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  • Les mouvances islamistes et l’histoire de l’islamisme moderne

    Nous publions ici la suite du texte fouillé de Richard Robert, ancien militant islamiste converti au christianisme et revenu de ses errements passés, détenu depuis plus de dix ans, (d’abord au Maroc, puis actuellement à la prison centrale de Moulins-Yzeure), qui analyse la doctrine, le prosélytisme et le développement de l’idéologie islamiste. Nous laissons à l’auteur la responsabilité de certains de ses propos, que nous ne partageons pas nécessairement, libre également à chacun de ne pas en adopter forcément toutes les assertions et éclairages. Mais en tout état de cause, ce texte nous paraît inciter à la réflexion, au débat, et améliorer nos connaissances sur ce sujet d’une importance cruciale.

    Les mouvances islamistes et l’histoire de l’islamisme moderne

    La mouvance islamiste se développe sur une période de 50 ans, entre les années 1940 et 1990. L’œuvre de l’égyptien Hassan al-Banna (1906-1949), le fondateur des Frères Musulmans, est sa base idéologique. Bien que la mouvance ne soit pas homogène et qu’il y ait eu des scissions au cours des années il y a des points en commun entre les différents groupes. Ses militants sont rarement des mollahs (titre donné aux personnalités religieuses, docteurs de la shari’a), mais des jeunes sortis du système scolaire moderne.

    Les islamistes voient dans l’islam autant une religion qu’une idéologie. Pour eux, la prise du pouvoir   constitue un moyen adéquat pour réislamiser les sociétés corrompues par des valeurs occidentales. Ils se servent des sciences et des technologies du monde contemporain pour parvenir à leur but.

    Contrairement aux oulémas (le corps des lettrés, des docteurs de la shari’a), ils ne préconisent donc pas simplement un retour à ce qui existait avant le délaissement de la shari’a, mais ils mettent les technologies modernes au service du politique pour avoir une emprise totale sur la société.

    Dans ce sens, les islamistes sont des purs produits du monde moderne bien que leur discours officiel aille à l’encontre de la modernité. Pour eux, il n’y a qu’un islam, celui des temps de Mahomet, dévoyé par la suite. Leur littérature reflète cet imaginaire politique islamique: la première communauté des croyants au temps de Mahomet et des quatre premiers califes y est idéalisée. Sur ce point les islamistes rejoignent l’enseignement orthodoxe des oulémas, que le politologue Olivier Roy appelle le fondamentalisme stricto sensu.

    En quoi se distinguent donc les islamistes des oulémas? Tout d’abord, pour les islamistes, l’islamisation de la société est le résultat d’une action politique révolutionnaire : il faut sortir de la mosquée, car l’islam est un concept global et totalisant. Il ne suffit pas que la société soit composée de musulmans, il faut qu’elle soit islamique dans son fondement et sa structure.

    Les islamistes introduisent donc une distinction linguistique entre ce qui est musulman et ce qui est islamique. Cette distinction légitime d’ailleurs l’usage du terme islamiste. Mais au final, ils reprennent la vision classique de l’islam selon laquelle l’islam est un système complet et universel qui n’a pas besoin de se moderniser ou de s’adapter. La différence entre l’islamisme et le fondamentalisme est donc essentiellement que les islamistes veulent passer à l’action, tandis que les fondamentalistes des oulémas se contentent d’un discours théorique.

    Le deuxième point qui oppose les islamistes aux oulémas concerne la shari’a. Les islamistes reprochent aux instances religieuses officielles leur servilité par rapport aux pouvoirs politiques en place. Cette servilité amène les oulémas à accepter jusqu’à un certain point un pouvoir laïque et des lois non conformes à la shari’a, Bref, une séparation rudimentaire du politique et du religieux dont la conséquence directe est une certaine laïcisation du droit.

    Pour leur part, les islamistes ne se contentent pas d’un simple retour à la shari’a. De leur point de vue l’islam n’est pas uniquement l’application de la loi divine mais une idéologie totalisante qui doit d’abord transformer la société pour qu’ensuite la shari’a puisse être instaurée. L’islamicité de l’Etat est donc plus importante que l’application formaliste de la shari’a qui, de toute façon, n’a de sens que dans une société vraiment islamique.

    Les islamistes se réfèrent à Mahomet qui ne légiféra qu’après avoir pris le contrôle de Médine, la cité qui devint ainsi le premier Etat islamique appliquant la shari’a.

    Le dernier point dans lequel les islamistes se distinguent des fondamentalistes des oulémas concerne la femme. Pendant que le mépris des oulémas pour les femmes peut aller jusqu’à leur interdire le droit de citer le Coran à haute voix, certains islamistes se montrent en plus favorables à l’éducation des femmes et à leur participation à la vie politique et sociale: La femme islamiste milite, étudie et a le droit de travailler, mais en portant le hijab.

    L’obsession de ces islamistes n’est pas tant de ramener les femmes à la maison que de séparer les sexes dans l’espace public. Ils imposent donc des zones spécifiques pour les femmes dans les mosquées et les lieux publics. Bref, le vrai tabou est donc pour les islamistes celui de la mixité.

    Il est courant d’entendre dans les médias que le foulard islamique représenterait une certaine modération par rapport à la burqa, mais il faut toujours avoir cette vérité à l’esprit : si le hijab donne une forme de liberté à la femme, c’est parce qu’il la rend presque invisible.

    Sa portée repose sur une lecture purement littéraliste et anhistorique du verset 51 de la sourate 24 du Coran: Ô, prophète. Dis à tes épouses, tes filles et aux femmes des croyants de se recouvrir de leurs voiles. C’est pour elles le meilleur moyen de se faire connaître et de ne pas être offensées.

    Pour comprendre le sens de ce verset, il faut savoir dans quelles conditions il a été énoncé : Selon la tradition (sounna), il n’existait pas de toilettes dans les demeures de Médine. Quand les femmes devaient sortir la nuit elles croisaient sur leur chemin les prostituées de la cité. Afin de protéger les femmes respectables des avances déplacées et des injures dont sont généralement la cible les péripatéticiennes, Mahomet leur a ordonné de se vêtir d’une certaine manière afin que les clients fassent la différence ente les femmes de bonne vertu et celles qui ont la cuisse légère.

    Comme le harcèlement sexuel est un délit en France et dans la majorité des pays musulmans, le hijab n’aurait donc théoriquement plus sa raison d’être dans ces pays. Mais malheureusement, à ce sujet les islamistes et les fondamentalistes partagent le même littéralisme: pour eux, l’ordre de porter le hijab est intemporel et valable pour l’éternité et indépendamment du fait que les conditions sociales des musulmans aient changé.

    Ils perpétuent également l’image dégradée d’une femme faible et toujours prête à se laisser entraîner au vice. Le thème biblique d‘Eve créée d’une côte d’Adam et responsable du premier fruit défendu dans lequel l’homme a croqué leur sert de preuve que la faiblesse de la femme est intrinsèque à sa  nature.

    C’est seulement l’obligation de réconcilier deux objectifs opposés, d’un côté quitter la réclusion, de l’autre côté garder la pudeur islamique, qui a conduit les islamistes à  inventer de nouvelles tenues vestimentaires plus « modernes » (fichu, imperméables ou manteau). Mais même si les contours ont changé, la doctrine reste la même que celle des oulémas : le corps des femmes est jugé impur.

    Pour être complet, la différence de formes et d’envergure de la burqa par rapport au hijab est due à l’authentification ou au rejet d’une tradition qui faisait état du port d’un voile qui laissait apparaître le visage d’une des femmes de Mahomet (Aïcha, sa plus jeune épouse).

     Pour instaurer la société islamique, les mouvements islamistes oscillent entre deux stratégies: pour les révolutionnaires, l’islamisation de la société passe par le pouvoir d’Etat. Les néo-fondamentalistes visent une réislamisation par le bas à travers une action aussi bien politique que sociale. La divergence entre ces deux stratégies ne porte pas sur la nécessité d’un Etat islamique, mais sur les moyens pour y parvenir et sur l’attitude à adopter à l’égard des pouvoirs en place.

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  • Municipale partielle à Pia (66) : le FN face à 2 candidats de gauche

    Le socialiste Michel Maffre est arrivé en tête (40,25 %) lors de la municipale partielle dimanche à Pia, dans les Pyrénées-Orientales. Le second tour, le 13 septembre, l'opposera au FN (24,49 %) et au maire sortant Guy Parès (DVG - 35,26 %). Il n'y avait aucun candidat des Républicains.

    Michel Janva

  • Spengler par Roger Hervé

    Le 8 mai 1936, mourait à Munich l’un des hommes qui ont le plus fait, dans la crise profonde de la défaite allemande, pour maintenir intact le moral de son pays et rendre possible un redressement : celui que nous voyons se développer sous nos yeux. Cet homme est en outre un cerveau de premier ordre, un de ces savants gigantesques — comme il en apparaît quelques-uns au cours de l’histoire de l’Europe, depuis Roger Bacon jusqu’à Vinci, Descartes, Newton, … — sorte de Titan spirituel, sur les découvertes duquel repose, avouée ou non, une grande partie de l’orientation de la pensée contemporaine.

    Ce philosophe — puisque les travaux historiques d’Oswald Spengler sont en quelque sorte “enveloppés” dans une philosophie — a été cependant assez peu remarqué en France, dans la période qui a suivi immédiatement la Première Guerre mondiale (1). En Allemagne, son Déclin de l’Occident (Untergang des Abendlandes) a connu un succès sans précédent pour un ouvrage aussi sévère, puisqu’il dépasse aujourd’hui le 110e mille — succès d’actualité, mais également succès de profondeur. Le livre venait “à son heure”, au moment où la défaite semblait contredire les aspirations de la grande majorité des Allemands et les livrer au désespoir ; il leur démontrait, par l’alliance d’une immense érudition et d’une pensée rigoureuse, l’inanité de la philosophie du progrès généralement admise et les voies qu’ils devaient adopter désormais, s’ils voulaient se relever.

    Aujourd’hui, les idées de Spengler ont disparu au second plan, dépassées qu’elles sont par la poussée plus apparente des sentiments de race, des mystiques de l’ordre, voire même de la pure apologie de la force. Elles n’en subsistent pas moins dans le domaine intellectuel — face à l’expansion véritablement angoissante du raisonnement matérialiste dans la masse des peuples blancs — comme l’expression profonde et authentique de tous les jeunes mouvements révolutionnaires, de ceux qui ne veulent pas subir la “mécanisation” envahissante, et qui ne la subiront pas. Il serait temps qu’en France, et particulièrement en Bretagne, cet ensemble de découvertes de l’ordre psychologique soit pris à sa juste valeur, que l’âme celtique soit mise désormais, et maintenue irrémédiablement, en face d’un système qui lui est si intimement apparenté et qui, convenablement appliqué, peut faire jaillir son renouveau.

    Oswald Spengler est né en 1880, dans la petite ville de Blankenburg-en-Harz. De confession luthérienne, comme un grand nombre de ses compatriotes, il fit des études littéraires et scientifiques très complètes aux grandes Universités de Halle, Munich, Berlin, et il fut reçu docteur en philosophie en 1904 avec une thèse sur l’ancien penseur grec Héraclite d’Éphèse. Il nous raconte lui-même, dans l’Introduction de son grand ouvrage (paragr. 16), comment il fut amené, dans les années qui précédèrent la guerre de 1914, à concevoir toute l’étendue de son système de l’histoire (2). Les approches d’un grand conflit européen ne lui ont pas échappé ; cette marche fatale des événements l’inquiète : « En 1911, étudiant certains événements politiques du temps présent, et les conséquences qu’on en pouvait tirer pour l’avenir, je m’étais proposé de rassembler quelques éléments tirés d’un horizon plus large ». En historien, il tente de comprendre sans parti-pris, de s’expliquer les tendances actuelles à l’aide de son expérience des faits anciens : « Au cours de ce travail, d’abord restreint, la conviction s’était faite en moi que, pour comprendre réellement notre époque, il fallait une documentation beaucoup plus vaste. […] Je vis clairement qu’un problème politique ne pouvait pas se comprendre par la politique même et que des éléments essentiels, qui y jouent un rôle très profond, ne se manifestent souvent d’une manière concrète que dans le domaine de l’art, souvent même uniquement dans la forme des idées. […] Ainsi, le thème primitif prit des proportions considérables ».

    L’histoire de l’Europe lui apparaît dès lors sous un jour tout nouveau : « Je compris qu’un fragment d’histoire ne pouvait être réellement éclairci avant que le mystère de l’histoire universelle en général ne fût lui-même tiré au clair. […] Je vis le présent (la guerre mondiale imminente) sous un jour tout différent. Ce n’était plus une figure exceptionnelle, qui n’a lieu qu’une fois, mais le type d’un tournant de l’histoire qui avait depuis des siècles sa place prédéterminée ». Un système s’est fait en son esprit, qui ne lui laisse plus de doutes sur la marche générale de l’histoire — et point seulement celle de notre civilisation européenne : « Plus de doute : l’identité d’abord bizarre, puis évidente, entre la perspective de la peinture à l’huile, l’imprimerie, le système de crédit, les armes à feu, la musique contrapuntique et, d’autre part, la statue nue, la polis, la monnaie grecque d’argent, en tant qu’expressions diverses d’un seul et même principe psychique ». Chaque civilisation suit un cours qui lui est propre, avec une rigueur entière et véritablement impressionnante. Du même coup, il a saisi le sens profond de l’inquiétude de l’homme moderne et il en ressent comme une assurance, délivré qu’il est de ses manifestations multiples et contradictoires :

    « Une foule de questions et de réponses très passionnées, paraissant aujourd’hui dans des milliers de livres et de brochures, mais éparpillées, isolées, ne dépassant pas l’horizon d’une spécialité, et qui par conséquent enthousiasment, oppressent, embrouillent, mais sans libérer, marquent cette grande crise. […] Citons la décadence de l’art, le doute croissant sur la valeur de la science ; les problèmes ardus nés de la victoire de la ville mondiale sur la campagne : dénatalité, exode rural, rang social du prolétariat en fluctuation ; la crise du matérialisme, du socialisme, du parlementarisme, l’attitude de l’individu envers l’État ; le problème de la propriété et celui du mariage, qui en dépend. […] Chacun y avait deviné quelque chose, personne n’a trouvé, de son point de vue étroit, la solution unique générale qui planait dans l’air depuis Nietzsche. […] La solution se présenta nettement à mes yeux, en traits gigantesques, avec une entière nécessité intérieure, reposant sur un principe unique qui restait à trouver, qui m’avait hanté et passionné depuis ma jeunesse et qui m’affligeait, parce que j’en sentais l’existence sans pouvoir l’embrasser. C’est ainsi que naquit, d’une occasion quelque peu fortuite, ce livre… Le thème restreint est donc une analyse du déclin de la culture européenne d’Occident, répandue aujourd’hui sur toute la surface du globe ».

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  • ÉDITORIAL DE L’Action Française 2915 : Déferlement migratoire : la solution est d’abord nationale

    À peine l’Action française bouclait-elle son université d’été – la plus ancienne du paysage politique français puisque datant de 1953 –, que socialistes et écologistes organisaient leurs raouts de rentrée sur fond de querelles intestines (à La Rochelle, Valls était hué par les Jeunes Socialistes) et de démissions (les écologistes Rugy et Placé ont préféré leurs ambitions ministérielles à leurs convictions politiques). Toutefois, avant même la rentrée politique officielle, l’été n’aura pas été avare en événements à la fois tragiques et inquiétants, qui ont donné à nos démagogues l’occasion de déverser leurs propos irresponsables.

     

    Nous pensons évidemment au raz-de-marée migratoire, en Méditerranée et en Europe orientale : c’est désormais à flots continus que déferlent des "réfugiés", terme compassionnel à l’emploi mensonger, puisqu’il mêle, à de vrais persécutés politiques que nous nous devons d’accueillir au nom de notre double tradition capétienne et chrétienne, une masse toujours recommencée d’insatisfaits économiques venus profiter des largesses offertes par une Europe prétendument riche. Le problème est que le "migrant", autre terme, qui s’oppose à l’"immigré", au "sans-papier" ou au "clandestin" aux connotations péjoratives, comme pour signifier une nouvelle dimension humaine adaptée au mondialisme, est devenu la figure du Pauvre absolu, incarnation de l’Humanité souffrante, justification d’une gauche qui a dérapé de l’internationalisme au mondialisme et cherche ainsi à dissimuler sa trahison de l’ouvrier français.

    L’angélisme niais de quelques prélats

    Quant à la droite supranationale, elle a toujours favorisé, et favoriserait encore si elle revenait au pouvoir, l’immigration, car elle y voit la possibilité de développer le marché tout en pesant sur les salaires et les conditions de travail. Il faut enfin évoquer l’angélisme niais de quelques prélats dont les positions, comme le déclarait récemment Stéphane Blanchonnet, « aussi paresseuses qu’iréniques – un humanisme déconnecté du réel qui confond la vertu d’hospitalité, qui doit rester individuelle et volontaire, et l’accueil forcé de masses de migrants qui menacent notre culture et notre mode de vie – sont aussi incompréhensibles que suicidaires ». Arrive-t-il aux droits-de-l’hommistes de toutes obédiences de s’interroger sur leur responsabilité morale dans les catastrophes humaines liées à ces déplacements de population ? Tant leurs propos que leur politique constituent de véritables appels d’air dont seuls profitent les passeurs...

    La palme de la bêtise revient à Emmanuelle Cosse, la patronne des écologistes, qui, appelant ouvertement à la libanisation de la France, a prôné sur I-Télé, le mardi 25 août, l’accueil par la France, comme au Liban, de 25 % de sa population en "migrants", soit plus de quinze millions de "réfugiés" ! « Nous sommes un pays extrêmement riche qui a des capacités d’accueil extrêmement fortes. [...] Donnons le message que nous accueillons tout le monde et que nous pouvons leur donner des droits. » Elle qui aspire à devenir en 2017 "cheffe" de l’État – mais le propre de la République n’est-il pas de permettre à n’importe qui d’accéder au poste suprême ? –, sait-elle ce qu’a coûté au Liban, qui en subit toujours les conséquences, l’accueil en trop grand nombre de réfugiés dans les années 1970 ? Et ce que coûtera à ce même pays cette nouvelle déferlante encore plus considérable, alors qu’il traverse une énième crise politique ?

    Les diktats d’Angela Merkel

    Or, cette déclaration irresponsable, notre Premier ministre l’a avalisée, à La Rochelle, le 30 août : les migrants, qui « fuient la guerre, les persécutions, la torture, les oppressions, doivent être accueillis » en France et « traités dignement, abrités, soignés »... aux frais d’une République qui s’apprête à fermer un service d’urgences hospitalières sur dix ? Ce faisant, il ne fait que s’incliner devant les diktats d’Angela Merkel qui, de mère-fouettarde des Grecs, qu’elle condamne à une régression sociale et sanitaire sans précédent, est devenue, contre ses compatriotes qui n’hésitent plus à la conspuer, comme en Saxe le 26 août, la mère Teresa des "réfugiés", osant donner des leçons d’humanité à l’Europe entière, comme dans l’affaire du camion-tombeau trouvé en Autriche. Ou comment se refaire une virginité humanitaire à bon compte auprès de l’opinion publique européenne tout en favorisant l’arrivée d’une main-d’œuvre corvéable à merci – le droit social allemand n’est pas le droit français – dans un pays qui ne fait plus d’enfants. Valls, qui veut faire plaisir à Cameron autant qu’à Merkel, a également annoncé la construction d’un camp de mille cinq cents places à Calais pour 25 millions d’euros, dont 5 payés par l’Europe, c’est-à-dire toujours par nous puisque notre pays est contributeur net au budget européen. Et ce, au seul bénéfice de la politique de contrôle des frontières des Britanniques qui n’appartiennent pas à l’espace Schengen ! Comprenne qui pourra ! Ou plutôt qui s’en donne les moyens. Ce que font apparemment les Hongrois qui, s’étant dotés depuis 2010 d’un gouvernement patriote, ont décidé de prendre à bras-le-corps la question du déferlement migratoire. D’où l’ire de Laurent Fabius, dont les propos imbéciles, ce 31 août, ont provoqué une crise diplomatique entre Paris et Budapest, la Hongrie étant accusée par notre ministre des Affaires étrangères de ne pas « respecte[r] [...] les valeurs communes de l’Europe » pour avoir érigé une clôture à sa frontière avec la Serbie. « Il apparaît que certaines personnes en Europe sont toujours incapables de comprendre quelle pression stupéfiante et dramatique subit la Hongrie du fait de la migration via les Balkans de l’Ouest », lui a rétorqué son homologue hongrois, M. Szijjarto, avant de convoquer un représentant de l’ambassade de France.

    La Hongrie a compris

    Sous prétexte que la solution au problème de l’invasion migratoire serait "européenne", Hollande et Merkel veulent « unifier » le droit d’asile (déclaration commune du 24 août), c’est-à-dire permettre à Bruxelles, sous autorité allemande, de nous imposer des millions de "réfugiés"... La Hongrie a, au contraire, compris que les premières solutions sont nationales puisque Bruxelles favorise cette « pression stupéfiante » au nom d’un mondialisme forcené, ennemi de l’identité des peuples. Ensuite, devront nécessairement venir des solutions non pas "européennes", au sens bruxellois – ou allemand – du terme, mais inter-nationales, c’est-à-dire prises de concert par plusieurs États souverains : européens, africains, proche et moyen-orientaux. Ce qui suppose, évidemment, que la France ait auparavant recouvré son indépendance...

    François Marcilhac - L’Action Française 2915

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?EDITORIAL-DE-L-Action-Francaise,9332

  • Napoléon : Pourquoi la chute ?

    La chute ? C’est toute l’histoire de Napoléon Bonaparte que raconte de Villepin. Mais la problématique de la chute est bien centrale. Car il s’agit de voir, dès les succès, la naissance des failles, les premiers signes de possible échec. Des failles qui s’agrandissent de plus en plus, à mesure que, de la domination de la frange occidentale de l’Europe, Napoléon veut passer à la domination de l’Europe entière.

    Napoléon, c’est le grand écart entre la gloire et la fragilité. Voilà ce que montre, avec un incontestable bonheur d’écriture, Dominique de Villepin. L’ouvrage de l’ancien premier ministre n’est pas inédit. Il regroupe utilement ses trois livres sur Napoléon. Si les sources historiques utilisées sont connues, l’intérêt du livre est le regard politique. Il est de montrer les faiblesses, vite croissantes, de la construction politique de Napoléon. Des faiblesses qui se sont accrues en fonction de nombre des inflexions que prend l’Empereur.

    Villepin aide à comprendre les moments-clés où s’ouvrent les failles. Il faut ainsi faire remonter la fragilité de l’Empire, au plan extérieur, à la deuxième partie de la campagne de 1806-1807. Nous sommes au moment où la France, après avoir battu la Prusse, s‘engage en Pologne et en Prusse orientale, sans avoir pu ou voulu, par une paix modérée, dissocier la Prusse de la Russie. Et c’est l’accord bancal de Tilsit. L’alliance russe est un mirage car Napoléon n’y met pas le prix, refusant d’abandonner son soutien relatif à l’Empire Ottoman. Le moignon de Pologne créé en 1807 est aussi, d’emblée, une source de discorde à venir. Combien il eut été plus utile de laisser ce moignon à la Prusse, la laissant puissance oppressive des Polonais, situation inconfortable, et de lui prendre la Silésie au profit de la Saxe limitrophe. Renforcer les petites et moyennes puissances au détriment des grandes et ne pas charger la France de responsabilités territoriales excessives.

    L’alliance autrichienne, ensuite, après Wagram, – demi-victoire bien loin d’Austerlitz – est, elle aussi, un leurre. L’Autrice est trop diminuée territorialement pour considérer cette alliance comme autre chose qu’une temporisation. En outre, au plan intérieur français, le mariage autrichien marque un reniement des principes de la Révolution qui met Napoléon en porte à faux. L’homme qui avait stabilisé la Révolution devient tout autre chose : celui qui la renie. Le titre du chapitre de Villepin sur la période 1810-1811 est justement cela : le reniement. La création de la noblesse d’Empire en 1808 pouvait encore s’inscrire dans la ligne de l’élitisme républicain et de la récompense non héréditaire de la vertu. Le mariage autrichien marque par contre une rupture. Napoléon devient hanté par ce qu’il n’a pas : l’ancestralité. Celle-ci est pourtant ce que le peuple ne lui a jamais demandé. Cela met Napoléon dans une situation parfaitement fausse.

    Le mariage autrichien et l’alliance qui l’accompagne prend, en outre, la place d’une autre politique étrangère. Depuis 1803, la France était en Allemagne la protectrice des petites nations. Parmi les principales de ces petites nations étaient la Bavière et la Saxe. Or, elles ne gagnent rien à l’alliance autrichienne mais au contraire y perdent. Après la paix de 1809 entre la France et l’Autriche, la Bavière perd le Trentin Haut Adige, au profit du Royaume d’Italie napoléonien. La Saxe ne règne que nominalement sur le Grand-Duché de Varsovie, agrandi en 1809. L’alliance entre la France et les petites nations, qu’un mariage avec une princesse de Saxe aurait pu symboliser en 1810, cède la place avec une illusion glorieuse d’alliance avec une puissance qui, à tort ou à raison, symbolise l’ordre ancien pour les Français. Villepin voit bien cela : en 1810, Napoléon n’écoute plus son peuple comme il le faisait au tout début de l’Empire.

    En Pologne, Napoléon en fait trop ou trop peu. Pas assez pour recréer une Pologne, trop pour ne pas inquiéter la Russie, mais aussi l’Autriche. Si, en 1812, Napoléon s’assure l’alliance de la Prusse, il ne lui promet rien comme acquis territorial, ni la Lituanie, ni la Livonie, ni même la Courlande. Rien non plus de clair comme contrepartie de la participation militaire autrichienne. Envisager l’échange Galicie autrichienne contre Illyrie n’est pas un acquis pour l’Autriche. Il veut l’aide autrichienne sans vouloir pleinement une alliance, qui supposerait une égalité.

    Autre erreur : la politique du blocus continental. L’idée d’une guerre économique contre la Grande Bretagne comme moyen de l’affaiblir n’est évidemment pas idiote. Mais ses conséquences sont telles qu’elle oblige à une domination de toute l’Europe. L’affaire d’Espagne, catastrophique en ouvrant un deuxième front au sud de la France, alors que l’Espagne était un allié contre l’Angleterre, relève en partie de cette stratégie de domination de toute l’Europe, et aussi de la perte du sens des réalités et des proportions par Napoléon.

    Ne rien vouloir lâcher vraiment sera aussi la cause de la perte du Grand Empire en 1813. Pourquoi laisser plus de 100 000 hommes de bonnes troupes à Dresde, Dantzig, etc ? Dans le domaine de la diplomatie comme de l’art de la guerre, Napoléon perd le sens de la manœuvre et de la surprise. La campagne de 1812, sans un seul objectif politique clair, si ce n’est celui, illusoire, d’amener le Tsar à une nouvelle alliance, est caractéristique, tout autant que de la démesure, de ce que Napoléon n’arrive plus à choisir entre les options qui s’offrent à lui.

    Il croit pouvoir tout avoir : l’alliance autrichienne sans rien donner à l’Autriche, le soutien des Polonais sans leur donner l’indépendance, le soutien prussien sans contreparties aucune, la soumission des Espagnols au roi Joseph tout en annexant à l’Empire français une partie de l’Espagne (la Catalogne en 1812), etc.

    Les Cent jours cristallisent toutes les faiblesses de Napoléon. Époux délaissé par Marie Louise, et, plus grave encore, son fils retenu en otage à Vienne, Napoléon est quand même prisonnier de cette fiction de « beau-fils » de l’Empereur d’Autriche qui lui enlève la possibilité d’un robespierrisme contrôlé et mesuré, qui, pourtant, s’imposait. Napoléon ne peut envisager la voie d’une « dictature populiste » (Stéphane Rials), ou encore d’un Empire républicanisé, ou jacobinisme impérial. Seule voie pourtant alors adaptée à sa situation. Ne pouvant et ne voulant s’appuyer sur le peuple, Napoléon tente de s’appuyer sur une bourgeoisie de marchands et d’intellectuels qui ne cherche qu’à se débarrasser de lui. Perclus de doutes, il est caractéristique qu’il réfléchisse à la réception qui serait faite par l’Europe, liguée contre la France, à une possible régence d’Eugène de Beauharnais, pourtant resté en Bavière pendant les Cent Jours.

    Napoléon gagnera pourtant sa dernière bataille, celle de la mémoire, avec le mémorial de Sainte-Hélène et la légende d’un Empereur favorable au principe des nationalités, alors qu’il l’était si peu. Au-delà même de cela, le martyr de Sainte Hélène amènera à ce qu’Heinrich Heine appellera, en 1826, la « canonisation de l’Empereur mort ». Revanche posthume.

    notes

    Dominique de Villepin, La chute de Napoléon, Perrin, 1532 pages, 35 €.

    Paru dans Metamag, 24 août 2015. Légèrement modifié.http://www.voxnr.com/cc/di_varia/EuuEuEkpZknHCqQIOr.shtml

  • La France privilégie l'aide aux immigrés illégaux plutôt qu'aux SDF français

    Il y aurait en France entre 130 000 et 235 000 SDF. Qui s'en soucie vraiment ?

    Reportage édifiant de TV Libertés :

    Philippe Carhon

  • Marion, chez nous, soyez Reine

    Vous qui donnez plus dans le fin roseau que dans le contreplaqué bon marché, quand quitterez-vous le FN, pour être seule ? Pour être Reine.

    A chacune de vos nouvelles interventions, vertueuse de tempérance et d’honnêteté intellectuelle, vous apparaissez plus sûre de vous. Après que des gens au profil habituellement bienfaisant, Mariton et autre Sens Commun, hélas inféodés aux logiques partisanes, vous ont craché au visage à l’université catholique d’été, vous semblez demeurer la seule personne honnête sur l’échiquier politique français. Bien-sûr, nous ne sommes pas dans vos petits papiers ; peut-être dissimulez-vous habilement d’affreuses tares, que les braves gens ne pourraient accepter si elles s’avéraient vraies. Mais en l’état actuel de vos déclarations, qui d’autre que vous, objectivement, incarne mieux ce que certains reconnaissent comme « l’âme de la France », et qu’il n’est pas possible de décrire ici, en trois mille caractères ?

    En plus, vous êtes belle. Plus belle que de nombreuses élues françaises qui ont ou ont pu avoir la prétention de l’ambitieux avenir que l’on vous prête. Votre charme agissant et, forts de généreuses convictions chrétiennes que vous partagez, il s’en faudrait de peu pour qu’on vous suive, bannière au vent, comme les fils de France en leur temps suivirent Jeanne, l’élégante pucelle.

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  • Nous avons « bolchévisé » l’appareil militant maurrassien

    Christian Bouchet : Cher Sylvain Roussillon, pourriez-vous nous expliquer ce que fut la Génération Maurras, dans quelles circonstances se créa-t-elle et qui en furent ses participants ? 
    Sylvain Roussillon : Le terme Génération Maurras est une appellation générique, qui a été utilisée a posteriori pour identifier la flambée militante qu’à connu le mouvement d’Action française (RN – Restauration nationale) de la fin des années 1980 jusqu’en 1992. 
     
    La mort de Pierre Juhel, le fondateur de la RN, a semblé sonner la fin du mouvement d’Action française. Pour beaucoup, son successeur, Guy Steinbach, fait d’avantage figure d’exécuteur testamentaire que de successeur. La RN ne s’est en effet toujours pas relevée des blessures infligées par les différentes scissions et départs qui ont rythmé la vie du courant maurrassien depuis une dizaine d’années : la majorité des étudiants et plusieurs personnalités avec la Nouvelle Action française de Bertrand Renouvin, les activistes parisiens et provençaux notamment qui, en réaction, créent avec Bernard Lugan, un éphémère Comité royaliste pour un ordre nouveau qui ira précisément se fondre au sein du mouvement Ordre nouveau, la quasi-totalité des sections et fédérations de province fédérées par Guy Rérolle au sein de la Fédération des unions royalistes de France et, juste après le décès de Juhel, une ultime scission, née en Normandie, entraîne le départ de quelques dizaines de « néo-légitimistes » qui fonderont la Garde blanche. 
     
    L’université d’été 1982 de l’AF, le Camp Maxime Real del Sarte, est une catastrophe sur le plan de la faiblesse des effectifs mobilisés (une dizaine de militants) et le mouvement semble alors à l’agonie. 
     
    Pourtant, des embryons de sections fonctionnent à Rouen, Bordeaux, Besançon et à Rennes autour de Jean-Philippe Chauvin. Par ailleurs, la RN reçoit le ralliement du Mouvement royaliste français un mouvement né des débris de la FURF et d’une dissidence des amis de Renouvin, le COPCOR. Le principal apport du MRF consistant en son groupe étudiant de Paris II-Assas, le Cercle Jacques Bainville. 
     
    C’est dans ces conditions qu’une section voit le jour en 1983 à Dijon. Lycéen à l’époque, j’en fus le fondateur et le promoteur, rassemblant péniblement des individualités et des énergies éparses. Notre force fut très probablement à l’époque d’avoir été presque complètement coupés des instance nationales et de tout autre groupe. Cet isolement nous autorisa un développement original, tant sur le plan intellectuel que sur celui des pratiques politiques. Isolés et sans moyens, nous fûmes obligés de trouver seuls les ressources humaines, matérielles, financières et militantes qui nous manquaient. Laissés sans consigne du « national », sans instruction, sans directive, et assez peu désireux d’en recevoir il faut l’avouer, nous avons mis en pratique un empirisme organisateur à notre sauce. 
     
    En l’absence d’un journal étudiant, nous avons ainsi pu créer le nôtre dès 1984,Le Feu-Follet. Certes nous y développions des thématiques maurrassiennes et d’AF, mais nous découvrions ensemble Evola, Guénon, von Salomon, Junger, Niekish, José-Antonio, Sorel, le cercle Proudhon, Gramsci, les situationnistes… 
     
    Doté d’un local que nous financions grâce à une cotisation volontaire récupérée auprès des lycéens et étudiants qui bossaient durant leurs vacances, disposant de notre propre matériel d’impression, sponsorisés parfois par quelques anciens qui appréciaient manifestement cette indépendance, nous n’avons pas tardé à engranger les succès. Les grèves étudiantes et lycéennes qui éclatèrent en 1987 notamment, nous pûmes constater les progrès réalisés en quelques années : aucun des trois plus grands lycées de Dijon, Carnot et Montchapet (publics) et Notre-Dame, ne rejoignit le mouvement. La gauche fut défaite en fac de Droit, en Médecine et, après un sévère affrontement physique, en Pharma. Nous nous payâmes même le luxe de contre-attaquer en Lettres. Lors des élections universitaires qui suivirent immédiatement ces incidents les listes Action française étudiante enlevaient plus de 20% des suffrages en fac, avec des pointes en Droit, Médecine, Pharma et Histoire et même un étonnant 2,76% (compte tenu de l’étiquette et du profil de la spécialité) en Psycho… 
     
    Je me souviens d’un article de Libé paru à l’époque dans un style « focus sur la province » et donnant la parole au responsable du club de la LDH à Carnot expliquant, désabusé, que dans ce lycée, le « débat politique se réduisait désormais à un affrontement entre les militants de l’AF et du FN, et dont les premiers sortaient toujours gagnants ». Il faut d’ailleurs souligner que c’est cette même année 1987 que nous lançâmes un journal d’AF spécifiquement lycéen,Insurrection, sorte de fanzine mensuel dont le tirage oscillait entre 500 et 1.500 exemplaires. Notre implantation dans les lycées s’en trouva sans conteste renforcée. Au début de l’année 1988, l’UNEF-ID et les trotskistes lambertistes qui la dirigeaient vinrent négocier une trêve avec nous. 
     
    Année du « Millénaire Capétien », 1987 fut aussi pour notre section l’année où nous sortîmes définitivement de notre isolement protecteur mais réducteur. L’un des nôtre, et non le moindre, Nicolas Portier fut en effet nommé au poste de Secrétaire général étudiant. Il s’entoura assez rapidement d’une équipe issue de sa section d’origine, Guytos (pseudo) au Service d’ordre, Marie-Françoise Poisier aux moyens logistiques, moi-même chargé de mettre en place une structure spécifiquement lycéenne, l’Action française lycéenne (AFL). Le Feu-Follet fut promu au rang de journal national des étudiants d’AF tandis qu’Insurrection se voyait réservé le même sort, avec une variante, puisque le journal lycéen disposa de près d’une dizaine d’éditions locales. Le groupe dijonnais pu travailler en s’appuyant sur les éléments les plus dynamiques qui existaient en Ile-de-France, le CJB de Paris II-Assas, la section de la Sorbonne, celle du XXème arrondissement, et bientôt Versailles.