"1. Le Christ est un personnage historique. Personne, si l'on excepte quelques libres penseurs, ne le conteste. Il est vrai qu'on ne sait, en dehors des Évangiles et de saint Paul, presque rien sur le christ. Néanmoins les historiens Suétone et Tacite, au début du second siècle, mentionnent son nom.[...]
2. Les Évangiles appartiennent de plein droit à l'histoire de la littérature. Si la date de rédaction des quatre évangiles demeure débattue et leurs auteurs toujours au cœur des travaux exégétiques des spécialistes, ces textes écrits à l'origine en grec, sans doute dans la seconde moitié du premier siècle, sont à la source d'une véritable révolution littéraire.[...]
3. Saint Paul (vers 8- vers 64) a eu un rôle historique. Il est le premier à vouloir délivrer le message des Évangiles à des non-Juifs, les païens, les Gentils. Il eut même le courage ou l'outrecuidance de plaider pour son Dieu en ce haut-lieu de la pensée rationnelle grecque, l'Aréopage d'Athènes, avec un succès tout relatif.[...]
4. L'empereur Constantin (306-337), en se convertissant au christianisme, a modifié le cours de l'histoire européenne. Cela s'est passé le 28 octobre 312.[...]
5. L'Antiquité tardive, disons de Constantin à 476, date de la déposition du dernier empereur d'Occident, fut dominée par deux phénomènes: la résistance plus ou moins organisée aux pressions des peuples barbares et le conflit pagano-chrétien.Le christianisme ne s'est imposé que lentement et le paganisme ne s'est pas éteint spontanément de sa belle mort.[...]
6. La littérature latine chrétienne, qu'elle soit antérieure à la victoire du christianisme, du temps des persécutions (Tertullien), ou postérieure, lorsqu'elle défendra et illustrera les vertus chrétiennes et de ses nouveaux héros, les saints (la Vie de saint Martin par Sulpice Sévère) ou les moines (saint Jérôme), constitue un vaste corpus, d'une richesse remarquable. Elle déconcerte parfois par ses outrances et ses innovations. Mais elle a produit des chefs-d'œuvre incontestables.[...]
7. À saint Augustin nous devons encore une autre découverte: celle de la grâce. Il n'appartient à personne de se croire sauvé et la foi pourvoit seule à ce à quoi les œuvres ne peuvent prétendre.[...]
8. L'histoire des idées ne serait pas non plus ce qu'elle est si le christianisme n'avait inventé la notion d'incarnation. L'idée même qu'un dieu ait accepté de lui-même de renoncer au confort de ses attributs divins pour s'identifier à l'humaine faiblesse et médiocrité est absolument inconnue des Anciens.[...]
9. L'idée de transcendance précisément appartient dans son absolu au christianisme. Bien sûr l'Un-Bien souverain des néoplatoniciens est une transcendance. Mais les chrétiens ont développé en quelque sorte le concept jusqu'à ses dernières conséquences.[...]
10. Une part du christianisme enfin s'est appelée catholicisme, à partir du Concile de Nicée réuni par Constantin en 325.L'idée cette fois est contenue dans l'étymologie de ce terme grec: «catholique» signifie «universel». Le catholicisme est une religion prosélyte.[...]