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  • Le programme économique : plafond de verre ultime du Front national

    Le plafond de verre n’a pas sauté. La leçon du scrutin des régionales est sans appel : le front républicain se montre encore efficace, du moins quand l’adversaire d’un candidat FN est une personnalité de la droite classique.

    Au deuxième tour, 82,2% des électeurs PS ont voté Xavier Bertrand et 58,9% pour Christian Estrosi.

    Ce premier constat, toutefois, est loin d’épuiser la complexité du sujet de la relation entre le Front national et l’électorat, le sien ou globalement parlant. L’élément le plus inattendu a été révélé par une étude de la société LMP qui fait ressortir la forte volatilité du vote FN (1).

    Un capital potentiel de 40%

    Si l’on tient compte des résultats de cette étude : 2,12 millions d’électeurs auraient voté pour le parti de Marine Le Pen seulement au premier tour et 2,92 millions seulement au second tour ; 3,9 millions auraient voté aux deux. Ce seraient donc 8,94 millions d’électeurs qui ont voté FN à l’issue des deux tours, et non 6,8 millions, comme admis auparavant. Ces quelque deux millions de voix supplémentaires pèsent potentiellement très lourd dans la balance électorale ; ils représentent, d’emblée, un capital de quelque 40% de voix qui change alors radicalement la donne politique nationale.

    Ces voix, bien sûr, ne peuvent être considérées comme, par nature, acquises au FN. Elles peuvent se fidéliser, mais également partir ailleurs. Toutefois, la spécificité du vote FN, compte tenu de la diabolisation dont il est l’objet, fait que l’électeur frontiste pose un acte de dissidence qui, subjectivement, le met hors Système, les commentateurs « officiels » lui expliquant d’ailleurs à l’envi que ce vote est un acte de colère et de désespoir qui échappe aux catégories de la raison et de la morale républicaines – quand il n’est pas tout simplement traité de « salaud » ou d’imbécile.

    En quelque sorte, comme tout acte transgressif, le premier pas, selon la sagesse populaire, est bien le plus coûteux, et il est logique de penser que l’électeur lambda passera plus facilement d’un vote FN une fois à un deuxième vote et au-delà, que de zéro à un. Autrement dit, ce bloc de près de neuf millions de voix, même non monolithique, est déjà un terrain préparé mentalement.

    Par ailleurs, malgré l’ahurissant matraquage médiatique de l’entre-deux-tours et les commentaires à chaud des résultats du second tour qui, unanimement, ont souligné que la mobilisation des abstentionnistes avait été très défavorable au FN, les chiffres analysés par l’étude de LMP nuancent fortement cette affirmation. Celui-ci dispose bien de réserves de voix au deuxième tour puisque, en PACA, ceux qui s’étaient abstenus au premier tour ont, au second, voté à 50% pour le FN, et en NPDCP, sur les 30% de nouveaux votants, un sur trois a voté pour Marine Le Pen. Dans les deux cas, en dépit de leur différence, la victoire des candidats du Système provient d’abord d’une mobilisation plus forte de leurs électorats d’un tour sur l’autre.

    Au niveau national, les abstentionnistes du premier tour qui se sont mobilisés au second se répartissent comme suit : 18,6% pour la droite, 14,7% pour la gauche et 11,3% pour le FN. Ce dernier est donc bien pénalisé au jeu de la mobilisation des réserves, mais il est loin d’être inexistant et peut même, dans certains cas, rivaliser efficacement avec ses adversaires.

    Un parti légitimé, mais…

    Un potentiel de 40% n’est donc pas qu’une simple hypothèse d’école. Il corrobore une étude antérieure (2), passée plutôt inaperçue, qui pourtant dévoilait bien les ambiguïtés des Français à l’égard du vote Front national : 44% d’entre eux, en effet, jugeaient le FN comme le parti le plus capable de « réformer la France en profondeur », devant l’UMP (28%) et le PS (23%). Ces chiffres auraient dû agiter le landerneau politique, car, clairement, ils annonçaient déjà le « choc » des régionales.

    Une autre étude récente (3) montrait également une assez large acceptation de nos compatriotes à l’égard du parti de Marine Le Pen, puisque 57% le jugeaient comme un parti « comme les autres ». A droite – UDI et Modem compris – 64% partageaient cette opinion. On peut noter également que 44% des Français estimaient entre les deux tours qu’il serait souhaitable que le FN dirige au moins une région, question de le juger sur pièce. A l’aune de ces chiffres, l’opération de dédiabolisation est une mission réussie. Voilà pour le côté verre à moitié plein de l’histoire.

    Côté verre à moitié vide, depuis 30 ans, entre 65 et 75% des Français jugent le FN dangereux ou incapable d’assumer le pouvoir et affirment qu’ils ne peuvent pas voter pour lui. Aujourd’hui, l’étiage est plutôt dans le bas de la fourchette, avec un chiffre de 66% qui estiment que le Front national « ne propose pas de solutions réalistes » et 60% « qu’il représente un danger pour la démocratie » (4). Mais, là encore, une lecture au premier degré ne rend pas compte de la complexité du sujet. Déjà, le fort rejet s’accompagne également d’une réelle acceptation de sa réalité puisque 49% des sondés le jugent utile.

    Mais surtout, le FN est l’objet d’une distorsion de perception que les spécialistes des études d’opinion connaissent bien : une différence, a priori illogique, entre le jugement global et le jugement particulier. L’exemple de l’image des banquiers est bien connu : les Français ont une opinion largement négative des banquiers en général, mais, très majoritairement, donnent un avis positif sur leur propre banquier. Le jugement global est beaucoup plus influencé par les représentations collectives que véhicule la société.

    Une image contradictoire

    Ainsi, si nous fragmentons les sujets par thème, la perception que les Français renvoient du FN devient beaucoup plus nuancée et contradictoire. En clair, sur les thèmes sociétaux, les idées du Front national sont, aujourd’hui, largement plébiscitées par l’opinion publique. Tous les sondages sur ce point concordent : 88%, notamment, demandent plus d’autorité et 67% s’inquiètent du niveau de l’immigration. La majorité (52%) est même désormais favorable à la peine de mort. Les chiffres, selon les dates ou l’actualité, peuvent plus ou moins varier de quelques points, mais la tendance structurelle n’est pas contestable. Le Front national sur ces thématiques civilisationnelles apparaît légitime et compétent. Marine Le Pen, sur les sujets de sécurité, est toujours classée en tête des personnalités politiques les plus aptes à agir efficacement.

    Il est clair, en conséquence, que l’image globale d’incompétence et de dangerosité du FN provient désormais pour l’essentiel de son programme économique, perçu de manière très négative. Les adversaires du Front national ont d’ailleurs parfaitement identifié cette vulnérabilité et l’attaquent prioritairement sur ses propositions économiques. Les autres dimensions polémiques apparaissent de plus en plus comme des incantations rituelles que le public, assez largement, écoute avec distanciation.

    Une problématique de communication

    La question pour les responsables du FN n’est plus même d’évaluer la pertinence ou la faiblesse de leur programme économique, mais de savoir s’ils veulent ou non affronter les échéances électorales de 2017, avec un handicap de crédibilité qui les plombe irrémédiablement. En termes de communication le produit est rejeté par l’opinion publique, et, sur les bases actuelles, il est impossible que celui-ci évolue vers une perception positive. Nous sommes là en présence d’un ancrage mental de type pavlovien qui provoque un rejet réflexe de l’objet désigné comme néfaste.

    Il ne suffit plus seulement de changer, ou de faire évoluer le contenu programmatique sur ses points les plus problématiques, mais, plus fondamentalement, de reconstruire une image qui change la perception de gestionnaire du FN aux yeux du public. Le temps est compté pour un tel travail de rénovation où la forme, c’est-à-dire les éléments de langage et leurs affects, compte tout autant, si ce n’est plus, que les propositions et leur logique.

    Didier Beauregard, 26/12/2015

    Notes :

    1) Etude publiée dans Le Monde du 19/12/2015.
    2) Sondage CSA/Atlantico du 19/10/2013.
    3)BVA/JDD du 8/12/2015.
    4) Le Monde du 6/05/2015.

    http://www.polemia.com/le-programme-economique-plafond-de-verre-ultime-du-front-national/

  • Fausses priorités de l'UE et son instrumentalisation des droits de l'Homme

  • Les sanctions contre Moscou ruinent les agriculteurs européens

    Les représentants de l’élevage français se sont rendus en Russie pour soulever la question de la levée des sanctions qu'ils subissent de plein fouet.

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    Les éleveurs français veulent reprendre les livraisons de leur production en Russie.

    L'intention des éleveurs français de revenir aux livraisons de leurs produits a été annoncée ce lundi par le Service fédéral russe de contrôle vétérinaire et phytosanitaire (Rosselkhoznadzor), suite aux négociations du chef du service Sergueï Dankvert et du président de la Chambre d'agriculture des Côtes d'Armor Olivier Allain.

    http://fr.sputniknews.com/caricatures/20151222/1020485768/sanctions-russie-ue-agriculteurs.html#ixzz3vSFcrx8h

  • Une opinion sur la globalisation

    Ce ne sont plus les gouvernements qui sont les véritables maîtres du monde mais les dirigeants des groupes multinationaux financiers ou industriels et ceux des institutions financières opaques (comme le FMI, la Banque mondiale, l'OMC, les banques centrales, etc.). Ces responsables n'ont pas été élus par le peuple mais leurs décisions ont un impact, direct ou indirect, sur la vie de chacun de nous.
    Le pouvoir de ces organisations s'exerce sur une échelle planétaire, alors que le pouvoir des Etats se limite à une dimension nationale. De plus, le poids des sociétés multinationales sur les flux financiers a depuis longtemps dépassé celui des Etats. Sur le plan international, ces organisations, plus riches que les Etats eux-mêmes mais qui sont aussi les principaux commanditaires des partis politiques de toute tendance et dans la majorité des pays, sont, en réalité, au-dessus des lois et du pouvoir politique, et par conséquent au-dessus de la démocratie.
    Le champ d'action des Etats finit toujours par se réduire à des accords économiques internationaux sur lesquels les citoyens ne sont ni consultés ni informés (si ce n'est a posteriori). Tous les principaux traités élaborés ces dernières années (dont le GATT, l'OMC et d'autres encore) n'ont qu'un seul objectif : le transfert du pouvoir des Etats vers des organismes non élus par les citoyens. Suspendre officiellement la démocratie aurait entraîné une révolution et c'est la raison pour laquelle il a été décidé de maintenir une démocratie de façade et de déplacer le pouvoir réel vers de nouveaux centres. Et c'est précisément pourquoi il n'y a plus à décider entre programmes politiques de « droite » ou de « gauche » qui souvent se ressemblent dans tous les pays occidentaux. Pour résumer, on peut dire que nous n'avons pas le choix du plat principal mais que nous pouvons choisir la sauce. Le plat s'appelle « le nouvel esclavage », avec sauce de droite piquante ou sauce de gauche aigre-douce.
    Depuis le début des années 1990, l'information a progressivement disparu des médias destinés au grand public. Tout comme pour les élections, les journaux télévisés continuent d'exister mais ils sont vidés de leur substance. Un journal télévisé contient un maximum de 2 ou 3 minutes de réelles informations ; le reste est constitué de sujets de « magazines », d'anecdotes et de faits divers inhérents à la vie quotidienne. Les analyses réalisées par des journalistes spécialisés ainsi que les programmes d'information ont été quasiment totalement éliminés. L'information est désormais réduite à la presse écrite, qui est lue d'ailleurs par une minorité de personnes.
    La disparition de l'information est le signe tangible que notre régime politique a déjà changé de nature. L'argent, aujourd'hui, n'a plus une base intangible comme au temps de l'étalon or. Aujourd'hui l'argent est essentiellement virtuel. La majeure partie du commerce mondial se fait sans papier-monnaie et 10% seulement des transactions financières quotidiennes correspondent à des échanges économiques du « monde réel ».
    Les marchés financiers eux-mêmes constituent un système de création d'argent virtuel, de gain non fondé sur une création de richesses réelles. Grâce au jeu des marchés financiers (qui permet de transformer en bénéfices les oscillations des changes), les propriétaires d'actions peuvent être considérés comme plus riches du seul fait de la circulation d'électrons dans des ordinateurs.
    Cette création d'argent sans création de richesses économiques correspondantes est la définition même de la création artificielle d'argent. Ce que la loi interdit aux faussaires et que l'orthodoxie économique libérale interdit aux Etats est par conséquent possible et légal pour un nombre restreint de bénéficiaires.
    Les responsables du pouvoir économique font presque tous partie de la même sphère, proviennent des mêmes milieux sociaux : ils se connaissent, se fréquentent, partagent les mêmes objectifs et les mêmes intérêts ; ils partagent par conséquent la même vision de ce que devrait être le monde futur idéal. Il est donc naturel qu'ils s'accordent sur la stratégie à adopter et qu'ils synchronisent leurs actions vers des objectifs communs, en créant des situations économiques favorables à la réalisation de ces objectifs, c'est-à-dire :
    a) Affaiblissement des gouvernements. Libéralisation. Privatisation des services publics. Désengagement total des Etats de l'économie, y compris des secteurs de l'éducation, de la recherche et, d'ici peu, de la police et de l'armée, destinés à devenir des secteurs gérés par des entreprises privées. b) Précarisation des emplois et maintien d'un taux élevé de chômage, et ce grâce aux délocalisations des entreprises et à la mondialisation du marché du travail. En conséquence, la pression économique sur les salariés s'en trouve accrue et ces derniers n'ont malheureusement pas d'autre choix que d'accepter les salaires ou les conditions de travail qui leur sont proposés.
    c) Réduction des aides sociales, pour accroître la motivation du chômeur à accepter n'importe quel travail à n'importe quel salaire.
    d) Empêcher le déclenchement de revendications salariales dans le tiers-monde en y maintenant des régimes totalitaires et/ou corrompus. Si les travailleurs du tiers-monde devaient être mieux rétribués, cela romprait le principe même de la délocalisation et du levier que celle-ci constitue sur le marché du travail et sur la société occidentale. C'est là un nœud stratégique essentiel qui doit être maintenu à tout prix. La fameuse crise asiatique de 1998 a été déclenchée précisément dans le dessein de maintenir cet équilibre.
    En fait, dès les années 1990, les revendications salariales s'étaient largement développées en Corée du Sud, pays de pointe de ce qu'on a appelé « le miracle asiatique ». Les manifestations en faveur de la démocratie et des conditions salariales s'y multipliaient en menaçant de contaminer l'ensemble des pays du Sud-Est asiatique où étaient concentrées les délocalisations. Souvenons-nous que la crise asiatique a commencé exactement en Corée à la suite d'un krach boursier à la Bourse de Séoul. Du jour au lendemain on s'est aperçu que les dettes accumulées par les entreprises privées coréennes étaient trop considérables, ce qui déclencha un mouvement de panique à la Bourse. Le krach coréen se propagea ensuite à d'autres Bourses asiatiques par un effet dominos. On sait que les krachs boursiers sont les événements économiques les plus faciles à provoquer et à manipuler, il suffit d'être dans une position suffisamment influente dans le domaine des flux financiers et/ou des informations financières. Quoi qu'il en soit, à partir de ce moment-là en Corée et en Asie on ne parle plus de revendications sociales mais on parle seulement de baisse des salaires, de chômage et de sans-abri.
    Les organisations multinationales privées s'emparent progressivement de tous les leviers de force des Etats : réseaux de communication, satellites, services d'informations, fichage des personnes, institutions judiciaires (établies par l'OMC, accord grâce auquel une multinationale pourra traîner un Etat devant une cour de justice internationale spéciale).
    L'étape suivante, et dernière, que visent ces organisations sera d'obtenir la part de pouvoir militaire et policier correspondant à leur nouveau pouvoir, en créant leurs propres forces armées puisque les armées et les polices nationales ne sont pas adaptées à la défense de leurs intérêts dans le monde. D'ici peu, les armées seront destinées à devenir des entreprises privées, des prestataires de travail sous contrat aussi bien pour un Etat que pour quelque client privé en mesure de payer leurs services. Mais, en dernière analyse, ces armées privées serviront les intérêts des grandes multinationales et auront pour mission d'attaquer les Etats qui ne se plieront pas aux règles du nouvel ordre économique.
    Nous atteignons maintenant le point de non-retour écologique. Il est évident que nous sommes près d'atteindre les limites écologiques dues à l'activité économique de l'homme. Un système économique libéral dont le but est la recherche du profit à court terme pour des intérêts privés ne peut pas prendre en compte les conséquences à long terme, comme la dégradation du milieu. En outre, les modèles économiques actuels ne sont pas adaptés pour évaluer avec précision la « production » de la nature indispensable à notre survie : production d'oxygène, d'anhydride carbonique provenant des forêts et des océans, régulation de la température, protection contre l'irradiation solaire, recyclage chimique, distribution des pluies, production d'eau potable, production des aliments, etc.
    Il semble que la disparition de la nature soit inévitable parce que voulue par le nouveau pouvoir économique. Mais pourquoi ? Pour trois raisons :
    1) la disparition de la nature et l'augmentation de la pollution rendront les individus encore plus dépendants, pour leur survie, du système économique, ce qui permettra la création de nouveaux profits comme la vente d'oxygène en aérosols, de dispensateurs d'oxygène dans les villes, l'augmentation de la consommation de médicaments et de prestations médicales ;
    2) d'autre part, la nature constitue un repère appartenant à un monde différent, celui de l'univers ; la contemplation de la beauté et de la perfection de cet ordre est subversive ; elle porte l'individu à refuser la laideur des milieux urbains et à douter de l'ordre social qui est censé rester la seule référence ;
    3) enfin, la contemplation de la nature incite au rêve et intensifie la vie intérieure des individus, en développant leur propre sensibilité et par conséquent leur libre arbitre. A partir du moment où ces individus cessent d'être fascinés par les biens de consommation ils évitent les programmes télévisés destinés à les abrutir et à contrôler leurs esprits. Libres de tout lien, ils se mettent à imaginer une société différente, possible, fondée sur d'autres valeurs qui n'ont rien à voir avec le profit et l'argent.
    Tout ce qui peut porter les individus à penser et à vivre par eux-mêmes est potentiellement subversif. Le plus grand danger pour l'ordre social est la spiritualité, parce qu'elle porte l'individu à bouleverser son système de valeurs et du même coup son comportement, au détriment des valeurs et des comportements implantés précédemment par le conditionnement social. Pour la stabilité du « nouvel ordre social » tout ce qui peut stimuler le réveil spirituel doit être éliminé. S'ils ne veulent pas être exclus définitivement du jeu, les contre-pouvoirs au pouvoir économique (Etats, syndicats, associations de consommateurs, mouvements patriotiques) doivent répondre en se positionnant sur le même niveau organisationnel, au niveau mondial et non plus national, en unifiant et en synchronisant leurs actions de manière à avoir un poids suffisamment incisif sur les flux économiques mondiaux.
    Il nous reste peu de temps pour réagir vu que tous les éléments nécessaires à une future dictature économique mondiale sont déjà en place.
    Durant les deux derniers millénaires, la civilisation a traversé quatre périodes, marquées par quatre formes de pouvoir politique :
    1/ L'ère des chefs de tribu :
    Le pouvoir s'exerce par la force (et plus rarement par la sagesse ou la connaissance) ; comme chez les animaux, le pouvoir va au « mâle dominant » ;
    2/ L'ère des empires et des royaumes :
    Le pouvoir est héréditaire. Naissance de la notion d'Etat ;
    3/ L'ère des Etats-nations :
    Cette période s'ouvre avec la monarchie constitutionnelle en Grande-Bretagne en 1689, avec la Révolution française en 1789 et avec la fondation des Etats-Unis. Dans un Etat-nation, le pouvoir n'est plus héréditaire mais il est exercé par des dirigeants représentant le peuple et désignés au moyen d'élections (Etat-nation démocratique) ou par un système de cooptation au sein d'un parti unique (Etat-nation autoritaire ou totalitaire) ;
    4/ L'ère des potentats économiques :
    Cette période a commencé en 1954, a fonctionné au cours des années 1970 et 1980 et elle est complètement opérationnelle à partir des années 1990. Le pouvoir n'est plus de type représentatif ou électif et il n'est plus situé géographiquement (contrairement aux tribus, aux royaumes et aux Etats-nations) mais il est exercé directement par ceux qui contrôlent le système financier et la production des marchandises. Les instruments de ce pouvoir sont le contrôle de la technologie, de l'énergie, de la monnaie et de l'information. A titre de pouvoir entièrement nouveau, il s'érige en remplacement du pouvoir précédent qui, lui, est destiné à disparaître. Enfin, ce nouveau pouvoir est global, planétaire. Il n'y a donc ni alternative, ni moyen d'y échapper ; il constitue un nouveau niveau organisationnel de la civilisation, une sorte de super-organisme. Pour ce nouveau pouvoir, la solution des problèmes à dimension planétaire passe malheureusement par l'avènement d'une forme de pouvoir global. L'unification du monde au moyen de l'économie et le déclin des Etats-nations ont été décidés de manière à rendre impossible toute rébellion contre le nouvel ordre mondial mais aussi pour amener à l'état d'esclave le nouveau citoyen consommateur.
    Il y a bien longtemps, une certaine bourgeoisie préparait la Révolution française et la conséquence en fut l'arrivée, à cette époque, des susdits potentats économiques et la destruction du principe d'indépendance nationale.
    Il est temps de désigner ouvertement les responsables. Dans cette bataille, attendre ne ferait qu'amener notre civilisation au suicide : rien ni personne ne viendra à notre aide si nous ne créons pas nous-mêmes les conditions de notre survie.
    Les principales organisations du pouvoir planétaire sur le banc des accusés sont :
    – Le FMI (Fonds monétaire international) et la Banque mondiale :
    Ce sont eux qui définissent l'économie et l'environnement de la planète au moyen de prêts accordés aux Etats du tiers-monde à condition que ces derniers appliquent une politique économique d'inspiration ultra-libérale, souvent au détriment des réalités humaines et écologiques.
    – L'OMC (Organisation mondiale du commerce) :
    Cet organisme fixe les règles du commerce mondial, en réduisant de manière considérable les marges décisionnelles des Etats dans le domaine économique ou environnemental.
    – Le Forum économique mondial :
    Cette organisation réunit les hommes les plus puissants et les plus riches de la planète. Le critère d'entrée dans ce milieu est le niveau de pouvoir, de richesse et d'influence du candidat dans le monde de l'économie, de la politique internationale, de la technologie ou des médias. La principale réunion du Forum économique mondial se tient annuellement à Davos, en Suisse, à la fin du mois de janvier. Tout au long de l'année les membres les plus importants de cette organisation sont reliés entre eux par un super-réseau de vidéo-conférences, du nom de « Welcome », qui leur permet de prendre à tout moment des décisions importantes au niveau mondial. Exactement comme dans le film « Rollerball » qui décrit un monde futur dans lequel les cartels économiques ont pris le pouvoir et où une élite planétaire prend ses décisions au cours de simili vidéo-conférences.
    – La Commission Trilatérale :
    C'est un organisme de réflexion international fondé en 1973 par David Rockefeller et Zbigniew Brzezinski (ex-conseiller du président Jimmy Carter). Il réunit les dirigeants des principales zones économiques : Amérique du Nord, Europe occidentale et Japon.
    – Le CFR - Council on Foreign Relations (Conseil des relations étrangères) : C'est une organisation américaine qui réunit les dirigeants politiques et économiques de haut niveau (comme le président Bush, Henry Kissinger ou David Rockefeller).
    – Le Club de Rome :
    C'est un « club de réflexion » de dirigeants politiques et économiques, principalement européens.
    On n'oubliera pas, en outre, les nombreuses sociétés fondées ces dernières années (surtout aux Etats-Unis), spécialisées dans la récolte d'informations individuelles, officiellement à des fins commerciales. Mais ces dossiers privés commencent à recueillir des millions de profils individuels très précis des consommateurs répartis sur l'ensemble des pays occidentaux. Les informations de ces « files » sont vendues à qui désire les acquérir.
    Gian Franco Spotti, 16 décembre 2007
    Traduction de l'italien par Y.F.
    http://archives.polemia.com/article.php?id=1592

  • Déchéance de la nationalité : Le retour du tragique et l'écroulement final de 1789

  • Baroin et l'AMF : le renforcement d'un anti catholicisme primaire, une mauvaise réponse à l'islamisme violent

    Le père Matthieu Rougé,curé de Saint-Ferdinand-des-Ternes à Paris et ancien responsable du service pastoral d'études politiques, répond aux questions du Figaro

    "Que penser de la polémique suscitée par le vade-mecum de l'association de l'Association des maires de France qui estimait en novembre dernier que «la présence de crèches de Noël dans l'enceinte des mairies [n'était] pas compatible avec la laïcité»? On a l'impression que ce débat revient chaque année…

    Il y a une dizaine d'années, on s'en était pris aux sapins de Noël. Mais certains esprits éclairés ayant expliqué qu'ils constituaient la rémanence de cultes druidiques, ils avaient perdu en quelques jours leur caractère attentatoire à la République! Comme si le culte druidique, en tant que culte, était moins contraire à la laïcité que le culte chrétien…

    Beaucoup de responsables publics semblent en fait ne pas concevoir d'autre réponse à l'islamisme violent que le renforcement d'un anti catholicisme primaire. C'est pour le moins une erreur d'appréciation sur notre culture et sur le cœur de l'homme. Dans l'espace public, les crèches disent sur un mode accessible à tous, et qui n'est pas immédiatement confessionnel, la beauté de la vie et de l'accueil, réalités salutaires dans un temps de violence et d'exclusion. Dans le «vademecum» de l'AMF, il y a une recommandation encore plus choquante: la consigne stricte pour les élus de ne jamais manifester leur foi, par quelque geste que ce soit, dans le cadre public.

    En quoi la neutralité de l'Etat serait-elle remise en cause par le fait que certains élus soient sereinement et ouvertement croyants, à partir du moment où ils prennent soin de tous avec équité? Une telle idéologie antireligieuse est en réalité d'une grande violence. J'ai célébré en novembre les obsèques d'un jeune homme assassiné au Bataclan. Le jour de son enterrement, le maire local, catholique mais très attentif aux différentes communautés religieuses de sa commune, a participé à l'émotion et à la prière de tous avec ferveur et simplicité. Pendant que nous chantions le Notre Père de tout notre cœur, je me suis dit: «faut-il avoir l'esprit épais et le cœur sec pour penser qu'il y aurait là une atteinte à la juste laïcité».

    Lahire

  • L’euro : vers la dictature ? (Introduction)

    Voici l’analyse d’Antraigues, polytechnicien et auteur de précédentes contributions à Polémia

    Du fait de contraintes de présentation, elle a été coupée en 2 parties

    Introduction

    ♦ Seize ans après la mise en place de l’euro, l’échec est total.

    Au sein de l’OCDE, c’est la zone euro qui a eu la plus faible croissance économique, et les écarts entre pays n’ont cessé de s’aggraver. Bien des Etats ont été durement touchés par la crise de 2008, mais il n’y a plus que dans cette zone que l’on parle encore de la crise des dettes souveraines qui en est résulté. Sept ans après, ces dettes n’y sont toujours même pas stabilisées, malgré les politiques « d’austérité » et de « dévaluation interne » alors mises en place.

    Contre toute évidence cette crise des dettes souveraines, qui était structurelle (c’est la crise qui avait fait exploser les dettes, et non les dettes qui étaient à l’origine de la crise !), a été présentée comme le résultat de politiques budgétaires irresponsables : d’où, par le « pacte budgétaire » de 2012, la mise du budget des Etats sous le contrôle de la Commission européenne, avec possibilité pour cette dernière d’imposer des sanctions. Ainsi, dans une démarche parfaitement totalitaire, les conséquences d’abandons de souveraineté ont servi de prétextes à un nouvel abandon de souveraineté. L’échec s’aggravant, un pas de plus est maintenant évoqué, par l’instauration d’un « gouvernement économique renforcé » de la zone euro.

    Aujourd’hui la France et les autres pays en difficulté, pris au piège d’un endettement artificiellement créé, sont sous la pression permanente des marchés financiers, ainsi que dans une dépendance accrue de l’Union européenne, étranglés économiquement (et donc budgétairement) comme ils le sont.

    L’euro est ainsi devenu un outil de domination politique et économique, et sans doute ne faut-il pas chercher plus loin la raison profonde de l’acharnement actuel non seulement à le maintenir, mais à éviter tout départ de la zone euro, voire à étendre cette dernière.

    C’est avoir privé les Etats de leur souveraineté monétaire qui a conduit l’UE à imposer la spoliation des déposants pour sauver les banques en difficultés (transcription effectuée dans le droit national par ordonnance en plein mois d’août dernier).

    Avoir mis en place une union monétaire avant l’union politique, cela n’a pas seulement conduit à l’échec économique : cela a aussi ouvert la porte à la dictature. Quant à l’union politique (c’est-à-dire la création librement acceptée par les peuples concernés d’un Etat fédéral regroupant d’anciennes nations), sa perspective est aujourd’hui plus lointaine que jamais, si tant est qu’elle ait été réellement envisagée.

    Antraigues , 1/12/2015

    http://www.polemia.com/leuro-vers-la-dictature-introduction/

  • Schengen : la faille de l’Europe

    Alain Juppé, ancien Premier ministre et candidat à la primaire de la droite et du centre, a affirmé en visite à Mayotte le dimanche 20 décembre qu’il fallait « arrêter le flux permanent de l’immigration ». Comment pourrait-on le contredire ?
    L’INSEE a publié, le 13 octobre dernier, une note sur les flux migratoires en 2006 et en 2013. Il en ressort qu’au 1er janvier 2014, il y avait 5,9 millions d’étrangers en France, soit 731.000 personnes de plus qu’en 2006. Il est normal que des hommes et des femmes qui sont, dans leurs pays, confrontés à la guerre et à la misère, essayent, malgré les risques évidents, de rejoindre notre Europe. Néanmoins, force est de reconnaître que l’immigration représente un problème qu’il faut régler.
    Alors comment y parvenir ? La tâche est loin d’être aisée et son issue ne peut s’inscrire que sur le long terme. Car, contrairement à ce que prétendent certaines personnalités politiques de notre pays, rétablir les frontières nationales ne résoudrait rien. Ce qu’il faut, en revanche, c’est relancer la coopération avec les pays d’origine. Nous, Européens devons engager un projet de développement avec l’Afrique. Ce qui réclame courage, détermination et anticipation.
    Pour l’heure, l’Union européenne se contente de prendre des positions de principe comme traiter humainement les migrants qui arrivent sur le sol européen. Une position de principe qui, si elle est nécessaire, est cependant loin d’être suffisante parce qu’elle est un signe d’encouragement pour tous les candidats au départ. L’ancien Premier ministre socialiste Michel Rocard l’avait dit : « L’Europe ne peut accueillir toute la misère du monde. »
    Si l’Union européenne ne souhaite pas perdre le contrôle des événements et qu’ainsi aux problèmes migratoires s’additionnent des problèmes économiques et sociaux, les dirigeants européens doivent être conscients des failles du système actuel. En être conscients de pouvoir les résoudre.
    Ces failles, aujourd’hui, se nomment droit d’asile et Schengen. Droit d’asile parce qu’il fait quotidiennement l’objet de détournement. En France, par exemple, les reconduites à la frontière font l’objet de recours systématiques devant les tribunaux administratifs et le Conseil d’État. Les déboutés en appellent aux droits fondamentaux : avec succès puisque seuls 10 % d’entre eux (environ) quittent réellement le territoire ; le reste demeure sur le territoire national de façon totalement irrégulière. Nous ne pouvons ni ne devons plus accepter cela. Enfin l’espace Schengen, quant à lui, est devenu une vraie passoire. En effet, l’agence Frontex chargée d’assurer le contrôle des frontières externes de la zone ne dispose que de très peu de moyens budgétaires et humains. C’est pourquoi il est urgent d’augmenter de façon massive son budget. Notre économie, notre prospérité, notre identité et notre société sont en jeu.

    Romain Bonnin

    Boulevard Voltaire :: lien

    http://www.voxnr.com/cc/tribune_libre/EuVEpFkkpyFCAJIGWg.shtml

  • La Russie de Poutine : notre seul allié sérieux

    La politique de Vladimir Poutine serait-elle la seule chance pour la France et l’Europe ? Contre le chaos. Que ce soit au Moyen Orient ou dans les solutions qu’il faudrait apporter au sein de nos sociétés ? L’axe choisi par la nouvelle Russie post-soviétique et post-eltsinienne, tant décrié, ne pourrait-il pas être un modèle ? La position russe semble être la plus sage et la plus forte, comme le révèle la victoire de la diplomatie russe au Conseil de Sécurité de l’ONU le 18 décembre. 

    La stratégie russe est pensée, celle de l’Occident est improvisée

    Pour le politologue Fedor Loukianov, président du Conseil pour la Politique étrangère et la politique de Défense de Russie,  l’engagement de la Russie en Syrie « a porté un coup inattendu au monopole des États–Unis dans leur rôle de ”gendarme du monde”. Monopole que Washington détient depuis 25ans. Dans un monde unipolaire, les guerres ”au nom de la paix” ne sont menées que par les États–Unis soutenus par leurs alliés. En intervenant militairement, Moscou a rebattu les cartes d’un conflit international majeur  ». (Rossiyskaya Gazeta)

    1. Poutine et son gouvernement ont entrepris en Syrie plus que la lutte contre Dae’ch et le terrorisme islamique et l’interdiction du renversement du régime d’Assad qui mènerait à un chaos encore pire qu’aujourd’hui ; ils ont voulu, par une intervention beaucoup plus musclée et efficace que celle de la coalition occidentale, mettre un terme à l’unilatéralisme américain et montrer que la Russie redevenait une grande puissance, notamment militaire et diplomatique, avec laquelle il faudra compter.

    Au Moyen Orient, les buts géopolitiques de la Russie de Poutine sont aussi : faire une prudente alliance régionale avec l’Iran chiite, sans se faire manipuler par lui comme les Américains le sont par l’Arabie saoudite ; maintenir une stabilité et une présence militaire russe permanente dans la Syrie utile côtière ; contrôler une zone historiquement explosive et instable qui est assez proche des frontières de la Russie méridionale. La Russie, par l’emploi de la force intelligente, veut restabiliser une région que  les Américains ont déstabilisée.

    Les frappes aériennes françaises (ou britanniques, très faibles) n’ont aucune efficacité militaire. Elles ne sont qu’un moyen de politique intérieure et n’ont aucune dimension stratégique. C’est de la communication. À l’inverse des Russes, nous n’avons pas d’objectifs efficaces et réfléchis. On fait du spectacle. Les Rafales et les Super Étendards qui décollent du porte-avion nucléaire Charles de Gaulle, c’est de la vidéo, pas de la stratégie.     

    La politique tordue et dangereuse de l’administration US

    Au Moyen-Orient, face à la montée de l’islamisme, vis-à-vis de l’Europe et de la Russie, la politique de Washington n’est pas claire et ambiguë. L’ensemble du jeu est très trouble.

    Le premier objectif de Washington est de neutraliser et de dominer par une ”alliance” de dupes l’Union européenne ; le second  est d’encercler, d’affaiblir et de contenir la Russie pour l’empêcher de redevenir un rival de type URSS. La crise ukrainienne et les ”sanctions ”économiques anti-russes en sont des épisodes.

    Le troisième objectif est de jouer un double jeu avec l’islamisme, par l’intermédiaire de la Turquie d’Erdogan (membre de l’OTAN) et du vieil allié depuis 1945, l’Arabie saoudite. Mais le but principal de Washington n’est pas l’élimination de Dae’ch, d’autant que c’est sa créature indirecte, résultat de l’invasion et de la destruction de l’Irak. L’Arabie saoudite (ainsi que le Qatar, ce bon ami de la France) est à l’origine de l’idéologie wahhabite fondamentaliste de retour aux sources islamiques , qui a donné le djihad soufiste qu’appliquent Dae’ch, Al–Qaida , AQMI, Al-Nosra et Boko-Aram en Afrique noire. L’Arabie finance en sourdine et inspire les mouvements islamiques terroristes. Quant à la Turquie du sultan islamiste ”modéré” Erdogan, elle aide objectivement Dae’ch (trafic de pétrole, aides logistiques, frappes anti-Kurdes, etc.). (1) Ses deux ennemis principaux sont l’Europe (le régime d’Erdogan veut entrer dans l’UE pour la détruire de l’intérieur) et la Russie : son aviation a abattu un appareil russe, sans se préoccuper des sévères sanctions économiques de Moscou.

    L’Arabie a aussi provoqué, par une politique cynique de surproduction pétrolière au moment même de l’affaiblissement de la demande chinoise, un effondrement du prix des hydrocarbures – divisé par deux. Cette politique lui a été suggérée par Washington afin de faire gravement chuter les recettes pétro-gazières de la Russie. En échange, l’Arabie a exigé de Washington que l’administration US ferme les yeux sur son aide internationale à l’islamisme. La Russie était déjà handicapée par les sanctions économiques (illégales) suite à la crise ukrainienne.(2)On cherche donc à créer une crise économique, financière et budgétaire en Russie afin de casser ses efforts pour redevenir une grande puissance, notamment militaire.    

    Comme toujours, la politique étrangère US est déstabilisatrice et très dangereuse, y compris pour les États–Unis eux-mêmes. Dans ce noeud de vipères, elle joue un jeu trouble, Mais dans tous les cas, la Russie est considérée par Washington, la Turquie et l’Arabie (qui déteste l’Iran, Assad, etc.) comme une puissance hostile. La russophobie est ce qui les rassemble. Les Européens sont hors jeu. On dirait qu’ils adorent sortir de l’histoire.

    Le réveil russe est fondamental pour l’Europe

    Pourtant la Russie, restaurée par Vladimir Poutine depuis 15 ans, devrait présenter pour les Européens un facteur de stabilité, d’alliance et d’exemple. Mais elle est détestée par l’oligarchie et son idéologie dominante (mais très minoritaire numériquement), parce que le régime de Poutine ne correspond pas à ses dogmes. Comparé aux chefs d’État et dirigeants de l’UE – qui ne sont que des politiciens, des businessmen de la politique – Vladimir Poutine est le seul à posséder une vision à long terme pour son pays et pour l’Europe (3), le seul à envisager une géostratégie, le seul homme politique au sens aristotélicien.       

    La stratégie de Poutine, qui a été parfaitement comprise et décrite par Frédéric Pons, journaliste et grand reporter àValeurs actuelles et auteur d’un livre intitulé « Poutine », pourrait se résumer ainsi.

    Comme Napoléon ou De Gaulle, Poutine veut faire la synthèse entre plusieurs traditions politiques russes, en conservant les meilleurs aspects de chacune. Le traiter de ”nouveau Tzar” est faux puisqu’il a été démocratiquement élu à la tête d’un régime présidentiel de type démocratique. Il est apprécié dans les sondages et les suffrages par une proportion de citoyens qui font pâlir les dirigeants occidentaux.

    En rupture complète avec l’idéologie marxiste–léniniste et trotskiste, utopique et totalitaire , comme avec l’anarchie de la parenthèse Eltsine, le nouveau régime russe opère une ” révolution conservatrice nationale et démocratique ”. Entente avec l’Église orthodoxe, respect des traditions, défense de la famille traditionnelle et naturelle, encouragement de la natalité, patriotisme. Toutes ces valeurs vitales sont partagées par 90% des peuples du monde mais sont détestées par les intellocrates occidentaux qui monopolisent les médias. Les Russes, avec bon sens, les plébiscitent.

    La Russie, difficilement restaurée dans sa puissance et ses valeurs par le régime de Vladimir Poutine, affronte évidemment d’énormes problèmes internes à résoudre. Tout le monde en a. Mais, sur le plan de la politique étrangère, de la coopération militaire, stratégique, commerciale et technologique, l’Europe et surtout la France auraient tout intérêt, dans un monde de tempêtes, à considérer la Russie comme notre allié principal.

    Victoire de la diplomatie russe et suggestions

    Le 18 décembre, au Conseil de Sécurité de l’ONU, la proposition russe sur la Syrie a été admise à l’unanimité. Il s’agit d’un texte de compromis pour un règlement politique du conflit. L’hypothèse dangereuse et stupide de l’éviction inconditionnelle d’Assad a été rejetée. Les Etats-Unis et la France ont cédé face au bon sens en béton de M. Lavrov  et face à la force des faits; la reculade de MM. Kerry et Fabius signifie que la Russie à repris la main dans le poker international. La Russie, en dépit de toutes ses faiblesses internes, est en train de redevenir un acteur majeur de la sécurité et des équilibres internationaux.

    La ”menace russe” imaginaire sur l’Europe de l’Est (Pologne, pays baltes, etc.) est un point clé de la propagande occidentale – décidée à Washington – contre Moscou ; c’est un fantasme entretenu qui fait des dégâts dans les opinions publiques des pays anciennement membres du Pacte de Varsovie, afin d’entretenir la peur et la russophobie. Ce mensonge, d’une stupidité déconcertante, laisse entendre que la Russie de M. Poutine risque d’attaquer l’Europe orientale. C’est pourquoi il faudrait que le gouvernement et la diplomatie russes s’emploient à contrer, à déconstruire cette propagande. Ce devrait être une priorité pour le Kremlin.

    (1) Erdogan, héritier de l’idéologie islamo-ottomane, vise à détruire l’héritage d’ Attaturk qui voulait européaniser la Turquie.

    (2) Ces sanctions, comme les mesures commerciales de rétorsions russes, ne nuisent qu’aux économies européennes.

    (3) La Russie est plus européenne qu’asiatique. Les Russes ont conquis une partie de l’Asie (Sibérie) mais la culture russe est fondamentalement européenne.

    http://www.gfaye.com/la-russie-de-poutine-notre-seul-allie-serieux/