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  • LR : où est donc passée « la droite décomplexée » ?

    Dans son numéro d'avant le 1er tour des élections régionales, Minute écrit :

    6a00d83451619c69e201b8d17d423d970c-320wi.jpg"[...] trois ans et demi après la défaite de Nicolas Sarkozy à l’élection présidentielle, la droite ex-UMP n’a toujours pas compris qu’elle avait perdu en 2012 pour n’avoir pas tenu ses promesses et non pas pour avoir été trop à droite durant cinq ans. Non seulement cette droite-là ne s’assume toujours pas pour ce que ses électeurs attendent qu’elle soit – où est donc passée « la droite décomplexée » ? – mais elle est partie à la conquête des régions en une alliance politicienne avec les centristes de l’UDI et avec ceux du Modem(qui avaient causé sa perte en 2012 !) et qui lui interdisent toute remise en question. On se demande si ce n’est pas Alain Juppé, plutôt que Nicolas Sarkozy, qui a composé les listes ! On est sûr en tout cas que ce n’est pas Patrick Buisson…

    Et le FN ? Il n’est un mystère pour personne que nous avons des réserves sur certains aspects du programme du Front national : sur sa propension à privilégier le combat de la souveraineté sur celui de l’identité, sur son étatisme, et, plus grave, sur sa réticence à assumer pleinement le combat civilisationnel, trop souvent délaissé au profit des seules « valeurs républicaines » que nous estimons vides de sens et inopérantes. Ce sont principalement ces divergences qui nous ont conduits à apporter à Marine Le Pen, depuis son accession à la présidence du FN en janvier 2011, un soutien critique – mais un soutien ! – qu’elle perçoit comme une hostilité. Nous lui rappellerons seulement avec Beaumarchais que « sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur ». [...]"

    Michel Janva

  • La démocratie directe : Démos contre Aristos par Jesús Sebastián LORENTE

    Métamag est heureux d’accueillir un nouveau collaborateur en la personne de l’essayiste espagnol Jesús Sebastián Lorente, rédacteur en chef de la revue hispanique Elementos, maître d’œuvre chez l’éditeur Fides d’une nouvelle collection, « La Bibliothèque de Métapolitique » dans laquelle il vient de publier un livre d’hommage à Alain de Benoist, Éloge de la Dissidence où l’on retrouvera au sommaire des plumes connues comme celles de Jeronimo Molina ou du philosophe français Michel Lhomme. Le texte suivant intéressera probablement les élèves du Concours commun de Sciences-Po qui doivent cette année plancher sur deux thèmes : l’école et la démocratie mais il rentre tout à fait dans le cadre de notre nouvelle rubrique « Des Idées et des Hommes » d’où la traduction suivante que nous vous proposons. 

    La rédaction de Métamag 

    Franchement, je suis fatigué de lire ces tas de louanges adressées à la démocratie grecque antique, une logorrhée insistante qui ne se contente pas seulement d’entériner le ressentiment contre les limites de la démocratie libérale mais qui en plus se présente comme une sorte de régression platonicienne et romantique, bien éloignée de tout réalisme politique. Ce bourrage de crâne a atteint son apogée maximum, dans la gauche radicale espagnole [la gauche française rêvant plutôt d'une démocratie totalitaire censurant toutes les têtes qui ne pensent pas comme elle - NDT], lors de la célébration du dernier référendum grec qui ne fut que la mise en scène d’un pseudo-affrontement contre l’Union européenne, en réalité un plébiscite référendaire – avec son effet boomerang – par lequel Syriza a réussi à faire passer la souveraineté populaire sous l’arc dorique du Parthénon. 

    Le mythe de la démocratie grecque 

    L’appel à une démocratie grecque originelle et idéalisée est devenu le mantra des mouvements populistes. Il consiste à croire qu’il suffit d’adopter le même nom (postulat étymologique) pour déterminer les choses univoquement – ou les obliger à se déterminer – d’elle-même comme si la vraie démocratie ne pouvait être autre chose que le gouvernement direct, avec cette idée sous-jacente que plus la démocratie serait directe, mieux cela serait et ce, contre tous les discours destinés à critiquer le « démocratisme ». De fait, ceci nous amène à constater quelque chose d’assez  inquiétant : la démocratie, qu’elle soit antique ou moderne, n’est pas une nécessité historique. Toutes les expériences de « démocratie totale » finissent toujours par des régimes de monarchie absolue, de dictatures militaires ou des tyrannies populaires. Mais laissons le temps au temps et interrogeons-nous.

    D’où provient un tel mythe « démocratique » ? Pendant la Révolution française et postérieurement, à l’époque romantique, penseurs et hommes politiques, ont souvent porté aux nues les « Républiques de l’époque gréco-romaine » (Athènes, Sparte et Rome), en organisant même des discussions autour des oppositions d’« Athènes contre Sparte » ou de « Sparte contre Athènes ». Nous pouvons citer par exemple cette conception tardive de la société spartiate, présentée comme une société militarisée et prétendument raciale, défendue par les Jacobins et les nazis. Elle a même engendré un autre mythe, le mythe de Sparte absolument opposé à celui d’Athènes. 

    Qu’y a-t-il d’exact dans ces présentations si nous les analysons d’un point de vue postmoderne ? 

    Nul doute qu’au Ve siècle avant J-C, la civilisation grecque était très démocratique mais elle était aussi particulièrement aristocratique et esclavagiste, puisque la majorité de la population n’appartenait pas à l’élite citoyenne et souveraine, mais qu’au contraire, tout un groupe de femmes, de travailleurs, d’esclaves et d’étrangers (les métèques) n’était juridiquement pas libre, ni politiquement actif. En effet, la condition d’hommes libres, jouissant de la plénitude des droits politiques, n’était dévolu qu’aux seuls citoyens. Autour des années 430 avant J-C, la population pour la région d’Athènes était à peu près de 300 000 âmes. Ce qui veut dire que seul 10 % de cette population, soit environ 30 000 individus – le demos – jouissait réellement de droits politiques et civils. 

    À un premier niveau, la population se divisait, pour employer un vocabulaire moderne, en « nationaux » et en « sujets ». Parmi les « nationaux » – pour ceux qui naissaient à Athènes de père et de mère athéniennes (un mixte de droit du sang et du sol) – se trouvaient les hommes, les seuls aptes à devenir citoyens, et encore pas tous les hommes, parce qu’ils pouvaient aussi perdre cette condition de citoyen pour causes de guerre, pour des raisons morales ou économiques et se retrouver ainsi comme les femmes et les enfants, qui ne jouissaient pas des prérogatives de la citoyenneté. Parmi les « sujets », se trouvaient quelques commerçants, les travailleurs et les esclaves, qu’ils soient ou ne soient pas étrangers (y compris ceux des cités voisines). Par déduction, ceux-ci n’avaient aucun droit et encore moins de participer à lapolis

    Le pouvoir législatif était aux mains de l’Assemblée (Ecclesia) qui avait pour fonction d’approuver les lois, de lever les impôts et de faire la guerre et à laquelle ne participaient seulement que 3 000 citoyens environ, mais jamais la totalité… – ce fameux « tous » dont on nous rabat les oreilles avec la soi-disant « démocratie directe » ou « constituante » de l’Antiquité. La direction de l’Assemblée reposait sur un Conseil (la Boulé) composé de 500 citoyens tirés au sort. Si nous transposons à notre époque, ce serait l’équivalent de ce que représente la Commission européenne par rapport au Parlement européen, soit le paradigme même du déficit démocratique reconnu de l’UE. Finalement, en Grèce, le pouvoir judiciaire était constitué d’un tribunal (l’Héliée) qui jugeait les conflits, les réclamations et les plaintes des citoyens (mais n’oubliez pas, seulement 10 % de la population) et était formé par des citoyens choisis aussi par tirage au sort dans le cadre de l’Assemblée. L’isonomie (l’égalité devant la loi) était donc une utopie. 

    Comme dans n’importe quelle assemblée populaire, une minorité hyperactive et hyper participative était celle qui finalement déterminait l’agenda, le processus et les décisions politiques. Croire, en plus, que les citoyens athéniens discutaient et votaient en pensant au bien commun, au lieu de défendre leurs intérêts personnels ou corporatifs, comme le font leurs compagnons modernes, témoigne d’une naïveté absolue. Nonobstant, ce mythe de la démocratie athénienne permet de maintenir la fiction qu’un gouvernement du peuple puisse se réaliser à travers des méthodes purement démocratiques, participatives ou délibératives, alors qu’on sait bien que la réalité d’hier comme aujourd’hui, est que le soutien politique des régimes démocratiques repose principalement sur des processus de caractère technique ou bureaucratique, éloigné de la citoyenneté et toujours exécuté par une minorité. Du coup, le problème à poser n’est peut-être pas tant celui du modèle de démocratie que nous voulons mais plutôt celui de l’accès d’une minorité déterminée (aristocratique, bureaucratique, technocratique, partitocratique) au pouvoir qui doit régir les destinées souveraines du peuple. 

    Avant le Ve siècle avant J-C, le pouvoir politique d’Athènes repose sur une aristocratie guerrière et de propriétaires fonciers, descendant des anciens envahisseurs indo-européens. Il s’agissait d’individus suffisamment équipés et préparés pour se présenter à la guerre avec un cheval, son harnachement et toute la panoplie guerrière. La guerre n’était pas comme à notre époque, un événement déconsidéré par l’humanité mais une activité naturelle et quasi permanente, décisive pour la liberté et la prospérité de la cité car d’elle dépendait l’obtention de nouvelle terres, d’esclaves et de butin. Par conséquent, l’influence politique de ceux qui décidaient de la bataille était décisive. Cependant, l’augmentation de l’importance de l’activité commerciale favorisa la naissance et le développement d’une nouvelle classe moyenne mercantile, qui commença à guerroyer dans l’infanterie lourde, puisqu’elle était capable petit à petit d’en couvrir les frais; du coup, sa participation dans les rapports de force politiques devint décisive. C’est ainsi que les démocrates athéniens décidèrent d’octroyer aussi la citoyenneté à certains individus en fonction de leurs mérites militaires ou, ce qui déjà nous plaît moins, en fonction de leur patrimoine économique. Le demoss’ouvrait ainsi aux  marchands, mais pas au reste de la population. 

    De fait, les hommes grecs, libérés du travail productif ou domestique par les commerçants, les travailleurs, les esclaves et les femmes, passaient leur temps au gymnase, aux  compétitions athlétiques, à écouter les philosophes et les orateurs dans les espaces publics, aux tâches politiques des assemblées, des tribunaux et des magistratures, ainsi qu’à la guerre quand ils s’ennuyaient ou qu’elle était nécessaire. Disons-le : ils vivaient comme des rois ! Et comme du coup l’absentéisme à l’Assemblée était très courant, les Athéniens démocrates et participatifs décidèrent avec le temps et les excès de rémunérer la pratique de la fonction politique. Cela ne vous rappelle pas quelque chose ?… Mais en réalité, l’objectif était tout autre : empêcher que des citoyens avec très peu de ressources puissent participer aux décisions des Assemblées. Ainsi, la bourgeoisie naissante grecque remplaça l’ancienne aristocratie guerrière, exactement comme chez nous.  À Athènes, les humbles furent écartés tandis qu’à Sparte, on repoussait les handicapés. Vive la citoyenneté universelle ! 

    Ce mythe de la démocratie athénienne est en réalité un des récits modernes, propre au messianisme politique, qui fait du libéralisme la fin inéluctable de l’Histoire. Ainsi, on nous raconte, on nous fait croire qu’il y a eu, une fois dans l’Histoire, une vraie démocratie, une authentique démocratie mais que nous en avons perdu le sens suite à la trahison du peuple par une bourgeoisie alliée aux pouvoirs financiers et livrée aux marchés. Le problème est qu’il n’y a sans doute pas de régime aussi peu représentatif que celui de la démocratie grecque qui puisse être pris comme modèle pour la démocratie contemporaine et que ceux qui le revendiquent avec tant d’insistance le font à travers les prismes déformants d’une tromperie avérée, très courante en politique, qui consiste à porter aux nues la démocratie moderne sur les bases de la démocratie antique alors que la première n’est en réalité qu’une farce électorale et la seconde, une imposture que l’on prendrait pour un éden participatif. En réalité, les hellénophones indignés poursuivent ce courant de la tradition politique occidentale qui, depuis l’Époque moderne, prétend être l’héritier de l’Antiquité classique, oubliant, par exemple, la philosophie des peuples païens pré-romains et les institutions médiévales européennes. 

    Alors proposons maintenant un exercice de spéculation historique, en transposant le modèle de la démocratie grecque aujourd’hui. Prenons, par exemple, un pays européen type de 40 millions d’habitants. De ceux-ci, seuls 10 % posséderait la condition de citoyens, c’est-à-dire que cela ferait environ 4 millions de gens qui auraient le droit de participer politiquement à l’Assemblée citoyenne. D’un seul coup, nous avons déjà dû retirer 36 millions de voix et de votes du processus. Mais selon quels critères avons-nous sélectionner nos citoyens ? Aujourd’hui, nous ne pouvons pas imaginer adopter des critères d’élitisme guerrier à l’ancienne ou des critères de caste économique, par trop modernes, ni d’aristocratie spirituelle, bien trop diffuse. Nous ne pouvons non plus discriminer par genre (le sexe) ou par l’origine (les étrangers). Et, naturellement, il n’y a plus d’esclaves (ou s’il y en a, ils sont heureux, comme le remarque l’essayiste espagnol Javier Portella). Aussi, nous serait-il nécessaire d’adopter une série de critères qui ne seraient ni objectifs ni conformes à la généralité. Alors allons-y : 1) posséder la nationalité par la naissance ou par paternité/maternité 2) disposer d’une certaine formation académique, par exemple universitaire 3) exercer un travail, une activité commerciale, professionnelle ou d’entrepreneur 4) être à jour de ses obligations fiscales et sociales 5) ne pas avoir été condamné pénalement pour délits ou fautes graves et 6) avoir entre 21 et 71 ans (pas moins pour immaturité, pas plus, par excès de maturité). À ce pas, si nous appliquons tous ces critères simultanément, nous n’arriverions même pas à cette minorité de 10 % de citoyens politiques. De ces 4 millions de citoyens, mettons qu’un demi-million seulement, tiré au sort, participeraient activement à l’adoption des décisions politiques. Est-ce cela que veulent nos fans de la démocratie antique ? Le Demos contre l’Aristos

    La démocratie directe : vers une souveraineté populaire numérique ?

    Traditionnellement revendiqué par la gauche, le système de la « démocratie directe », se présentant comme l’antithèse de la « démocratie représentative » qui régit la majorité des États occidentaux (où les représentants ont fini par se constituer en une oligarchie politico-financière), est aussi revendiqué par une nouvelle droite de plus en plus éloignée de conceptions aristocratiques ou méritocratiques dépassées qui n’ont rien à voir avec les principes hiérarchiques de la communauté organique. 

    Comment doivent être prises les décisions qui touchent toute une population ? Cette question s’est périodiquement posée depuis les temps anciens. Les Athéniens pouvaient se réunir « tous » et voter directement sur les questions. Mais qui était ce « tous », si ce ne sont les citoyens ayant des « droits politiques » ? C’est-à-dire une minorité aristocratique – descendant des anciens envahisseurs indo-européens – qui ne représentait comme nous l’avons vu, qu’approximativement 10 % de la population totale, le reste étant des travailleurs et des esclaves. 

    Continuons. La majorité des penseurs pensent qu’un système démocratique comme celui-ci sera toujours préférable à l’autre option : la tyrannie. Dans des représentations plus récentes de la démocratie, la taille de la population rend impraticable la prise en compte de l’opinion de chaque citoyen pour chaque décision. Pour remédier à cela, on sait que furent instaurés avec le temps des systèmes de démocratie représentative, dans lesquels la population choisit pour un certain temps quelques représentants qui se chargent de voter sur les affaires courantes. En réalité, la taille de la population n’est pas la seule raison pour l’existence des représentants. Les Founding Fathers des États-Unis, voyaient par exemple dans ce qu’ils appelaient une « vraie démocratie » – c’est-à-dire, une démocratie qui n’aurait pas de représentants – le danger de la tyrannie de la majorité : les minorités se retrouveraient totalement vulnérables devant les désirs de la majorité. Une autre objection contre le fait d’ailleurs que les citoyens s’expriment directement est qu’ils ne sauraient avoir la capacité intellectuelle suffisante pour comprendre la complexité des affaires d’État. Et pour achever le tout, on admet tacitement chez les professionnels de la politique que certains aspects liés aux intérêts et/ou à la sécurité nationale ne peuvent être rendus publics, puisque cette transparence permettrait de dévoiler une information sensible à des tiers, en plus de restreindre la capacité d’action du gouvernement. 

    Aujourd’hui, il existe un mouvement pour la démocratie directe, appelée aussi démocratie pure ou démocratie non-représentative, qui a commencé par être revendiquée par la gauche radicale, mais qui est maintenant défendu plus que tout par une nouvelle droite, une nouvelle droite dissidente de la tournure oligarchique du néo-libéralisme. En prenant toujours le « modèle suisse » comme exemple à imiter (démocratie locale ?, démocratie fédérale ?), l’essayiste français Yvan Blot a révolutionné la pensée conservatrice par rapport aux « essences de la démocratie » avec ses livres La démocratie directe etL’oligarchie au pouvoir, proposant un retour à la fonction souveraine du peuple. 

    Les défenseurs de la démocratie directe remarquent que la technologie actuelle permet de rendre le comptage de millions de votes aussi facile que celui de dizaine de bulletins. On peut donc facilement envisager maintenant que chaque loi qui dans la démocratie représentative est votée en chambre, disons au parlement, puisse être voter directement sans de trop grandes complications au niveau d’une région ou d’une nation. La tyrannie de la majorité n’aurait alors aucune raison d’être une menace pour autant que se maintient un certain degré de débat et de consensus, chose qui devient de plus en plus possible grâce aux diverses plateformes numériques – forums, blogues, moyens de communication interactifs – qui ont commencé de surgir récemment un peu partout. L’idée que les gens ordinaires ne soient pas capables de comprendre les thèmes et de décider ce qui leur convient le plus a toujours été l’argument de ceux qui se sont opposés à une plus grande démocratisation de n’importe quel système de gouvernement. Et cependant, la corrélation entre ce que nous pourrions appeler le niveau de démocratie d’un pays (entendu comme l’homogénéité de la distribution de la responsabilité politique parmi sa population) et son niveau de développement social ne saurait être plus clair : il nous suffit simplement de comparer les pays les plus démocratiques comme la Suisse (où cinquante mille signatures suffisent pour rendre effectif un référendum souverain) avec les plus autoritaires, disons la Corée du Nord ou le Venezuela. De plus, il n’est pas du tout sûr que cacher les aspects les plus obscurs de la politique contribue au bien commun de la population. En général, on peut dire que tous les arguments posés en faveur des représentants, excepté celui sur l’infaisabilité de compter les multiples bulletins de vote, ne dépendent que du préjugé qui postule que par le biais de quelques circonstances indéterminées, les représentants seraient des personnes forcément plus justes, plus sages ou plus capables que le citoyen ordinaire. Ceci nous paraît être au contraire un argument en faveur de l’oligarchie plus que de la démocratie. 

    Ainsi, nous devons reconnaître que la démocratie est un système en évolution, qui n’a jamais été achevé, même par l’éternelle polémique entre la démocratie représentative et la démocratie participative. Probablement, l’élection de représentants fut autrefois une des meilleures options pour le fonctionnement de la société mais la technologie actuelle est en train de modifier profondément la donne, comme tant d’autres domaines. Si nous voulons donc rendre plus démocratique notre système, la première chose que nous devons effectuer, c’est opérer un changement de paradigme par rapport aux personnes avec lesquels nous passons un « contrat » – que nous choisissons ou que nous désignons – pour réaliser certaines fonctions politico-administratives: il nous faut nous éloigner de l’idée primitive du leadership et nous rapprocher d’une autre, celle de la « fonction publique », entendue comme celle de serviteurs publics qui honoreraient nos instructions, mais ne prendraient pas les décisions à notre place. Il est important de remarquer que cela n’implique pas une perte des libertés de l’individu en faveur de la majorité mais au contraire, avec l’abondance des plateformes sur Internet consacrées au débat, cela implique qu’une plus grande expression des idées, des nécessités et des inquiétudes de la communauté soit rendu possible. 

    Nous avons besoin d’un système qui permette de gérer les décisions communes. Dans ce monde de réseaux sociaux, de logiciels libres et de désillusion croissante face à la classe politique, la démocratie directe peut donc être une option viable de transition entre ce que nous appelons encore la « démocratie représentative » et un système de « démocratie pure », ce serait d’ailleurs non seulement un système plus équitable, mais aussi un système aussi probablement plus efficace, in fine une authentique souveraineté populaire, un populisme réellement démocratique. 

    Le système de démocratie directe pourrait s’exercer à travers des médias informatiques et/ou télématiques en ligne qui permettraient à n’importer quel citoyen (identifié par sa carte d’identité électronique ou sa signature numérique) de proposer des idées et/ou de voter pour celle des autres. Un tel système identifierait les propositions faites sur des thématiques similaires pour permettre à celui qui propose son idée de savoir si celle-ci a déjà été présentée, et dans un tel cas y ajouter simplement son vote. Au bout d’un certain temps, les propositions qui auraient accumulé le plus de votes seraient soumises à référendum à travers le même système. Une forme de gestion de ce type pourrait être appliquer simultanément à différents niveaux (local, régional, national, continental). Des consultations ponctuelles sur les grands sujets ou les grandes décisions, des consultations périodiques pour vérifier le travail des gouvernants, des contrôles financiers pour vérifier les travaux et les chantiers publics, des consultations décisionnelles pour renverser ou changer de gouvernement, des consultations légitimes pour nommer ou pour renouveler les membres des principales institutions… Un rêve qui, lamentablement, n’échappe pas à l’utopie: nos oligarchies politico-financières n’admettront peut-être jamais une souveraineté d’une telle ampleur. 

    Pourtant, notre postmodernité politique, en posant de nécessaires limites, tireraient de fructueux bénéfices d’une telle démocratie directe. Ce serait un antidote puissant contre la séparation du pouvoir entre gouvernants et gouvernés et la désaffection croissante pour la politique. En percevant seulement et de manière tangible, la contribution directe à la prise concrète de certaines décisions, on réussirait à conjurer le danger de percevoir les institutions comme une contrainte hétéronome. Les consultations directes éviteraient en effet l’oligarchisation de la politique, en donnant l’opportunité au peuple de se prononcer sur les matières fondamentales.

    De plus, le prétendu facteur de division que certains attribuent aux référendums pourra ici se transformer en son contraire au sein de sociétés relativement homogènes, puisque les fausses dichotomies entre les partis, d’une utilité seulement domestique et aux résultats désastreux pour le « vivre ensemble », pourraient être ici balayés par les volontés majoritaires concordantes.

    Jesús Sebastián Lorente

    • Traduit de l’espagnol par Michel Lhomme et d’abord mis en ligne sur Métamag, le 10 novembre 2015.

    http://www.europemaxima.com/

  • En finir avec les lunettes roses

    → Vous pouvez à nouveau retrouver l'enregistrement de cette chronique sur le site de Lumière 101.com

    Deux semaines se sont écoulées depuis les horribles attentats du 13 novembre. Deux semaines de deuil, mais aussi d'opérations militaires. Deux semaines de tractations internationales en vue d'une coalition élargie. Deux semaines de recueillement et d'hommages mais aussi deux semaines de communication gouvernementale. Deux semaines de mesures policières mais aussi deux semaines pendant lesquelles Mme Taubira n'a pas pris le temps d'apprendre les paroles de la Marseillaise. Deux semaines de débat feutré entre les trois grandes forces politiques qui se partagent l'opinion.

     Pour l'instant, en dépit de certaines évolutions de fait, de glissements de terrain, de drapeaux plus ou moins timidement arborés à nos fenêtres, de gestes un peu plus hardis au sein des institutions musulmanes, on éprouve le sentiment que les idées officielles n'ont guère plus bougé que pendant les dix mois qui nous séparent des attentats, non moins atroces commis en janvier. Commis, doit-on le souligner par les mêmes réseaux. Ceux-ci, on le sait désormais, de façon très claire sont certes adossés à des logistiques et des mots d'ordre venus du Porche Orient ; ils se situent en relation avec la guerre de Syrie ; mais les seuls ressortissants étrangers se révèlent belges, et avec des patronymes et des prénoms dont le non-spécialiste hésite à les situer entre Flandres et Wallonie. (1)⇓

    Il s'agit dons bien, pour les titulaires de papiers français, des produits de notre monopole scolaire républicain, laïc et obligatoire où, certes, on ne leur a pas appris un métier mais où on leur a inculqué la haine de la France, l'ignorance de son histoire et le mépris de ses régnicoles.

     Pour notre pays, par conséquent, l'heure est venue de penser un peu moins aux larmes et un peu plus au réveil viril des citoyens, de moins regarder le monde avec des lunettes roses et de comprendre clairement où se situe l'ennemi, afin de mieux l'écraser dans sa tanière.

    JG Malliarakis

    Apostilles

    1. Lire à ce sujet Le Djihadisme comme avatar révolutionnaire

    http://www.insolent.fr/

  • Arabie saoudite : et si on arrêtait de leur lécher les babouches ?

    Le monde, la France surtout, s’enthousiasme : pensez, l’Arabie saoudite « s’engage sur le chemin de la démocratie ». Une vraie révolution copernicienne ! Et nos politiques de se pencher, émerveillés, sur la monarchie pétrolière, poussant des Oh ! et des Ah ! comme la famille attendrie devant la première dent du nourrisson.

    Sont-ils pas gentils, nos amis saoudiens ? Rendez-vous compte : ils viennent d’autoriser les femmes à faire campagne pour les municipales du 12 décembre prochain. Pas pour être maire, hein, faudrait quand même pas exagérer. Non, pour entrer dans les conseils municipaux, une création révolutionnaire elle aussi, qui remonte à 2005. Et qu’y feront-elles, ces créatures sataniques ? Elles s’occuperont des travaux d’entretien de la voirie et des parcs, ainsi que de la collecte des ordures. Elles peuvent dire merci, ces chiennes. Et puis, comme c’est la première fois qu’elles sont autorisées à se présenter pour un scrutin, manquerait plus qu’elles râlent ! Il faut dire qu’elles n’ont le droit de vote que depuis 2011, une grande avancée saluée, là aussi, par tout l’Occident transformé en carpette.

    Lire la suite 

  • Quand les Polonais catholiques sont sceptiques..

    Vous n’aurez guère entendu parler des élections polonaises et pour cause ! On savait depuis un certain temps que ces élections verraient la victoire des « conservateurs catholiques eurosceptiques ». À quoi bon en parler ?

    La droite a gagné. Oui, la droite. On a trop voulu nous faire croire qu'être de droite consistait à appliquer des idées de gauche - les seules possibles ! - avec des nuances libérales. Or ces conservateurs catholiques honnis - des gens capables de récuser tout à trac l'Union européenne, la monnaie unique, la COP21 et l'avortement (entre autres...) - sont les représentants réels de la droite,dans un sens initial, qui pour nous n'appartient plus qu'aux livres d'histoire. Et encore...

    Ce résultat est pourtant dans la logique de l'élection présidentielle qui, au printemps dernier, a porté Andrzej Duda, jeune député catholique, à la magistrature suprême.

    La gauche aux élus absents

    Le porte-parole de la présidence n'a pas tardé à souligner que la Pologne se trouvait désormais dans une « nouvelle situation politique ».

    Si l'on analyse les chiffres sortis des urnes lors de ces élections, cette nouvelle situation apparaît clairement. Le parti Droit et Justice (PiS), de l'ancien président Lech Kaczynski mort en 2010 dans une catastrophe aérienne, obtient, avec 37,6 % des voix, 235 des 460 sièges de la nouvelle Assemblée, soit la majorité absolue. Une telle situation ne s'était jamais présentée depuis la fin du communisme en 1989. Et auparavant, sous l'emprise du Parti communiste, on ne peut pas dire qu'elle releva vraiment de l'exercice démocratique...

    La Plate-forme civique (PO), c'est-à-dire le parti de droite libérale centriste, qui est celui de l'actuel président du Conseil européen Donald Tusk, n'a donc pas résisté à ses huit années de gouvernement. Elle n'obtient que 24,1 % des voix, soit 138 sièges.

    Le mouvement anti système du rockeur Pawel Kukiz, le parti Nowoczesna (Moderne) du néo-libéral Ryszard Petru, et le parti paysan PSL, allié des libéraux sortants, se partagent, dans cet ordre, les sièges restants.

    Et la gauche ? C'est bien simple, la gauche, dont le candidat à la présidentielle n'avait déjà obtenu que 2,5 % des voix, n'a aucun élu, aucun député ! Autrement dit, la Pologne, refroidie notamment par le spectacle des pays européens empêtrés dans le socialisme, a signifié à la gauche son congé.

    Imaginons un instant ce que signifie une Assemblée où l'extrême gauche serait tenu par des libéraux centristes plutôt classés à droite. C'est un peu comme si, en France, l'extrême gauche parlementaire s'arrêtait à Hervé Morin et Jean-Louis Borloo. Pas de Manuel Valls, pas de Jean-Luc Mélenchon, pas de François Hollande ; pas même de François Bayrou. Refermons la parenthèse : il n'y a pas, chez nous, de conservateurs catholiques...

    Mais l'on comprend que la gauche européenne ait tiqué, dénonçant, parce que décidément elle manque d'originalité, le populisme, la peur des migrants, etc. Il est vrai que, de Bruxelles à Paris, en passant par quelques autres capitales européennes, on peut se prévaloir d'avoir magistralement résolu la crise migratoire !

    Crispations en vue

    Au-delà de cette opposition à l'idéologie, le PiS devrait relâcher les liens de la Pologne avec l'Union européenne. Comme le souligne, un politologue local, les Polonais n'aiment pas qu'on leur impose leur politique de l'extérieur, de l'étranger : « Pour un Polonais, un étranger, c'est d'abord un occupant, un envahisseur, soit allemand, soit russe. »

    L'une des premières décisions prévue, annoncée, sera de démanteler le bureau qui devait préparer l'entrée du pays dans la zone euro. Adieu donc à la monnaie unique...

    Autre domaine sur lequel la Pologne risque de faire grincer bien des dents : le réchauffement climatique. Le moins que l'on puisse dire, c'est que le président Duda n'a rien d'un climato-maniaque comme François Hollande. Et, dans la perspective de la COP21 à Paris, il a déjà pris ses distances.

    Andrzej Duda vient ainsi de déclarer que la Pologne opposait son veto à l'amendement de Doha au protocole de Kyoto sur les émissions de gaz carbonique. « Contraindre la Pologne à un accord international affectant l'économie, avec le coût social qui y est associé, doit être précédé d'une analyse détaillée sur son impact économique et juridique... Ces effets n'ont pas été suffisamment clarifiés », a-t-il souligné.

    La Pologne n'entend donc pas démanteler son industrie du charbon pour les beaux yeux des grands prêtres de la religion climatique.

    Au surlendemain de ces résultats et déclarations, le président Andrzej Duda était en visite à Paris, où il a bien entendu rencontré son homologue François Hollande. Il a beaucoup été question, semble-t-il, d'accords et de soutiens réciproques. Mais, derrière les sourires des photographies officielles, et la retenue des propos, on a pu percevoir, presque vibrante, l'inquiétude du président français.

    Olivier Figueras monde&vie 2 novembre 2015

  • « Le chaos programmé au Proche Orient constituait une véritable menace de mort »

    Installé à Moscou depuis 15 ans, l’ancien cyrard Xavier Moreau est à la fois un analyste géopolitique de premier plan et un homme d’affaire qui a réussi. Il nous répond sur le dessein russe en politique internationale.

    Monde&Vie : Pourriez-vous définir à grands traits la vision que les Russes ont eue du Moyen-Orient ?

    Xavier Moreau :La Russie n'a pas d'ambition au leadership mondial mais souhaite être une puissance régionale respectée. Par son immense territoire, c'est une puissance « multi-régionale » et le Moyen-Orient est une de ces régions. C'est ce que nous ont rappelé les missiles russes qui, tirés depuis la mer Caspienne, ont traversé l'Iran et l'Irak avant de frapper les bases islamistes en Syrie. Du point de vue historique, la Russie impériale, depuis la création du Patriarcat de Moscou en 1589 est considérée comme le centre de l'orthodoxie puis comme la protectrice des chrétiens orthodoxes d'Orient, essentiellement face à l'Empire Ottoman. À partir de Nikita Khrouchtchev, l'URSS se lance dans une politique de soutien aux nationalismes arabes contre les pays colonisateurs que sont la France, l'Angleterre et Israël (crise de Suez). La diplomatie russe actuelle bénéficie de ce double héritage, sachant qu'elle parvient également à avoir de bonnes relations avec Israël notamment grâce au fait que le quart de la population israélienne vient de l'ex-URSS.

    Comment jugez vous révolution récente de la politique russe au Moyen-Orient ?

    Il n'y a eu d'évolution que dans la forme de l'engagement militaire. La politique russe repose sur des principes clairs. Il s'agit du respect de la souveraineté des Etats et des gouvernements légitimes. En l'occurrence le gouvernement légitimé en Syrie est celui de Bachar El Assad, qui lui-même a demandé l'aide de la Russie pour combattre un Etat terroriste que le monde entier désigne comme le Mal absolu. C'est la mise en action de cette politique qui impressionne le plus : discrète et sérieuse dans sa mise en place et rapide dans son exécution. Nous avons déjà vu cela en Crimée. La Russie n'intervient qu'à coup sûr, de manière très planifiée, avec la ferme intention ne pas s'éterniser sur un territoire qui n'est pas le sien. C'est fin janvier 2016 que nous verrons si la Russie a rempli le contrat qu'elle s'est fixé.

    Pourriez-vous rappeler les liens qui unissent la Russie et la Syrie ?

    La Russie se doit d'être présente dans la région car les déstabilisations au Moyen-Orient ont des conséquences sur ses frontières sud. A cela s'ajoute un aspect qui est rarement pris en compte, mais qui est essentiel selon moi : il ne faut pas surestimer l'importance pour la Russie de sa base de Tartous en Syrie, surtout depuis la réunification de la Crimée. Mais Bachar El Assad a toujours été un allié fiable. Il n'a jamais essayé déjouer un double-jeu avec l'Occident comme ce fut le cas du Serbe Milosevic, de Kadhafi et plus récemment de l'Ukrainien Viktor Ianoukovitch. La Russie ne peut pas ne pas soutenir loyalement la Syrie où elle se retrouvera dans la situation de la France, à laquelle plus personne ne fait confiance. Contrairement à ce qu'on a pu lire dans la presse française, la Syrie n'est pas un client précieux pour le complexe mili-taro-industriel russe : les armes sont livrées à crédit et l'on voit mal comment l'économie syrienne exsangue pourra un jour rembourser la Russie. L'alliance russo-syrienne est avant tout une alliance politique, qui vise à contenir les visées néo-impériales de Washington et de la Turquie.

    Comment analysez-vous l'appui qu'offre l'Occident, en Syrie comme en Ukraine, aux groupes les plus radicaux ?

    C'est une politique qui ne date pas d'hier. Washington n'a eu aucun scrupule à collaborer avec des criminels de guerre nazis ou japonais après la Seconde Guerre Mondiale. En Ukraine, les bandéristes pro-nazis sont rapidement devenus les alliés de la CIA contre l'URSS. En 1998 dans le Nouvel Observateur, Zbigniew Brzeziski, s'était vanté d'avoir commencé à soutenir les islamistes six mois avant l'intervention soviétique en Afghanistan. Soyons précis : dans le cadre de l'Opération Cyclone (1979), la CIA a soutenu Gulbuddin Hekmatyar, le chef du parti islamiste Hezb-i-islami, contre les Soviétiques. C'est le même Hekmatyar qui a revendiqué l'embuscade de Surobi le 18 août 2008 : elle avait coûté la vie de 10 parachutistes français du 8e RPIMa, sans que Washington ait paru en tirer de leçon. En tout cas, le Département d'Etat américain préfère le chaos à la défaite. C'est clairement le cas avec Maïdan en Ukraine comme avec la Syrie, où, aux yeux des Américains, l'Etat islamique était devenu le seul moyen d'empêcher l'armée arabe syrienne (et Bachar) de l'emporter contre le Front Al Nosra et les rebelles « modérés ». Pour les Nord-Américains vivant de l'autre côté de l'océan, cette politique a l'avantage de comporter des risques directs limités. Mais, pour l'Europe, il n'en est pas de même : ce chaos programmé est une véritable menace de mort.
    Propos recueillis par André Ringwald monde&vie 2 novembre 2015

    Xavier Moreau, Ukraine, Pourquoi la France s'est trompée, éd. du Rocher. 188 p.. 18.90 euros

  • Etes-vous pour ou contre l'expulsion effective des étrangers criminels ?

    Il faudrait que vous soyez suisses pour avoir démocratiquement le droit de vous exprimer sur cette question et surtout pour que votre avis soit réellement pris en compte :

    9C4D4090-8CAA-475A-BAF70B0A4A1B971E"Si l'initiative UDC « Pour le renvoi effectif des étrangers criminels » est acceptée le 28 février, nettement plus d'étrangers seront renvoyés que si le texte du Parlement appliquant la première initiative sur le renvoi entre en vigueur (...)

    Cette différence s'explique d'abord par le fait que la liste des délits mentionnés dans l'initiative de mise en oeuvre est plus étendue. Un cambriolage, par exemple, serait synonyme de renvoi car il implique le vol, le dommage à la propriété et la violation de propriété privée.

    De plus, les récidivistes dont la dernière condamnation ne remonte pas à plus de dix ans seraient aussi reconduits à la frontière, ce que ne prévoit pas la variante parlementaire, dont l'entrée en vigueur a été repoussée par le Conseil fédéral en octobre (...)

    Les citoyens se prononceront le 28 février sur un renforcement du droit pénal en matière de renvoi, et devront choisir quelle variante, de l'initiative UDC pour un renvoi «effectif» des étrangers criminels, ou de la solution du Parlement, doit être appliquée."

    Et la démocratie directe en France, c'est pour quand ?

    Philippe Carhon

  • Comment l’argent de l’Arabie saoudite et du Golfe alimente la terreur

    Daniel Lazare est l’auteur de plusieurs livres dont  The Frozen Republic: How the Constitution Is Paralyzing Democracy (Harcourt Brace).

    Exclusif : Alors que le bilan des morts des attentats de Paris continue de s’aggraver, le président Hollande dénonce « un acte de guerre » de l’État islamique, mais, nous explique Daniel Lazare, la réalité sous-jacente est que les riches amis de la France dans le Golfe persique sont les complices de cette horreur.

    Au lendemain du dernier attentat terroriste de Paris, la question n’est pas de savoir quel groupe en particulier est responsable de l’attaque, mais en tout premier lieu de savoir qui est responsable de l’émergence de l’État islamique et d’Al-Qaïda. La réponse qui a émergé de plus en plus clairement au cours de ces dernières années est que ce sont les dirigeants occidentaux qui ont utilisé des portions croissantes du monde musulman comme terrain pour leurs jeux guerriers, et qui viennent maintenant verser des larmes de crocodile sur les conséquences de leurs actes.

    Ce phénomène a commencé dans les années 80 en Afghanistan, où la CIA et la famille royale saoudienne ont quasiment inventé le djihadisme en essayant d’imposer aux Soviétiques une guerre à la vietnamienne juste dans leur arrière-cour. C’est ce qui s’est passé aussi en Irak, que les États-Unis et la Grande-Bretagne ont envahi en 2003, déclenchant ainsi une guerre civile féroce entre les chiites et les sunnites.

    C’est ce qui se passe aujourd’hui au Yémen où les États-Unis et la France aident l’Arabie saoudite dans une guerre aérienne de grande ampleur contre les chiites Houthis. Et c’est ce qui se passe en Syrie, théâtre du jeu guerrier le plus destructeur, là où l’Arabie saoudite et d’autres pays du Golfe fournissent armes et argent à Al-Qaïda, à l’État Islamique, connu aussi sous les noms d’ISIS et de Daech, et à des organisations du même type, ce que les États-Unis savent parfaitement.

    Les dirigeants occidentaux encouragent cette violence tout en s’en indignant quasi simultanément. En avril 2008, un responsable du ministère des finances a témoigné, lors d’une audition devant le Congrès : « L’endroit d’où part l’argent que reçoivent les groupes terroristes sunnites et les Talibans reste prioritairement l’Arabie saoudite. » [cf Rachel Ehrenfeld «Their Oil is Thicker Than Our Blood» dans Saudi Arabia and the Global Islamic Terrorist Network : America and the West’s Fatal Embrace (New York: Palgrave Macmillan,2011), p. 127.]

    En décembre 2009, Hillary Clinton a indiqué dans une note diplomatique confidentielle que les donateurs d’Arabie saoudite constituaient, et ce au niveau mondial, la source la plus importante de financement des groupes terroristes. En octobre 2014, Joe Biden a déclaré aux étudiants de la Kennedy School de Harvard : « les Saoudiens, les émirats, etc. […] sont si déterminés à provoquer la chute d’Assad et surtout à mener par procuration une guerre chiites contre sunnites […] [qu’]ils ont versé des centaines de millions de dollars et fourni des dizaines de milliers de tonnes d’armement militaire à tous ceux qui voulaient se battre contre Assad, sauf que ceux qui ont reçu cette manne, c’étaient Al-Nosra et Al-Qaïda. »

    Le mois dernier, le New York Times s’était plaint dans un éditorial de ce que les Saoudiens, les Qataris et les Koweitiens maintenaient leurs donations non seulement à Al-Qaïda mais aussi à l’État Islamique.

    Cependant, même si on a souvent promis d’arrêter de financer ces groupes, les robinets sont demeurés grand ouverts. Les États-Unis ont non seulement approuvé de telles pratiques, mais ils en ont même été partie prenante. En juin 2012, le Times a écrit que la CIA travaillait avec les Frères Musulmans à faire passer aux rebelles anti-Assad des armes fournies par les Turcs, les Saoudiens et les Qataris.

    Deux mois plus tard, la Defense Intelligence Agency, le Bureau du renseignement militaire, a indiqué qu’Al-Qaïda, les salafistes et les Frères Musulmans dominaient le mouvement rebelle syrien, que leur but était d’établir une « principauté salafiste dans l’est de la Syrie » là où se trouve maintenant le califat et que c’est « précisément ce que veulent les puissances qui soutiennent l’opposition », c’est-à-dire l’Occident, les États du Golfe et la Turquie, « afin d’isoler le régime syrien. »

    Plus récemment, l’administration Obama n’a soulevé aucune objection lorsque les Saoudiens ont fourni à Al-Nosra, la branche officielle syrienne d’Al-Qaïda, des missiles de pointe TOW pour l’aider lors de son offensive dans la province d’Idleb au nord de la Syrie. Elle n’a pas protesté quand les Saoudiens ont souhaité très vivement accroître leur aide à ces groupes, en réponse à l’intervention russe qui soutient le régime affaibli d’Assad.

    Il y a deux semaines, Ben Hubbard du Times a indiqué que les troupes des opérations spéciales américaines introduites dans le nord de la Syrie avaient reçu l’ordre de travailler avec des rebelles arabes qui avaient précédemment collaboré avec Al-Nosra et qui – bien qu’Hubbard ne le précise pas – ne manqueront sûrement pas de le faire de nouveau quand les Américains seront partis.

    Collaboration, vous avez dit collaboration ?

    Bien qu’ils vouent une haine éternelle à Al-Qaïda, les États-Unis et leurs alliés du Golfe travaillent main dans la main avec ces mêmes forces, lorsqu’il s’agit d’atteindre certains objectifs. Pourtant, à présent, de Washington à Riyad, les dirigeants se désolent fort de ce que ces mêmes groupes mordent la main qui les nourrit.

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  • TERRORISME : L’OVERDOSE MÉDIATIQUE

    Les médias audiovisuels font objectivement le jeu des terroristes
    Ex: http://metamag.fr
    Le traitement médiatique de la dramatique actualité française, en butte à une guerre asymétrique menée contre no us au nom d'Allah, est irresponsable.On nous affaibli, on nous inquiète, on met en vedette les tueurs.
    Tout d’abord, il y a ces défilés permanents d’experts qui expliquent tous après coup et qui annoncent toujours le pire. Ils se font mousser. Ils savent tout et c’est du rabâchage. On entend la même chose depuis 10 jours. Les médias participent à la montée de l’angoisse collective. C’est indiscutable.
    Dans le même temps, ils sont à la recherche désespérée de l’esprit du 11 janvier disparu avec ce deuxième attentat. Ils ont du mal à  y renoncer à  leur France "black blanc beur". Ils sentent bien que les Français voudraient un régime même provisoirement autoritaire pour assurer la dimension sécuritaire et ne font pas confiance au système et à ses représentants politico-médiatiques.
    Alors, ils nous tendent l’épaule pour qu’on pleure plutôt que de crier vengeance. Leur hantise serait une réaction populaire violente. Ils accumulent donc les pages Facebook, les chandelles illuminées, les messages. Ils pratiquent toujours la ligne éditoriale du pas d’amalgame et valorisent, comme fascinés, les terroristes.

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    D’insupportables visages aussi privés d’intelligence qu’arrogants tournent en boucle. "Même pas peur", slogan creux, permet à quelques intellectuels auto proclamés, cultureux et histrions de justifier le maintien de leurs suffisances et de leurs spectacles.
    Mais les Français, en réalité, ont peur et ils ont bien raison et l’opération "tous au bistrot" a été un échec révélateur. Même pas peur mais angoissés comme jamais. A qui la faute ? La frénésie informative rend impossible le retour à l’indispensable sang froid.
    En fait les journalistes idéologiques qui prétendent nous informer sont comme des mouches dans un bocal de verre. Ils ne voient pas les parois du réel et s'y fracassent pour retrouver leur monde virtuel si léger si aérien devenu inaccessible et pour longtemps.
    Les terroristes se moquent eux de nos marseillaises, de nos bougies et de nos drapeaux. En revanche, ils scrutent les médias. Ils se sentent importants, on ne parle que d’eux, ils font la loi, ils sont le centre de la France.
    Un traitement plus sobre devrait s’imposer car les médias  ont une influence. Leur espoir c’est bien sûr un vote moins défavorable à la gauche pour les régionales dans un réflexe légitimiste. Ils commencent à penser que François Hollande revient dans le jeu présidentiel. Ils le font car c’est ce qu’ils souhaitent comme ils voient une France courageuse défendant les valeurs de tolérance.
    Ils ne veulent pas admettre que les Français ont compris et pensent finalement comme Marion Maréchal Le Pen, bien plus claire et donc courageuse que sa tante si peu présente… Dans les médias, on ne voit même plus Philippot
    «Nous ne sommes pas une terre d’islam. Si les Français peuvent être de confession musulmane (...) c’est à la condition seulement de se plier aux mœurs de la France», a dit la députée. «Chez nous, on ne vit pas en djellaba. Chez nous, on ne vit pas en voile intégral (...) A Rome, fais comme les Romains. En France, fais comme les Français», a-t-elle ajouté, en appelant à «en finir avec le droit du sol qui fabrique des Français qui n’en sont pas». Une phrase qui serait approuvée par une immense majorité de nos concitoyens mais qui, pour les médias, reste bien sûr «  controversée ». Les élections régionales risquent d’être une grande claque alors que la droite de Sarkozy est totalement inaudible.
    Bien sûr, on ne peut fermer les médias irresponsables comme les mosquées salafistes. On arriverait presque parfois à le souhaiter.
    Jean Ansard