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L’autre Léon de Bruxelles par Georges FELTIN-TRACOL
En avril – mai 2014 paraissait le premier numéro des Cahiers d’histoire du nationalisme grâce aux bons soins des « Bouquins de Synthèse Nationale » animé par Roland Hélie. Cinq autres numéros ont suivi avec différents thèmes sur François Duprat, Gustav Mannerheim, Jean-Louis Tixier-Vignancour, le PFN, Jacques Doriot et le PPF. Un septième consacré à la croix celtique vient de sortir.
Sous la direction de Christophe Georgy, ce premier numéro évoque la personnalité, la vie et l’œuvre de Léon Degrelle (1906 – 1994), le charismatique chef du Rex belge et courageux combattant anti-communiste sur le front de l’Est. C’est un bel ouvrage sur lequel souffle un esprit rexiste et européen de bon alois. Que l’ami Hélie me pardonne de raconter une savoureuse anecdote. Voulant disposer d’exemplaires de ce Léon Degrelle pour la deuxième Journée régionale de Synthèse Nationale dans le Nord, il convenait avec l’imprimeur de lui remettre les volumes dans une bourgade normande. Le transfert réalisé, il leva les yeux au ciel et découvrit qu’ils étaient sous l’enseigne lumineuse d’un établissement nommé… « Rex » !
Le succès de ce premier numéro a incité « Les Bouquins de Synthèse Nationale » à s’aventurer dans le multimédiat en éditant un CD exceptionnel : un entretien inédit d’une durée de deux heures avec Léon Degrelle ! Ce « monument historique » selon Jean-Marie Le Pen continue à susciter plus de vingt ans après sa disparition indignations pathétiques et enthousiasme véritable. Outre un discours de Degrelle à ses compatriotes travaillant à Berlin en 1942, on y trouve diverses contributions ainsi que la réaction hargneuse du site antifa belge RésistanceS.be.
Redoutable procureur contre les tripatouillages politiciens et la décadence morale de sa patrie, Léon Degrelle s’afficha en homme d’action. À la fois journaliste, homme de presse, écrivain, grand reporteur et baroudeur, il séjourne clandestinement au Mexique afin de témoigner du martyr des Cristeros. En tintinologue averti, Francis Bergeron revient sur un fameux copinage, celui de Léon Degrelle avec Hergé. Ce dernier s’inspira-t-il de son téméraire ami pour concevoir son célèbre personnage ? « Alors, Tintin, c’est Degrelle ? Pas si simple. […] Tintin, c’est Hergé, comme Madame Bovary, c’est Flaubert. Ou plus exactement Tintin, c’est le jeune homme idéal qu’Hergé aurait aimé être. […] Mais il est vrai que Tintin, c’est quand même un peu Degrelle (pp. 46 – 47). »
Cette amitié aurait pu porter préjudice au père de Tintin, car la répression fut implacable pour Degrelle et les siens. La résistance assassina l’un de ses frères. Elle condamna son épouse à dix ans de prison. Elle arrêta, emprisonna et tortura ses parents, coupables de l’avoir enfanté. « En 1944, ajoute Christophe Georgy, il avait été condamné à mort par un jugement prononcé à l’encontre de toutes les règles judiciaires légales, le mettant ainsi dans l’impossibilité d’interjeter appel, un jugement digne d’un tribunal d’exception ! (p. 37) » Pis, le Parlement bien corrompu de Belgique étendit spécialement pour lui seul les délais de prescription avant de le déclarer « étranger indésirable ». En revanche, les actuels clandestins migrants… Sa persécution se poursuivit post mortem avec un arrêté royal du 18 avril 1994 interdisant le retour de ses cendres outre-Quévrain !
L’exil de Léon Degrelle en Espagne ne fut pas toujours serein. Son ami espagnol Alberto Torresano rappelle qu’il échappa à huit tentatives d’enlèvement. Si l’une d’elles avait réussi, Léon Degrelle risquait la peine de mort. Aurait-il été exécuté pour des motifs politiques et historiques ? L’interrogation demeurera à jamais sans réponse. Pourquoi un tel acharnement ? Pour le président de l’ancienne Œuvre française, Yvan Benedetti, « Léon Degrelle a dénoncé l’argent-roi, la canaillocratie, les terroristes de la mondialisation, lesbanksters… (p. 197) ». Dans un discours prononcé à Berlin le 7 février 1943, il assure que la guerre « a été délibérément voulue, cyniquement préparée, par une Haute-Finance qui ne voulait pas d’un État populaire où elle n’aurait plus le contrôle de l’État et ne ressemblerait plus dans ses coffres le profit du travail du peuple (pp. 79 – 80) ». Cette haine irrationnelle à son égard s’explique aussi parce que « Hitler, rappelle Saint-Loup, auteur des SS de la Toison d’Or, l’avait choisi pour fils, selon Sparte (p. 106) ». Pour le journaliste dissident Henri de Fersan, Degrelle constitue un parfait « exemple de la fidélité par son sang versé (p. 177) ». Quant à Jean-Yves Dufour, il dépeint un homme curieux, boulimique de lectures variées. « On a accusé Degrelle d’être mégalomane et mythomane. Il pouvait avoir tendance à l’exagération, et à la projection de ses rêves dans la réalité, mais jamais au mensonge. Il croyait en lui, il ne doutait pas de ses capacités. Il fut même surnommé ironiquement Modeste. Mais ce sont là des qualités nécessaires aux hommes d’État (p. 129). » Or Camille Galic se « méfie des légendes vivantes (p. 117) » avant de se raviser.
Pour l’animateur de la revue Réfléchir & Agir, Pierre Gillieth, « Degrelle reste […] un exemple et il garda l’espoir jusqu’au bout (p. 192) ». Par ailleurs, « Léon Degrelle était curieux de tout, des autres peuples, de ce qui faisait leur vie, avait beaucoup voyagé, signale Edwige Thibaut. Il exécrait cette xénophobie idiote. Il n’était pas l’homme d’une appartenance étriquée et égocentrique. La conscience de soi, de son identité, est une force rayonnante qui ne redoute pas le contact et ne peut être dilué dans la différence (p. 143) ». « Ce modèle de poète-guerrier que donne Degrelle, poursuit Alexandre Gabriac, est excellent pour la jeunesse nationaliste d’aujourd’hui, puisqu’elle permet d’affirmer à travers son exemple qu’un homme marche sur deux jambes : la réflexion et l’action (p. 172) ». Edwige Thibaut considère même que « Léon Degrelle était avant tout un Bushi d’Occident, un homme de guerre, de cœur et de don total, qui sut manier aussi bien la plume que l’épée et dont la vertu dépassera toujours ce qu’il fut (p. 151) ».
Et si son œuvre la plus profonde n’était ni ses écrits journalistiques, ni son action politique, ni son engagement militaire, ni même son rôle – d’après-guerre – de grand témoin, mais la relance du « mythe bourguignon » ? Pierre Vial examine cet idéal historique et géopolitique européen, référence fugace au Grand Duché d’Occident au XVe siècle et à l’éphémère Lotharingie après 843. Le président de Terre et Peuple l’envisage tel un mythe, c’est-à-dire « une force de mobilisation de l’imaginaire destiné à susciter l’action (p. 155) ». Intarissable sur le sujet et pourfendeur constant de dogmes historiques erronés, « l’historien Léon Degrelle ne mériterait-il pas d’être réhabilité, s’interroge Camille Galic ? (p. 120). » Même dans ce domaine, surtout dans ce domaine hautement explosif, les vérités assénées par Degrelle dérangent.
Les télévisions française et belge francophone ont en effet censuré avec une belle régularité toute émission qui évoquait l’« autre Léon de Bruxelles ». Pensons au fameux Autoportrait d’un Fasciste réalisé en 1978 par Jean-Michel Charlier (le grand scénariste de BD) pour FR3 et qui n’a jamais été diffusé. Heureusement que Jean-Michel Charlier contourna l’épais murs du silence en publiant Léon Degrelle persiste et signe. Ce lourd silence voulu est une nouvelle fois défait par un double CD : Léon Degrelle raconte. L’ultime témoignage enregistré quelques mois avant son décès.
Léon Degrelle fut l’acteur des tempêtes du XXe siècle. Son courage, sa hardiesse, sa droiture, sa rectitude intellectuelle et politique en firent le parangon même du soldat politique, un type d’homme qui reviendra probablement bientôt.
Georges Feltin-Tracol
• Christophe Georgy (sous la direction de), Léon Degrelle. Documents et témoignages, Cahiers d’histoire du nationalisme, n° 1, avril – mai 2014, 206 p., 20 €.
• Léon Degrelle nous parle. L’ultime témoignage…, double CD avec un cahier de 16 p. illustrées, 2 h. d’écoute, 20 € (+ 3 € de port).
À commander tous les deux à Synthèse Nationale, 116, rue de Charenton, F – 75012 Paris, France. Commandes en ligne possibles sur www. synthese-editions.com.
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Pouvoir et politique d’après Hannah Arendt
Hannah Arendt appartient au petit nombre de penseurs politiques les plus importants du XXe siècle. Après avoir fait des études philosophiques approfondies en Allemagne auprès de Karl Jaspers et de Martin Heidegger, elle émigre en France en 1933, puis se fixe définitivement aux États-Unis à partir de 1941 où elle enseigne la sociologie dans différentes universités.
L’originalité d’Hannah Arendt est de mêler dans ses analyses une série de remarques nées de l’observation endurante des phénomènes sociaux, culturels, politiques à une réflexion approfondie des écrits des auteurs qui, au fil des siècles, ont pensé la politique. Ce qui lui permet de fixer précisément les limites chronologiques d’une telle réflexion : « Notre tradition de pensée politique a un commencement bien déterminé dans les doctrines de Platon et d’Aristote. Je crois qu’elle a connu une fin non moins déterminée dans les théories de Karl Marx » (La Crise de la culture, p. 28). La faculté politique autorise l’activité humaine la plus noble, la plus généreuse, la plus proche de son humanité et de son essence d’homme. Apte à la parole et à la vie en commun, l’homme se distingue de l’animal, trouvant sa destination et sa valeur dans la vie publique quand il est en rapport avec d’autres hommes à qui il s’adresse librement et sur un pied d’égalité : « La double définition aristotélicienne de l’homme comme zôon politikon (vivant apte à vivre en cité) et comme zôon logikon (être doué de langage), un être accomplissant sa vocation la plus éminente dans la faculté de la parole et dans la vie de la polis, était destinée à distinguer le Grec du barbare et l’homme libre de l’esclave » (La Crise de la culture, p. 35). La véritable liberté politique ne consiste pas à faire retraite dans la sphère de la vie privée mais à participer à l’action publique, menée avec des égaux et reposant sur des choix individuels.
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La question du pouvoir se définit à partir d’une série d’oppositions.
Dans le chapitre « Sur la violence » de Du mensonge à la violence : Essais de politique contemporaine (p. 152-156), Hannah Arendt applique la réduction phénoménologique à l’examen du pouvoir, ce qui l’amène à un travail autant méthodologique que linguistique. Il importe de distinguer le pouvoir, qui permet à l’homme d’exercer une activité efficace dans le monde, de la puissance qui ne concerne qu’une personne unique, de la force qui intéresse une énergie individuelle ou collective, de l’autorité qui investit naturellement celui qui la possède de la capacité reconnue et acceptée d’imposer telle ou telle obligation, de la violence enfin qui ne s’applique qu’à une pratique destinée à soumettre physiquement ses opposants.
◊ La puissance
La puissance est le phénomène le plus évident du pouvoir. Elle dégénère souvent dans une violence qui apparaît dans les moments paroxystiques de la vie politique. Une ère politique nouvelle suppose un mouvement de table rase qui s’accompagne nécessairement de violence car « la violence est le commencement, aucun commencement ne pourrait se passer de violence ni de violation » (Essai sur la révolution, p. 23). Ainsi se comprend la terreur révolutionnaire qui, pour fonder une nouvelle façon de penser et de vivre, une nouvelle organisation de la hiérarchie sociale, n’hésite pas à user de méthodes radicales pour exterminer les réfractaires.
Or, les révolutions, comme les guerres, correspondent à un moment de trouble et d’indécision où la vie en commun, la vie politique disparaît en tant que telle au profit de la libération de forces bestiales, animales, où les hommes sont gouvernés plus par leurs instincts que par leur raison. La violence, en effet, apparaît quand le pouvoir s’affaiblit et « dans la mesure où la violence joue un rôle dominant dans la guerre et la révolution, l’une comme l’autre agissent,stricto sensu, en dehors du domaine politique » (Essai sur la révolution, p. 12). Celui qui use de la violence dans le but d’imposer son autorité refuse sa condition d’homme comme être de langage : « La violence […] est incapable de parole» (Essai sur la révolution, p. 21).
Ainsi apparaît la différence essentielle entre pouvoir et violence. Alors que le premier use de persuasion et de sages précautions, « le pouvoir, mais non la violence, est l’élément essentiel de toute forme de gouvernement. La violence est, par nature, instrumentale ; comme tous les instruments, elle doit toujours être dirigée et justifiée par les fins qu’elle entend servir » (Du mensonge à la violence, p. 161).
◊ Le pouvoir
De fait, la marque la plus certaine d’un pouvoir authentique et sûr de lui est la non-violence : « la polis, l’État-cité, se définit de manière explicite comme le mode de vie fondé sur la persuasion exclusivement et non sur la violence » (Essai sur la révolution, p. 11). Le pouvoir est le fonds qui donne leurs assises aux pensées et aux actions humaines. Alors que la violence exhibe son caractère instrumental, le pouvoir transcende les affaires de tous les jours en leur donnant un sens et une mesure : « loin d’être un moyen en vue d’une fin, le pouvoir est en fait la condition même qui peut permettre à un groupe de personnes de penser et d’agir en termes de fins et de moyens » (Du mensonge à la violence, p. 161).
La polis grecque est le lieu où les égaux confrontent librement leurs opinions et usent d’arguments solidement étayés et présentés à l’aide d’un art rhétorique soigneusement travaillé afin de mieux persuader l’autre. Le pouvoir suppose donc un monde commun où chacun peut recevoir par la parole de l’autre le dévoilement d’une vérité jusqu’alors cachée et peut à son tour agir pour le bien de tous : « La grammaire de l’action — l’action est la seule faculté humaine qui demande une pluralité d’homme — et la syntaxe du pouvoir — le pouvoir est le seul attribut humain qui ne s’applique qu’à l’espace matériel intermédiaire par lequel les hommes sont en rapport les uns avec les autres — se combinent dans l’acte de fondation grâce à la faculté de faire des promesses et de les tenir qui, dans le domaine de la politique, pourrait bien être la plus haute faculté humaine » (Essai sur la révolution, p. 258).
◊ Le pouvoir totalitaire
Selon Hannah Arendt, le système totalitaire combine les caractères suivants :
- Une idéologie officielle qui coiffe tous les aspects de la vie individuelle et collective, et qui explique l’humanité d’après une trajectoire qui d’un présent rejeté radicalement se dirige vers un état parfait.
- Un parti unique de masse, dirigé par le seul dictateur.
- Une terreur, organisée par la police politique, dirigée non seulement contre les opposants, mais contre des portions entières de la population et de la société, et aboutissant à ce que David Rousset a appelé l’univers concentrationnaire.
- L’atomisation systématique de la société, l’isolement de l’individu. D’une part, on détruit les anciennes structures (famille, églises, corps intermédiaires). D’autre part, on mobilise la population dès l’enfance (jeunesses hitlériennes, komsomols staliniens) au sein du parti et de ses organisations satellites qui quadrillent l’ensemble de la vie sociale et professionnelle.
- La mainmise sur tous les moyens d’information et de propagande.
Comme le montre Hannah Arendt dans Eichmamm à Jérusalem (1966), l’homme du totalitarisme n’est pas un monstre. Il est même désespérément banal dans le mesure où il n’est qu’un fonctionnaire méticuleux et consciencieux, un subalterne discipliné. « La terreur, écrit l’auteur par ailleurs, produisit un phénomène étonnant, elle fit que le peuple allemand participa aux crimes des chefs. Ceux qui étaient asservis devinrent des complices… des hommes dont on ne l’eût jamais cru possible, des pères de famille, des citoyens qui exerçaient consciencieusement leur métier, quel qu’il fût, se mirent avec la même conscience à assassiner et à commettre, si l’ordre leur en était donné, d’autres forfaits dans les camps de concentration » (article sur La Culpabilité allemande, 1945). L’homme du totalitarisme, à l’instar d’Eichmann, considère qu’il fait son devoir, et rien de plus. Hannah Arendt maintient qu’Eichmann n’a fait qu’obéir aux ordres donnés par le pouvoir nazi, ce qui marque de suspicion le bien-fondé du procès intenté contre lui par les autorités israéliennes plus de quinze ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale.
◊ L’autorité
Chronologiquement, la violence précède le pouvoir. Le commencement de tout pouvoir politique s’opère, pratiquement toujours, dans le sang. C’est même par la révolution que le commencement a lieu et « les révolutions sont les seuls événements politiques qui nous placent directement, inéluctablement, devant le problème du commencement » (Essai sur la révolution, p. 25).
Mais, de même qu’à l’origine du pouvoir on trouve la violence, avant l’instauration de l’autorité il y a la liberté : « La liberté en tant que phénomène politique date de l’essor des États-cités grecs. Depuis Hérodote, elle a été conçue en tant qu’organisation politique dans laquelle les citoyens vivaient ensemble en dehors de l’autorité, sans division entre gouvernés et gouvernant » (Essai sur la révolution, p. 39). Or, cette liberté n’a rien à voir avec l’égalité qui n’a pas, avant la Révolution française, accédé à la dignité de valeur suprême : « l’idée même l’égalité telle que nous la comprenons, au sens que toute personne est née égale à toutes les autres du fait même de sa naissance et que l’égalité est un droit de naissance, était totalement inconnue antérieurement à l’époque moderne » (Essai sur la révolution, p. 54).
L’important, cependant, est que l’autorité transcende tout pouvoir : « la crise de l’autorité dans un gouvernement autoritaire est toujours une force extérieure et supérieure au pouvoir qui est le sien » (La Crise de la culture).Étymologiquement, auctoritas vient de augere, “augmenter”, « et ce que l’autorité ou ceux qui commandent augmentent constamment, c’est la fondation » (La crise de la culture, p. 129). L’autorité n’a donc besoin ni de violence ni de persuasion pour s’imposer: elle tire d’elle-même, c’est-à-dire du passé, sa propre justification. Quand on cesse de respecter l’autorité, c’est qu’on a perdu le lien religieux avec le passé. Un père de famille ou un professeur qui accepte de parler d’égal à égal avec son fils ou son élève renie son autorité de fait en refusant de maintenir intact le lien de supériorité entre le passé et le présent (1).
◊ Le primat du politique et de la vie en commun
Le Mit-sein
C’est dans les paragraphes 25 à 27 de Être et Temps que Heidegger développe l’analyse du Mit-sein, de l’être-ensemble. Il remarque (§ 25) qu’autrui est un a priori de la condition humaine, une donnée première au même titre que l’espace et le temps par exemple : « le Dasein n’est jamais donné sans les autres » et « les autres sont toujours « là-avec ». Ce qui lui permet d’avancer au § 26 que « l’être-avec est un existential », c’est-à-dire une structure première de l’homme compris comme Dasein, au même titre que le langage ou le souci. Ainsi, « le monde du Dasein est monde-commun (Mitwelt).L’être-au est être-avec (Mitsein) en commun avec d’autres. L’être-en-soi à l’intérieur du monde est coexistence (Mitdasein). Se trouvant d’emblée, dès qu’il est jeté dans le monde, en compagnie d’autres hommes, « le Dasein est essentiellement en lui-même être-avec ».
Dans l’être-avec, il est offert à l’homme d’avoir un rapport authentique et libre à lui-même. Il éprouve sa propre liberté quand, avec d’autres, il travaille à une tâche qui libère chacun du poids de l’égoïsme et de l’inauthenticité : « l’être-en-compagnie de ceux qui sont employés à la même tâche ne se nourrit souvent que de méfiance. Au contraire l’engagement dans la même tâche se détermine à partir du Dasein qui se prend chaque fois proprement en main. Cette façon d’être authentiquement liés ensemble permet seule un rapport direct à la tâche entreprise, elle met l’autre face à sa liberté pour lui-même » (§ 26). C’est dire que dans l’être-avec authentique, le Dasein est libre. Il fonde son être sur la reconnaissance de la présence d’autres Dasein ; c’est-à-dire des êtres intimement concernés par le problème de l’être. Évoluant dans un monde commun, les hommes s’offrent chacun l’un à l’autre leur liberté.
C’est sur cette liberté que se fonde l’établissement du pouvoir. Mais depuis les temps chrétiens, tels que le Moyen Âge les a vécus, la vie humaine est devenue la valeur suprême et la vie privée l’emporte sur la vie publique. Or, faire œuvre politique, c’est s’engager dans un espace et dans un temps qui transcendent l’espace et le temps humains : « pour les Grecs et pour les Romains aussi bien, malgré toutes leurs différences, la fondation d’un corps politique était engendrée par le besoin qu’avait l’homme de dépasser la mortalité de la vie humaine et la fugacité des actes humains » (La Crise de la culture, p. 94).
Le monde est chaque fois renouvelé quand un homme agit librement dans un monde commun: « le courage libère les hommes de leur souci concernant la vie, au bénéfice de la liberté du monde. Le courage est indispensable parce qu’en politique, ce n’est pas la vie mais le monde qui est en jeu » (La Crise de la culture, p. 203). C’est pourquoi vivre en domaine politique revient à dire la vérité : parce que Lessing était un homme intégralement politique, il a soutenu que la vérité ne peut exister que là où elle est humanisée par le parler, là où chacun dit, non pas ce qui lui vient à l’esprit, mais ce qui lui « semble vérité » (Vies politiques, p. 41).
Ainsi se définit la vérité : « Conceptuellement, nous pouvons appeler la vérité ce que l’on ne peut pas changer ; métaphoriquement, elle est le sol sur lequel nous nous tenons et le ciel qui s’étend au-dessus de nous » (La Crise de la culture, p. 336). Accepter que le pouvoir existe, agir librement pour ou contre lui, c’est donc mettre à jour la vérité.
► Gilles Vannier, in : Analyses & Réflexions sur le pouvoir, ouvrage coll., ellipses, 1994.
◘ Note en sus :
1) « Affranchi de l’autorité des adultes, l'enfant n'a donc pas été libéré, mais soumis à une autorité bien plus effrayante et vraiment tyrannique : la tyrannie de la majorité. En tout cas, il en résulte que les enfants ont été pour ainsi dire bannis du monde des adultes. Ils sont soit livrés à eux-mêmes, soit livrés à la tyrannie de leur groupe, contre lequel, du fait de sa supériorité numérique, ils ne peuvent se révolter, avec lequel, étant enfants, ils ne peuvent discuter, et duquel ils ne peuvent s'échapper pour aucun autre monde, car le monde des adultes leur est fermé. Les enfants ont tendance à réagir à cette contrainte soit par le conformisme, soit par la délinquance juvénile, et souvent par un mélange des deux », H. Arendt, La Crise de la culture, Gal., 1972.
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21.10.15 Intervention de Jacques Bompard sur le PLFSS 2016
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Vers la fin de l'antiracisme ?
Analyse du procès contre Marine le Pen à propos des prières de rue et de lademande de relaxe de la part du procureur :
Ce mardi, Marine Le Pen a quitté la 6e chambre du tribunal correctionnel de Lyon avec la clémence du procureur de la République qui a requis la relaxe à l’encontre de la présidente du Front National. Au terme des débats, on s’interroge sur l’utilité d’un tel procès voulu par les associations de lutte contre le racisme (...)
En permettant à Marine Le Pen de venir faire cette clarification à la barre du tribunal, les associations antiracistes (...) risquent de réarmer à nouveau une jurisprudence favorable aux grands rhéteurs de la provocation et aux sophistes de la haine raciale et de la crispation identitaire (sic).
En requérant la relaxe de la prévenue, le procureur de la République, Bernard Reynaud, ne s’est en effet pas prononcé au doigt mouillé. Il a convoqué le droit et une jurisprudence récente qui avait permis de relaxer le caricaturiste Siné ou l’écrivain Michel Houellebcq.
Dans l’édition du 11 juin 2008 de Charlie Hebdo, Siné avait écrit les propos suivants qui lui ont valu des poursuites devant le tribunal correctionnel de Lyon :
“De plus en plus les musulmans m'insupportent et que plus je croise les femmes voilées qui prolifèrent dans mon quartier, plus j'ai envie de leur botter violemment le cul. J'ai toujours détesté les grenouilles de bénitier catholiques vêtues de noir, je ne vois donc pas pourquoi je supporterais mieux ces patates à la silhouette affligeante, et véritables épouvantails contre la séduction! Leurs maris barbus embabouchés et en sarouel coranique sous leur tunique n'ont rien à leur envier point de vue disgracieux. Ils rivalisent de ridicule avec les juifs loubavitchs ! Je renverserai aussi de bon coeur le plat de lentilles à la saucisse sur la tronche des mômes qui refusent de manger du cochon à la cantoche”
Le tribunal avait relaxé le caricaturiste en relavant qu’il “convient de relever qu'un propos peut être choquant sans être provocant au sens d'une provocation à un passage à l'acte ou à un rejet sentimental”. C’est au mot près, l'argument retenu par le procureur Reynaud dans ses requisitions à l'égard de Marine Le Pen.
Quant à Michel Houellebecq qui avait déclaré que "l'islam est la religion la plus con", la 17e chambre correctionelle du TGI de Paris avait considéré dans son jugement que ces propos ne revenaient "nullement à affirmer ni à sous-entendre que tous les musulmans devraient être ainsi qualifiés. Ce propos ne renferme aucune volonté d'invective, de mépris ou d'outrage envers le groupe de personnes composé des adeptes de la religion considérée".
"La juridiction parisienne n’a pas jugé la hauteur de vue, ni la subtilité de la formulation de Michel Houellebecq mais a considéré qu’il n’y avait pas d’incitation à la haine envers des tiers" a estimé procureur de la République (...)"
A quand l'abrogation des lois liberticides qui empêchent la liberté d'expression en France ? Le Front National aura-t-il le courage de mettre à nouveau à l'ordre du jour de son programme l'abrogation des ces lois (loi Pleven, loi Gayssot) comme en 2002 :
1. Abroger toutes les lois liberticides
Les lois Pleven, Chalandon et Gayssot sont des législations de circonstance, staliniennes dans leur inspiration (...) conduisant concrètement à l’interdiction légale du patriotisme et au rétablissement du délit d’opinion. Elles permettent à des minorités, aussi bruyantes que restreintes, mais pratiquant le terrorisme intellectuel le plus abject, de s’ériger en “police de la pensée”. Sous couvert de lutter contre un “racisme” totalement inexistant en France, comme en témoignent les statistiques de la Commission nationale consultative des droits de l’homme, c’est en réalité au droit des Français à rester maîtres chez eux que s’en prennent ces législations. Elles doivent donc être abrogées."
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« Situation de la France ». Sur un livre de Pierre Manent par Pierre LE VIGAN
Comment faire une place à l’immigration déjà présente, et surtout l’immigration musulmane, en évitant « l’éviscération spirituelle », ou encore le grand remplacement des âmes achevant le processus engagé avec le grand oubli des origines… européennes de l’Europe ? Faut-il refuser le religieux ? Faut-il le nier, ou le minimiser systématiquement ? Faut-il se contenter de répéter les mantras de la laïcité ? Pierre Manent ne le croit pas. Il pense que ce qu’il faut mettre face à l’islam, face au plein (un trop plein ?) de l’Islam, ce ne peut être le creux, le vide de la laïcité. Ce ne peut être que l’affirmation des origines principalement chrétiennes de l’Europe. Principalement chrétiennes, et aussi juive : l’un ne peut aller sans l’autre.
De là, un livre plein d’interrogations mais aussi fort de quelques convictions, écrits après les attentats de janvier 2015. C’est un livre contre le renoncement. Non pas le renoncement à lutter contre le terrorisme – c’est là une affaire de technicien de la sécurité et de la police –, mais, plus fondamentalement, le renoncement à affirmer ce que nous sommes.
Nous sommes les hommes d’un territoire, l’Europe, et plus précisément l’Occident européen, qui a effectivement une histoire souvent conflictuelle avec l’islam, et qui est avant tout la terre d’une autre religion, le christianisme, lui-même enchâssé dans un support gréco-romain, païen et polythéiste. L’erreur de l’analyse laïque du fait religieux est de croire que la religion ne peut être qu’une affaire individuelle. Ce n’est pas le cas ni avec le catholicisme, ni avec l’islam – voire moins encore. La vérité, c’est que quand la IIIe République a voulu arracher l’éducation à l’Église catholique, c’est parce que le christianisme lui-même était à l’origine de l’idée de laïcité, et ce fut pour substituer à la morale chrétienne une morale laïque qui était exactement la même, et, on l’oublie aujourd’hui, qui était une religion de la patrie. La laïcité d’alors consistait à apprendre l’amour des sciences et l’amour de la patrie.
La laïcité d’aujourd’hui est tout autre. C’est un grand évidement : il s’agit d’extirper tout ce qui est foi. C’est le grand évitement du sacré. L’éducation laïque prépare les enfants à « être les sociétaires d’une société sans forme où les religions se dissoudraient comme le reste », écrit Pierre Manent. Nous oscillons alors, en matière de relations avec les musulmans, entre une exigence d’invisibilité et une tolérance à tout sous le nom de « respect des croyances ». Or, si cacher son visage ne peut être toléré car le propre des relations humaines, c’est de voir le visage de l’autre et de pouvoir se faire signe, un tissu sur les cheveux ne pose pas plus de problème que d’arborer une casquette de pseudo-joueur américain de basket – ce qui ne tombe pas sous le coup de la réprobation générale. Dans le même temps, le respect des croyances, s’il n’implique pas l’invisibilité de ceux qui croient, ne peut légitimer aucune restriction à la liberté d’expression. Il ne saurait y avoir, en fait, de « respect des croyances »– les croyances New Age sont-elles intellectuellement respectables ? –, mais, à proprement parler, de respect de ceux qui croient. Encore faut-il que la liberté d’expression soit valable pour tous : pour les caricatures de Mahomet dans Charlie Hebdo mais aussi pour Dieudonné. Sinon, nous ne serons pas crédibles.
Pierre Manent le dit justement : nous ne saurions nous attacher étroitement à « une thèse savante qui prétendrait déterminer l’identité de l’Europe ». Cela ne veut pas dire que l’on peut faire des Européens de n’importe qui dans n’importe quelles conditions. Il faut, dit justement Pierre Manent, une communauté d’expérience. Il faut aussi indiquer clairement quel est notre modèle politique. L’Europe n’a pas choisi le césaro-papisme. Elle a choisi le modèle des nations. Dans une religion sans pape comme l’islam, la fusion des pouvoirs spirituel et césarien peut être une tentation. Ce n’est pas la voie européenne. C’est pourquoi les Européens doivent dire clairement ce que nous savons : spirituellement, l’Europe n’est pas vide. Ce n’est pas un récipient. En Europe, le principe d’alliance avec le Très-Haut n’est pas la même chose que le principe d’obéissance à Dieu dans l’islam. Mais cela pose aussi la question de l’Europe de Bruxelles : c’est l’Europe d’un nouveau papisme « droits-de-l’hommiste » et césarien à sa manière insidieuse. Les nouveaux prêtres de la religion des droits de l’homme sont aussi les prêtres de la religion du Marché, du Capital et de l’indifférenciation généralisée des hommes. Ils imposent aux Européens un remplacement de peuple qui ne peut qu’aboutir – et c’est déjà en cours – à des catastrophes humaines et civilisationnelles.
« Que voulons-nous faire en politique si nous sommes incapables de définir notre communauté d’appartenance et d’action politique ? » Comment pouvons-nous être respectés en tant qu’Européens non musulmans (chrétiens ou pas, athées ou agnostiques) si nous ne sommes, en Europe, que les tenanciers d’un lieu de l’extension illimitée des droits de la « particularité individuelle » ? Du fait de la conjonction de la laïcité (dans sa version laïciste) et du culte de la diversité, on ne nomme que les musulmans. On ne dit pas ce que sont les non musulmans. « Tu n’es pas musulman ? Tu n’es pas juif ? Alors, tu n’es rien ? » Or, les non musulmans (et non juifs) sont quelque chose. Ils sont tout d’abord Européens. Ils sont aussi chrétiens de civilisation, même s’ils ne le sont pas (ou plus) forcément de foi. Les musulmans eux-mêmes ne s’y trompent guère. On peut ainsi dire qu’un musulman intégré, c’est un musulman qui respecte les droits et devoirs de la république c’est-à-dire une indifférence polie, tandis qu’un musulman assimilé, ce n’est pas un musulman dépouillé de sa culture, mais c’est un musulman qui vous souhaite « joyeux Noël » (et non pas « joyeuses fêtes »), c’est-à-dire qui a compris qui vous êtes, même si vous n’avez pas la foi, et qui vous respecte en tant que tel, en tant que membre d’une certaine civilisation (un musulman qui respectera en vous le membre de la « patrie des droits de l’homme », cela n’existe tout simplement pas pour la raison assez estimable que les musulmans ne sont pas naïfs). Ces réalités des perceptions sociales, d’un côté et de l’autre, du côté chrétien et musulman, nos gouvernants veulent les amender car elles ne sont pas conformes à la doxa dominante. A-t-on vu dans l’histoire totalitarisme plus insidieux que le nôtre, fouillant à ce point les consciences ? Face aux droits de l’homme sans racine, face aux droits de l’homme « sans qualité » (Robert Musil), désidentifié (Alain Finkielkraut), et « sans gravité » (Charles Melman), face à l’homme occidental qui ne prend rien au sérieux, face à l’homme postmoderne ricanant et rigolard, l’« homo Canal + » ou « Homo comicus » (François L’Yvonnet), il se produit une islamisation rampante et rapide car le désir va du côté de ceux qui croient en quelque chose.
Pierre Manent a certainement raison de dire que nous devrions exiger des musulmans français qu’ils rompent les liens avec les puissances étrangères qui les financent, pour faire vivre un islam vraiment de France. Tout cela suppose toutefois de sortir d’une indifférence réciproque. Cela suppose de ne pas seulement demander aux musulmans – et à chacun d’entre nous – d’adhérer aux « valeurs de la République », qui ne coûtent rien et n’engagent à rien, si ce n’est à payer ses contraventions et ses impôts. Cela suppose de sortir des incantations laïcistes. La laïcité est un dispositif, utile du reste, mais ce n’est pas un site. Le site, c’est la nation française, c’est une nation d’Europe au milieu d’autres nations d’Europe.
De Louis Massignon au père Michel Lelong en passant par Maxime Rodinson et Jacques Benoist-Méchin, il y a toute une tradition d’intérêt d’intellectuels français pour l’islam. Cette tradition n’intéresse plus un seul instant nos pseudo-élites et hommes politiques. En déstabilisant les régimes arabes laïcs, qui ne l’étaient d’ailleurs pas au sens européen du terme (Irak, Libye, Syrie, …) mais en un autre sens, nos gouvernants sont pourtant co-responsables de la mort de millions de musulmans. Ils sont aussi responsables d’une aggravation des flux migratoires dont souffre l’Europe et qui, pour autant, ne sont pas une solution saine pour les immigrants et moins encore pour leurs pays d’origine. Cette déstabilisation des pays de l’Orient se retourne contre nos peuples, ici, en Europe, et ce ne sont pas des musulmans laïcs qui posent des bombes, mais des islamistes radicaux ultra-religieux, bien que parfaitement contaminés par les aspects les plus extrêmes de l’hypermodernité. Ce sont des religieux sans culture, fracassant notre laïcisme sans culture.
Fatigués d’être eux-mêmes et même d’être quelque chose, les Européens cherchent à se donner le repos en enlevant toutes les barrières : entre peuples, entre sexes, entre économie. C’est la tentation du grand repos de la mort. Nous ne voulons plus « continuer l’histoire européenne », remarque Pierre Manent. Faire son histoire, c’est effectivement fatigant. Mais il ne tient pas à nous de ne plus être perçu comme Européens. Nous voulons le grand repos et la liberté. Nous aurons la fatigue et l’esclavage. Le courage sauve au moins l’honneur. Bien souvent, il sauve même un peu plus que cela. C’est pour cela qu’un Zemmour écrit des livres.
Dans le long travail de reconstruction d’une armature spirituelle et morale, il faudra certainement demander, note Pierre Manent, aux musulmans français de se séparer de l’Oumma, et de reconnaître la France comme la première de leur communauté d’appartenance. Il faudrait dire : faire passer l’Oummaaprès l’appartenance à la communauté nationale française. Il faudra aussi rappeler à chacun que l’Europe n’est pas le lieu abstrait des droits de l’homme coupé du citoyen mais la terre d’une longue civilisation. L’Europe n’est certes pas immuable, mais elle n’est nullement pour autant une coquille vide. Jacques Benoist-Méchin, présentant des lettres de soldats de la Grande Guerre, définissait notre tâche comme celle « de stimuler la genèse d’un nationalisme nouveau, plus large et plus lucide que le bellicisme traditionnel », qui préserverait « la vitalité de la France, au regard des autres nations; la vitalité de l’Europe au regard des autres civilisations ».
Pierre Le Vigan
• Pierre Manent, Situation de la France, Desclée de Brouwer, 2015, 176 p., 15,90 €
• D’abord paru sur Metamag, le 6 octobre 2015.
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IFCM : un institut de la civilisation musulmane payé avec nos impôts ?
Bernard Cazeneuve avait récemment fait le déplacement pour célébrer les 20 ans de la Grande Mosquée de Lyon. Le ministre de l’Intérieur avait alors déclaré à cette occasion :
Le gouvernement soutient votre projet (d’Institut français de civilisation musulmane, IFCM) : la richesse de la civilisation musulmane doit être connue et mieux diffusée en France.
La plupart des collectivités locales (Ville de Lyon, Région, Département) semblent prêtes à verser une subvention si l’Etat fait de même. L’IFCM devrait alors abriter notamment un musée des Arts islamiques, une grande bibliothèque et des salles de conférence.
Les Identitaires lyonnais a décidé de mener une campagne pour dénoncer ce projet islamique financé par nos impôts.
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JT du mercredi 21 octobre 2015 TVL
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Tiens bon Marine !
L’affaissement de cet Etat rongé par le manque de courage, l’esprit de démission, sa soumission, par le bas, aux communautarismes multiculturels, et par le haut, à une Europe atlanto-bruxelloise qui le vide de sa substance et de son autorité, est chaque jour plus criant. Nous le constatons encore avec les exactions et les violences commises par des «gens du voyage» ces dernières semaines. En août, ils ont saccagé en toute impunité du mobilier urbain, bloqué la circulation sur l’autoroute A1 dans la Somme, pour réclamer la permission de sortie de prison de l’un des leurs afin qu’il puisse assister aux funérailles de son père. Ces derniers jours, ils ont bloqué pendant plus de deux semaines ( !) la gare de Castres (Tarn) dans laquelle plus un train ne circulait, terrorisant employés et riverains, pour se venger de la fermeture d’un camp d’accueil…en cours de rénovation. Malgré la décision du tribunal de grande instance de Castres, l’Etat n’a pas jugé urgent d’ordonner le recours à la force publique pour rétablir la liberté de circulation et faire respecter la loi républicaine.
Hier, c’est la commune de Moirans (Isère) qui a été saccagée, ravagée par des gens du voyage (les dégâts sont évalués à 200 000 euros rapporte France info) qui exigeaient que deux voyous incarcérés appartenant à leur communauté bénéficient d’une permission de sortie de prison pour assister aux obsèques d’un membre de leur famille. A chaque fois, aucune interpellation n’a été effectuée, mais rassurez braves gens, Manuel Valls et Christiane Taubira ont tweeté pour nous assurer de leur fermeté, de leur attachement au respect de la loi…de qui se moque-t-on ?
Hier toujours, le parquet a demandé la relaxe de Marine Le Pen qui comparaissait devant le tribunal correctionnel de Lyon pour ses propos condamnant les prières de rue, suite à l’action en justice menée par l’Observatoire national contre l’Islamophobie du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) d’Abdallah Zerki, le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), le Mrap, la Ligue judiciaire de défense des musulmans (LJDM) de Karim Achoui, la Licra (voir notre article publié hier).
Dans ce contexte, Le Parisien a mis en ligne sur son site un article dont la tonalité est assez récurrente ces dernières années, à savoir les efforts entrepris par le FN pour draguer l’électorat musulman, avec la distribution «d’un magazine fait sur mesure» «aux habitants des zones dites sensibles. Ils comportent un encart spécifique à l’adresse de la communauté musulmane, au titre évocateur : Musulman peut-être, mais Français d’abord.»
Plus prosaïquement précise Bruno Gollnisch, tous les observateurs un peu sérieux savent que le FN a en effet toujours tendu la main à tous les Français…pour peu qu’ils se reconnaissent comme tels et partagent nos valeurs civilisationnelles et patriotiques.
«La stratégie sera-t-elle payante dans des zones où la gauche se taillait la part du lion mais où le mariage homosexuel a fait des dégâts ?» s’interroge encore cet article. «En 2012, les quartiers avaient voté à 80 % pour Hollande. C’est un des milieux les plus impénétrables pour eux, assure le député PS Malek Boutih. Reste que Marine Le Pen espère y rencontrer un écho. Ce n’est pas idiot comme stratégie. Pour conquérir des électeurs, il faut dire qu’on s’y intéresse. Le FN est tellement bas dans les quartiers sensibles qu’il ne peut que progresser, analyse Gaël Sliman de l‘institut Odoxa.»
« Mais pour ce spécialiste, si le Front s’aventure dans les cités, c’est aussi pour des questions d’image : La cible, ce ne sont pas les musulmans, ni les habitants des cités, mais les autres. C’est de la pure communication, une façon de dire regardez, on n’est pas racistes, on a un discours républicain, renchérit le sociologue Sylvain Crépon. Une nouvelle étape dans la dédiabolisation».
Il est certain que le vote d’un très grand nombre de Français d’origine maghrébine, d’Afrique noire, relève d’une pure logique clientéliste, leurs suffrages allant à ceux qui promettent et distribuent le plus en terme d’avantages divers et variés. Et à ce jeu là, la gauche était assez largement gagnante, sa réputation de générosité et de laxisme, notamment dans le domaine migratoire, étant encore mieux établie que celle de la droite républicaine.
La crise est passée par là, faute d’argent les promesses sont parfois (souvent) restées lettre morte et l’abstention, déjà très importante au sein de populations dont une part non négligeable ne se sent pas française, a progressé comme partout sur fond de désillusions grandissantes. Pour ne rien dire, comme le souligne Le Parisien, du rejet par des communautés structurées encore par des valeurs patriarcales très fortes, d’une gauche jugée très sévèrement pour ses attaques contre la morale, la famille traditionnelle (Taubira, Vallaud-Belkacem). Certains pointent aussi les dégâts engendrés au sein des potentiels électeurs musulmans au tropisme pro-palestinien, par l’image d’«ultra-sioniste» militant, très répandue sur les réseaux sociaux, que véhicule Manuel Valls.
Musulmans qui ont parfois la tête près du bonnet, du moins certains groupes de pression parlant en leur nom. Ainsi Nadine Morano, pour sa citation approximative de De Gaulle sur la France «pays judéo-chrétien» de «race blanche » («Le peuple français est tout de même avant tout un peuple de race blanche, de culture gréco-latine et de religion chrétienne» disait De Gaulle), est l’objet, comme Marine dans l’affaire citée plus haut, d’une plainte de la Ligue de défense judiciaire des musulmans (LDJM). Celle-ci a été envoyée au parquet de Paris, rapporte l’AFP, au motif de «provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence en raison de l’origine, de l’appartenance ou de la non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée», précise l’avocat de la Ligue, Jean-Baptiste Jacquenet-Poillot.
Une affaire Morano, dont assez maladroitement, le chevènementiste Elie Arié dont le blogue est hébergé sur le site de Marianne, entend faire un marqueur entre néo et archéo frontistes. «Depuis un certain temps écrit-il, Marine Le Pen, avec la collaboration de Florian Philippot, s’est lancée dans une entreprise de dédiabolisation du FN, pour mieux coller à la réalité des préoccupations de son électorat, bien éloigné des nostalgiques du régime de Vichy qui sont en train de disparaître à mesure que les années passent (les nostalgiques du gaullisme et du giscardisme aussi à ce compte là M. Arié !, NDLR) ; il est significatif de voir Florian Philippot opposer son gaullisme aux pétainistes de son parti».
Il serait assez simple de renvoyer ce blogueur de Marianne à la lecture du dernier programme du FN, publié en 2001, et il tâchera de nous dire en quoi celui-ci heurterait un nouvel adhérent ou électeur mariniste, un gaulliste, ou en quoi il serait pétainiste…
«Mais l’entreprise reste fragile poursuit M. Arié, et l’opération est loin d’être gagnée : Philippot est le seul à se réclamer du gaullisme, et reste sur un siège éjectable; le FN continue à s’allier aux seuls partis d’extrême-droite, notamment au Parlement Européen ; ses positions sur certains thèmes sociétaux ( IVG, mariage homosexuel, PMA, peine de mort, condamnation des propos négationnistes par la loi Gayssot) est loin d’être claire (sic) ; surtout, sa vision de la France reste une vision plus ethniciste que politique et citoyenne (voir les récents encouragements de Bruno Gollnisch à Nadine Morano pour ses propos sur la race blanche). »
Outre le caractère un brin malicieux du « tiens bon Nadine ! » lancé par Bruno à Mme Morano dans les couloirs du parlement européen alors qu’elle était entourée d’une nuée de journalistes, la réflexion de M. Arié est très significative d’une incompréhension majeure.
Il faut en effet véritablement avoir une vision bien désincarnée, étriquée, hors sol de la France et des Français pour ne pas comprendre que notre nation n’est pas seulement une construction juridique mais aussi et surtout une réalité charnelle. Et ce n’est pas faire insulte à nos compatriotes ultramarins ou aux «Français de fraîche date» que de le rappeler. La France à une identité qu’elle entend conserver et c’est là le plus grand dénominateur commun qui rassemble les électeurs, cadres et dirigeants du Front National. Quelles que soient leurs «origines».
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03 Le Temps des Cathédrales Dieu est Lumière (G Duby) 1978