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  • Vous voulez la guerre ? La Russie est prête !

    Par Pepe Escobar

    Article original : "You Want War ? Russia is Ready for War" (Sputnik, le 15 décembre 2015)

    Traduction : JFG- QuestionsCritiques

    Personne n’a besoin de lire l’œuvre de Zbigniew Brzezinski, Le Grand Echiquier (1997), pour savoir que la politique étrangère des Etats-Unis tourne autour d’un unique thème englobant tout : empêcher — par tous les moyens si nécessaire — l’apparition d’une ou plusieurs puissances capables de gêner l’unilatéralisme arrogant de Washington, non seulement en Eurasie mais dans le monde entier.

    Le Pentagone porte ce même message enchâssé dans le jargon démocratique : la doctrine de la domination à spectre total (the Full Spectrum Dominance doctrine).

    La Syrie conduit toutes ses estimations à s’effondrer comme un château de cartes. Il ne faut donc pas s’étonner si la norme actuelle à Washington, qui est dépourvue de toute chaîne visible de commandement – on peut à peine qualifier l’administration Obama de canard boiteux -, est l’angoisse.

    Le Pentagone s’est à présent engagé dans une escalade de type guerre du Vietnam en posant ses bottes sur le terrain dans tout le « Syrak ». 50 commandos se trouvent déjà dans le nord de la Syrie pour « conseiller » les Kurdes syriens du YPG, ainsi que quelques sunnites « modérés ». Comprendre : leur dire ce que Washington veut qu’ils fassent. La présentation officielle de la Maison Blanche est que ces commandos « soutiennent les forces locales » (les mots d’Obama) en coupant les lignes d’approvisionnement conduisant à la capitale du faux « Califat », Rakka.

    200 autres forces spéciales envoyées en Irak vont bientôt suivre, prétendument pour « livrer un combat direct » contre la direction de Daech/Etat Islamique, qui est maintenant installée à Mossoul.

    Ces développements, présentés comme des « efforts » pour « se réengager partiellement en Irak et en Syrie » conduisent le petit monde des think tanks américains à formuler des rapports hilarants à la recherche de « l’équilibre parfait entre une invasion à grande échelle et un désengagement complet » — lorsque tout le monde sait que Washington ne se désengagera jamais des ressources pétrolières stratégiques du Moyen-Orient.

    En théorie, toutes ces bottes américaines sur le terrain devraient bientôt se coordonner avec une nouvelle coalition spectaculairement surréaliste de 34 pays « islamiques » (l’Iran n’y a pas été invité), créée pour combattre Daech par rien de moins que la matrice idéologique de toutes les variantes du salafisme djihadiste de l’Arabie Saoudite wahhabite.

    La Syrie est désormais « l’aérogare » des coalitions. Il y en a au moins quatre : le « 4+1 » (Russie, Syrie, Iran, Irak plus Hezbollah), qui combat vraiment Daech ; la coalition emmenée par les USA, une sorte de mini combinaison Otan-CCG, mais avec le CCG qui ne fait rien ; la collaboration militaire directe entre la France et la Russie ; et la nouvelle comédie « islamique » emmenée par l’Arabie Saoudite. Elles s’opposent à un nombre stupéfiant de coalitions et d’alliances salafistes djihadistes de circonstance qui peuvent durer quelques mois comme quelques heures.

    Et puis, il y a la Turquie, laquelle joue un double jeu vicieux sous Erdogan.

    Sommes-nous une fois de plus face au syndrome Sarajevo ?

    « Tendues » ne commence même pas à décrire les tensions géopolitiques actuelles entre la Russie et la Turquie, qui ne montrent aucun signe d’affaiblissement. L’Empire du Chaos en profite sans modération en tant que spectateur privilégié, tant que les tensions durent, les perspectives d’intégration de l’Eurasie sont nulles.

    Les services de renseignements russes ont certainement anticipé tous les scénarios possibles impliquant l’armée otano-turque à la frontière turco-syrienne, de même que la possibilité qu’Ankara ferme le Bosphore et les Dardanelles pour « l’Express syrien » russe. Erdogan pourrait ne pas être assez fou pour offrir un nouveau casus belli à la Russie. Mais Moscou ne prend aucun risque.

    La Russie a placé des navires et des sous-marins capables de lancer des missiles nucléaires au cas où la Turquie, sous la couverture de l’Otan, déciderait de frapper les positions russes. Le Président Poutine a été clair : la Russie utilisera l’arme nucléaire si nécessaire au cas où ses forces conventionnelles seraient menacées.

    Si Ankara opte pour une mission suicide en descendant un autre Su-24, ou un Su-34, la Russie dégagera tout simplement l’espace aérien tout le long de la frontière au moyen de ses S-400. Si Ankara, sous la couverture de l’Otan, répond en lançant l’armée turque contre les positions russes, la Russie utilisera ses missiles nucléaires, entraînant l’Otan dans la guerre, non seulement en Syrie mais potentiellement aussi en Europe. Et cela impliquerait l’utilisation de missiles nucléaires pour maintenir l’utilisation stratégique par la Russie d’un Bosphore ouvert.

    Voilà comment on peut tirer un parallèle entre la Syrie d’aujourd’hui et Sarajevo en 1914.

    Depuis la mi-2014, le Pentagone a déroulé toutes sortes de jeux de guerre — jusqu’à 16 fois, sous des scénarios différents – opposant l’Otan à la Russie. Tous ces scénarios étaient favorables à l’Otan. Toutes les simulations ont donné le même vainqueur : la Russie.

    Et c’est pourquoi le comportement fantasque d’Erdogan terrifie vraiment un bon nombre d’initiés, de Washington à Bruxelles.

    Quelques données sur les missiles de croisière

    Le Pentagone a parfaitement conscience de la puissance de feu que la Russie peut déchaîner si elle est provoquée au-delà des limites par quelqu’un comme Erdogan. En voici quelques exemples :

    La Russie peut utiliser le puissant missile SS-18 — dont le nom de code attribué par l’Otan est « Satan » ; chaque « Satan » transporte 10 ogives, chacune d’une puissance de 750 à 1000 kilotonnes, suffisante pour détruire une aire de la taille de l’Etat de New York [équivalente à la taille de l’Angleterre].

    Le missile balistique intercontinental Topol M est le missile le plus rapide du monde, volant à Mach 21 (25.700 km/h) ; il n’existe aucune défense contre lui. Lancé depuis Moscou, il peut frapper New York en 18 minutes, et Los Angeles en 22 minutes et 8 secondes.

    Les sous-marins russes — de même que les sous-marins chinois — peuvent tirer au large des Etats-Unis et frapper des cibles côtières en une minute. Des sous-marins chinois ont fait surface à proximité de porte-avions américains sans se faire détecter, et les sous-marins russes peuvent faire la même chose.

    Le système antimissiles S-500 a la capacité de fermer hermétiquement la Russie aux missiles de croisière et intercontinentaux. (Officiellement, Moscou n’admet seulement que les S-500 n’entreront en activité qu’en 2016, mais le fait que des S-400 seront bientôt livrés à la Chine implique que les S-500 sont peut-être déjà opérationnels).

    Le S-500 fait ressembler le missile Patriot à un V-2 de la Seconde Guerre mondiale.

    Là, un ancien conseiller américain du chef des Opérations navales dit publiquement que tout l’appareil de défense de missiles américain ne vaut rien.

    La Russie a une flotte de bombardiers supersoniques constituée de Tupolev Tu-160, qui peuvent décoller de bases aériennes depuis le cœur de la Russie, voler au-dessus du Pôle Nord, lancer des missiles de croisière armés d’une tête nucléaire depuis une distance de sécurité au-dessus de l’Atlantique, et rentrer à la base pour regarder ce qui se passe à la télé.

    La Russie peut paralyser pratiquement toutes les bases avancées de l’Otan avec des armes nucléaires tactiques — ou de champ de bataille — à petites charges. Ce n’est pas un hasard si la Russie, au cours des derniers mois, a testé les temps de riposte de l’Otan à de multiples occasions.

    Le missile Iskander voyage à sept fois la vitesse du son avec une portée de 400 km. Il est dévastateur contre les terrains d’aviation, les points logistiques et autres infrastructures stationnaires le long d’un théâtre de guerre étendu, par exemple dans le Sud de la Turquie.

    Il faudrait que l’Otan mette tous ces Iskander hors service. Mais alors, ils devraient face aux S-400 — ou, pire, aux S-500 — que la Russie peut déployer dans les zones de défense sur presque tous les théâtres de guerre imaginables. Le positionnement des S-400 à Kaliningrad, par exemple, paralyserait toutes les opérations de l’Otan loin à l’intérieur de l’Europe.

    Présidant aux décisions militaires, la Russie privilégie l’utilisation du Contrôle Réfléchi (CR). C’est une tactique qui vise à transmettre à l’ennemi une information sélectionnée qui le force à prendre des décisions contraires à ses intérêts, une sorte de virus influençant et contrôlant son processus de prise de décision. La Russie utilise le CR de façon tactique, stratégique et géopolitique. Dans sa jeunesse, Vladimir Poutine a appris tout ce qu’il y avait à savoir à propos du CR à la 401ème école du KGB et ensuite au cours de sa carrière en tant qu’officier du KGB puis du FSB.

    Alors, Erdogan et l’Otan, vous voulez toujours faire la guerre ?

    Pepe Escobar

    par Salah Lamrani (Sayed 7asan) (son site)

    http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/vous-voulez-la-guerre-la-russie-175691

  • 450.000 fausses identités « recensées » en Europe. Et combien en circulation ?

    On a recensé en 2014, sur le seul territoire français, 120.000 personnes détenant une double identité. On les a recensées parce qu’elles étaient suspectes ou impliquées dans des affaires délictueuses, très exactement « mises en cause dans une affaire pénale ». « Contrefaçon ou falsification de documents, vols de passeports et de cartes d’identité vierges… », le nombre des fausses identités a augmenté de 21 % ces cinq dernières années.

    Ce chiffre émane d’un rapport de l’ONDRP (Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales) et ne prend en compte, soulignons-le, que les personnes ayant maille à partir avec la justice. C’est dire que le nombre d’individus circulant avec de faux papiers est considérablement plus élevé. Selon les confidences faites au Figaro par Christophe Naudin, expert en criminalité identitaire, on compterait « sans doute 200.000 fraudes à l’état civil, si l’on croise [les chiffres du ministère de l’Intérieur] avec les données des acteurs privés, comme les organismes sociaux ou les banques ».

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  • Le père d’Aylan tente à nouveau de faire pleurer les européens…

    En septembre dernier, les médias se sont servis de la photo de son fils échoué sur une plage turque pour apitoyer les européens et ouvrir en grand les frontières de l’UE. Le père du garçon joue à nouveau la carte de la pleurniche en adressant un message de Noël afin que le monde occidental « ouvre ses portes » aux millions d’étrangers. (Aux lecteurs qui auraient manqué l’information, voici les véritables raisons du départ du père d’Aylan vers l’Europe voir ici.)

    Trouvé sur 20minutes : La vidéo sera diffusée sur la chaine britannique Channel 4 qui en a dévoilé ce mardi une transcription intégrale dans un communiqué en ligne. Dans son message, Abdullah Kurdi commence par se présenter, il rappelle qu’il est « Syrien, de Kobané, Kurde ». « Nous, Syriens quittions notre pays à cause de la guerre. Nous craignons tous pour nos enfants, notre honneur. Il y a les bombes-barils, les explosions et aussi Daesh. Nous avons des centaines de milliers de problèmes. » Il raconte ensuite le périple de sa famille, et le chavirement du bateau sur lequel elle avait embarqué au large de Bodrum (Turquie). « Mes fils, Aylan et Galeb et ma femme Rehanna se sont noyés. »

    Abdullah Kurdi souligne qu’il veut « aider les enfants ». « Le message que je veux envoyer au monde c’est qu’il ouvre ses portes aux Syriens. Si une personne ferme la porte au nez de quelqu’un, alors c’est très difficile. Mais quand une porte s’ouvre, il n’y a plus d’humiliation », ajoute-t-il, en demandant à ceux qui l’écoutent « durant ette période spéciale de l’année » de « prendre en compte la douleur des pères, des mères et des enfants qui cherchent la paix et la sécurité ».

    « Nous vous demandons juste un peu de sympathie », conclut-il, souhaitant une bonne année au monde, et espérant que « l’an prochain, la guerre finira en Syrie et la paix régnera à travers le monde »

    http://www.contre-info.com/le-pere-daylan-tente-a-nouveau-de-faire-pleurer-les-europeens

  • Il n’est que temps pour Christiane Taubira de débarrasser … le parquet

    Bernard Antony communique :

    "Incroyable provocation de mépris pour la souveraineté française, c’est Alger que Christiane Taubira, incroyablement toujours ministre de l’État français, avait choisi pour annoncer hier le retrait du projet de loi constitutionnel de déchéance de la nationalité française pour les criminels de la double nationalité.

    Elle est aujourd’hui démentie et giflée par la décision contraire de François Hollande qui tout de même, enfin, n’a pas accepté une nouvelle provocation humiliante de la part de l’ancienne militante terrorisante de l’indépendantisme guyanais.

    À la vérité, provocatrice de nature, dame Taubira, qui n’a jamais aimé la France, n’a cessé de vouloir vérifier jusqu’où elle pouvait aller trop loin. Aujourd’hui, si elle ne veut pas perdre la face aux yeux de tout le monde et notamment de ses bons amis algériens, elle doit démissionner. Si elle ne le fait pas, c’est une fois de plus Hollande qui va susciter la dérision s’il ne la vire pas du gouvernement alors que l’occasion s’en offre enfin.

    Certaines caricatures jadis, pas très finaudes, avaient rendu Taubira quasiment intouchable. Son action ministérielle a toujours été pain bénit pour toute une magistrature idéologiquement sur les mêmes lignes qu’elle et qui défendait sans vergogne l’ignominie du « mur des cons » où, selon les pratiques des lynchages maoïstes de jadis on épinglait les noms et les photos des ennemis à abattre.

    Ce mois-ci, dans l’indifférence quasi générale, même à droite, nul ne réagit à la honte pour notre justice qu’a constitué l’incroyable relaxe des auteurs racistes de « Nique la France ». Rappelons que les quelques politiciens qui s’étaient indignés de ces textes de haine anti-française, de ces photos, et des textes rapeux qui les accompagnent n’ont fait suivre leurs propos d’aucune action.

    Alors qu’avec cinq ans de retard sur l’AGRIF M. Debono dans le journal Le Monde (10 décembre) a fini par découvrir le racisme réel de ces soi-disant antiracistes, il est accablant que notre institution judiciaire ait globalement été aussi inerte sinon complaisante pour Houria Bouteldja, Saïd Bouamama, Saïdou et autres  propagandistes de Nique la France.

    Faut-il rappeler que le slogan et le geste avaient été repris mimétiquement par le terroriste du Stade de France Billal Hadfi, diffusant sur Facebook avec la même gestuelle son « Nique la police » ?

    Après qu’elle ait « niqué » le président de la République Française en Algérie, il n’est que temps pour Christiane Taubira de débarrasser … le parquet en particulier et la justice en général de sa pitoyable gouvernance idéologique."

    A propos de "Nique la France", vous pouvez encore signer la lettre ouverte à François Hollande ici.

    Michel Janva

  • Daech : la France va-t-elle aussi intervenir en Libye ?

    La nécessité de contenir l'EI en Libye est désormais jugée urgente. Paris prépare les plans d'une intervention et tente de mettre sur pied une coalition internationale.

    Quand, comment, engager le fer contre Daech en Libye? Et qui, pour se lancer dans ce combat que l'on présente désormais à Paris comme nécessaire et urgent? Si l'état-major des armées (EMA) reste logiquement fort discret sur les plans de campagne qui s'élaborent à Balard, les pistes existent pour tenter d'esquisser des réponses plausibles à cette série de questions.

    L'horizon temporel, en premier lieu, s'est précisé au cours des dernières semaines. Pour éradiquer le «cancer Daech et ses métastases libyennes», une action militaire est jugée indispensable à l'horizon de six mois, voire avant le printemps, entend-on à la Défense.

    Des vols de reconnaissance ont corroboré la poussée de Daech, depuis les rivages de Syrte, vers les sites pétroliers et la zone des trafics transfrontaliers du Sud. L'extension des zones contrôlées par l'État islamique, à quelques centaines de kilomètres des côtes de l'Europe, le «basculement» en Libye de djihadistes venus du Levant, mais aussi du Yémen et du Soudan, la menace de Touaregs et de tribus du Sud, constituent aussi des paramètres de cette équation complexe - et devenue une priorité. D'où les encouragements prodigués par Paris au nouvel envoyé spécial de l'ONU, Martin Kobler, et à l'entente des parties libyennes. À charge pour celles-ci de mener ensuite la lutte contre Daech, grâce aux pays qui proposeront leurs troupes. Une autre hypothèse ne peut être exclue, euphémise-t-on à l'Hôtel de Brienne: faute d'un accord politique entre Libyens, la France «poursuivrait son travail» pour mettre sur pied une coalition militaire.

    Alain Barluet
    source Le Figaro ::lien

    http://www.voxnr.com/cc/etranger/EuVpluyEEFllCOSPvE.shtml

  • L'ingénierie sociale : modéliser les comportements pour mieux les conditionner

    La politique, en tant qu'ingénierie sociale, gestion des masses humaines, réduction de l'incertitude du comportement des populations, s'appuie donc tout d'abord sur une phase descriptive, constituée de travaux de modélisation de ces comportements populaires afin d'en définir les structures générales et les constantes. Ces travaux de modélisation mettent à jour les programmes, routines, conditionnements psychiques et algorithmes comportements auxquels obéissent les groupes humains. L'informatique est l'outil idéal, par exemple dans le calcul complexe (probabiliste et stochastique) des mouvements de foule, qui sert à la gestion des risques dans les instances professionnelles d'hygiène et de sécurité(évacuation des bâtiments), mais aussi à la police et l'armée pour encadrer et prévenir toute manifestation qui risquerait de déstabiliser le pouvoir. De plus, le travail d'espionnage d'une population, dans l'optique de modéliser ce qu'elle pense et ainsi désamorcer les nouvelles tendances critiques, requiert un travail de surveillance, de renseignement, de collecte d'informations et de fichage considérablement facilité par les développements de l'informatique ubiquitaire, ou ambiante et diffuse dans l'environnement, telle que théorisée par Mark Weiser, ainsi que par les "systèmes experts" de croisement des bases de données électroniques locales, publiques et privées (interception des communications, paiements par cartes, etc.). Le recoupement de ces informations glanées sur les réseaux numériques permettant de calculer par profiling une estimation du taux de dangerosité qu'une population (ou un individu) représente pour le pouvoir, on comprend dès lors que l'informatisation de la société, pour y faire basculer le maximum d'éléments de la vie des populations, soit une priorité des politiques contemporaines. 
         Dans son ouvrage Surveillance globale, Eric Sadin nous dresse une liste presque exhaustive de ces nouvelles formes de pouvoir à vocation non plus punitive mais anticipatrice et dont l'emprise est strictement coextensive à celle de la sphère technologique. Aux États-Unis, dans la foulée du Patriot Act, sont apparus des programmes gouvernementaux de surveillance électronique tels que le Total Information Awareness et le Multistate Anti-Terrorism Information Exchange (MATRIX). Plus récemment, l'Union européenne s'est dotée, elle aussi, de programmes dont les objectifs consistent à centraliser pour la police la"détection automatique de comportement anormal et de menaces", que ce soit dans le cyberespace pour INDECT Project, ou dans la rue, au moyen des caméras de surveillance pour ADABTS (acronyme d'Automatic Detection of Abnormal Behaviour and Threats in crowded Spaces).
         En France, le ministère de l’Éducation nationale se livre depuis quelques années à une scrutation des forums de discussion sur Internet, sous-traitée en 2008 par l'entreprise spécialisée en stratégies d'opinion i&e. L'appel d'offres pour 2009 comporte les missions suivantes : "Identifier les thèmes stratégiques (pérennes, prévisibles ou émergents). Identifier et analyser les sources stratégiques ou structurant l'opinion. Repérer les leaders d'opinion, les lanceurs d'alerte et analyser leur potentiel d'influence et leur capacité à se constituer en réseau. Décrypter les sources des débats et leurs modes de propagation. Repérer les informations signifiantes (en particulier les signaux faibles). Suivre les informations signifiantes dans le temps. Relever des indicateurs quantitatifs (volume des contributions, nombre de commentaires, audience, etc.). Rapprocher ces informations et les interpréter. Anticiper et évaluer les risques de contagion et de crise. Alerter et préconiser en conséquence. Les informations signifiantes pertinentes sont celles qui préfigurent un débat, un "risque opinion" potentiel, une crise ou tout temps fort à venir dans lesquels les ministères se trouveraient impliqués. (...) La veille sur Internet portera sur les sources stratégiques en ligne..."
         Les ministères de la Santé, de la Justice et de l'Intérieur ont également recours aux services d'entreprises offrant les mêmes prestations. Quant à la veille du paysage éditorial et au repérage des publications éventuellement subversives, elle est pointilleuse, comme l'ont appris à leurs dépens les camarades corréziens : "A cette même période, le criminologue Alain Bauer pianote un matin, comme à son habitude, sur le site internet de la Fnac et Amazon en quête des nouveautés en librairie lorsqu'il tombe par hasard sur L'Insurrection qui vient (Éditions La Fabrique). Le consultant en sécurité y voit la trace d'un "processus intellectuel qui ressemble extraordinairement aux origines d'Action directe" et, sans barguigner, achète d'un coup 40 exemplaires. Il en remettra un en mains propres au directeur général de la police nationale, Frédéric Péchenard, assorti d'une petite note. Rédigé par un "comité invisible", l'ouvrage est attribué par les policiers à Julien Coupat, qui fait figure de principal accusé dans l'affaire de Tarnac." 
         Parvenu à un stade de modélisation de la population comme suffisant, on peut alors passer à la deuxième phase, le travail d'ingénierie proprement dit, s'appuyant sur ces modèles découverts pour les reconfigurer dans le sens d'une standardisation accrue, et donc d'une meilleure prévisibilité des comportements. L'ingénierie politico-sociale consiste ni plus ni moins que dans un travail de programmation et de conditionnement des comportements, ou plutôt de reprogrammation et de reconditionnement, puisque l'on ne part jamais d'unetabula rasa, mais toujours d'une culture déjà donnée du groupe en question, avec des propres routines et conditionnements. Les sociétés humaines, en tant que systèmes d'information, peuvent ainsi être reconfigurées dans le sens d'une harmonisation, homogénéisation, standardisation des normes et des procédures, afin de conférer à celles et ceux qui les pilotent une meilleure vue d'ensemble et un meilleur contrôle, l'idéal étant de parvenir à fusionner la multitude des groupes humains hétérogènes dans un seul groupe global, un seul système d'information.Une administration centralisée et une gestion sécurisée : les architectes de la mondialisation ne poursuivent pas d'autres buts.
    Gouverner par le chaos

  • Hollande aime tellement les pauvres qu'il en fabrique

    L’Insee révèle, dans une étude publiée mercredi 23 décembre, que le taux de pauvreté a augmenté en 2014, passant de 14 % l’année précédente, à 14,2% des ménages français qui vivent donc avec des ressources ne dépassant pas 1 002 euros (60 % du revenu médian).

    La pauvreté touche 4 millions de ménages, familles monoparentales en tête, soit 9 millions de personnes. Elle s’explique essentiellement par le chômage et par la multiplication des périodes d’inactivité des travailleurs en contrat à durée déterminée ou en intérim.

    Michel Janva

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