conditions de vie des futures générations en faisant un usage prudent de nos ressources matérielles, intellectuelles et naturelles. Nous croyons que notre culture nationale constitue un apport précieux à la diversité de l’unité européenne. »

    L’invocation à l’Europe, à son présent et à son passé, est sans équivoque, omniprésente. La question est donc : une telle invocation européenne est-elle compatible avec la défense de la grandeur de la nation qui l’invoque (hé oui : c’est bien de grandeur, non d’utilité ou de rentabilité, que ces gens-là parlent) ? Les deux exigences sont non seulement compatibles mais indispensables. Il est indispensable de proclamer notre appartenance simultanée, conjointe, aux deux patries : à notre grande patrie européenne et à notre « petite patrie » (patria chica, dit-on en espagnol), là où se trouvent nos racines les plus intimes, immédiates, proprement nationales.

    Qu’en est-il des autres « petites patries » ? Qu’en est-il des autres peuples et nationalités avec lesquels la Hongrie se trouve impliquée dans ce grand entrecroisement de peuples et de langues qu’est l’Europe centrale (cet enchevêtrement que l’Empire austro-hongrois tâcha de résoudre tant bien que mal : plutôt bien, d’ailleurs, bien mieux, certes, que les Etats dont le cloisonnement fut imposé par les puissances victorieuses en 1918, lorsque la première partie de notre guerre civile européenne prit fin).

    Qu’en est-il, plus concrètement, de la Transylvanie ?

    Composée de populations aussi bien hongroises que roumaines, elle avait fait partie de la Hongrie jusqu’en 1918. Depuis lors, elle fait partie de la Roumanie. Fidèle à son principe selon lequel « La Hongrie a le devoir de prendre en charge le destin des Hongrois vivant en dehors de ses frontières », le nouvel Etat magyar – c’est bien d’un nouvel Etat qu’il s’agit, non seulement d’un nouveau gouvernement – a octroyé aux habitants hongrois de la Transylvanie aussi bien la nationalité que le droit au vote, en même temps qu’il prenait différentes mesures vouées à promouvoir la langue et la culture hongroises : des mesures qui sont en elles-mêmes, il va sans dire, hautement conflictuelles, mais dont il n’a jusqu’à présent découlé aucun véritable conflit.

    La question, d’une façon plus générale, est la suivante : ce profond patriotisme qui traverse la Hongrie a-t-il quelque chose à voir (ou non) avec le chauvinisme borné et insolent dont l’agressivité a dans le passé été à la source de tant de maux en Europe ? Cette renaissance de l’idée même de Nation a-t-elle quelque chose à voir (ou non) avec le fanatisme frustre et sectaire qui n’est capable d’affirmer son identité qu’à travers le rejet de l’Autre, comme on le sait si bien en Espagne, où un tel démon s’est emparé de certaines de ses régions ? A la lumière des données dont on dispose, tel ne semble pas être un mal affligeant le pays magyar.

    La question religieuse

    Il reste l’autre grande question : celle de la religion, celle de cet étrange pays qui, dans l’Europe d’aujourd’hui, a l’audace d’invoquer publiquement, officiellement, Dieu et la chrétienté. « Que Dieu bénisse les Hongrois ! », peut-on lire dans le frontispice de la Constitution (un endroit plus convenable, au demeurant, que les billets de banque d’un certain pays où on peut lire « In God we trust »). C’est ainsi que commence la Constitution qui proclame que la Hongrie est un Etat officiellement chrétien. Cohérent avec une telle proclamation, le gouvernement actuel, dont la devise est « Soli Deo Gloria », a pris plusieurs mesures destinées à promouvoir la culture chrétienne (quel que soit le jugement qu’on porte sur le christianisme, voilà qui est toujours préférable à la promotion de la culture nihiliste…), en même temps qu’il s’est consacré à la défense de la famille et au combat contre l’avortement.

    Et pourtant, le divorce n’a pas été interdit, ni l’avortement pénalisé. Qui plus est, le nombre de divorces et d’avortements est toujours très élevé en Hongrie, pays qui occupe la troisième place dans le classement mondial de ruptures matrimoniales (65% des mariages contractés finissent par un divorce). En ce qui concerne les mesures prises pour lutter contre l’avortement (dont le chiffre double le taux, déjà très élevé, existant par exemple en Espagne), elles se limitent à l’information et à la propagande en faveur d’une croissance démographique jugée clé pour l’avenir du pays. Pour tout dire, on a même l’impression que les raisons d’ordre démographique l’emportent largement, dans l’esprit des dirigeants hongrois, sur les motivations proprement religieuses.

    Dans des propos qui d’ailleurs heurtent de front la position du Vatican, c’est ainsi que Viktor Orbán s’explique au sujet de la crise démographique subie par l’Europe… et de l’immigration de peuplement avec laquelle certains prétendent la résoudre.

    « L’immigration massive ne peut nullement résoudre le problème auquel l’Europe doit faire face. […] L’histoire a démontré que les civilisations qui ne sont pas biologiquement capables de se perpétuer elles-mêmes sont vouées à disparaître – et elles disparaissent. Tel est le cas de notre civilisation, de l’Europe. L’immigration massive, proposée par certains afin d’y remédier, provoque des tensions qui, du fait des différences culturelles, religieuses et de style de vie, font augmenter les conflits et les secousses politiques. Le bon sens commande à l’Europe de faire face à ses problèmes démographiques par une voie naturelle qui respecte et protège la famille et la paternité. »

    Que reste-t-il alors de l’invocation chrétienne que le nouvel Etat fait avec tant d’ardeur ? Il reste l’essentiel. Ce qui devrait, en tout cas, être l’essentiel : la dimension symbolique, rituelle, propre à toute religion.

    Non pas la prétention à commander la vie et à réglementer la conduite des mortels. La prétention, par contre, à être le signe – et signe collectif, signe pour l’ensemble d’un peuple – du grand, du saisissant mystère par lequel le monde est. Un signe, un symbole qui, pour le peuple hongrois, prend particulièrement forme, par exemple, lors des célébrations annuelles du 20 août, jour de la Fête nationale, autour de la figure du roi saint Etienne, lorsque les autorités de l’Etat participent à la messe solennelle célébrée à la basilique de Budapest, tandis que les forces armées se joignent à la procession qui, portant la relique du fondateur de la patrie, parcourt solennellement, au milieu d’une foule aussi grande que fervente, les rues de la capitale.

    Que Dieu bénisse les Hongrois !

    Que Dieu et les anciens dieux des Européens nous bénissent tous !

    Javier Portella, /12/2014

    Notes : 

    1. Damien Sharkov, « Hungary’s Mussolini Vows to Make the EU Member an “Illiberal State” », Newsweek, 30.7.2014.
    2. Même lorsque, dans la vision libérale du monde, la Nation est affirmée avec force – aux Etats-Unis aujourd’hui, par exemple, ou en Europe hier –, ce n’est jamais comme un tout organique que la communauté nationale est conçue. Elle est envisagée comme une association dont les membres – « les citoyens » – se retrouvent dans une sorte de Grand Club régi par un fameux Contrat. Il en va de même pour le passé, pour la tradition. On peut, certes, dans la vision libérale du monde, s’intéresser au passé, porter sur lui le regard amusé (ou savant) qu’on accorde aux choses curieuses, pittoresques : un regard qui, du même coup, interdit que le passé soit ressenti comme le lien vivant qui nous relie à la source qui nous fait être. C’est dans ses Statuts eux-mêmes que la Nation-Club, cette association aussi atomisée que grégaire, porte inscrite la marque de la dissolution. Ce n’est donc pas étonnant qu’un tel Club ait fini par être dissous.

    http://www.polemia.com/hongrie-une-grande-revolution-conservatrice-en-marche/

  • Entretien avec Didier Patte, président du Mouvement normand – Réforme des régions : “Une formule technocratique” (Présent 8247)

    Didier Patte est le président du Mouvement normand depuis sa création en 1969. Enseignant en sciences humaines et en culture normande, il a présidé la Caisse d’allocations familiales de l’Eure du 1984 à 2006. Il a siégé au Conseil économique et social de la région Haute-Normandie de 1984 à 2006. Que pense-t-il de la réforme des régions, grand chantier socialiste de l’automne ?

    Eric Zemmour, dans Le Suicide français, affirme que la décentralisation/régionalisation est l’une des étapes du déclin suicidaire de notre pays. Qu’en pensez-vous ?

    Contrairement à la réponse que vous attendez peut-être de la part d’un régionaliste, j’estime qu’Eric Zemmour a, à la fois, tort et raison…

    S’agit-il d’une autre formulation du fameux adage normand « P’tet ben qu’oui, p’tet ben que non » ?

    Nullement. Seulement l’expression de l’esprit de nuance que le politologue havrais, André Siegfried, reconnaissait aux Normands pour lesquels « La vérité n’est jamais entièrement du même côté » ! Je m’explique : Eric Zemmour, avec juste raison, part d’une réalité : la France est un Etat-nation et non une nation-Etat. Par suite, toute remise en cause de la toute-puissance de l’Etat est une menace pour la cohésion de la France et le fameux « effort multiséculaire de centralisation » a longtemps été constitutif de l’espace français. Nos rois, nos empereurs, nos républiques ont tous tiré dans la même direction : renforcer le pouvoir de l’Etat afin d’unir « l’agrégat inconstitué de peuples désunis » de ce qui est devenu l’Hexagone. Au Mouvement normand, nous avons le parti pris d’assumer notre histoire, toute notre histoire, et nous relevons qu’à toutes les époques, même aux temps de la Normandie ducale (911-1204), la Normandie a été terre de France, terre du royaume de France…

    Même quand les ducs de Normandie étaient rois d’Angleterre ?

    Les ducs-rois étaient pairs de France… et, en y regardant bien, ce furent, la plupart du temps, les monarques français qui cherchèrent noise à ces vassaux trop puissants, ducs de Normandie et rois d’Angleterre. Bref, pour en revenir aux propos d’Eric Zemmour, toute remise en cause de l’Etat par des tendances plus ou moins centrifuges est un danger pour la France et, si Eric Zemmour considère que la décentralisation/régionalisation est un démantèlement des prérogatives régaliennes de l’Etat, alors il a raison. Si, à l’inverse, les régions n’ont pas la prétention d’empiéter sur ces prérogatives régaliennes de l’Etat, il faut voir dans les « trois actes de décentralisation » (nous en sommes présentement au troisième depuis 1969) une volonté de plus grande efficacité dans la gouvernance du pays (premier point), de souci d’un aménagement équilibré du territoire (second point), de participation de tous les citoyens dans la gestion à leur niveau des affaires quotidiennes.

     

     

    Une du numéro 8247 de "Présent"

    Une du numéro 8247 de “Présent”

    C’est bien beau tout cela, mais l’Ecosse, mais la Catalogne, mais la Ligue du Nord en Italie, mais, peut-être, demain, la Corse, le Pays basque…

     

    Ne comparons pas ce qui n’est pas comparable. Sous l’égide de l’Etat tutélaire, il existe un « peuple français » issu de toutes les composantes ethniques et régionales enracinées de l’espace France. Nous, Normands, nous en faisons partie, ce qui signifie que, bien que nous ayons une identité particulière, un passé singulier, nous avons un présent et un avenir obligatoirement dans la cohérence de l’ensemble. Et c’est là qu’Eric Zemmour a tort : il confond régionalisme et séparatisme. Le Mouvement normand est régionaliste, il n’est pas nationalitaire. Je tiendrais le même raisonnement si j’étais Poitevin, Alsacien ou Provençal. Notre régionalisme est participatif, nullement exclusif. Nous ne faisons pas du jacobinisme au petit pied…

    Vous seriez plutôt girondin…

    Si vous entendez par « girondisme » une sorte de fédéralisme, ma réponse sera négative. En effet, l’éventualité d’un fédéralisme à la française n’est plus concevable si l’on considère qu’à cause de l’hypercentralisation la région parisienne représente le cinquième de la population française et, sans doute, plus du tiers de la richesse produite en France. Voilà le motif premier de notre combat régionaliste : l’hypertrophie de la région-capitale déséquilibre l’ensemble et nous revendiquons un aménagement du territoire plus équilibré. Nous considérons que cette hypertrophie centrale anémie le reste du pays, dont la Normandie. Dans le même temps, nous refusons que la métropolisation au profit des grandes villes instaure une micro-centralisation et crée des sortes de « ploukistans », non seulement dans le rural, mais aussi au détriment des villes moyennes.

    L’Acte III de la décentralisation que l’Etat met actuellement en chantier permettra-t-il de corriger les effets néfastes de l’hypercentralisation, d’une part, de la micro-centralisation, d’autre part ?

    J’en doute, mais il ne faut pas insulter l’avenir. Que voulons-nous ? Qu’à partir des « régions vraies », toutes les parties de la France retrouvent un dynamisme plus ou moins confisqué aujourd’hui.

    Qu’entendez-vous par « régions vraies » ?

    Pour nous, il s’agit de régions à forte personnalité, s’appuyant sur le legs de l’histoire, cultivant une forte identité, jouant de tous leurs atouts, qui ne sont pas les mêmes selon les diverses régions de l’Hexagone, apportant à l’ensemble français la richesse de leurs potentialités. Ce peut être le cas de la Normandie.

    Précisez… et dans le même temps, pensez-vous que l’exemple de la Normandie soit reproductible dans toutes les régions préconisées par le gouvernement actuel ?

    La Normandie est une région essentiellement et originellement maritime. C’est la rencontre de la mer (la Manche) et d’un fleuve (la Seine). C’est la porte océane de la mégalopole parisienne et elle avait besoin d’être redevenue elle-même pour fonder un véritable partenariat avec la capitale.

    Qu’entendez-vous par le fait pour la Normandie de redevenir elle-même ?

    Depuis 1956, la Normandie était divisée en deux mini-régions, la haute et la basse Normandie. Depuis 1969, le Mouvement normand a lutté pour la réunification de la Normandie. Le projet gouvernemental prévoit la fusion des deux mini-régions et l’on peut remarquer qu’aucune voix ne s’élève contre la perspective de la réunification. Ce n’est pas le cas avec la plupart des fusions prévues de régions. Vouloir diviser par deux le nombre des régions est une formule… très technocratique. Cela se justifie pleinement pour la Normandie, peut-être aussi pour la Bourgogne et la Franche-Comté, mais quid d’un ensemble Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon ? La carte proposée par le Sénat (15 régions au lieu de 12) nous paraît mieux adaptée aux réalités de terrain.

    Vous remettez donc en cause le fait que ce soit le pouvoir central qui décide des fusions…

    Pas vraiment. Un Etat centralisé ne peut mener une vraie décentralisation que s’il décide lui-même de la création des nouvelles régions et des pouvoirs de celles-ci. Le problème, c’est l’esprit de système (ou de copinage…) qui a présidé à cette importante mutation. L’intention du projet de loi est bonne, sa mise en œuvre nous paraît ratée… sauf pour la Normandie.

    Propos recueillis par Guillaume Lanfranc

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  • L'interdiction du feu de cheminée c'est de l'absurditude

    Ségolène Royal, ministre de l'environnement, veut revenir sur l'arrêté préfectoral interdisant les feux de cheminée en Ile-de-France. Elle a qualifié l'interdiction des feux dans les cheminées à foyer ouvert en Ile de France de «décision un peu absurde. On était dans le ridicule, je vais faire changer cette décision». Elle a indiqué que de toutes façons, cette mesure ne serait «pas appliquée car il n'y a pas de sanctions». Et elle ajoute :

    «J'encourage le chauffage au bois».

    Elle ne souhaite pas pénaliser la filière biomasse et elle ne souhaite pas que toute la filière bois pâtisse de cette mesure.

    Michel Janva

  • La reprise en Espagne … 34% des travailleurs espagnols ne gagnent pas plus de 752 euros par moi

    Plus d’un tiers des travailleurs espagnols gagnent le salaire minimum du pays, le « SMI » fixé à 9 034 euros par an, soit 752 euros par mois, indiquent des chiffres que le ministère espagnol du Travail a publiés cette semaine. Les trois quarts des salariés de moins de 25 ans (74,7% précisément) sont rémunérés au SMI. Pour les moins de 18 ans, cette proportion grimpe même jusqu’à 86%.

    Dans le groupe d’âge des 26-35 ans, le nombre de personnes rétribuées au salaire minimum passe à 38%. Les données du ministère des Finances montrent également que 7,7 millions de salariés espagnols gagnent 1 000 euros par mois au plus. Dans le pays, on leur a donné le surnom de «mileuristas »

    En 2013, le salaire moyen en Espagne s’est établi à 18 505 euros annuels, soit 1 542 euros par mois, soit 1,4% de moins que celui de l’année dernière.

    En septembre, l’OCDE avait averti l’Espagne OCDE que la baisse des salaires mettrait la reprise en péril en générant de la déflation et en réduisant la consommation. Cependant, d’un autre côté, le FMI a encouragé l’Espagne à baisser ses salaires. En Décembre 2013, le pays avait gelé son salaire minimum. Selon les syndicats, les familles ont perdu 5,5% de pouvoir d’achat par rapport à 2010.

    Le salaire minimum de l’Espagne est légèrement supérieur à celui de la Grèce (683,76 euros), mais plus faible que celui de l’Italie (880 euros), ou de la France (1430 euros). Le Portugal est le  pays d’Europe occidentale avec le salaire minimum le plus faible (565 euros).

    En Belgique, le salaire minimum est 1 501 euros pour les employés âgés de plus de 21 ans. Outre les trois pays du Benelux, il n’y a qu’au Royaume-Uni, en Irlande et en France, que le salaire minimum dépasse les 1.000 euros par mois.

    En Allemagne, il existe désormais aussi un salaire minimum, fixé à 8,5 euros de l’heure.

    Express.be

    http://fortune.fdesouche.com/363239-la-reprise-en-espagne-34-des-travailleurs-espagnols-ne-gagnent-pas-plus-de-752-euros-par-mois

  • Contrat de désendettement et de développement : François Hollande offre 1 milliard d’euros à la Côte d’Ivoire

    Dans un article du Point du 4 décembre 2014, nous apprenons que Hollande débloque 1 milliard d’euros pour la Côte d’Ivoire, cette somme constituant la deuxième tranche d’un contrat de désendettement et de développement (C2D) conclu entre la France et la Côte d’Ivoire le 1er décembre 2012.

    « Tout le monde » est paraît-il d’accord sur le montant d’une deuxième tranche de plus d’un milliard d’euros, qui portera sur des secteurs prioritaires pour la Côte d’Ivoire et pour la France : éducation, santé, développement urbain et infrastructures de transports. Tout en poursuivant une coopération en matière de justice, a affirmé le président de la République à l’issue d’un entretien avec son homologue ivoirien Alassane Ouattara, reçu à l’Élysée le 4 décembre, la France veut encourager et appuyer le développement de la Côte d’Ivoire, insistant sur la nécessité de préserver la “stabilité” du pays (pour oublier le désordre régnant chez nous ?).

    Puis souhaitant que l’élection présidentielle ivoirienne prévue en octobre 2015 puisse avoir lieu dans la transparence et le pluralisme, pour reprendre des termes bien a lui, François Hollande a insisté auprès de son homologue pour que la réforme de l’armée ivoirienne puisse s’accélérer afin de garantir une paix durable. Lorsqu’on pense aux coupes sombres effectuées par lui à l’armée française et à son manque d’égards envers nos militaires…

    O. Guelfucci

    http://fr.novopress.info/179563/contrat-desendettement-developpement-francois-hollande-offre-1-milliard-deuros-cote-divoire/

  • La religion de la République propose 25 mesures laïcistes

    Et c'est l'AFP qui nous en informe :

    G"Modification de la Constitution, sortie progressive du régime concordataire en Alsace-Moselle, interdiction des signes religieux à la fac, neutralité des accompagnateurs de sorties scolaires... Les francs-maçons du Grand-Orient de France ont fait mardi 25 propositions pour un "renforcement" de la laïcité.

    La principale obédience maçonnique française (50.000 membres) a choisi le 9 décembre, jour-anniversaire de l'adoption de la loi de 1905 portant séparation des Eglises et de l'Etat, pour présenter ses initiatives "pour une République laïque au XXIe siècle"."

    En pleine polémique autour des crèches de Noël dans des bâtiments publics, l'obédience juge que

    "la notion de laïcité est affaiblie voire dénaturée par tous ceux qui souhaitent en assouplir les règles au nom d'une vision communautariste de la société, ou au contraire la durcir pour interdire toute expression des convictions religieuses dans l'espace civil".

    Le GOF veut graver dans le marbre de la Constitution les deux premiers articles de la loi de 1905, mettre un terme au financement public des activités cultuelles (même musulmanes ?).

    Et la séparation du GOF et de la République, c'est pour quand ?

    Michel Janva